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Kei Hara est mort. Sa politique, officiellement, lui survit. Les instructions conciliantes qu'il avait données aux représentants japonais à la Conférence de Washington n'ont point été modifiées. Son successeur partage ses vues. Mais le Japon est la terre des surprises. Et il n'est pas dit qu'après le règne du journaliste libéral, on ne doive pas assister, quelque prochain jour, au pays du Soleil Levant, à un retour offensif des dignes descendants des « hommes à deux sabres ».

JACQUES CARLES.

Lettre à M. H. G. Wells.

Monsieur et illustre confrère,

Un des principaux organes d'information de la presse française annonçait récemment à ses lecteurs qu'il allait leur permettre de prendre connaissance, dans notre langue des réflexions que vous inspire la conférence de Washington en même temps qu'elles paraîtraient dans la presse anglaise, dans la presse américaine et dans je ne sais combien d'autres pays.

Le premier de ces articles, « sensationnels » comme tout ce qui sort de votre plume, a paru en première colonne avec quelques coupures; le deuxième, en deuxième page avec des coupures visiblement plus longues et plus nombreuses; du troisième et du quatrième (dissimulés dans les environs de la publicité) il ne nous a été donné que des extraits très largements suffisants pour nous faire espérer que notre confrère s'en tiendrait à cette méthode et qu'ainsi il nous serait plus facile de ne pas nuancer d'impressions de plus en plus fâcheuses les sentiments d'admiration et de sympathie que nous voudrions conserver pour l'un des publicistes les plus éminents non seulement de l'Angleterre contemporaine, mais de la presse mondiale.

Voilà plus d'un quart de siècle, Monsieur Wells, que vous avez commencé de faire les délices de beaucoup d'entre nous. Vous possédez une admirable imagination qui s'est exercée pendant longtemps avec un merveilleux humour sur les thèmes les plus variés et les plus savoureux. Prenant pour point de départ une hypothèse scientifique plus ou moins plausible dans l'état actuel de nós connaissances, la développant et en dégageant les conséquences avec une ingénieuse fantaisie logique, vous nous avez fait faire dans le temps, l'espace et l'utopie, des promenades inoubliables. Et si en vous lisant les noms de Swift, de Dickens et aussi de notre Jules Verne, parfois de J.-H. Rosny, nous venaient à l'esprit, ce n'était pas pour diminuer votre originalité en vous comparant, mais par un besoin de vous situer dans notre admiration.

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fréquent qu'il soit dans l'esprit humain ne cesse pas d'étonner chaque fois que nous le vérifions sur un nouveau cas, votre intelligence, si merveilleusement agile à se mouvoir dans le domaine de la science, de l'imagination et de la spéculation philosophique, est complètement incapable de saisir les réalités politiques.

Et ceci pour une raison bien simple: c'est que dans ce domaine, au lieu de se guider sur les lumières de la raison, elle possède un credo. Ou plutôt un credo la possède.

Sur votre conscience pèse cette puissante hérédité puritaine anglo-saxonne qui, avec la formation jésuitique, est probablement l'empreinte la plus caractéristique, la plus indélébile que soit susceptible de recevoir la matière grise d'un homme blanc. Avec la même vigueur qu'elle modelait le cerveau des contemporains de Cromwell et des pèlerins du May Flower, elle vous domine. Un évangile placé en dehors des possibilités de votre critique dicte vos convictions comme jadis les national, de religiosité et d'humanitarisme : c'est la foi leurs. Il est constitué par un curieux mélange d'égoïsme pacifiste radicale-socialiste anglaise.

Vous gardez quand vous raisonnez politique tous les dons brillants de votre esprit. Mais vous avez sur le nez des bésicles qui vous font voir irrémédiablement de travers les réalités sur lesquelles vous raisonnez. Vous n'aviez aucune idée avant la guerre de ce qu'était la France et vous ne l'avez pas découverte depuis. Vous imaginez en 1914 une Allemagne qui n'existait pas; vous continuez à croire en elle. Vous n'êtes pas arrivé davantage, même en vous y promenant, à comprendre quelque chose de la Russie et de sa révolution. Dès qu'il s'agit de politique, vous partez de points de départ Et naturellement au fur et à mesure qu'elle développe erronés qu'ayant la foi vous êtes incapable de reviser. son vol, votre magnifique faculté logique ainsi déroutée divague davantage. Et vous en arrivez, dans les intentions les plus louables et dans la plénitude de votre conscience humanitaire, à développer les thèses les plus erronées et les plus dangereuses pour l'avenir même de la paix mondiale que vous rêvez.

