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exacte. Selon l'effet qu'ils veulent produire, ils l'ouvrent un peu et obtiennent l'expression en ajoutant des vibrations. Il s'agirait en somme de pousser ce principe à l'extrême et de chercher dans l'intérieur des intervalles des raisons d'être ému.

Voilà les rêveries qui viennent par une nuit d'Orient, en écoutant une de ces mélopées étranges et poignantes qui charment toute une race. Que le retour en Occident dissipe ces songes funestes! Ici même, il est une difficulté que l'on aperçoit d'abord. La musique arabe n'est qu'une ligne mélodique, tandis que la nôtre est faite de la superposition des sons et des timbres. Comment imaginer que l'on constitue des accords avec ces tiers de ton acceptables à la rigueur dans un chant ? Cependant on se souvient que les Russes, quand ils ont emprunté des thèmes à l'Orient, se sont trouvés devant la même difficulté. Tout leur génie a peut-être été de trouver à ces thèmes l'harmonie et l'orchestre qu'il leur fallait dans le système occidental. L'harmonie et l'orchestre d'une musique à intervalles différents des nôtres, et pourtant logiques, naturels et exacts, sont-ils donc impossibles à définir, et cette tâche tentera-t-elle un jeune musicien ?

La Curiosité.

Les verres filės

HENRY BIDOU.

C'est une collection fragile et charmante. Mais les spécimens en sont si rares que c'est à peine si on en voit paraître de temps à autre aux vitrines des antiquaires. Encore sont-ils généralement de qualité inférieure.

La production de ces menus ouvrages de verre, travaillés à la lampe d'émailleur, fut cependant considérable à Nevers, aux XVII et XVIII° siècles. Mais leur fragilité les a presque tous fait disparaître. La difficulté est presque aussi grande, quand on veut retrouver ces minuscules bibelots, pas très artistiques, que nous avons vu fabriquer dans les foires, sous nos yeux d'enfants, par les modestes successeurs des maîtres émailleurs de jadis.

Il y a pourtant loin de ces petits vaisseaux à trois mâts, de ces chandeliers et candélabres, de ces canards, ces cygnes, ces paons dont la queue s'agrémentait d'une donaigrette de fils de verre étirés plus fins de la soie, aux efigurines d'animaux qu'on offrait à Louis XIII enfant ou au grand tableau qu'on lui dédiait beaucoup plus de tard, au retour du siège de la Rochelle, et qui représennt tait « la victoire remportée par Sa Majesté contre les des rebelles de la religion prétendue réformée en l'Ile de énté Ré. Les bagatelles des souffleurs de verres forains ala n'étaient que des amusettes. Les figurines des meilleurs ANivernais, disciples des Italiens amenés par Gonzague at de Mantoue, étaient de véritables objets d'art.

imps Il n'est peut-être pas superflu de faire connaître leur on technique, ne serait-ce que pour différencier les pièces fall de choix, d'une rareté extrême, exemplaires de modèles de fabrication courante. Je vais essayer de le faire alt d'après les exemplaires du XVIIIe siècle qui me sont passés par les mains, n'en ayant malheureusement jamais rencontré qu'on puisse faire remonter incontestablement au XVIIe siècle.

La matière première consistait en petites baguettes de verre, diversement colorées à l'aide d'oxydes métalliques, et coupées à une longueur de 25 à 30 centimètres. L'émailleur préparait une armature de fils de cuivre donnan vaguement la forme du personnage qu'il méditait d'exécuter et la garnissait d'une première masse de pâte de verre grossière, pétrie au feu du chalumeau. C'est sur ce noyau qu'il modelait ensuite sa figurine, en ram ollissant à la lampe ses baguettes de verre, assorties en couleurs aux habits, aux coiffures, ou aux visages.

Quand le personnage portait des vêtements flottants, jupe de femme ou tunique de saint, le noyau était tenu creux. La hauteur habituelle des objets ne dépassait guère o m. 10 ou o m. 12. On en faisait de beaucoup plus petits.

