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Enquête sur la situation financière(1) effet, d'émettre du papier sans garantie, ni même sans

CONCLUSION

Nous ne pousserons pas cette enquête plus avant. Certes, le nombre des personnes autorisées qu'il faudrait consulter, demeure encore très grand. Mais nous avons, dès maintenant, la conviction que de nouvelles réponses recouperaient celles déjà faites, les redoubleraient, en quelque sorte, au moyen des mêmes arguments. Cette conviction, nous la tirons simplement du fait suivant: il est presque impossible d'opposer quoi que ce soit de raisonnable aux critiques et aux propositions déjà énoncées, sous condition d'admettre les postulats de leurs auteurs.

Il n'y a rien à dire aux arguments de M. Yves Guyot en faveur du rétablissement des anciennes règles financières, si on considère l'économie politique comme une science tirant ses preuves du passé. Mais si on rejette la philosophie de l'histoire en économie politique, comme étant inadéquate aux faits actuels, ce sont les propo: sitions tout à fait opposées de M. Jules Corréard qui paraissent, à leur tour, raisonnables.

Au jour des théories classiques, le système monétaire de M. Aubriot est, incontestablement, hasardeux; mais si on rapproche le système Aubriot de la politique inflationniste suivie en 1919 et 1920, M. Aubriot ne semble pas être un ministre éventuellement plus dangereux que M. Klotz. Dans aucun des systèmes inflationnistes mis en avant, ces derniers temps, il n'est question, en

(1) Voir l'Opinion des 5, 19, 26 novembre, 3 et 10 décembre.

destination précise. On ne saurait en dire autant des émissions passées.

La philosophie sereine du maître Charles Gide domine le débat, quand elle affirme: «< inflation, déflation, ce ne sont là que des mots », quand elle nous avertit que l'histoire monétaire n'est qu'une perpétuelle dévaluation de la monnaie, et surtout quand elle ajoute : «l'inflation monétaire, résultat séculaire des événements, ne saurait être transformée en cause déterminante des événements >>.

Ces paroles sont la sagesse même. Et cependant l'esprit cherche autre chose.

Ceux qui ne font pas profession d'étudier l'économique dans l'abstrait disent qu'il est impossible de laisser aux événements le soin de conduire la politique financière.

C'est le cas de M. Léon Chavenon, publiciste spécialisé dans la notation, au jour le jour, de l'évolution des faits. Il déclare le passé forclos, avec tous ses systèmes; il réclame, d'où qu'il vienne, un système dynamique adéquat aux difficultés actuelles et, dans ce sens, il approuve toute tentative de bonne volonté. De son côté, M. l'Ingénieur, touché mieux que personne par la carence du crédit en matière de production, signale avec sang-froid le péril du dualisme persistant entre la banque et l'industrie. A quoi, M. Jules Décamps a répondu, par avance, que les banques ne pouvaient faire plus qu'elles n'ont fait, notamment la Banque de France, ce qui est soutenable dans le système bancaire actuel. La contradiction des théoriciens se retrouve donc chez les praticiens.

Le problème financier est-il insoluble?

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TRANSCENDANCE DU PROBLÈME Quand un problème politique est insoluble dans la forme où l'ont posé les événements, c'est qu'il est plein d'un autre problème, tout neuf, prêt à éclore, mais dont les termes féconds sont encore à deviner. En politique, les problèmes ne se résolvent pas, ils se rompent, en s'engendrant mutuellement à l'infini.

Renan nous a montré, dans Saint-Paul, comment, au premier siècle de notre ère, s'est rompu ce conflit de politique intérieure juive : « Faut-il circonscrire ou non les gentils >>? Circoncision, disait Jacques, frère du Seigneur. Non circoncision, disaient ses adversaires. Christianisme, tranche Saint-Paul.

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Inflation, disent aujourd'hui les uns. Pas d'in

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flation, disent les autres. Où est le Saint-Paul en matière économique (j'entends le grand ministre des finances) qui osera trancher le débat en proclamant: ni inflation, ni déflation, mais, par exemple, organisation du crédit public.

Puisque les vices de l'inflation sont patents, puisque ceux de la déflation ne le sont pas moins, il faut évidemment trouver la troisième issue. Soyez assurés qu'elle existe. Je ne dis pas qu'elle soit apparente, au moins très clairement, mais elle doit exister.

