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était un peu partout: A Washington, d'abord, avec le président du Conseil et le secrétaire général (c'est là bas que fut rédigée la réponse à la note aigre-douce de Lord Curzon); place Vendôme ensuite avec M. Bonnevay, qui avait pris fort au sérieux ses fonctions de ministre intérimaire; un peu à l'Elysée aussi, car l'on sait l'intérêt que porte M. Millerand aux questions exté rieures; au ministère même enfin, où les chefs de service avaient formé, sous la présidence de l'aimable M. de Peretti, un petit soviet dirigeant.

Et si, après tout cela, nos méthodes diplomatiques manquent d'unité !

Le retour du «patron», chuchote-t-on au Départe va être suivi d'un mouvement dans les grands postes diplomatiques.

ment,

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Est-ce que M. Berthelot ?...

Parfaitement. Il demandera qu'une ambassade lui soit confiée.

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Comme ils ne votent jamais le budget, les socialistes sont très à l'aise pour proposer toutes les augmentations de dépenses qui peuvent leur servir à se poser, auprès de leurs électeurs, en seuls défenseurs des pauvres et des humbles.

Aussi tinrent-ils à déléguer deux des leurs dans la discussion générale du budget de l'hygiène. Ils parlèrent longuement et de choses lugubres, ce qui poussait leurs collègues à s'égayer entre eux.

Quant M. Masson réclama la création de nouveaux sanatoriums et qu'il proclama la nécessité de truire, M. Xavier Vallat approuva :

cons

Très bien ! Très bien ! il faut construire ! c'est au pied du mur qu'on verra le Masson.

Tandis qu'un autre rectifiait :

-Des sanatoriums, mais nous en avons plus que vous ne le dites! Et le sénatorium de la rue des Martyrs !

L'enchère sur les locataires.

La discussion sur la loi des loyers dure depuis trois semaines et se prolongera longtemps sans doute, car c'est un match d'endurance oratoire entre M. Guibal, rappor teur; M. Cautru, M. Levasseur et M. Dormoy.

M. Guibal, le sympathique bâtonnier de Montpellier, a pour lui des cordes vocales infatigables; il peut parler des heures sans que faiblisse sa voix d'or.

M. Cautru, lui, se ménage, n'intervient pas trop longuement et se fait relayer par l'intarrissable M. Bellet ou par son ami Blaisois.

Quant à M. Levasseur, il ne tient qu'à une chose : avoir l'air d'épouser plus étroitement que son collègue Dormoy les intérêts des locataires.

Car l'année dernière il était leur seul avocat attitré ; mais ce diable de citoyen Dormoy a songé qu'il serait bon d'entraîner vers le communisme la masse des locataires qui trouvent agréable de payer peu ou pas du tout; et il a proposé des prorogations encore plus loagues que ne faisait Levasseur.

intelligent ; c'est Dormoy qu'ils invitent maintenant à

Naturellement les locataires le trouvent autrement

leurs meetings, et Levasseur en est réduit à aller se promener par là sans oser rentrer; ne risque-t-il pas de se faire dépecer pour défendre avec trop d'âpreté les théo ries capitalistes ?

On n'en a jamais fini d'être extrémiste !

Chez ceux qui dansent.

La chasse à l'homme. Cette vieille dame voudrait bien caser sa fille, qui a coiffé Sainte-Catherine.

Justement elle a chez elle aujourd'hui un célibataire endurci, mais riche, et qui ferait très bien l'affaire ; c'est le fils d'une vieille amie, et elle affecte de le traiter en petit garçon.

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Voyons, mon petit Marcel, vous allez aider Marthe à servir le thé; faites la jeune fille.

Pince-sans-rire aux plaisanteries terribles, « le petit Marcel » fait répéter.

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Vous dites, madame ?

Faites la jeune fille; tenez, voici le sucrier.
Vous tenez, madame, à ce que je fasse la jeune

Oui.

