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« La République française, fidèle au souvenir des gloires communes, des sacrifices réciproques, des traditions identiques qui la lient depuis plus d'un siècle à ia République des Etats-Unis d'Amérique, constatant que sur aucun point du globe elles ne sont en conflit et qu'elles n'aspirent qu'à assurer la paix du monde et la liberté du commerce, se déclare liée à la patrie de Franklin et de Washington par une amitié perpétuelle. »

La formule ne serait-elle point assez souple pour envisager toutes les susceptibilités et respecter toutes les libertés, assez neuve pour frapper les imaginations et éveiller les émotions, assez vibrante pour reserrer les liens et préparer d'autres collaborations?

Que le Parlement ne craigne point, par un pareil vote, d'éveiller des susceptibilités nouvelles en Angleterre et de compromettre le prochain voyage de M. Briand. Toute manifestation de l'intimité franco-américaine reserre automatiquement l'intimité anglo-française. Ce qui le prouve, c'est que la conclusion de la quadruplé Entente coincide avec une détente dans les relations franco-britanniques.

Mais, dira-t-on, où se manifeste-t-elle ? Les radicaux-socialistes du New Statesman, dociles à l'influence de Wells, démontrent que « les Français sont les plus grands, les plus sincères, les plus dangereux ennemis des Anglais à l'heure actuelle ». Les libéraux de la Westminster Gazette écrivent, le 6, que « l'Entente est morte », qu'elle « n'était plus qu'un anachronisme », tout comme l'alliance anglo-japonaise, et qu'il faut lui substituer une autre quadruple Entente anglo-francoamérico-germanique. Le correspondant du Daily Telegraph ne poursuit-il pas sa campagne énergique contre le traité d'Angora? Après avoir publié en partie, le 6,des Annexes secrètes, dont le Quai d'Orsay a toujours nié l'existence dans de nombreux communiqués, ne déclarait-il pas, le 9, que tout accord oriental était impossible, si M. Briand persistait à proclamer intangible le traité Franklin-Bouillon ?

J'en suis désolé, pour le correspondant diplomatique du Daily Telegraph, mais, malgré son intimité avec le Foreign Office, il n'est plus à la page depuis le 8 décembre. Oserait-il affirmer que si le quai d'Orsay proposait au gouvernement anglais de traiter avec Kemal Pacha sur les bases suivantes : évacuation totale de l'Asie Mineure par les Grecs; institution à Smyrne du régime jadis prévu pour le Liban; évacuation de Constantinople par les troupes alliées; occupation mixte de l'entrée des Détroits; élargissement de la frontière Enos-Midia, lord Curzon rejetterait ces offres comme inacceptables ? La vérité, c'est que, par un de ces revirements soudains dont il est coutumier, le Foreign Office reconnaît aujourd'hui que la politique orientale de la République était seule conforme aux intérêts de l'Angleterre et de la Grèce, aux exigences de l'équilibre de la paix. Il est probable que les difficultés financières dans lesquelles se débat la Grèce, mal gouvernée et indignement dupée ; les menaces formulées par Enver Bey et les Bolcheviks contre Kemal Pacha suspect de modérantisme; l'agitation panislamique qui croît en Egypte et aux Indes; les déclarations faites par le vice-roi, lord Reading, et les constatations recueillies par le prince de Galles, beaucoup plus encore que le traité franco-turc, ont décidé lord Curzon à revenir aux vraies traditions de la politique anglaise en Orient. Dans son dernier discours il a déjà donné un coup de barre décisif. Le correspondant diplomatique du Daily Telegraph nierait-il qu'un autre est prochain?

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Cette évolution est un signe important de la détente franco-britannique. Il en est d'autres. M. Loucheur n'a pas rapporté de Chequers une impression défavorable. Des télégrammes chaleureux viennent d'être échangés. C'est l'accalmie. Je crois bien qu'elle a été facilitée par

un geste élégant du peuple français. Le silence dédaigneux par lequel il répondit aux brutalités italiennes a surpris John Bull. L'admiration joyeuse avec laquelle l'opinion française accueillit la paix irlandaise l'a touché. Cette admiration était naturelle. Dans le dénouement pacifique d'une lutte séculaire, imposé après des échecs répétés, il est impossible de ne pas retrouver les deux grandes vertus britanniques: la ténacité mo rale et le libéralisme politique. Mais il y avait quelque mérite à les découvrir et à les louer, à constater qu'elles seraient légitimement récompensées par l'accroissement de l'autorité de D. Lloyd George et du prestige de la Grande-Bretagne, au lendemain du jour où les attaques provoquées par le succès de M. Briand à Was hington avaient causé, dans touts les rangs de la société française, une impression pénible et unanime, une irritation silencieuse et attristée. Ce geste était nécessaire. Il était opportun de rappeler les morts vont si vite que la France peut être, elle aussi, de temps en temps, une terre de gentlemen, et qu'elle reste capable de certaines élégances morales que bien des nations pourraient lui envier.