De cette paix quelles peuvent être les assises? Peutêtre en ce moment il s'en esquisse à Washington quelques-unes. Nous pensons qu'en ce qui concerne l'Europe la plus substantielle est une loyale amitié francobritannique. Parmi toutes les épaves auxquelles, au lendemain du grand naufrage nous essayons de nous raccrocher, c'est elle qui nous offre le point d'appui le plus solide. Elle ne saurait exister et subsister qu'à condition que chaque pays ait une compréhension élémentaire de la mentalité et des besoins vitaux de l'autre et, confrontation faite, estime qu'ils peuvent s'accorder

avec les siens.

Vous joignez à votre imagination scientifique et logique une avide curiosité politique, sociale et métaphysique. Elle se dessinait dans votre œuvre avant la catastrophe de 1914 Le cyclone l'a surexcitée. Vous avez essayé dans la détresse universelle de sauver pour nous l'idée de l'amour, de Dieu, du progrès... Je sais peu de pages plus émouvantes et plus pénétrantes que certains passages de M. Brittling commence à voir clair, de Dieu l'invisible roi, de la Flamme immorteile et des Amission de froissements en somme secondaires qu'il conpassionnés.

Malheureusement, il ne vous suffit pas d'être un conteur puissant et original, un curieux essayiste et un philosophe attachant.

De tout temps se dessinait chez nous une vocation d'apôtre. Vous n'avez pas seulement à divertir l'humanité et à la faire réfléchir, mais à lui montrer sa voie. Ce devoir vous apparaît plus impérieux au moment où, après avoir failli sombrer, elle semble errer à l'aventure dans de terribles remous. Laissant de plus en plus de côté l'appareil de la fiction, vous vous êtes donc fait prophète politique.

Et c'est bien dommage. Car, par un contraste qui, si

Il est tout à fait naturel qu'en ce moment nos intérêts si variés et si enchevêtrés se heurtent parfois assez vivement avec ceux de nos voisins. Nous ne nous en étonnons pas, et nous ne leur en voulons pas de défendre les leurs avec vigueur, voire avec une certaine brutalité. Ce qui nous alarme, c'est de constater à l'occa

tinue d'exister dans une portion de l'opinion britannique une méconnaissance totale de la situation de la France et de son droit. Or, il faut avoir le courage de le dire il n'y aurait pour la France aucune possibilité de collaboration durable avec une Angleterre dont le « libéralisme » bochophile et socialisant se bornerait à reprendre en les camouflant les préjugés antifrançais d'un atavisme puritain demeuré foncièrement impérialiste sous son maquillage humanitaire.

C'est avec un peu de regret, monsieur Wells, que nous voyons votre plume se faire trop souvent son interprète.

Ne croyez pas d'ailleurs que ce regret diminue pour

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vous notre admiration. Nous qui ne cessons de choyer notre délicieux Anatole France, nous savons que quand Noé en vaut la peine il convient de jeter sur ses incartades un voile pieux.

Mais la foi collectiviste du bon maître de Jacques Tournebroche. est un de ces accidents de vieillesse qu'il serait absurde de prendre au tragique chez le plus avéré successeur de Voltaire. Nous autres Latins, nous avons tous, à tous les âges, un besoin de galéjade! On sait bien ce que ça vaut.

Tandis que vous, monsieur Wells, vous êtes un AngloSaxon, un homme sérieux. Faut-il désespérer que vous vous ressaisissiez? Prenez garde. Vous êtes sur la voie descendante qui mène aux prix Nobel. Beaucoup de vos admirateurs rêvaient mieux pour vous.

La Littérature

ANDRÉ LICHTENBERGER.

Une nouvelle histoire

de la littérature médiévale (1)

Le tome de l'Histoire, de M. Gabriel Hanotaux, qui est consacré à la littérature de notre pays depuis les origines jusqu'à Ronsard vient de paraître. M. François Picavet y a traité de la littérature en langue latine; M. Joseph Bédier des chansons de geste; M. Alfred Jeanroy de la littérature en langues provençale et française. Disons tout de suite que, théoriquement, il n'y avait aucune raison valable pour détacher ainsi les chansons de geste, quand on ne mettait pas même à part la littérature de langue d'oc, qui se comporte vis-à-vis de la française, jusqu'au XIIIe siècle, comme une littérature étrangère à tous les points de vue. Puisqu'il n'était pas possible de faire rédiger tout le volume par un seul auteur (ce qui eût été bien préférable, car les affinités de nos trois littératures eussent été mieux soulignées encore; malheureusement, les compétences étaient trop spécialisées), il eût été logique de confier à M. Jeanroy la littérature provençale et à M. Bédier la française. Mais il y avait une excellente raison pratique à procéder comme on a fait : c'est que M. Bédier n'a sans doute accepté que de parler des chansons de geste. Ah! comme on a raison de subordonner un peu, ici, la théorie à la pratique !