Alors, Marcel ouvre la porte du salon, fait signe au valet de chambre d'entrer, l'embrasse sur les deux joues, et, se retournant vers la maîtresse de maison suffoquée : -Voilà, chère madame.

Le buffetier collectionneur.

Voilà un nouveau riche très sympathique. Il a fait fortune en brûlant la langue de tous les voyageurs qui vont de Paris à Marseille. Depuis qu'il y a des trains sur cette ligne-là, il y a sur le quai de la gare de Laroche, au lever du jour, mille tasses qui se remplissent dès l'arrivée du train d'un petit déjeuner trop chaud.

Mais si vous allez jusqu'au buffet et que vous soyez l'ami de la maison, le buffetier vous introduit dans une grande pièce où il vous fait les honneurs de sa galerie de dessins. Il y a là des Daumier, des Forain, voire des Picasso.

Et le nouveau collectionneur vous déclare d'un air satisfait :

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Voilà mon chocolat !

mam

D'une profession à l'autre.

Tout dancing qui se respecte possède un danseur. Pour des raisons qui doivent remonter au lointain tango, le danseur est Argentin ou, tout au moins, olivâtre, avec

des cheveux extrêmement collés et un masque impas- l'Académie des Beaux-Arts, à la séance publique de sible. samedi dernier, eut un vif succès qui ne fut pas celui que l'orateur eût voulu.

Cette règle souffrirait-elle exception?

Récemment, un officier ralliant la Syrie s'arrêtait à Alexandrie et, désireux de se dégourdir les jambes après la traversée, piquait, le soir venu, sur un dancing éblouissant. La foule était dense, équivoque et appliquée. Soudain, silence à l'orchestre, le cercle se forme: c'est le danseur qui va présenter une «< entrée ». Il paraît, impeccable et blond, portant avec grâce un habit vert. Et 'officier, stupéfait, reconnaît un camarade de promoion, que ses derniers renseignements situaient quelque part vers le Maroc. Le numéro est fini. Applaudissenents. Sous l'œil furieux des femmes de tout âge, l'offiier monopolise son ancien collègue et lui demande par quel miracle...

songe

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-Très simple. Comme lieutenant de cavalerie, j'avais la m 1 in avenir plutôt restreint. Seulement, je dansais bien, t je savais porter un monocle. Alors, je me suis fait lanseur. Trois cents francs par jour, plus les leçons...

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o d'

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miste!

Chez ceux qui plaident.

Les dernières du théâtre de Versailles. Comme au temps des rois, Versailles héberge en ses nurs, depuis quelques jours, une façon d'élite.

Les assises versaillaises sont devenues le rendez-vous lu « grand monde ». Et les dames se battent pour voir et horrible Landru et pour être vues de lui.

Mais il en est qui ne peuvent prétendre à ce suprême honneur et force leur est d'imaginer quelque stratagème merveilleux, qui leur procure au moins une illusion.

Une de ces maisons hospitalières qui organisent toutes es sortes de mariage, d'amour ou de raison, au jour ou l'année, a reçu, dit-on, de plusieurs belles, des lettres afsollicitant la grâce d'aimer un «< Monsieur qui ressemble

à Landru ».

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Cependant, au fond des provinces, on rit moins de e personnage macabre que de la place que lui accordent os journaux. Et les gens du Morbihan se demandaient ncore si cette affaire n'était pas un conte.

- C'est pour bâcler la paix, disait un vieux Breton, e Vannes, qu'on a imaginé ce brûleur de femmes. Et comme les amis qui l'écoutaient se partageaient h deux camps dont les uns confiaient le nom de Landru l'histoire, les autres à la légende, ils décidèrent 'envoyer quelqu'un à Versailles qui se rendrait compte e visu de l'existence du monstre.

On tira au sort. Ce fut une petite bonne femme qui ut désignée. Le lendemain, elle s'embarquait en chette dans un train à destination de Paris. Et l'autre Dur, elle se présentait à la porte des assises.

