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qu'ilx

Avis aux baigneurs
Rivière dangereuse
Crocodiles

L'Anglais se contente de rire.

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Est-ce que vous vous baignez souvent ici ? demande l'Américain ?

Tous les jours.

Donnez-moi la main : vous êtes un brave!

Pas du tout ! répond l'Anglais. Je ne risque rien. J'ai un costume de bain qui porte deux inscriptions. Deux inscriptions?

Oui! voyez ! dit l'Anglais. Devant cette inscription « U. S. A. » et, derrière, cette autre : « Nous avons gagné la guerre ». Voyons, franchement, vous ne croyez les crocodiles assez niais pour avaler cela.

pas

Affaires Intérieures

La leçon de l'interpellation

un

La Chambre vient de discuter trop longuement peu trop longuement peut-être, une interpellation qui eût parfois gagné en clarté à être plus brève et plus précise. « Au Parlement, dit un vieux renard, la lumière ne jaillit jamais de la discussion. >>

L'interpellation s'est terminée par la victoire du ministère qui a eu 338 voix. Le sens de ce vote n'est pas absolument clair, puisque deux questions se sont mélangées au cours du débat la politique extérieure et la politique intérieure, et qu'à ceux qui voulaient des précisions sur le rôle des préfets, on donnait des explications sur le conférence de Washington, et vice-versa. En somme, M. Briand peut se targuer d'avoir obtenu un vote de confiance, et sur sa politique extérieure, et sur sa déclaration de politique intérieure. Seule, celle-ci nous intéresse.

Les groupes les plus nombreux de la majorité s'étaient

émus, d'une part, de certaines attitudes des préfets, de certaines déclarations radicales, de certains espoirs. avoués d'obtenir en 1924 une éclatante revanche de la défaite de 1919, et, d'autre part, de certains passages du discours de Saint-Nazaire où M. le Président du Conseil avait cru devoir morigéner quelque peu la majorité numérique de l'Assemblée et lui représenter que cette majorité numérique ne suffisait pas à constituer une majorité « républicaine » du gouvernement.

L'Entente s'était fâchée tout net; elle avait trouvé que le gouvernement favorisait les espoirs avoués de reconstitution du bloc des gauches, et que, d'autre part, il s'efforçait de dissocier le bloc national, vainqueur des élections de 1919 : « Il ne faut pas, disait excellemment M. Puech, que le gouvernement s'appuie sur la confiance des vainqueurs pour ouvrir la porte de la citadelle aux vaincus. >>

On s'est donc efforcé copieusement, au cours du débat, de définir la République, et chacun l'a définie de son mieux. La première définition de M. Briand n'avait pas beaucoup plu. Mais, au total, ce championnat de définitions n'ayant donné aucun résultat, une double opération d'épuration sollicita l'attente des spectateurs.

M. Briand s'efforça d'épurer l'Entente, en la priant, si elle voulait rester l'axe de sa majorité, de rejeter les << faux républicains » qui formaient son aile droite, et il faut convenir que la discrimination nominale de ces faux républicains est assez malaisée à faire, autrement que par hypothèse.

Par contre, l'Entente, menacée, sommait à son tour M. Briand d'exclure de sa majorité les radicaux-socialistes impénitents, vaincus ulcérés de 1919, qui ne répudient point l'alliance des communistes anti-militaristes, et qui sont la colonne, si l'on peut dire, du bloc des gauches.

Et le débat, fâcheusement entrelardé de politique extérieure, ne manquait pas d'intérêt lequel des deux forcerait l'autre à s'épurer ?

L'Entente avait la partie belle.

M. Briand avait eu le tort, peut-être, de parler un peu cavalièrement, sans preuves suffisantes d'improbité politique » et il était mal soutenu par de maladroits amis. Ceux qui croyaient qu'il poursuivait, contre la politique d'union nationale, la politique du bloc de gauche, le compromettaient en affichant bruyamment leurs espérances, et on convenait que les « Blocards de gauche », généralement meilleurs mancuvriers, avaient un peu vite abattu leur jeu. Personne ne contestait, d'autre part, que M. Herriot n'eût mieux fait de se taire, au lieu d'apporter à M. Briand l'adhésion publique et sans réserve des radicaux-socialistes, et le Président du Conseil, l'œil fixé sur ses ennemis, devait secrètement maudire le « maladroit ami » et son intempestif renfort.

