CE QU'ON DIT A la grande langue mondiale. Cependant, en debors de l'Indo-Chine, le français peut avoir dans la Chine un paint d'appui sérieux. La culture française paraît de plus en plus sympathique aux lettrés chinois. Les intelligentes initiatives qui ont présidé, à Lyon, à la création de l'Université franco-chinoise, n'ont pas perdu leur l'heure où nous écrivions ces lignes, mercredi 9, temps. après-midi, on ne savait pas encore si décidé Enfin le français reste langue de culture dans une par ment vendredi 11 novembre serait ou non un tie de l'Amérique latine. Et il le serait peut-être davan jour férié. Il n'est pas dans toute notre histoire tage si les Français étaient personnellement plus pré- de date plus glorieuse que celle du ii novembre 1918. La sents dans ces régions. France se doit de célébrer chaque année la Victoire des Dans ces quatre secteurs, l'influence de la langue fran- | Alliés, avec un éclat particulier. Encore ne faut-il pas, çaire doit se faire sentir très différemment ce qui est pour cela, prendre des mesures. hâtives qui appor. avantageux pour l'un ne l'est pas pour l'autre. Il serait tent dans toutes les affaires des perturbations. Il y a dangereux d'adopter des méthodes uniformes. Ce serait trois ans que nous avons fini la guerre, il y en a deux courir à l'échec le plus humiliant – et le plus mérité - que nous avons élu une nouvelle Chambre. Et il peut que de vouloir faire de l'annexionisme intellectuel et, paraître singulier que nos députés aient attendu le 4 noen dehors de France, la culture française ne doit pas vembre 1921 pour s'aviser que le 11 était un anniversaire aspirer à une autre destinée que celle d'être utilisée. Or glorieux. Le résultat? Ils ont voté hâtivement un projet les différents pays ne l'utilisent pas de la même manière. dont ils n'avaient pas mesuré les conséquences. Il ne faut pas s'étonner de voir l’un rejeter ce que l'autre La sagesse la plus élémentaire était d'adopter pureaccepte. Il est naturel que l'Extrême-Orient méprise notre ment et simplement l'amendement de M. Bougère, et de théâtre et s'intéresse à nos moralistes, et le contraire reporter la fête au dimanche suivant, comme on l'a fait n'est pas moins naturel chez certains Européens. pour la fête.de Jeanne d'Arc. C'est ce qui fut voté. Seu Et pas de jalousie non plus. Les Brésiliens, qui n'étu- lement, on a immédiatement décrété que par exception diaient naguère que le français, étudient aujourd'hui le vendredi 11 novembre 1921 serait transformé en diaussi l'anglais, et les Slaves attirés par notre langue ne manche. On privait ainsi les ouvriers d'une journée de méprisent pas pour cela la connaissance de l'allemand. salaire, ce qui était vraiment bien inutile, et on apporIl est puéril de parler alors, comme on le fait souvent, tait au commerce et à l'industrie une gêne considérable : de recul du français, et surtout de concurrence, comme beaucoup de maisons ont pris l'habitude de fermer le l'épicier du coin. Personne ne songe à reprocher à un samedi à midi pour permettre à leur personnel de sė Français de lire et de goûter les livres anglais, et rendre à la campagne le dimanche. Devaient-elles traM. Poincaré lui-même a rappelé à la raison les échauf vailler le samedi toute la journée et dans ce cas, pero fés qui voudraient interdire l'allemand à nos étudiants. sonne n'aurait été satisfait d'avoir deux jours de congé Déjà pendant la guerre, les pourfendeurs de Kant, de séparés par un jour de travail. Devaient-elles faire le * Wagner et de Nietszche nous faisaient sourire. Nous esti- pont? Mais dans ce cas, il y aurait eu, avec celui de la i mons donc que tout cela est très bon pour nous. Pour- Toussaint, 13 jours fériés en deux mois. C'était vraż quoi ne serait-ce pas bon pour les Roumains et les Chi- ment un peu exagéré! La gêne qui en