Le gendarme lui interdit la porte. Elle insista.

Le bruit attira du monde, voire quelques personnes u barreau. Alors, devant les robes noires, la petite Onne femme s'expliqua et exposa le doute de ses comatriotes.

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Devant tant de foi et de perspicacité, la justice et la i, bénignement, sourirent et permirent un instant, à la lisciple de saint Thomas, de contempler Landru en

hair et en os.

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«< Au moment où j'achevais d'écrire ces lignes, nous apprenions la mort de notre confrère Gaston Redon. Je ne pouvais à la hâte que consacrer quelques mots à sa mémoire. Il y a aujourd'hui même quinze jours, à notre séance hebdomadaire, Redon me faisait observer que bon an mal an, l'Académie des Beaux-Arts perdait en moyenne deux de ses membres titulaires. Nous avions à regretter cette année-ci seule la mort de Jean-Paul Laurens, et nous étions loin de nous douter, lui et moi, qu'il était déjà désigné par le destin comme devant être la deuxième victime de ses réflexions.

« Architecte d'un très beau talent, etc. >>

Il paraît que M. Injalbert, fort ému à la pensée de son discours, avait pris des leçons de diction. Avant d'apprendre à bien parler, que n'apprit-il à bien pen

ser?

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Au moins, vous n'êtes pas encore fous; et vous ne faites pas table rase de la musique qu'on a faite avant

vous.

On s'en était aperçu en entendant les Circeuses de M. Mazellier, qui avait fait de larges emprunts au motif du pain, dans Parsifal.

La foire aux sciences.

Il n'est pas de place plus animée que l'Académie des Sciences, un jour de séance publique.

Au centre du double fer à cheval dessiné par l'immense table verte, l'orateur fait sa «< communication ». Devant lui, un secrétaire, qui est peut-être le délégué officiel de l'attention collective, compulse des dossiers, l'air absent. Il n'ignore pas que tout ce qui se raconte est soigneusement écrit sur un papier qu'on finira bien par lui confier.

Cependant, chaque savant, à son fauteuil, «< communique » lui-même, à haute voix, « quelque chose » à son voisin.

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Et le président excite l'inattention générale à grands coups de sonnette, d'un geste machinal et rapide, sans toutefois quitter des yeux les « pièces administratives >> que M. Picard amoncelle devant lui, impitoyablement, << pour signature ».

:

Cependant, quelques académiciens circulent autour de la salle c'est, pour eux, l'unique moyen de se rejoindre, quand ils ne sont pas de la même section. Et comme ils sont obligés de hausser la voix, on entend ceci : Avez-vous des nouvelles de cette édition allemande dont vous m'entretenicz lundi?

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L'un d'eux comparait avec ironie la protection de Saint-Saëns pour Franck à celle d'Albeniz pour Chausson; et il racontait à ce sujet un beau trait de générosité du grand musicien espagnol.

Chausson était alors tout à fait inconnu. Albeniz, déjà, était un maître. Chausson lui fit entendre son Pome. Albeniz le trouva remarquable et lui promit son appui il partait pour Leipzig où il devait voir l'éditeur Breitkopf; il emporta le Poème et assura qu'il serait accepté.

Quelques semaines plus tard, Chausson recevait de Leipzig une somme de 500 francs; c'était, lui disait Albeniz dans sa lettre d'envoi, la somme que la maison Breitkopf lui avait remise pour le Poème, qu'elle avait aussitôt décidé d'imprimer.

Chausson a-t-il jamais su que ces cinq cents francs Albeniz les avait sortis de sa bourse pour que son protégé ne fût pas découragé par l'indifférence de l'édi

teur ?

Chausson, hélas ! est mort trop tôt pour savoir aussi le sort de ce Poème. Un éditeur français voulut, après la guerre, le racheter à Breitkopf. Mais cette maison,

qui ne l'avait même pas payé cinq cents frames, en demande aujourd'hui dix mille !...

