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CE QU'ON DIT

A Commission des finances du Sénat, après avoir entendu M. Briand et le général Gouraud, a jugé insuffisant le crédit de 20 millions voté par la Chambre pour le budget de Syrie. Pourquoi o millions, quand, en 1920, le budget s'était élevé 1185 ? Au mois de mars dernier, le haut-commissariat pensait pouvoir compter sur cette somme et avait établi es prévisions sur ce chiffre. Par la suite, les crédits urent ramenés à 120 millions. On raconte qu'un jour, = la commission, M. Briand aurait déclaré : « L'an prohain 20 millions suffiront! » Si c'est vrai, la Chambre 'a pris au mot. Il est pourtant impossible de poursuivre ceuvre commencée là-bas si l'on ne dispose cette année de 50 millions au moins.

La Commission du Sénat n'a pas le pouvoir d'augnenter les crédits: elle a donc décidé de demander une éduction de 500.000 francs, afin que le chapitre fút écessairement renvoyé à la Chambre, et que celle-ci eût insi l'occasion de rétablir le crédit de 50 millions priitivement demandé par le gouvernement.

La France n'aura plus cette année à faire face aux lépenses de Cilicie, la paix d'Angora ayant mis fin notre expédition. L'évacuation se poursuit par étapes, le façon à être terminée le 4 janvier. En même temps ue les dépenses militaires, nous économisons certaines lépenses de ravitaillement des populations civiles. C'est ainsi que plus de 40 millions ont été donnés aux Armeiens et que 8.000 tonnes de vivres ont été distribuées ux populations affamées du Liban. Mais la France ne Seut abandonner du jour au lendemain ces populations ui auront besoin d'elle pendant la période de transition. Nous exerçons en Syrie un mandat de la Société des Nations. Nous nous devons de mettre en valeur ce pays t de le relever. La situation géographique de la Syrie n fait le pays de transit vers l'Asie. Pour lui rendre ette situation, qu'elle a de tous temps occupée, il fallait a doter de moyens de communication. On vient de acer une route allant de la frontière de Palestine à lexandrette. Il y a, en outre, un réseau ferré compreant une ligne de Damas à Alep. Cette dernière ville tant reliée à Bagdad, et Damas au Hedjaz, la Syrie ainsi la possibilité de communiquer directement avec Nord et le Sud. Le réseau est complété par des voies ansversales: Damas-Beyrouth, Homs-Tripoli, Hamaania, Alep-Alexandrette. Mais toutes ces voies ont é plus ou moins détruites pendant la guerre; il a fallu es rétablir et l'on vient seulement d'inaugurer la ligne Toms-Tripoli dont tous les rails avaient été enlevés par s Turcs.

Il faut encore une dizaine de millions pour achever 1 réfection des voies ferrées et terminer les routes qui ont indispensables pour mettre le pays en valeur. - Notre mandat nous oblige, en outre, à entretenir en yrie un grand nombre d'œuvres. Il a fallu reconstruire es écoles, des hôpitaux, ou tout au moins les restaurer, on aura une idée de l'importance de notre tâche en isant que nous entretenons en Syrie environ 12.000 coles.

En vertu de notre mandat encore, nous devons faire ace non seulement aux dépenses du haut-commissariat, ais aussi à celles des délégations que nous entretenons uprès des différents chefs d'Etat.

Ces dépenses et celles que nécessitent les œuvres sont nsidérables, parce que la Syrie a comme monnaie la re-or. Les économistes admettent que la vie y est viron 220 0/0 plus chère qu'en France actuellement, pourtant les prix d'avant-guerre doivent être multiliés au moins par trois.

On voit toute l'importance que présente pour nous la

question des crédits pour la Syrie. Il serait lamentable que ce fut sur ce chapitre que l'on fit de dangereuses économies, alors que bien des dépenses de notre budget pourraient être réduites avec moins de péril pour nous. SERGE ANDRÉ.

Camaraderie.

M. Philippe Berthelot, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, est, on le sait, lié par une ancienne et solide camaraderie à certain sous-directeur de cette maison. Ce dernier ne laisse pas d'être assez fier de cette intimité, et ne manque guère l'occasion de la faire sonner haut.

