Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ser

à l'ensemble des besoins publics. Une telle conception du système budgétaire est singulièrement erronée. Il n'est point d'Etat qui n'attribue des ressources déterminées à des dépenses bien définies, et le cas le plus typique est précisément fourni par l'ensemble des services de l'assistance publique, aux principes de laquelle, par conséquent, la loi nouvelle ne déroge point. Or, s'il est une volonté très arrêtée chez nos industriels et chez nos commerçants, c'est celle de se refuser à jouer ce rôle de collecteurs d'impôts. On l'a vu à propos de l'impôt sur les salaires, que les employeurs se sont systématiquement et légitimement refusés à recueillir par prélèvements sur la rétribution de leur personnel. A plus forte raison en doit-il être ainsi, lorsqu'il s'agit d'une E charge destinée à alimenter financièrement des institutions qu'on prétend faire reposer, par ailleurs, sur la volonté de prévoyance des travailleurs intéressés.

Et nous ne discutons encore que le principe du précompte Que dirons-nous des obstacles que rencontre E l'application pratique d'un semblable système. C'est se tjouer des difficultés concrètes avec une ironie supé

[ocr errors][ocr errors][merged small]
[ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small]

rieure, ou un parfait dédain, ou une complète ignorance, que d'invoquer l'intervention possible des offices régionaux d'assurance chargés de résoudre les contestations et d'éviter les conflits. Voyez-vous le fermier de nos campagnes, dont le moissonneur se plaint qu'il ait opéré sur son salaire une retenue importante, lui conseillant de transmettre sa protestation à l'Office de la région. Voyez-vous même le chef d'industrie, dont les ouvriers réclament pour compenser l'impôt des assurances une augmentation de salaires, se réfugiant, pour la refuser, derrière l'arbitrage de l'Office? Et pour qui connaît les habitudes de nos gouvernements, leur crainte des conflits sociaux, leur goût des interventions apaisantes, leur tendance fréquente à résoudre les difficultés. par des cotes mal taillées dont les employeurs assument

LETTRES

Feuillets

Un amour de jeunesse

de Wordsworth

a La situation de Wordsworth en France était délicate. Orphelin, jeune, inexpérimenté, impétueux, enthousiaste, il était dépourvu de guide amical, dans un pays étranger, alors que ce pays était en pleine révolution, et que cette révolution, il ne faut pas l'oublier, n'avait pas pris les armes seulement contre la Monarchie et les anciennes institutions, mais avait encore déclaré la guerre à la Chrétienté.

a Les théories les plus licencieuses étaient en honneur, toute retenue était abandonnée, le libertinage était la loi. Il fut donc assailli de violentes tentations et quoique notre dessein soit de raconter de sa vie les seuls événements qui illustrent ses œuvres, nous ne pouvons passer sur cette période sans noter les dangers qui entourent ceux qui, dans une ardente émotion d'enthousiasme, se mettent dans une situation périlleuse sans considérer les circonstances qui devraient régler leurs actes. D

C'est en ces termes que Christopher Wordsworth, évêque de Lincoln, neveu du poète et son biographe, parle d'un séjour que son oncle fit en France dans les premières années de la Révolution. Ces paroles, quand on sait que Wordsworth, à son retour en Angleterre fut

de

le plus souvent les charges, n'est-il pas à prévoir que nous assisterons à ce plaisant spectacle de l'Etat instituant un impôt sur les salaires et travaillant en définitive à le faire payer par les employeurs, sous forme d'augmentations de salaires.

Il est vrai qu'il existe une autre alternative: c'est que devant l'indifférence ou la résistance des masses ouvrières, devant la répugnance des employeurs à jouer le rôle qui leur est réservé et aussi devant les charges croissantes que lui imposera l'application énergique de la loi, l'Etat en vienne rapidement à se relâcher de son contrôle et de sa surveillance, n'omette de tenir la main au strict respect du principe de l'obligation, et qu'en définitive il n'ait fourbi une fois de plus le glaive des lois sociales que pour en donner un grand coup dans l'eau, et après quoi les choses humaines reprendront leur cours accoutumé.

Est-ce à dire que ce soit là ce que nous souhaitons de plus heureux? Non pas. Mais nous estimons que la vraie méthode, en matière d'oeuvres et d'organisation sociales, est de faire premièrement appel à la bonne volonté des individus, de développer en eux les sentiments de prévoyance et de solidarité qui rendent ces œuvres vivantes et fécondes, et de se souvenir qu'il n'est d'obligations véritables que celles qui sont librement acceptées par les individus. C'est ce que la Mutualité a compris depuis longtemps, sans recours à la vaine puissance d'un texte impératif, sans institution d'impôts nouveaux, sans précompte en un mot. Que ne lui laissons-nous donc développer et compléter son œuvre, en l'aidant au besoin à la réaliser? Et, puisque nous avons en mains l'instrument le meilleur, le mieux adapté à sa fonction, et qui a fait ses preuves, pourquoi commettre la sottise de vouloir le reléguer au hangar des outils usés?