Culture.

Dernièrement, devant cet ancien ministre de l'ins truction publique (car celui d'aujourd'hui est le plus fin lettré), on parlait de Huysmans, à l'occasion de la réimpression récente du Drageoir aux épices.

Je ne trouve pas du tout cet auteur intéressant, avança M. le Ministre. Il écrit mal et on ne le comprend pas toujours.

Comme quelqu'un prenait la défense de l'écrivain : -Je ne l'ai peut-être pas lu dans la bonne traduction, expliqua l'ancien Grand Maître de l'Université.

Gémier à l'Odéon.

Entre marionnettes.

La troupe de l'Odéon doit faire triste figure. Car c'était, parmi les candidats, le plus redouté n'allait-il pas amener dans la maison tout son personnel, ses machinistes, ses peintres, son étoile...? Et puis Gémier, n'estce pas la ruine certaine d'une industrie qui marchait si bien?

Les petis rentiers de la maison, inquiets de leur son, en veulent beaucoup à Antoine, qui a soutenu la candidature de Gémier, et ils murmurent avec malveillance: Pardi! il ne veut pas être seul à faire faillite à

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l'Odéon.

Le peintre et son modèle.

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Ce peintre avait eu jadis comme modèle une jolie fille qui avait l'obsession de la scène.

Il l'avait perdue de vue et la rencontra dernièreme en compagnie d'un de nos plus fastueux directeurs. Ah! te voilà, lui dit-il, eh bien, tu arrives trop tard, je viens de monter un spectacle et tu aurais fait la quatrième femme de gauche.

- Je vous remercie, Monsieur, répondit-elle, pincée, vous présente mon mari qui est directeur de tro

scènes.

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Les livres de M. Rondel rejoignent par petits détachements la Comédie-Française. Mais pour rien au monde le donateur ne les aurait livrés au chemin de fer; ils ne voyagent qu'en sa compagnie. M. Rondel en profite pour faire un peu plus souvent la navette entre Paris et Marseille, ce qui fait son bonheur, car il n connaît pas de meilleur lit que les coussins du P.-L.-M

A son dernier voyage, il devait apporter son XVI siè cle deux malles, pour le gros de la collection, une valise pour les livres les plus précieux.: il enregistre le deux malles, gagne son. compartiment, et prend ses dispositions pour dormir, quand un monsieur l'interpelle: N'avez-vous pas laissé cette valise au bureau des bagages?

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Mon XVI! Ah! monsieur L..

Et M. Rondel qui, pourtant, s'émeut difficilement, eut froid dans le dos à la pensée de la perte qu'il avat failli faire!...

La suite du Pêcheur d'ombres.

Ce fut un petit mariage très provincial, que celui de M. Jean Sarment et de Mlle Valmont. On avait choisi l'église Saint-Pierre de Montmartre, quoique ce fût la paroisse ni de l'un ni de l'autre des mariés Cha cun s'étonnait de ne pas voir M. Lugné-Poe dans l

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est

années ».

Il est vrai que, quand on est une haute personnalité de la politique, on a depuis longtemps pris l'habitude d'avaler bien des couleuvres et le reste passe par surcroît.

Les menus des repas officiels anglais étaient d'ailleurs assez étranges, aussi, il y a quelques siècles. Le duc d'York se réjouissait, à un banquet des tailleurs de la cité de Londres, de ce qu'on ne fût plus au temps où la même Guilde offrait au fils de Jacques Ier un menu de hiboux et de coucous. On mangeait naguère édes écureuils, des hérissons, des grues, des cygnes et des comes frites... Qu'en penserait le Club des Cent?

Les déboires d'un apôtre.