Enfin, si la dissociation du bloc de gauche semblait aisée, la solidité du bloc national s'était affirmée dans une élection à la vice-présidence. M. Puech venait d'être élu par 287 voix contre 154 au président du groupe radical-socialiste, charmant homme modéré dans le privé et environné de sympathie. Donc, manifestation nettement politique, et triomphe écrasant en plein débat du bloc national. « Si vraiment, disait un ministre, l'Entente nous considère sérieusement comme des artisans du bloc de gauche, nous devons être logiquement renversés, par 287 voix contre 154. »

Mais il savait les choses, et souriait en disant cela.
En effet, c'est le contraire qui se produisit.

Dans le vote de confiance, l'Entente se divisa cruellement, à l'appel de M. Briand, et la motion excluant de la majorité les « partisans du bloc de gauche » ne put même être défendue par son auteur, et fut retirée pas au milieu de ricanements triomphants de la gauche et de l'extrême-gauche.

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Avions-nous donc assisté mercredi à une de ces jour- | Affaires Extérieures nées historiques, plus nombreuses qu'on ne le dit, et qu'on appelle des « journées des dupes »> ?

Pas tant que cela ; et il y a au moins, dit un observateur qui commente, dans un groupe, les résultats de la journée, trois raisons de le penser.

D'abord, plusieurs députés ont voté la confiance pour des raisons de politique extérieure et parce qu'ils voulaient que le Président du Conseil allât à Washington et qu'il représentât vraiment la France. Dans un débat sur la politique intérieure seule, les chiffres du scrutin, sinon son résultat, eussent été probablement modifiés.

Ensuite, le bloc des gauches, ayant triomphé trop vite, a éveillé la méfiance de l'adversaire, et va vivre désormais sous sa jalouse et soupçonneuse surveillance. Caveat! l'œil de l'Entente le regarde. Et le bloc national est prêt à refomer, pour soutenir un second Puech, la solide escorte des 287.

Enfin, M. Briand, avant les 338 voix, n'a pas tenu tout à fait à l'Entente le même discours que la veille et que l'avant-veille et qu'à Saint-Nazaire. Il lui a concédé qu'elle constituait la majorité, et bien loin de la soupçonner de vouloir entrer dans la maison pour déménager les meubles, il lui a demandé non seulement sa confiance, mais cette affectueuse sympathie qui réconforte aux heures difficiles ». C'est à ce gentil ami que sont allés 338 suffrages.

X

Mais l'Entente, qui peut puiser dans ces trois considérations, des raisons de ne pas désespérer, aurait tort de croire que la journée lui a été favorable.

Il faut prendre garde que ceux qui ont formulé le programme de l'Entente, et porté éloquemment ses griefs à la tribune, s'appellent M. Tardieu, M. Soulier, M. Mandel, M. Puech. Ces hommes qui affrontent résolument la bataille et qui n'ont pas peur des responsabilités appartiennent à quatre groupes différents Aucun ne siège à l'Entente.

Il faut prendre garde aussi que, pour se décider à un ordre du jour, maladroit d'ailleurs, qui n'impliquait pas la confiance au gouvernement, il fallut à l'Entente d'interminables palabres, trois séances en une seule journée, et que le tiers des adhérents du groupe ne put se résoudre à en suivre le mot d'ordre. Cela juge la discipline et la force tactique de l'Entente.

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Il faut prendre garde enfin que les députés du Rhône, parce qu'ils sont les amis de M. Bonnevay, ceux de la Manche, parce qu'ils sont les amis de M. Dior, ceux de Tarn-et-Garonne, parce qu'ils sont les amis de M. Puis, ne peuvent se résoudre à faire au cabinet nulle peine, et cela juge l'Entente au point de vue de sa fermeté d'âme et de conceptions générales.

