même donner des bals. Pour les salons plus petits, on émus, d'une part, de certaines attitudes des préfets, de les louera aussi pour en faire des conférences ou y don- certaines déclarations radicales, de certains espoirs ner des concerts de chambre. avoués d'obtenir en 1924 une éclatante revanche de la Quant au somptueux château de Mürzsteg, l'un des défaite de 1919, - et, d'autre part, de certains passages plus beaux que possédait François-Joseph, où il se ren- du discours de Saint-Nazaire où M. le Président du dait chaque année pour y chasser et où bien souvent Conseil avait cru devoir morigener quelque peu la mavint lui rendre visite Guillaume II, il a été décidé qu'il jorité numérique de l'Assemblée et lui représenter que serait offert en location tous les étés, comme une vul- cette majorité numérique ne suffisait pas à constituer gaire villa. une majorité « républicaine » du gouvernement. L'Entente s'était fâchée tout net; elle avait trouvé Une découverte dangereuse. que le gouvernement favorisait les espoirs avoués de C'est celle qu'à faite un certain M. Georges Muchery. reconstitution du bloc des gauches, et que, d'autre part, On commence à en parler, ici avec émotion, là avec scep il s'efforçait de dissocier le bloc national, vainqueur des ticisme ; ailleurs, on en rit ; ailleurs, on en soupire. élections de 1919 : « Il ne faut pas, disait excellemment Déjà, on se méfiait des prodigieux progrès réalisés M. Puech, que le gouvernement s'appuie sur la confiance par la graphologie depuis trente ans ; n'y a-t-il pas un des vainqueurs pour ouvrir la porte de la citadelle aux auteur dramatique à qui l'on n'ose plus adresser vaincus. » que des lettres écrites à la machine tant on redoute son ju On s'est donc efforcé copieusement, au cours du dégement de graphologue ? bat, de définir la République, et chacun l'a définie de Mais M. Georges Muchery va plus loin, beaucoup plus son mieux. La première définition de M. Briand n'avait loin. En examinant une main, il y découvre le signe... de pas beaucoup plu. Mais, au total, ce championnat de l'adultère. Ah ! Madame ! Ah ! Madame ! Achetez définitions n'ayant donné aucun résultat, une double vite toute l'édition de son livre, et détruisez-la. Ou nous opération d'épuration sollicita l'attente des spectateurs. saurons tout. M. Briand s'efforça d'épurer l'Entente, en la priant, wi si elle vculait rester l'axe de sa majorité, de rejeter les Nous avons gagné la guerre. « faux républicains » qui formaient son aile droite, et il Rien n'horripile les Anglais comme d'entendre les faut convenir que la discrimination nominale de ces E Américains se vanter d'avoir gagné la guerre. faux républicains est assez malaisée à faire, autrement Un journal de nos voisins raconte à ce propos un que par hypothèse. E petit conte qui se peut résumer ainsi : Par contre, l'Entente, menacée, sommait à son tour Un Anglais prend son bain dans une rivière infestée M. Briand d’exclure de sa majorité les radicaux-socia9 de crocodiles. Vient à passer un Américain qui chari listes impénitents, vaincus ulcérés de 1919, qui ne réputablement, désigne à l'Anglais une pancarte portant en dient point l'alliance des communistes anti-militaristes, gros caractères : et qui sont la colonne, si l'on peut dire, du bloc des Avis aux baigneurs gauches. Rivière dangereuse Et le débat, fâcheusement entrelardé de politique exCrocodiles térieure, ne manquait pas d'intérêt : lequel des deux forcerait l'autre à s'épurer ? L'Anglais se contente de rire. L'Entente avait la partie belle. Est-ce que vous vous baignez souvent ici ? de- M. Briand avait eu le tort, peut-être, de parler un peu mande l'Américain ? cavalièrement, sans preuves suffisantes i d'improbité Tous les jours. politique » et il était mal soutenu par de maladroits Donnez-moi la main : vous êtes un brave. ! amis. Ceux qui croyaient qu'il poursuivait, contre la Pas du tout ! répond l'Anglais. Je ne risque rien. politique d'union nationale, la politique du bloc