Le sénateur Johnson, plus connu sous le nom de Pussyfoot, vient de faire une pénible expérience. une pénible expérience. N'avait-il pas résolu de prêcher l'abstinence à la jeunesse ? Celle-ci, contre toute espérance, lui avait témoigné de son vif désir de l'entendre.

Il se rendit donc à Colombo afin d'y faire, dans la soirée, une conférence aux étudiants en droit. Comme il s'apprêtait à se rendre au lieu de la réunion, il entendit frapper à sa porte et vit entrer un jeune homme qui lui dit être envoyé par ses auditeurs, pour le conduire en voiture à la salle où il devait parler. Touché par tant de sollicitude, Pussy foot remercie et prend place avec l'envoyé dans une automobile.

L'automobile roule, roule, et bientôt s'arrête. Pussyfoot descend. On l'introduit dans une vaste pièce où sont réunis des étudiants en médecine qui, aussitôt, l'en☛ourent et l'invitent à boire avec eux whisky et brandy.

Pussyfoot proteste, veut fuir, mais en vain. Force lui est de subir de nombreux toasts. Et quand enfin il peut s'échapper, il se hâte vers ceux qui l'attendaient. Il était trop tard la salle était vide.

Et tout Colombo apprit, le lendemain, que M. Johnson-Pussy foot avait manqué son rendez-vous pour avoir pris part à une assemblée... d'ivrognes.

Nouvelle revendication féminine.

Les femmes sont, enfin, admises, au même titre que les hommes, à l'Université d'Oxford.

Et pourtant elles ne sont pas satisfaites. Elles se plaignent et viennent de formuler leurs griefs.

Ce qui cause leur mécontentement? Mais la galanterie de leurs camarades...

Qu'une étudiante entre dans un magasin, aussitôt les hommes s'écartent de la caisse pour la laisser passer; ils se précipitent vers la porte pour la leur ouvrir.

Aux conférences, ils se lèvent pour leur céder leur place.

Autant de marques de courtoisie, disent-elles, autant de moyens déguisés pour nous faire entendre que nous ne sommes pas leurs égales.

Et cela est fort juste, en effet.

Affaires Intérieures

L'équivoque dissipée ou la leçon de politique

(A propos de l'élection Marty-Badina)

Le communisme a eu les honneurs de la semaine politique les débats tumultueux du Conseil municipal et de la Chambre ne permettent-ils pas aujourd'hui de définir, en face du communisme, la situation des partis? Le communisme triomphe bruyamment de la double élection Marty-Badina. Nous ne voyons pas, cependant, que la majorité des électeurs parisiens aient affirmé, mus par une prétendue générosité, leur solidarité avec des marins révoltés embrigadés dans l'état-major communiste. Deux faits ont assuré la majorité relative, dans les quartiers de Charonne et de la Santé, des candidats Marty et Badina: l'appui donné au candidat communiste par tout le parti socialiste bloqué, et l'abstention de plus du tiers des électeurs.

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Marty et Badina ont été, non pas candidats communistes, mais candidats uniques du parti socialiste, des partis socialistes. C'en est donc fini, une fois pour toutes, de cette plaisanterie qui consiste à distinguer entre les tendances socialistes,à y faire des discriminations savantes entre adversaires du premier et du second degré, d'y séparer les adversaires sans merci des voisins avec qui on pourrait s'entendre. Les gens sérieux n'ont donné que trop d'attention déjà à ces vétilles, destinées à amuser la galerie. Le moindre adversaire, c'est le plus franc. Puisque le seul rôle de Kerensky est d'assurer la domination de Lénine, en quoi Kerensky est-il préférable à Lénine? En quoi convient-il de distinguer Paul-Boncour, Lafont ou Levasseur, puisque, contre le parti de l'ordre, la coalition Lafont-Levasseur-Paul-Boncour doit se former instantanément, et que jamais la voix. de l'un ne fera défaut pour faire élire l'autre ? Qu'importent des réserves verbales, puisque la fin doit être la même, et que m'importe le nom ou la recette du cuisinier, si je sais que je dois être mangé ?