résultait pour liens? Le Français qui étale à l'étranger l'ignorance ou les affaires aurait été d'autant plus grande que le mépris de la culture anglaise, allemande ou italienne personne ne prévoyait cette fantaisie parlementaire et nē nous fait aucun honneur et donne aux idées et à la qu'il n'avait pas été possible de prendre des mesures pensée française une figure étroite, sectaire, bontiquière. en conséquence. On se plaint depuis un an de la crise N'oublions pas que le XVIII° siècle est passé et ne des affaires. Cette crise semble s'atténuer depuis quelreviendra plus. Au XVIII° siècle, c'est par la culture fran- ques semaines ; ce n'est pas le moment de mettre de çaise qu'on devenait, en Europe, un honnête homme. nouvaux bâtons dans les roues. Car si nous avons vaincu Aujourd'hui, c'est par la culture cosmopolite. Sachons par les armes, la lutte économique continue tous les en prendre notre parti . Dans cette culture cosmopolite, jours. occupons-nous de faire figurer la nôtre en bonne place, Mercredi, on se demandait encore si l'on fermerait de la rendre la plus sociable, et de ne pas prendre mal vendredi, ou si l'on ne fermerait pas. Quel jour on lià propos un air hargneux ou sacrifié. vrerait les marchandises commandées, quand on paierait Le français a cessé d'être la seule langue diploma- ou serait payé, et comment l'on préparerait les échéances. tique. La Société des Nations et les congrès internatio N'oublions pas, en effet, que le lendemain d'une fête naux ont aujourd'hui deux langues officielles. Un jour légale, beaucoup d'opérations, comme les protêts, sont peut-être elles en auront trois. Ne faisons pas comme les interdites par la loi. enfants envieux qui jaunissent quand il leur vient un Ce que nous voulons fêter, c'est un fait plus grand petit frère... Faisons bonne figure à l'anglais et serrons qu'une date, c'est le symbole de la victoire. On a décidé nous courtoisement pour lui donner place. Reconnaissons que le 14 juillet symbolisait toute la Révolution. Le que son rôle actuel dans le monde économique, la masse second dimanche de novembre peut aussi bien symbode cent cinquante millions d'hommes qui le parlent, et liser la Victoire, surtout qui le lisent, nécessitait cette modification aux SERGE ANDRÉ. vieux usages. Ne le menacon's pas de ce que Mallarmé man appelait le hérissement de quarante épées frèles. Et n'oublions pas, que si la langue de Louis XIV a Première neige. régné si longtemps sur la diplomatie, c'est en partie Soudain, mardi matin, Paris se réveilla sous une neige parce que c'était une langue propre. Il serait fâcheux ensoleillée. Ce fut une surprise d'été de la Saint-Martin. qu'on entendît dans les congrès internationaux le lan- Les paysages roux ne sont point encore effeuillés ; les gage du Palais-Bourbon, et qu'on y apprît aux Japonais voici poudrés à frimas. Et l'on n'avait point encore collé qui les ignorent, solutionner ou désolidariser. les petites affiches blanches sur l'embauchage des N'allons pas conjurer trop dramatiquement les Anglo-balayeurs de neige... Saxons de maintenir l'honneur et la primauté de notre Ah ! c'est tout de même dommage si tôt, dit une langue; ils nous répondraient encore : Après vous, mes- dame qui aime suivre la mode contradictoire des foursieurs les Français ! rures estivales : ne va-t-il pas falloir que je rentre mon ALBERT THIBAUDET. petit-gris dans l'armoire i WW aux Semaine d'automne. Décidément, articula M. Caillaux, Romain Rolland a bien raison : Ce Michel-Ange fut, lui aussi, un grand Pour amener à l'achat une clientèle qui hésite chez eux comme ailleurs, les commerçants de l'avenue de vainqueur et un grand vaincu ! l'Opéra viennent d'organiser une Semainc d'automne Cela nous valut quatre mâts aux extrémités de l'avenue, autant d'oriflammes, et beaucoup de pancartes, sur les- Paix