J'ai un costume de bain qui porte deux inscriptions. de gauche, le compromettaient en affichant bruyamDeux inscriptions ? ment leurs espérances, et on convenait que les « BloQui ! voyez ! dit l'Anglais. Devant cette inscrip- cards de gauche », généralement meilleurs tion « U. S. A. » et, derrière, cette autre : « Nous avons vriers, avaient un peu vite abattu leur jeu. Personne nie - gagné la guerre ». Voyons, franchement, vous ne croyez contestait, d'autre part, que M. Herriot n'eût mieux fait pas les crocodiles assez niais pour avaler cela. de se taire, au lieu d'apporter à M. Briand l'adhésion publique et sans réserve des radicaux-socialistes, et le Président du Conseil, l'ail fixé sur ses ennemis, devait Affaires Intérieures secrètement maudire le « maladroit ami » et son intem pestif renfort. La leçon de l'interpellation Enfin, si la dissociation du bloc de gauche semblait aisée, la solidité du bloc national s'était affirmée dans La Chambre vient de discuter trop longuement un une élection à la vice-présidence. M. Puech venait d'être peu trop longuement peut-être, une interpellation qui élu par 287 voix contre 154 au président du groupe eût parfois gagné en clarté à être plus brève et plus pré- radical-socialiste, charmant homme modéré dans le cise. « Au Parlement, dit un vieux renard, la lumière privé et environné de sympathie. Donc, manifestation ne jaillit jamais de la discussion. » nettement politique, et triomphe écrasant - en plein L'interpellation s'est terminée par la victoire du mi- débat - du bloc national. « Si vraiment, disait un ministère qui a eu 338 voix. Le sens de ce vote n'est pas nistre, l'Entente nous considère sérieusement comme des absolument clair, puisque deux questions se sont mélan- artisans du bloc de gauche, nous devons être logiquegées au cours du débat : la politique extérieure et la ment renversés, par 287 voix contre 154. » politique intérieure, et qu'à ceux qui voulaient des pré- Mais il savait les choses, et souriait en disant cela. cisions sur le rôle des préfets, on donnait des explica- En effet, c'est le contraire qui se produisit. tions sur le conférence de Washington, et vice-versa. Dans le vote de confiance, l'Entente se divisa cruelleEn somme, M. Briand peut se targuer d'avoir obtenu un ment, à l'appel de M. Briand, et la motion excluant de vote de confiance, et sur sa politique extérieure, et sur la majorité les « partisans du bloc de gauche w ne put déclaration de politique intérieure. Seule, celle-ci même être défendue par son auteur, et fut retirée nous intéresse. au milieu de ricanements triomphants de la gauche et Les groupes les plus nombreux de la majorité s'étaient de l'extrême-gauche. maneu sa x Avions-nous donc assisté mercredi à une de ces jour- | Affaires Extérieures nées historiques, plus nombreuses qu'on ne le dit, et qu'on appelle des « journées des dupes » ? Pas tant que cela ; et il y a'au moins, dit un observai La stabilité de l'Europe Orientale teur qui commente, dans un groupe, les résultats de la Le 22 octobre, l'ex-empereur Charles débarque en journée, trois raisons de le penser. Hongrie. Le 23, le chancelier Wirth démissionne. Ces D'abord, plusieurs députés ont voté la confiance pour deux incidents démontrent que si la France ne peut être des raisons de politique extérieure ,et parce qu'ils vou absente à Washington, elle saurait moins laient que le Président du Conseil allât à Washington s'endormir dans une trompeuse sécurité. Il faudra de et qu'il représentât vraiment la France. Dans un débat longues années avant que les nouvelles frontières aient sur la politique intérieure seule, les chiffres du scrutin, pris racine et avant que les peuples assagis aient cessé sinon son résultat, eussent été probablement modifiés. de haïr. Pendant cette période troublée et cette adaptaEnsuite, le bloc des gauches, ayant triomphé trop tion difficile, la République ne saurait se passer ni d'un vite, a éveillé la méfiance de l'adversaire, et va vivre ministre