[blocks in formation]

tenu à l'écart par toute sa famille et qu'il n'obtint pas même la permission de revoir sa sœur Dorothée, intriguèrent les biographes du poète qui crurent expliquer cette sévérité par l'ardeur avec laquelle il avait embrassé les idées de la Révolution. On l'aurait tout naturellement regardé comme d'un exemple dangereux, et c'est pourquoi on l'aurait écarté de ses frères et de sa sœur.

Rien d'ailleurs, dans les œuvres du poète, ne permettrait une autre hypothèse.

Pourtant l'explication admise jusqu'ici n'est pas la bonne. C'est à Orléans qu'il faut aller chercher les véritables raisons de l'ostracisme qui frappa Wordsworth à son retour dans son pays, c'est à Orléans et dans les registres de l'état-civil de cette ville où, à la date du 15 décembre 1792, on peut lire « Acte de naissance de une fille Williams Wordwodsth, Anglais, et de Marie-Anne Vallon. D

Qui était Marie-Anne Vallon ? Une jeune fille d'excellente bourgeoisie qui témoigna de son attachement à la cause royaliste à maintes reprises et qui, sans doute, eut épousé Wordsworth si, à cette époque, il avait été en mesure de subvenir aux besoins d'une famille.

Ce que devint sa fille désignée sous le nom de Caroline à l'état civil? Elle épousa, sous la Restauration, un tain Jean Baudouin, dont le frère était garde du corps. Son mariage eut lieu

cer

PIERRE BRESSELLE

avec l'autorisation de son père qui était resté en relations avec Marie-Anne Vallon.

Wordsworth, marié, ayant alors des enfants, correspondait avec la mère de Caroline, il vint même en 1820, accompagné de ses parents et de quelques amis, rendre visite à Marie-Anne Vallon et à Caroline ou plutôt Mme Baudoin qui habitaient rue Charlot, près de la Bastille. Et Dorothée Wordsworth, sœur du poète, dans une lettre qui a mis sur la trace de cette liaison de jeunesse de son frère, fait l'éloge de Caroline petite femme douce et aimable. D

A. CHESNIER DU CHESNE.

Les Académies

On ne prévoit guère de a combinaisons pour l'élection du 15 décembre à l'Académie française. Mais tous les électeurs ne seront pas là au jour du scrutin.

M. de Freycinet, après une très longue absence, est revenu siéger à l'Académie, et certainement il votera. M. Deschanel votera aussi; M. Barrès, sans aucun doute, si rare qu'il soit aux séances ordinaires.

Mais on ne peut, compter très ferinement sur la présence de M. Pierre Loti, ni sur celle de M. Lavisse. Le maréchal Joffre sera en Le maréchal voyage.

[graphic]

Foch ne sera peut-être pas rentré. M. Anatole France ne votera pas plus que M. Clemenceau, qui d'ailleurs, n'en aurait pas le droit.

Mgr Duchesne aura-t-il regagné Rome le 15 décembre ? C'est bien probable. M. Denys Cochin viendra-t-il ? Ce n'est pas sûr. Et M. Emile Boutroux ? Pas davantage.. Quand au maréchal Lyautey, dont la réception fut attendue huit ans, quittera-t-il le Maroc pour venir déposer un petit papier dans l'urne académique ? Qui oserait l'affirmer?

En somme, il faut ne tabler que sur vingt-huit votants, si aucune défaillance autre que celles que nous venons d'indiquer comme très vraisemblables ne se traduit, et, l'élu du 15 décembre aura dû réunir seize voix.

:

Les huit partants sont par ordre alphabétique MM. Du Plessys, Grandmougin, Guiches, Hermant, Le Senne, Madelin, de Porto-Riche et Rivoire. L'un d'eux doit arriver « dans un fauteuil », et il y arrivera.

On ne rencontre pas les mêmes incertitudes dans les autres Académies, et, par exemple, à l'Académie des Sciences, tout le monde vous dira que le successeur d'Alfred Grandidier qui ne sera élu que le mois prochain est déjà désigné c'est le général Ferrié ; et l'on n'est pas moins affirmatif sur l'élection de M. Brillouin qui remplacera Gabriel Lippmann dans quelques jours.

Cette Académie vient de désigner M. Georges Claude pour une élection future en constituant la Commission du grand prix Le Conte de 50.000 francs, de telle façon que ce prix soit décerné au créateur des industries de l'Air li quide et de la synthèse de l'ammonia

que.

