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donc réussi, en quelques années à doter le monde de flottes immenses. Dès 1917, l'Angleterre avait neutralisé les effets de la guerre sous-marine. Les Etats-Unis ont construit 10 millions de tonnes et conservé, depuis l'armistice 69 chantiers, avec 425 cales.

Après avoir failli mourir faute de bateaux, il semblerait que l'univers est menacé d'en être submergé. Parmi toutes les crises dont la paix nous a gratifiés, la crise de la marine marchande est peut-être la plus aiguë. Les frets qui pendant la guerre ont enrichi tant d'heureux, se sont brusquement effondrés. A la fièvre de la construction et du lancement a succédé la torpeur du désarmement. En février, les Norvégiens annonçaient le désarmement de 170 navires. C'était, prétendaient-ils, un suicide que de les garder en service à perte croissante. A Anvers on annonçait également le désarmement d'une cinquantaine de bateaux. Les mêmes symptômes de crise se manifestent en Hollande, au Japon, qui sont pourtant parmi les grands profiteurs maritimes de la guerre, enfin en Angleterre et en Amérique. L'armement naval anglais a été, plus que tout autre, touché par les grèves de son personnel marin, il l'est bien davantage encore par les grèves charbonnières ; mais les Etats-Unis euxmêmes ne sont pas épargnés. L'essor gigantesque qui a brusquement élevé leur tonnage au second rang du tonnage mondial, l'a en même temps précipité dans les mêmes proportions, dans le marasme général. Ils possèdent la plus formidable flotte d'Etat qui ait jamais existé. Elle comprenait, au 1er octobre dernier, 7.288.000 tonnes, alors que l'armement privé n'en comptait que 4.195.000. Les mêmes difficultés qui nous assaillent, qui nous assaillent, pour la gestion et la liquidation de ce formidable organisme de guerre ne sont pas épargnées à nos amis américains, mais elles sont à l'échelle de ses dimensions. C'est donc, partout, le même phénomène de surproduction, ou tout au moins de production trop intense pour une consommation qui ne s'est pas encore remise du choc de la guerre et n'a pas atteint son étiage normal.

Il est sans doute paradoxal, quand on considère l'ensemble des besoins de notre trafic continental et colonial, de parler de pléthore et de surproduction maritimes. Nous devrions nous réjouir, au contraire, de voir notre marine marchande se relever avec une telle rapidité, et si nous en croyons notre sous-secrétaire d'Etat, atteindre au 1er janvier 1921, un tonnage total de 2 millions 694.199 tonnes. Nous devrions nous féliciter patriotiquement des 407.000 tonnes de bâtiments ex-ennemis, qui viennent s'y ajouter, des 763.335 tonnes que nous avons en construction, dont 580.200 en France. D'ailleurs la réalité est infiniment moins séduisante. Notre effectif comporte bon nombre d'unités vieilles de trente et trente-cinq ans, routiers de mers, achevés par les cinq années de la guerre, en outre, une collection de chalands inutilisables, sans parler des beaux bateaux en bois vert que nous ont fabriqués, aux jours de danger, nos amis d'Amérique.

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Un problème domine la situation de notre marine marchande la liquidation de la flotte d'Etat. Ce n'est, en somme, qu'une partie de la liquidation de la situation que nous a léguée la guerre. Tout a été dit contre la flotte d'Etat, et ce qu'elle nous a coûté. L'idée première en est cependant défendable. La guerre sous-marine sévissait. Les Allemands menaçaient de nous affamer, de nous retrancher du reste du monde. Il fallait, à tout prix, construire. Qui aurait pu, sinon l'Etat, engager les capitaux considérables qu'exigeait cette situation exceptionnelle ? De même, certains services d'Etat, sous-secrétariat du ravitaillement, bureau national des charbons ou des collectivités comme la Ville de Paris, pressés par l'obligation d'effectuer eux-mêmes leurs transports, se constituèrent leurs flottes particulières. Vint la paix. L'Etat se trouva, après la lutte, en possession d'une flotte qui, à certains moments, avait jaugé

