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que toute leur existence se passe à copier les «< jolis modèles » du passé, qu'ils n'ont de plaisir qu'à regarder des revues, à recevoir des décorations et à inaugurer des monuments; en outre, ils sont animés d'une haine implacable et puérile à l'égard de l'Allemagne ; leurs instincts manquent de vigueur, et s'ils savent déployer la plus grande énergie dans une attitude purement défensive (comme la guerre l'a montré), ils ne sont pas entreprenants: leur force est de nature «< passion »>.

« Je trouve l'Europe à vomir », telle est l'épigraphe de ce pamphlet qui, mêlant à la spéculation une trame romanesque, nous offre les impressions de voyage d'un milliardaire américain et de sa fille Daisy, laquelle, après avoir été la maîtresse d'un Peau-Rouge et la fiancée d'un prince allemand, prend la fuite avec le bolchevik Tirtoieff.

Et l'on peut se demander si cette alliance du grand capitalisme et de la révolution sociale est un symbole, exprimant la pensée de bien des Allemands d'aujourd'hui, ou si c'est, simplement, le dernier trait d'un satirique.

RENÉ LAURET.

Pour les fêtes de Montpellier

A PROPOS DU VII CENTENAIRE DE L'ECOLE DE MÉDECINE Les 5, 6 et 7 novembre, c'est grande fête à Montpellier. Au Jardin des Plantes, en présence du président de la République, inauguration du monument de Rabelais, œuvre magnifique du jeune sculpteur Jacques Villeneuve; célébration du septième centenaire de la fondation de l'Ecole de Médecine, dont la gloire ne le cède à aucune autre... Cette fondation, à la vérité, remonte bien plus haut que le treizième siècle. Car sous Charlemagne, qui lui assurait protection, les Juifs, chassés d'Espagne, sont venus, à la suite des Arabes, se réfugier, par le port de Maguelone, dans la Septimanive et fonder à Narbonne, Nîmes, Montpellier, des écoles où l'on enseigna la médecine, l'astronomie, la philosophie. Ce fut seulement le 15 août 1220 que le cardinal Conrad promulgua la charte organique de l'Ecole de Médecine, dont elle est à la fois la reconnaissance et la consécration. L'Ecole peut désormais conférer des grades. A Salerne, l'école rivale, ce ne sera pas avant 1237 ; et à Paris, pas avant 1270.

Au milieu de la plaine qui s'étend de la Mosson au Lez et du pic Saint-Loup à la mer, Montpellier, dont Maguelone provoqua la naissance, développe sur les deux versants de sa colline, ses rues commerçantes et, vers les lagunes, ses faubourgs égayés de jardins, Montpellier, « aussi riche des dons du ciel que des liens de la terre» (bulle d'Honorius III); « le trésor de l'église romaine » au XIII° siècle (bulle de Grégoire IX); Montpellier, dont Philippe le Hardi faisait plus de cas que de tout le royaume d'Aragon. Sa banlieue, si frémissante de verdures, si animée de fermes, de mas et de hameaux, et qu'elle regarde de tous côtés par les larges baies de ses places et de ses promenades, sa banlieue lui parle éloquemment de ses origines.

Au nord, sur une colline qui surplombe le Lez, et dans la plaine envahie maintenant par la vigne, s'élevait Substantion, l'un des vingt-quatre bourgs des Volces Arécomiques; Serratio, prise pour une station romaine sur la voie domitienne; Sextatio, qui fut après la ruine momentanée de Maguelone, de 737 à 1155, siège des évêques et titre de comté. Le long de la voie, via moneta (lou carni délamonéda, en patois d'aujourd'hui), on a mis à jour des débris de poterie, des figurines de bronze et des monnaies. « Une immense mosaïque d'un éclat incomparable, recouverte d'une couche végétale, une citerne qui accuse, après deux mille ans, la perfection de l'œuvre et l'importance de certaines résidences,

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quelques pans de murs bien assises et sans ciment, voilà tout ce qui reste d'une ville. » (Frédéric Fabrège, Histoire de Maguelone.) Il reste encore une légende, LouTresor di Substantion, que l'abbé Favre, curé de Castelnau, où naquit Pierre de Castelnau, a popularisée dans un poème d'une forte verve gauloise.