D'autre part, l'Académie des Scien ces morales et politiques ayant à donner un remplaçant à lord Reay, accla mera, aujourd'hui même, la candidature unique de M. Gustave Ador, ancien président de la Confédération helvétique et président d'honneur de la Société des Nations, qui sera élu seulement en décembre, mais sans doute possible.

Suétone, poète anglais

Ce jeune homme, fils d'un écrivain populaire, est reporter dans un journal. Le crayon à la main, il interroge les actrices sur leur prochain rôle et le soir venu, après avoir indiqué, dans un bref chapeau, le charme de leur sourire, la couleur apparente de leurs cheveux et l'âge de leur chien, il transcrit leurs propos, sans omettre un seul mot. Quelquefois, il pousse même le souci de l'exactitude trop loin.

L'autre jour, ce débutant consciencieux fut adressé par son directeur à un homme de lettres éminent. Au cours de cet entretien l'écrivain ayant cité Suétone parmi les auteurs qu'il relit souvent, le reporter s'empressa de coucher le nom sur son carnet, mais il l'écrivit Sweton. Il l'avait pris pour un poète anglais !

Anglomanie et ignorance, comme vous vous mariez bien !

Pour les auteurs combattants Une société de secours mutuels de mutilés, blessés et combattants « Aide et protection » va fonder un théâtre qui représentera périodiquement des œuvres d'écrivains blessés ou ayant combattu. Elle a déja donné l'hiver dernier deux ou trois spectacles intéressants. Cette année, elle veut faire plus encore. Elle vient d'établir cinq programmes et se propose de les représenter cette saison.

Des écrivains et des artistes connus ont accepté de patronner cette œuvre excellente.

Un nouveau Théâtre Nous avions déjà quelques théâtres, construits dans les caves d'immeubles à loyer, mais pas encore de théâtre sur les toits. Par les soins de Mme Lara qui, a, comme on sait, des idées très révolutionnaires, cet oubli va être réparé. C'est sur le toit d'une maison de la rue Lepic que doit s'ouvrir prochainement le théâtre d'Art et Action. Si près du ciel, on ne pourrait représenter qu'une pièce de M. Paul Claudel.

Montjoyeux

Un homme vient de mourir à Neuilly dans une maison de retraite pour écrivains et artistes, et dont le nom, aujourd'hui entièrement oublié, fut un ment célèbre sur le boulevard: Mont

joyeux.

mo

A l'époque de l'ancien Gil Blas, il donna dans ce journal, en même temps que Maupassant, de nombreuses nouvelles.

Puis le journalisme l'absorba, les mauvaises années vinrent; malade, fatigué, il entra chez Galignani.

Cet écrivain avait servi de modèle à un de ses grands confrères. Dans ie Journal d'une femme de chambre, c'est Montjoyeux qui inspira à Mirbeau le personnage du vieux capitaine qui mange de tout.

Le conteur avait en effet la réputation justifiée de ne rien refuser de ce qu'on lui présentait. Aussi s'amusait-on à lui servir à table les plats les plus étranges. Un jour, on lui apporta un rat mort. Il le dévora avec bonne hu

[blocks in formation]

de la

La ville natale de l'auteur Physiologie du Goût s'apprête à glorifier son illustre enfant. L'inauguration d'une statue de Brillat-Savarin à Belley sera le signal de fêtes culinaires qui auront lieu un peu partout en France et même à l'étranger.

Les journaux anglais consacrent, déjà, des études au théoricien de la gourmandise. Ils se plaisent à rappeler le mot du savant docteur Johnson qui disait :

« Je pourrais écrire un livre sur la cuisine, bien supérieur à tous ceux qui existent, ce serait un livre basé sur des principes philosophiques », et ils regrettent qu'il soit mort avant la publi

Ication de la Psychologie du Goût à la lecture de laquelle il aurait pris grand plaisir ce livre étant, en quelque sorte, la réalisation de son projet.

[ocr errors]

La presse britannique n'a pas manqué non plus de relever les quelques anecdotes, contées par Brillat-Savarin, où des Anglais figurent mais non à leur avantage. Toutefois, constatent nos voisins, il y a là tant d'esprit que nous ne saurions regretter de paraître dans ces pages même sous un jour quelque peu défavorable.

En Afrique du Nord Une intéressante tentative de décentralisation sera réalisée cette année à Alger.

La Société des auteurs dramatiques de l'Afrique du Nord a en effet l'intention de monter cet hiver à Alger les œuvres dramatiques inédites écrites par des auteurs locaux.

Le comité de cette active société a déjà retenu plusieurs ouvrages paraît-il fort intéressants.