J'exagérais, il y a quinze jours, quand je disais que l'Ecole des chartes, puis la Sorbonne ont admis que l'histoire est une science pure: à vrai dire, je ne puis affirmer qu'il se soit trouvé quelqu'un pour soutenir cette énormité germanique; mais, en fait, on a procédé comme si on l'avait admise. L'histoire a une partie scientifique (jusqu'à un certain point) et qui se fait bien et commodément dans des laboratoires, dans des « séminaires >>> à l'allemande en pratique, presque tous les historiens sérieux, depuis quarante ans, ont agi comme s'ils considéraient que cette critique technique, c'est toute l'histoire. Leur mépris pour ce qu'ils appellent la « vulgarisation », et qui est la généralisation et la synthèse, est admirable, et le paraît davantage encore quand on songe que les quatre cinquièmes d'entre eux en sont incapables. D'autres, d'esprit plus large et moins débile, ou peut-être moins dilettantes tout simplement, qui pensaient que l'érudition ne se suffit tout de même pas, ont supposé que l'histoire pouvait être un simple compte rendu, un procès-verbal des données de la critique érudite, une simple juxtaposition de matériaux, où le talent, la personnalité du « généralisateur » n'avaient rien à voir. A-t-on assez (1) Gabriel Hanotaux, Histoire de la nation française, t. XII (Plon-Nourrit éd.).

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assez

entendu mépriser la «< littérature historique » chez les érudits toute littérature, bonne ou mauvaise!... Aussi, quand on voit M. Hanotaux donner d'importance à la personnalité, au talent de ses rédacteurs, pour faire quelque peu fléchir, peut-être, le plan général de son entreprise, on pousse un soupir de soulagement. Ah! certes, les dons personnels de tel ou tel historien, ses dons de penseur et d'écrivain, son art même ont de l'importance! Ce n'est que par sa base que l'histoire peut être une œuvre collective, anonyme; par sa cime, elle est littérature. Assurément, il fallait un peu arbitrairement détacher le chapitre des chansons de geste, si c'était le seul que M. Joseph Bédier consentit à traiter; il fallait avant tout ne pas se passer de M. Bédier, dont on devait attendre et qui a écrit, en effet, un magnifique morceau: son étude longuement méditée, nourrie d'idées, fort bien composée, purement et vigoureusement écrite, est fort belle (et je n'écris pas au hasard cet adjectif que l'on refuse couramment à tout ce qui n'est point poème ou roman, je ne sais pourquoi).

Je n'en dirai pas autant du travail de M. Picavet. Certes, M. Picavet est bien informé, et s'il a donné tant de place à la littérature gallo-romaine et carolingienne et si peu, en comparaison, à la littérature latine des XII-XIV siècles, qui, par son influence sur la française, tout au moins, présente tant d'intérêt; s'il a surtout passé bien superficiellement sur la latinité de la Renaissance, il avait sans doute à cela de bonnes raisons (qu'il ne donne pas); et nous les imaginons mal, mais c'est que, comme presque tout le monde, cette littérature si importante dans l'histoire intellectuelle de la France, nous ne la connaissons que très imparfaitement.

Cependant l'ouvrage de M. Picavet est d'une aridité surprenante, et sa critique intellectuelle et esthétique d'une indigence qui fait peine. C'est un sec répertoire de noms et de titres, une sorte de « catalogue méthodique », et l'on croirait vraiment que l'auteur n'a qu'à peine entr'ouvert les ouvrages qu'il cite, tant c'est de leur extérieur (pour ainsi dire) qu'il nous parle. Non seulement il s'interdit toute vue esthétique (ou celles qu'il énonce sont si banales que c'est tout comme), mais encore il s'abstient de toute considération un peu large sur le Il avait pourtant là le plus magnifique sujet, et qu'il falsens, la portée, le mouvement des œuvres et des esprits. lait une érudition, une préparation comme les siennes pour traiter. Il n'y a pas fort longtemps (c'est depuis M. Bédier, qui a frayé la voie) qu'on s'est avisé que l'origine de notre littérature française est, non point dans on ne sait quel folk-lore germanique (d'ailleurs hypothétique), mais tout simplement dans notre littérature latine du moyen âge. M. Picavet, sans doute, ne pouvait pas, dans un ouvrage de vulgarisation, faire avancer la science au delà des résultats où les spécialistes l'ont menée, et nous ne lui reprocherons pas de n'avoir rien apporté de nouveau dans cet ordre d'idées. Pourtant son devoir était au moins de dégager l'esprit de notre si riche littérature latine, de montrer les courants d'idées qui y circulent, de nous parler de sa valeur littéraire, que sais-je! Il s'est borné à énumérer sous un certain nombre de rubriques les oeuvres et les hommes. Son travail, ensemble appliqué et superficiel, rendra quelques services techniques et scolaires aux élèves de l'Ecole des chartes; mais il est bien douteux qu'il intéresse le large public auquel il était destiné. L'histoire de la littérature latine du moyen âge reste à traiter. Hélas! il faudrait pour cela un érudit qui fût en même temps un historien, c'est-à-dire un critique et un écrivain, et bien tion comme un moyen et non comme une fin. rares encore sont les philologues qui considèrent l'érudi