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JACQUES BARDOUX.

Le chancelier Wirth

Dans le fauteuil sur lequel plane encore l'ombre massive de Bismarck, un homme jeune encore, grand, blond, au regard pâle, aux traits un peu brouillés, est maintenant assis c'est Joseph Wirth, le treizième chancelier du Reich allemand. Contraste qui eût séduit Hugo: d'un côté, le hobereau prussien, à la volonté implacable et cynique, huguenot et aristocrate jusqu'aux moelks; de l'autre, le professeur badois, honnête et timoré, catholique fervent et démocrate sincère. Après le chancelier de fer, le chancelier de roseau.

Joseph Wirth naît, en 1879, à Fribourg-en-Brisga d'une famille de très petite bourgeoisie. Enfance pai sible. Jeunesse studieuse. La vie s'annonce pour lui médiocre et uniforme. A trente-quatre ans, il n'est encore que professeur de mathématiques au lycée de sa vile natale. Quelques travaux d'histoire naturelle lui ont valu une réputation toute locale... Mais voici qu'à la veille de la guerre, le bon catholique qu'il est se trouve envoyé par le parti du centre siéger au Landtag de Carlsruhe, puis au Reichstag de Berlin.

centre.

Wirth a rencontré son chemin de Damas: laissant aux forts ténors du parti, aux Erzberger, aux Fehrenbach, les faciles succès de tribune, il se spécialise dans les travaux de commissions. Sa remarquable puissance de travail, ses qualités de précision et de méthode y trouvent leur emploi. Et bientôt, dans ce Reichstag où les médiocres sont légion et les compétences rarissimes, ce devient un lieu commun de dire que le mince professeur de Fribourg est une « tête financière ». Cette réputation le suit, la révolution faite, dans les assemblées républi caines. Wirth, comme d'ailleurs la plupart des catholiques, prend facilement son parti de la chute d'un tròn qui soutenait fidèlement l'intolérante primauté de l'église évangélique. Il se rallie sincèrement et sans arrière-pensée au nouveau régime. Et lorsque Fehrenbach forme un cabinet de coalition orienté à gauche, les partis avancés applaudissent au choix qu'il fait de Wirth comme ministre des finances.

A vrai dire, le professeur badois, appliqué et un peu timide, avait jusque-là témoigné d'une certaine méfrance à l'égard des socialistes. Mais, au pouvoir, il se rend très vite compte que ces derniers font courir à la cause de l'ordre un moindre danger que les partis de droite dont l'agitation déréglée risque de précipiter l'Allemagne dans les pires aventures. Sa résolution est prise: il pratiquera une politique économique résolument orien tée à gauche et, surtout, afin de rassurer l'Europe et de

permettre à l'Allemagne de panser en paix les blessures de la défaite, il exécutera loyalement les clauses financières du traité de Versailles.

or:

-

Ce programme de simple honnêteté suscite dans les classes dirigeantes un formidable tolle. Le parti national et le parti populiste conspuent le ministre assez hardi pour prétendre que l'Allemagne doit s'efforcer de faire honneur à sa signature. On n'a pas assez de sarcasmes pour le protagoniste des impôts sur la richesse acquise, pour le champion du nouveau drapeau de la République, noir, rouge et or noir des ultramontains, rouge des socialistes, or des juifs, chansonne-t-on. Sous une pluie d'injures, Wirth tient bon. Mais dans le sein même du cabinet Fehrenbach, il se heurte à une violente opposition, opposition qui cristallise autour de Simons, le cauteleux ministre des affaires étrangères. Simons un moment l'emporte. C'est lui qui est chargé, en mars dernier, de représenter l'Allemagne devant le Conseil Suprême et de jeter à celui-ci ce que Lloyd George luimême appelle « un défi ». Mais c'est Simons aussi que, six semaines plus tard, balaye l'ultimatum des alliés. 11 tombe, entraînant Fehrenbach dans sa chute. Wirth, dans sa chute. Wirth, chargé de constituer le nouveau ministère, reste maître de la situation.

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Maîtrise précaire. Détesté et méprisé de la droite, mal soutenu par la coalition de trois minorités centriste, démocrate et sociale-démocrate, absorbé dans une lutte ingrate contre ses propres partisans, en but à l'accusation de complaisance envers les ennemis de l'Alle magne, le cabinet Wirth traîna d'abord une existence difficile et sans gloire.

L'assassinat d'Erzberger le galvanisa un moment. Le crime de la Forêt-Noire fut pour les partis de gauche et pour le gouvernement lui-même un avertissement auquel ils ne restèrent pas sourds. Et les énergiques ordonnances que le chancelier promulgua alors montrèrent aux monarchistes impénitents que les temps où ils pouvaient tout oser sans impunité étaient révolus.