Sans doute l'Entente n'est pas vaincue et son rôle, dans la présente Chambre, ne sera pas inutile. Elle ne transigera pas sur certains principes, et en maintiendra le respect tout au moins nominal. Grâce à elle, c'en est fini du sectarisme officiel, un air de liberté circule dans le pays. Ce n'est pas peu. Mais ce groupe de deux cents personnes semble politiquement abdiquer, renoncer à constituer une majorité, comme à exercer une influence directe sur le gouvernement de son pays.

«Que dire, faisait un homme éminent qui est pourtant de ses amis, que dire d'une majorité qui ne s'affirme qu'au scrutin secrèt ? >>

« On est toujours libre, leur disait M. Aristide Briand, dans la partie aimable de son discours, de remettre à d'autres la responsabilité du pouvoir. » Et cela leur plut beaucoup. Ils le montrèrent sans désemparer.

Mais il faut espérer que tout cela leur servira de leçon.

TRYGÉE.

La stabilité de l'Europe Orientale

Le 22 octobre, l'ex-empereur Charles débarque en Hongrie. Le 23, le chancelier Wirth démissionne. Ces deux incidents démontrent que si la France ne peut être absente à Washington, elle saurait encore moins s'endormir dans une trompeuse sécurité. Il faudra de longues années avant que les nouvelles frontières aient pris racine et avant que les peuples assagis aient cessé de hair. Pendant cette période troublée et cette adaptation difficile, la République ne saurait se passer ni d'un ministre des Affaires étrangères, ni d'un président du Conseil. Et si M. Briand a raison de se rendre à Washington pour offrir au président Harding la coopé ration d'un pays toujours pacifique et resserrer, avec lui, les liens d'une amitié toujours vivace, il aurait tort de céder, une fois de plus, aux délices du Conseil suprême Les premiers ministres n'ont plus le temps de s'offrir et les pays ne sont plus d'humeur à leur permettre d'aussi coûteuses voluptés. Il faut renoncer aux palabres sensationnels et restaurer les méthodes coutumières, parler moins et agir plus.

J'entends bien que ces deux événements - la chute da cabinet allemand et l'essai de restauration hongroise n'ont point la même gravité. Si la retraite du chancelier Wirth entraînait la dissociation du bloc démocratique,

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centristes et sociaux-démocrates ; si l'évolution politique arrêtée par l'assassinat d'Erzberger reprenait avec une intensité nouvelle; - si l'avènement des popu listes déplaçait vers la droite l'axe de la majorité,- un échec capital serait infligé à l'essai de rénovation germ nique et une nouvelle étape serait franchie vers la reco titution de l'Allemagne de 1914. La première ébau d'une détente franco-allemande et d'une pacificatio européenne serait irrémédiablement compromise. To l'œuvre des derniers mois, qui commence à sortir du so croulerait. Serait-il même possible, un jour, de rouvrir chantier et de reprendre le travail?

L'équipée du roi Charles, qui paraît dangereusement atteint de la monomanie des restaurations monarchiques, ne saurait avoir de pareilles conséquences. Les grands seigneurs hongrois ont voulu profiter de la recrudescence d'agitation qu'avait provoquée et des concentrations d'effectifs qu'avait facilitées la crise du Burgenland, le conflit des comitats, pour tenter, par une terreur blanche de barrer la route au parti paysan et à ses réformes agraires, avant la réouverture du Parlement et la reprise de ses délibérations. Ils ont fait signe au souverain sans trône, qui pêchait à la ligne sur les rives du lac des Quatre-Cantons; et celui-ci de sauter dans un avion Chaque fois qu'un parti sollicitera son concours, 1 prendra ainsi son vol: une demi-couronne vaut mieux que rien. Et chaque fois, l'infortuné Habsbourg, après avoir fait casser quelques vitres et aussi quelques têtes,reviendra humblement solliciter des autorités suisses, toujours indulgentes, le même pardon toujours accordé Car son rêve se heurte à une force plus redoutable que le veto tardif du Conseil des ambassadeurs et la lente action de ses mandataires en Hongrie : celle du bloc oriental.