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D'abord cette confiance mutuelle n'existe pas toujours. Celui qui cache un billet de banque fait sans doute la politique de Gribouille: il met en sûreté le signe du crédit public tandis que, par ce manque de foi, it ébranle le crédit public lui-même. N'empêche que c'est à 11 milliards 1/2, nous dit M. Décamps, qu'il faut évaluer la thésaurisation paysanne ainsi établie durant la guerre, jusqu'à 1920. Et, à la rentrée inopinée dans la circulation d'une telle masse, quelle répercussion sur les prix de toutes choses !

Vous voyez bien que la foi en un bout de papier ne suffit pas et même que cette foi est nuisible si on la pousse au fétichisme.

D'autre part, le billet, chèque au porteur sans com

pensation possible, n'a aucun intérêt à venir se déposer à la banque. Le paiement au comptant, en affaires, est si commode pour éviter le fisc, et même pour tromper son prochain. Donc, pas d'escompte. Donc, pas de régularité dans le trafic. C'est l'âge d'or de l'intermédiaire, du chevalier d'industrie, du joueur.

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AUTRE CONSÉQUENCE

En 1914, l'écart maximum entre la livre sterling et son pair en France (25 francs) ne pouvait dépasser quelque 50 centimes parce que, au delà de cette limite, For, prenant la place du papier-monnaie français, allait à Londres tenir tête à la livre anglaise. Ces 50 centimes représentaient précisément le prix du voyage, entre Paris et Londres, de 25 francs d'or. Aujourd'hui l'écart est et il oscille sans cesse passé de o fr. 50 à 30 francs On savait à quoi se rapportaient les 50 centimes, on ne sait plus à quoi se rapportent les 30 francs.

-M. Décamps a montré à quoi ils se rapportaient. Il nationales actuelles correspond à la différence des por a montré que le change existant entre deux monnaies voirs d'achat respectifs de ces monnaies prises chacune sur son propre marché national.

C'est parfait. D'où il faut conclure que la demande du marché anglais concurrence librement la demande du marché français. Et ce change de 30 francs mesure alors la supériorité de l'appétit anglais sur Pap pétit français. Tel est, en l'absence de l'or, le nouvel ar

bitre de la concurrence des nations.

Mais la nation à monnaie avariée peut se dé fendre...

Elle se défend en exagérant le mal: en accroissant d'une manière continue la masse de son papier-monnaie L'Allemand a fait ainsi. Par là, il a maintenu, tant bien que mal, son trafic intérieur. Il a même stimulé c trafic, car les dangers inhérents à l'inflation se sont trouvés sensiblement compensés, à l'intérieur de l'Allemagne, par les habitudes disciplinées et laborieuses de cette nation.

Mais, simultanément, au moyen de la chute continue du mark, l'Etat industriel allemand (entendez Stinnes, Rathenau et consorts) a réalisé, suivant l'expression de M. Jacques Bardoux, « la plus splendide opération qu'ait jamais conçue un financier audacieux: faire payer aux spéculateurs de l'univers (voire de France) une bonne partie de la dette allemande » (1). Cela, par des conversions successives d'un mark avarié en livres sterling ou en francs moins avariés, conversions à jet continu, jusqu'au gavage complet de la spéculation étrangère. Une somme évaluée à un milliard de livres sterlings (56 milliards de francs) est ainsi placée hors d'Allemagne, à l'heure actuelle. Telle est la faculté de brigandage offerte aux nations par le papier-monnaie fiduciaire de NATIONALITÉ DE L'ARGENT

1921.

De telles conséquences, intérieures et extérieures, de la fiduciarité nouvelle de l'argent montrent jusqu'à l'évidence que le statut de la monnaie de 1914 n'est plus valable aujourd'hui. Le cours forcé du papier-monnaie doit faire place à un cours organisé.

Quel doit être le nouveau statut ?

On peut en imaginer de plusieurs espèces. A cha que nation de déterminer le sien. Nous n'avons pas dire ici lequel paraît le plus adéquat à nos besoins, à nos facultés. Mais on peut énoncer désormais un principe à peu près certain: le papier-monnaie va perdre son caractère d'internationalité.

Cette évolution est déjà nettement amorcée. Alors qu'avant 1914 toutes les monnaies de l'univers s'échangeaient indifféremment l'une en l'autre, aujour

(1) L'Opinion du 10 décembre 1921: La bataille financière.