[merged small][ocr errors][merged small]

L'histoire par la caricature

L'histoire d'un grand journal, lorsque ce journal compte près d'un siècle d'existence, est en même temps l'histoire d'un pays, de ses espoirs, de ses déceptions, de ses projets, de ses succès et aussi de ses erreurs. A ce titre, celle du grand satirique londonien Mr Punch qui s'intitule aussi Charivari anglais a pu, avec raison, recevoir pour titre Histoire de l'Angleterre Moderne par Mr Punch.

Elle nous renseigne d'une façon fort curieuse sur certains errements de nos voisins d'outre-Manche. On y apprend, par exemple, qu'en 1852, les Anglais croyaient les Japonais aussi noirs que l'oncle Tom. L'entreprise du canal de Suez, quand on en parla pour la première fois, ne suscita que leur mépris et Punch, leur porte-parole, qualifiait le futur canal d'« impossible tranchée ». Quant à son opinion à l'égard de la théorie de l'évolution, à l'époque où Darwin la formula, elle est traduite par une

[graphic]
[ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small]
[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Nos musées de province

C'est un des capitaux touristiques de la France, que nos musées de province. Ce capital, il est négligé, gaspillé, mal entretenu, peu surveillé et, finalement, inutile et ignoré.

Ces observations, je les ai faites dans tous mes voyages en province, je viens de les refaire en parcourant les musées de Montpellier, Perpignan et Toulouse.

Le musée de Montpellier est un des plus beaux de la France. On sait que l'une de ses particularités est de comprendre les dons de Bruyas, compre

nant des Courbet et des Delacroix du premier ordre, et la plus riche collestion actuellement existante d'œuvres de Frédéric Bazille, ce grand contemporain de Manet et Renoir qui a été, bien plus que Regnault, la grande perte ar tistique de la guerre de 1870-71. Mais ce que l'on oublie un peu trop facilement, c'est que le vieux Fabre iuimême, l'amant de la comtesse d'Albaavait ny, à la fin du XVIII° et au su, début du XIX° siècle, à une époque où la bonne peinture ne se payait pas des

1

rare et minuscule Tiepolo, Le fondouk turc, qui devient invisible à quatre mètres au-desus de la cimaise), ce qui fait que la plupart de ces belles œuvres demeurent inaperçues des visiteurs.

Il parait qu'il suffirait de déplacer la bibliothèque de la ville, laquelle gîte dans le même bâtiment,et l'on aurait la place nécessaire pour disposer digne. ment les chefs-d'œuvre du musée. Cette bibliothèque est régulièrement fréquen tée par vingt-cinq habitués, toujours les mêmes. Mais ces habitués terrorisent la municipalité. Alors, les touristes, ne sachant pas qu'il y a des chefs-d'œu vre à Montpellier, s'arrêtent un jour de moins dans cette ville, l'une des plus agréables de la France.

Que le conservateur du musée de Montpellier, lequel d'ailleurs séjourne peu à Montpellier, puisqu'il est en même temps conservateur de la bibliothèque Doucet à Paris, se dise bien que ce n'est pas remplir un emploi que de le remplir in partibus et de ne pas trouver en soi l'énergie nécessaire pour imposer à une municipalité riche comme l'est celle de Montpellier l'agrandissement d'un musée qui étouffe entre des murs trop étroits et qui est l'un des trésors nationaux de la France.

C'est d'ailleurs la même chose à Perpignan: musée trop. petit, œuvres empilées les unes sur les autres, aucun classement par école ni par siècle, le tohu. bohu. Et dans le même bâtiment (lequel est d'ailleurs charmant), la bibliothèque municipale, destinée par essence à augmenter les chances d'incendie. On sent là une incurie parfaite.

01

A Toulouse, on mêle tout : les plus prétentieux navets des derniers Salons sont à côté de Pérugin, Rubens, Philippe de Champagne, Guardi; laisse s'écailler un exquis Boilly qui ne demande qu'à être nettoyé et rentoile. Mais ici, comme il serait criminel d'ajouter des bâtiment nouveaux au couvent des Augustins dont les deux cloitres sont des merveilles, il n'y a qu'une voie possible créer un musée d'art moderne dans une autre bâtiment et abandonner les Augustins à l'art ancien, qui pourrait y être présenté de façon logi.

[ocr errors]

que et heureuse.

Je pourrais dire les mêmes choses à propos de Narbonne, Avignon, Bordeaux... il faut se borner. L'Etat français ne sera-t-il pas un jour en droit d'arracher ces chefs-d'œuvre gâchés aux villes de province, si elles ne veulent pas s'en occuper, les entretenir et les présenter convenablement ?