à la reine de Hongrie. quelles on pouvait lire, en français... de traduction, que L'Opinion faisait remarquer, l'an dernier, la restauc'était là « une démonstration des dernières créaiions de ration des lettres « viennoises » à l'enseigne de quelques la saison à des prix les plus étudiés ». boulangeries. Ne serait-il point temps maintenant de Ayant aperçu cela, de bons badauds vinrent pour rendre son nom à un étroit passage, si pittoresque, si s'émerveiller; mais ils furent déçus : n'étaient-ce pas vieux Paris, qui débouche, non loin des Halles dans la partout les mêmes souliers, les mêmes meubles, les mêmes rue Montmartre, et de remettre les lettres qui manquent montres que la semaine précédente... Sans doute, à cette où furent-elles conzervées ? — à l'inscription : Pas occasion une maison célèbre par sa vieille enseigne sage de la Reine de... peinte en offrait acheteurs une reproduction Le vide est choquant et le mot absent rendrait sa cou« laquelle décore très agréablement les salles à manger ». leur à cet endroit qui évoque un Paris déjà ancien, EtaitPauvre nouveauté !... il jamais nécessaire de l'en priver, car enfin elle fut bien C'était du moins quelque chose. Dans la liste des innocente de la grande guerre cette Reine de... Hongrie ? commerçants qui avaient signé l'annonce commune, on pouvait lire les noms de la Banque Universelle, de l'Agence des Théâtres, de l'Hôtel des Deux-Mondes, Une définition. des Assurances Lacroix... Le jour où Paul-Boncour se disculpa avec véhémence Quelles pouvaient bien être les « dernières créations » d'avoir abandonné tout souci de défense nationale en de ces nouvelles maisons ? soutenant Marty, M. Charles Ruellan, député d'Ille-etVilaine trouva pour le chef des mutins de la mer Noire le mot qu'il fallait : Chez ceux qui règnent. << Marty... dit-il, un martyr qu'en a pas l'air. » English spoken. minum M. Franklin-Bouillon, que ses anciens collègues de Favoris. la Chambre appelaient en plaisantant Washington On bavarde pendant une suspension de séance. Un Potage, — vient de négocier, avec le succès que l'on sait, l'accord franco-turc. Le voilà en passe d'être ambas républicain de gauche taquine un jeune droitier sur le favoritisme des régimes d'autorité. sadeur. Placidement le jeune député répond : Sait-on ce qu'il y a à l'origine de cette fortune diplomatique ? La connaissance parfaite que possède l'an Pourquoi reprocher ses mignons à Henri ll? M. Briand, lui aussi, a ses favoris, mais c'est M. Bonnecien député de l'anglais. En effet, le Saint-Esprit n'a guère dispensé le don vay qui les porte ! des langues à nos législateurs. Et pendant longtemps les délégations parlementaires qui se rendaient soit en Démission. Angleterre, soit aux Etats-Unis, se fussent trouvées bien empêchées sans la présence dans leurs rangs de Le maréchal Fayolle, qui vient de quitter Genève avec M. Franklin-Bouillon. bruit, fit plus d'une fois pendant la guerre le geste fier d'offrir sa démission. De là à nommer, par manière de remerciements, l'in Ce fut un jour sur le front italien à la suite d'une indispensable interprète membre, puis président de la Commission des affaires extérieures, il n'y avait qu'un ncoente altercation avec le général Diaz. Les Français venaient de donner un coup de main pas. Il fut vite franchi. M. Franklin-Bouillon, spécialiste, un peu malgré lui, gentille victoire sur le Piave . On se dénombrait en se fraternel à leurs alliés ; et il s'en était suivi une assez , de politique étrangère, noua avec le Quai d'Orsay des relations que son échec électoral de 1916 ne distendit congratulant. L'heure du communiqué vint. point. Et ces relations lui firent confier auprès du gou- signer, quand le général Fayolle demanda téméraire Comme d'ordinaire, le général Diaz se disposait à le vernement d'Angora la mission qu'il vient