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Berardiana.

Cependant les flammes sortaient de la cheminée ; On parle, on parle du théâtre, on parle de Marthe

dans la rue les passants s'attroupaient ; bientôt ce

: Chenal, qui prodigua son talent sur toutes nos scènes furent les pompiers, accompagnés des voisins de la maide musique.

son, qui firent irruption dans la chambre. Mais la blonde M. Léon Bérard est là, et ne dit rien.

enfant déclara avoir confiance dans les pompiers et C'est vrai, dit quelqu'un : elle vient de faire une

refusa tout net de se lever. fugue à la Gaîté, mais malgré tout elle conserve toujours

Quand le feu fut éteint, elle sauta du lit, en fredonun pied à l'Opéra, et l'autre à l'Opéra-Comique.

nant le grand air de Dédé, auquel les badauds faisaient Alors le ministre laisse tomber :

écho jusque dans la rue : Eh bien!. moi, je voudrais bien être au Vaude

Dans la vie faut pas s'en faire. ville.

Moi je m'en fais pas.

mus Menus propos de la Chambre.

Botre marionnettes. M. Franklin-Bouillon, qui fut entendu récemment par

Encore une affaire Bib. les commissions des affaires extérieures et de l'armée, a revêtu, depuis qu'il n'est plus député

, une autorité qu'il quelques ncuvelles charges et les avait exposées dans

A peine a-t-elle été dévoilée.... M. Bib avait produit rechercha vainement sur les bancs du Palais-Bourbon. Ses déclarations n'avaient pas été sans choquer un peu

certain couloir de théâtre. Ça ne faisait pas mal du tout, ses amis. Car M. Franklin-Bouillon semblait avoir le et ça aidait à digérer les pièces qu'on donnait dans la zèle d'un propagateur de la foi. Il exaltait lyriquement, sall

. l'oeuvre de nos missionnaires et de nos religieuses en

Or tout à coup, un portrait a disparu. Il s'agit de la Extrême-Orient, et dénonçait le danger anglo-saxon de figure de Mme Victor Margueritte. la propagande protestante. Et les vieux radicaux impé

Qui a bien pu s'emparer de cette adorable effigie ? ritents se demandaient mélancoliquement où était le

M. Bib s'en moque, affirme-t-on ; et même il préfére temps où M. Franklin-Bouillon père faisait don à la qu'on n'en parle pas. commune d'Ouistreham d'un cimetière, à la condition

Il n'a plus besoin de cette rédame après sa première qu'il ne s'y élevât point de croix!

aventure.

mars Franklin-Bouillon, disait l'un, c'est la chauve-souris de la fable, tantôt souris, tantôt oiseau.

A propos d'Aimer. A quoi un jeune député répliqua :

La pièce de M. Géraldy vient de remporter au FranFranklin-Bouillon? il vaudrait mieux dire : tantôt çais un succès comme ce théâtre n'en avait pas connu paratonnerre et tantôt potage...

depuis longtemps. Pourtant, on s'est étonné que Mme
Piérat ait

pu
être tentée

par M. Hervé, qui ne sait mettre min

qu'une vaine éloquence dans son rôle de séducteur, et

Chez ceux qui dansent. à qui il manque pour le moins d'être séduisant. C'est L'Heure Tragique.

pourquoi l'on a fait cette épigramme à la mémoire de

M. Alin Monjardin, l'apôtre de la Géraldose Ils avaient eu bien du guignon, ces amateurs, qui jouaient, dimanche dernier, l'Heure Espagnole, de

Qu'une femme aimable et jolie Ravel, dans l'ancien théâtre de M. Mors. Pensez un peu :

S'apprête à ruiner sa vie

Pour un gros lourdeau comme Hervé, ils y travaillaient depuis longtemps, et depuis longtemps

On en reste tout étonné. ils avaient fixé pour leur séance de charité la date du

C'est pourtant ce qu'a fait, Mesdames, 13 décembre, sans penser qu'une grande scène allait

En vérité je vous le dis reprendre cette petite chose. Et vlan! l'Opéra se met

Et ce n'est point une réclame, à monter aussi l'Heure Espagnole et les devance de huit

...Le talent de Paul Géraldy. jours!