des Affaires étrangères, ni d'un président du désormais sous sa jalouse et soupçonneuse surveillance. Conseil. Et si M. Briand a raison de se rendre å Caveat ! l'ail de l'Entente le regarde. Et le bloc national Washington pour offrir au président Harding la coopé. est prêt à refomer, pour soutenir un second Puech, la ration d'un pays toujours pacifique et resserrer, avec lui , solide escorte des 287. les liens d'une amitié toujours vivace, il aurait tort de Enfin, M. Briand, avant les 338 voix, n'a pas tenu céder, une fois de plus, aux délices du Conseil suprême tout à fait à l'Entente le même discours que la veille Les premiers ministres n'ont plus le temps de s'offrir et et que l'avant-veille et qu'à Saint-Nazaire. Il lui a les pays ne sont plus d'humeur à leur permettre d'aussi concédé qu'elle constituait la majorité, et bien loin de coûteuses voluptés. Il faut renoncer aux palabres sensala soupçonner de vouloir entrer dans la maison pour tionnels et restaurer les méthodes coutumières, parler déménager les meubles, il lui a demandé non seulement moins et agir plus. sa confiance, mais « cette affectueuse sympathie qui J'entends bien que ces deux événements – la chute do Téconforte aux heures difficiles ». C'est à ce gentil ami cabinet allemand et l'essai de restauration hongroise que sont allés 338 suffrages. n'ont point la même gravité. Si la retraite du chancelier Wirth entraînait la dissociation du bloc démocratique centristes et sociaux-démocrates ; si l'évolution Mais l'Entente, qui peut puiser dans ces trois consi- politique arrêtée par l'assassinat d'Erzberger reprenait dérations, des raisons de ne pas désespérer, aurait tort avec une intensité nouvelle; si l'avènement des popude croire que la journée lui a été favorable. listes déplaçait vers la droite l'axe de la majorité, un Il faut prendre garde que ceux qui ont formulé le échec capital serait infligé à l'essai de rénovation germa programme de l'Entente, et porté éloquemment ses griefs nique et une nouvelle étape serait franchie vers la reco à la tribune, s'appellent M. Tardieu, M. Soulier, M. Man- titution de l'Allemagne de 1914. La première ébau del, M. Puech. Ces hommes qui affrontent résolument d'une détente franco-allemande et d'une pacificatio la bataille et qui n'ont pas peur des responsabilités ap- européenne serait irrémédiablement compromise Toe partiennent à quatre groupes différents Aucun ne siège l'oeuvre des derniers mois, qui commence à sortir du se à l'Entente. croulerait. Serait-il même possible, un jour, de rouvrir k Il faut prendre garde aussi que, pour se décider à un chantier et de reprendre le travail ? ordre du jour, maladroit d'ailleurs, qui n'impliquait pas L'équipée du roi Charles, qui paraît dangereusement la confiance au gouvernement, il fallut à l'Entente d'in- atteint de la monomanie des restaurations monarchiques, terminables palabres, — trois séances en une seule jour- ne saurait avoir de pareilles conséquences. Les grands née, et que le tiers des adhérents du groupe ne put seigneurs hongrois ont voulu profiter de la recrudescence se résoudre à en suivre le mot d'ordre. Cela juge la d'agitation qu'avait provoquée et des concentration discipline et la force tactique de l'Entente. d'effectifs qu'avait facilitées la crise du Burgenland, 1 Il faut prendre garde enfin que les députés du Rhône, conflit des comitats, pour tenter, par une terreur blanche parce qu'ils sont les amis de M. Bonnevay, ceux de la de barrer la route au parti paysan et ses réforme Manche, parce qu'ils sont les amis de M. Dior, ceux agraires, avant la réouverture du Parlement et la repris de Tarn-et-Garonne, parce qu'ils sont les amis de M. de ses délibérations. Ils ont fait signe au souverain sans Puis, ne peuvent se résoudre à faire au cabinet nulle trône, qui pêchait à la ligne sur les rives du lac des peine, et cela juge l'Entente au point de vue de sa Quatre-Cantons; et celui-ci de sauter dans un avion fermeté d'âme et de conceptions générales. i