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Directeurs :

4, Rue Chauveau-Lagarde, Paris VIII Arr. - Téléphone : Gut. 43-57

SERGE ANDRÉ

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Redacteur en chef: JACQUES BOULENGER

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RÉDACTION. Les manuscrits doivent être adressés à M. le Rédacte en chef. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. L'Opi ne publie que de l'inédit.

PUBLICITÉ. Pour la publicité, s'adresser à l'office d'Editions et é publicité générales, 30, rue Jacob, Paris, et aux bureaux du journal

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GABRIEL MOUREY

ESSAI SUR L'ART
DÉCORATIF

FRANÇAIS MODERNE

L'Art décoratif qui, plus que tout autre, révèle la fluctuation du goût d'un peuple n'avait pas encore de mémorialiste aussi lucide et aussi averti que Gabriel Mourey.

24 planches hors texte habilement choisies pour mieux faire comprendre les idées si personnelles de l'auteur complètent l'attrait de ce livre nécessaire et attendu.

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Librairie P. OLLENDORFF 50, Chaussée d'Antin- PARIS (IX)

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BYRRH BYRRK

et Hygiénique

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Enquête sur la situation financière | taux, dans leur nombre ? ou, au contraire, pensez-vous

La situation financière est actuellement l'objet de z préoccupation de tous les Français. Chacun a une olution à offrir aux graves problèmes qui se posent, ela fait beaucoup de solutions. Mettre un peu d'orre dans ce désordre, c'est ce que l'Opinion s'est proosé. Elle a confié à M. Jean Labadié le soin d'interger les personnalités intéressantes, celles qui ont vrailent des idées. Nous avons lieu de croire que l'enuête qu'elle commence aujourd'hui paraîtra captivante ses lecteurs.

« Je suis convaincu qu'avant la guerre, si on avait parlé u change à une petite fille de huit ans, elle aurait ouvert e grands yeux étonnés. Mais aujourd'hui, je suis peruadé qu'il n'y a pas une petite fille de cet âge qui n'ait on opinion sur le change. >>

Ainsi parlait M. le président des Messageries Marimes le jour de l'assemblée de sa Compagnie. Sans oute, voulait-il attirer l'attention sur les relations exisant entre la crise du fret et la transformation du franc n piastres, yens, livres sterling (et réciproquement) à ord d'un paquebot en train de faire le tour du monde. 'estime en tout cas que cette phrase et la leçon qu'elle ontint, si leçon il y a, portent beaucoup plus haut que les betites filles de huit ans et plus loin que le cercle des compagnies de navigation. Aujourd'hui, c'est le public tout ntier qui prétend avoir son opinion bien arrêtée non eulement sur le change, mais encore sur la monnaie et puis encore sur l'équilibre du budget, sans compter la liquidation de notre dette, intérieure et extérieure, bref, sur l'ensemble de la situation financière.

Etes-vous pour l'accroissement des impôts, dans leur

qu'une politique d'économies est suffisante pour tout remettre en ordre ?

pour

Etes-vous l'émission d'un nouveau flot de billets de banque ou pour l'endiguement de la marée de papiermonnaie, en attendant son reflux? En d'autres termes, (lâchons les grands mots), êtes-vous «< inflationiste >> ou « déflationiste »>?

Et les répercussions du change sur le commerce, vous avez bien, sur elles, quelque idée, je pense?

Certes, vous l'avez, cette idée, et j'ai aussi la mienne. Il n'est pas un chef-lieu d'arrondissement où d'autres idées similaires ne se débattent chaque jour. Mais je ne vois pas que ce débat soit ridicule, ni que les principaux intéressés doivent demeurer, par definition, incompétents. Il me semble au contraire de fort bon aloi, ce débat. Qu'il se passionne encore un peu, et le café célèbre où il se déroule d'ordinaire pourrait bien finir par mériter son titre « du Commerce ». Et cela, j'en appelle à M. Barrès, ne serait ni plus ni moins qu'un événement historique des plus heureux.

X

Que le problème financier passionne tout le monde, c'est bien. Que les données en soient relativement claires, c'est à peu près évident. Mais il est à redouter que les solutions en apparence les plus simples ne soient aussi les plus dangereuses.

Jamais ces solutions ne se sont mieux appuyées sur la logique pour aboutir à la contradiction intrinsèque. Après deux années d'empirisme douloureux et de discussions en apparence sans issue, l'Opinion pense qu'il n'est pas inutile de « faire le point », de situer la limite

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exacte entre ce qui paraît être définitivement conquis par les novateurs et ce qui demeure acquis aux conservateurs des anciens principes.