En même temps, Wirth poursuivait avec la France, par l'entremise du Dr. Rathenau, ces négociations directes dont le résultat le plus notoire est l'accord de Wiesbaden.

Le peuple allemand, amoureux avant tout de disci pline, et croyant enfin sentir une main ferme, applau dissait ou se résignait...

Mais le vice congénital du cabinet Wirth - le défaut de majorité parlementaire compacte et stable - continuait d'agir. Le Reichstag rentré, le chancelier dut, de nouveau, s'absorber et s'user en des négociations stériles. Les concessions qu'il fit à chaque parti n'eurent guère pour effet que de les mécontenter tous. Le ministère se disloquait. Le règlement haut-silésien précipita la crise. Elle fut longue et pénible. Wirth demeura cependant chancelier, nul autre n'ayant consenti à assumer cette charge périlleuse. Mais privé de ses collaborateurs du parti démocrate, de Rathenau surtout, son bras droit, il voit son autorité encore affaiblie. Las, semble-t-il, et un peu désabusé, il se laisse plus que jamais emporter au fil des événements.

Pendant ce temps, dans la coulisse, Stresemann et les autres tacticiens du parti populiste, pantins dont les ficelles sont tenues par Hugo Stinnes et par lord d'Abernon, l'ambassadeur anglais, préparent leur arrivée au pouvoir.

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C'est avec un bien grand plaisir que je vous adresse mes meilleures félicitations à l'occasion de l'accord qui va mettre fin au différend séculaire qui séparait votre patrie de l'Angleterre.

Je ne vois aucun inconvénient à vous avouer que la question d'Irlande était une de celles qui causaient à la conscience française le plus cruel malaise.

Il ne pouvait nous échapper qu'au nom du principe des nationalités proclamé par les alliés, l'Irlande était bien fondée à revendiquer son indépendance. Les innombrables manifestations par lesquelles elle ne cessait depuis des siècles d'affirmer sa protestation, nous interdisaient de prendre le change et d'admettre la prescription de ses droits. La fière Erin demeurait irréductiblement cabrée contre la conquête anglaise. Il y a bien peu d'années encore on voyait les publicistes anglais conservateurs comparer les « tracas » qu'elle donnait à l'Angleterre à ceux que les Polonais donnaient à l'Allemagne. Cette comparaison nous causait des réflexions pénibles. A certaines marques d'hostilité données par le gouvernement britannique à la Pologne renaissante, il nous semblait parfois que lui-même ressentait avec une gêne irritée la similitude des situations.

Toutefois la France ne s'est exprimée dans ces der nières années sur la question d'Irlande et peut-être en avez-vous conçu quelque amertume qu'avec une extrême réserve.

D'une part en effet nous avons été les alliés de l'Angleterre dans une guerre sans merci, et nous demeurons ses amis. Impossible, sans une grave incorrection, de nous immiscer dans ce qui demeurait, jusqu'à nouvel ordre, une question de sa politique intérieure.

D'autre part nous ne pouvons méconnaître que pour
ce qui dépendait de vous, vous avez fait le jeu de l'Al-
lemagne en Europe et aux Etats-Unis et avez travaillé
à nous faire perdre la guerre. Notre thèse était : la
victoire des alliés pour la liberté de tous les peuples.
La vôtre la victoire de l'Allemagne pour obtenir la
nôtre. Non seulement vous n'avez pas, ou vous avez
chichement versé votre sang pour la cause de l'Entente,
mais vous avez essayé de faciliter l'invasion du terri-
toire britannique. Nous pouvons faire l'effort de com-
prendre le point de vue des patriotes exaltés qui es-
sayèrent en pleine guerre de soulever l'Irlande avec
l'appui de l'Allemagne. Nous ne pouvons pas ignorer
qu'ils pactisèrent avec nos ennemis. En outre nous pen-
sons qu'ils se trompaient gravement. S'imaginer que
l'Allemagne, tirant son épingle du jeu, se fût le moins
du monde souciée de l'Irlande témoigne d'une bien sin-
gulière puissance d'illusion. Au contraire, c'est l'espé-
rance que nous nourrissions au fond de nos cœurs qui
vient d'être couronnée: c'est de la générosité de l'An-
gleterre triomphante, c'est-à-dire en somme du triomphe
des alliés qu'elle a tout fait pour empêcher, que l'Ir-
lande obtient son affranchissement.