de si brillamment remplir. ment de signer le communiqué ce jour-là. Un peu' saisi, le général Diaz protesta qu'il en avait l'habitude et qu'il se devait de parapher les papiers Mots historiques. officiels. On sait que M. Caillaux visita, voici quelque temps Au surplus, eut-il la malchance d'ajouter, je dois déjà, la bonne ville de Grenoble. Les réceptions offi vous dire, mon cher, que je conserve, malgré votre précielles de la municipalité donnèrent lieu à un grand sence sur notre front, le commandement en chef des nombre de mots historiques. Le « roi en exil »-se fit mon- troupes en Italie... trer le théâtre, les écoles, la bibliothèque, le musée. Le général Fayolle laissa entendre qu'il s'en irait s'il On lui exhiba les manuscrits de Henry Beyle. ne lui était pas donné satisfaction. -Le bon Jaurès, dit-il à la cantonade, avait coutume Les deux chefs ne purent s'entendre. Et le lendemain, de 'dire : « Ce Caillaux est vraiment un personnage de le général Fayolle avait trouvé un prétexte pour quitter Stendhal ! le quartier général italien. Puis l'on s'arrêta devant un portrait de Michel-Ange. Voici Mischel-Ange, monsieur le président, dit le député-maire Mistral, socialiste ingénu. Le zèle de la police. Mais M. Caillaux ne prête nulle attention aux gens de Obtenir un passeport, c'est maintenant peu. Le célèbre financier et le célèbre artiste se dévisa- toute simple, grâce à M. Leullier. Pourtant il y a pargèrent quelque temps en silence, l'un derrière le cadre, fois encore des formalités imprévues... l'autre derrière le monocle, chacun sous verre, et en Un Syrien que le général Gouraud avait expulsé de égaux, Syrie, parce qu'il voulait libérer son pays de l'influence une chose mumi française, vivait en exil à Paris... Comme il se préparait , construction d'un escalier monumental et fleuri qui coûà Genève un congrès pansyrien, l'exilé voulut s'y rendre, tera, dit-on, plus de quatre-vingi mille francs. et demanda un passeport à son commissaire de police. En échange de ces dons généreux, M. Coty, qui vient Le commissaire de police exigea des papiers, et, comme d'être élu conseiller général, annonce son vif désir d'être notre Syrien n'en avait pas, l'envoya à la préfecture. élu député de Corse, à la prochaine occasion. Mainte Un passeport, lui dit-on à la préfecture, à vous nant, en Corse, la politique est bien simplifiée; il ne qui êtes exilé de Syrie, vous n'y pensez pas ! Retournez s'agit point de doctrines ; on est pour ou contre Coty. chez vous et ne bougez plus. Et, dans la ville d'Ajaccio, on peut lire sur les vespaIl revint chez lui mélancolique. Cependant, le com- siennes, des « Vive Napoléon ! » où le nom de l'empemissaire de police, intrigué par ce personnage qui n'avait reur est remplacé par celui de M. Coty. pas de papiers, ordonna une enquête. Et le Syrien reçut Au fait, M. Coty n'est-il pas l'empereur des parla visite d'un policier qui lui dit : fums ? Votre situation n'est pas en règle. Présentez-moi vos an papiers d'ici trois jours; sinon vous serez expulsé. Sur la crise des affaires. Notre Syrien ne tenta même pas de faire venir ses papiers; il prépara tranquillement ses malles. A un déjeuner amical et littéraire on parle du ralenTrois jours après, nouvelle visite du policier qui lui tissement continu des affaires commerciales. Cette quesdéclara son expulsion. tion-là n'a point cessé d'être à la mode. Chacun dit A quelle frontière voulez-vous être envoyé? son mot, qui constate la situation, et n'y trouve pas de A la frontière suisse, répond-il tranquillement. remède. Voici celui d'un auteur dramatique, qu'il ne Et voilà comment ce Syrien put se rendre au congrès faudrait pas attribuer, selon l'usage facile, à Tristan pansyrien. Bernard : Ah ! voyez-vous, c'est qu'après la guerre on dé pensait sans compter, et maintenant on compte sans