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L'anglais langue diplomatique

Notre rédacteur en chef a reçu de M. Julien Benda la lettre suivante que nous sommes heureux de publier : Mon cher ami,

Je vois que la perte pour le français de son privilège de langue diplomatique, l'adjonction qu'on lui fait de l'anglais, n'affecte pas également tous nos concitoyens. M. Albert Thibaudet, dans un récent article d'ailleurs fort suggestif (1), en prend son parti et nous convie à le prendre comme d'une chose, en somme, légitime. J'ose dire que ses raisons m'étonnent un peu.

10 Nous devons, déclare notre confrère, supporter la promotion au rang de diplomatique d'une langue que parent cent cinquante millions d'hommes, alors que cinquante millions à peine emploient la nôtre. J'avoue que ette conception, qui admet que le choix de la langue a plus convenable à des débats intellectuels soit fondé ur le nombre de ceux qui la parlent, me semble inattenHue d'un homme de lettres.

Du moins, ce criterium est-il, en quelque mesure, 'ntellectuel. M. Thibaudet plaide la cause de cent cinuante millions d'hommes qui parlent l'anglais, mais urtout qui le lisent (encore que la lecture dont il fait état soit de journaux et de romans). Mais où je deneure confondu, c'est quand notre confrère nous prêche 'admettre l'anglais comme langue diplomatique parce que « la masse qui le parle occupe les régions les plus Fiches du globe », parce qu'il est « la langue du commerce mondial ». Est-ce un écrivain que j'entends? ou M. Poirier ?

(1) Publié dans l'Opinion du 12 novembre.

Notre distingué confrère nous dit encore qu'une des raisons de nous résigner, c'est qu'aujourd'hui « il n'y a plus d'Europe, il y a la planète entière» et que « la place que la France et la langue française occupaient dans l'Europe du dix-huitième siècle, l'Angleterre, la race anglo-saxonne et la langue anglaise l'occupent aujourd'hui sur la planète ». On a souvent dénoncé la décadence de la philosophie allemande, qui, autrefois, avec Hegel, n'avait d'estime pour les nations de l'histoire qu'en raison de leur civilisation, nullement de leur étendue, abaissant l'empire romain devant Athènes et la Chine devant la plus petite république italienne, et qui maintenant, avec Ratzel et Lamprecht, tient en honneur les « empires de l'espace ». On se demande parfois si ce mouveinent n'aurait pas irradié de notre côté du Rhin.

Au surplus, si c'est le nombre de ceux qui la parlent, la masse des affaires qu'elle brasse, l'étendue des terres qu'elle régit qui doivent déterminer le choix d'une langue diplomatique, il y a longtemps que la nôtre aurait dû perdre son privilège; l'Angleterre depuis le dixhuitième siècle, l'Allemagne pendant près de cinquante ans avaient tous les titres voulus pour le lui arracher. Pourtant elles ne le faisaient pas; elles n'y songeaient même pas. Une fois de plus, c'est à l'heure où sombre une institution qu'en apparaît toute la beauté. C'était beau lorsque, aux congrès de 1815, de 1871, de 1878, des nations toutes-puissantes et d'étendue immense adoptaient, pour causer, la langue d'une autre plus petite et plus faible mais dont la civilité leur semblait supérieure. C'était beau cet effacement de Caliban devant

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Ariel. Quelle hauteur de civilisation tombe avec cette coutume!

M. Thibaudet compare l'anglais, s'adjoignant au français comme langue politique, à un petit frère qui nous viendrait et auquel nous devons faire bonne figure. Je le comparerais plutôt à un grand frère qui depuis longtemps nous cédait le pas malgré notre infériorité physique mais par sentiment de notre valeur spirituelle, et qui un matin déclarerait : « Après tout, je suis plus grand que toi; j'en ai assez de te respecter »>.

Je l'avoue ce qui m'attriste en cette affaire, c'est moins la perte d'un privilège français que la disparition dans le monde d'un grand hommage de la force à l'esprit, d'un haut symbole d'élégance morale.