Cher monsieur, ne me prêtez pas d'ailleurs une can-
deur qui serait risible. Si l'Irlande a eu gain de cause,
c'est en grande partie, ne croyez pas que je l'ignore, à
cause de l'énergie désespérée avec laquelle elle a com-
battu. Il est infiniment probable que si la conscience
aussi bien que les intérêts britanniques n'eussent été
fortement émus par la protestation acharnée du sinn
fein, vous n'auriez pas encore satisfaction. Des gestes
qui semblaient aux gens raisonnables des gestes de
folie ont puissamment servi votre cause. Vous serez bien
fondés à élever une statue au maire de Cork. Sa protes-
l'Irlande
pour
tation fut aussi féconde
JACQUES CARLES.
que celle de

Cette arrivée se produira-t-elle ? Cela dépendra des circonstances, de la cohésion des partis de gauche, de l'habileté des partis de droite; cela dépendra aussi du Foreign Office, et pourrait, jusqu'à un certain point, dépendre du Quai d'Orsay. Rathenau, dit-on, va revenir au ministère. Souhaitons-le. Ou bien l'on regrettera en France et en Allemagne Joseph Wirth, l'honnête homme.

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Kruger pour le Transvaal. Contre ce qu'imaginent bien deş cerveaux rassis, il arrive que l'héroïsme paye. Vous avez raison de vouer à vos martyrs une reconnaissance éternelle. Leur sacrifice fut parmi les causes qui obligèrent l'Angleterre à relâcher vos chaînes.

Mais vous souffrirez tout de même qu'à l'expression de l'admiration qu'ils nous inspirent, nous joignions celle de l'admiration que nous éprouvons pour l'Angleterre victorieuse et libératrice.

On dira « Le geste de M. Lloyd George est celui d'un politicien intelligent ». Certes, mais >>. Certes, mais pour l'accomplir, il faut à la fois bien de l'intelligence, bien du sangfrond et bien du courage. Et la nation qui y consent, qui, en plein triomphe militaire, garde une conscience assez lucide, un jugement assez ferme pour faire un tel effort sur elle-même, pour dominer des préjugés et des rancunes enracinés dans son âme séculaire, donne un bien bel exemple et acquiert des titres nouveaux à l'estime mondiale. Il s'est trouvé des esprits qui se prétendaient indépendants pour mettre en balance l'impérialisme britannique et celui de l'Allemagne rien n'est plus faux. Un geste tel que vient de faire l'Angleterre

et qui lui profiterale germanisme s'est toujours montré physiquement et psychologiquement incapable de l'accomplir: c'est la meilleure preuve de son infériorité morale.

Coïncidant avec les manifestations de Washington, il atteste effectivement qu'un esprit nouveau tend à se dégager dans le monde.

De la grande guerre, la Pologne, l'Alsace-Lorraine et les nations de l'Europe Centrale sortent libérées du joug ou reconstituées. Il est singulièrement émouvant et d'un haut enseignement que bénéficient de notre victoire non. seulement les nationalités qui la favorisèrent de leur vœux ou versèrent leur sang pour elle, mais l'Irlande qui la combattit. Ainsi apparaît mieux la signification que dans le brouhaha de l'après-guerre quelques-uns sont parfois tentés ou affectent volontairement de méconnaître.

Après la question de Silésie, celle du Pacifique, celle des armements navals, voici tranchée la question d'Irlande. Avec quelques incommodités que nous nous trouvions encore aux prises, ne méconnaissons pas tout ce qui est débrouillé çà et là sur la planète.

Et ces félicitations que je vous adresse, acceptez, cher Monsieur, que pour une fois, je les renouvelle à M. Lloyd George.

L'Angleterre, l'Irlande et l'Europe lui doivent un sincère hommage de reconnaissance.

Il a le droit d'être content de lui.

Aussi j'espère que ce succès le disposera bien pour un prochain entretien avec M. Briand.

Alors il aura lieu d'être bien plus content encore, et nous aussi.

ANDRÉ LICHTENBERGER.

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pliquerait les principaux aspects du génie shakespearien et où l'on dirait succintement les raisons que nous avons de l'admirer. Un peu auparavant, c'était à propos des maréchaux de France, de La Fayette, des Etats-Unis, de l'Angleterre, de l'Alsace-Lorraine que de semblables canseries étaient ainsi organisées, toutes ayant le même but avoué ou secret faire une place à l'enfant dans les manifestations de notre vie nationale.

Qui eût osé prédire ou seulement imaginer une petite révolution de ce genre dans la société française d'il y a deux cents ans où l'enfant était tenu à l'écart systé matiquement non seulement des faits et gestes de la société, mais même de ceux de la famille ? Une discipline rigoureuse établissait, dès la naissance si l'on peut dire, une cloison étanche entre parents et enfants et << Madame ma mère », comme l'appelait sa fille ou son fils n'eût pas permis que son enfant lui adressât d'autres questions que celles touchant la religion, la politesse ou la stricte instruction.