Cependant ce contretemps les servit à souhait. Car un nouveau malheur vint accabler la belle Concepcion,

Au pays des Muses. qui avait organisé la fête. Le samedi, jour de la géné- Le centenaire de Flaubert. rale, M. Jean Aubert, l'un des meilleurs chanteurs de

On a souvent répété ces jours-ci le fameux mot : la Petite Scène, qui devait jouer le rôle de Rannio, se

Madame Bovary, c'est moi ! trouve sans voix. Il est midi : les invités arriveront à

Et l'on peut le répéter surtout devant l'exhibition de quatre heures! Que faire? La belle Concepcion saute tant de documents curieux, réalistes et insignifiants sur dans un taxi, va droit chez M. Rouché, le trouve à table,

la véritable Madame Bovary. Madame Bovary, c'était l'apitoie sur son sort, et lui demande M. Couzinou.

bien Flaubert. Tout se 'passa le mieux du monde; on unit dans les

Est-ce pour cela que feu Emile Faguet écrivit dans mêmes applaudissements les chanteurs des deux troupes sa Vie de Flaubert : rivales ; et la petite troupe se félicita que la grande, en

<< Son père s'était établi à Rouen et y était devenu le la devançant, lui eût préparé d'admirables doublures...

très considérable et même célèbre docteur BOVARY, chiminu

rurgien en chef de l'Hôtel-Dieu... » ? Suite de bal.

Ce lapsus calami subit victorieusement l'épreuve de la Le grand bal « 1721 » qui venait de réunir en un correction des épreuves. Il parut à la première page de joyeux tohu-bohu pirates, boucaniers, caraïbes, gentils- la première édition. On rattrapa quelques exemplaires hommes de fortune, flibustiers et captives prit fin à un peu plus tard. Il en reste, pour mémoire d'une étourl'aube. Une blonde chanteuse rentre en son logis et, derie, qui a peut-être un sens caché... fatiguée, se couche avec l'idée de dormir très tard dans

x la journée. La bonne entre dans sa chambre vers 11 heures du matin et allume le feu : un feu de cheminée

Naturellement, tout le monde s'efforce d'interviewer se déclare. La bonne, éperdue, réveille la chanteuse ; Flaubert dans son tombeau et de lui arracher den noula chanteuse, ensommeillée, répond : « Qu'on me fiche veaux secrets. Flaubert se laisse faire maintenant. Mais, la paix. »

de son vivant, il se prêtait fort mal aux interviews. Il

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Tépondait, mais de façon si étrange que nul n'osait pu- qu'il me soit possible de démasquer l'anonymat qu'il désire blier ce qu'il avait répondu. Car c'étaient des calembre- conserver. daines dans le goût de celles-ci :

D'ailleurs, n'étant nullement littéraire, comment aurais-je « Les faits marquants de ma carrière littéraire ?

pu pondre cette cuvre, où les « princes de la critique » OBI Voici :

retrouvé le génie de Shakespeare et d'Aristophane ? Toute ma

pâture intellectuelle comporte en effet : 1° A dix ans, je savais les langues orientales.

I° Les dépêches ministérielles; 2° J'ai mangé en un repas quinze aloyaux et bu

2° Le bouquin de Cohen sur les médailles impériales romaisoixante-douze décalitres d'eau-de-vie.

nes. (Pour référence, voir le seigneur Delourmel); 3° J'ai tué en duel trente carabiniers.

3° Et, comme extra, pour les dimanches et jours fériés, quel4. Je connais tous les secrets des cours et des cabinets, ques pages de la table de logarithmes. Etc., etc. »

C'est tout.

Vous voyez bien qu'en toute justice, on ne peut vraiment X

pas me faire endosser la paternité d'Ubu-Roi, Le plus étonnant, c'est qu'en ces temps où ilorit la

Veuillez agréer, etc... chasse au plagiat, nul n'ait songé, à l'occasion des fêtes,

L'Ubu, d'Alfred Jarry, fit déjà plus de bruit qu'il à accuser de plagiat l'ermite de Croisset. Les documents,

ne méritait Qu'adviendra-t-il maintenant de l'Ubn du cependant, ne manqueraient pas. Il suffit d'un peu ou

commandant Morin? de beaucoup de bonne volonté...