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d'hui que voyons-nous ? Le dollar fait prime sur tout papier-monnaie dans l'univers, la livre sterling fait prime sur le papier-monnaie de l'Europe. Sur le continent, le franc prime les monnaies de l'Europe Centrale. En Europe Centrale, le mark allemand lui-même prime quelques monnaies voisines: mark polonais, couronne autrichienne. La couronne autrichienne enfin prime le rouble bolchevik. Le rouble bolchevik, lui, est la négation même de la monnaie «< changeable » internationalement. Cependant il continue de remplir, à l'intérieur, tant bien que mal sa fonction nationale. Nationalement, il sert encore à quelque chose.

Enfin, au point de vue international, la prime de l'argent est, pour le pays qui en bénéficie, une entrave économique.

Cette dégradation régulière des monnaies dans le monde pose, à mon sens, le dilemme suivant : ou bien, il faut que les nations à monnaie avariée délèguent à la monnaie américaine l'étalonnage de leurs échanges futurs, ou bien il va falloir que ces nations prennent des mesures pour stabiliser leur monnaie à l'intérieur même de leurs frontières.

Je crois que la première hypothèse n'est pas viable.

Dès avant 1914, une hégémonie de la monnaie existait réellement dans le monde. A cette époque, Londres concentrait, en fait, le marché monétaire universel.

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Et c'était comme un paradoxe. L'Angleterre était la nation qui, pour ses affaires, disposait, par rapport aux autres du minimum de papier-monnaie. La Banque d'Angleterre semblait dédaigner l'encaisse métallique. Mais le paiement par virements -- suprême perfectionnement de la monnaie jouant pleinement à l'intérieur, il se trouvait que le chèque anglais faisait prime sur Por dans le monde entier. En conséquence, que le gouverneur de la Banque d'Angleterre un merchant de la Cité, notez-le bien, non un banquier prît son stylographe pour décréter la hausse du taux de l'escompte à Londres, aussitôt le monde entier se tournait vers Londres offrant son or, afin que ledit gouverneur rapportât son décret et remît son stylographe à la poche. Tous les jeudis, la Banque d'Angleterre bridait ainsi ou relâchait à son grẻ, au mieux de ses intérêts, le crédit universel. Si vous ne comprenez pas maintenant pourquoi l'Angleterre était libre-échangiste, si vous ne comprenez pas davantage pourquoi elle a tant de sollicitude aujourd'hui pour le mark allemand, voire pour le franc français et en général pour toutes les monnaies dont l'affaissement même signifie libération, je renonce désormais à toute considération politique.

La question est de savoir si l'Angleterre pourra ressaisir cette hégémonie, obliger un chèque de Bornéo sur Panama à revenir « se compenser » au Clearing House londonien, ou bien si, l'hégémonie monétaire anglaise étant définitivement rejetée, le monde financier va prendre un autre maître.

Le nouveau maître, tout indiqué, serait évidemment l'Amérique. Mais l'Onde Sam n'a, pour exercer le contrôle en question, ni l'éducation séculaire de l'Angleterre, ni son organisation bancaire. D'ailleurs le Nouveau Monde, plus industriel que marchand, préfère prise à l'agio. Et New-York n'est pas, sur les routes de la terre, dans la situation de Londres.

le marché monétaire? La monnaie nationale pour le trafic intérieur, doit être une chose, l'internationale, une autre. Et puisque la véritable monnaie internationale était, en 1914, la « traite sur Londres », y aurait-il inconvénient à ce que chaque pays échangeât directement avec les autres (fournisseurs ou clients), ses « effets » à recevoir contre ses « effets » à payer, les uns et les autres en marchandises?

Ah! sans doute, « l'admirable » mécanisme de compensation internationale qu'on nous décrivait à l'école avant 1914, est sacrifié dans tout cela. Faudra-t-il le regretter? Ce mécanisme était admirable aux yeux des économistes parce qu'il était automatique. On sait où l'automatisme des relations internationales nous a conduits. Je crois bien que cet automatisme, à jamais rompu, va faire place à des relations consciemment organisées. Ce sera mieux ainsi. L'âpreté du trafic en sera accrue mais, au moins, ce trafic sera clair.

De plus, on verra par là quelles sont, économiquement, les nations indépendantes ou majeures, et quelles sont les nations en tutelle. A nous de veiller.