A la vérité, des lueurs devaient filtrer dans ces épais ses ténèbres et il n'est pas possible d'imaginer les grandes secousses nationales ébranler tous les Français de toutes conditions sans retentir d'une manière quelconque dans le cerveau des enfants. Mais que ce fût pendant la guerre de Cent ans, pendant les guerres de religion ou les grandes luttes qui marquèrent la fin du siècle cassique, qui se fût avisé d'instruire de ce qui se passait les jeunes têtes blondes ou brunes qui lui étaient confiées? Il fallut les idées de Jean-Jacques, Emile et l'individua lisme effréné de la Révolution pour que place fût vrai ment faite à l'enfant dans nos cérémonics publiques.

de

En revanche, on rattrape le temps perdu, et, tout de suite, on passe aux extrêmes. Pas de fête, si petite qu'elle soit, qui ne comporte la présence de l'enfance, pas jour de deuil ou de jour de gloire où elle ne figure à côté de ses aînés. Dans la Fête de l'Etre suprême, une sorte de hiérarchie est établie entre garçons et filles de tout âge depuis les bambins de six et sept ans qui forment le choeur des tout-petits jusqu'aux adolescents, en passant par les enfants proprement dits, les garçonnets et les fillettes. Des strophes particulières sont chantées par chacune de ces catégories dans le chœur universel Une place spéciale est prévue et assignée dans les cortèges.

Cette sorte de reconnaissance des droits de l'enfant, nul ne l'a poussée plus loin que la Révolution française, si ce n'est les peuples anglo-saxons eux-mêmes Après un siècle pendant lequel on peut dire que nous avons davantage hésité à faire participer étroitement l'enfance à nos deuils et à nos joies, une évolution contraire semble se dessiner sous l'influence des exemples qui nous viennent d'Angleterre et d'Amérique.

de

Reconnaissons aussi que les temps que nous venons traverser sont particulièrement propices pour préparer à de jeunes esprits de magnifiques leçons de choses. Si c'est le culte des grands hommes que l'on veut dévelop per en eux en les conduisant à la maison natale de Molière, on ne fera qu'ajouter un exemple à tous ceux qu'ils viennent de contempler. Les adolescents pourront dire qu'ils ont vécu dans une époque à la Plutarque, mé

Les enfants dans le cortège. Le conseil municipal de Paris qui s'occupe actuellement du programme des fêtes destinées à commémorer le tri-centenaire de Molière, a déjà fait connaître quel-lés à une foule de personnages notoires de tous les

ques-uns de ses projets. Avouons qu'ils ne sont ni d'une originalité, ni d'un faste éblouissants. Mais a-t-on remarqué que, en première ligne, il a placé une visite des enfants des écoles aux lieux fameux de la vie de Molière, à celui où il naquit, où il joua, où il vécut, un pèlcrinage enfin à son tombeau ?

C'est un souci qui n'est pas vieux chez nous, avouonsle, que celui de faire participer l'enfance à nos joies et deuils nationaux, mais comme il grandit depuis ques années, comme il s'affirme avec force ! Il y a quelques mois, le ministre de l'instruction publique ordonnait qu'à l'occasion de l'anniversaire de Shakespeare, des lectures fussent faites dans toutes les clases où l'on ex

pays, participant à ces existences si diverses. Quant aux petits, même ceux qui, pendant la guerre, n'étaient pas d'âge à lire les journaux, n'ont-ils pas connu par les de la rue tous les noms, tous les événements, tous les conversations, par les rumeurs de la foule, par la voix grands faits qui vont retentir dans l'histoire ? N'ontils pas souffert, eux aussi, dans leur cœur et parfois même dans leur chair de la tragédie au centre de la la petite conférence que leur maître va leur réciter sur quelle ils étaient élevés ? Avouons qu'ils ont bien mérité Molière et qu'on daigne enfin s'occuper un peu d'eux..

JULES BERTAUT.

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Les quatre concerts Boskoff.

M. Edouard Ganche nous dit, dans son remarquable volume sur Chopin, qu'en décembre 1834, Chopin et Liszt jouèrent tous deux et ensemble à un concert donné par un certain François Stoepel à la Salle Pleyel. Nous évoquions ces deux grandes ombres, l'autre soir, dans la même salle, tandis que Georges Boskoff y donnait sa «< soirée romantique ».

La Salle Pleyel est probablement la salle de Paris la mieux faite pour y écouter de la musique de chambre; particulièrement ce genre de concert où un seul artiste se fait entendre et que, depuis quelques années, on a baptisé, on ne sait pourquoi, du nom de « récital ». (Les pianistes, sans aucune hésitation, emploient même entre eux le verbe « récitaliser »>.) La Salle Pleyel a des proportions modestes et harmonieuses. Elle a un peu l'air d'un salon particulier, avec plâtres dorés très Second-Empire, lesquels commencent à « prendre du style »; et l'on n'a pas l'impression que, sur l'estrade qui continue la salle, le pianiste ou la cantatrice usurpe la place du jongleur, du tireur de cartes ou du chien savant. En un mot, l'atmosphère y est « musicale » ; c'est un endroit ennobli par le passé, et où le passé est préservé.

rituelles, connaissant leurs limites et jaloux de s'y confiner, préférant une chose menue, mais bien faite et résistante, à l'éphémère baudruche gonflée de vent.