Lisez plutôt :
ic J'entendais le inurinure l'une rivière qu'on ne voyait

Musique interchangeable. pas » (Chateaubriand). « On entendait le broutement Le nouveau curé anglican de Windsor- racontait l'autre d'une vache qu'on ne voyait pas (Flaubert).

jour à la Société chorale de sa paroisse qu'il avait été « Elle aperçut une longue barque dont la proue élevée,

marié aux accents du Requiem de Brahms. le mât penché, et la voile latine annonçait le génie des

Mais il n'est pas le seul à qui pareille mésaventure Maitres. Elle faisait écumer l'onde sous la rapidité de sa

soit arrivée. En 1863, le prince et la princesse de Galles course. Un Madre se tenait debout sur la proue. La bar

furent mariés aux accents d'une marche de Haendel, que arrive, présente le flanc, touche au môle ». (Chateau

tirée de Joseph et ses frères. Personne, à cette époque, briand). « Elle s'avançait d'une façon orgueilleuse et

ne semble s'être souvenu que, primitivement, cette mar.

che constituait la marche funèbre de Samson. farouche, la voile bombée dans la longueur du mât, en fendant l'écume autour d'elle. On aperçut un homme

On dit bien qu'à l'origine, ta-ra-ra-boom-de-ay fut debout, tête nue. La trirème érafla l'idole à l'angle du

une marche funèbre qui ne réussit pas ; l'auteur en accémôle. » (Flaubert).

léra le rythme... et il en fit une chanson de café-concerto Avis aux benoîts amateurs. La chasse est ouverte.

M. de la Presle, le Grand Prix de Rome de musique

de 1921, fit bien mieux à Notre-Dame de Versailles, le L'art d'écrire l'histoire littéraire,

jour du mariage de M. Willemetz. On ne pouvait maUn journal annonça lundi :

rier l'auteur de Phi-Phi qu'aux accents des Petits Paiens,

ou tout au moins de quelque rengaine de Christiné I M. Anatole France a emmené avec lui, à Stockholm,

sut par le mouvement et par les timbres de l'orgue, donson petit-fils, le fils de Michel Psichari, l'auteur du

ner une telle solennité à cette musiquette, qu'un bon muVoyage du Centurion.

sicien qui le félicitait après la messe lui dit : Rectifions vite, ou bien, dans un siècle, l'auteur véri- C'était très bien, tout à fait bien. Mais pourquoi table du Voyage du Centurion risque fort de se voir donc avez-vous joué du Saint-Saens. Vous savez que je contester la paternité de son oeuvre. Le Voyage du Cen- n'aime pas Saint-Saens... turion est bien de Psichari, mais d'Ernest, et non de Michel. Tous deux sont tombés pendant la guerre. Voilà Corruption. pourquoi précisément il n'est pas permis de les confondre.

Cette histoire du négociant à qui son défenseur a extorqué 140.000 francs pour « acheter les juges » en

rappelle une autre dont le héros fut, il y a une quinLe véritable auteur d'Ubu.

zaine d'années, un célèbre avocat d'assises et qui, depuis, Depuis qu'on a nommé comme le véritable auteur a quitté, doux euphémisme, le barreau de Paris. d'Ubu-Roi le commandant Morin, en garnison à Brest, Le Maître voit arriver chez lui, un beau matin, un celui-ci se défend comme il peut. Et voici la lettre qu'il caissier, qui lui raconte qu'il a volé le banquier, son envoya à la Dépêche de Brest en réponse à un article patron, qu'il manque à la caisse 30.000 francs et qu'avant qui, déjà, le mettait en cause :

de se constituer prisonnier, il vient demander à l'illustre

défenseur de l'assister. Monsieur Jean-Pierre,

Celui-ci l'interroge et, en apprenant que le banquier Lu avec grand intérêt votre article d'hier ainsi que la lettre

ignore le larcin, il lui dit : ouverte, où mon excellent ami, le docteur X... (X n'est pas

Du moment que votre patron ignore la chose, inu: loin de R dans l'alphabet) me couvre de fleurs imméritées

tile de vous constituer prisonnier; vous allez retoumer tout en se payant astucieusement ma fiole. Evidemment, diagnostiquer et guérir sont deux, mais l'en

à votre bureau comme de coutume, vous prendrez à nui, dans mon métier, c'était que les gros canons sont comme

nouveau 30.000 francs et me les apporterez. Je vous les petits lardons, ils ne savent pas dire où ils ont mal. garantis l'impunité. »

Il est parfaitement exact que j'ai souvent visité les pièces Quand l'avocat fut en possession des 30.000 francs, if du groupe de mon ami le docteur X... C'était un groupe gai écrivit au banquier qu'il avait une grave révélation à où j'ai toujours été admirablement reçu. Vrai aussi que j'avais lui faire. Le banquier arrive, tout inquiet. baptisé « Mère Ubu », la camionnette qui me trimballait de

Voici. Votre caissier est venu me voir. Il avait batterie en batterie et de position en position.

perdu 60.000 francs au pari mutuel; il vous a volé Mais tout cela ne prouve pas que ce soit moi l'auteur d'Ubu! Ayant participé, et avec quelle conviction, aux horribles bas

60.000 francs; il m'en a fait l'aveu. J'ai réuni d'urgence tringues qui constituaient le cours dirigé (?) par cet excellent

la famille qui s'est saignée aux quatre veines et a pu P. H., de joyeuse mémoire, je connais parfaitement le véri

réunir 10.000 francs. Je vous les offre contre un désistetable auteur d'Ubu-Roi, mais il est trop de mes amis pour ment bien en règle et un excellent certificat...