Comme pour les Santons provençaux, les types de ce petit monde lilliputien se répétaient jusqu'à présenter souvent les mêmes couleurs de vêtements. On les fabriquait à la douzaine et à la grosse. Les plus demandés étaient les figures de l'Ancien et du Nouveau Testament, les saints, les saintes, les martyrs, dont les communautés religieuses faisaient une consommation prodigieuse pour les disposer dans des tableaux sous verre qu'on nommait « déserts », avec des grottes en carton, des calvaires, carton, des calvaires, des étangs où voguaient des cygnes, des arbres en menus copeaux frisés, tous les oiseaux, tous les quadrupèdes de l'arche de Noé.

Les personnages civils sont moins communs, mais ils ont une désinvolture inconnue aux images de pitié. Que d'esprit, par exemple, dans cette petite fermière, coiffée à la Fanchon, portant des canards au marché, ou ce jeune marquis frileux qui cache ses mains dans son manchon ! Le printemps était représenté par un amour tenant une guirlande de fleurs, l'automne par un vendangeur, une grappe de raisin à la main.

A côté de cette production, toujours plus ou moins commerciale, il se faisait des pièces de choix, où les figures et les corps étaient sans doute moulés. Le grand intérêt de ces figurines, dont je ne connais que trois exemples, un berger et une bergère Louis XV dans la collection Parguès, à Paris, et un groupe allégorique de deux personnages au musée d'Orléans, consiste, en dehors du mérite artistique, dans la matière employée. Il ne s'agit plus, en effet, comme dans les objets ordinaires, de verre fondu, mais d'une véritable pâte tendre, imitant le kaolin, comme les premières porcelaines de Vincennes et de Sèvres. Ces jolies pièces, d'un blanc ivoirin, séduisant, sont tout à fait exceptionnelles, bien que rentrant, pour la technique, dans le travail sur noyau et le modelage à la lampe.

Il serait délicat de leur assigner un lieu de fabrication. Rien n'oblige à les donner à Nevers ni à Orléans. Au XVIIIe siècle, les émailleurs en renom sont à Paris. C'est à leur boutique qu'il faut s'adresser pour avoir des fausses perles, des aigrettes, des pendants d'oreille et des yeux artificiels. Mais ils font aussi des cadeaux d'étrennes en émail: « hommes, femmes, joueurs, musiciens, petits corps de logis avec des appartements fort jolis où se passent des histoires véritables. >> Jacques Raux, à qui le Mercure fait cette réclame, et qui demeurait rue Saint-Martin, au coin de la rue SaintJulien-des-Ménétriers, à l'enseigne des Armes royales, a laissé deux de ses chefs-d'œuvre au musée, de Cluny : le Triomphe de Jupiter sur les bords du Tibre, et la

Comédie italienne.

Ces tableaux, et plus encore celui de la collection Henry d'Allemagne, dont j'ai donné naguère la description aux lecteurs de l'Opinion (1), justifiaient jusqu'à un certain point la prétention de petites scènes «‹ où se passent des histoires véritables ». Mais que dire de celui que nous offre la collection Artus et qui représente l'appartement royal de Versailles décoré des L entrelacés? Un seigneur et une dame jouent aux cartes. Un valet apporte un flambeau, bien que le salon soit déjà éclairé de deux lustres. Les ornements en pâte de papier ou en stuc, finement dorés, sont délicatement rendus. On peut, avec beaucoup de complaisance, reconnaître dans les personnages Louis XV et la marquise de Pompadour.

Le verre filé, à la fin de l'ancien régime, était plus à la mode que jamais : « C'est de tous les arts que je connaisse, un des plus agréables et des plus amusants », (1) Opinion du 1er janvier 1921.

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avait écrit Diderot en donnant aux lecteurs de l'Encyclopédie les conseils les plus minutieux pour y exceller. Mais mis à la portée de tous, l'émaillage à la lampe cessa de piquer la curiosité. Trop d'amateurs s'y livrè rent pour que les professionnels pussent encore en tirer profit. Ces gentillesses de cabinet n'intéressèrent plus que les badauds des foires.