Dans ce but, l'Opinion a prié quelques personnes vraiment autorisées en la matière à préciser la politique qu'elles préconisent. Peut-on considérer que les théories classiques de la monnaie, du change, de l'impôt, sur lesquelles, avant 1914, techniciens et gouvernement fondaient leurs calculs, se trouvent consolidées par les événements, ou, au contraire, définitivement renversées, ou bien seulement ébranlées d'une manière provisoire? Voici le questionnaire que l'Opinion soumet à ses correspondants.

Ce questionnaire considère comme points capitaux: à l'intérieur LA MONNAIE; à l'extérieur LE CHANGE et, subsidiairement, sous chacun de ces titres, certains problèmes particuliers, évidemment subordonnés à la théorie monétaire ou cambiste que l'on adopte.

I. A l'intérieur :

FAUT-IL ACCROITRE OU DIMINUER LA CIRCULATION MONÉTAIRE ?

a) Les économies constituent-elles un expédient pour rétablir l'équilibre du budget, sinon à quelles ressources faut-il recourir ?

b) Comment rembourser notre dette intérieure? II. A l'extérieur :

LE SIMPLE JEU DU TRAFIC INTERNATIONAL suffira-t-il à STABILISER LE CHANGE? ou bien LE CHANGE EST-IL UN OBSTACLE INSURMONTABLE qu'il faut écarter avant tout ? a) Quelles sont les modalités les plus désirables pour la réception de réparations allemandes effectives? b) Quid de la dette interalliée ?

M. YVES GUYOT

Directeur du Journal des Economistes, Président de la Société d'Economie politique, M. Yves Guyot est le tenant le plus pur des théories classiques du libre échange. Il a pour lui l'expérience, déjà ancienne à vrai dire, du pouvoir. N'ayant jamais cessé de noter, depuis 1914, les événements économiques et de les commenter, ceux-ci n'ont jamais fait, dit-il, que confirmer ses principes.

Vous sollicitez mon avis sur un accroissement éventuel du papier-monnaie ? Je pense bien que c'est pour la forme...

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L'inflation monétaire, c'est, en principe, l'art de créer des valeurs avec rien. Or, en économie politique, pas plus qu'en physique, rien ne se crée de rien.

Plus exactement, l'inflation monétaire est l'art qu'ont inventé les Etats de se voler eux-mêmes.

L'augmentation des billets de la Banque de France équivaut, en effet, à une dépréciation instantanée de tous les autres billets circulant déjà. Or, au moment même de l'émission, les ressources normales de l'Etat, c'est-à-dire les impôts, sont, naturellement, déjà arrê tées dans leur montant. Ainsi le contribuable éprouve l'agréable surprise d'une remise partielle de sa taxe, puisqu'il n'a plus qu'à payer avec une monnaie dépréciée une cotisation calculée précédemment en numéraire d'un cours supérieur.

Pourtant cette erreur se retrouve à chaque pas dans l'histoire. Si, depuis Philippe le Bel qui passe pour l'avoir mise à la mode, presque tous les gouvernements y ont recouru, c'est qu'ils y trouvaient, apparemment, leur profit.

Non. Les Etats, quels qu'ils soient, et à quelle époque qu'on les prenne, n'ont jamais trouvé dans l'inflation fiduciaire qu'un expédient momentané, jamais un profit réel. Les lois économiques n'ont jamais manqué de rétablir le cours naturel des choses.

Dès le Moyen-Age, l'opération d'inflation consistait, pour les gouvernants, à altérer le titre des monnaies nou vellement frappées. La ruse réussit durant quelque deux cents ans. Mais un beau jour, l'intendant des finances de la reine Elisabeth s'aperçut qu'à la ruse du gouvernement le public répondait aussi par la ruse : les nouvelles monnaies frappées à un titre inférieur étaient bien re çues par les marchands, très bien reçues, même, puisque les anciennes disparaissaient progressivement. Or celles-ci disparaissaient uniquement parce qu'étant «< meilleures », elles trouvaient à l'étranger une utilisation plus conforme à leur valeur. Depuis Gresham, de nos jours, nous avons vu, je crois, quelque chose d'analogue.