Le Parisien François Coppée, venant de visiter le littoral languedocien, me disait un jour: « Votre Montpellier est une ville louis-quatorzième. » Le bon et fin poète avait vu juste. C'est pendant le grand siècle que Montpellier traça ses longues rues ombreuses, couleur de bure ou de rouille, la place de la Comédie, qui est le forum ébloui de lumière, d'où rayonnent les avenues conduisant aux faubourgs, sa place de la Citadelle, qui a l'aspect d'une caserne et d'un couvent, enfin son Pey. rou. Le Peyrou, une merveille, là-haut, sur la proue du plateau. Tous les voyageurs s'accordent à proclamer qu'il n'y a pas en France de promenade plus belle. Ce fut, jusqu'en 1689, un terrain vague, servant aux marchés. Nicolas Lamoignon de Basville, le terrible persésuteur des protestants, songea le premier à le transformer en rendez-vous de repos et d'élégance. Il le fit consolider par des murs de soutènement et il y fit planter des marronniers et des platanes. En 1718, sous le Régent, les Consuls placèrent au milieu de l'allée centrale une statue équestre de Louis XIV, que l'on renversa de son socle, en 1792, pour en fondre des canons. En 1838, une nouvelle statue de bronze fut érigée. Aujourd'hui encore, Louis XIV, étrangement vétu d'un costume romain, désigne de son sceptre la mer voʻsine que désolaient les Barbaresques. Des terrasses du Peyrou, on peut à son aise contempler les sables argentés de Cette et d'Agde, les étangs bleus ou dorés du littoral presque désert, l'église autrefois pontificale de Maguelone, toujours debout dans les clartés de la mer qui étincelle. Lorsque de fins nuages tamisent la trop ardeate lumière, on aperçoit dans le sud les Pyrénées, la tête arrondie et roussâtre du Canigou, et à l'ouest, jusqu'aux Cévennes, la plaine de Saint-Loup tantôt riante, tantôt sévère, comparable à la campagne que, des hauteurs de San Miniato, on admire aux environs de Florence. Du cœur de cette plaine se déploie jusqu'au Peyrou la haute écharpe des pierres ajourées, l'aqueduc au double rang d'arceaux apportant à la ville les eaux de Saint-Clément et du Lez.

Montpellier appartient aux étudiants, pendant l'hiver surtout. Ils n'affectent pas les belles manières en usage à Toulouse. On retrouve en eux, simples et bons enfants, les escholiers bruyants, un peu querelleurs, du moyen âge. Dans leur cercle, on peut entendre toutes les langues de l'Europe. Comme au XII° siècle déjà, on rencontre à l'Ecole de Médecine des étrangers de toute race et de toute religion, chrétiens et musulmans, Egyptiens, Grecs, Italiens, Roumains, Serbes, Espagnols. Sous le doux climat du Languedoc, dans la charmante familiarité de ses mœurs, ces étrangers fraternisent si bien avec les habitants de la ville, qu'ils la chérissent bientôt somme une patrie nouvelle, où quelques-uns demeurent Au printemps, ces escholiers joyeux, pressés par le besoin d'aller au grand air, dans le soleil et la poussière, descendent vers le Lez, que célébra Sainte-Beuve, le Lez, Bougival en miniature, avec ses bosquets et ses guinguettes, ensuite vers Palavas, le petit Trouville de la province. Au lieu d'emprunter pour Palavas le petit train d'intérêt local, combien je préfère longer le sentier des prés, des champs, de vignes, flottant autour des étangs de Pérols et d'Arnel sur les eaux d'autrefois, les eaux de la mer où prospérait, au XII° siècle, l'escale populeuse de Lattos! Ici, de même qu'à Magaelone, s'abritaient les bateaux et les gabarres des Arabes et des Juifs, et aussi la flotte des Guillems, seigneurs de Montpellier, flotte redoutable que pourtant les Génois vinrent, presque dans le port, détruire.