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Avant de disparaître ,cependant, l'art du souffleur à la lampe jeta une dernière lueur, et prêt de s'éteindre, trouva deux talentueux interprètes dans les personnes de Ch.-Fr. Hazard et de Lambourg. Le premier avait eu l'honneur de travailler à la cour, devant MarieAntoinette. Il avait modelé une figure du Dauphin et un œil de la couleur des yeux de la reine. Le second un saumurois avait ouvert à Paris un musée Lambourg, et le Journal des Demoiselles en faisait, en 1845, ce pompeux éloge: « Les animaux les plus terribles, les plus jolis oiseaux, les fruits de la terre, les douces fleurs, exécutés en verre d'une vérité surprenante... M. Lambourg fait fondre le verre, le tourne, l'allonge, l'arrondit et en cinq minutes, de ses doigts agiles, il a créé deux tourterelles, une élégante levrette, ou un bouton de rose. >>>

Comme il arrive toujours dans les arts industriels, au fur et à mesure que le mérite artistique s'affaiblit, les tours de force techniques se multiplient. Le chefd'œuvre d'Hazard, un Henri IV équestre du musée des Arts décoratifs, privé de la monture depuis le déménagement des collections du musée, ne mesure pas moins de 6 m. 27. Les lions de Lambourg étaient gros comme des petits chats, et l'émir Abd-el-Kader, qui était venu le voir fabriquer pendant son internement en Touraine, disait que c'étaient « les lions les plus vivants qu'il eut vus en France. » J'ai quelque peine à le croire.

Nous sommes loin des petites merveilles du XVII et du XVIII siècles, dont le docteur Garsonnin, l'érudit conservateur du musée historique de l'Orléanais, a réuni près de deux cents exemplaires. M. Fichot, également à Orléans, M. Planchon, à Paris auteur d'une intéressante monographie sur le verre filé ne sont pas loin d'avoir fait une récolte aussi abondante. Grâce à eux et à quelques fervents amateurs, le souvenir de cet art charmant d'autrefois n'est pas tout à fait perdu. HENRI CLOUZOT.

Armée & Marine

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Les délégués de plus de deux cents sociétés ou groupements, tant de la région parisienne que de toutes les grandes régions du territoire étaient présents.

Cette récente manifestation organisée par le commissaire général du Congrès, le capitaine Carville, président de la Société de Seine-et-Oise, est venue, fort à propos, rappeler à l'opinion publique, avec une grande dignité, que notre victoire était due aux efforts de tous braves et héroïques poilus, officiers d'état-major sans doute, mais aussi aux officiers de troupe qui, pour la plupart, ne l'oublions pas, furent de complément.

Et, en effet, au cours de la longue guerre, on comptait sur le front de bataille, huit officiers de complément pour deux officiers de l'active, et, à l'heure actuelle, il y a, en France, 35.000 officiers de carrière pour 140.000 officiers de complément.

Dans la guerre, les officiers de complément ne furent pas inférieurs à leur tâche ; ils surent combattre, ils surent mourir.

Dispersés après la victoire, ils revinrent dans leur foyer; ils se mirent vaillamment à l'œuvre pour reconstituer les forces économiques de la France ébranlées par la tourmente, mais ils eurent trop souvent l'impression d'avoir été un peu oubliés. Ils eussent peut-être, très volontiers, renoncé à ne point participer aux décorations et aux promotions qui récompensèrent si largement leurs camarades restés dans l'active, mais ce qu'aucun d'eux n'eût toléré, c'est, au moment où se jouent les destinées du pays, où s'élabore le futur statut de l'armée nationale où ils combattront demain avec le même désintéressement -de se voir écartés comme incompétents des conseils et des commissions de réorganisation militaire. Cette préoccupation patriotique s'est exprimée au Congrès par une résolution qui n'a pas manqué de satisfaire un esprit aussi large et clairvoyant que M. Barthou.

Voici cette résolution importante :

Les officiers de complément, entendant continuer dans la paix l'œuvre qu'ils ont accomplie pendant la guerre, soucieux d'apporter à la défense nationale une collaboration effective et permanente, et, dans ce but, désireux d'être officiellement représentés et consultés, demandent la création aux ministères de la guerre et de la marine d'un organe consultatif et permanent, composé d'officiers de complément de toutes armes et de tous services.

Cet organe devra donner son avis :

1° Sur le projet de loi concernant le statut des officiers de complément;

20 Sur les règlements projetés, concernant l'instruction et l'utilisation des réserves ;

3° Sur la préparation de la mobilisation industrielle de la nation.