Lors d'une conférence internationale récente, au cours d'une séance de commission, M. Berthelot, exposant le point de vue français, s'entendait interrompre par ce M. X... qui lançait des « Philippe, tu te trompes... Ecoute-moi, Philippe... Vois-tu, Philippe... »

A la fin, un peu agacé, M. Berthelot se tourna vers son interlocuteur et, avec le sourire, et de la voix martelée qu'on lui connaît, jeta simplement:

Dites donc, X..., quel est votre prénom ?

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La dernière des séances consacrées au rétablissement de notre ambassade auprès du Vatican s'est prolongée jusqu'à deux heures du matin. La plupart des sénateurs

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pas tous demeurèrent jusqu'au bout à leur poste, luttant héroïquement contre le sommeil. Quelques-uns succombèrent. La cadence nombreuse des périodes de M. Doumergue berçait leurs rêves. Quand l'ancien président du Conseil s'arrêta, ils se réveillèrent en sursaut. L'éloquence vive et hachée de M. de Monzie chassa les dernières vapeurs.

M. Briand, pendant toute la séance et jusqu'au moment de prendre la parole, dessina sans arrêt des « Petits Bretons ». Il ne s'interrompait un moment qu'après avoir regardé les deux pendules: car il y a deux pendules au Sénat, l'une surmonte la porte des sénateurs de droite, l'autre celle des sénateurs de gauche. M. Briand fit remarquer à M. Barthou que la pendule de la droite retardait de cinq minutes sur la pendule de la gauche. - On est symboliste au Sénat, fit-il.

Le secrétaire du préfei.

M. Coupigny est l'un des trois secrétaires du préfet de police, M. Leullier.

M. Coupigny a un emploi « sédentaire », il ne quitte pas son cabinet, et n'est guère connu du personnel de la Préfecture.

Il n'y a pas longtemps, désirant voir quelqu'un qui devait se trouver alors dans les locaux de la police judiciaire, il se rendit au Palais de Justice.

Comme il errait dans les couloirs, un garçon, étonné de voir ce monsieur qu'il ne connaissait pas, l'interpella brusquement :

Qu'est-ce que vous voulez ? Il y a assez longtemps que vous attendez.

Et, devant le mutisme de M. Coupigny, il ajouta : Allons, allez vous-en.

Docile, le secrétaire du préfet s'en fut sans répondre. Il descendit un étage. Là, des inspecteurs faisaient antichambre avec quelques prévenus qu'ils escortaient. M. Coupigny s'étant attardé encore, ils s'inquiétèrent, et bientôt l'un des inspecteurs donna un ordre.

Qu'est-ce qu'il fait celui-là? Allons, qu'on le f... à la porte.

A ce moment, un journaliste reconnut M. Coupigny et révéla son identité.

Chacun s'empressa vers lui, et M. Coupigny n'eut plus qu'à se féliciter de l'obligeance de ses subordonnés.

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orateurs. Cela n'arriverait pas si l'on adoptait la réforme du règlement, telle que la voudrait M. Ferdinand Bougère.

Le spirituel député de Maine-et-Loire propose gravement ceci : Les salles de séance et de commission seront en marbre blanc, à ciel ouvert, et sans velum. Les banquettes seront aussi en marbre blanc et sans coussin des courants d'air froid seront aménagés dans les travées; seuls seront chauffés à la température d'étuve le fauteuil du président et le plancher de la tribune ».

Les parlementaires, ayant le choix entre le gril et le coryza, renonceraient sans doute plus aisément à lear tour de parole.

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Il n'est pas que le commun des locataires qui s plaigne de la pénurie des appartements. En la bonne République de Montmartre, les affaires, sur ce point, n vont pas mieux. Les peintres et les poètes de la Butte se voient obligés de se tasser pour donner asile à leurs moins fortunés camarades.

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M. Max Jacob, poète et catholique, est de ces gens charitables.

Il avait recueilli chez lui un brave peintre, par ces jours de froidure, et, fraternellement, partageait avec lui sa pitance et son gîte. Mais le gîte est étroit; dans le lit on ne pourrait tenir deux. Alors il fut convenu que Max Jacob dormirait jusqu'à minuit et qu'à minuit on ferait la relève le peintre Maclet se coucherait à son tour.

Jusqu'à minuit, donc, Max Jacob ronflait, tandis que son hôte, sagement, s'amusait à tailler des fantoches dans les bûches de la cheminée.