Or...

Le banquier réfléchit un instant; ill pensa, au scan

lemand soit noir-blanc-rouge ! » On se souvient que dále; il se: vit. déserté par ses clients qui croiraient bien les couleurs de la nouvelle République sont noir-rougevolontiers que leurs fonds sont mal gardés; il 'accepta.

Et voici comment, en vingt-quatre heures, l'illustre A Hambourg encore, le billet d'un mark représente Maître gagna 20.000 francs, ce qui, pour l'époque, était 'une statue en pied de Bismark avec cette devise : « Soyez un joli denier.

unis, unis, unis ! » mini

Un billet de Lübeck dit d'un air détaché : « On ne: Chez nos alliés.

peut pas plaire à tout le monde. » Entendez : «Les Alliés Le pari du prince de Galles.

peuvent dire de nous, ce qu'ils veulent ; poursuivons,

notre chemin. » Lorsque le prince de Galles revint de son voyage en Australie et en Nouvelle-Zélande, on ne parlait partout

Un peu partout. que de son mariage prochain.

Les amies de Carthage Un pair d'Angleterre y fit un jour allusion devant lui ; le prince, en riant, répondit qu'il était tout prêt à On sait qu'un comité s'est constitué à Tunis pour parier que sa seur se marierait bien avant lui. Le pair patronner les fouilles de Carthage, dont s'occupe avec d'Angleterre tint le pari, un petit pari bien honnête tant de zèle M. le docteur Carton. d'ailleurs. Et voilà comment le mariage de sa sveur fut A côté de ce comité s'est créé un comité de dames pour le prince une bonne aubaine...

avec le même objet et ce comité de dames n'a rien eu de plus pressé que de publier un Bulletin qui s'appelle :

Bulletin du Comité des dames amies de Carthage. Meurs des temps actuels.

Ce Bulletin a publié la liste des dames du comité. Un nouveau riche invita récemment un pair d'Angle- Et l'on peut y lire d'abord : terre à passer le week-end dans sa maison de campagne. << Placé sous le haut patronage de Mme Lucien Saint,

Le pair d'Angleterre accepta, prit le train ; et, selon résidente générale à Tunis, » l'habitude que les temps nouveaux lui ont imposée, c'est Diable, diable! le féminisme fait bien des progrès en troisième classe qu'il voyagea.

dans notre administration coloniale. A quand la nomiDans son compartiment se trouvaient trois autres nation de Mme Klotz comme « Gouvernante générale voyageurs avec qui il lia conversation et, pour tuer le de l'Algérie », et de Mme Sarraut comme « Ministresse temps, tous les quatre jouèrent aux cartes.

des colonies » ? Arrivés à destination, ils descendirent ensemble et les trois

compagnons du noble lord se hâtèrent vers la salle des bagages. N'avaient-ils pas à s'occuper des colis de Affaires Intérieures quelques invités du nouveau riche dont ils étaient les valets de chambre ? Le pair se rendit tranquillement à la maison où il

Comment faut-il voter le budget était convié. Il y fut accueilli avec empressement. On lui

EN HUIT JOURS OU EN SIX MOIS ? dernanda des nouvelles de sa santé, de son voyagé, et brusquement son hôte s'enquit s'il avait amené son

On discutait un soir la fréquentation scolaire obliga« homme ».

toire. M. Charles Bernard jeta un coup d'oeil sur les Et comme il paraissait surpris, l'autre précisa :

trois'douzaines de collègues qui composaient la salle, Oui, votre valet ?

et déclara « Et la fréquentation obligatoire des déAh! mon valet, dit le lord. Non, je n'en ai pas

putés ? » amené. J'ai voyagé avec trois valets, mais aucun d'eux

On rit gentiment. n'était à mon service.