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M. Thibaudet croit devoir se retenir de reconnaître à notre langue une supériorité intrinsèque ; il craint de ressembler au hibou plaidant pour la beauté de ses petits. C'est là une preuve de plus que la passion de l'impartialité peut être une source d'erreur tout comme une autre passion. La valeur du français, comme organe de la diplomatie, de la conversation, de l'amitié, en un mot des rapports civils entre humains, est si peu une illusion de notre chauvinisme qu'on ne compte plus les étrangers qui l'ont proclamée. C'est une plume d'outreRhin, c'est un docteur de Saxe-Cobourg qui écrivait, en 1667, que, « de même que le latin est la langue des lettres et des sciences, le français est la langue de la politique ». Charles-Quint disait déjà: « Je parle français à mes amis », et M. Ferdinand Brunot a trouvé dans un manuel allemand de 1710 ce dicton : « Avec les dames il faut parler français, c'est-à-dire aimablement et amicalement » (le dicton ajoute : « avec l'ennemi on parle allemand »). C'est, de notre part, faire œuvre d'observateur, nullement de patriote forcené, que de reconnaître la politesse en quelque sorte matérielle de notre langue, le merveilleux affranchissement où elle a su atteindre de tout ce que l'articulation humaine comporte naturellement d'agressif et donc d'antisocial, surtout l'admirable libéralisme, si l'on ose dire, qui se trouve inscrit dans sa syntaxe. Voltaire ne fait qu'une constatation objective quand il note la civilité qu'exprime la disparition, dans notre prononciation, de tant de dures consonnes, quand il dit : « De lupus on avait fait loup, et on faisait entendre le p avec une dureté insupportable. Toutes les lettres qu'on a retranchées depuis dans la conversation, mais qu'on a conservées en écrivant, sont nos anciens habits de sauvages » ; ou encore quand il déclare qu'en remplaçant aimoient, croyoient par aimaient, croyaient, nous avons substitué «< un langage d'hommes à un croassement de corbeaux »>. De même Proudhon ne fait qu'émettre une vue juste et singulièrement profonde - dans ces lignes enflammées : « Le français est la forme la plus parfaite qu'ait revêtue le verbe humain. Une articulation nette, ferme, posée, débarrassée des sons gutturaux, des sifflements, de tous ces jeux de larynx dont se compose le chœur de l'animalité bêlante, mugissante, grognante, soufflante, hurlante, miaulante et croassante; une prononciation, enfin, comme les anciens la rêvaient pour les dieux; qui parlaient sans grimace, ore rotundo; voilà ce qui distingue notre langue parlée... Quant à la grammaire, une correction sévère, la limpidité du diamant; une phrase qui, sans exclure l'inversion, va de préférence du sujet à l'objet, du moi au non-moi, image vivante de la souveraineté de l'esprit sur la nature, par suite de l'indépendance de l'homme vis-à-vis de l'homme. >>

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Notre confrère nous oppose les corruptions du français actuel, les barbarismes qui y foisonnent. Le fait est hélas! indéniable; mais n'en exagérons pas l'importance. L'essence de notre langue demeure et l'étranger, j'en

suis convaincu, persiste à la sentir. Mais cette sensibilité passe maintenant, chez lui, après l'orgueil national.

Il s'agit toutefois, ici, d'une forme particulière de l'orgueil national et assez récente dans l'histoire. La revendication de l'Angleterre pour sa langue est un symptôme de plus de cette volonté qu'ont maintenant les nations de se signifier dans le monde par l'affirmation de leur culture, de leur âme spécifique.

On peut dire que, jusqu'au siècle dernier, les nations ne songeaient à se poser, vis-à-vis des autres et d'ellesmêmes, que par des valeurs temporelles (étendue de territoires, puissance des armes, richesse des villes, etc...). L'idée de s'affirmer, surtout dans leurs rapports réciproques, par leur valeur spirituelle, leur venait si peu qu'on ne compte plus les cas de nations admettant dans leur sein des cultures étrangères et même les révérant : Rome s'inclinant devant l'hellénisme, les souverains germaniques devant la civilisation romaine, Louis XIV tolérant en Alsace l'emploi de la langue allemande, etc... On voyait même des nations accueillir la culture de celles qu'elles combattaient par exemple, au XVII siècle les petits Etats de l'Allemagne, pendant leurs guerres avec la France, adopter plus que jamais nos modes et notre littérature. On peut dire que, durant vingt sièdes, la conscience des nations, jusque dans leurs chocs réci proques, n'était faite que du sentiment de leur être matériel.