En résumé, la guerre, à force de remuer des milliards, a fini par nous mettre en présence d'un argent nouveau, d'une nouvelle espèce d'argent. Nous ne savons pas encore manier cet argent, ni à l'intérieur ni à l'extérieur. L'expérience nous enseignera, plus ou moins durement, suivant notre intelligence et notre bonne volonté. JEAN LABADIÉ.

P

CE QU'ON DIT

ENDANT que la Chambre poursuit avec diligence la discussion du budget, le Sénat a abordé celle des relations diplomatiques avec le Vatican. L'Opinion a montré à différentes reprises toutes les raisons qui rendaient indispensable le réta blissement de notre ambassade.

On pouvait espérer que la cause était définitivement. gagnée. Mais il fallait compter sans les radicaux, nourris de curé. Ce parti ne consent à la neutralité que visà-vis des ennemis de la patrie comme Badina et Marty; ces libres penseurs, s'ils sont pleins de sévérité pour le catholicisme, se montrent pleins d'indulgence pour la religion du communisme international. Chacun ses goûts...

M. Héry, en développant son interpellation, a repris tous les lieux communs que nous avons lus dans les feuilles radicales, ou entendus à la tribune. La République lui semble en danger, il redoute l'abrogation des lois de laïcité... Pourtant il n'a jamais été question de modifier les lois actuelles, ni pour l'Etat de renoncer à sa neutralité religieuse, mais quand il s'agit de l'église les radicaux traduisent neutralité par inimitié.

M. Jenouvrier a fort heureusement rappelé les méfaits de la politique sectaire d'avant-guerre. La seule religion qui n'était pas tolérée en haut lieu était la rel'entre-ligion catholique, et les persécutions dont se voyaient l'objet ceux qui la pratiquaient ou la laissaient pratiquer autour d'eux avaient amené un état de choses tel que le colonel Pétain allait prendre sa retraite comme général de brigade, ainsi que venait de le faire le général Fayolle, et que l'avancement du général Foch avait bien failli être compromis. N'a-t-on pas, pendant la guerre, reproché au maréchal Joffre peu suspect cependant de cléricalisme - d'avoir confié de hautes fonctions à des généraux catholiques ?

Enfin, si une hégémonie monétaire a pris fin, ce n'est pas forcément pour qu'une autre lui succède. Et c'est ici que l'on peut entrevoir l'avenir.

Les moyens de paiements nationaux doivent être soustraits, un jour ou l'autre, à la spéculation internationale. L'échange international se réduit toujours, en effet, à un troc de produits cu de services réels tels que transports maritimes, réception de touristes, etc. Est-il bien nécessaire que, sous prétexte de liberté, la thésaurisation et la spéculation viennent à tout instant bouleverser le rythme de ces échanges par des intrusions arbitraires sur

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M. Héry estime que la France s'humilie lorsque son ambassadeur s'agenouille devant le Souverain Pontife. M. Jenouvrier lui a fait observer avec un certain bon sens qu'il n'y a là qu'une queion d'étiquette et que

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la politesse la plus élémentaire exige que l'on en observe les règles. Pourquoi nos représentants s'y refuseraientils au Vatican alors qu'ils s'y plient dans toutes les cours? Le fait d'avoir un ambassadeur n'implique pas la soumission au régime auprès duquel nous sommes représentés, sinon la République devrait rappeler ses envoyés de tous les pays où règne un souverain. Cela pourrait la mener loin.

On a été heureux au cours de ce débat d'entendre M. Lazare Weiler apporter la voix de l'Alsace. La veille M. Sheer avait indiqué à la Chambre le malaise dont souffre son pays. Pour permettre plus facilement à nos frères retrouvés de s'assimiler le régime français, il faut leur donner la certitude qu'ils ne seront persécutés en aucune façon.

M. Briand n'a pas attendu la fin du débat pour intervenir. Il l'a fait brièvement, donnant toutes les raisans d'intérêt supérieur qui nous appellent à Rome et qui nous commandent d'y rester. Il a gagné la parti. SERGE ANDRÉ.

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Un établissement célèbre, véritable temple de la cuisine, après avoir longtemps tenu ses assises au Palais Royal, est venu s'installer avenue de l'Opéra.

Il porte une enseigne peinte par Boilly, qui représente un gourmand à table.

Cette année, cette grande maison de comestibles, à l'approche des fêtes de Noël et du Nouvel An, a reconstitué dans sa vitrine le tableau qui lui sert d'enseigne.