Enfin, cet organe servira de liaison permanente pour toutes les questions entre le corps des officiers de l'armée active et le corps des officiers de complément. Cette liaison a fait défaut, jusqu'ici, en temps de paix ; elle est absolument indispensable dans l'intérêt de la défense nationale.

Une deuxième résolution étudiée par le Congrès a été votée à l'unanimité. Elle est relative au statut des officiers de complément; le sort de ces officiers était sans cesse ballotté par des caprices ministériels.

En conséquence, les officiers de complément prient le gouvernement de vouloir bien prendre l'initiative d'une loi destinée à offrir aux officiers de complément les garanties qui leur manquent jusqu'ici. Ils demandent à collaborer au projet de ladite loi par l'intermédiaire de l'organe consultatif permanent faisant l'objet de leur première motion.

Le Congrès s'est terminé par une séance solennelle qui s'est ouverte sous la présidence de M. Poincaré, ancien président de la République, assisté de M. Louis présentant le président de la République, des maréchaux Barthou, ministre de la guerre, du général Lasson, reLes autorités civiles étaient représentées par M. Juillard, Franchet d'Esperey, Fayolle, du général Berdoulat, etc. préfet de Seine-et-Oise.

Les officiers de complément ont dû être satisfaits. Rien d'étonnant à cela, leurs revendications étaient légitimes.

Le ministre de la guerre a déclaré :

« Il est impossible d'oublier les services éminents rendus pendant la guerre par les officiers de complément. Le gouvernement accepte le concours que ceux-ci lui offrent dans la paix, comme ils le lui ont offert pendant la guerre. »

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Il a ajouté qu'il est prêt à proposer une loi qui fixe officiers n'ont pas obtenu, par le soin de la commission enfin le statut des officiers de complément ; que ces Fayolle les décorations qu'ils étaient en droit de recevoir, mais que dans un avenir prochain il prendra l'initiative d'une loi qui leur donnera satisfaction. Enfin il lui pour régler le fonctionnement du Comité consultaa invité le bureau du Congrès à venir s'entendre avec tif qui doit être institué au ministère de la guerre pour défendre leurs intérêts.

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M. Poincaré a prononcé un discours d'une grande élévation de pensées que nous regrettons de ne pouvoir reproduire in extenso. Il a dit notamment :

Personne, une fois encore, ne saurait se méprendre sur la portée de ces vœux, ou des autres que vous pouvez formuler. Ils s'inspirent tous d'une même pensée. En temps de paix, comme en temps de guerre, vous vous considérez comme partie intégrante de l'armée. Vous voulez continuer à collaborer, dans l'ordre et la discipline, avec vos camarades de l'active, vous entendez travailler avec eux au maintien des traditions patriotiques et à la préparation de la défense nationale, et vous demandez qu'on ne divise pas des forces qui doivent rester indivisibles.

Par-dessus tout, vous êtes de ceux qui pensent que les vivants n'ont jamais achevé de payer leur dette à la patrie. Vous jugez que ni vos sacrifices, ni vos blessures, ni vos faits d'armes, ni vos victoires, ne vous donnent des droits au repos et à l'inaction. Vous estimez que vous avez encore charge d'âmes et que vous devez rester les éducateurs de l'esprit national. Le Congrès des officiers de complément a accompli dimanche dernier une grande et belle oeuvre. COMMANDANT PAUL CASSOU.

L'Expansion du Livre Français

La librairie française au Brésil

C'est une opinion assez répandue chez nous qu'en Amérique latine et spécialement au Brésil, tout ce qui est français se vend aisément. Un rapport fort docu. menté de la Chambre de commerce de Rio-de-Janeiro, que vient de reproduire une revue technique, met précisément en garde les éditeurs contre cet optimisme exagéré.

Ses conclusions sont rassurantes certes, qui, sur ce marché particulièrement important, marquent la situation avantageuse de notre librairie, mais il en ressort aussi qu'ayant possédé longtemps en fait le monopole exclusif de l'importation du livre au Brésil, nous l'avons perdu et que nous nous trouvons aujourd'hui en présence de concurrents actifs et organisés.