Au siècle dernier tout change. Du fait que le sentiment de patrie descend dans les couches profondes des nations, celles-ci se mettent à se sentir, non plus seule ment dans leur être matériel, mais dans leur être moral; elles se mettent à s'affirmer dans l'étreinte de leur langue, de leurs écrivains, de leurs artistes, de leurs philo sophes. Inaugurée formellement par l'Allemagne e 1813, avec Fichte et ses Discours à la nation allemande, portée par elle on sait à quel ton en 1870 et depuis, cette nouvelle conscience nationale s'est propagée à toute l'Europe; en particulier chez nous, depuis cinquante ans, (grandement par réaction contre nos voisins), l'affirmation de la France et de ses aspirations temporelles est devenue inséparable de l'exaltation de son âme et de ses produits. Combien grave est ce changement survenu dans la conscience des nations, quel accroissement il donne à la surface de l'orgueil national et, par suite, à sa susceptibilité, quelle profondeur de passion toute nouvelle il porte dans l'exercice du patriotisme, quelle âpreté dans la lutte des peuples, on l'a vu pendant cinq années et cela ne fait que commencer. La poignante prédiction d'Ashley Bell dans l'Aube ardente se réalise « Les patries seront alors véritablement ce qu'elles doivent être, ce qu'elles ne sont pas encore des personnes Elles éprouveront de la haine ; et ces haines causeront des guerres plus terribles que toutes celles qui ont été vues jusqu'ici » - parce qu'elles seront des guerres de personnes.

L'Angleterre semblait avoir échappé un changement, être restée assez romaine, se contentant de peu à a valoir dans le monde par sa puissance de fait, laissant au continent plus chimérique la rivalité des cultures. Le geste qu'elle vient de faire prouve qu'elle est gagnét qu'elle entend, elle aussi, compter par sa langue, par son âme.

Mais que dites-vous du sarcasme du sort qui veut que cette accession d'un des plus grands empires à u si grave surcroît d'orgueil national se produise à l'occa sion d'un Congrès pour la paix ? Dieu se désintéresse peut-être du monde, comme voulait la sagesse antique ; mais certainement pas Satan.

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Votre dévoué

JULIEN BENDA.

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CE QU'ON DIT

H! s'il y avait dans la bourgeoisie un scandale analogue à celui qui s'épanouit en ce moment dans les milieux socialistes, qu'est-ce que diraient les journaux démagogues!

On se rappelle l'histoire; nous l'avons contée tout au long dans le numéro du 22 octobre. Zalewsky, envoyé des Soviets pour la propagande en France, fut incarcéré à la Santé. Il y rencontra Paul Meunier, à qui il conta que les fonds versés par lui à divers communistes, ceux-ci les avaient gardés pour eux au lieu de les verser dans la caisse du parti. Paul Meunier raconta à son tour ce que lui avait dit Zalewsky: de là le scandale. Naturellement, les communistes accusés protestent, les anticommunistes jubilent et les spectateurs s'amusent.

Trois des communistes qui avaient révélé le pot aux roses et qui accusaient les chefs ont été exclus du parti: il est plus commode, en effet, d'excommunier ses accusateurs que de se justifier. Et jusqu'à présent les chefs soupçonnés n'ont répondu que par des injures et se sont abstenus de toute explication. C'est qu'apparemment elles sont bien difficiles. Notons d'ailleurs que l'un des accusateurs déclare qu'il refuse de comparaître devant la commission des conflits, parce que tous ceux qui la composent ont touché de l'argent.

Quoi qu'il en soit, il y a certains faits dont on aimerait d'avoir l'explication. Zalewsky a été remis en liberté lors de l'acquittement qui a terminé le procès des communistes. Or, cet acquittement remonte au 18 mars, et ce n'est que le 4 mai que Zalewsky fut l'objet d'une ordonnance de non-lieu. Dans l'intervalle, René Reynaud, messager de Zalewsky en Russie, avait été arrêté à la frontière française, et des papiers compromettants avaient été trouvés sur lui. Précisément, le 5 mai, Marcel Cachin qui pourtant ne manque guère les occasions de manifester son antimilitarisme conseillait aux conscrits communistes de rejoindre leurs corps. Et quelques jours après, il renonçait à une interpellation_annoncée à grand fracas. Ces rapprochements de dates donnent à penser.

Notons d'ailleurs que, si beaucoup de socialistes sont indignés à songer que les chefs communistes ont rangé dans leur propre caisse l'argent russe au lieu de le verser à la caisse du parti, personne parmi eux (ou peu s'en faut) ne parait seulement étonné du fait qu'un parti français est subventionné par l'étranger. Cela, on ne songe pas même à le dissimuler on le proclame. Curieux tout de même.