Le travail de M. Jeanroy est fort supérieur à celui de M. Picavet. Aussi bien informé, il est beaucoup moins ennemi des idées : ce n'est pas un simple répertoire méthodique. Toutefois on y pourrait souhaiter plus

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a Su

d'originalité dans les idées. Tant qu'il s'agit de la littérature du moyen âge, la critique scientifique et «< érudite » importe au moins autant que la critique des idées et la critique de goût; mais lorsqu'on arrive à la Renaissance, la timidité intellectuelle de M. Jeanroy n'apparaît que trop son livre n'est plus qu'un assez faible résumé des considérations littéraires les plus rebattues. Vraiment, M. Jeanroy est un peu trop comme ces honnêtes gens qui ne veulent pas être remarqués.

Un autre morceau de son ouvrage qui paraît assez faible est celui où il traite de la littérature provençale. Non, certes, que M. Jeanroy ne la connaisse à merveille, et pour cause. Mais je défie bien qui que ce soit d'en apprécier la valeur esthétique et la portée générale après avoir lu ce qu'il en dit. On a toujours été intrigué par le « platonisme» de cette poésie lyrique. Peut-on dire « platonisme»? C'est là justement une question intéressante; mais M. Jeanroy ne paraît pas la soupçonner. Quels en sont d'ailleurs les caractères généraux, le sens intellectuel et moral? Quelle en est la qualité artistique? L'auteur ne s'en préoccupe guère : il énumère, il cite, il donne quelques détails biographiques sur les principaux auteurs, et voilà tout. Ici, M. Jeanroy ressemble trop à son collaborateur M. Picavet. Ii oublie trop qu'il s'adresse, non pas à des étudiants en philologie qui ont besoin d'un cadre d'érudition, mais à de simples lettrés qui sont curieux du fond et du contenu. Ce n'est pas qu'il soit technique, mais c'est qu'il se montre trop peu curieux de l'art littéraire. En somme, après lui, il faut encore recourir à Raynouard, dont l'ouvrage archidépassé, presque légendaire, date de plus d'un siècle. Une véritable histoire (non un simple répertoire) de la littérature provençale au moyen âge, cela ferait un beau sujet de thèse; mais il faudrait que la Sorbonne revînt un peu (non point certes tout à fait) à son esprit d'autrefois.

De même M. Jeanroy ne nous fait pas apparaître très clairement les grands courants d'idées du moyen âge et de la Renaissance, ni comment ils animent les œuvres. J'entends bien que son sujet n'était pas d'exposer la querelle des universaux! Mais, de même qu'on ne saurait traiter du classicisme sans parler de Descartes, de même il est bien difficile de traiter du moyen âge sans faire la moindre allusion à l'esprit de saint Thomas ou de Gerson, et de la Renaissance sans s'occuper du néoplatonisme. Et, tout au moins, comment ne pas considérer les points de vue moraux de telle ou telle époque, quand ils sont singuliers? Une partie de la littérature, à la fin du XV° et surtout au XVIe siècle, a tourné autour de ce qu'on a appelé la Querelle des femmes. Pour les tenants de la tradition « gauloise » et ecclésiastique, la femme n'est que la bête de péché, l'être trompeur entre tous, malfaisant, rusé, contredisant, pervers, obstiné; ainsi apparaît-elle dans les fabliaux, les mille histoires salaces et joyeuses dont les Cent nouvelles nouvelles, que tout le monde connaît, offrent le type. Au contraire, dans la poésie lyrique provençale, dans les romans bretons l'amour est un principe de perfection. C'est la grande querelle qui se développe à travers le moyen âge, le XVI et le XVII° siècle jusqu'aux classiques. Il serait bien exagéré, naturellement, d'en faire le pivot de la littérature. Néanmoins, au XVe et surtout dans le deuxième tiers du XVIe siècle, sous l'influence du néo-platonisme, qui se répand vers 1530-1540, elle prend une importance considérable. Il aurait été intéressant de suivre ce courant d'idées entre beaucoup d'autres, de montrer comment au XVI° siècle la tradition «<courtoise » et le néo-platonisme se composent dans la conception de l'amour qui inspire tant d'oeuvres, et jusqu'à l'Astrée, et jusqu'à Corneille. Mais c'est un peu du dehors, en quelque sorte, que M. Jeanroy fait parfois son histoire. Ses catégories sont assez scolaires (comme la division des romans « antiques », « bretons »

et « d'aventure » au XIIe siècle), et il n'aurait pas dû suffire qu'elles fussent traditionnelles pour qu'il les acceptât toujours son rôle justement était de refondre quand il y avait lieu et d'apporter du nouveau, sinon dans les faits, dans les idées. On aimerait, encore une fois, que son manuel fût un peu plus neuf dans l'ordre des idées.

