La sensationnelle Enquête de L'Opinion sur le SPIRITISME LES MORTS VIVENT-ILS? LA RENAISSANCE DU LIVRE, 78, Boulevard Saint Michel MARQUE DEPOSÉS Spidoléine HUILES POUR AUTOMOBILES STE AME A. ANDRÉ, FILS.8 RUE DE LA TOUR DES DAMES, PARIS Directeurs : 4, Rue Chauveau-Lagarde, Paris VIII Arr'. - Téléphone: Gut. 43-57 mois SERGE ANDRÉ Un an 6 mois CONDITIONS D'ABONNEMENT France, Colonies.. .. 50 fr. 55 fr. 26 fr. 28 fr. 14 fr. 15 fr. Les abonnements partent du 1er de chaque mois. On peut souscrire sans frais et dans tous les bureaux de poste et chez les libraires. Redacteur en chef: JACQUES BOULENGER RÉDACTION. — Les manuscrits doivent être adressés à M. le Rédacte Paiement sur demande en deux échéances: 1/2 en souscrivant, 1/2 à six mois de date. AUTOMOBILIA 17, fg Montmartre PARIS Numéro spécimen sur demande LIBRAIRIE JULES MEYNIAL Successeur de E.-JEAN FONTAINE 30, Boulevard Haussmann, 30 Achat de Livres et de Bibliothèques Catalogue mensuel franco sur demande Direction de Ventes publiques Vin Tonique ENGRAIS CHIMIQUES DES MANUFACTURES DE SAINT-GOB (Société anonyme au capital de 120 millions de fraad 26 USINES: thany (Alons). saervilliers Try-sur-Seine près Paria. it-Fons, prés Lyon. Dozersio, près Aviguon(Vaucl.) Нагоддея Tonnay-Charente) Metluçon (Allier) Montargis (Loiret). Char.-Infar. Balaruc, près Cette (Hérault). Lans (Sarthe). Fours (indre-et-Loire). Bayonne (Basses-Pyra Nartes-Chantenay Loun Nantes-Sie-Aune Bordeaux (Gironde) ? crass. Agen (Lot-et-Garonne). Perigueca (Dordogs) Poitiers (Vienne). Rouen (Seine-Inférieure). Toulouse (Haute-Garonne) Port-de-Boac (Bouch. Sas-de-Gand (Holande). Reims (Marne) ea projet. Production annuelle: 1.100.000.000 de kila Usages garantia. 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Je parle seulement les sentiments que nous portons à des peuples plus éloinés, moins connus généralement, et dans les disputes de ui nous n'avons pas d'intérêt évident à prendre parti. es sentiments, facilement répandus par la presse, ouent un rôle (qu'il ne faudrait d'ailleurs pas exagérer) ans la vie politique. Bien entendu il ne faut pas qu'il s'agisse de peuples op lointains et trop différents de nous. La Chine et le apon sont les deux grandes nations du monde jaune : ous n'éprouvons nullement le besoin de choisir entre Ales, et il n'y a encore, sauf chez quelques spécialistes Extrême-Orient, ni sinophiles ni japonophiles, pas Mus que de sinophobes et de japonophobes. Sans doute n sera-t-il tout autrement avant dix ans. L'importance séculaire de la question d'Orient, en ant la politique occidentale aux destinées du Bosphore t de la mer Egée, en faisant de ces pays le point névralique de l'Occident, nous a habitués à exprimer des seniments rapides et véhéments sur les Grecs et sur les Turcs, à parler d'eux comme nous parlons des Auvermats ou des Normands, des Allemands et des Italiens. e philhellénisme a un rôle dans notre histoire politique t littéraire. Il y a aussi une turcophilie. Il y a eu penlant la guerre une turcophobie, et on se déclare aujour Mon professeur d'histoire de Louis-le-Grand, M. DarSy, avait coutume de dire que la question d'Orient s'était posée en France avec la cérémonie du Bourgeois Gentilhomme. Il y a eu, disait-il, un homme malade quand, au lieu d'avoir peur des Turcs, on s'est mis à se moquer d'eux. Bien que M. Darsy aimât peu à rire, il fallait prendre évidemment cela cum grano salis. Nous ne nous sommes jamais moqués beaucoup des Turcs, nous avons été longtemps leurs amis politiques et leurs alliés. On sait qu'après la guerre de Crimée ils sont venus à notre école, se sont fait une culture française. Mais ce qu'il est bon de retenir, c'est