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C'est un délice de partir de Palavas, le long de la mer, un soir d'été, au frais de la brise et de l'ombre, pour se rendre à Maguelone. A gauche, les vagues battent rythmiquement la plage molle; à droite, les étangs clapotent. Point de phare; pas la moindre cabane. Aucun bateau n'aborde plus à ce rivage, qui fut si animé par l'ambition des hommes: c'est la terre du silence et de l'agonie. Pendant plus d'une heure, je marche seul, si menu, sans que mon pas éveille un écho. Il me semble que je n'arriverai jamais à l'église du fief pontifical qui, depuis des siècles, meurt. Dans la nuit presque noire, j'aperçois cependant une lanterne qui se balance à l'avant d'une barque, et je hèle le pêcheur qui, tous les soirs, vient en ses parages tristes de l'étang, disposer ses filets. Il consent à me conduire à Maguelone. Il bavarde avec conhance, d'une voix qui résonne sans effort dans la paix oppressante du paysage. Je n'ai pas à le prier deux fois pour qu'il me raconte l'histoire, ou ce qui est peut-être la même chose, la légende de son pays... Après la mort du Christ, Madeleine, la pêcheresse, fuyant la persécution avec Simon le Lépreux, Marthe et Lazare d'Arimathie, s'embarqua sur un esquif sans voile ni rame. Le souffle de Dieu les poussa d'abord vers l'embouchure Edu Rhône, puis vers l'île qui, dès lors, prit le nom de Magdalena (Madeleine), et dont Simon fut le premier évêque.

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On ne retrouve plus aujourd'hui, dans la ruine de Maguelone, que des traces de mort, des pierres tombales, des caveaux où les hauts barons de la province demane daient que de très loin on les enterrât. Pour découvrir stdans ces poussières la noblesse du passé, et pour l'aimer -kencore, il faut avoir l'âme pieusement éprise des beautés orde ce moyen âge si hardi et si généreux, d'où nous sortons... Sous la tente du pêcheur, au bord de la mer, de braves gens m'accueillent. C'est tout prêt d'ici, dans le château de Mireval, que le roi d'Aragon, Pierre II, épousa, en 1204, Marie, fille de Guilhelm VIII, seigneur de Montpellier. C'est sous Jayme I", fils du roi Pierre, que se décide, en cette année 1220, le véritable établissement de l'Ecole de Médecine, qui est, par conséquent, la plus ancienne de France. En 1290, le pape Nicolas IV institue l'Université de Montpellier, que supprima la Révolution. A peine si le roi de France, Philippe le Hardi, venait de réunir, en 1271, à la couronne tout le pays qui prit alors le nom de Languedoc.

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GEORGES BEAUME.

L'Opinion Régionaliste

Les conférences interdépartementales Nous n'avons pas encore les assemblées régionales représentant tous les intérêts de la région. Espérons que M. Colrat nous les donnera. En attendant, nous avons les régions économiques, faites de l'union des Chambres de commerce, et nous avons les conférences interdépartementales qui assemblent les délégués départementaux de la région. M. Pierre Marraud, ministre de l'Intérieur, vient d'envoyer aux préfets une circulaire qui a trait à ces conférences. En l'absence d'assemblées régionales équilibrées, ces réunions ont un certain mérite. Il convient de complimenter, sans arrièrepensée, M. Marraud de sa bonne pensée. N'aurait-elle pour effet que de démontrer à MM. les préfets auxquels la circulaire est adressée et aux conseils généraux sur le bureau desquels le ministre de l'intérieur prie les Préfets de déposer son texte, de démontrer que le pouVoir central est sympathique aux unions interdépartementales régionales, que ce serait un bon point. Nous tous, régionalistes qui bataillant aux provinces de France, dans la presse régionale, les universités, les

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fédérations agricoles ou économiques, les associations régionalistes, trouvons trop souvent de la timidité chez les élus locaux qui n'osent s'aventurer dans l'interprétation régionaliste des lois, tous nous serons heureux de pouvoir désormais affirmer aux conseillers généraux et aux préfets que les dispositions, que les volontés du ministre sont avec nous, avec la hardiesse et non avec la crainte de novations.

Possédant la bonne fortune d'avoir en mains la circulaire de M. Marraud, j'en donnerai de nombreux extraits. Dans une telle affaire, le texte du ministre est plus important que les commentaires de l'écrivain.

Sous le titre de la Direction de l'Administration Départementale et Communale (4° bureau), « le ministre de l'intérieur à MM. les préfets », traite de l'organisanisation des conférences interdépartementales. Je me plais à imaginer quel dut être le sentiment des vieux ronds de cuir chefs des bureaux des préfectures en recevant cette circulaire d'esprit régionaliste.

Les préfets sont plus souples, on sait ça. Intérieur à préfet, c'était bien la première fois depuis cinquante ans que sous cette adresse, il était question de régionalisme autrement que pour le combattre.