La dernière soirée donnée par Georges Boskoff a été une « soirée romantique ». Soirée très fidèle et très pittoresque, puisque nous n'avons pas entendu seulement les œuvres des romantiques célèbres et qui ont survécu à leur temps, mais celles aussi de quelques romantiques oubliés. Boskoff nous a montré que nous avions tort de dédaigner tout à fait le charmant Field, pur et sentimental, dont les nocturnes ont le contour à la fois diaphane et savant de certains dessins des élèves d'Ingres. Il nous a conseillé aussi de ne plus ignorer absolument Thalberg, dont la gloire égala la gloire de Liszt. Pour mieux nous imprégner de couleur locale, le morceau de Thalberg que nous entendîmes était détaché d'un album intitulé Soirées du Pausilippe.

Dans la salle Pleyel, ce soir-là, les musiciens disparus revenaient avec des poètes : les ombres de Nerval et de Lamartine palpitaient doucement autour du grand piano...

J.-L. VAUDOYER.

Les deux face de la "question nègre".

Il y a une question nègre, chaque jour plus actuelle, dont nous ne semblons guère nous douter. Ou plutôt, nous n'en voyons qu'une face, et, si j'ose dire, la noire. Depuis la guerre, toute une « littérature nègre » est éclose qui, faisant appel tantôt à notre pitié, à nos sentiments humanitaires pour les malheureux noirs qu'oppriment la colonisation et la «< civilisation » des blancs, tantôt à notre nthousiasme romantique pour tout ce qui est barbare, a créé en France un état de cécité absolue quant au danger noir. Ouvrez nos grands quotidiens ils sont nuets sur ce sujet ; aucun n'accorda l'intérêt qu'il méritait à ce congrès de la race noire, si important cependant et si significatif, qui s'est tenu récemment à Londres d'abord, puis à Bruxelles et à Paris. Les revues n'insistèrent pas non plus su ce point: je ne connais guère, jusqu'à présent, que M. André Thérive qui, au dernier cahier de la Revue Critique, ait su montrer le danger et élever la protestation nécessaire.

Dans ce cadre », Georges Boskoff était tout à fait à sa place. Ce pianiste (le meilleur de la génération qui vient après celle d'un Cortot, d'un Risler, d'un Vinès, d'un Busoni) possède la qualité la plus rare et la plus profonde: il ne consent pas qu'une œuvre devienne la proie de l'interprète ; il tient compte de la chose écrite. Les moyens prodigieux (technique, sonorité, puissance, endurance), il ne les emploie jamais pour obtenir les effets faciles qui font la gloire superficielle de tant de virtuoses. Aucun exhibitionnisme dans son cas. Aucune gesticulation ridicule, aucune gymnastique étourdissante, aucune inquiétante pamoison. Sérieux, recueilli, à peu près immobile, cet homme petit, au masque grave mais très jeune, ressemble, devant son piano géant, à quelque David affrontant Goliath. Les mains se posent sur les touches; aussitôt l'instrument avoue qu'il reconnaît son maître. Mais le maître ne s'amuse pas à des vantardises de dompteur on d'équilibriste. Il ne s'agit pas de faire passer un caniche dans un cerceau de rubans, de faire tenir trois « gibus» sur un parapluie ouvert il s'agit d'une chose à la fois bien plus simple et plus malaisée que les pianistes oublient trop souvent; il s'agit de faire revivre Bach et Mozart, Schubert et Chopin; il s'agit, pour montrer qu'on respecte l'œu-point pamphlet dans la préface du Batouala de M. René vre, d'avoir de la dignité envers soi-même et de ne pas mépriser trop ouvertement le public que l'on a devant soi.

Georges Boskoff a donné quatre concerts à la salle Pleyel. Quatre programmes très chargés où voisinaient des œuvres fameuses et des œuvres à peu près inconnues. Les œuvres fameuses, Boskoff les a jouées en les dépouillant de tous les « embellissements » conventionnels dont on a coutume de les parer pour mieux nous éblouir. Quelle joie d'apercevoir Bach délivré de ce raide et glacial vêtement puritain sous lequel on l'engonce; quelle joie d'assister au sauvetage de Chopin, enfin re tiré d'un étang de sirop, d'une tourbière de pommade quelle joie de voir enfin se déployer devant nous les grandes architectures de Liszt, que presque aucun pianiste ne sait considérer dans leur ensemble, et dont on nous montre toujours l'ornement redondant, jamais l'altière construction.