Personne ne croit, en effet, que des séances du budget

le matin, l'après-midi, le soir, le dimanche et les jours Hellénistes.

de fêtes sont réellement suivies par les députés. L'effort Dans les terrains de l'Université de Londres, on a héroïque du Parlement n'est héroïque, hélas, que pour donné, il y a quelques semaines, trois représentations en ,

les sténographes. Si ceux-là prenaient des libertés avec grec des Baccħantes d’Euripide. Les acteurs étaient des la séance, il n'y aurait plus d'Officiel. étudiants; secondés par des professeurs de plusieurs M. Doumer estime qu'il faut voter, coûte que coûte, Universités.

même si on n'entend rien, même s'il n'y a personne dansImagine-t-on qu'en France il soit possible d'organiser la salle. S'il est une heure moins le quart des représentations comme celles-là. ? Où trouver un pa

du soir, et qu'un collègue propose d'aller neuf heures blic et surtout des acteurs: ?

se coucher, selon l'heure qu'il est : << Non ! s'écrie

M. Doumer ». Sa main, d'un geste impérieux, exprime maan

sa conviction, impose une ardente volonté. CertainsChez nos ennemis. vice-présidents lèvent la séance quand même. M. André

Lefèvre, par exemple, qui n'aime pas beaucoup qu'on La monnaie de propagande allemande.

lui souffle ce qu'il doit faire. Mais ceux-là, M. Doumer Le gouvernement et les villes d'Allemagne se sont les considère comme de mauvais Français. C'est bien ingénieusement servi de leurs monnaies nouvelles. sévère. Qu'elles soient en aluminium ou en papier, elles, répan= Faut-il donc, coûte: que coûte; merrer le budget à la dent la bonne parole dans le peuple.

vapeur, et, plutôt que de le voir dépasser le 1er janvier, La pièce de 50 pfennigs, qui fut lancée il y a un an: faut-il risquer de l'escamoter? portait à son verso cette inscription : Sich regen, Bringt La vérité est entre les deux thèses extrêmes. Le budget Segen : Qui travaille s'enrichit.

ne doit pas être 'escamoté, mais il ne doit pas servir de Mais voici ce qu'on peut lire sur un billet de Weimar : prétexte à d'interminables discours qui n'ont rien de Vous aurez jugé, vous aussi vous serez jugés. » Cela c'est budgétaire

. pour les Alliés...

Lorsque M. Doumer insiste pour qu'une discussion Un billet de la ville de Hambourg prêche : « Une se poursuive devant une Chambre excédée qui ne comflotte marchande nous est nécessaire » ; au-dessous d'un prend plus ce dont il s'agit; il abuse; et, pour la concep grand vaisseau se détache un ruban noir-blanc-rouge tion qu'il affirme, un appareil enregistreur ferait mieux avec cette inscription : « Que le pavillon commercial al- encore que des députés muets.

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Mais lorsque, sur le budget des colonies, les onze dé- programme du baccalauréat. Qui donc se retrouvait dans putés des colonies viennent nous dire chacun leur con- ces textes, ou pouvait même avoir l'idée de les aller ception du régime colonial, nous conter leurs petites chercher là ? On a compris enfin que la loi de finance

, affaires, vider leurs petites querelles d'homme à homme

c'était – exclusivement - le budget des recettes, celui et nous exposer la géographie économique de leur ré

des voies et des moyens. gime, ils abusent. Lorsque, à propos du budget d'Alsace. Le budget des dépenses, qui est une critique des chaLorraine, les députés d'Alsace-Lorraine nous donnent pitres, sert encore de prétexte à des observations quelleur sentiment sur la psychologie de nos provinces recou- conques : qui nous dit qu'il en sera ainsi demain? Alors vrées, ils abusent aussi, et lorsque les quarante-huit dé- M. Doumer n'aura plus besoin, pour faire taire les baputés des régions libérées : défilent interminablement à vards, et esquiver les discours parasitaires, de bousculer la tribune, apportant des doléances, des suggestions et ses collègues et de leur arracher hâtivement un vote sans des souvenirs personnels, ils abusent encore.

signification De même, les chapitres de l'instruction publique ne Il faut donc attendre beaucoup de la sagesse des sauraient servir de prétexte à des discours sur la culture hommes. Si M. Paul Reynaud, qui veut les réformer et les humanités, ceux des travaux publics à des com- de force par un règlement draconien, connaissait mieux mentaires sur les signaux ou l'accrochage automatique, ses semblables, il saurait qu'ils se disciplincnt eus: et ceux des affaires étrangères à l'esquisse d'une carte mêmes, mais qu'on ne les discipline pas. M. Paul Reydu monde. M. Uhry n'a pas raison lorsqu'il professe naud voudrait que les orateurs fusent désignés par les que toute question étant budgétaire, tout débat politique groupes. Ciel! Que de vilaines intrigues, cela nous vau

. peut être vidé à propos du budget.