Pauvres bourgeois ! J'entends d'ici les clameurs des démagogues au cas où on aurait découvert que quelque brebis galeuse, mais capitaliste, aurait trempé dans une ent affaire malpropre. Etre communiste, c'est probablement avoir le droit de tout faire : l'étiquette couvre tout. ·

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On vient d'apprendre que Trotsky a souscrit pour 200 millions de roubles dans une société anonyme fondée tà Moscou. Vive le pur, le vertueux Trotsky! crient nos gogos écarlates. Tout de même, à nous, cette façon de comprendre le communisme nous semble surprenante.

Les communistes accusent les bourgeois d'avoir été les profiteurs de la guerre (oubliant que, comme M. André Lichtenberger le fait si bien voir dans le dernier numéro de la Revue des Deux Mondes, c'est tout au contraire la bourgeoisie qui a eu le plus de morts et qui a le plus matériellement souffert). Mais nos démagogues, eux, n'aspirent qu'à devenir les profiteurs de la révolution; et, faute de mieux, ils se contentent pour le moment d'être les profiteurs de l'agitation. Les malheureuses victimes qu'ils entraînent derrière eux finiront peut-être par ouvrir les yeux, et nous verrons alors un magistral coup de balai. On attend le vacuum cleaner.

SERGE ANDRÉ.

Pour fêter la paix!

C'était dimanche, rue Royale, non loin de la Madeleine. Le dernier coup de canon venait de sonner aux Invalides...

Tout de même, dit un badaud, cela vous rappelle les berthas et les gothas on pourrait bien trouver un autre signe de réjouissance!

Un bruit sec lui fait écho. Les passants ne s'arrêtent point sans doute un pneu qui éclate. Une seconde détonation. Le flux des passants s'arrête hésitant et puis repart.

Un optimiste sourit : « Jamais deux sans trois !>»

Et comme pour lui donner raison un troisième coup partit. Alors les gens commencèrent à s'affoler.. Les uns s'enfuirent, en panique. D'autres coururent vers le lieu du drame; deux hommes gisaient sur le trottoir, une dame blessée gagnait une auto.

Le drame fut simple et vite effacé. Un quart d'heure après il n'y avait plus que des traces d'eau sur le trottoir, et les promeneurs dominicaux passaient ignorants et indifférents.

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Quant à M. Viviani, il a pour ne pas en perdre l'habitude, un peu juré contre le brouillard et le roulis, mais il est lui aussi très satisfait. Ce n'est d'ailleurs pas son premier voyage en Amérique et il y est un peu chez lui. A Washington, on a beaucoup remarqué son attitude recueillie pendant la prière qui précéda l'ouverture de la séance inaugurale.

Comme il a l'air pieux, disait un sénateur américain. Jamais on ne nous fera croire que c'est cet homme-là qui voulait « éteindre les étoiles ».

Curzoniana.

Lord Curzon, le ministre britannique des affaires étrangères que la convention franco-kémaliste a mis de si méchante humeur, est un personnage assez infatué de qui sont réels et de sa noblesse qui ses talents

n'est pas fort ancienne.

On cite de lui, au Foreign Office, d'innombrables traits d'une vanité un peu puérile. Voici le dernier : Lord Curzon, qui, en premières noces, avait épousé une belle Américaine fort riche, s'est, devenu veuf, remarié à une seconde Américaine, non moins gracieuse et encore plus fortunée. Ce qui n'empêche pas le noble marquis d'estimer qu'il a fait à l'une et à l'autre beaucoup d'honneur. Et, lors d'une récente réception officielle, on l'a entendu dire, de ce ton sentencieux qui n'appartient qu'à lui, sa deuxième épouse étant d'ailleurs présente :

Je me suis mésallié deux fois.

II est vrai qu'il ajouta aussitôt après :

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Petits profits.

Cet économiste distingué s'est fait élire membre de l'Institut puis, aux dernières élections, sénateur de la Seine. Il est à la tête d'une fortune considérable et peut se rendre la justice d'avoir bien fait fructifier les capitaux paternels. Aussi le Sénat s'honore-t-il de le compter parmi les membres de sa commission des finances.

M. Raphaël-Georges Lévy était tout dernièrement rapporteur du projet de loi faisant du 11 novembre un jour férié. Son éloquente argumentation fit repousser le projet de la Chambre, et lui valut dans les couloirs la réputation d'un inflexible partisan du travail et des

économies.

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Les leçons de belles manières.