prendra ainsi son vol : une demi-couronne vaut mieu dans la présente Chambre, ne sera pas inutile. Elle ne que rien. Et chaque fois, l'infortuné Habsbourg, apre transigera pas sur certains principes, et en maintiendra avoir fait casser quelques vitres et aussi quelques têtes, - le respect tout au moins nominal. Grâce à elle, c'en est reviendra humblement solliciter des autorités suisse fini du sectarisme officiel, un air de liberté circule dans toujours indulgentes, le même pardon toujours accord le pays. Ce n'est pas peu. Mais ce groupe de deux cents Car son rêve se heurte à une force plus redoutable q personnes semble politiquement abdiquer, renoncer à le veto tardif du Conseil des ambassadeurs et la len constituer une majorité, comme à exercer une influence action de ses mandataires en Hongrie : - celle du bk directe sur le gouvernement de son pays. oriental. « Que dire, faisait un homme éminent qui est pourtant de ses amis, que dire d'une majorité qui ne s'affrme qu'au scrutin secret ? » On oublie trop et Charles IV n'est pas le seul « On est toujours libre, leur disait M. Aristide Briand, que si l'Europe occidentale n'est parvenue à réalise dans la partie aimable de son discours, de remettre à après deux ans d'efforts et d'hésitations, qu'une timi d'autres la responsabilité du pouvoir. » Et cela leur plut ébauche d'organisation continentale, – l'accord mi beaucoup, Ils le montrèrent sans désemparer. taire franco-belge - la friche est plus avancée da Mais il faut espérer que tout cela leur servira de leçon. l'Europe orientale. Reconnaissons, d'ailleurs, qu'e était plus facile. Il existait, entre les trois Etats, Tché TRYGÉE. Slovaquie, Yougoslavie et Roumanie, des liens cos S Sans doute l'Entente n'est pas vaincue et son rôles Chaque fois qu'un parti sollicitera son concours , 'Х belge. concours muns. Ils sont tous, dans une certaine mesure, nés de la pangermanistes, qui rayonnent autour de Munich. Si faillite austro-hongroise. Ils ont tous, sinon totalement, Tchèques, Serbes et Roumains prennent l'habitude de se du moins partiellement, vécu d'une même vie collective: concerter étroitement et d'agir solidairement, leur intiIls sont tous également menacés par la fébrilité magyare. mité peut se manifester sur d'autres terrains et leur force Ils ont tous compris, au cours de l'été 1920, quand le sur d'autres frontières. Il y a plusieurs manières de revifront polonais s'écroulait et lorsque le désaccord franco- ser les traités de Trianon et de Neuilly-sur-Seine. Tout britannique s'étalait, qu'il appartenait aux intéressés eux- le péril n'est point à Buda-Pesth et à Sofia. La Triplice mêmes et non aux lointains Occidentaux, d'assurer la orientale le sait bien, puisqu'elle est née le jour où ses stabilité des frontières dans l'Europe orientale. hommes d'Etat ont cru que l'écroulement du front poloIls commencèrent, immédiatement, par liquider les nais allait entraîner la revision du traité de Versailles. vieilles affaires qui entretenaient des froissements et Avec du temps, de la patience et de l'habileté, il sera gênaient leur accord : conflit du Banat de Témeswar possible à la Ligue de l'Ouest pour la Paix de rappeler entre Bucarest et Belgrade, conflit des frontières de à la Ligue de l'Est, que la frontière tchèque et partant la Ruthénie entre Bucarest et Prague. Les trois grouver- frontière serbe sont solidaires de la frontière francoiz nements examinèrent ensuite les bases de leurs convena tions militaires. Le traité tchéco-yougoslave fut signé le J'entends bien que la pression exercée par le Bloc orienpremier. Le texte des traités roumano-tchèque et rou- tal sur le Reich a une base très étroite et que la force de mano-yougoslave a été publié en juin 1921. cette pression est réduite par les difficultés que crée aux Cette cuvre diplomatique a trois caractères. Tchèques l'importance de leur colonie allemande. Il est cal L'objectif est précis : nécessaire d'élargir le Bloc oriental, le cadre de son armature