GEORGES PIERREDON.

prix insolents, acquérir en Italie des ÉCONOMIQUE

euvres fort intéressantes. Outre cela et
grâce à cela, le fonds même du musée
comprend des œuvres de premier plan,
plusieurs Houdon, onze Greuze, le Fon-
tenelle de Rigaud, des Raoux, des
Poussin, des Grimou, des Sébastien
Bourdon, des Prudhon, une exquise
Sainte Agathe, de Zurbaran, le portrait
de Mme Crozat, par Aved, un V'cro-
nèse, un Reynolds célèbre, et cinquante
et cent chefs-d'œuvres. Le tout serré,
pressé, empilé, souvent juché à des
hauteurs incroyables (par exemple un

Le « Shipping Board »

et la guerre des frets

Nous avons dit déjà quel cauchemar était la flotte d'Etat pour la Marine marchande nationale américaine. On liquide à tout prix: le Shipping Board a accepté par exemple des offres de 2.100 dollars pour 205 navires qui avaient coûté chacun 300.000 à 800.000 dollars. Mais il en reste, et les nouveaux directeurs du Bureau d'Etat cherchent

à les utiliser : ils ont ainsi été amenés à concurrencer de manière inamicale les affréteurs anglais qui avaient jusqu'ici le monopole du transport des cotons égyptiens.

Après des pourparlers laborieux, les Anglais avaient offert de partager avec le pavillon américain le transport du coton expédié directement d'Alexandrie aux Etats-Unis. Malgré les offres assez basses faites par le « Shipping Board » aux producteurs égyptiens, ceux-ci conservèrent leur clientèle à leurs anciens affréteurs qui furent accusés par leurs rivaux d'avoir employé des mesures d'intimidation. Maintenant, le S. B. change de tactique il se lance dans une guerre des frets à outrance, et fait de la sous-enchère systématique, en donnant pour instruction à ses navires d'accepter toutes les cargaisons venant d'Egypte ou s'y dirigeant, à 10 shillings endessous des prix offerts par l'armement anglais, soit 25 0/0 à 30 0/0 en

moyenne.

:

De plus, les Compagnies anglaises sont menacées des pénalités du « Jones Act », qui frappe d'une taxe de 10 olo les cargaisons transportées indirectement et s'applique aux bâtiments de commerce anglais trafiquant avec les EtatsUnis fâcheux lever de rideau pour la Conférence de Washington.

Le commerce extérieur de l'Allemagne en juillet 1921 Les chiffres du commerce extérieur allemand en puillet 1921, publiés par l'office de statistique d'Empire indiquent un accroissement considérable du volume des échanges avec l'étranger, quand on les compare aux chiffres de juin. Les importations sont en augmentation (1.924.000 tonnes contre I mil823.000), les exportations manifestent un léger progrès (1.558.000 tonnes contre 1.508.000). Exprimée en marks, la plus-value, d'un mois à l'autre, atteint 768 millions pour les ventes. Par contre, le total des achats dépasse de 1.165 millions le total enregistré le mois précédent.

La balance commerciale reste déficitaire, s'il faut faire confiance aux chiffres fournis par une administration qui a délibérément renoncé aux habitudes d'exactitude d'antan. L'excédent d'importations sur les exportations est dû surtout à l'augmentation considérable des importations de produits alimentaires (1 milliard de marks). Aux corporations, les textiles, le papier, les produits métallurgiques et les machines sont en progrès.

Les deux faits ne sont nullement contradictoires, et s'expliquent aisément. Il est évident que la baisse du mark, qui est passé de 18 centimes à 6 centimes français d'un mois à l'autre, constitue une prime temporaire à l'exportation. Il est non moins évident que la dépréciation de la monnaie nationale oblige les acheteurs allemands à débourser un plus grand nombre de marks pour régler leurs achats au dehors.

Mais les troubles économiques qu'amène une baisse désordonnée de la devise allemande s'aggravent tous les jours. Plus la monnaie se déprécie, plus le

[graphic]

public a tendance à l'échanger contre des richesses tangibles, marchandises, bijoux, meubles, par exemple, ou contre des actions industrielles réputées solides, et surtout des devises étrangères. De là cette fièvre de spéculation et, parallèlement, cette fièvre d'achats qui a saisi l'Allemagne, depuis que le mark frôle le cours d'un sou et menace de tomber plus bas. Les stocks disparaissent rapidement, la panique s'empare du marché.

Nous retrouverons sans doute la trace de cette panique dans les chiffres toujours croissants des importations allemandes, pour la période d'août à novembre.

dessous de 14 shillings le quintal espagnol (46 kilogrammes).

Le résultat a été fâcheux. Trop chers, les stocks restaient pour compte au « pool des importateurs, et les pro ducteurs, liés par leur promesse, ne pouvaient faire d'offres en rapport avec la capacité d'achat réduite de la clientèle, qui s'est tournée vers les engrais azotés synthétiques. De là un marasme complet.