Ensuite, les gouvernements ont opéré l'inflation au grand jour. Par exemple, au XVII° siècle, le marc d'ar gent était à 20 livres: Louis XIV le porte à 40 livres Les revenus royaux n'augmentant que nominalement, l Grand Roi inaugura la création du papier d'Etat. Il n'en laissa pas moins, à sa mort, une situation financière abominable: 711 millions d'arriéré sur la dette flottante, 78 millions de déficit (pour 1715), 789 millions de dette exigible, les coffres vides, des billets royaux dépréciés, une misère effroyable.

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Et c'est alors que survint Law...

Pour achever la banqueroute. Cependant, Law avait un talent réel de financier. Il avait compris l'im portance du crédit. S'il s'était borné à l'exploitation de sa Banque Générale primitive, au capital de 6 millions, il aurait rendu les plus gands services. Mais Law ne vit pas que le crédit doit se fonder sur des opérations économiques réelles il crut et fit croire au Régent que crédit était chose d'Etat. Il mit en œuvre tous les moye gouvernementaux pour maintenir la valeur de son pier il alla jusqu'à enlever aux pièces métalliques pouvoir libératoire. Cependant ce papier, quand i atteint, en capital, une valeur nominale de 3.122 mill dont 1.300 millions de billets de banque, ce papier valut plus rien du tout.

Entre temps, l'aventure de Law avait fait connaitri (décrets du maximum) et même l'émeute. Paris la spéculation, l'accaparement, la taxation des p

Law, arrivé en France, en 1715, avec une fortune per sonnelle de 3 millions de livres, en sortait en 1721 a 36.000 livres et une bague de 10.000 écus. Il avait ét vaincu par les lois profondes de l'économie naturelle. Ces lois que les Physiocrates devaient révéler quel que cinquante ans plus tard, précisément à la veille d l'ère des assignats ?

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Les assignats débutèrent en 1789 par l'émission de 400 millions en grosses coupures (1,000 livres) de l Caisse de l'Extraordinaire. Cette caisse était créée pour recevoir les produits de la contribution patriotique et d la vente de 400 millions de biens ecclésiastiques et d

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maniaux.

Cette opération ne constituait en somme qu' escompte d'une valeur réelle celle du sol.

:

Sans doute. Mais, outre qu'un papier gagé tenite rialement n'est pas une « monnaie », ces 400 millions de livres ne suffirent plus bientôt aux besoins de l'Etat. E l'on vit apparaître dans l'opinion publique de cette épo que la théorie que vous connaissez pour l'avoir entendr maintes fois depuis deux ans, que le papier-monnaie national donnerait des ressources à l'Etat, ranimera les affaires, le tavail, faciliterait les paiements et per mettrait d'attendre les effets de la réforme fiscale a projet... Il y a toujours un projet fiscal en train, chez s inflationistes.

Cette théorie prédominant, les 400 millions d'as gnats de 1.000 livres furent alors divisés en « petits coupures ». Ils perdirent, dès leur apparition, 5 olo &

leur valeur.

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s Mais la machine était lancée. En 1790, nouvelle émis

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de 800 millions. Le billet perd 10 0/0. En 1791, émission de 600 millions. Le billet perd 18 0/0. — En 1792, la circulation est portée à 2.000 millions. Le billet perd 43 0/0.- En août 1793, il y a 3.775 millions en. circulation. Le billet perd 85 0/o. Le cours forcé est décrété, appuyé de la peine de mort. Mais en 1794, il y a une circulation de 6.082 millions : en 1795, la valeur réelle du billet est descendue à 10 0/0 de sa valeur nominale. Au milieu de la même année, l'émission atteint plus de 12 milliards. Les assignats ne circulent plus qu'à I o/o de leur valeur nominale. Quand ils furent à 0,50 0/0, on brûla solennellement la planche aux assignats.

Le 4 février 1797, une loi démonétisa tout le papiernonnaie en circulation. Telle est la morale de l'histoire. - Et c'est la même fin, n'est-ce pas, qui attend les oubles bolcheviks, les les couronnes autrichiennes, les narks polonais ?...

Sans aucun doute. Et pourtant ce système d'émision à outrance, c'est celui que n'hésitent pas à préconier nombre d'hommes politiques, de journalistes, de nanciers, voire d'économistes...

(Ici, je sens nettement que M. Yves Guyot ne onsent qu'à grand'peine à donner le titre d'économiste quiconque ose approuver un projet d'inflation monéaire, de quelque précaution qu'on l'entoure.)

En somme, 'conclut l'éminent économiste, il faut etourner à la vraie monnaie.