2.500.000 tonnes. Il ne s'agissait plus de la manoeuvrer quasi-militairement, au gré des nécessités de la guerre. Il fallait cette fois, résister à la concurrence, provoquer les commandes, s'enquérir des frets et de leurs fluctuations, en un mot commercer. C'est une tâche à laquelle l'Etat s'est toujours révélé inhabile. Elle était ici.particulièrement malaisée : il eût fallu à notre flotte d'Etat tout un corps de fonctionnaires, qu'il n'avait ni les loisirs ni les moyens de recruter. La guerre l'avait pourvu de cadres de spécialistes que la paix lui enleva aussitôt. Il lui eût fallu pouvoir constituer des agences à l'étran ger, y posséder des représentants actifs et bien payés, luxe que l'Etat ne saurait se permettre. Le coût de la flotte d'Etat s'amplifie donc de celui de sa gestion. Bien osé qui pourrait en fixer le montant. A la Chambre, les estimations qu'on en a faites ont varié, comme on sait. M. Morinaud, dans son rapport, évaluait à plus de 550 millions le déficit total qu'aurait enregistré le compte d'exploitation à la date du 28 février dernier. Quoi qu'il en soit, la question du principe de la liquidation de cette flotte en qui les adversaires de l'armement privé avaient mis tant d'espoirs - ne se pose plus. Il faut en finir, dussent les frais s'ajouter encore à la liste déjà si lourde des dettes de la guerre. Mais cette rentrée dans le droit commun devra, bien entendu, se réaliser par échelons pour éviter de jeter sur un marché déjà satur une masse de 900.000 tonnes cédées au rabais.

Le temps des bénéfices faciles est en effet passé pou notre armement, comme pour notre industrie ou not commerce. Si l'Etat est impropre à gérer lui-même de flottes entières, il lui appartient cependant d'assurer pa son appui l'indispensable gestion des services tels qu les services coloniaux. L'exploitation par cargos d lignes purement commerciales, est encore possible; a des lignes d'intérêt général, de communications entre France, l'Algérie et les colonies, indispensables l'Etat pour le transport de ses fonctionnaires, de officiers, de ses troupes, exige, étant donné le m tant triplé ou quadruplé de tous les frais d'exploit tion, des subventions qui permettent de rétablir, a des paquebots à passagers, le minimum de voyage an nuels indispensables. C'est ainsi que le gouvernemen vient de conclure avec les Messageries Maritimes, po l'exploitation de ses services maritimes postaux, une co vention qui prévoit la création d'une société spéciale a capital de 60 millions.

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L'outillage de nos ports reste insuffisant. Le gime d'économies impitoyables, où nous contraint notre situation financière, ne devrait pas cependant not fermer les yeux sur la nécessité vitale d'équiper n ports, et de donner à notre marine marchande l instruments qu'il lui faut. Le magnifique programm de constructions d'avant-guerre semble bien s'être v latilisé. Ce n'est pas avec les 32 millions 1/2 po l'extension de nos ports, et avec les 46 millions d'e tretien qu'a votés le Parlement, que la France pour redevenir la grande nation marítime qu'elle doit êt Du moins, les Chambres de commerce suppléent à l' digence de l'Etat. Marseille, Bordeaux, Rouen, D kerque, pour ne citer que les plus grands de nos pot ont entrepris, de leur propre initiative, des travaux C sidérables. La nouvelle gare maritime de Dunker les docks qui doivent, à Rouen, s'étendre dans les pr ries de Saint-Gervais, les appontements de la Basse témoignent de l'énergie de nos Chambres de comme

La défaite a mis, pour longtemps encore, la navi tion allemande en grand état d'infériorité. Il y a au lendemain de l'armistice de brillantes position. prendre pour l'armement français. Nos grandes C pagnies ont rétabli, aussi rapidement que possible, tot leurs grandes lignes. Elles en ont créé de nouvel C'est ainsi que les Affréteurs Réunis ont créé la li le Havre-Angleterre-Adriatique à l'aller, et, au ret

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Adriatique-Alger-Hambourg. La Compagnie SudAtlantique a repris ses voyages aux ports du Brésil et de l'Argentine, renoué les traditions anciennes avec ces pays, où nous avons de si grands intérêts économiques, de si fortes sympathies intellectuelles, et où l'industrie française a joué un rôle essentiel, notamment dans l'établissement des lignes de chemin de fer et dans de fer et dans l'équipement des principaux ports. Une société du Nord-Atlantique vient de se créer à Cherbourg. Enfin, l'armement français a résolument pris l'offensive; il a porté la lutte hors de nos frontières, et est allé chercher à l'étranger le fret lourd qui lui manque encore dans nos ports. Notre pavillon occupe à Anvers la seconde place. C'est d'Anvers que partent maintenant les lignes marocaines de la Transatlantique et des Vapeurs Français, les lignes d'Extrême-Orient et des Indes des Messageries Maritimes. Notre côte ouest, le Portugal, l'Algérie et la Méditerranée sont desservies par les lignes anversoises de la Navale de l'Ouest et des Affréteurs Réunis, Les bateaux des Chargeurs Réunis qui partent de Hambourg escalent à Anvers. La question si controversée de la surtaxe d'entrepôt vient d'être résolue dans le sens le plus libéral pour nos amis, et fait du grand tport belge le véritable débouché de notre Alsace-Lorraine. De même, la plupart de nos grandes Compagnies ont arboré notre pavillon à Hambourg, dont le trafic cruel retour des choses - est aujourd'hui pour la plus grande part, assuré par les navires de l'Entente et de l'Amérique.