Un buffet dont les étagères s'ornent de pâtes, de bouteilles poussiéreuses, de pots mystérieux, forme l'arrièreplan.

Devant une table où repose une volaille rôtie, est assis le gourmand, tenant à la main sa fourchette et son couteau, prêt à dépecer le poulet. On a poussé le souci de la reconstitution jusqu'à mettre au pied de la table certain ananas qui figure sur le tableau.

La foule s'arrête, regarde ce gourmand vêtu d'une redingote bleu-ciel, les poignets couverts de dentelles, le col orné d'un jabot de fine batiste.

C'est Brillat-Savarin, dit-on quelquefois. Et nul ne songe à reconnaître dans ce personnage du siècle dernier Grimod de la Reynière, l'auteur de l'Almanach des Gourmands.

En l'honneur de Brillat-Savarin.

Comment fêter le délicieux auteur de la Physiologie du Goût mieux que par des festins?

C'est bien l'avis de ses admirateurs. Aussi se sont-ils réunis deux fois déjà autour d'une table bien servie, où voisinaient les mets les plus exquis, les vins les plus parfaits, et dont le menu fit pester de jalousie tous les gourmands qui n'y furent pas conviés. N'y avait-il pas un porto 1815, une fine champagne 1800 ? Touchante énumération, émouvante rencontre !...

Donc le repas fut abondant, les vins généreux, à ce point qu'ils firent perdre son prestige au sénateur d'un département voisin de Paris, célèbre par son miel et par ses volailles.

Cet honorable parlementaire voulut, par habitude, prononcer un discours. Il se leva, ouvrit la bouche... Mais on le vit précipitamment porter sa serviette à ses lèvres et quitter en hâte la salle du festin.

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A son voisin de table, qui, Dieu sait comment, s'était échoué sur la banquette, à ses côtés, il confiait :

Voyez-vous, on a essayé, dans ma circoncription, de me saoûler, eh bien, on n'a jamais pu y parvenir. Comme il achevait cette confidence, il aperçut la porte Dauphine.

Pourquoi, dit-il à son compagnon, avez-vous donné l'ordre au chauffeur de venir ici ?

Moi, moi, mais je n'ai donné aucun ordre.

Ah! très bien.

Et, se penchant par la portière, le ministre cria : Rue de Varenne, maintenant.

Et il reprit sa confidence.

Non, voyez-vous, jamais on n'a pu y parvenir....

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M. Loucheur est revenu enchanté de son voyage Londres. M. Loucheur est toujours enchanté lorsque de vastes combinaisons s'offrent à son esprit. Et M. Lloyd George lui en fait entrevoir d'immenses.

Elles sont encore mystérieuses. Mais ne murmuret-on pas que le gouvernement britannique serait prêt, d'une part, à s'employer à l'annulation des dettes interalliées et, de l'autre, à tenir l'Allemagne quitte des sommes qui, sur les futurs versements de celle-ci, devraient revenir à l'Angleterre. Ainsi tout le monde serait satisfait: la France, l'Angleterre, l'Allemagne ct les financiers de la Cité, auxquels un allégement des charges du Reich apparaît comme une nécessité.

A Chequers, MM. Loucheur et Lloyd George avaient le sourire.

Pourvu que ça dure!...

Les augures de M. Briand.

César avait ses augures: il y croyait. Avant que d'entreprendre une expédition, il les voulait consulter. Rien n'est changé sous le clair soleil: nos maîtres de la chose publique aiment à interroger les dieux sur leur fortune. Le doute leur déplaît. Et ils ne dédaignent pas de fréquenter les diseuses de bonne aventure. M. Aristide Briand est de ceux-là.

Un beau jour, un de nos confrères, qui est un de ses familiers, lui indiqua le plus merveilleux chiromancien du monde.

On était à la veille d'un remaniement ministériel. M. Briand n'était encore que candidat à la présidence du Conseil; et l'incertitude le chagrinait fort.

Son ami le décida et il fut convenu qu'il visiterait sans tarder ce maître de l'avenir, auteur du curieux livre Ce que révèle la main.

M. Henri Rem attendit donc la visite de M. Briand pour le lendemain. Or, le soir même, une véhémente interpellation faisait culbuter le ministère et M. Briand devenait chef du gouvernement.

Ce sera pour une autre fois, dit-il à son ami. Maintenant, je sais de quoi demain est fait.

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