Ce qui rend la concurrence âpre, c'est le peu d'étendue du marché. Dans ce pays immense, en effet, le commerce de la librairie est concentré en deux villes seulement : Rio-de-Janeiro, résidence du gouvernement, siège des universités et sociétés savantes, des grands établissements financiers, commerciaux et industriels; et Sao Paulo, capitale d'Etat. Les autres capitales d'Etats présentent peu d'importance au point de vue librairie et sont d'ailleurs tributaires, ainsi que les villes de l'intérieur, de ces deux grands centres intellectuels.

Autrefois notre production tant scientifique que littéles raire y faisait prime; aujourd'hui, il y a place pour productions portugaise, anglo-saxonne, italienne, espagnole et allemande.

Il est naturel que les éditions portugaises soient très répandues, étant donné que le portugais est la langue du pays et que le Brésil compte environ un million de sujets portugais. Ce sont généralement des éditions poPulaires, s'adressant à un public très large et peu cultivé elles existent depuis bien longtemps. Mais, fait nouveau, depuis la guerre, le Portugal fournit aussi le Brésil d'ouvrages brésiliens, qu'il imprime à bien meil1 eur compte que la France, en raison de la dépréciation de sa monnaie et du bon marché de sa main-d'œuvre.

Avec les nôtres, les ouvrages des pays latins ont touours été de bonne vente au Brésil où, même si l'on ne parle pas l'espagnol ou l'italien, on entend sans peine Ces deux langues, si proches du portugais. Ils tendent se vendre davantage depuis la guerre.

La guerre, enfin, a révélé au Brésil l'existence du livre anglais et surtout nord-américain; le dernier, no

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Nous tenons donc de beaucoup le premier rang. II faut nous assurer de le garder, et pour cela, bien instruits des possibilités de vente, organiser méthodiquement l'importation de nos livres sur le marché brésilien.

On est surpris dès l'abord du médiocre succès de ce que dans l'édition l'on est convenu d'appeler la « littérature générale ».

Le roman, par exemple, s'écoule difficilement. Sa mauvaise présentation et l'élévation de son prix lui font évidemment tort. Mais aussi, il y a évidente répugnance du public à acheter des œuvres non consacrées par le succès les livres qu'il enlèvera, il faut qu'il en connaisse l'auteur. Parmi les contemporains, les noms lui sont familiers de France, Bourget, Bordeaux, Barbusse, Farrère, Loti, Prévost (1). Il n'ignore pas non plus celui de M. Pierre Benoît et d'une façon générale s'intéresse au moins aux auteurs que lui désigne l'attribution périodique d'un prix littéraire (Goncourt ou Fé mina).

La vogue des romans est cependant grande si on la compare à celle de notre poésie ou de notre théâtre. Nulle, la vente des poètes contemporains, insignifiante celle des auteurs dramatiques en un pays où seules sont célèbres les pièces de Rostand.

De même, les livres de morale ou de philosophie, les traités religieux connaissent peu de succès dans les milieux brésiliens ; l'histoire n'est guère représentée que par quelques classiques et des mémoires ou souvenirs et le goût est encore peu développé des ouvrages traitant des beaux-arts. L'enseignement a depuis la victoire joui d'un regain de faveur que l'on prévoit éphémère. La littérature juridique française très prisée autrefois est aujourd'hui stationnaire, pour ne pas dire en recul; et cela tient assurément à l'adoption du droit constitutionnel nord-américain, à la promulgation d'un nouveau Code civil, mais aussi à la diminution de la production française pendant et depuis la guerre et à la tendance des auteurs français à négliger l'étude de l'évolution du droit à l'étranger; sur le terrain juridique, les ouvrages italiens nous font une sérieuse con

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veur de la guerre, il a été aisé aux Etats-Unis notamment, de prendre une petite place sur le marché qu'abandonnait l'Europe en armes : cette place, ils l'ont gardée et s'ils l'ont gardée, c'est sans doute au prix mais aussi au caractère de leurs livres qu'ils le doivent.

Une simple question de prix d'abord a fait remplacer par exemple des ouvrages français de mathématiques ou d'astronomie autrefois adoptés pour l'Ecole polytechnique par des ouvrages similaires d'origine nord-américaine. Mais, même à prix égaux et malgré le cours élevé du dollar, le livre technique américain se vend mieux que le nôtre, parce que, moins scientifique peut-être, il est plus pratique et répond mieux aussi aux besoins de la clientèle par la similitude de conception et d'application.