L'énergie, l'audace ne semblent donc pas faire défaut à notre marine marchande. Mais, aux difficultés de la crise générale que travere l'armement mondial, s'ajoutent pour elle des obstacles qui sont un triste privilège de notre législation, ou surannée, ou naïvement progressiste. Notre navigation reste prisonnière de la vieille oi, qui veut que tout bâtiment marchand français soit, Pour les 3/4, armé d'un équipage français à l'excluà l'excluion même de nos concitoyens coloniaux; - enfin elle st de première victime de la loyauté avec laquelle la France a, dès 1920, appliqué le principe de la journée de huit heures dans sa marine marchande ce qui entraîne pour elle une surcharge actuelle d'environ 200 millions de francs. Jusqu'ici, les efforts du Bureau International du Travail, pour faire admettre le principe et l'application des 8 heures par toutes les marines du monde se sont heurtés aux résistances de nos concurrents étrangers. Une fois de plus, la France fait les frais de l'expérience...

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- «Monsieur, si c'est une plaisanterie, elle est déplacée et... >>

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« Pardon, mon général, je ne me permets jamais de plaisanter dans le service. >>

« Alors, Monsieur, expliquez... >>

-« C'est bien simple, mon général. Dans le civil, je me lève à dix heures ; je fais un tour au Bois vers midi ; je déjeune à une heure à mon cercle; dans l'après-midi je vois des femmes, je vais aux courses; vers cinq heures, je suis à la partie, au cercle; je dîne à huit heures; je vais chercher ma maîtresse à la sortie du théâtre ; nous traînons une partie de la nuit dans des établissements dits joyeux; nous rentrons chez elle. Dans le monde, une pareille vie, cela s'appelle faire la noce. » Le général n'insista pas...

Au pays des Muses.

Le vrai disciple de La Fontaine.

Chacun a fêté La Fontaine à sa façon : l'un a chanté le poète, l'autre le fabuliste, celui-ci le peintre de la nature, celui-là le peintre du cœur humain. Mais M. Alain Monjardin dut le fêter d'une façon bien plus personnelle.

Quand ce poète, qui s'est illustré par les réclames de la Giraldose, fit jouer une pièce cet hiver dans un petit théâtre libertin, on lui déclara sur tous les tons que l'asservissement à une grande firme pharmaceutique lui enlevait tous droits à la profession de poète ou d'écri vain. Alors Monjardin répliquait superbement - La Fontaine n'a-t-il pas chanté le Quinquina?

A propos des centenaires.

La célébration des centenaires est cause de fâcheuses méprises. Tantôt on chante la naissance au lieu de la mort c'est ce qui arrive cette année même à quelques critiques à propos de Dante. Tantôt on se trompe d'année, et c'est ce qui aurait bien pu arriver à M. Jules Claretie s'il avait vécu jusqu'en 1982.

Dans une de ses chroniques, Jules Claretie narra jadis qu'il était allé visiter la cathédrale de Meaux. Là, il vit la tombe de Bossuet, lut son épitaphe qui disait que le grand évêque était mort à 55 ans. Là-dessus, Claretie, que le souvenir des Oraisons Funèbres avait mis en veine d'éloquence, écrivit un couplet mélancolique et profond sur la destinée des hommes de génie qui presque tous meurent jeunes. Or, Claretie avait mal lu, il avait pris des 7 pour des 5, Bossuet étant mort à 77 ans.

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Oui, Monsieur, le sentiment chrétien contre le sentiment païen...

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Mais encore, dans l'âme de Polyeucte, quel est le sentiment contre lequel ce sentiment chrétien ou plutôt cette foi doit lutter?