X

Si l'on osait faire quelque objection de détail à un s'il a vraiment parcouru les romans bretons dont il romaniste de sa valeur, on se risquerait à lui demander parle. Leur origine est certes bien loin d'être rigoureusement élucidée. M. Clédat disait qu'ils sont bretons «< comme Hernani est une pièce espagnole ». C'est vague, mais assez juste. Assurément, à leur origine, ils sont des traditions celtiques; assurément aussi, celles-ci ont été amalgamées, refondues, interprétées selon le goût français; mais dans quelle mesure? C'est ce qu'on ne peut le trouble où il nous laisse; tout de même, il entre bien encore déterminer. Ne reprochons pas à M. Jeanroy, peu dans la question.

Et Chrétien de Troyes, quelle erreur de lui reprocher l'irréalité de exemple! Parlant de ses romans, M. Jeanroy finit, sans ses personnages, de son Lancelot, par s'en apercevoir, par prendre le mot au sens moderne. Mais la Charrette, par exemple, ce n'est rien moins qu'un roman réaliste et psychologique : c'est un poème, et c'est à sa valeur poétique qu'il faut juger un personnage comme le héros de la Charrette, non à sa vraisemblance psychologique.

Mais surtout, comment M. Jeanroy peut-il écrire que le grand Lancelot en prose « nous déconcerte par son incohérence ». C'est énaurme, aurait dit Flaubert. Bien loin de là, il n'est peut-être pas dans toute notre littérature un roman aussi cohérent, relativement à sa grandeur. Si l'on considérait la Comédie humaine, selon le vœu de Balzac, comme un seul roman, on y trouverait sans doute plus d'incohérence que dans le Lancelot. Le gigantesque roman du XIII° siècle est machiné aussi soigneusement et méticuleusement qu'une pièce de Scribe ou de Sardou, et l'auteur en prépare les péripéties à des milliers de pages de distance. Il y a quel ques fautes de raccords, sans doute, mais bien rares, aussi rares, encore une fois, que dans la Comédia humaine. Que si, même, on met à part les exploits chevaleresques et les enchantements (dont il n'y a guère, au reste, en dehors de la partie qu'on intitule « Merlin et ses suites »), l'oeuvre ne manque pas de vraisemblance et même d'un certain réalisme que M. Jeanroy se rappelle les délibérations féodales, (notamment après la mort du duc de Tintagel), les repas, les fêtes, les guerres, les voyages mêmes, où l'on nous dit comment le héros mange, couche, où l'on nous parle de ses bagages, de ses chevaux, de ses écuyers, où la chronologie même est si vraisemblable... C'est dans les romans chevaleresques postérieurs, que l'on voit ces chevaliers errants, raillés par l'auteur de Don Quichotte, qui ne boivent pas, ne mangent pas, ne dorment pas, ni ne connaissent aucune des nécessités matérielles de la vie ; ceux du Lancelot sont en chair et on nous le dit fort bien parfois presque trop bien.

M. Ferdinand Lot a écrit un livre sur le Lancelot en. prose (1) pour établir que cet ouvrage est tout entier de la même main, en dehors de sa deuxième partie (Merlin et ses suites); et le principal argument de M. Lot, c'est qu'il lui semble qu'un ouvrage machiné d'une façon si compliquée, dont les ficelles sont si nombreuses et si bien combinées ne saurait être que l'oeuvre d'un seul auteur. M.Jeanroy, qui ne reconnaît pas, justement, cette parfaite composition, puisqu'il nous parle de l'incohérence de l'œuvre, admet néanmoins les conclusions de M. Lot, et à (1) Champion éd.