Dans le domaine des sciences médicales, toutefois, nous sommes rois et c'est une constatation heureuse : la concurrence étrangère n'est pas inquiétante; en dépit de leur activité, ni les Américains ni les Italiens n'arrivent à nous créer d'ennuis c'est qu'au Brésil la science médicale française jouit d'un incomparable prestige, et que nos livres sont classiques et aussi souvent consultés que dans nos propres facultés. Il est juste de souligner que leur vogue est due en partie à l'esprit d'initiative de nos éditeurs médicaux les plus << allants» peut-être de nos éditeurs - qui, en dépit de la cherté des matières premières et du prix de la maind'œuvre, ont persévéré à entreprendre de nouvelles publications,à rééditer les anciennes, et grâce à des tirages élevés, ont pu néanmoins maintenir des prix de vente abordables. Ils en sont récompensés.

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Ajoutons enfin que depuis la guerre, les ouvrages techniques militaires et maritimes se sont très bien écoulés : entendons manuels, théories, règlements et instructions de toutes armes. Ce succès est dû à l'activité de la mission militaire française que dirige le général Gamelin. Cependant, comme beaucoup de ces ouvrages sont en voie de traduction, il est à prévoir que leur vente diminuera assez rapidement.

En somme, production médicale mise à part, dans le domaine scientifique et technique, nous avons encore beaucoup à faire, et c'est à notre avis de ce côté que devra porter tout gros effort tendant à développer le commerce du livre français au Brésil.

Comme précédemment, l'auteur du rapport a cherché à établir un pourcentage approximatif de notre vente pour chaque catégorie de livres.

Ayant adopté la classification de la Semaine du Livre, publiée par la Bibliographie de la France, et faisant toutes réserves quant à la rigoureuse exactitude des chiffres qui expriment seulement une idée très proche de la réalité, voici le tableau qu'il nous donne :

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un marché plus important que celui des livres d'imagination, c'est celui des ouvrages utilitaires. Ne nous le laissons pas ravir.

Et souhaitons que pour tous les pays offrant à notre livre de sérieux débouchés, il existe des monographies aussi étendues et aussi précises que celle que je viens de résumer leur origine et leur méthode leur confèrent une autorité qui malheureusement fait trop souvent défaut aux travaux du même genre. GEORGES GIRARD.

La

:

Vie Economique

Une offensive de l'esprit prussien

II. Le socialisme prussien contre le libéralisme économique et le marxisme.

Nous avons vu comment Oswald Spengler dresse l'individualisme anglais contre la conception prussienne de l'Etat. Dans le domaine économique et social, l'opposition est plus accentuée encore que dans l'ordre politi

que.

Le prussianisme a comme caractère essentiel un profond mépris de la richesse pour elle-même, du luxe, de

la commodité, de la jouissance, toutes choses sans valeur en face de l'impératif du devoir chevaleresque L'Anglais au contraire estime ces biens comme des présents de Dieu; il voit dans le confort une preuve de la bénédiction céleste. Pour le puritain, le travail est la suite du péché ; pour le Prussien, c'est un don de Dieu. L'un travaille pour l'argent (1), l'autre par vocation; deux conceptions inconciliables. Dans la course au succès qui répond à l'idéal anglais, impossible d'éviter la lutte. Mais la conscience puritaine justifie tous les moyens. Tout ce qui barre la route, individu, classe sociale, nation, doit être écarté; Dieu le veut ainsi. O conçoit jusqu'où des idées pareilles peuvent porter un peuple, ajoute Spengler, lorsqu'elles sont devenues sa

vie et son sang.