Et quand minuit sonnait le peintre Maclet, abandonnant son travail, réveillait Max Jacob et prenait sa place

chaude...

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Dès que l'arrangement de Lloyd George avec les Sinn-Feiners a été rendu public, une averse de télégrammes s'est abattue sur le bureau du Premier ministre. Ce n'étaient pas seulement des personnages officiels mais des inconnus qui lui exprimaient ainsi leur satisfaction. Il était tour à tour le « pacificateur », le « magicien », l'« homme de Dieu », « le plus grand homme d'Etat du monde ». On chantait sa « patience »>, son « esprit de conciliation » et le « splendide cadeau de Noël que la coalition fait à l'humanité ».

Il y a des messages en gallois.

Il y en a d'autres qui viennent d'Amérique.

S'il pouvait raffermir aussi l'Entente avec la France, que de télégrammes nous enverrions à M. Lloyd George!

L'Union Jack.

La reconnaissance de l'Irlande comme Etat libre pourrait bien modifier les armes et le drapeau de la Grande-Bretagne.

Le drapeau qu'on appelle l'Union Jack, réunit aujourd'hui la Croix de Saint-Georges, qui est celle de Ï'Angleterre, la Croix blanche de Saint-André, qui est celle de l'Ecosse et, enfin, la Croix de Saint-Patrick, celle de l'Irlande.

Si la Croix de Saint-Patrick disparaissait, l'Union Jack redeviendrait ce qu'il fut de 1706 à 1800; un drapeau rouge orné seulement des emblèmes de l'Angleterre et de l'Ecosse : les Croix de Saint-George et de Saint-André.

Ce que pesait Brummell.

De même que les élégants ont aujourd'hui, à Londres, leurs tavernes attitrées où, dans la soirée, ils vont boire un cocktail, à l'époque du Beau Brummell, ils avaient pris pour lieu de rendez-vous une taverne connue sous le nom de Berry's. On y consommait des vins les cocktails n'étaient pas encore de mode et on s'y faisait peser.

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Chaque client était l'objet d'une note écrite sur un registre où, en regard de son nom, figuraient son poids et la date à laquelle celui-ci avait été constaté.

Ces registres ont été, fort heureusement, conservés. En les feuilletant, on peut remarquer que les élégants étaient alors gros et lourds.

Le roi George IV pesait, par exemple, 100 kg 800, et son frère, le duc d'York, ne pesait guère moins.

Brummell, lui aussi, figure dans ces registres. Il est inscrit le 6 juillet 1815, sous le nom de George Brummell, et pesait alors 81 kilos.

Peu après, Brummell, n'étant plus à la mode, vint en France d'où, affirment Barbey d'Aurevilly et Jacques Boulenger, il ne retourna jamais plus en Angleterre.

Les archives du Berry's prouvent le contraire. On peut lire, en effet, sur ces fameux registres, écrite d'une main maladroite et d'une encre qui s'efface la mention que voici :

<< George Brummell, 72 kilos (avec ses souliers), 26 juillet 1822. »>

La Russie rouge.

La Russie, qui offre depuis si longtemps le spectacle de tant de misères et d'infamies, nous donne cependant quelquefois la comédie. Voici une anecdote que raconte un Français qui fut longtemps prisonnier là-bas. Arrêté, notre compatriote est mené devant un juge, qui est fort aimable avec lui, expliquant ce qu'il désire, par la loi du plus fort. Là-dessus entre dans la pièce un soldat rouge qui se met en sentinelle. La conversation continue. Soudain le juge se lève et s'en va pour chercher un renseignement. Le soldat le suit. L'inculpé reste seul quelques minutes puis la porte se rouvre, et le soldat effaré :

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Nous en avions déjà entendu parler dans les revues de fin d'année; mais voici qu'il s'en est constitué un vrai, à Milan. Autrefois les mendiants n'étaient pas très nombreux dans cette ville mais, depuis quelque temps, les rues en sont infestées.

Le conseil municipal menaça d'en exiler un certain nombre; sur quoi les mendiants, alarmés ont décidé de convoquer une assemblée générale où les mendiants décideraient eux-mêmes des moyens propres à réduire leurs effectifs. Les invitations lancées par le Comité directeur s'adressent discrètement aux « mutilés et invalides civils » de Milan.

Chez nos ennemis.