M. Pierre Marraud s'exprime ainsi : « En attendant le vote du projet de loi sur la réorganisation administrative qui est en préparation, il me paraît utile de préciser les conditions dans lesquelles les conseils généraux peuvent actuellement se concerter sur des projets intéressant plusieurs départements.

Le seul moyen dont disposent les assemblées départementales pour étudier en commun les questions de cette nature consiste dans l'organisation de conférences interdépartementales prévues par les articles 89, 90 et 91 de la loi du 10 août 1871.

Ces articles qui ne formulent d'ailleurs que des règles générales ont été interprétés jusqu'ici dans un sens très restrictif. A l'époque où la loi de 1871 est entrée en application, l'intérêt que pouvaient présenter les conférences interdépartementales n'apparaissait, en effet, qu'à titre exceptionnel. Les transformations économiques qui se sont produites depuis lors et qui ont fait naître des besoins nouveaux, l'importance que revêtent aujourd'hui les problèmes de cette nature, doivent conduire, tout en respectant bien entendu le texte même de la loi de 1871, à en poursuivre l'application dans un esprit très libéral. »

Libre au ministre de dire que des transformations économiques permettent l'application de la loi de 1871 dans un esprit très libéral. Il y a sans doute une part de vérité là-dedans. Les régions se sont précisées ces dernières années mais les besoins étaient antérieurs aux transformations économiques invoquées.

Le ministre précise: « Les questions intéressant plusieurs départements deviennent chaque jour plus nombreuses et plus complexes; il suffit à ce point de vue de rappeler les travaux susceptibles d'intéresser toute une région l'établissement et l'amélioration de voies ferrées, de services automobiles, de canaux, de voies fluviales, de ports, de lignes d'énergie électrique, de réseaux téléphoniques interdépartementaux, de l'utilisation des forces hydrauliques. Il convient donc de faciliter dans toute la mesure du possible la réunion de conférences interdépartementales et de rendre leur action plus féconde, parallèlement à l'effort que le ministère du commerce accomplit depuis 1917, avec le concours des groupements économiques régionaux créés sur son initiative. »

Le ministre de l'intérieur a une pensée efficace et généreuse en faisant allusion aux régions économiques du ministère du commerce; il y a trop souvent entre les départements ministériels ignorance, si ce n'est même rivalité entre créations voisines pour ne pas complimenter l'intérieur de ne pas mésestimer le commerce.

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Espérons que le réciproque sera vrai et qu'à l'heure où les régions administratives seront créées par l'intérieur, les régions économiques du commerce leur témoigneront une égale amitié.

M. Marraud poursuit son exposé; se trouvant dans le cadre de la loi de 1871, il lui donne la plus large interprétation et va jusqu'à conseiller la permanence des réunions interdépartementales. Il écrit : « Il importe « Il importe que les conseils généraux puissent tirer à cet égard tout le parti possible de la législation en vigueur. Une interprétation large me semble pouvoir être donnée à la loi de 1871, en ce qui concerne notamment la durée de ces conférences ainsi que l'étendue de la mission qui est susceptible de leur être confiée.

Tout d'abord, il me paraît logique lorsque les conseils généraux le jugent utile, et dans la mesure nécessaire pour permettre aux conférences interdépartementales d'accomplir leur mission, de reconnaître à celles-ci un certain caractère de permanence.

Aucun obstacle légal ne s'oppose, à mon avis, à ce que le texte de la loi de 1871 soit entendu en ce sens et cette interprétation est de nature à faciliter la réalisation de programmes de travaux dont l'examen exige de longs mois.

Les conseils généraux doivent avoir toute latitude en désignant leurs représentants à une conférence interdépartementale pour fixer la durée pendant laquelle ceuxci demeureront investis de leur mandat. » Tout cela.

bien entendu dans les conditions légales; il ne s'agit pas d'enfreindre la loi de 1871 mais de l'interpréter « dans un esprit libéral ». Ainsi ces délégués devront être soumis à la réélection chaque année comme les membres de la commission départementale. Des délégations pourront être données pour toute une série d'affaires à défaut de délégation générale que l'interpretation même la plus large de la loi ne peut donner (loi du 10 août 1871, article 77, décret en conseil d'Etat, 26 janvier 1896). L'article 90 permet l'étendue de la délégation.