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ce point qu'à peine daigne-t-il mentionner le Merlin en note, alors qu'il analyse longuement le reste du roman. Cela ne saurait s'expliquer que d'une façon: M. Jeanroy a lu le commentaire du critique, mais il n'a pas lu l'original. Car ce dédain du Merlin est tout à fait injustifié : c'est là non seulement une pièce essentielle du livre, mais encore c'en est la partie, sinon la mieux faite, du moins la plus variée, par endroits la plus poétique, et au total l'une des meilleures. M. Lot, au reste, ne dit nullement que c'est pour des raisons esthétiques qu'il écarte le Merlin il l'écarte parce qu'il le considère comme une interpolation dans le roman, dont le reste (à ses yeux) est l'œuvre d'un auteur unique. Et, en effet, on reconnaît sans conteste dans le Merlin plusieurs mains différentes. Mais que l'Histoire du Graal, le Lancelot proprement dit, la Quête du Graal et la Mort d'Arthur soient d'un même et seul écrivain, quand ils diffèrent comme ils font par l'inspiration et le ton, que même le Lancelot propre ne révèle pas plusieurs auteurs, c'est ce qu'il est tout à fait impossible d'accorder à M. Lot: si l'histoire se poursuit sans contradictions de détails (ou presque car il y en a tout de même d'assez graves) d'un bout à l'autre de l'immense ouvrage, cela prouve seulement, si l'on veut, que les raccords ont été très soigneusement établis. En tout cas, et quoi qu'il en soit, M. Jeanroy néglige le Merlin et ses suites, qui est une partie essentielle du roman et l'une des meilleures, pour cette seule raison M. Lot n'en a rien dit : c'est certain. que

On a ainsi parfois l'impression qu'il a moins étudié les textes dont il parle que les critiques qui les ont examinés avant lui; et vraiment c'est là un bien grand défaut. Non, en aucun cas un critique, un historien littéraire, ne doit donner une impression esthétique qui ne lui appartienne en propre! Qu'il se renseigne, sans doute mais qu'il soit sincère ! Les considérations de M. Jeanroy sur la Renaissance et la Réforme, qui manquent un peu de profondeur, ne sont même pas des réflexions personnelles. Mais Rabelais même, on en vient à se demander s'il l'a seulement lu et médité : de même qu'il discourt surtout du Lancelot d'après M. Ferdinand Lot, ne parle-t-il pas surtout de Rabelais d'après un ouvrage de M. Jean Plattard (1)? Ce manque de fraîcheur, de sensibilité, d'originalité, c'est souvent le plus fâcheux défaut des critiques professeurs : il y a pour eux une sorte de vérité officielle, de vulgate esthétique. M. Plattard publiait son excellente thèse en 1910: son attention n'avait pas été fort attirée vers des découvertes, alors toutes nouvelles, dont il n'a pas entrevu les conséquences: elles prouvaient la place considérable tiennent les souvenirs d'enfance de Rabelais dans Gargantua et, si on les rapproche des conclusions sur le Tiers Livre et la querelle des femmes, et aussi des éléments géographiques des Quart et Cinquiesme Livres, elles ouvrent un jour nouveau et véritablement passionnant sur le réalisme de maître François. Mais M. Jeanroy ne se risque guère à penser par lui-même. Ses considérations sur les héros rabelaisiens, la composition esthétique, la philosophie, rien de tout cela, pas un mot, il ne l'a trouvé. Et lorsqu'il écrit que les personnages secondaires de Rabelais ne sont que de « simples caricatures » (et le malade imaginaire, alors, et le bourgeois gentilhomme, et l'avare, et Tartuffe même, ce sont aussi des « caricature » ?) cette bizarre appréciation même n'est pas de lui. Il y a ainsi mille points de détail où l'on pourrait montrer que M. Jeanroy pense de seconde main (si j'ose m'exprimer ainsi). Son manuel n'en est pas moins agréable et, pour autant qu'il m'est possible d'en juger, bien informé.

JACQUES BOULENGER.

que

(1) L'Euvre de Rabelais; sources, invention et composition(Champion éd.).

Le Théâtre

"Comédienne"

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"Le Verbe aimer Robert Macaire"

99

Un sujet neuf, une pièce bien faite et bien jouée. De l'inattendu, de la gaîté, de l'esprit et de l'émotion. Tout cela c'est Comédienne, comédie en trois actes de MM. Jacques Bousquet et Paul Armont, qui vient de remporter un très grand succès au Théâtre, des Nouveautés.

Nous nous résignons tous à vieillir, il le faut bien, avec plus ou moins de bonne humeur. La comédienne, elle, ne peut accepter de jouer sur les scènes les rôles que successivement nous remplissons dans la vie. Au théâtre, on garde en général pendant toute sa carrière le même emploi; ceux et celles qui évoluent sont très rares. On naît duègne ou jeune première. Il n'y a pas d'exemple, je crois, qu'une duègne se soit mise vers la cinquantaine à jouer les ingénues; c'est dommage, car à cet âge, et même bien au delà, les ingénues continuent. Cependant, si quelques duègnes encore un peu fraîches prenant ce rôle à côté de certaines « premières » qui ne sont plus jeunes, peut-être ne seraient-elles point si ridicules. Elles rendraient, ces ingénues pleines d'expérience, l'âge de la grande coquette vraisemblable, à cause du principe des relativités!

par

Les auteurs de Comédienne ont voulu nous montrer une actrice assez clairvoyante et assez intelligente pour tâcher d'éviter le cramponnage pénible et ridicule d'une femme qui ne veut pas changer d'âge. Ils ont développé, en trois actes pleins d'imprévu, l'essai loyal de retraite tenté Nicole Valtier. Ils nous ont montré l'échec de cette tentative, évidemment prématurée. On se décide toujours trop tôt ou trop tard à s'en aller. Sentir l'instant où personne ne vous retient plus, avant que l'on ait songé à souhaiter votre départ, c'est déjà très difficile dans la vie. Mais au théâtre, où tous vos contemporains se liguent pour célébrer votre éternelle jeunesse, comment s'apercevoir qu'il est minuit, et que, telle Cendrillon, vous allez, dépouillée de prestige, paraître ce que vous êtes, une aïeule ?