diplomatique et ses contacts avec l'Europe Un Dans le cas d'attaque non provoquée de la part de la Hon centrale, par l'incorporation de la Pologne. Or des progrie ou de la Bulgarie, ou de ces deux puissances, contre l'une quelconque des hautes parties contractantes, dans le but grès importants ont été réalisés dans cette reconstruction de porter atteinte à l'ordre établi par le traité de Trianon, ou européenne. celui de Neuilly-sur-Seine, l'autre partie s'engage à contribuer Le 10 juillet dernier a été signé le traité polono-rouà la défense de la partie attaquée, de la façon déterminée par main. L'objectif est précis. Les deux Etats l'arrangement prévu par l'article 2 et dressé par les états-majors. s'obligent à s'aider réciproquement au cas où l'un serait atta qué, sans provocation de sa part, sur sa frontière de l'Est... Le contrat n'est pas que militaire. « Aucune des parties L'autre partie déclarera la guerre et donnera un 6- contractantes ne pourra conclure d'alliance avec une armé. bastante tierce puissance, sans en avoir avisé au préalable et l'autre partie. » - « En vue de coordonner leurs efforts Le contrat n'est pas seulement militaire. Il implique e pacifiques, les deux gouvernements s'engagent à se con- << l'engagement de se consulter sur les questions rela sulter réciproquement sur les questions de politique tives aux relations avec les voisins de l'Est. » Les deux étrangère, relatives à leurs rapports avec la Hongrie et Etats qui, en cas de guerre, promettent de ne conclure ni avec la Bulgarie. » Je note, en passant, que, conformé- armistice, ni paix séparée, affirment également « qu'ils ment à cet engagement, dès le 23, les trois gouverne- ne concluront aucune alliance sans s'être mis d'accord, » ments s'étaient « consultés » et avaient signifié qu'ils Les liens sont étroits. Ils ont été resserrés par des négoétaient prêts à s'opposer, par la force des armes, à la ciations commerciales et ferroviaires. La Roumanie restauration d'un Habsbourg. Cet accord s'explique. assure à la Pologne des débouchés fluviaux, un port libre, Leurs liens sont étroits. En dehors de la convention mili- des transports réguliers. La Pologne, qui souffre d'une taire et du contrat diplomatique, des négociations immé- faiblesse congénitale, est désormais appuyée sur un Etat diates ont encore rapproché Tchèques, Serbes et Rou- jeune, solide et vivace. La pensée roumaine, une pensée mains. Leurs traités n'auraient pas besoin de subir de latine, claire et ordonnée, aidera l'intelligence polonaise, graves retouches pour être transformés en alliances inté- une intelligence slave, instable et fumeuse, à s'adapter grales. aux méthodes de l'Ouest et aux réalités du siècle. Ce Le Bloc oriental est mieux cimenté que le Bloc occi contact avec les mers latines et ce lien avec un Etat baldental. Cette bâtisse, conçue par le réalisme politique, kanique qui manquèrent, et pour cause, à la Pologne signée la convention militaire franco-belge et les gouvernements intéressés n'ont point encore été capables ni Cet élargissement du Bloc oriental constitue pour le de la compléter par un contrat de garantie et un traité Bloc occidental une précieuse garantie. Il consolide la de commerce, ni de l'élargir par une conversation avec barrière entre la Russie et l'Allemagne : or toute revane l'Angleterre et avec l'Espagne. M. Benès est un second che est impossible sans une coopération germano-russe, Cavour. Et je ne suis pas surpris que M. Take Jonesco simultanée ou successive. Il crée un lien, le premier, entre ne soit point de taille à chausser les mêmes bottes. les deux Ligues pour la Paix. En effet, le traité porte : Mais, dira-t-on, une triplice, exclusivement orientée « Le gouvernement polonais déclare avoir pris connaiscontre la Hongrie et la Bulgarie, ne sert pas l'intérêt sance des conventions » conclues par Bucarest, convenfrançais. D'ailleurs, la Hongrie, morcelée et amputéė, tions « qui pourraient être transformées en alliances for i guettée