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On oublie trop et Charles IV n'est pas le seulque si l'Europe occidentale n'est parvenue à réaliser, après deux ans d'efforts et d'hésitations, qu'une timide ébauche d'organisation continentale, l'accord mili

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taire franco-belge, la friche est plus avancée dans l'Europe orientale. Reconnaissons, d'ailleurs, qu'elle était plus facile. Il existait, entre les trois Etats, TchécoSlovaquie, Yougoslavie et Roumanie, des liens com

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muns. Ils sont tous, dans une certaine mesure, nés de la faillite austro-hongroise. Ils ont tous, sinon totalement, du moins partiellement, vécu d'une même vie collective. Ils sont tous également menacés par la fébrilité magyare. Ils ont tous compris, au cours de l'été 1920, quand le front polonais s'écroulait et lorsque le désaccord francobritannique s'étalait, qu'il appartenait aux intéressés euxmêmes et non aux lointains Occidentaux, d'assurer la stabilité des frontières dans l'Europe orientale.

IIs commencèrent, immédiatement, par liquider les vieilles affaires qui entretenaient des froissements et gênaient leur accord conflit du Banat de Témeswar entre Bucarest et Belgrade, conflit des frontières de Ruthénie entre Bucarest et Prague. Les trois grouvernements examinèrent ensuite les bases de leurs conventions militaires. Le traité tchéco-yougoslave fut signé le premier. Le texte des traités roumano-tchèque et roumano-yougoslave a été publié en juin 1921.

Cette œuvre diplomatique a trois caractères.
L'objectif est précis :

Dans le cas d'attaque non provoquée de la part de la Hongrie ou de la Bulgarie, ou de ces deux puissances, contre l'une quelconque des hautes parties contractantes, dans le but de porter atteinte à l'ordre établi par le traité de Trianon, ou celui de Neuilly-sur-Seine, l'autre partie s'engage à contribuer à la défense de la partie attaquée, de la façon déterminée par l'arrangement prévu par l'article 2 et dressé par les états-majors.

pangermanistes, qui rayonnent autour de Munich. Si Tchèques, Serbes et Roumains prennent l'habitude de se concerter étroitement et d'agir solidairement, leur intimité peut se manifester sur d'autres terrains et leur force sur d'autres frontières. Il y a plusieurs manières de reviser les traités de Trianon et de Neuilly-sur-Seine. Tout le péril n'est point à Buda-Pesth et à Sofia. La Triplice orientale le sait bien, puisqu'elle est née le jour où ses hommes d'Etat ont cru que l'écroulement du front polonais allait entraîner la revision du traité de Versailles. Avec du temps, de la patience et de l'habileté, il sera possible à la Ligue de l'Ouest pour la Paix de rappeler à la Ligue de l'Est, que la frontière tchèque et partant la frontière serbe sont solidaires de la frontière francobelge.

J'entends bien que la pression exercée par le Bloc oriental sur le Reich a une base très étroite et que la force de cette pression est réduite par les difficultés que crée aux Tchèques l'importance de leur colonie allemande. Il est nécessaire d'élargir le Bloc oriental, le cadre de son armature diplomatique et ses contacts avec l'Europe centrale, par l'incorporation de la Pologne. Or des progrès importants ont été réalisés dans cette reconstruction européenne.

Le 10 juillet dernier a été signé le traité polono-roumain. L'objectif est précis. Les deux Etats

s'obligent à s'aider réciproquement au cas où l'un serait attaqué, sans provocation de sa part, sur sa frontière de l'Est... L'autre partie déclarera la guerre et donnera un concours armé.

Le contrat n'est pas que militaire. «< Aucune des parties contractantes ne pourra conclure d'alliance avec une E tierce puissance, sans en avoir avisé au préalable l'autre partie. » — « En vue de coordonner leurs efforts pacifiques, les deux gouvernements s'engagent à se consulter réciproquement sur les questions de politique étrangère, relatives à leurs rapports avec la Hongrie et avec la Bulgarie. » Je note, en passant, que, conformément à cet engagement, dès le 23, les trois gouvernements s'étaient « consultés » et avaient signifié qu'ils étaient prêts à s'opposer, par la force des armes, à la restauration d'un Habsbourg. Cet accord s'explique. Leurs liens sont étroits. En dehors de la convention militaire et du contrat diplomatique, des négociations immédiates ont encore rapproché Tchèques, Serbes et Roumains. Leurs traités n'auraient pas besoin de subir de latine, claire et ordonnée, aidera l'intelligence polonaise, graves retouches pour être transformés en alliances intégrales.