La jeune fille ne disait mot :

Voyons, Mademoiselle, le sentiment que je vous demande est justement celui que M. Joubé n'a pas su exprimer hier soir parce qu'il était aussi troublé que vous. Ne vous troublez pas, Mademoiselle.

La demoiselle n'en pouvait plus. A la charité du professeur, se joignait celle des quelques témoins qui sifflottaient « l'Amour est enfant de Bohème >>, << Tout ça n'vaut pas l'Amour », et quelques autres refrains de ce

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pour se venger de Lulli qui avait refusé de mettre en musique sa Daphné.

La Fontaine ne renonça pas à l'opéra ; et son Astrée, mise en musique par Colasse, le scribe et l'élève de Lulli, fut chantée en 1691.

A la première représentation, La Fontaine quitta la salle après le premier acte, et s'en alla au café de Marion, où il s'endormit dans un coin. « Comment donc, s'écria un homme de sa connaissance, M. de La Fontaine est ici? Ne devrait-il pas être à la première de son opéra ? »

Quand on vit dans la Comédie du génie, cet auteur qui s'endormait dans un café-concert pendant la générale de sa pièce, tout le monde y voulut voir la propre histoire de M. de Curel. Et M. de Curel contesta l'authen

Molière au Conservatoire.

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Il est bon de rappeler de temps en temps que si l'Al

ticité de toutes les anecdotes dont il fut l'objet. Parlemagne est devenue soudainement pauvre, très pauvre.

que

bleu! c'était à La Fontaine que l'histoire était arrivée ! Mais M. de Curel eût fui ou non l'épreuve de ses générales, sans doute n'aurait-il pas répondu comme La Fontaine à l'importun qui le réveillait : « J'ai essuyé le premier acte qui m'a si prodigieusement ennuyé que je n'ai pas voulu en entendre davantage. J'admire la paience des Parisiens ! »>

& Parodies.

Yvette Guilbert a reparu sur les planches; on l'a aclamée l'autre soir au théâtre de l'Oasis, et l'on s'est rapelé non seulement le temps des cafés-concerts, mais ette dernière année de la paix, où elle nous apprit dans salle Gaveau les plus belles chansons de France. Ces soirées étaient enchanteresses, à cela près qu'elles ommençaient par une conférence... Plus on aimait l'art Yvette Guilbert, plus on était exaspéré par l'esprit conférencier. Un jeune étudiant qui revenait d'une ces soirées, et qui se rappelait le menuet d'Exaudet, t lidée d'envoyer à Yvette Guilbert une chanson sur ir de ce menuet. Elle commençait par le coupiet me de Favart :

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Au lieu de comparer à cette eau ternie par la brise, le coeur de la bergère assaillie par l'amour, la chanson continuait ainsi :

Lourd d'esprit, Noir d'habit,

Un satyre

Trouble ainsi les doux effets
Des jeux les plus français
Des grâces et du rire.

Le repos

Sur les eaux De Cythère

Peut renaître à votre voix : Chasses des tendres bois

Nozière.

Mme Yvette Guilbert ne répondit pas au jeune étu-. diant, mais, quand elle donna une nouvelle série de vieilles chansons, par une décision motivée ou par un hasard capricieux, le conférencier fut changé.

pauvre au point de faire pitié aux coeurs sensibles, la fortune allemande n'est pas perdue pour tout le monde. Le tout puissant Hugo Stinnes dirige, à l'heure actuelle, 1.340 compagnies dont le capital représente quante millions de francs. Il possède 290 usines, 230 une somme évaluée à vingt-trois milliards trois cent cinmines de charbon, 160 banques, des hôtels, presque tous les journaux influents, des fabriques de papier, des usi nes de produits chimiques, etc...

Que cela continue, et Guillaume, le ci-devant Kaiser, aura été remplacé par un empereur industriel qui pourra, au moment opportun, lui passer la main, tout simplement.

Esclave du devoir.

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niers se présenter à la grille, un peu avant dix heures Le gardien du British Museum voyait ces jours derdu matin, un visiteur qui sortait d'un simple taxi.

chapeau de paille, le gardien fit observer que le musée A ce visiteur, vêtu d'un costume gris et coiffé d'un n'était pas encore ouvert.

phiquement, fit les cent pas devant la grille. Soulevant son chapeau, l'étranger sourit et, philoso

Quand la porte eut tourné sur ses gonds, l'étranger la franchit, traversa la cour, entra dans le hall et se dirigea vers les salles d'exposition.