et par l'Italie et par les Slaves et par les Rou melles ». Et d'autre part : « Le gouvernement roumain mains, la Bulgarie, prise entre la Serbie agrandie et la déclare qu'il a pris connaissance de la convention passée Roumanie renforcée, coupée de la mer et encerclée par la par la Pologne avec la République française. » Un conGrèce, sont réduites à l'impuissance totale. Les échecs de tact est établi. Une interpénétration est assurée.' Charles IV sont là pour le prouver. Et la revision de la Mais pour que cet élargissement du Bloc oriental, cette nouvelle carte reste improbable. C'est possible. Mais la coopération entre les deux Ligues, cette reconstruction France, qui est directement intéressée au maintien de la du continent européen fussent achevés, il faudrait qu'un paix, c'est-à-dire au statu quo, l'est également à la for- second traité vînt lier la Pologne et la Tchéco-Slovaquie. mation, en Orient, d'un bloc qui garantisse le respect Or l'affaire paraît en bonne voie. La question de Tesdes traités. Ils sont tous solidaires. Le jour où l'arma- chen est réglée et oubliée. Prague a soutenu les reventure, imposée à l'Europe, cédera sur un point, le reste dications polonaises en Silésie. La Société des Nations, sautera. Et ce point est d'importance, puisque Tyrol et en donnant au gouvernement de Varsovie 82 0/0 de la Trentin et Hongrie restent étroitement unis aux intrigues ) houille, 51 010 du coke, 65 oo de la fonte, 70 o/o de est d'un meilleur travail. Il y a plus d'un an qu'a été d'autrefois , transforment les chances et facilitent la Х l'acier, la totalité du zinc, du plomb, de l'acide sulfu- serait pas augmentée. Mais le crédit du gouvernemen rique produits en Haute-Silésie rend inéluctable la allemand le sera quand on dressera le compte. Il у auc coopération économique des deux Républiques. Déjà le de ce chef une différence entre les sommes versées pa ministre tchèque, M. Hollowetz, était allé à Varsovie l'Allemagne et celles touchées par les Alliés. Qui en fer étudier la question. A la fin d'août dernier, avant de se les frais? rendre à Genève, M. Benès avait eu à Marienbad d'impor J. B. tants entretiens avec des diplomates polonais. Un traité de commerce est à l'étude. Des contacts s'établissent. Des liens se créent. Des possibilités surgissent... Le dernier assaut le point d'aboutir, le camp anglo-grec, si imprudemme Ces noms paraissent bien neufs. Ces réalités semblent engagé à fond dans la guerre d'Orient, tente le suprên bien récentes. Habsbourg, Autriche, Hongrie ont une effort pour faire échouer les négociations en cours. sonorité qui surprend moins les oreilles. Nous sommes Il faut lui rendre cette justice, jamais offensive pol habitués à un cercle européen plus étroit. Un effort tique ne fut menée avec une pareille audace, une plu d'imagination est nécessaire, non seulement pour évoquer grande absence de scrupules, une plus grande habilet cette carte nouvelle du continent, mais surtout pour con Voilà huit jours qu'elle est déclanchée à nouveau, d cevoir ce que donnerait un demi-siècle de paix : des Paris, et déjà elle obtient de sérieux résultats. Un voi frontières enracinées; des Etats organisés; des indus- impalpable s'étend sur la vérité, en brouille les com tries actives... tours ; les mauvaises rumeurs se répandent ; elles son Les hommes d'Etat seront surpris du poids écrasant imprécises mais difficiles à réfuter. Dans les cercles auto à dont pèsera ce Bloc oriental dans la balance de l'équi- risés, tout à fait acquis ces jours derniers à la concle libre européen. La France et la Belgique n'ont point å sion de l'accord un certain fléchissement se produit. «L s'en inquiéter, mais doivent s'en réjouir. gouvernement d'Angora est d'une intransigeance inoui Personne n'est maître de l'avenir, déclarait M. Take Jonesco il ne veut pas traiter, ses alliés bolcheviks l'en emp le 27 avril dernier. Mais on ne dépasse pas son droit de pré- chent, le parti militaire veut la guerre à outrance. » Voi voir, si