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Dans le même ordre d'idées, convient-il de distinguer entre les communistes et les radicaux-socialistes, qui leur préparent les voies, leur frayent la route, et tombent d'accord qu'ils font cela? Qu'importe que M.Herriot ou

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M. Renard réprouvent, dans des harangues officielles, la doctrine de Marty ou de Badina, puisqu'au jour du scrutin, leur bulletin ne va jamais à leur adversaire, et que leur action contribue à faire élire: M. Paul-Boncour est l'allié de Badina. M. Painlevé ne l'est pas moins, quoique d'une manière plus hypocrite. Il n'est pas l'ennemi de Badina. Il le traite en frère dévoyé peut-être, mais pas en adversaire. Il veut s'entendre avec fui, et le dit. Cela suffit. Tout le malendendu de la politique intérieure est là. Si les communistes sont les irré. ductibles adversaires de l'ordre social, tout homme qui ne les considère pas comme des ennemis qu'il faut abattre à tout prix est, lui aussi, un adversaire plus dangereux peut-être, de cet ordre social.

Et voilà qui explique fort bien le second fait caractéristique de l'élection : les abstentions qui ont assuré le succès des communistes. M. Pouthier était candidat contre Badina. Ses patrons et ses amis se réclamaient du bloc de gauche « Pas d'ennemi à gauche »>, clamaient-ils. M. Badina ne siège point à droite, et les amis de gauche de M. Pouthier, c'étaient Frédéric Brunet et Ferdinand Buisson, qui faisaient chorus aux déclarations de Badina et devaient applaudir à son succès : Si je suis élu, renchérissait M. Pouthier, mon premier geste sera de demander la libération de Badina. » Que pouvaient faire, entre les deux, les ennemis de Badina ? On comprend que, simplistes et de bon sens, ils n'aient point vu de raison sérieuse pour se déranger. Pour un homme d'ordre, ne point voter, dans un scrutin où le parti de l'ordre n'a pas de représentant, c'est une conclusion à laquelle M. de La Palisse lui-même ne se fût pas dérobé.

Les séances du Conseil municipal ne laissèrent pas d'être intéressantes. Tous les socialistes de tout poil prirent, à l'envi, la défense chaleureuse de Marty et de Badina. M. Fleurot répéta (B. M., p. 4577) que M. Pouthier était un des coryphées de l'amnistie de Badina, et M. Lemarchand vota avec les communistes, en s'efforçant de les combattre. M. Fiant, M. Peuch, M. André Puech, voire M. Robaglia, s'abstinrent courageusement, de peur de pactiser avec la droite; ainsi faisait Kerensky. Et puis, comme la majorité semblait se refuser à un geste de pardon « généreux » pour les «< martyrs », M. Sellier ayant reproché à ses collègues la dureté de leur coeur, déclara que « l'ère de l'agitation n'était pas close ».

Au conseil général on fit une transaction. On critiqua l'agitation communiste comme « maladroite »>, on persista à la réprouver dans la forme, mais on lui donna raison sur le fond. Le Conseil général est contre Marty et Badina, tout en étant pour eux, sans l'être cependant. Heureusement, ces votes-là n'engagent à rien.

A la Chambre, il n'en alla pas de même. L'heure était mauvaise pour l'extrême-gauche. M. Herriot, à la suite du Congrès de Lyon, se mordait les doigts. Le Bulletin du parti démocratique et social allait d'ailleurs publier sur l'équivoque du parti radical » un article d'une force singulière, dû à M. Mamelet, qui n'est point un homme de droite. Les communistes et les socialistes dits modérés étaient depuis longtemps rangés dans le même sac par une majorité cependant peu clairvoyante, mais qui commence, tout de même, à en avoir trop vu. Les hommes d'extrême-gauche savaient donc qu'ils n'avaient là aucune chance de faire triompher leur doctrine ni de réussir une manoeuvre d'intimidation. Ils se bornèrent à une manifestation bruyante, assez adroite leur point de vue électoral, mais qui gâta sans remède l'affaire de leurs clients. Les démagogues de droite et ceux du bloc national qui n'ont été élus sur ses listes que pour faire à chaque occasion le jeu de M. Painlevé et de ses amis, n'osèrent pas bouger, à ce coup, et l'on vit même des radicaux trembler d'un voisinage compro