Pour surmonter la paresse innée de l'homme, il faut lui inspirer un idéal. L'éthique prusienne socialiste lui propose le travail, comme un devoir qui passe avant la recherche du bonheur ; l'éthique anglaise capitaliste, l'acquisition de la richesse qui l'affranchira du travail Les égoïstes descendants des Wikings n'ont qu'un principe: conquérir le bonheur aux dépens des autres dès qu'on en a la force. C'est le darwinisme économique. Le socia lisme au contraire poursuit le bonheur, non plus de l'individu, mais de la masse. C'est Frédéric-Guillaume I et non pas Marx qui a été dans ce sens le premier socialiste conscient. C'est de lui qu'est issu ce mouvement, Kant l'a mis en formule avec son impératif catégorique. Chez les Anglais, continue Spengler, c'est la richesse et la pauvreté qui distinguent les classes; chez les Prussiens, c'est le commandement et l'obéissance. Dans la société des individus indépendants, la classe inférieure a le sentiment qu'elle ne possède rien; dans le pays où il existe un Etat, celui qu'elle n'a rien à dire En Angleterre, la démocratie signifie pour chacun la possibilité de s'enrichir; en Prusse, celle d'atteindre le rang social supérieur.

La répartition inégale de la richesse est la formule que le prolétariat britannique a toujours à la bouche. Si vide de sens qu'elle paraisse à l'Allemand, c'est elle. qui dicte leur idéal de vie aux Wikings civilisés ! Enri

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(1) Ici, O. Spingler n'exagère pas. On connaît le mot de Wilson cité par Emerson : « Le manque de fortune est un « crime que je ne puis pardonner»; et celui de Sydney Smith « La pauvreté est infâme en Angleterre. » Et, à ce sujet, Alfred Fouillier, Esquisse psychologique des peuples européens, p. 237 de la 4° édition.

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chir l'ouvrier, telle fut dès le début la politique des syndicats anglais. C'est pourquoi il n'y a pas eu en Angleterre, entre Owen-Schaw, de socialisme au sens prussien, c'est-à-dire une communauté étroitement disciplinée, qu'elle s'appelle Etat, parti, organisation ouvrière, corps d'officiers ou de fonctionnaires, dont chaque membre « sert », du haut en bas de la hiérarchie. << Travailler pour le roi de Prusse » (en français dans le texte), cela veut dire faire son devoir sans loucher sordidement vers le profit. Le traitement des officiers et des employés, depuis Frédéric-Guillaume Ier était dérisoire à côté du revenu d'un Anglais de la classe moyenne. Malgré cela, dit Stenger, on travaillait en Prusse avec plus d'application et d'esprit de devoir; le rang gagné était la récompense. Telle était aussi l'idée de Bebel. Son état d'ouvriers dans l'Etat n'aspirait pas à s'enrichir, mais à gouverner.

L'Ordre des chevaliers teutoniques qui a colonisé la Marche frontière a adopté pour principe nécessaire de gouvernement celui de conférer à l'Etat l'autorité économique. Chacun reçoit sa tâche économique; les droits et les devoirs de la production et de l'utilisation des richesses sont fixés et répartis en vue non pas de l'enrichissement de l'individu, mais de la prospérité générale.

C'est ainsi que Frédéric-Guillaume Ier et ses successeurs ont colonisé à leur tour les territoires marécageux de l'Est. Ils regardaient leur tâche comme une mission divine. Le sens de la réalité que possède l'ouvrier allemand s'est déployé dans cette voie avec une pleine énergie. Malheureusement les théories de Marx ont empêché l'ouvrier de reconnaître l'étroite parenté qu'il y avait entre sa volonté et la vieille volonté prussienne.

L'instinct de pirate du peuple insulaire comprend la vie économique d'une tout autre manière. Il s'agit pour lui de combat, de butin et de partage du butin. L'Etat normand avec sa technique raffinée du recouvrement de l'argent s'appuyait complètement sur le principe du butin. Comme moyen d'action, il mit en œuvre le système féodal. Les barons avaient à exploiter les territoires qui leur étaient donnés; le duc leur réclamait sa part. L'objet final était l'enrichissement, accordé par Dieu au plus vaillant.

La manière dont les barons normands qui ont conquis l'Angleterre en 1088 ont conçu l'exploitation du pays se retrouve dans les procédés pratiqués aujourd'hui par les sociétés commerciales anglaises et les trusts américains conquête de la richesse individuelle; écrasement de la concurrence; exploitation du public par la réclame, la politique des prix, la création de nouveaux besoins.