Les importateurs européens viennent de céder aux exigences d'une situation économique nouvelle, après un an de résistance. D'après l'accord qu'ils viennent de conclure avec les producteurs chiliens de nitrates, ceux-ci pourront abaisser leurs prix à 11 shillings par

La réfection des routes françaises quintal, de novembre à avril 1922, à

Les touristes désabusés et l'humble charretier apprendront avec satisfaction que l'administration compétente juge l'état de nos routes incompatible avec les exigences de la circulation.

M. Le Trocquer vient de faire connaître que de nouveaux procédés de revêtement s'imposent : pavages pour les grands centres et leurs abords, empierrements avec liants spéciaux pour les chaussées destinées à une circulation continue, emprierrements goudronnés pour les routes moins fréquentées.

Deux catégories sont prévues : l'une comprenant exclusivement des routes nationales, l'autre des routes nationales et des chemins à grand trafic. Pour la première, le ministre des travaux publics prévoit la transformation de 2.000 kilomètres en pavage, de 5.000 en liants spéciaux. Pour la seconde, la transformation de 2.000 kilomètres de chaussées en liants spéciaux, et l'amélioration de 5.500 kilomètres.

Mais... il faut des crédits. Ces crédits sont prévus, les marchés passés. Les travaux qu'ils ont pour objet ont été évalués à 340 millions pour les départements non touchés par la à guerre, 1.352 millions pour les régions libérées et l'ancienne zone des armées. Il y a loin du ministre au cantonnier. L'épaisseur d'une loi les sépare. On apprend en effet que l'administration, pour éviter de dépasser les crédits votés par le Parlement, a dû ralentir la marche des travaux. La réparation urgente des avarics causées en Maurienne par la crue de l'Arc a englouti quelques millions.

Bref, la crise des « compressions D affecte nos routes; l'impécuniosité actuelle empêche, provisoirement, leur réfection, état de fait que l'administration traduit par la formule « les ingénieurs ont été invités à pourvoir à toutes les dépenses normales par une gestion prévoyante des crédits déjà ouverts D. mmmi

Les nitrates chiliens Les importateurs européens de nitrates chiliens comptaient jusqu'ici parmi les réfractaires à la baisse. Pour empêcher les prix de s'affaisser, ils avaient, à la fin de 1920 acheté aux producteurs chiliens des quantités considérables de nitrates, 1 million de tonnes, dit-on, croyant dominer ainsi le marché des nitrates en Europe, et contrôler les cours.

Les producteurs s'engageaient, en revanche, à ne pas effectuer de ventes au

Io sh. 9 d. en mai, et 10 sh. 3 d. en juin. Après juin 1922, la fixation des prix sera libre.

Ils espèrent sans doute, manœuvrer la baisse la réaliser par paliers, et écouler leurs stocks lentement. Ces stocks s'élèvent au bas mot à 2 millions de tonnes. La concurrence allemande reste toujours aussi inquiétante. Peut-être la tentative de liquidation par petits paquets survient-elle trop tard.

Les tarifs douaniers autrichiens La manière dont sont appliqués les tarifs douaniers, en Autriche, fournit un excellent exemple des perturbations povoquées dans le commerce d'un pays par la baisse désordonnée du change.

La loi du 13 février 1906 stipulait que les droits de douane devaient être acquittés en or. Durant la guerre, on admit le paiement en devises étrangères, on établit enfin le système du paiement en billets de la Banque AustroHongroise, avec une surtaxe destinée à compenser leur dépréciation.

Cette surtaxe égalait trois fois la taxe en février 1919, 80 fois la taxe le 15 avril 1921. Pour une série d'objets, la surtaxe maxima fut portée à 150 le 26 août, à 200 le 23 septembre.

Une ordonnance en date du 24 octobre vient de modifier ce système, où l'échelle des surtaxes épouse plus ou moins fidèlement la courbe de la baisse de la couronne: 109 acticles pour lesquels le paiement des droits de douane doit se faire réellement en or forment une liste. Comme la couronne-or vaut à peu près 500 couronnes-papier, la surtaxe se trouve, en fait, triplée. Pour tous les autres articles, on prévoit un supplément égal à 250 fois la taxe ini

tiale.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

une découverte sensationnelle : dans ses orbites vides, ils placent des électroscopes qu'ils raccordent à ses nerfs optiques par un procédé dont il est bien dommage que nous n'ayons la recette. Désormais, l'aveugle voit l'électricité, aussi bien celle des corps vivants que celle des choses, mais ne voit que cela. Il lègue ses yeux à son ami, un médecin. Mais on ne retrouve rien. Comment ? C'est ce que cette amusante nouvelle vous apprendra. Les deux récits qui la suivent sont également fort attachants.