l'on envisage l'éventualité d'une alliance de nos an- les moindres griefs qui, répandus par les Grecs, for ciens ennemis sur le continent, qui partirait du Rhin pour aujourd'hui leur tour de Paris. aboutir à Vladivostok. Pour une pareille éventualité, la créa Le public - fût-il celui des gens qui cherchent à com tion d'une Petite Entente, pacifique, avec ses 80 millions d'ha prendre est bien mal placé pour affermir son juge bitants, avec cette population dont la valeur militaire est in ment. En France, comme en Angleterre, si peu de gen discutable, intéressée plus encore que les puissances de l'Occident au maintien intégral des traités de paix, est la meilleure le renseignent sur les vérités orientales ! Comment devi combinaison qu'on puisse souhaiter. nerait-il, par exemple, que le parti politique angla JACQUES BARDOUX: actuellement au pouvoir, n'a pas modifié sa ligne de tion, qu'il la renforce bien au contraire avec une éner P.S. - Un de mes amis anglais, qui occupe une si dont on ne peut méconnaître ni la ténacité, ni la suite tuation importante, mais dont je ne suis point autorisé A peine battu sur un point, il reprend la lutte sur à donner le nom, m'écrit, le 21 octobre, pour protester autre. contre un passage de mon article du 15, p. 425. Les Grecs viennent de remporter une nouvelle défaz J'avais rapproché les deux décisions qui ont relevé la Peu importe. L'effort recommence, offensive de gran valeur du tonnage livré par l'Allemagne à l'Angleterre style sur Paris dont il faut brusquer l'acquiescemer et l'évaluation des emprunts belges que l'Allemagne doit Sans l'appoint des armes françaises, les Grecs ne per rembourser à la France. J'avais ajouté : « Ce double vent tenir en Anatolie ; si les Français et les Turc effort pour réduire la valeur d'une indemnité touchée s'accordent enfin, l'évacuation n'est plus qu'une questio par l'Angleterre et le montant d'un remboursement de jours, mais il suffirait de modifier le courant d escompté par la France, - nos paysans ne l'ont point l'opinion publique française pour rétablir la situation compris. » L'offensive de la propagande anglo-grecque cherche Mon ami anglais m'envoie les précisions suivantes : une dernière fois à nous entraîner militairement Anatolie. Va-t-elle y réussir ? L'accord de Spa de juillet 1920 prévoyait que, dans le compte Depuis deux ans la question de Cilicie maintient entre réparations, les Allemands seraient crédités du prix de vente les Turcs et nous une situation fort dangereuse actuel du tonnage livré, en vertu de l’Annexe 3 de la Partie VIII et les Alliés débités de la même somme. Les Alle exploitée à outrance par les nombreux adversaires de mands firent remarquer que cela était injuste à leur point de la paix. : la faiblesse du prix réalisé, £ 10,8 par tonne, était due Soit à Angora, soit à Paris, des malentendus ravirea principalement au fait qu'un tonnage considérable avait été le conflit pour le plus grand profit des ennemis de l'acsubitement jeté sur le marché et à la baisse des cours, au mo cord franco-turc. ment où la vente eut lieu. La Commission des Réparations a Les Grecs cherchent à nous compromettre et se déclaapprouvé le rapport du délégué américain de Boyden : les rent nos mandataires en Anatolie. C'est aller un per Allemands seront crédités de £ 24,7 par tonne ; le débit des loin. gouvernements alliés restant le même, à savoir le prix actuel Mais une inexactitude cent fois répétée finit par troude £ 10,8 par tonne. Il eût été injuste de débiter les Alliés d'une somme supérieure à celle qu'ils avaient réalisée par la bler la masse des gens imparfaitement documentés: ces pourparlers longs et incertains entre Paris et Aagor Je reconnais humblement que mes chiffres, empruntés militaires. Le parti colonial anglais saisit l'occasione ont fâcheusement impressionné les cercles politiques e au Daily Telegraph, étaient inexacts; et que la formule, lance les Grecs à l'assaut de l'opinion française. dont je me suis servi, est