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Le Bloc oriental est mieux cimenté que le Bloc occide dental. Cette bâtisse, conçue par le réalisme politique, nest d'un meilleur travail. Il y a plus d'un an qu'a été signée la convention militaire franco-belge et les gouvernements intéressés n'ont point encore été capables ni at de la compléter par un contrat de garantie et un traité de commerce, ni de l'élargir par une conversation avec l'Angleterre et avec l'Espagne. M. Benès est un second Cavour. Et je ne suis pas surpris que M. Take Jonesco ne soit point de taille à chausser les mêmes bottes.

Mais, dira-t-on, une triplice, exclusivement orientée contre la Hongrie et la Bulgarie, ne sert pas l'intérêt français. D'ailleurs, la Hongrie, morcelée et amputée, guettée et par l'Italie et par les Slaves et par les Roumains, la Bulgarie, prise entre la Serbie agrandie et la Roumanie renforcée, coupée de la mer et encerclée par la Grèce, sont réduites à l'impuissance totale. Les échecs de Charles IV sont là pour le prouver. Et la revision de la nouvelle carte reste improbable. C'est possible. Mais la France, qui est directement intéressée au maintien de la paix, c'est-à-dire au statu quo, l'est également à la formation, en Orient, d'un bloc qui garantisse le respect des traités. Ils sont tous solidaires. Le jour où l'armature, imposée à l'Europe, cédera sur un point, le reste sautera. Et ce point est d'importance, puisque Tyrol et Trentin et Hongrie restent étroitement unis aux intrigues

Le contrat n'est pas seulement militaire. Il implique l'engagement de se consulter sur les questions relatives aux relations avec les voisins de l'Est. » Les deux Etats qui, en cas de guerre, promettent de ne conclure ni armistice, ni paix séparée, affirment également « qu'ils ne concluront aucune alliance sans s'être mis d'accord. >> Les liens sont étroits. Ils ont été resserrés par des négociations commerciales et ferroviaires. La Roumanie assure à la Pologne des débouchés fluviaux, un port libre, des transports réguliers. La Pologne, qui souffre d'une faiblesse congénitale, est désormais appuyée sur un Etat jeune, solide et vivace. La pensée roumaine, une pensée

aux méthodes de l'Ouest et aux réalités du siècle. Ce contact avec les mers latines et ce lien avec un Etat bal

kanique qui manquèrent, et pour cause, à la Pologne d'autrefois, transforment les chances et facilitent la tâche de la Pologne d'aujourd'hui.

Cet élargissement du Bloc oriental constitue pour le Bloc occidental une précieuse garantie. Il consolide la barrière entre la Russie et l'Allemagne : or toute revanche est impossible sans une coopération germano-russe, simultanée ou successive. Il crée un lien, le premier, entre les deux Ligues pour la Paix. En effet, le traité porte : «Le gouvernement polonais déclare avoir pris connaissance des conventions » conclues par Bucarest, conventions qui pourraient être transformées en alliances formelles ». Et d'autre part : « Le gouvernement roumain déclare qu'il a pris connaissance de la convention passée par la Pologne avec la République française. » Un contact est établi. Une interpénétration est assurée.

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Les hommes d'Etat seront surpris du poids écrasant dont pèsera ce Bloc oriental dans la balance de l'équilibre européen. La France et la Belgique n'ont point à s'en inquiéter, mais doivent s'en réjouir.

Personne n'est maître de l'avenir, déclarait M. Take Jonesco le 27 avril dernier. Mais on ne dépasse pas son droit de prévoir, si l'on envisage l'éventualité d'une alliance de nos anciens ennemis sur le continent, qui partirait du Rhin pour aboutir à Vladivostok. Pour une pareille éventualité, la création d'une Petite Entente, pacifique, avec ses So millions d'habitants, avec cette population dont la valeur militaire est indiscutable, intéressée plus encore que les puissances de l'Occident au maintien intégral des traités de paix, est la meilleure combinaison qu'on puisse souhaiter.