drait dans les groupes ! Et puis, à ce compte, que de Ce sont les réclames électorales avouées ou déguisées, viendraient les députés qui ne font

partie d'aucun les interpellations développées sous le couvert de discus- groupe? M. Paul Reynaud voudrait aussi qu'un temps sions générales, qui faussent le caractère du débat, im- uniforme fût dévolu à chaque orateur. C'est de la plus patientent les comptables diligents, font prendre en mauvais démagogie, et M. Paul Reynaud la fait peutgrippe tout orateur, et excusent l'impatience fébrile de être sans le savoir. Je ne consens point, pour ma part, ceux qui voudraient supprimer tout débat. Ce sont ces que le temps soit mesuré à M. Maurice Barrès, à abus-là qui excusent ceux qui crient au président, à la M. Forgeot ou à M. Viviani comme à tel ou tel autre faveur d'un tumulte opportun: « Sautez des chapi- qui pourrait avoir moins d'élégante et claire concision tres! » ou tel auditeur découragé, exprimant le sen- N'est-ce point aussi une funeste démagogie que d'acclatiment général lorsqu'il déclare : « A partir de six mer comme techniciens et d'écouter pendant des heures heures du soir, je n'écoute plus rien ».

des facteurs des postes ou des poseurs de rail? Si je M. Doumer a tort quand il croit avoir fait travail veux réformer les lycées, en quoi l'opinion du concierge utile en bouclant, dans le brouhaha d'une fin de séance sur les programmes du baccalauréat a-t-elle quelque vaet dans l'inattention générale, quelques chapitres de leur ou quelque poids, sous prétexte qu'il est de la plus. Il a raison quand il proteste contre les redites, les maison ? digressions, les réclames, et les bavardages odieux. Il a

Guérissons-nous de cette démagogie-là, et, pour

cela tort lorsqu'il veut qu'on discute un budget dont le rap- faisons confiance à la bonne volonté des hommes. S'ils port n'est pas distribué; il a raison lorsqu'il s'oppose à s'améliorent, c'est tant mieux, et s'ils ne s'améliorent ce qu'un rapporteur dont tout le monde a lu le rapport pas, l'espérance qu'ils s'amélioreront sert toujours à le commente et le répète à la tribune.

prendre patience. M. Doumer, à qui la vie a dû enseigner Le budget est une tâche importante des députés : il la philosophie, le sait. n'est pas la seule. Il ne doit pas prendre tout le temps

TRYGÉE des sessions, mais il doit en prendre la moitié. Il est nécessaire que tous les crédits de tous les chapitres soient votés tous les ans, puisque c'est par le vote de ces cré- Affaires Extérieures dits que s'exprime la souveraineté du peuple, mais il n'est pas nécessaire que toutes les questions soient ap

Le juste arrêt de l'amitié américaine profondies tous les ans. Surtout, il n'est pas nécessaire que chaque opinion se répète plusieurs fois, et que les

La journée du 10 décembre 1921 est une des bonnes et mêmes observations soient ressassées sans trêve à la victorieuses étapes que nous ayons franchies, depuis tribune.

deux ans, dans cette longue et épuisante marche vers la Quatre mois par an sur huit de session, pourraient être paix française, une paix juste et durable, logique et consacrés au budget. Et certains budgets seraient ap- prévoyante. Il faut les évoquer, ces rares et bienfaisantes profondis telle année, tels autres les années suivantes, journées, afin de n'être point ingrat et de rester confiant les budgets non approfondis n'étant, à certaines an- Août 1920 : M. Millerand n'accepte pas d'abandonner et nées, que l'objet d'un examen sommaire. Et chaque Weygand parvient à sauver Varsovie : la marée bolchequestion de principe pourrait être traitée par des ora- viste reflue vers l'Orient. 5 septembre 1920 : La signateurs désignés à l'avance, la clôture des débats étant ture de la convention franco-belge prépare le Bloc de prononcée dorénavant avec moins d'arbitraire, mais l'Occident pour la paix. 12 octobre 1921 : la Société avec plus de fermeté.

des Nations justifie la France d'avoir refusé de déserter

la cause polonaise et de réserver à la Prusse toute l'indus. Ces réformes, d'ailleurs, doivent être l'ouvre des trie silésienne. 6 novembre 1921 : L'accord polono-tchèmeurs bien plus que d'un règlement. Les députés ne se que, complétant le traité polono-roumain, élargit et conrendent pas tous parfaitement compte de ce qu'est solide la Petite Entente, assez forte désormais pour bar- . un budget