Il n'est pas nécessaire d'être noble pour enseigner la noblesse. Mais comment s'en serait-il douté, ce gros épicier qui apprenait chaque jour par cœur un chapitre des Règles du Savoir-Vivre ? Il avait pour l'auteur de son livre de chevet un culte religieux, une reconnaissance infinie. Il s'imaginait la baronne S..., jeune et jolie, le regard un peu hautain, la main fine, et ce je ne sais quoi dans toute sa personne qu'il espérait acquérir peu à et qui marque les êtres bien nés.

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Or, ce gros épicier s'éprit un jour d'une jeune veuve, qui avait un titre de noblesse, et qui ne faisait pas mauvais visage aux deniers de son amoureux. Il songea qu'il pourrait l'épouser, et travailla son livre avec une fureur

croissante.

Mais quand vint le temps des fiançailles, il n'en fut pas moins embarrassé. Il trouvait dans le livre mille détails inutiles, et ne pouvait y découvrir le nécessaire. Il décida d'écrire à la baronne S..., afin de lui demander conseil.

Quelle ne fut pas sa déception, en apprenant de l'éditeur qu'il devait s'adresser à Mme X..., ex-directrice des postes à S...-sur-Orge.

Depuis ce temps-là il fait fi de toutes les baronies et de toutes les belles manières ; il ne veut plus se marier; il cultive ses choux, en bourgeois misanthrope.

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Pendant la Révolution, les émigrés qui se trouvaient en Angleterre y gagnèrent leur vie comme ils purent, exerçant toutes espèces de métiers.

Les uns donnaient des leçons de danse, d'autres enseignaient le français, d'autres encore assaisonnaient de la salade.

Par suite des changements apportés par la guerre dans l'ordre des fortunes, on cite aujourd'hui tel fils de lord qui est un véritable « émigré » dans son propre pays. Pour vivre, tout comme les Français du XVIII siècle, il a dû chercher quelque emploi lucratif et... il l'a trouvé. Il l'a trouvé chez un nouveau riche », qui s'est installé dans Mayfair le quartier le plus aristocratique de Londres et qui prétend y faire figure. Ce nouveau M. Jourdain s'est dit qu'il lui fallait prendre des leçons de belles manières, mais plus avisé que le bourgeois gentilhomme de Molière, au lieu de payer plusieurs maitres qui se peuvent disputer entre eux, il a préféré s'en tenir aux seules leçons du noble lord qui pour deux mille livres sterling de traitement annuel ordonne dîners, danses, soirées, réceptions. Le noble lord a fait plus encore. Il a introduit son élève dans les salons où lui-même avait accès.

S'il n'est pas mamamouchi, ce nouveau riche est lancé désormais et c'est tout ce qu'il voulait.

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Les Anglais qui ne peuvent se payer un professeur de bon ton, peuvent acheter du moins, un guide du savoir-vivre, qu'une grande maison d'édition anglaise vient de publier sous le titre de Livre de l'Etiquette. Voici une des recommandations essentielles de cet ouvrage :

« Il est préférable, lorsqu'on rend une visite, de n'emmener avec sci ni chien, ni enfant.

« Les enfants, outre qu'ils risquent d'entendre des choses qu'ils doivent ignorer, sont susceptibles de faire des remarques fâcheuses.

« Les chiens peuvent créer bien du désordre en jouant avec les coussins. Ils nécessitent aussi de la part de leurs propriétaires une attention constante, qui n'est pas sans nuire à la conversation. >>

Chez ceux qui plaident.

mais celui-là est authen

Encore un mot de Landru. On ne prête qu'aux riches tique: Lorsque l'ogre de Gambais fut transféré de Paris à Versailles, il causa dans le train avec le directeur de la police judiciaire qui s'était fait un devoir de l'accompagner. La conversation tomba sur les juges d'instruction. Landru en a connu plusieurs. Il les apprécia. Puis venant à M. B. :

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M. B.? Peuh! fit-il, beaucoup de bruit, peu de besogne. A sa place, il y a longtemps que j'aurais obtenu de moi des aveux !

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<< Instruit, bien élevé, d'une taille élégante et d'une physionomie pleine de noblesse et de beauté [il] passait sa vie en romans d'amour. Mais ses romans ne duraient guère plus d'une semaine. Il s'était abonné aux Petites

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Rudyard Kipling est à Paris, où il vient recevoir le titre de docteur. Docteur, honoris causa; car Kipling ne s'instruisit pas sur les bancs de l'Université. On ne sait guère que l'illustre écrivain fit ses débuts dans la presse, en Amérique.