qu'en France seulement je crois, ils ont, à leur tour, fait école. Des Français se sont voulus «< mamamouchis ». Il y a eu en France une turcophilie qui n'est pas négligeable et dont le chef serait aujourd'hui le grand écrivain qui vient de publier Suprêmes un feuilleton, parlait constamment de se faire Turc. M. Claude Farrère a coutume de dater ses livres selon le calendrier musulman. M. Pierre Loti, lui, a coutume de considérer Constantinople comme sa ville, et de faire de la Turquie sa seconde patrie. Le jeune officier qui était le héros d'Azyadé mourait en se battant contre les Russes dans les rangs turcs. On écrirait sur l'envoûtement de M. Loti par la Turquie un livre analogue au Daniel Deronda de George Eliot. Aussi rien n'est-il plus émouvant que le cri de détresse de ses dernières lignes lorsque, devant les malheurs du peuple turc, il écrit : « Je vais mourir surtout de la souffrance et de l'indignation que m'auront causées les ignobles mercantis de l'Europe dite chrétienne »>. On retrouverait ce goût de la Turquie chez des centaines de marins, d'artistes, de voyageurs français. Comment le concilier avec le sentiment général sur l'incapacité des Turcs à gouverner leur empire, et avec les vagues d'indignation qui ont soulevé l'Europe lors des grands massacres de Bulgarie ou d'Arménie? Concilier, il n'y a pas à le tenter. Tous ces sentiments, qui ne sont pas du même ordre, s'expliquent, et il est possible de les classer. La séduction de la Turquie et des Turcs se confond avec celle de l'Orient sur un artiste. Notez que l'Orient (avec toute la réalité humaine et naturelle qui tient dans ce mot) est, avec la Chine, la plus grande continuité historique de l'humanité. Depuis plus de trois mille ans il y a des empires d'Orient qui se succèdent et qui se ressemblent au point qu'ils ne font qu'un seul empire. Or des quatre écroulements d'empire qui ont marqué cette guerre, celui-ci est peut-être le plus formidable. Il n'y a plus d'Orient. Et ce mot: l'Orient, contenait pour bien des Occidentaux une raison de vivre. Personnellement je n'en ai guère subi l'envoûtement, et pourtant, avant la guerre, je ne restais jamais quatre ans sans aller passer quelques semaines à Constantinople. Qui a bu l'eau du Taxim la boira encore. Depuis la guerre je n'en ai plus l'idée. On ne doit voir dans ce moignon de Turquie que des choses trop tristes. Mais ce n'était pas seulement l'Orient, c'était la Turquie même et le peuple turc qui attiraient par un singulier prestige. Les paysans d'Anatolie passent pour le plus noble échantillon d'humanité qu'il y ait en Orient. Il est naturel que Mustapha Kémal ait trouvé parmi eux une admirable armée. Qui a vécu à Constantinople sait combien le Turc du peuple l'emporte par l'honnêteté sur ses compatriotes chrétiens ou juifs. Evidemment il y avait beaucoup de corruption dans tout ce qui touchait à l'ancien gouvernement: mais le progrès était sensible depuis la révolution. J'ai passé à Constantinople le printemps de 1914, et, à la veille de la guerre, la Turquie semblait en pleine régénération. S'il n'y a plus d'Orient, il restera demain, grâce aux armées d'Anatolie, une Turquie vivante et une Turquie libre. Nous nous en réjouirons. Il est cependant trois raisons qui font que dans plusieurs milieux, surtout en Angleterre, on considère le Turc comme un danger et on est désireux de le réduire à la plus petite portion possible de territoire. de guerre, a fait bien pis, il y a une singulière injustic à imputer aux seuls Turcs la barbarie qui leur est com mune avec toutes les races des Balkans et d'Orient, dès qu'elles ont la force. Pendant la guerre balkanique de 1912 les