[ocr errors]

Il pa

William Wycherley, sa vie, son auvre, par Charles PERROMAT. raît que Macaulay et Taine ont dit beaucoup de mal de ce dramaturge anglais et qu'ils ont eu tort. C'était un homme de mérite et son œuvre a eu beaucoup d'influence de 1672 à 1780.

[merged small][merged small][ocr errors]

La question gréco-albanaise, par Léon MACCAS. Il paraît que l'Albanie fait une vive propagande (?) pour obtenir la rétrocession de l'Epire du Nord. M. Léon Maccas proteste.

Les Contes inutiles, par François TURPIN, sont utiles à lire, car on y trouve des histoires vraiment comiques, telle celle de Bouju simulateur, plus des récits plaisants de querelles conju gales et de perfidies féminines, et enfin un épisode saisissant de la bataille de Verdun en 1917.

Le Droit des Gens et les Rapports des grandes puissances avec les autres Etats avant le Pacte de la Société des Nations, par Charles DUPUIS. L'ouvrage solide et définitif de M. Charles Dupuis constitue une synthèse de l'histoire diplomatique mondiale au cours du XIXe siècle. L'étude des grands problèmes du Droit international lui permet de grouper les principaux épisodes de la vie diplomatique dans un ordre qui les rend plus vivants et plus clairs. Mais M. Charles Dupuis n'est pas seulement un historien, il est surtout un juriste et son livre, c'est là son second intérêt, constitue une préface nécessaire à l'étude de la Société des Nations. Ainsi rapproché des efforts qui l'ont précédé, le Covenant prend sa juste valeur. Il semble que cette valeur ne soit pas exactement celle qu'escomptent le Président Wilson et M. Léon Bourgeois. M. Charles Dupuis ne craint pas d'adresser à l'aréopage qui se réunit périodiquement sur les bords du lac Léman quelques critiques et quelques conseils qu'il ferait bien de mé diter.

[graphic]
[ocr errors]

A l'Ambassade de Washington (odo bre 1917 avril 1919) par R. de VILLENEUVE-TRANS. Livre à la fois amu sant et solide. Les tableaux sont toujours vivants. Ses portraits souvent pit toresques. Et au moment où se réunit

[ocr errors][ocr errors][ocr errors]

Belles-Lettres : Pourquoi Raimbaud abandonna la littérature (Ernest Delahaye).:

LES FAITS de la sEMAINE

la Conférence de Washington, les ju- | Finot). gements que porte M. de VilleneuveTrans sur le caractère et sur le personnel américain sont utiles à méditer. Il ne se borne pas en effet à nous donner un portrait très neuf du Président Wilson; il nous introduit dans le parti républicain, celui dont le Président Harding est le mandataire. Il nous explique son rôle pendant la guerre et pendant les négociations. Et ces pages permettent de deviner quelle sera l'attitude des délégués républicains au cours de la prochaine conférence de Washington.

D.

La Revue de Genève donne une nouvelle presque inconnue de Jules Laforgue: Une vengeance à Berlin Elle fut publiée sous le pseudonyme de Jean mai 1887. Vien par l'Illustration du 7 Dans un article intitulé: « Jules Laforgue et la musique », M. G.-Jean Aubry rappelle l'existence menée par le jeune Laforgue à Berlin, son amitié avec le pianiste Théo Ysaye et l'amour de l'auteur des complaintes pour la musique. Mais sa haine bien connue du romantisme littéraire et de la guirlande sentimentale lui faisait détester le piano qu'il voyait toujours sous un aspect de a rêvoir à jeunes demoiselles ». Dans ses vers ironiques où la tristesse se raille elle-même, cette aversion revient souvent.

Dans la Revue de la Semaine Mme Marie-Louise PAILLERON analyse les curieux souvenirs d'une Anglaise, lady Norah Bentinck sur le kaiser à Amerongen, et M. Charles Du Bos fait du talent de Gérard d'Houville la plus subtile analyse.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

[ocr errors]
[ocr errors]

LE NOVEMBRE. .3 A l'Académie française, réception de M. Joseph BéBudadier par M. Louis Barthou. pest Les partis gouvernementaux adoptent un texte de projet de déchéance de Charles IV, à proposer à l'Assemblée Nationale hongroise. Le gouvernement allemand envoie à Washington un nouveau projet pour le paiement des réparations. L'Amérique a refusé à la Grèce un nouvel emprunt. On se montre très surpris, à Londres, de l'accord d'Angora il faut s'attendre à des difficultés avec l'Angleterre. LE 4 NOVEMBRE. La Chambre vote un texte de loi d'après lequel le dimanche qui suit le 11 novembre sera fête nationale; exceptionnellement cette année le 11 novembre sera jour férié.