çà et là. dépenser. Les morts vivent-ils 2... w Il y a quelqu'un, en tout cas, qui y croit dur comme i'ieilleries nouvelles. ser, c'est Mlle Volz qui, après avoir fait des conférences L'Opinion eut l'imprudence de citer une épigramme sur ce sujet, a publié, sous le titre Quelques réincarna- de Gombault, qui s'appliquait trop bien à l'une de nos tions célèbres, une liste... comment pourrions-nous dire ? plus anciennes beautés. de nombreux morts-vivants. Elle ne fait que recevoir depuis ce jour des épigramOn a déjà cité - et ici même quelques-uns de ces mes nouvelles, qui ne sont pas d'aujourd'hui et que peuphénomènes. Mais a-t-on remarqué celui-ci ? vent réciter pieusement toutes les grandes dames qui ne A la page 3, on peut lire savent point vieillir. « Le poète Christian Frogé : réincarnation de Victor L'une est de Mathieu Montreuil ; elle est « sur une Hugo ». dame » ; et, déjà l'on en a murmuré quelques passages, Nous avons eu l'indiscrétion de demander à Christian à propos de Célimène, à propos de Cléopâtre..., on ne Frogé l'année de sa naissance. sait plus : Cloris à vingt ans estoit belle Et veut encor passer pour telle. Bien qu'elle en ait quarante-neuf de mes premiers souvenirs d'enfance ses étonnantes Elle prétend toujours qu'ainsi chacun l'appelle. funérailles. Il faut la contenter, la pauvre Demoiselle : Le Pont-Neuf dans mille ans s'appellera Pont-Neuf. L'autre fut faite, dit-on, sur Ninon de Lenclos : Heuzé, — expliquent tout cela très bien . Il ne faut pas qu'on s'étonne De la sublime vertui Dont Piaton fut revêtu; .ce moment à l'évocation du soldat inconnu. On l'appelle, Car, à bien compter son âge, selon les rites, et il répond. Quelques-uns prétendent le Elle peut avoir vécue connaître par son nom, qu'il leur aurait confié. Et ce Avec ce grand personnage. nom aurait été le même, prononcé dans des réunions min très diverses. Evidemment, cela devait arriver. Il y a une énigme Au pays des Muses. et c'est l'instinct humain que d'essayer de la déchiffrer. Mais est-ce bien respectueux pour l'émouvant symbole, Après la réception de Bédier. dont nous fêtons ce ii novembre le premier anniver- La réception de M. Bédier à l'Académie française saire ? avait attiré non seulement les abonnés de ces cérémonies, mais aussi tous les membres de l'Institut. Deux ein pereurs. Après la réception, un membre de l'Académie des M. Coty veut acheter Chambord pour y installer une Beaux-Arts, qu'on n'a point coutume de voir aux séanparfumarie-modèle. M. Coty est un homme qui achète ces, monta par hasard à la bibliothèque Mazarine. beaucoup ; mais, jusqu'ici, ce n'était guère qu'en Corse i Tout le personnel était fort occupé à regarder dans qu'on le connaissait comme grand acheteur. la cour le défilé des personnages illustres. Là-bas, presque tous les journaux lui appartiennent. Le membre de l'Académie des Beaux-Arts voulait L'usine à gaz d'Ajaccio fonctionnait mal ; M. Coty a, ; consulter une collection de périodiques. Le garçon lui de ses deniers, offert à la ville une usine à gaz complète. | indiqua l'embrasure d'une fenêtre où était installé un Il n'y avait pas à Ajaccio d'usine électrique, M. Coty petit bureau. a fait venir de Rouen un Central électrique et il l'a en- Ne vous dérangez pas. Je vais prendre la revue core donné à sa ville. La grotte de Napoléon était d'un moi-même, fit l'immortel. accès assez difficile, M. Coty a entrepris, à ses frais, la Il s'avança vers la fenêtre. X mun et Х A ce moment, M. le conservateur lui-même venait On avait parlé devant lui de Gæthe ; et Hugo s'était s'asseoir devant le petit bureau. emporté contre la politique de Gæthe, politique qu'il Je vous demande pardon, dit l'académicien. Je connaissait bien mal, mais qu'il considérait cependant voudrais consulter telle collection... comme une « abjecte prostitution ». Soudain, il