Un matin de l'été 1880, un jeune homme solidement bâti, d'environ vingt-quatre ans, avec des sourcils en broussailles, un accent britannique, des vêtements d'une

at de coupe étrangère, entra dans les bureaux de la San Fran

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cisco Chronicle et y obtint une situation. Pendant deux ou trois semaines, il donna exactement sa copie; il écrivait lentement, avec une plume qui semait l'encre autour de lui. Ce reporter, c'était Rudyard Kipling.

Le chef des informations l'envoyait aux enterrements et lui faisait écrire des articles nécrologiques. Il eût préféré, selon son propre avcu, faire le compte rendu d'un combat de coqs; mais il visitait avec intérêt la ville et trouvait du plaisir à se promener dans le quartier chinois

Kipling ne demeura pas longtemps attaché à la Chronicle. Trois semaines environ après son arrivée, il prit part à une expédition de pêche et ne revint pas. Mais On apprit longtemps après que le jeune reporter était devenu l'une des gloires littéraires de Londres.

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Kipling ne connut pas tout de suite sa renommée.

Il avait l'habitude de ne jamais porter d'argent sur lui et de régler tous ses achats par des chèques. Cependant il avait quelque surprise, car il avait beau épuiser ses carnets de chèques, son compte en banque restait toujours le même ! Ce mystère intriguait fort l'auteur de la Jungle.

Mais un jour il découvrit chez un de ses hôtes deux chèques signés de lui, soigneusement encadrés et accrochés dans la bibliothèque. Et ainsi Rudyard Kipling apprit que les commerçants vendaient aux amateurs

d'autographes les chèques signés de lui à un prix biex plus élevé que leur valeur nominale.

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On ne lit plus les poètes; à plus forte raison on ne les achète pas.

épuisa, pour son début, tout son stock. Il est vrai qu'il Aussi mérite-t-il un grand respect, cet adolescent qui s'y prit d'adroite manière et ne craignit point de se promener des nuits entières de café en café, en déclamant solennellement ses tendres rythmes.

Sa récitation finie, le troubadour s'insinuait parmi les tables, proposant aux auditeurs son opuscule que rarement on refusait de prendre.

C'est ainsi que M. Edme Goyart récolta de Montmartre à Montparnasse une petite façon de fortune. Il ne s'agit, n'est-ce pas, que d'être ingénieux.

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Et voici comment il a imaginé de lancer son œuvre. Dès qu'il écrit une lettre, il colle sur le verso de l'enveloppe une vignette représentant en fac-similé la couverture de son livre. On y voit son nom, le nom et l'adresse de l'éditeur et un signe cabalistique où un serpent lutine un triangle. Une devise « Tout pour et par l'amour >>> entoure la figurine.

M. Elie L. Menasché espère que chacun de ses correspondants deviendra un lecteur des Contes de l'Inde cruelle. Il connaît l'art de la réclame. N'a-t-il pas fait fortune déjà dans une autre branche de l'industrie?

Coups de Becque.

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Dans un de ses derniers numéros, l'Opinion rappelait incidemment l'anecdote des deux Dumas, Alexandre et Paul.

C'est Alphonse Karr le premier qui a rapporté le dialogue des deux homonymes, dont le héros fut, d'après l'auteur des Guépes, non point Paul Dumas, mais Adolphe Dumas. La rencontre des deux Dumas aurait eu lieu à la première représentation du Camp des Croisés d'Adolphe Dumas, cette pièce où les ennemis de l'auteur prétendirent avoir entendu ce vers :

Et sortir de la vie comme un vieillard en sort, «Monsieur, dit Adolphe à Alexandre, pardonnez-moi de prendre un peu de votre place au soleil, mais il peut bien y avoir deux Dumas comme il y a eu deux Corneille.

Bonsoir Thomas, répondit Alexandre en s'éloignant avec des airs de matamore. ››

X

C'est sans doute cette anecdote qui donna à Henri Becque l'idée de son épigramme sur les deux Alexandre Dumas, le père et le fils :

Comme il fut deux Corneille il y a deux Dumas,

Mais aucun d'eux n'est Pierre et tous deux sont Thomas.
Becque avait l'esprit mordant: Se souvient-on de
ces deux épigrammes qui lui sont également attribuées :
SUR JOSÉ-MARIA DE HÉRÉDIA.

Monsieur de Hérédia est un homme qui compte :
Il a fait un ou deux sonnets de plus qu'Oronte.

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