Dommages de paix, dommages de guerre. Quelques années avant la guerre, lord Newton reçut chez lui, en Cheshire, le prince Henri de Prusse.

Pour honorer son hôte royal, il l'avait fait coucher dans la chambre d'apparat que Charles Ier avait autrefois occupée. Un grand lit, d'antiques tapisseries, des meubles historiques: tout cela datait de quatre cents ans, et s'en ressentait un peu.

Avant son départ, le prince envoya son valet porter à lord Newton le message que voici :

« Son Altesse désire faire constater à Sa Seigneurerie que le lit, les tentures, les chaises et la tapisserie de la chambre sont complètement délabrés. Son Altesse est convaincue que lord Newton n'a pas voulu manquer de courtoisie à son égard, mais Elle pense qu'il est bien entendu qu'on ne La tiendra pas responsable des dommages commis. »

C'est lord Newton lui-même qui raconte cette histoire. On a pu remarquer depuis que les Hohenzollern n'aimaient pas davantage à se considérer responsables des dommages qu'ils avaient cyniquement commis...

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Les enfants et la théorie d'Einstein.

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Il y eut dimanche un bel attroupement rue de Rivoli, devant l'Hôtel de Ville. Un taxi venait d'accrocher un coupé, traîné par deux alezans. Un sergent de ville accourut, qui, d'esprit démocratique, se mit à donner tort au superbe cocher et à défendre le chauffeur de taxi. Làdessus, un autre agent survint, qui avait vu la cocarde, et s'empressa de la montrer à son collègue; alors ils se confondirent en courbettes, dressèrent procès-verbal et dispersèrent la foule avec plus de diligence encore que si ce cocher eût été M. Leullier en personne.

Et cependant, le pauvre chauffeur pestait, et grognait

C'est bien la peine d'être en république.

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Une cinquantaine de maires alsaciens-lorrains viennent d'être fêtés à Paris où ils sont restés une semaine environ.

Diverses manifestations furent organisées en leur honneur. On les reçut à Versailles, à l'Hôtel de Ville, à l'Elysée.

Partout, ils étaient accompagnés de sept jeunes filles coiffés du grand noeud de soie noire des Alsaciennes, vêtues du cotillon rouge et du corsage de velours noir serré à la taille.

Sur les photographies, on les voit toujours au premier rang et parfois même aux côtés du Président de la République.

Elles étaient jeunes, souriantes, gracieuses, si gracieuses qu'on aura peut-être regretté leur départ quand on aura su que les maires étaient retournés dans leurs départements.

Qu'on se rassure. Ces belles Alsaciennes sont celles qui dansent habituellement dans les diverses matinées de la Sorbonne ; elles sont les représentantes attitrées des provinces reconquises; on les voit dans tous les spectacles patriotiques.

Toutefois, l'une d'elles ne reparaîtra plus. Elle était mariée; elle vient d'avoir un bébé ; elle a résolu de se consacrer exclusivement à ses devoirs de maman. Mais déjà elle a été remplacée ; on a trouvé sans peine à Paris. une belle fille à qui le costume allait à merveille.

Procès-verbal.

L'autre matin, panne de tramway sur la place de l'Etoile. Les voyageurs pour le Trocadéro auxquels on a promis de les conduire à leur but, sont invités à descendre. Ils demandent le remboursement de leur billet. Cela paraît juste et simple. On s'adresse au receveur : le receveur refuse; il invoque le règlement : il n'a aucun moyen d'annuler des billets; il ne peut rendre l'argent. Protestation. Un contrôleur survient. Il fait descendre tout le monde :

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Allez au petit bureau sous vitres, là-bas, faire votre réclamation.

On va au petit bureau sous vitres.

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Moi, vous rembourser, dit l'homme du petit bureau sous vitres, ah, non. Je ne peux que vous demander de me confier vos billets, après que vous aurez eu soin d'inscrire au revers votre nom et votre adresse. Et un inspecteur passera à votre domicile vous rembourser.

O simplicité des rouages administratifs !

O candeur des administrés, aussi ! Car enfin les créanciers se sont dessaisis de leur titre de créance. Pas un n'a songé à demander un récépissé. Or, voilà dix jours que le fait s'est passé...

Gai, gai, marions-nous...

L'exemple malheureux de Landru et de ses fiancées n'a aucunement ralenti l'ardeur des jeunes filles, des demoiselles et des veuves sur le retour à vouloir convoler en justes noces.