. Rien ne dit qu'avec du temps et de la mé- rer la route à une descente de l'Allemagne vers le sud thode, ils ne le comprendront pas, surtout si un bon et à une poussée de la Russie vers l'ouest. Le 10 décembre aménagement des services leur donne le temps suffisant est une date de pareille importance. pour les autres débats politiques et législatifs. Pourquoi Mais, dira-t-on, par le pacte nouveau, les quatre Etats désespérer? Les spectateurs des choses parlementaires « conviennent », uniquement, de « respecter leurs droits ant remarqué déjà des précédents encourageants. Na- touchant leurs possessions insulaires, ainsi que leurs guère, on fourrait pêle-mêle dans la loi de finance n'im- dominions insulaires dans la zone de l'océan Pacifique ». porte quoi : la réforme de l'impôt, le taux de l'intérêt Ce pacte laisse en dehors de ses garanties, non seulement de la rente, l'uniforme des gardiens de la paix et le

qui restent soumises aux aléas de

les autres colonies

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dont cer

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l'avenir mais encore le monde chinois,

pour régler la question d'Extrême-Orient, à trois, en taines revendications seront tranchées par des déclara- Angleterre. Un effort fut essayé, avant l'échange des tions de principes. Toutes les « possessions insulaires » signatures, pour écarter la France de l'entente du Pacine sont même pas visées. Le sénateur Lodge, après avoir fique. J'ignore s'il est exact que, le 2 décembre, au cours réservé les questions qui relèvent de la « juridiction d'un entretien avec M. Hughes et l'amiral Kato, domestique », a annoncé que le sort de l'île de Yap serait ,

M. A. J. Balfour se soit écrié : « Nous avons assez d'occaréglé par une convention américo-japonaise. Le traité sions de frictions avec la France en Occident. Evitons ne prévoit aucune sanction, militaire ou navale, en cas de créer de nouvelles difficultés en Orient. » Il est en d'inexécution. Il n'implique même pas, de la part des tout cas certain que, docile à une évidente pression, le signataires, l'engagement de ne point recourir à la déci- Japon a longtemps résisté contre l'incorporation de la sion des armes. Il prévoit simplement, en même temps France et que, dociles à une évidente consigne; les corqu'une garantie territoriale étroitement limitée, la réunion respondants anglais ont longuement commenté la légid'une conférence au cas où « surgirait entre les hautes timité de cette résistance. Le Morning Post, un organe puissances contractantes un différend issu d'une ques- indépendant, a indiqué, le 7, avec quelque atténuation,

| tion quelconque concernant le Pacifique et mettant en la thèse de lord Ridell. Le Daily Chronicle, une feuille cause leurs droits ci-dessus visés », ou bien si ces officieuse, a été, le 8, plus nette : i « droits » « venaient à être menacés par l'action agres

En ce qui concerne la France, le Japon manifeste une cersive d'un Etat ».

taine résistance. On fait remarquer que l'adhésion d'une puisJ'entends bien : ce pacte est prudent, modeste et sance qui n'est pas directement intéresséle aux questions simple. Il n'en reste pas moins important. Le seul fait d'Extrênıe-Orient, diminue la valeur effective du traité. de substituer à l'alliance anglo-japonaise une entente à

« Il y a trop d'eau dans le whisky », telle est la métaphore E quatre, de placer les possessions insulaires à l'abri d'une qu'emploient souvent les Japonais pour s'en tenir à leur garantie réciproque, d'établir sur un terrain neutre un

thèse. Les Japonais signalent un autre danger. LA FRANCE,

DIT-ON, A TROUBLÉ L'ATMOSPHÈRE DE WASHINGTON. ON PEUT DONC contact direct entre Yanks et Japs, d'introduire dans ce

SUPPÇSER QU'ELLE JOUERA LE MÊME ROLE DANS L'ENTENTE D'EXdébat un tiers directement intéressé au maintien de la

TRÊME-ORIENT, et qu'elle adoptera une attitude qui sera plutôt paix, rend de longtemps improbable toute chance de

dictée par des intérêts en Europe, qui sont importants pour guerre américo-nipponne. Or elle apparaissait immi- elle, que pour ses intérêts sur le Pacifique, qui ne le sont nente. Cette éventualité est d'autant plus écartée, que guère. le Japon, s'il sacrifie quelques bateaux, conserve du Comme ces lignes sont intéressantes ! Elles confirment, moins deux avantages également précieux l'un pour son de source officielle, l'interprétation que j'ai donnée ici amour-propre, l'autre pour son impérialisme alimentaire :

même, en commentant et le discours de lord Curzon et l'amitié des blancs et les débouchés de la Chine. D'ail

la prodigieuse campagne de potins, de dépêches et d'artileurs, si le mécanisme prévu par le traité est très simple, cles, menée contre la France, au lendemain du discours son champ d'action l'est moins. Il s'étend à tout « diffé- de M. Briand