Tois moyens seulement apparaissent efficaces:
1° La banqueroute totale ;

2o La dévalorisation, qui est une banqueroute parelle, équivalant à l'affaiblissement de l'ancienne unité; 3° La reprise des paiements en espèces.

C'est uniquement cette dernière solution que je préonise. En 1848 et en 1870, la France a connu des périoes de cours forcé du papier-monnaie en 1878, le retour u franc au pair était un fait accompli, grâce à une sage olitique financière.

Pour qu'il en soit de même avant peu, il nous faut, jourd'hui, une semblable politique. Il faut obtenir non ulement l'équilibre budgétaire, mais encore un excéent régulier du budget, jusqu'à ce que soit remboursée dette de l'Etat à la Banque de France et que soit jeté pilon tout le papier-monnaie qui ne correspond pas à 00 besoin normal des transactions. Il conviendrait touteis que le monde des affaires utilise toutes les ressources de l'organisation bancaire moderne.

C'est une illusion de penser que la masse des billets banque accroît l'intensité du trafic. Tout au contraire, rple l'alourdit.

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Commençons par perdre la mauvaise habitude, conactée pendant la guerre, du paiement au comptant et ons de l'escompte. Qu'on jette les yeux sur l'Anglerre dont le Clearing House compense, chaque jour, plus un milliard de transactions, sans aucune monnaie, soit ix fois plus qu'en France. Si le monde des affaires ouve que les moyens de paiement sont insuffisants, more-t-il l'usage du chèque ?

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La politique financière extérieure doit également tenir compte des lois économiques : LE CHANGE se stabilisera par le jeu de l'offre et de la demande internationales, mais à deux conditions: 1° qu'on permette à cette offre et à cette demande de jouer librement ; 2o qu'on ne trouble pas les transactions par une dépréciation de la monnaie intérieure.

Après quoi, au fur et à mesure que l'on se rapprochera de la circulation monétaire libre, avec l'or comme étalon, les fluctuations du change se borneront aux pourcentages infimes que nécessite le jeu normal des paiements

internationaux.

Cependant, il est à peu près évident que l'Allemagne est en train de déprécier systématiquement sa monnaie intérieure dans le but de concurrencer l'étranger sur ses propres marchés.

- Il n'est pas sûr que l'inflation allemande vise à cela et qu'elle ne soit pas un pur moyen de trésorerie, consécutif au manque d'énergie de ses ministres financiers.

En tout cas, les importations de l'Allemagne considérées en nature semblent dépasser ses exportations. C'était ainsi du moins en juin et mai derniers... car, depuis, les renseignements sont rares. Les Allemands ne sont plus très prolixes en statistiques, du moins vis-àvis des économistes étrangers.

D'ailleurs notre industrie nationale a bien assez d'avenir en elle-même si elle veut bien se spécialiser dans la production qui lui convient en raison des matières dont elle dispose ou des qualités spéciales de sa main-d'œuvre. Et l'on peut, sans crainte, recevoir, en nature, au titre des réparations allemandes, tous les produits nécessaires aux régions dévastées.

Enfin, notre dette aux anciens alliés doit se liquider par des paiements échelonnés dans le temps, suivant des accords politiques pour la discussion desquels les arguments ne font pas défaut. Mais nous n'avons à implorer aucune remise.

Le meilleur remède à la crise du trafic international, c'est la liberté.

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CE QU'ON DIT

Vers Washington.

Ah! quelle fièvre animait le Quai-d'Orsay avant le départ du président du conseil pour Washington! C'est que, si tous voulaient être du fameux voyage, tous ceux qui devaient en être voulaient aussi s'embarquer sur le Paris de préférence au Lafayette, ce dernier étant réputé moins confortable.

M. Carteron, consul de France, était appelé à diriger le service intérieur, ou, si vous préférez, à faire fonction de fourrier. Mais M. Carteron ne sait pas l'anglais, et les fonctions de fourrier, en Amérique, quand on ignore jusqu'aux rudiments de la langue de Shakespeare, dame, ça ne doit pas être facile. Aussi s'est-il muni d'un lexique et quelques jours avant l'embarquement, on pouvait le voir plongé dans l'étude de « L'anglais sans maître en trois mois >>.

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Gare Saint-Lazare, le jour du départ, on voyait la figuration habituelle fonctionnaires des chemins de fer en chapeau haut de forme, foule curieuse, attachés pleins de leur importance, dactylographes sautillantes, M. Berthelot souriant, M. Briand nonchalant, acclamations discrètes, magnésium. A l'heure précise, le train spécial s'ébranle, emmenant pour la première fois, vers le Nouveau-Monde le chef du gouvernement d'un des plus vieux Etats de l'Ancien. Et son coup de sifflet marque peut-être un tournant de l'Histoire universelle.