Nicole Valtier a reçu deux avertissements qui l'ont durement frappée. Son amant la quitte pour se marier: un de ses meilleurs rôles, son grand succès de jeunesse, est repris par une débutante, Lucette de Roissy. Nicole décide de quitter le théâtre et, dans une lettre publiée par toute la presse, elle fait part au public de cette résolution. Nicole a un fils dont elle ne s'est jamais beaucoup occupée. Il vit en Angleterre et n'a pas vu sa mère depuis six ans. Il accourt à l'appel de celle-ci et apprend avec un léger étonnement qu'elle désire se consacrer désormais tout entière aux joies de la maternité. Nicole lui explique ses projets : elle va l'emmener à Biarritz, ils ne se quitteront plus, elle lui trouvera une situation agréable à Paris, etc. Le jeune homme l'écoute, assez embarrassé, et finit par lui avouer que, se trouvant un peu seul dans la vie, il a épousé, voilà déjà quelques années, une petite danseuse anglaise dont il s'était épris. Nicole fait bien un peu la grimace en découvrant qu'elle a deux enfants au lieu d'un, mais elle se reprend vite et, apprenant que sa belle-fille est venue, elle aussi, à Paris : « Va la chercher », dit-elle à son fils. « Je vais les chercher, s'écrie-t-il, j'ai aussi un enfant » Nicole s'écroule anéantie, elle est grand'mère !

A ce coup, ses projets sont changés. Se retirer à Biarritz en jeune maman, c'était bien; mais avec toute une famille, c'est trop ! Aussi décide-t-elle d'aller passer l'été dans un petit trou, à Villeseneuse, où un oncle lui légua une maison de campagne.

Au second acte, Nicole est heureuse, sa belle-fille s'ennuie, son fils aussi, sa femme de chambre aussi.

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Un vieil ami qu'elle a chargé de ses affaires en son absence, vient la relancer et lui démontrer que sa résolution est absurde. Lucette de Roissy a subi un échec retentissant dans le rôle créé par Nicole, chacun la réclame et la regrette. François Le Breuil a rompu ses fiançailles et ne se résigne pas à vivre sans Nicole. Bref, tout le monde, même le vieux curé de campagne, qui a découvert la véritable personnalité de sa nouvelle paroissienne, la pousse à rentrer à Paris et à revenir sur ses résolu

tions.

Là-dessus, François Le Breuil lui-même paraît. Il trouve Nicole seule, les enfants se promènent en auto, il tâche de la reprendre, elle refuse et finit par lui dire * qu'elle a un amant, plutôt que de lui avouer qu'elle a un petit-fils.

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Il y a un troisième acte... Les deux premiers sont délicieux, mouvementés et intéressants; le dernier l'est davantage encore. Ce n'est pas le moindre mérite de cette comédie de nous amuser et de nous surprendre jusqu'à la dernière scène et, l'on peut le dire, jusqu'au dernier mot. Il serait dommage de le raconter, et lorsque des auteurs ont trouvé une aussi jolie fin, le rôle du critique consiste à conseiller de l'aller voir et non à déflorer un effet qui fut très grand et très applaudi à la z répétition générale. Le dialogue est charmant, les mots abondent; le rôle du vieux curé, qui donne à la pièce une note un peu vaudevillesque, est si bien venu et si bien joué qu'il serait dommage qu'il ne fût point là.

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de Rus

Mme Gabrielle Dorziat, dont le rôle est écrasant, s'en est tirée avec succès. Elle joue avec infiniment de mesure et d'intelligence. Les autres rôles sont bien tenus par Mmes Denise Grey, Irène Wells, Daubray-Joly, et MM. Candé, Capellani, Gildès, Cahuzac et Louvigny. Le meilleur fut cependant le petit Roger dans le rôle

d'Archie, cinq ans. Ce petit phénomène est si bien doué

que l'on entendait murmurer: « C'est Guitry enfant ! »