Outre ce salubre et philanthropique travail de « restitution », Boskoff s'est amusé pour nous au jeu des découvertes. Connaissez-vous Cramer, Pleyel et Gelinek, petits maîtres qui escortent Mozart, comme tels petits peintres hollandais escortent Vermeer de Delft et Pieter de Hoogh? Les voici, avec leurs grâces précises et spi

Certes, il ne faudrait point sacrifier au préjugé opposé, et imaginer qu'aux pays noirs tout soit au

mieux dans le meilleur des mondes. Si Mme Lucie Cousturier (Des inconnus chez moi) se montre sans doute d'une générosité un peu trop partiale, tout n'est certes

Maran, auquel on vient d'accorder le prix Goncourt: certains faits, certains chiffres invitent à la réflexion. Toutes les objections que l'on devra présenter à l'auteur n'empêcheront point, pour prendre un exemple, qu'il soit parfaitement honteux que de malheureux nègres aient été obligés de vendre leurs femmes vingt-cinq ou soixante-quinze francs, et que le livre documentaire que M. René Maran annonce sur ce sujet mérite d'être

entendu.

Mais ici prenons garde: ces faits, ces chiffres, c'est dans la préface de M. Maran que je les ai pris. M. Maran y plaide la cause des noirs avec une belle énergie. Mais, à lire ce roman «‹ objectif » qui nous montre les bandas, irréfléchis et inertes, que le « blanc » remplit à la fois de terreur admirative et de mépris, que dominent seuls l'instinct et la coutume, et qui, à la vérité, ne sont guère propres à nous inciter envers les noirs à la même tendresse que professe M. Maran, ne trouverait-on pas que l'auteur abonde parfois un peu trop passionnément dans son propre sens? Gardons-nous d'un engouement romantique, qui nous mènerait à nous apitoyer comme font nos humanitaires avec plus de complaisance sur les nègres sauvages de l'Afrique centrale que sur les nègres déjà à demi-civilisés de l'Amérique où leur situa

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tion cependant, si l'on en croit les récits des Européens qui vécurent aux Etats-Unis, n'est pas des plus brillantes, et enfin à admettre la thèse de l'« égalité des races » qui fut soutenue au congrès pan-noir.

Il est, je crois, difficile de suivre les « pan-noirs >>> jusqu'à ce point de leur thèse. Le « mariage mixte » dont ils parlent comme d'une solution du problème nègre, nous semblera toujours chose quelque peu monstrueuse. Il y a un beau roman, dont il me paraît que l'on n'a pas assez parlé en son temps, de Mme Gertrude Atherton, Senator North, qui pose cette question avec une rare vigueur, et il y a aussi les innombrables confessions d'hommes de couleur cultivés, tel par exemple le livre de M. William-Annibal Thomas sur le Nègre américain, bien pessimiste évidemment et où il faut faire la part de l'exagération qui est la rançon obligée d'une sincérité de cet ordre, mais également fort inquiétant.

L'égalité entre les hommes ne peut être qu'un vain mot. Ni tous les hommes n'auront demain plus qu'hier les mêmes sentiments ou la même culture, ni tous la même taille et la même couleur de peau. N'est-il pas, alors, à prévoir, avec M. André Thérive, que « prolifères comme ils sont, les noirs deviendront un jour nos maîtres et vérifieront qu'il n'y a parmi les hommes que des inférieurs, des supérieurs, des frères aucunement »>?

Le danger est considérable. S'il ne faut pas oublier un seul instant la magnifique conduite des troupes noires pendant la guerre, s'il faut penser qu'ils furent nombreux ceux qui eussent pu répéter ce mot d'un tirailleur que rapportait le colonel Baratier: « Moi noir, mais comme toi y a cœur blanc » (Epopées Africaines), ne nous aveuglons pas sur ce très redoutable danger. Sachons voir les deux aspects du problème. La « question nègre » se pose de plus en plus âprement. La spirituelle boutade de M. Gratien Candace, député de la Guadeloupe : « Les hommes ne valent pas par la couleur de leur peau » ne suffit pas à la résoudre.

La Littérature

RENÉ GROOS.

Sur René Boylesve (1)

Le talent de ce M. Boylesve est d'une homogénéité qui a toujours fait mon étonnement. Une vocation si nette, une œuvre d'une courbe si pure, c'est beau. Et d'abord, quelle personnalité ! Vous pouvez lire ses vingt volumes d'affilée si vous y découvrez la moindre. influence d'un de ses contemporains, je serai bien étonné. Dès sa première œuvre, M. Boylesve a été luimême, et il l'est resté. Naturellement, il s'est creusé, développé et perfectionné ; ce n'est pas du premier coup qu'il a atteint à son habileté technique et à son art; mais ni l'influence des naturalistes, ni celle des symbolistes, ni celle d'Anatole France, ni celle de Barrès, que sais-je ? il n'a rien, absolument rien subi (esthétiquement) de ce qui a exercé quelque action en son temps.