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En voyage, M. Millerand, farouchement enfermé dans son compartiment, compile des dossiers. M. Clemenceau fait des mots. M. Briand, lui, joue au poker. Oh! ce n'est pas un poker infernal, et la relance y est limitée. Mais, enfin, c'est un poker, et quelques-uns des graves personnages de la suite hochent la tête...

Mais le président affirme que c'est là la meilleure préparation à une conférence diplomatique.

Espérons que lorsqu'il s'assiéra autour du tapis ver! de Washington, il aura « main pleine ».

Le dernier mort.

La Renaissance fait une enquête pour découvrir quel fut le dernier soldat français tué.

Qu'on nous permette de rappeler ici qu'un poète de chez nous est mort au champ d'honneur le 11 novembre 1918, le jour de l'armistice. Il avait à peine dix-huit ans. C'est François Lafond.

On a publié de lui quelques beaux poèmes, et l'on

ne trouvera pas inopportun que nous répétions, à à fin de cette semaine des morts, cette menace que faisan François Lafond à ceux qui auraient pu avoir la tentation d'oublier trop vite :

...Tes morts que l'on oublie Surgissant tout poudreux encor du sol natal, Ivres, se pencheront dans le vent matinal Pour y surprendre un peu de fanfare affaiblie.

Exactitude militaire (suite)

Le général Pershing fit tout au monde pour que son bateau le débarquât à New-York avant le maréchal Foch. Il est vrai que le maréchal avait eu la charité de faire ralentir le sien, afin de donner au généralissime américain le plaisir de le recevoir.

Quoi qu'il fasse, le général Pershing ne pourra dé mentir sa réputation d'inexactitude à laquelle nous faisions écho l'autre jour.

Un soir de juillet 1918, alors que le Grand Quartier était à Provins, Pershing avait été invité à dîner par le maréchal Pétain. Le chef d'état-major de ce der nier, se souvenant que l'illustre convive était brouillé avec l'heure, prit soin de téléphoner au chef d'étatmajor américain que le dîner était pour huit heures précises.

Huit heures, 8 h. 30: pas de général Pershing. A neuf heures moins le quart, Pétain décide de passer i table. L'on en sort à 10 heures ; café, liqueurs, cigares, flânerie, puis à onze heures tout le monde va se coucher.

A 11 heures 45 une magnifique limousine arrive en trombe et Pershing en descend, impassible. Affolé, l'of ficier de service donne l'alerte. Pétain qui travailla descend tout de suite et Pershing s'avance vers lui t

souriant.

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« Je crois que je suis un peu en retard. Es qu'il y a encore quelque chose à manger? »

Et l'on se remit à table avec le grand chef aména dès que l'on eut tiré le grand état-major de son prem sommeil

Rancunes.

Chez ceux qui règnest.

Le discours de bataille de M. Tardieu avait énervé même exaspéré M.Herriot, que le mot de prébendiers surtout avait mis hors de lui. Il ne décoléra pas de la nuit, et dès 8 heures du matin, on raconte qu'il était a Palais-Bourbon, arpentant les couloirs où il ne heurtait que les huissiers placides, en petite tenue, occupés à aspirer de leur vacuum cleaner les poussières des tapis Il aborda la tribune avec la même sensibilité d'écr ché, et à chaque interruption, même courtoise, proc mait d'un ton amer : « Et l'on dira que je ne suis p injurié!» Si bien et si souvent il se montra sensib d'épiderme que M. Léon Daudet finit par s'écrier, ave cette rondeur familière qu'il a : « Ah çà ! mais c'est plante des pieds, cet homme-là ! »

Sur la façon ambiguë dont se termina en séance l'in cident Herriot-Flandin, sur la phrase finale que lança dans le bruit le fils du sénateur outragé: « Cela ara sa conclusion ailleurs !» on put espérer que l'épilogue serait un beau duel parlementaire, entre le plus gros et le plus grand des députés. Mais cela dut s'arranger, et M. Bonnevay n'aura point à interposer ses favoris entre ces deux cibles d'importance.

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Par contre, les voies de fait semblent devenir fré quentes dans l'enceinte du Palais-Bourbon, puisque pour la quatrième fois dans l'année, deux députés se seront mis la main au collet. M. Lacotte et M. Lesacé

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