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Porte

Comme je me suis fort ennuyé à Robert Macaire, drame burlesque et satirique de M. Maurice Lauday, représenté en ce moment à la Porte-Saint-Martin, j'eus la curiosité de lire la pièce de MM. Benjamin Antier, Saint-Amand, Frédérick Lemaître et Paulyaute remaniée par MM. Philippe Gille et William Busnach! Pourquoi donc s'attaquer à l'œuvre de tant de gens! C'est du Guignol évidemment, mais certainement plus drôle que le spectacle qui se déroule actuellement à la Saint-Martin où l'on bâille malgré la présence de M. Max Dearly, malgré la mise en scène pittoresque, malgré les costumes réussis et variés... Il faut reprendre telles quelles les vieilles célébrités. Accommodées goût du jour leur charme suranné devient un retapage. On lit dans les souvenirs de Théodore de Banville : « L'Auberge des Adrets, telle que la transfigura la puis«sante imagination de Frédérick Lemaître, devint le << premier drame romantique dans le vrai sens du mot, «c'est-à-dire cruel et ironique, poétique et bouffon. « Au lieu de rester le criminel tout d'une pièce comme « Le cruel Spalatro, Robert Macaire, modelé à nouveau << par son interprète, devint un forçat moraliste, un « dandy en guenilles, un fantoche féroce, charmant, «< insensé, faisant tenir dans le cadre de sa vulgaire «< tragédie une vaste satire littéraire et politique et « mille aspirations ».

au

L'adaptation nouvelle du personnage de Robert Macaire est inutile et terne. Il eût fallu moderniser com

Le théâtre des Mathurins nous donne le Verbe aimer, plètement le personnage; peut-être alors M. Max comédie en trois actes de M. Pierre Mortier.

Un homme aime deux femmes, c'est tout simple, l'une est sa légitime épouse, l'autre sa maîtresse. Celle-ci ne le trompe point, tandis que sa femme a pour amant Claude, l'ami, le meilleur ami, le seul ami du mari.

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Tout ceci, pensez-vous est tout à fait normal. Les premiers mots échangés sont des injures, la toile se Elève, une femme, Jeanne, fait une scène à un homme ; elle l'accable de reproches, sanglants ou amers, comme vous voudrez, et pourquoi? Parce que son mari la trompe; l'homme, c'est Claude, c'est l'ami, et il subit la mauvaise humeur de Jeanne, furieuse d'apprendre les frasques de son époux. Claude est un charmant homme désireux avant tout de faire plaisir à chacun. — « Tu n'aimes que ton mari, dit-il à Jeanne, je vais te le ramener. » Au second acte, il est chez la maîtresse, Germaine, et lui persuade de quitter Robert qui est au fond très malheureux d'être ainsi tiraillé entre deux femmes dont il dit lui-même : « Je les aime toutes les deux E également. Elles m'aiment toutes les deux et m'ennuient également toutes les deux. » Germaine bonne fille se laisse persuader. Claude satisfait revient chez Jeanne et lui annonce le succès, elle lui saute au cou et même sur les genoux pour mieux le remercier. Robert entre, voit, comprend et dans une dernière scène qui n'est pas très réussie, quoique l'idée en soit jolie, il dit tristement adieu à son ami de toujours.

تمانی حرام

Ces trois petits actes sont pleins d'observations amusantes et leur conclusion bien que difficile à faire passer au théâtre ne m'aurait pas déplu si le sujet avait été traité autrement, mais le public, venu pour rire et placé brusquement devant une scène où tout devrait être finesse

et sensibilité, est un peu déconcerté. Il me semble que M. Pierre Mortier aurait pu développer davantage son

Dearly l'eût-il interprété avec autant d'éclat et de fantaisie que Mon Bébé ou Le Bois sacré.

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"Le mariage de Télémaque"

Mozart a composé l'Enlèvement au Sérail en 1781. Il venait de quitter le service de l'archevêque de Salzbourg. Il était fixé à Vienne, il était fiancé, il avait vingt-cinq ans, il était heureux. Ces années sont les plus belles de sa vie. L'œuvre fut jouée le 12 juillet 1782, et le succès fut éclatant.

L'Opéra, qui avait monté cet ouvrag en 1903, vient de le reprendre. Il suffirait de signaler cette reprise, s'il n'y avait pas, pour surprenant que ceci puisse paraître, une actualité de Mozart. Il peut sembler étrange, au premier aspect, qu'il y ait une corrélation entre le génie en apparence si limpide de Mozart, et la sensibilité de notre temps. Il faut donc s'expliquer.

La musique, au moins si je ne me trompe, après avoir passé par une phase de grande complexité, revient à une simplicité apparente, qui a commencé par l'extrême raffinement, et qui se rapproche maintenant des formes populaires. Comment faut-il interpréter ce revirement ? Autant qu'on en puisse juger, comme une tentative pour rapprocher l'art de la vie. On fuit le développement d'école ; on cherche les sources d'inspiration dans le lyrisme du peuple, et du populaire on va au comique,

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