Les principes posés, passons aux possibilités d'application. Tout d'abord c'est le conseil général (et non le préfet) qui sera seul juge en matière de convocations :

« 1° Initiative des conférences. L'initiative des conférences interdépartementales appartient exclusivement au conseil général (Avis Min. Int. 8 septembre 1899); cette assemblée prend à cet effet une délibération formulant ses propositions en ce qui concerne l'objet de la conférence, son siège et l'époque de sa première réunion. Cette délibération est portée par le président du conseil général à la connaissance des présidents des conseils généraux des autres départements; ces conseils généraux sont appelés à délibérer et décident s'il y a lieu d'adhérer ou de refuser leur adhésion aux propositions dont ils ont été saisis. Le préfet avise également ses collègues des autres départements intéressés avis du 14 mai 1875) Si l'adhésion est refusée, aucune suite ne peut être donnée au projet de conférence, tout au moins avec le ou les départements opposants. Si cette adhésion est donnée, chaque assemblée départementale adhérente procède à la nomination de ses délégués. >>

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2° Nomination des membres des conférences. Sur ce point la stricte application des prescriptions du paragraphe 1er de l'article go ne paraît donner lieu à aucune difficulté; chaque conseil général sera représenté soit par sa commission départementale, soit par des commissaires désignés spécialement; les membres de conférence ne peuvent être pris en dehors du conseil général (Avis du ministre de l'intérieur, 15 mars 1875); j'estime, conformément à l'avis de mes prédécesseurs (Décision du 28 juin 1873, 21 août 1876) qu'il appartient

au conseil général seul de décider s'il sera représenté à la conférence par la commission départementale ou par des délégués spéciaux; la commission départementale ne saurait revendiquer le droit de représenter d'of fice le département. (Avis ministère de l'intérieur 9 sep tembre 1873, 19 août 1875.) »

3° Nombre de membres. La loi du 5 avril 1884 (article 117) fixe à trois le nombre des délégués de chaque conseil municipal aux conférences intercommunales. Dieu merci, la loi du 10 août 1871 ne fixe aucun chiffre ici. Ainsi, les conseils généraux auront, dit le ministre, « toute liberté pour fixer la composition res pective de leur délégation; ils pourront également décider que la conférence sera constituée par la réunion des commissions départementales ».

Nous ne savons si le mieux sera de réunir les commissions départementales. Peut-être serait-il préférable de choisir dans chaque conseil les spécialistes des ques tions régionales. Il y en a. Leur place est marquée à la conférence.

L'article 40 précise les lieux de réunion et le caractère des délibérations. Les adversaires du bavardage d'assemblées seront très satisfaits d'y trouver une instruction charmante. Les séances de la conférence interdé partementale ne seront pas publiques! Que M. Marraud a été bien inspiré en édictant cet article! Ses souvenirs de préfet lui ont permis de toucher de près la vanité de tant et tant de séances des conseils généraux. Combien jouer les nationales! On connaît la comédie rituelle. Il de minuscules assemblées départementales qui veulent est défendu de parler politique au conseil général. Un conseiller socialiste (depuis deux ans, c'est un conseiller communiste qui tient cet office) dépose un vou, des fé licitations aux soviets ou autres fantaisies. Le préfet se couvre et s'en va. Le conseil vote le vœu ou ne le vote bien employés. Ces mauvaises plaisanteries n'existeraient pas, mais des heures sont perdues qui eussent pu être vraisemblablement pas s'il n'y avait pas une presse pon recueillir ces témoignages bruyants et s'il n'y avait pas la galerie, les cinquante ou cent purs qui, faute d'alla aux rives de Seine, suivent les séances de l'assemble départementale et dont la seule présence fait déploya des drapeaux aux conseillers extrémistes. Si les séances n'étaient pas publiques, ces vaines manifestations n'au raient très probableemnt pas lieu. M. Marraud a don partementales ne seraient pas ouvertes aux auditeurs et sagement agi en notifiant que les conférences interdé n'auraient qu'une publicité limitée.