mit sá On peut briguer l'Académie française sans connaître main sur son cøur, et s'écria : les membres de toutes les Académies. M. de Porto-Riche « Moi, je regarde Goethe comme Jeanne d'Arc ne reconnut pas l'importun qui venait troubler sa médi- aurait regardé Messaline. » tation. Où est-elle cette collection ? bougonna-t-il. Le traducteur de Bernard Shaw. Derrière vous, monsieur le conservateur. Alors, M. de Porto-Riche, sans se déranger, laissa M. Augustin Hamon qui vient de donner une tratomber : 'duction du « Doctor's Dilemma » reste fidèle à ses étranDerrière moi, monsieur ? Mais vous voyez bien ges habitudes.; il sème son texte d'iceux » qu'il y a la Seine ! ď «icelles ». Mais il a parfois des trouvailles plus ingénieuses encore. Pour traduire le fameux proverbe anglais : « On ne MM. Barthou et Bédier ont célébré la simplicité d'Ed sait si un pudding est bon qu'après l'avoir mangé. » mond Rostand et son horreur de la vaine gloire. (The proof of the pudding is in the eating). M. Hamon Avant eux, un autre académicien avait déjà souligné écrit tout simplement : « La preuve du pudding gît ce trait marquant du disparu. C'était quelques jours dans le fait de le manger. » après la première A de Chantecler. La pièce avait Qui croirait que M. Bernard Shaw écrit en un style été accueillie avec un rien de froideur et on était loin très alerte ? de l'enthousiasme délirant savamment préparé. Dans winn un salon où se trouvait un des collègues de Rostand, la Le mécontent. maîtresse de maison cherchait à s'expliquer le demi- Le Salon d'Automne n'est plus lui-même. Dada est échec du pauvre Rostand. mort, et les cubistes éteints. C'en est fait de l'innocente Que voulez-vous, Madame, fit l'académicien d'une joie des familles. Mais le mécontent subsiste. Vous le voix douce. C'est sa faute aussi. Si, seulement, il avait trouvez, campé, montrant le poing, les yeux hors de la fait un peu de réclame ! tête. Il prend à témoin sa pauvre femme, qui cherche à l'entraîner, le distraire; et se reproche de lui avoir servi du café. Il crible l'auteur de reproches infamants. Une critique académique. Il repart, traverse les salles, accorde un coup d'eil Les amis de M. le général Ferrié, qui vient récem- indulgent aux natures mortes qu'il accepterait dans sa ment d'obtenir le grand prix Osiris de 100.000 francs salle à manger, grogne un rapide « ça, oui, je ne dis pour ses travaux sur la télégraphie sans fil, cherchent pas », sans s'arrêter, sans jamais admirer, jusqu'à ce à le faire entrer à l'Académie des Sciences. qu'il retombe sur un autre ennemi et recommence à Mais deux places sont actuellement vacantes montrer le poing et à accabler sa femme qui n'en peut d'académicien libre, une de membre titulaire. mais. Gros embarras, car un candidat malheureux à un Or, sachez qu'il a brigué une invitation, qu'il a fait siège de « libre » ne peut se présenter à un siège de queue, qu'il savait fort bien ce qu'il verrait et qu'il ne « titulaire » ; donc si l'on réservait le général pour ce cherche pas autre chose. Car cette indignation est son dernier titre et qu'il échouât, on n'aurait su quand et divertissement et son hygiène. comment le repêcher. Il sort. Il secoue la tête, il sourit. Il est calme. Il est Alors, les amis du général menèrent une délicieuse heureux. Il a vu des cubistes. intrigue académique. Ils ont demandé que les tours d'élection fussent intervertis et qu'il fût procédé d'abord Batre marionnettes, au remplacement de « titulaire ». Comme il y avait une vive résistance, un patron du général eut l'heureuse idée Le progrès. de remarquer que le maréchal. Foch, membre libre de C'est en vain que M. Rouché tente de réveiller sa l'Académie, étant en Amérique, il était convenable maison par de jolis spectacles à la manière de son and'attendre son retour pour s'occuper de