Voici une jeune personne qui, sachant combien le mariage est chose malaisée, a résolu de ne pas se montrer trop difficile quant à la conduite de celui qui consenti rait à l'épouser. Elle publie, en effet, cet avis:

« Jeune fille, bonne éducation chrétienne, 33 ans, sténo-dactylo, 600 francs par mois, économies 12.000 f1, désire jeune homme 35 à 38 ans, situation équivalents, sérieux, de conduite irréprochable, si possible. »

Si possible!... Cette autre ne veut qu'un officier, encore faut-il qu'il soit supérieur :

« Dame du monde, 48 ans, divorcée d'un officier supérieur, situation 10.000 francs par an, épouserail retraité 60 ans minimum, sentiments délicats, de préfi rence colonel. »

Quant à celui-ci, est-ce un humoriste, ou bien...

« Jeune couturier, 23 ans, sérieux, châtain, moyenne, physique agréable, qualités d'intérieur, famille hono rable, épouserait Monsieur bonne situation, pourrait collaborer dans commerce. »

La lumière qui guérit.

L'Institut Finsen, à Copenhague, célèbre ses noces d'argent. On ignore trop l'origine de la découverte de Finsen. Un jour qu'il était malade, car il fut toujours de petite santé, il regardait par la fenêtre de sa chambre, le toit qui était en face; et il vit un chat se chauffer au soleil ; il remarqua qu'à mesure que l'ombre avançait, le chat se déplaçait afin d'être exposé le plus possible à la lumière.

Finsen pensa que la lumière faisait du bien au chat puisque, instinctivement, il la recherchait ; et de ce jour, il décida de poursuivre scientifiquement l'étude de la question.

Ce chat fut, sans le savoir, un grand bienfaiteur de l'humanité ; et nous devrions l'entourer de notre vénération, comme la pomme de Newton et la bouilloire de Watt.

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Un humoriste américain, M. Gelett Burgess, a publié

récemment sous ce titre les confessions d'une centaine d'écrivains connus. Si un éditeur français avait l'idée d'imiter ce travail, signalons-lui que le livre américain est publié au bénéfice des « auteurs américains dans le besoin >>.

Mais sans doute se trouvera-t-il plus facilement des auteurs, qui, pour obtenir eux-mêmes la bienveillance de la fortune, s'inspireront d'une charmante méthode indiquée par M. Burgess, et dont il a fait lui-même l'expérience.

Les débutants n'avaient guère plus de facilités en ce temps-là qu'aujourd'hui, pour faire publier leurs œuvres. Or, le Boston Transcript publiait, toutes les semaines, une série de questions et de réponses. Burgess remarqua que souvent le journal publiait des demandes dans ce genre: « Pouvez-vous me donner le reste du poème qui commence par ?...

Immédiatement Burgess écrivit :

« Quel est l'auteur du poème qui commence par ?... et pouvez-vous publier le reste du poème ? » Naturellement Burgess citait le premier vers d'un poème qu'il venait de composer et qu'il était seul à connaître.

Ce qui lui permit la semaine suivante de faire publier le poème en entier, avec le nom de l'auteur.

Affaires Intérieures

La leçon d'un scrutin

LE BLOC DE GAUCHE » EST LA MINORITÉ,
AUSSI BIEN AU SÉNAT QU'A LA CHAMBRE

Depuis que le Sénat n'est plus une Chambre de pères conscrits, il ne veut plus laisser aux députés le monopole des séances de nuit. Ces jeunes gens du Luxembourg savent aussi se coucher à trois heures du matin lorsque le bien public l'exige.

A la vérité, ils paraissaient, avec l'interpellation du Vatican, s'être fourrés, un peu à la légère, dans un mauvais guêpier, et il semblait qu'ils auraient autant aimé s'en tirer sans tapage, ayant reconnu leur erreur : un bon ajournement sine die eût fait l'affaire. Mais M. Aristide Briand leur dit sévèrement : « Il ne fallait pas commencer. Terminons et terminons vite. Je ne partirai pas pour Londres avant la liquidation de cette question. » Il fallut finir, en effet. Cela n'alla point sans beaucoup de phrases qui trahissaient plutôt l'embarras qu'une profonde conviction.

En réfléchissant bien, cet embarras se comprend.