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P. S. Un de mes amis anglais, qui occupe une situation importante, mais dont je ne suis point autorisé à donner le nom, m'écrit, le 21 octobre, pour protester contre un passage de mon article du 15, p. 425.

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J'avais rapproché les deux décisions qui ont relevé la valeur du tonnage livré par l'Allemagne à l'Angleterre et l'évaluation des emprunts belges que l'Allemagne doit rembourser à la France. J'avais ajouté : « Ce double effort pour réduire la valeur d'une indemnité touchée par l'Angleterre et le montant d'un remboursement escompté par la France, nos paysans ne l'ont point compris. >> Mon ami anglais m'envoie les précisions suivantes : L'accord de Spa de juillet 1920 prévoyait que, dans le compte réparations, les Allemands seraient crédités du prix de vente actuel du tonnage livré, en vertu de l'Annexe 3 de la Partie VIII et les Alliés débités de la même somme. Les Allemands firent remarquer que cela était injuste à leur point de vue : la faiblesse du prix réalisé, £ 10,8 par tonne, était due principalement au fait qu'un tonnage considérable avait été subitement jeté sur le marché et à la baisse des cours, au moment où la vente eut lieu. La Commission des Réparations a approuvé le rapport du délégué américain de Boyden les Allemands seront crédités de £ 24,7 par tonne; le débit des gouvernements alliés restant le même, à savoir le prix actuel de £10,8 par tonne. Il eût été injuste de débiter les Alliés d'une somme supérieure à celle qu'ils avaient réalisée par la

vente.

Je reconnais humblement que mes chiffres, empruntés au Daily Telegraph, étaient inexacts; et que la formule, dont je me suis servi, est obscure.

Mais je ferai d'abord remarquer que la différence d'évaluation est plus grande encore, avec les chiffres de mon contradicteur (liv. 10,8 et liv. 24,7) qu'avec les miennes (liv. 8 et liv. 18).

D'autre part, la Commission a décidé que la somme, dont avaient été débités les gouvernements alliés ne

serait pas augmentée. Mais le crédit du gouvernement allemand le sera quand on dressera le compte. Il y aura de ce chef une différence entre les sommes versées par l'Allemagne et celles touchées par les Alliés. Qui en fera les frais?

J. B.

Au moment où le traité franco-turc paraît enfin sur engagé à fond dans la guerre d'Orient, tente le suprême le point d'aboutir, le camp anglo-grec, si imprudemment effort pour faire échouer les négociations en cours.

Il faut lui rendre cette justice, jamais offensive politique ne fut menée avec une pareille audace, une plus grande absence de scrupules, une plus grande habileté Voilà huit jours qu'elle est déclanchée à nouveau, de impalpable s'étend sur la vérité, en brouille les conParis, et déjà elle obtient de sérieux résultats. Un voile tours; les mauvaises rumeurs se répandent; elles sont imprécises mais difficiles à réfuter. Dans les cercles autorisés, tout à fait acquis ces jours derniers à la conclusion de l'accord un certain fléchissement se produit. « Le gouvernement d'Angora est d'une intransigeance inouïe, il ne veut pas traiter, ses alliés bolcheviks l'en empê chent, le parti militaire veut la guerre à outrance. » Voilà les moindres griefs qui, répandus par les Grecs, font aujourd'hui leur tour de Paris.

Le public - fût-il celui des gens qui cherchent à comprendre est bien mal placé pour affermir son juge ment. En France, comme en Angleterre, si peu de gens le renseignent sur les vérités orientales! Comment devinerait-il, par exemple, que le parti politique angla actuellement au pouvoir, n'a pas modifié sa ligne d tion, qu'il la renforce bien au contraire avec une éne dont on ne peut méconnaître ni la ténacité, ni la suit! A peine battu sur un point, il reprend la lutte surs

autre.