l'élection d'un cien Théâtre des Arts ; c'est en vain qu'il y monte membre de sa section. Et voilà comment le général Fer- l'Enlèvement au Sérail de Mozart. L'Opéra se refuse rié, qui le mérite d'ailleurs fort bien, sera certainement à récompenser d'un succès les entreprises délicates de d'ici à quelques semaines membres de l'Institut. son maître. Une à une, M. Rouché perd toutes ses ilu sions. Et pourtant il reste à son poste, et ne semble marin pas Excès de zèle désespérer de l'avenir/ La défense des humanités, la réforme des programmes Quand il vint à l'Opéra, M. Rouché, tout feu tout universitaires, voilà qui fait couler de la belle encre ! flamme, conçut avec mille projets audacieux, une innoL'autre jour, un journaliste fort connu s'écriait dans son vation remarquable : l'installation du téléphone entre enthousiasme : les divers services de la maison. Mais, pour installer le téléphone, il faut, dans un tel ministère, remuer tant « Longue vie aux efforts de M. Bérard ! Grâce à lui de rouages, qué huit ans n'ont pas suffi à ce travail on pourra encore savourer en France Homère et MUSÉE. << élémentaire. Deinandez, par exemple, au bout du fil Musée, fils de la Lune, et.contemporain d'Orphée, M. Maxime Dethomas : il faudra qu'un huissier monte est un poète fabuleux dont on n'a pas un seul vers. cinq étages et que M. Maxime Dethomas en descende autant, si toutefois il en a le temps et le courage. Qu'ont pu devenir, dans cet édifice infernal, les mille projets Un mot inédit de Victor Hugo. audacieux qu'y apportait M. Rouché ?... Les mémoires de Sir Sidney Colvin qui viennent wum de paraître à Londres, fourmillent de curieux renseignements sur les écrivains qu'il a connus et particuliè Simple oubli. rement sur Stevenson. Mais on y rencontre aussi cette <- Ce n'est pas un chef-d'ouvre », avait dit toute anecdote sur Victor Hugo. la presse. Et quoiqu'un tel jugement invite trop sou on vent le public à l'admiration, le public a sifflé, et de Cacambo étonna l'administration nouvelle. On interCamille quitte l'affiche. rogea les employés, les indigènes, on consulta les plus Pourtant, après la première, l'auteur écrivait à un, vieilles cartes. On ne trouva ni ville, ni village, ni ruisami : « Succès énorme ; nous avons fait vingt-deux seau, ni rivière qui pût rappeler de près ou de loin ces mille. » trois syllabes étranges. Nous... c'étaient Glück et lui, sans doute ; car Alors l'administration, aussi barbare là-bas que dans jouait Orphée aussi ce soir-là ; il l'avait oublié. les pays civilisés, raya des cartes et des indicateurs le Nous... le joli pluriel de modestie. beau nom de Cacambo; elle écrivit à la place « Wer ceslas Fosse ». www mun Scènes dans la salle. Chose vue à Berlin. Une scène dans la salle où des spectateurs en faux Après avoir passé, en compagnie de sa femme, la semblant prenaient soudain part à l'action était autre soirée à la Scala de Berlin, rue Martin-Luther, un Franfois obligatoire pour une revue de café-concert. Cette forme-là est devenue vieux-jeu. Dans nos derniers spec çais avait hélé un taxi et se disposait à y prendre place. у tacles à succès, ce sont les acteurs et surtout les actrices Sans hâte, nos compatriotes saluaient leurs amis auqui passent la rampe pour se mêler aux vrais spectateurs. près de la voiture arrêtée au bord du trottoir. Il est vrai que dans l'un d'eux les femmes restent sur Subitement, de l'ombre surgit un Boche formidable de stature suivi d'un second énergumène, qui paraissait un pont jeté au-dessus de l'orchestre... un pont où elles dansent... si toutefois on peut nommer danse un tré tout autant belliqueux. M. W. défendit la portière et fit observer en allemand que le véhicule lui était rémoussement saccadé de marionnettes qui font trois servé. L'Allemand un Pomeranien sans doute répetits tours et puis s'en