à

de M. Briand — campagne au nom de laquelle l'Obserrend issu d'une question quelconque concernant le Paci- ver en arrivait à menacer la République d'une coalition fique et mettant en cause les droits... touchant les pos- | européenne et d'une nouvelle guerre (27 novembre). Il sessions insulaires », — c'est-à-dire, en fait, à tout con»

à

fallait la charger de tous les péchés d'Israël, pour qu'il fit en Extrême-Orient susceptible de déchaîner une fût vraiment impossible de l'admettre à participer à un guerre. Le traité assure pour un temps,

là-bas, gentlemen's agreement. maintien de l'équilibre et la durée de la paix.

Le piège était quelque peu grossier. La presse amériOr si cet équilibre avait été rompu, si la paix avait été caine eut vite fait de le percer à jour. Et dès le 26 novemtroublée, tôt ou tard les répercussions se seraient fait bre, le New York Herald relevait avec indignation le Sentir jusqu'au centre de l'Europe. Les continents, je le passage d'un journal anglais qui reprochait aux Franrépète, sont aujourd'hui solidaires. L'Europe est redeve-çais d'être « trop guidés par la logique et point assez nue ce qu'elle était au temps primitif, une péninsule de par l'instinct », « de ne point reconnaître que leur vraie l'Asie. Mais la France, qui fera les frais de tout boule- : sécurité résidait dans l'acceptation complète des idées versement; trouve dans ce traité d'autres sécurités. Il de la race anglo-saxonne. » est possible que les Etats-Unis restent hostiles à toute

... La France est ainsi classée, comme une grande enfant, au coopération directe en Europe. Qu'ils le veuillent ou

pas mal assuré, qui n'est point encore capable, après mille non, ils ne sont pas moins rentrés dans le cercle des

de lumineuse histoire, de marcher seule. Depuis longEtats européens. Ils viennent de conclure avec plusieurs temps passé on nous a beaucoup parlé de l'orgueil insulaire : d'entre eux toute une série de conventions. Quelles mais ceci est peut-être le plus bel exemple qui en existe. Et

qu'elles soient, qu'il s'agisse du traité à quatre, de la c'est ausi un cas phénoménal de colossale impudence. liquidation chinoise ou du désarmement naval, ces

Quant à Wells, il se faisait rabrouer, de la même - accords présupposent des contacts fréquents et des con

manière, par le New York Evening Post. versations régulières. Et ce qui prouve bien que cet absen- Le coup dépassait le but. Et il est probable que ces ce de l'Amérique était préjudiciable aux intérêts fran

violences de la presse anglaise, autant que la modéraçais, c'est que, dès que Washington est de nouveau tion dont fit preuve la délégation française en proposant, redevenue une capitale européenne, le premier geste de le 17 novembre, d'évacuer Kouang-Tcheou et en adopson gouvernement a été non seulement d'adresser à la

tant, depuis, la solution américaine des problèmes France une flatteuse invitation, mais de lui rendre un

chinois, ont renforcé la décision du gouvernement amédouble hommage. En lui ouvrant l'accès à l'entente du

ricain et facilité la conclusion de la Quadruple Entente. Pacifique, les Etats-Unis ont voulu reconnaître, à la fois,

x la valeur de son cuvre extrême-orientale et la sincérité de ses sentiments pacifiques.

Il appartient au Parlement de témoigner la gratitude Ils y ont eu quelque mérite. Il fallut vaincre des résis.

du pays par une manifestation qui soit à la fois digne tances, déjouer des pièges et déchirer des légendes. Des et significative. Autant il serait fâcheux, par un geste milieux anglais voyaient, avec inquiétude, la France excessif, de donner l'impression d'une faiblesse frans'immiscer dans les problèmes du Pacifique. Un ménage çaise, autant il serait imprudent, par un silence discourà trois eût été plus fructueux. Il aurait été facile de se tois, de diminuer l'importance de l'arrêt américain. servir, au sein de ces débats tripartites, du Japon contre Pourquoi les groupes du Sénat et de la Chambre ne l'Amérique,

comme on se sert de l'Italie contre la France. prendraient-ils pas l'initiative de proposer, le même jour, Un effort fut tenté, avant la réunion de Washington, d'adopter la même déclaration?

ans

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