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Voici d'ailleurs ce prudent et aimable article 40: nion se tient à l'époque et dans la ville choisie « 4° Réunions et délibérations. La première réconseils généraux intéressés; elle doit avoir lieu en prin cipe à la préfecture d'un des départements, elle ne pourrait se tenir dans une ville autre que le chef-lies du département et dans un local autre que la préfe siège la conférence. ture qu'après entente avec le préfet du département où

Les délégués ont le droit d'élire un bureau et celui d'élaborer un règlement pour leurs délibérations; as texte, ni avec l'esprit de la loi de 1871. droits ne me paraissent être en opposition ni avec le

Les séances ne doivent pas être publiques; les règles édictées pour les délibérations des conseils généraux en ce qui concerne la majorité nécessaire, les modes de scrutin et la rédaction du procès-verbal peuvent être ap pliquées aux délibérations de la conférence. Le procèsverbal devra être notifié à chaque préfet intéressé, mais la conférence décidera s'il doit être publié et s'il pest être communiqué à toute personne qui demandera à e prendre connaissance. »

Restaient à définir l'objet des conférences et leurs de cisions. L'objet, c'est la masse des questions qui de passe le cadre départemental pour rentrer dans le ré

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gional, c'est-à-dire à peu près toutes les questions locales et régionales. M. Marraud va ici assez loin dans cette interprétation qu'il avait promise « très libérale » de la loi de 1871. Il ne craint pas d'avoir sur ce point une opinion contraire à celle de ses prédécesseurs et à celle même du conseil d'Etat jusqu'à ce jour. Par lui, la conférence interdépartementale a droit d'examen sur toutes les questions intéressant plusieurs départements. Ici encore, il a droit à la gratitude des régionalistes pour avoir ouvert un champ large.

Passons à l'article suivant.

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« 5° Objet et décisions des conférences interdépartementales. Les conférences interdépartementales peu"vent avoir pour objet, d'après l'article 89, dans la linite du mandat qui leur est donné, l'étude de toutes es questions d'utilité départementale rentrant dans les attributions des conseils généraux et intéressant à la ois les divers départemets représentés; leurs décisions ont exécutoires après avoir été ratifiées par tous les conseils généraux intéressés (article 90). J'estime, en utre, contrairement à l'opinion qui avait prévalu jusqu'à présent, que la loi de 1871 permet aux conférences interdépartementales, de formuler des vœux sur toutes es questions d'utilité interdépartementale faisant l'ob

set. »

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Enfin, le ministre interdit de s'occuper de questions ayant un caractère politique ». Prenons ici ce politique dans le sens courant et dévié qu'on lui donne. Dans ce ens, il est très bon que les conseils interdépartementaux aissent la politique de côté. Touchons-nous ici à la ensée du ministre? Il nous l'avait fait entrevoir en reusant la publicité aux séances des conférences et en mitant la publicité de leurs travaux. Il la précise en isant que les conférences ne doivent pas s'occuper de olitique. Puisse sa volonté être suivie! Nous constaons avec satisfaction que dès que l'on touche au terain régional, la politique diviseuse disparaît. Les réions économiques du ministère du commerce se sont ardées de la politique comme de la peste. Puissent les onférences interdépartementales se garder de la même olitique comme du choléra! Nous le croyons quelque

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part

ETTRES

Feuillets de

Les livres au Salon d'Automne En attendant que s'organise périodi ement un vrai salon du Livre, le San d'Automne nous présente encore cette mée quelques spécimens des beaux ouages récemment parus ou en cours impression. Dans l'ensemble, c'est une téressante exposition qui fait honneur L'édition française.

La gravure sur bois y tient une place nsidérable et peut être excessive. A la dengue cette unité se rapproche un peu

p de l'uniformité.Et puis on est en oit de se demander si tant d'artistes tirés irrésistiblement par cette matière ont pas été plutôt à la mode qu'à leur

t. Cela expliquerait des naïvetés préndues voulues qui trahissent surtout puissance ou l'ignorance. De plus en plus il importe de marer des différences et de distinguer ce ii sépare les admirables bois d'un a xime Dethomas ou d'un Gaston Pasé illustrant les Diaboliques et ceux de 1. Le Breton que je cite au hasard. Ceui-ci a dessiné quelques images tristes à

peu car nous avons toujours pensé que le régionalisme portait en lui une grande vertu, celle de dépassionner les querelles. Le cas du Rhône que nous avons donné ici même est précis. Tant que l'aménagement du grand fleuve fut examiné d'un point de vue départemental, la solution ne fut pas trouvée. Du jour où la question fut examinée de l'angle régional et interrégional, la solution apparút, claire, et fut aussitôt acceptée.