vont. L'autre soir, une de ces marionnettes, qu'il ne faut torqua avec insolence que « les Berlinois avaient tort de pas désigner aux foudres de sa directrice, ne put s'em s'imaginer que le monde tout entier leur appartînt » et pêcher de confier aux spectateurs voisins, à mi-voix : il fit mine d’écarter M. W. Celui-ci, dont le visage atNon, mais ce que je dois avoir l'air bête là-dessus ! teignait à peine à l'épaule de son adversaire, commenElle était d'ailleurs en costume de Vérité... sortant çait de s'inquiéter de son attitude hostile et de ses du puits ! poings fermés, quand il lui vint une inspiration lumineuse. « Et puis, que me voulez-vous ? » s'écria-t-il en fran çais. Après « Phi-Phi ». ( » - « Moi? mais rien du tout, monsieur » - et le Boche Après la carrière qu'il fit, géant céda la place. num L'ile volante, L'amirauté anglaise et le Colonial office se renvoient mutuellement, comme une balle, la petite Ile de l'AscenUn peu partout. sion, une colonie britannique perdue dans l'Atlantique Le poignard dans la jarretière. au nord-ouest de Sainte-Hélène. Pour le moment, la petite île est considérée comme Les Espagnols sont très vexés du dicton qui assure un navire et figure sur la liste des vaisseaux de Sa Maque leurs femmes portent un poignard dans la jarre- jesté Britannique. Elle a son capitaine et dépend du tière. M. Rodriguez Marin directeur de la Bibliothèque commandant de Gibraltar. Mais l'amirauté ne veut pas nationale de Madrid et germanophile notoire, 1 assure la conserver plus longtemps et l'offre, pour rien, aux et affirme que ce sont les romantiques français qui sont colonies. D'autre part, les colonies ne veulent pas accepresponsables de cette invention blessante (c'est le cas ter un cadeau qui coûte 10.000 livres par an et ne prode le dire) duit que des tortues. Et bien, pas du tout ! Ce sont les Espagnols eux Hélas ! gémit le contribuable anglais, que l'Amimêmes, le savant M. Morel Fatio nous l'apprend. Dès rauté paie ou bien les colonies, qu'importe pour notre le XVIII° siècle, ils font allusion à cette mode qu'ont bourse ? leurs femmes du peuple. Mais pourquoi MM: Rodriguez Marin ne veut-il pas que mum ses charmantes compatriotes aient porté le punal en la Sripta manent. liga ? C'était une preuve de vertu, pourtant ! G. R. Calhoun est poète. Il est marié. Sa femme le muun quitte quelques jours pour faire un voyage. L'Argentin Cacambo. G. R. Calhoun est amoureux de sa femme. L'absence lui semble longue, la séparation cruelle. Il trompe son Le fidèle serviteur que Candide engagea en partant à ennui en faisant des vers. la recherche du meilleur des mondes était originaire de L'absence de son épouse se prolonge. G. R. Calhoun Tucuman. Tous les gens de Tucuman ne sont pas si est tenté par l'aiguillon de la chair. Il résiste. Mais il barbares qu'ils ne s'en souviennent. Il y en a même qui chante dans ses poèmes ses tentations, ses désirs, ses , s'en glorifient. Et peut-être qu'un jour l'amitié franco efforts pour rester fidèle. argentine élèvera là-bas une statue à ce personnage sym- Mme G. R. Calhoun revient. Empressé, son poète de pathique. mari lui confie les vers qu'il écrivit en son absence. Elle La Compagnie Fives-Lille, qui avait construit un che- les lit, les porte à un avoué et demande le divorce, remin de fer local dans la province de Tucuman, avait prochant à son mari les tentations dont il a été victime donné le nom de Cacambo à l'une des stations de la en son absence. ligne. Honneur au parrain inconnu de la gare de Et les juges de Los Angeles appelés à statuer sur ce Cacambo! cas peu banal, ont ri du pauvre poète. Sans doute eût-il Malheureusement, quelques années plus tard, la petite mieux fait de céder à la tentation que de la combattre ligne fut rachetée par le réseau Central Norte. Le nom par des vers compromettants ! |