Les Grecs viennent de remporter une nouvelle défai Peu importe. L'effort recommence, offensive de grand style sur Paris dont il faut brusquer l'acquiescement Sans l'appoint des armes françaises, les Grecs ne per vent tenir en Anatolie; si les Français et les Turcs s'accordent enfin, l'évacuation n'est plus qu'une question de jours, mais il suffirait de modifier le courant de l'opinion publique française pour rétablir la situation L'offensive de la propagande anglo-grecque cherche une dernière fois à nous entraîner militairement e Anatolie. Va-t-elle y réussir ?

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Depuis deux ans la question de Cilicie maintient entre les Turcs et nous une situation fort dangereuseexploitée à outrance par les nombreux adversaires de la paix.

Soit à Angora, soit à Paris, des malentendus ravivent le conflit pour le plus grand profit des ennemis de l'a cord franco-turc.

Les Grecs cherchent à nous compromettre et se décla rent nos mandataires en Anatolie. C'est aller un pe loin.

Mais une inexactitude cent fois répétée finit par tro bler la masse des gens imparfaitement documentés: ces pourparlers longs et incertains entre Paris et Angon ont fâcheusement impressionné les cercles politiques e militaires. Le parti colonial anglais saisit l'occasion et lance les Grecs à l'assaut de l'opinion française.

Admettons un instant que les circonstances favorisent le camp anglo-hellénique et que leur vou le plus ardent notre entrée en guerre à leurs côtés, se réalise. Quel en serait le résultat ?

Après une lutte sanglante, acharnée, l'occupation de l'Anatolie, je suppose que les Grecs se chargeraient de la meilleure part, que les Anglais et leur flotte garde

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raient le littoral et que nous aurions la tâche de pacifier les régions montagneuses où les combats n'auraient pas de fin.

Combattre contre soi-même, contre son rayonnement, contre l'élan de ceux qui attendent tout de nous, quel paradoxe, quelle ironie! Ce serait le triomphe de l'incroyable entreprise menée en Angleterre par un tout petit nombre d'hommes contre le sentiment des Anglais et des Français doués de bon sens et de logique, mais de tels accidents arrivent et il est bon de ne pas l'oublier. BERTHE-GEORGES GAULIS.

NOTES ET FIGURES

Hugo Stinnes et la presse.

en is Il est certain que Hugo Stinnes a cherché et cherche encore actuellement à jouer, vis-à-vis de la grande presse allemande, le rôle que joue depuis plusieurs années, à de l'égard de la presse anglaise, lord Northcliffe, outreManche.

L'adversaire industriel et politique de Walter Rathenau prétend ne négliger aucun des instruments aptes à lui permettre de parfaire son œuvre, en affermissant Epson autorité.

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Il ne suffit pas, en effet, de posséder des capitaux à l'instar d'un roi de l'acier aux Etats-Unis, d'avoir des usines nombreuses et de régner sur un personnel policé comme une armée, pour être un « magnat » : il faut également pouvoir former à sa guise l'opinion de ses « sujets », et pouvoir riposter à ses adversaires politiques.

On a prétendu, en Allemagne aussi bien qu'en France, que Hugo Stinnes avait acquis à coups de millions, la propriété des fabriques de papier-journal, destiné à approvisionner de matière première plus de soixante journaux à sa solde, répandus dans le Reich tout entier. On a représenté Hugo Stinnes réglant à son gré la production de la pâte à papier en Allemagne. Celui-ci a riposté par la voie de son journal (officiellement sien), la Deutsche Allgemeine Zeitung, que tous les bruits tendant à lui prêter les traits d'un Napoléon de la presse allemande étaient faux. Cependant, il reconnaissait la propriété de la Deutsche Warte et de l'Industriel Handelszeitung. A remarquer que ce dernier journal est entré en rapports avec la Journée industrielle en France, et représente l'officieux organe économique du ministère des Affaires étrangères à Berlin.

Mais le démenti opposé par Stinnes n'a fait qu'exciter ses adversaires enragés à combattre la tentative de main-mise que cet ambitieux de pouvoir exerçait sur la pensée populaire en Allemagne. Son biographe luimême, le docteur Brinkmeyer, n'a cessé de prétendre « qu'il devait s'agir en fait d'une douzaine au moins de journaux »>.