-

[ocr errors]

A Tokio, M. Hara, président du Conseil, est assassiné à coups de couteau par un jeune Coréen. kanowski, rapporteur général de la M. Ba Commission des finances, dépose son rapport le budget pour 1922 se monte à 26 milliards et demi. Budapest: L'Assemblée Nationale hongroise vote la déchéance des Habsbourg. Rome : Cérémonies émouvantes en l'honneur du Soldat inconnu italien, qui est inhumé dans un caveau sous l'Autel de la Patrie.

LE 5 NOVEMBRE. A Montpellier, grandes fêtes, à l'Université, sous la présidence de M. Millerand ; commémoration du 7° centenaire de la Faculté de Médecine. Importants discours du Président de la République et de M. Léon Bérard. A Munich: funérailles de l'ex-roi Louis III de Bavière. En présence d'une foule innombrable, les troupes de la Reischwehr défilent, avec le prince Ruprecht, le roi de Saxe, le roi de Bulgarie, etc. ainsi que Ludendorff. Le prince Ruprecht lance une proclamation dans laquelle il se considère comme ayant succédé aux droits

[ocr errors][merged small][ocr errors]

LE 7 NOVEMBRE. Le La-Fayette, portant la délégation française, arrive à New-York. M. Briand et ses collaborateurs prennent le train, immédiatement, pour Washington. M. Millerand rentre à Paris. Une note de lord Curzon à M. de Saint-Aulaire (notre ambassadeur à Londres) est arrivée au Quai d'Orsay Elle ne contiendrait rien de nature à troubler les conversations diplomatiques engagées. La thèse anglaise est que l'accord de Londres signé en avril dernier avec Bekir Sami bey (aú nom des Turcs) et que reproduit le nouvel accord entre la France et Angora, avait été contresigné par l'Angleterre, alors que le nouveau traité ne l'est pas. Il s'agit d'un différend de pure forme. A Versailles, devant la Cour d'assises de Seine-et-Oise, commencent les débats du procès Landru.

[ocr errors][merged small][merged small]

LE 8 NOVEMBRE. M. Briand adresse un message au peuple américain. Il y proclame l'union affectueuse des deux grandes républiques et la nécessité de leur accord pour maintenir la paix dans le monde. A la Chambre, discussion sur les loyers. Une note anglaise a été remise à la Société des Nations pour signaler les avances continuelles des forces yougoslaves en Albanie, qui sont de nature à troubler la paix internationale et pour demander que le Conseil suprême, réuni spécialement dans ce but, rappelle l'Albanie au respect des frontières fixées par la conférence des ambassadeurs. Une terrible tempête dans la Manche a causé de nombreux naufrages.

La Bourse

Les dispositions de la Bourse sont, toujours aussi décevantes, et la réduction simultanée du taux de l'escompte à Londres et à New-York n'a eu aucune influence. L'effondrement du mark fait peser, sur toutes les places financières une menace des plus sérieuses, non seulement en raison des versements dus par l'Allemagne, mais encore en raison de la concurrence de l'industrie allemande. D'autre part, les pertes sévères subies par la spéculation ont provoqué certaines difficultés en liquidation et qui se sont traduites par des ventes forcées.

Au marché des changes, toute l'attention se concentre sur le mark dont la chute prend des proportions inquiétantes. Cette chute est, dit-on, motivée par l'échec des négociations pour la conclusion d'un emprunt allemand aux Etats-Unis et la proximité du versement du premier acompte de la taxe d'exportation de 26 olo.

Les Rentes françaises sont toujours sans marché, tandis que les cours pratiqués hors cote sont en nouveau ́recul.

Les actions de nos grandes Banques sont très résistantes, et maintiennent facilement leurs cours.

Les valeurs industrielles sont très affectées, et on note, surtout, le recul des valeurs de sucre. Les Sucreries d'Egypte tombent aux environs de 570, le renouvellement de la convention avec le gouvernement Egyptien paraissant impossible, tandis que la Raffinerie Say perd le cours de 1.300, son dividende devant, dit-on, être difficilement maintenu à son chiffre antérieur.

Les Chargeurs Réunis, la Thomson-houston, la Kuhlmann et la Gafsa sont très offerts et en recul sensible.

Au marché en Banque, la tendance n'a guère été plus satisfaisante bien qu'en dernière heure le Mexican Eagle offre plus de résistance. La De Beers est très irrégulière et les Mines Sud-Africaines sur de nouvelles craintes de

grève sont offertes. Les valeurs russes reperdent toute leur avance, la Bourse se montrant sceptique quant aux propositions du gouvernement des soviets. Les Valeurs de Caoutchouc sont plus fermes en sympathie avec la matière première.

J. DESPRÉAUX.

« AnteriorContinuar »