mettant. Et la commission de législation écarta non seulement une proposition d'amnistie en faveur des << martyrs »>, mais même une proposition de grâce. A la vérité, la justice doit suffire et les « martyrs ", qui ont leur conscience, parait-il, pour eux, n'ont que faire de l'insultante aumône d'une générosité bourgeoise. Il serait fâcheux et un peu déshonorant pour les «purs » que Marty dût la possession effective de son siège à la bienveillance attendrie et prudhommesque de ses ennemis.

Mais les « bourgeois », à vrai dire, ne s'attendrissent plus guère. Je crois même que, dans leur for intérieur, ils rendent grâces à la double aventure, et à son commentaire municipal et parlementaire, qui leur permet de s'instruire. C'est toujours un grand avantage que de voir clair dans une question. Cette affaire, je l'ai dit en commençant, n'aura pas peu contribué à mettre au point certaines choses essentielles : il n'est plus d'aveugles, désormais, que ceux qui ne veulent pas voir. TRYGÉE.

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Affaires Extérieures

133

En pleine crise. Une solution L'ancienne méthode, - celle qui déléguait à quelques professionnels siégeant, dans une salle close, le soin de régler les affaires diplomatiques, avait du bon. La nouvelle, celle qui confie à des missions hétéroclites la tâche de négocier en public - constitue un péril croissant. Les conflits, les incidents, les plaisanteries, les rumeurs, sont immédiatement ébruités, câblés et aggravés Tout un réseau d'intrigues se noue autour des déléga tions. Si elles ne se composent point d'un petit nombre de professionnels, expérimentés et anglicisants, disciplinés et silencieux, les divers services de renseignements ont vite fait de tendre les mailles de leurs pièges multiples... Et chaque fois que les gouvernants se sont réunis pour délibérer sans intermédiaires, chaque fo leur contact a provoqué une tension européenne et une agitation gallophobe.

Il est absolument inutile de rendre M. Briand respon sable d'une crise, de tous points analogue à celles qu'ont déclanchées tous les conseils suprêmes. On peut changer de président du conseil tous les mois, si la méthode n'est point modifiée, - les résultats resteront toujours les mêmes; l'attitude, les paroles, les actes de la délégation française seront aussi complètement transformés; son isolement sera aussi complet; la liquidation aussi difficile; la paix aussi incertaine.

X

Et d'abord, quelles ont été les étapes de la crise? Il faudra ensuite rechercher les causes et suggérer des solutions.

A peine M. Briand avait-il remporté un des plus beaux succès de sa carrière oratoire, dès le lendemain, ont commencé à partir de Washington des rumeurs, susceptibles, à la fois, d'affaiblir le prestige de la France et de compromettre le succès de la Conférence. Ce fut, d'abord, le bruit que la délégation française réclamait, en cuirassés, un tonnage égal à celui du Japon et en sousmarins un tonnage égal à celui des Etats-Unis. Et Wells d'écrire aussitôt que la France prépare la guerre contre la Grande-Bretagne. Devant un pareil monument d'inintelligence, l'esprit reste confondu. Et dire qu'il y a des gens qui croient encore au progrès humain! Puis le débat franco-italien, l'incident Schanzer-Briand. Et les rumeurs se font plus intenses. « C'est intentionnellement, que M. Briand n'a point parlé des pertes anglaises dans son discours sur les armements ». « M. Briand s'est mo

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