Et que va-t-il sortir de tout cela? Quel va être l'effet de cette circulaire? Déjà des conférences ont eu lieu. Un des premiers conseillers généraux qui ait demandé l'application de la circulaire est M. Guibal, député de l'Hérault et conseiller général de Montpellier. Les amis de M. Guibal dans le Midi ont eu à se plaindre de la politique de M. Marraud. Mais cela n'empêche pas l'honorable M. Guibal de demander l'application de la circulaire du ministre, M. Marraud. Le régionalisme est une amitié.

Nous ne prétendons pas cependant que les conférences interdépartementales nous donneront le régionalisme. Elles n'ont pas hélas! de pouvoirs d'exécution. Pas plus que les régions économiques, elles ne transformeront la vie locale. Si les régions économiques ne représentent qu'une partie de la production, les conseils généraux ne représentent qu'une partie de la vie politique locale, et non la moins intéressante (pour mon compte, je leur préfère les municipalités). Cependant, tout en pensant que le régionalisme ne pourra être réalisé que grâce à une transformation plus vaste et à la repésentation des métiers, nous ne mépriserons pas la circulaire de M. Marraud. Elle permettra d'utiles rencontres et préparera la réforme que M. Colrat va pré

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ajouter au Cyrano de Rostand. Elles s'accordent assez mal avec cet ouvrage. Je sais bien que ceci n'a aucune importance. Mais il en est des illustrateurs comme des critiques. Nous nous passerions fort bien de certaines opinions ou de certaines compositions. Elles n'ajoutent rien; au contraire.

Fort heureusement, de bons artistes sont représentés ici depuis Charles Guérin dont on aimera les légères lithographies du Voyage égoïste de Mme Colette jusqu'à Le Laboureur qui illustre à sa manière le Diable amoureux de Cazotte.

Ce qu'il est assez amusant de remarquer, c'est que quelquefois le modernisme le plus avancé s'allie à une ma nière de pastiche.

Je ne crois pas qu'aucun éditeur, sauf peut-être M. Georges Crès, n'expose ici le résultat d'un effort plus important et plus divers que la Nouvelle Revue Française. Eh bien elle n'hésite pas à enfermer les agréables lithographies lé gèrement colorées de M. J.-L. Boussin gault pour le Tableau des courses ou Essai sur les courses de chevaux en France sous une couverture imitée des

MARCEL PROVENCE.

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La littérature au Salon d'automne

Chaque samedi, ont lieu comme tous les ans des séances littéraires au Salon d'Automne. L'organisateur les annonce en termes très... choisis... « Le pompier nous étouffe, mais le subversif andus corrode. Les conférences ne << seraient-elles donc que des affirma«<tions d'intentions, au sens où Oscar < Wilde prenait ce noble mot, qu'il y « aurait déjà là un attrait de prome"nade discursive, une grande aération « des esprits. Intentions déjà réalisées « pour la plupart par la cohorte, qui « n'est pas mince, des jeunes écrivains « dont l'avant-guerre avait consacré les a premières œuvres; courants qui se < précisent et s'affirment, idées, poèmes, a romans, parure déjà lourde à l'espaalier de la jeune littérature qui, riche « des expériences des grands aînés ou « désireuse de découvrir des chemins a vierges, rejoint peut être, sans autre « épreuves que celle de l'assagisse

ment par le Don de l'enthousiasme a spirituel et du plus dur contrôle par a les confrontations multipliées,

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« vieille Beauté qu'on n'ose plus appeler éternelle, ce qui est encore un a moyen de ne pas s'égarer hors du <<< siècle. »

La maison natale de Corneille La ville de Rouen vient de prendre possession de la maison natale de Pierre Corneille, située rue de la Pie et qu'elle avait acquise en 1912 grâce à une souscription nationale à laquelle collabora généreusement Pierpont Morgan. Pendant la guerre, l'illustre logis avait été mis par la municipalité à la disposition de l'Union des Femmes de France qui y avait aménagé un agréable foyer du soldat pour les militaires convalescents.

Aujourd'hui la maison restaurée est sur le point de devenir un musée cornélien comme l'autre maison de Corneille à Petit-Couronne, où le poète passait ses vacances et écrivit quelques unes de ses tragédies.

Une intéressante collection de livres, de gravures et d'éditions originales recueillis par M. Edouard Pelay formera le premier fond de ce musée.