Derrière lui, une voix sévère l'interpella :'

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Voici, enfin, de bonnes nouvelles d'Irlande On dit que les prisonniers ont été libérés. Et l'on ajoute qu'ils regretteront leurs prisons, car les prisons sont, làbas, de vrais paradis terrestres. Les bonnes histoires qui nous parviennent à ce propos rappellent d'amusantes. pages de Dickens dans David Copperfield.

Un prévenu, ayant passé quelques jours à la prison de Longford, pleura de vraies larmes en apprenant qu'on lui rendait la liberté. Il demanda comme une faveur d'être gardé, disant qu'il appréciait fort, pour son déjeuner, les « oeufs au jambon », luxe qu'il n'avait connu qu'à la prison.

Un autre prisonnier, Pierre Partridge, aime tellement le régime de la prison de Longford, qu'il a refusé de partir. On l'a gardé, mais on le laisse en liberté, pendant le jour, et il seconde le cuisinier de l'établissement. On ne l'appelle plus que Tame Partridge, ce qui se traduit exactement par « Perdrix apprivoisée ».

Il y a quelques jours le gardien ayant oublié d'enchaque soir, Peter Partridge en fut blessé, se rendit à fermer la Pe drix dans sa cellule comme il est de règle la chambre des gardiens et se plaignit d'avoir été « négligé ».

Le mystère irlandais.

On est assez enclin à reprocher aux Anglais de ne rien entendre à la psychologie de l'Irlande. Mais il faut avouer qu'ils ont une bonne excuse si on en juge par certains événements.

Un jour de la semaine dernière fut marqué par la recrudescence des attentats criminels des Sinn-Feiners sur les voies ferrées du continent britannique. En riême temps six hommes étaient enlevés, à Armagh, et fusillés sans autre forme de procès.

Mais le même jour, à l'occasion d'une visite du prince de Galles à Liverpool, des rues entières, des quartiers entiers étaient pavoisés aux couleurs du sinn-fein, pour souhaiter la bienvenue au prince héritier.

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Un sinn-feiner qu'on interrogeait sur ce mystère, se contenta de répondre :

L'ordre de pavoiser nous est parvenu de Dublin, c'est tout ce que je puis dire !

Faut-il s'étonner que les Anglais ne comprennent point?

-La chienne bibliophile.

Le prince de Galles est désolé. Il vient de perdre sa petite chienne, une superbe fox-terrier d'un an qui répond au doux nom de Kate. Ce qui est une façon de parler, car Kate ne répond que lorsque cela lui plaît ; la chienne du prince passe pour être très indépendante. Dans l'espoir de retrouver Kate, on publie ses signes particuliers: Kate a une oreille noire et porte un collier avec une plaque de cuivre. Mais il y a beaucoup mieux Kate aime les livres. Elle les dévore ! "Les libraires et les bibliophiles sont prévenus...

Affaires Intérieures

Dernières séances

«Quand on est si bien ensemble, dit une vieille chanson de nos grand'mères, on ne devrait jamais se quitter. Les députés des bonnes provinces de France ont chanté cette chose charmante. Ils sont venus des villes et des campagnes lointaines, et ils ont fait connaissance. dans l'hémicycle et dans les couloirs du Palais, et voilà qu'ils ne veulent plus s'en aller. Le clocher natal n'a plus de charme pour eux et nul ne songe aux poiriers en fleurs et aux vignes d'améthyste Seule l'atmosphère quelque peu méphitique de la salle des séances les séduit. Un tel amour n'est point naturel.

C'est ce qui fait le charme mystérieux et bizarre de ces dernières séances de la session. On sait qu'il va peutêtre se passer quelque chose, qu'il pourrait peut-être se. passer quelque chose, et, pourtant, qu'il ne se passera rien. On sait que les adversaires du cabinet' ont tenu à gagner une semaine, un jour, une heure, une minute, et que pour assouvir leurs haines, leurs ambitions, leurs désirs, ou simplement pour apaiser leur conscience et dégager leur responsabilité, ils ont compté sur cette dernière semaine, sur cette dernière heure, sur cette dernière seconde. Mais on sait que ceci ne leur donnera rien, parce qu'ils comptent simplement sur le hasard, et qu'en la circonstance, le hasard ne saurait les servir.