Les socialistes répètent que Stinnes considère « l'opinion publique comme une marchandise », et la presse comme une affaire à l'instar de l'importation des oranges >>.

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La vérité doit être entre les deux extrêmes représentés par Stinnes lui-même et par ses ennemis d'autre part. doute ne faut-il pas craindre un trust de la presse allemande par Hugo Stinnes, mais il faut compter avec la part d'influence qu'il possède assurément dans la maison d'édition Weimar Hobbing, de Berlin (qui publie le journal officiel allemand), dans celle des Wirtschaftlichen Nachrichten aus dem Ruhrbezirk »>, d'Essen; dans l'imprimerie et librairie « Norddeutsche Buchdruckrei und Verlages A. G. », et enfin et surtout

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Jamais on n'a prononcé un plus charmant et persuasif plaidoyer pour la langue française que celui que M. Robert de Flers a lu mardi à la séance des Cinq Académies. Il avait trouvé pour soutenir le privilège séculaire de notre langage la, meilleure manière, qui est d'abord de le bien parler. Quel plaisir c'était, d'entendre un discours en faveur du français qui, vraiment, fût en français ! Gageons que si, comme tout porte à le croire, nos fonctionnaires ont préconisé l'emploi de notre langue au Congrès de Washington, ç'a été par des notes diplomatiques qui étaient écrites en charabia, selon l'usage. Fâcheux usage, et qui n'est pas propre à faire paraître, justement, l'excellence et la précellence de notre parler

national.

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Hélas! ceux qui font le plus pour enlaidir le langage français, ceux qui sont à peu près parvenus à le priver de ses premières qualités, à savoir la clarté et la précision intellectuelles, ce sont précisément ceux qui sont chargés de le défendre ce sont nos diplomates et nos parlementaires. A la longue, ils ont créé à leur usage un jargon affreux, que l'on appelle du même nom que notre langue courante, et c'est là un grand danger. «< Rien de plus clair que le français, déclarons-nous aux étrangers, quel avantage pour le monde que de rédiger dans ce bel, exact et lumineux langage des textes appelés à faire foi!» Et par quels écrits leur prêchonsnous cela? Que leur envoyons-nous pour établir l'excellence du français? Des « notes », des dépêches, des instruments diplomatiques dont le vocabulaire et la syntaxe sont presque incompréhensibles. Des lois, des arrêtés, formulés d'une façon telle qu'un bon Français ne saurait les entendre qu'après les avoir traduits dans sa langue maternelle. Des discours, des textes parlementaires, dont l'expression est ensemble si prétentieuse, si laide et si obscure qu'il faut un véritable apprentissage pour la saisir. Malheureusement cet apprentissage, chacun de nous le fait insensiblement, chaque matin, dans son journal ainsi le style officiel, l'horrible langue artificielle des administrations vient troubler l'évolution naturelle du français. Cependant, les étrangers, ce que nous leur offrons pour rédiger les textes internationaux, c'est bien l'horrible jargon du Parlement et des chancelleries, ce style administratif que nous employons nous-mêmes les premiers, lorsque nous nous adressons officiellement à eux, n'est-ce pas ?

En ce cas, que venons-nous leur parler de la clarté et de la précision du français ? L'idiôme pour lequel plaident M. Robert de Flers et quelques autres, c'est le langage traditionnel et charmant de notre pays, c'est le langage d'Anatole France. Mais on ne s'en sert jamais quand on s'exprime au nom du gouvernement français. Tous nos papiers officiels sont écrits dans une langue artificielle, solennelle et confuse, qui n'a aucune des qualités de chez nous. Si c'est ce jargon que nous proposons pour rédiger les textes internationaux, il faut avouer qu'il ne ni plus ni moins d'ailleurs que l'anglais s'impose pas ampoulé des diplomates anglo-saxons. Il serait aisé de citer des textes diplomatiques en << français >> (à commencer par le traité de Versailles) dont certains passages sont inintelligibles. J'ai sous les yeux telle note d'un ministre des Affaires étrangères que je défie qui que ce soit de traduire exactement. Quant à la langue parlementaire, elle est scandaleuse, tout sim

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