Serbes, les Bulgares, les Grecs, les Turcs s'ac cusèrent réciproquement de toutes sortes d'atrocité Une commission envoyée par le comité Carnegie, e composée de personnages américains, anglais, français très impartiaux, après une enquête sur place, conclut que la sauvagerie avait été la même de tous les côtés. Et la Croix-Rouge de Genève a établi la manière dont les Hellènes viennent de faire la guerre en pays turc. Ne disons rien des Arméniens. M. Loti les accuse d'avoir pendant la guerre massacré trois cent mille hommes au Caucase, ce qui doit être fort exagéré. Il est beaucoup plus certain que la complicité de Talaat pacha et des Allemands dans l'extermination de ce qui restait d'Ar méniens a été une des pires horreurs de la guerre. La haine des races et les tueries qui en résultent sont un boulet que traîne l'humanité entière. Les reprocher à m seul peuple, prendre ce peuple pour bouc émissaire, c'est porter du bois, notre bois, à leur incendie. On reproche en second lieu au Turc de ne pas savoir gouverner, d'avoir réduit à un état misérable de riches contrées. Le reproche est en partie fondé pour l'an cienne Turquie. Mais n'oublions pas qu'au moment où la nouvelle Turquie faisait un louable effort pour rat traper ce retard, trois guerres lui ont été imposées a moins de dix ans, par l'Italie, par les alliés balkaniques et par l'Europe. Enfin les Turcs ont été les alliés de nos ennemis et doivent être punis. Mais pouvaient-ils faire autrement? On oublie trop que l'ennemie le danger ce n'était pour eux ni l'Angleterre ni la France, mais la Russi Le Turc ne pouvait être que l'allié de l'ennemi del Russie. Dans un article turcophile qu'il a écrit dans l' formation, M. Herriot se lamente ainsi : « Quelle douleur pour nous d'avoir vu la Turquie se ranger aux côtés du Boche sauvage, de l'infâme tripier de guent, de la brute savante mais sans coeur! De ce fait, la lutte s'est prolongée! Nous avons payé cher pour comprendr l'importance du problème des Détroits ». Mais, rheto rique à part, la comprendre, n'est-ce pas comprendre Turc, et l'excuser? Les Détroits pouvaient-ils rest neutres dans une pareille guerre? Et le jour où l'E tente les eût occupés, ne fussent-ils pas devenus fab lement russes? Le gouvernement tsariste eût mis, a encore bien plus de décision qu'il ne le fit, le marché la main à l'Angleterre : Ou j'aurai Constantinople, je fais ma paix. Et comme il fallut le promettre ne tenant pas encore (en 1915), il eût fallu, le tenant, donner. Toute la guerre a tourné en Orient autour cette vision: une Constantinople russe. Personne pouvait prévoir ce qui est arrivé: le double écrasemen la disparition simultanée et de l'Allemagne et de Russie. Ayant dû en venir nous-mêmes à la guerre p plu ou moins dissimulée contre la Russie, témoignons p d'indulgence et de compréhension à l'égard des peup qui, sans aucune haine pour nous, sont entrés en gue par crainte de la même Russie. Les Turcs ont tout s crifié à cette peur (assez justifiée). Ils y sacrifiaient dé lorsqu'ils faisaient venir Liman von Sanders à Consta tinople. Un casque à pointe au Séraskiérat les effraya beaucoup moins qu'un pope à Sainte-Sophie. Puisqu' ont évité le pope, ils n'ont pas perdu la guerre. maintenant que le casque à pointe n'y est plus, no avons le champ libre pour en revenir aux rapports d'a sang qu'il a fait couler. Le Turc a été jadis terrible massacreur de chrétiens, et les Anglais ne l'oublient pas. Les massacres de la guerre de l'indépendance grecque, ceux de Bulgarie, ceux de Macédoine, ceux surtout d'Arménie sont dans toutes les mémoires, trefois. Mais sans compter que l'Europe, pendant quatre ans ALBERT THIBAUDEL |