Sans doute il y a des assemblées qui votent la mort dans l'âme, et qui gardent ensuite pendant des années la rancœur de leur faiblesse. Tout à l'heure, lorsque M. Briand rappelait l'abandon, par les Alliés, de la poursuite des coupables et que des grondements menaçants se faisaient entendre par les travées... « Est-ce donc ma faute, à me leur rappela le président du Conseil, je n'étais pas au pouvoir. On vous a mis au courant, alors, et vous n'avez rien dit. >>

Ce sont ces mouvements-là qui donnent à la séance

son caractère pathétique et son sens. Une assemblée inexpérimentée se tait, lorsqu'on réplique par de tels arguments. M. Briand, d'ailleurs, n'a-t-il pas désarmé d'abord les impatiences fébriles et les indignations factices? « Je ne vous lirai point le décret de clôture, a-t-il dit, avant de vous avoir mis à même de vous décider dans vos consciences. Il faut que nous nous séparions bons amis, et satisfaits les uns des autres. »>

On prend garde, à ce moment, qu'il y a, sur les gradins, pas mal de braves gens et beaucoup de conjurés, la plupart sans le savoir.

Or, de ces conjurés-là, beaucoup sont maladroits et ne savent pas très bien ce qu'ils veulent.

Ils sont mécontents, confusément, et pensent que

les affaires devraient aller mieux et l'envie leur vient parfois de changer pour voir si cela n'irait pas mieux, mais ils ne savent pas trop bien comment s'y prendre. Leur opération risquerait de tourner au pire pour le pays.

J'ai connu, dit un des députés les plus spirituels de la Chambre, qui regarde, sceptique, cette manoeuvre, un homme qui jouait très bien à tous les jeux, mais il ne jouait jamais que des haricots. Ceux-là jouent mal, et avec candeur, et ils risquent l'avenir de la France. »

Certes, c'est là une chose qu'il ne faut jouer qu'à coup sûr. Quelques conjurés ont, à la vérité, cette certitude, cette joie qui donne une irrésistible force. L'un d'eux qui quitte la salle des séances : « On n'a gagné la guerre passe énergique et dur, et suit du regard M. Briand qu'en le renversant, dit-il. Ce n'est qu'à la même condition que nous gagnerons la paix. »

Mais il ne prêche que des convertis. Et il sent qu'ils ne sont pas le nombre.

Il n'espère rien que du hasard... ou de l'avenir.

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Au total, personne n'a jamais cru sérieusement que l'offensive finale contre le cabinet, qui, ne s'est pas nette ment déclanchée, pouvait être suivie d'effet.

M. Briand a exposé clairement sa politique, il n'a pas recueilli d'enthousiastes acclamations, car l'on sent que la majorité ne veut plus s'engager. Mais on sent qu'elle estime aussi que l'heure n'est pas venue de changer et de faire une autre politique. M. Briand, qui s'était heurte à cette réesrve lorsque l'assemblée avait refusé, samedi soir, de voter tout de suite les crédits, a triomphé lundi Il n'a pas trouvé devant lui M. Tardieu. M. Tardieu était intervenu plus adroitement, dans le débat sur la liquidation de la flotte d'Etat, et avait recueilli d'unanimes applaudissements en jetant sur une discussion dif ficile la magie de la clarté ». Il a eu, le lendemain, l'art de savoir se taire, et ce n'était pas un avantage qu'il faisait à M. Briand. Ceux qui ont «< questionné " le président du Conseil ont été d'abord M. André Berthon et M. Blum, mais ceux-là n'étaient pas dangereux, car les principes de l'Assemblée lui interdisent de les suivre, même s'ils ont mille fois raison

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ce qui n'était pas le cas. Ce fut aussi M. Soulier, dont les tendances ne sont point douteuses, mais dont la dialectique savante ne porte ses fruits qu'avec le temps. Et ce fut enfin M. André Lefèvre qui a, comme tous les apôtres, ses fidèles, mais qu'on sent trop résolument rebelles à toute discipline dans la conduite d'une opération. Et il se glorifie d'être ainsi.

M. Briand ieur a répondu à tous sur la Cilicie, sur l'armée du Levant, sur la politique vis-à-vis de l'Allemagne et sur la Haute-Silésie. Nous n'abandonnerons point la Syrie, non pour la coloniser, mais pour y maintenir l'influence française. Nous ne pouvons nous retirer de Cilicie tant que des bandes armées infesteront nos frontières. Nous ne nous départirons point de notre attitude sur le Rhin, garantie de notre sécurité, et nous ne renonçons point au gage éventuel de la Ruhr, encor que le gouvernement du chancelier Wirth, pour fragile

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