Etait-il tellement souhaitable, pour les radicaux du Sénat, de démontrer successivement que leur prétendue majorité, épouvantail du bloc national, n'existait pas, et que le fameux groupe de la « gauche démocratique »>, majorité absolue à lui seul, était intestinement déchiré et ne constituait qu'une majorité pour rire, une majorité sur le papier?

Etait-il bien urgent et bien adroit, pour les bons sénateurs radicaux, de faire cette double démonstration? Aussi combien on conçoit que les leaders de cette exmajorité soient consternés, et que le brave, l'excellent Gaston Doumergue, qui a mené le bon combat de de «goche », et qui se croyait l'arbitre de l'heure, mordille tristement ses moustaches ?

Eh oui ! la conclusion du débat sur le Vatican, c'est la triple faillite du bloc de gauche, de la « gauche démocratique » et de M. Gaston Doumergue.

Depuis deux ans, l'action parlementaire du bloc national est paralysée par la menace d'une opposition irréductible du Sénat. Le « conflit avec le Sénat >> est l'assurance suprême par lequel la majorité du seize novembre se laisse manoeuvrer depuis deux ans. Et si quelqu'un d'audacieux, jusqu'à ces huit derniers jours, risquait un doute sur cette violente et redoutable hostilité de la Haute Assemblée, que pouvait seule apaiser la modestie silencieuse, l'abdication, pour tout dire, on lui administrait immédiatement cette preuve : « A lui seul, le groupe de la gauche démocratique, composé des radicaux et des radicaux-socialistes du Sénat compte 158 membres, c'est-à-dire la majorité absolue. Quand même tous les autres sénateurs seraient des hommes du bloc national, vous voyez bien que vous serez dissous à la première manifestation. >>

Et bien, cette preuve n'en était pas une. Cette majorité n'était qu'une minorité. Je n'ai jamais cessé d'écrire, dès les élections sénatoriales de 1920, que la prétendue « revanche du pays républicain », que le prétendu désaveu de la « maldonne » du 16 novembre était une légende fabriquée de toutes pièces, et une manœuvre d'intimidation qui ne reposait que sur la crédulité un peu hâtive de ses victimes. Au total, le bloc national avait triomphé au Sénat d'une façon moins éclatante et moins complète, mais aussi indiscutable qu'à la Chambre. Mais des augures affirmaient le contraire. Des experts corroboraient leur dire. Et jamais la question n'avait été tranchée. Elle vient de l'être sur la question idéale, la question type, la question faite exprès, la question choisie par les partisans eux-mêmes de la « majorité de gauche », comme le meilleur tournoi pour eux, celui sur lequel ils ne pouvaient être vaincus.

Elle vient de l'être : 170 voix sénatoriales, car on peut bien, n'est-ce pas, aux 169, ajouter celle de M. Jonnart, ont suivi et confirmé la majorité parlementaire du seize novembre. Voici, à ce coup, l'épouvantail des Valoisiens crevé, et crevé par les Valoisiens eux-mêmes : «Il ne faut user de l'intimidation qu'avec réserve », disait naguère M. Aristide Briand, qui sait manœuvrer, << parce qu'il faut toujours finir par abattre son jeu »>. Le jeu est abattu.

Que devient donc, dans tout ceci, la fameuse « majorité absolue » de la gauche démocratique ? Et bien, cette majorité n'existait pas, tout simplement. Les 158 n'étaient que 123, au plus juste, car, demain, ils seront 104 ou 105.

Dans le « parti » on n'aime pas la défaite. On n'aime pas à n'être point de la majorité : « Les principes, disait l'autre, me paraissent plus beaux quand ils triomphent. » Tout le monde n'a pas l'âme intrépide et romaine de M. Clementel. Mais, sans même faire appel, pour expliquer le déchet de la « Majorité Absolue », à considérations trop humaines, qui donc pouvait ignorer que la gauche démocratique, en dehors des Valoisiens pur sang, comprenait des hommes entrés là par faiblesse, camaraderie, affinités diverses, mais pour qui l'immatriculation dans un groupe ne se traduisait pas forcément par la dévotion absolue au catéchisme combiste, d'autres hommes jeunes et ardents qui, n'ayant pas voulu s'attarder au conservatisme économique des groupes du centre, étaient sauvegardés par leur indé

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