Notez d'autre part qu'il n'a jamais écrit que des récits; point de journalisme (ou si peu !) point de critique, point d'essais, point de «< chroniques » : des narrations Dédain des idées ? Ah! pas du tout! Je sais bien des romanciers admirables ont été complètement privés de toute faculté de concevoir l'abstrait ; l'intelligence proprement dite n'a rien à voir avec la faculté d'inventer les plus belles histoires... Tout de même, elle ne gêne pas et il y aura toujours des gens qui auront quelque peine à goûter des œuvres, belles sans doute, mais privées par trop de « sens agile » ; qui

(1) A propos du Carrosse aux deux lézards verts (CalmannLévy, édit.).

même refuseront de trouver tout à fait belles ces œuvres--là... Certes, ce n'est pas le cas de celles de M. Boylesve, tout animés que sont ses romans d'intelligence et de pensée, tout à triple dessous. Et d'ail leurs, depuis deux ans peut-être, M. Boylesve a commencé de soulever légèrement son voile. Oh ! bien peu ! Mais enfin il a publié quelque préface; il a donné çà et là des « feuilles tombées », comme il dit, de brefs fragments critiques; et voici aujourd'hui que le conte du Carrosse aux deux lézards verts commence par des vues sur l'art du roman qui sont les plus agréables, les plus sympathiques du monde...

Eh quoi!« agréable », « sympathique »!.. Qu'avez-vous à faire ici de ces adjectifs-là ? Il m'est en vérité fort indifférent de savoir si une œuvre vous est sympathique ou non croyez-vous que votre cœur m'intéresse à ce point? Dites-moi, non si vous l'aimez, mais si vous l'approuvez, donnez-moi une opinion fondée sur le goût, qui est fait de raison autant que de sensibilité (à ce que vous prétendez); bref, donnez-moi une opinion esthétique; mais de grâce abstenez-vous de molles confidences sur l'état de vos nerfs. Je veux bien savoir si le livre est beau, et pourquoi, selon vous ou plutôt comment; je veux bien, même, que vous le considériez sous un autre angle que celui de l'art: que vous le regardiez comme un témoignage sur la société, ou bien un document sur l'auteur; que vous cherchiez à quel courant d'idées il se rattache ; que vous examiniez s'il est << moral » ; voire (et au cas où vous seriez atteint du furor politicus) s'il est radical-socialiste - car tous les points de vue critiques sont légitimes (pourvu qu'on spécifie à l'avance celui qu'on choisit et qu'on ne les confonde point); un seul ne vaut rien ou du moins ne vaut que pour celui qui parle : c'est celui de la sensi bilité pure. Vraiment, Monsieur, peut me chaut de connaître que les idées de M. Boylesve vous sont « sympathiques ». On abuse singulièrement de la sympathie et de l'antipathie, aujourd'hui. Politique « antipathique », philosophie « sympathique »... Il n'est jusqu'aux théories d'Einstein dont je n'aie récemment entendu quelqu'un déclarer qu' « elles ne sont pas sympathiques ». Cela me fit rire. Mais, peu après, un autre personnage proclama hautement et même fièrement qu'il se laissait à peu près entièrement conduire dans lontaires qu'il éprouvait d'eux notez que je ne dis ses jugements sur les hommes par les sentiments invopas dans ses rapports pratiques, effectifs avec les hommes ; je dis bien dans ses jugements sur eux Et sans doute les gens de sa sorte ont dû en tous temps être les plus nombreux. Mais ce qui est significatif, c'est qu'aujourd'hui on se vante de cette soumission de la raison au cœur, jusque dans le domaine du jugement.

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Monsieur, ces considérations sont assez faciles, et je ne vous demanderai pas, revenant à la critique littéraire, si vous prétendez en éliminer la sensibilité, car c'est là un point qui a été traité une dizaine de fois, pour le moins, ici même, et vous nous avez expliqué à satiété que l'émotion esthétique n'est pas l'impression directe qu'on tire d'une belle œuvre, mais pour les trois quarts celle que procure l'idée réfléchie qu'on se fait de la beauté de l'objet. Je vous demanderai plutôt si vous n'êtes pas très surpris, et agréablement, de voir un romancier moderne proclamer qu'il n'a pas la religion, que dis-je ? l'idolâtrie de « la vie ».

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Je ne sais pas où vous trouvez que M. Boylesve proclame rien qui ressemble à ce que vous dites. Il dé clare « Il n'y a jamais eu, il n'y aura jamais qu'une sorte de littérature, c'est celle qui nous entretient de l'esprit et du cœur humain ». Et vous reconnaissez là, sans doute, un des dogmes de notre esthétique « belphé gorienne » (1)? Car assurément les classiques voulaient

(1) Julien Benda Belphegor, p. 47 et suiv.

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