Détail curieux. Lors de la célébration à Rouen en 1884 du deuxième centenaire de Corneille, on y ignorait encore si bien le glorieux passé de la maison de la rue de la Pie, que les organisateurs des fêtes convaincus que la demeure natale de l'auteur du Cid avait été depuis longtemps démolie, élevèrent sur l'emplacement de ce logis présumé un décor représentant, prétendaient-ils, la maison du père Corneille.

Utile Propagande

Au cours de la dernière réunion de l'Union sociale des ingénieurs catholiques, notre collaborateur M. Louis Le Chatelier fit une conférence très documentée sur la lutte entreprise par la société contre une maladie célèbre dans l'histoire et malheureusement trop répandue encore de nos jours. L'orateur rappelle les efforts déjà tentés par la science et cite les noms des docteurs Brocq, Calmette, Letulle et Roux à qui notre pays doit déjà tant et devra bientôt encore davantage.

Chez les Compagnons

de l'Intelligence Le groupe d'action extérieure des Compagnons de l'Intelligence organise, chaque samedi au Cercle de la Renaissance française une réunion consacrée à des causeries sur un philosophe, un savant, un écrivain ou un artiste français ou étrangers; des lectures d'œuvres et des auditions de musique accompagneront et complèteront ces présentations.

Dunlop

John Boyd Dunlop, le fondateur de l'industrie du pneumatique, vient de mourir à Dublin.

Son histoire est curieuse: après avoir fait des études de vétérinaire il vint exercer sa profession en Irlande. Son fils âgé de 20 ans participait à toutes les courses de bicyclettes organisées par son lycée. Pour lui faciliter le roulement de sa machine, le père Dunlop fabriqua des jantes de bois qu'il entoura par une chambre de caoutchouc gonflée d'air. Ainsi naquit le pneumatique qui

permit à l'industrie automobile d'atten dre le point de perfectionnement où elle est aujourd'hui.

Tout le monde regrettera la dispari tion de M. Dunlop, fondateur de la maison qui porte son nom et qui, ayant comme on sait, depuis lors prospéré maintient si bien les traditions qu'il lui a léguées.

Hommage à Louis Hemon On sait que l'Académie française ne peut couronner les ouvrages des écri vains morts. Elle ne fit qu'une seule exception à cette règle pendant la guer re en accordant la plupart de ses prix aux écrivains tués à l'ennemi.

Cette année, il est, croyons-nous, dans ses intentions, sur l'initiative d'un de ses membres, de rendre un public hommage à la mémoire de Louis Hemon. Dans le rapport annuel des ré compenses accordées par la Compagnie seront intercalées quelques phrases élo gieuses sur le roman du jeune écri vain Marie Chapdelaine.

Une caisse de prêts

aux écrivains suisse La Société des écrivains suisses vien de résoudre, ces jours derniers, la ques tion, si discutée du crédit intellectue en fondant, au cours d'une important réunion qui s'est tenue à Zurich, une caisse d'avances et de prêts aux éc vains.

Ce projet a pu être enfin réalisé grie à la générosité du Conseil Fédéral g a mis à la disposition de la société somme de cent mille francs.

Le montant des prêts ne pourra aucun cas dépasser cinq mille francs. L ne seront consentis qu'à des écrivais ayant déjà donné des preuves de le talent. Le remboursement des sommes avancées qui ne porteront pas intére sera obtenu par prélèvement sur droits d'auteur, réclamés non à l'éd teur, comme il avait été proposé, à l'homme de lettres.

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Au cours de la réunion de Zurich, discussion a porté sur le point de save quel recours était offert à un écrivain se verrait refuser un prêt sollicité comité d'examen chargé de répartir

Après de nombreux échanges de v la création d'une commission de recours a été décidée. Cette dernière qui tra chera en dernier lieu, comprendra ine membres dont un sera nommé par comité de la société des écrivains su ses et deux élus par l'assemblée géré rale annuelle.

Les comédiens français en Belgique

La Comédie Française voyage bea coup. Mais quelque fois avec trop de hâte. Une excellente revue France-Be gique qui a pris pour tâche de mention ner régulièrement tout ce qui intérese les Belges en France et les Français e Belgique évènements, incidents ves ou minuscules, sources, moyens éléments de la vie politique, morale, tellectuelle » signale dans der nier numéro avec une surprise affecit, que des acteurs de la comédie ont dn

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