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Même dans ses divertissements, l'Anglais cherche à déployer une supériorité toute individuelle et avant tout physique. Il pratique le sport pour l'honneur du record et a pour le combat de boxe un goût qui ne se rencontre à aucun degré chez l'Allemand.

La vie économique de l'Angleterre s'identifie avec le commerce, la forme civilisée du butin, comme le qualifie Spengler. Depuis 1850, toute la lutte entre patrons et ouvriers anglais a porté sur la marchandise « travail », que les uns veulent acheter bon marché, les autres vendre cher. Tout ce que Marx a écrit avec une admiration irritée au sujet de la société capitaliste s'applique à l'économie anglaise et non pas à l'économie humaine en général.

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Dans l'économie des Wikings, le mot essentiel est liberté du commerce ». Dans le système prussien, par conséquent socialiste, c'est « réglementation des échanges par l'Etat ». On conçoit la haine d'Adam Smith contre l'Etat et les «< animaux perfides que l'on appelle hommes d'Etat. Ils font sur le vrai commerçant l'effet

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Le capitalisme de style anglais est le pendant du socialisme marxiste. La morale de Marx est aussi d'origine anglaise. Le marxisme affirme constamment qu'il est issu d'une pensée théologique et non politique... Les mots de socialisme et de capitalisme présentent le bien et le mal dans cette religion hostile à toute religion. Le bourgeois est le démon; le salarié, l'ange d'une mythologie nouvelle, dans laquelle l'évolution sociale devenue la volonté de Dieu, a remplacé le salut éternel comme but final proposé à l'homme; la destruction de la société bourgeoise sera le jugement dernier.

Marx enseigne avec cela le mépris du travail. Le travail dur, prolongé, épuisant, est le malheur ; l'héritage sans fatigue, le bonheur. Derrière le mépris bien anglais de l'homme qui n'a que ses bras pour vivre, se retrouve l'instinct du Wiking dont la vocation est de piller et de ne rien faire d'autre que de raccommoder ses voiles. C'est pourquoi en Angleterre l'ouvrier manuel est plus esclave que partout ailleurs. Il sent que sa naissance le prive à jamais du nom de gentleman. Dans les idées que les Anglais se font de la bourgeoisie et du prolétariat s'opposent celles du gain commercial et du travail manuel l'un est un bien, l'autre un mal; l'un est distingué, l'autre commun.

Telle est aussi la conception de Marx, d'où sont issus sa critique de la société et son système, si funeste au vrai socialisme. Il ne connaissait le travail que d'après l'idée anglaise, comme un moyen de s'enrichir, sans valeur morale, visant seulement le succès avec l'argent : l'Anglais ne sent pas la dignité du travail. Si Marx l'avait compris à la prussienne, comme un service rendu à la communauté et un devoir dont l'accomplissement ennoblit, jamais il n'aurait écrit son manifeste. Mais il a été poussé dans cette voie par son instinct judaïque. La malédiction divine prononcée contre le travail corporel au commencement de la genèse; la défense de souiller le dimanche par le travail ont convergé dans son esprit avec l'idée qu'il avait prise aux Anglais. De là sa haine contre ceux qui n'ont pas besoin de travailler... Il a inoculé au prolétariat le mépris du travail... Il place l'idéal du prolétariat dans l'oisiveté, obtenue par l'expropriation de ceux qui possèdent... Cette éthique domine ses constructions économiques. Par là sa pensée rejoint celle de l'école de Manchester... Il combat le capitalisme, qu'ont justifié Beutham et Schaftesbury et dont Adam Smith a donné la théorie. Mais comme il n'est que critique, qu'il nie et ne crée pas, il s'appuie sur le système même qu'il veut détruire... Il voit dans le travail, au lieu d'un devoir, une marchandise dont l'ouvrier fait commerce. La lutte pour le salaire devient une spéculation; l'ouvrier ne veut pas seulement vivre mais dominer le marché !

Nous nous sommes étendus sur cette critique que Spengler fait du marxisme, parce qu'elle est juste et pénétrante. Il y ajoute un dernier trait: Marx est aussi devenu Anglais en cela que, dans sa pensée, l'Etat n'existe pas. Sa conception économique du monde comporte, comme la vie politique parlementaire de l'Angleterre, deux partis souverains, sans rien au-dessus d'eux.

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