obscure. Admettons un instant que les circonstances favorisen Mais je ferai d'abord remarquer que la différence le camp anglo-hellénique et que leur vau le plus ardent d'évaluation est plus grande encore, avec les chiffres de notre entrée en guerre à leurs côtés, se réalise. Quel mon contradicteur (liv. 10,8 et liv. 24,7) qu'avec les serait le résultat ? miennes liv. 8 et liv. 18). Après une lutte sanglante, acharnée, l'occupation de D'autre part, la Commission a décidé que la somme, l'Anatolie, je suppose que les Grecs se chargeraient de dont avaient été débités les gouvernements alliés ne la meilleure part, que les Anglais et leur flotte garde vue vente. 29 octobre 1921 L'OPINION 483 raient le littoral et que nous aurions la tâche de pacifier dans l'imprimerie « Berliner Lohndruckerei Büxensles régions montagneuses où les combats n'auraient pas tein ». Cette dernière firme est un véritable cartel auquel de fin. des filiales innombrables et maints bureaux d'informaCombattre contre soi-même, contre son rayonnement, tions et services de dépêches sont affiliés. contre l'élan de ceux qui attendent tout de nous, quel paradoxe, quelle ironie! Ce serait le triomphe de l'in GERMANICUS. croyable entreprise menée en Angleterre par un tout mum petit nombre d'hommes contre le sentiment des Anglais et des Français doués de bon sens et de logique, mais de Un plaidoyer pour le français tels accidents arrivent et il est bon de ne pas l'oublier. Jamais on n'a prononcé un plus charmant et persuasif BERTHE-GEORGES GAULIS. plaidoyer pour la langue française que celui que M. Ro bert de Flers a lu mardi à la séance des Cinq Académies. Il avait trouvé pour soutenir le privilège séculaire de NOTES ET FIGURES notre langage la, meilleure manière, qui est d'abord de le bien parler . Quel plaisir c'était, d'entendre un discours en faveur du français qui, vraiment, fût en français ! Gageons que si, comme tout porte à le croire, nos foncHugo Stiones et la presse. tionnaires ont préconisé l'emploi de notre langue au Congrès de Washington, ç'a été par des notes diplomaIl est certain que Hugo Stinnes a cherché et cherche tiques qui étaient écrites en charabia, selon l'usage. Fâ. encore actuellement à jouer, vis-à-vis de la grande presse cheux usage, et qui n'est pas propre à faire paraître, allemande, le rôle que joue depuis plusieurs années, à justement, l'excellence et la précellence de notre parler l'égard de la presse anglaise, lord Northcliffe, outre national Manche. Hélas ! ceux qui font le plus pour enlaidir le langage L'adversaire industriel et politique de Walter Rathe- français, ceux qui sont à peu près parvenus à le priver nau prétend ne négliger aucun des instruments aptes à de ses premières qualités, à savoir la clarté et la précilui permettre de parfaire son œuvre, en affermissant sion intellectuelles, ce sont précisément ceux qui sont son autorité. chargés de le défendre : ce sont nos diplomates et nos Il ne suffit pas, en effet, de posséder des capitaux parlementaires. A la longue, ils ont créé à leur usage à l'instar d'un roi de l'acier aux Etats-Unis, d'avoir un jargon affreux, que l'on appelle du même nom que des usines nombreuses et de régner sur un personnel notre langue courante, et c'est là un grand danger. « Rien policé comme une armée, pour être un « magnat » : il de plus clair que le français, déclarons-nous aux aut également pouvoir former à sa guise l'opinion de étrangers, — quel avantage pour le monde que de rédies « sujets », et pouvoir riposter à ses adversaires poli- ger dans ce bel, exact et lumineux langage des textes iques. appelés à faire foi ! » Et par quels écrits leur préchonsOn a prétendu, en Allemagne aussi bien qu'en France, nous cela? Que leur envoyons-nous pour établir que Hugo Stinnes avait acquis à coups de millions, la cellence du français ? Des « notes », des dépêches, des propriété des fabriques de papier-journal, destiné à instruments diplomatiques dont le vocabulaire et la synapprovisionner de matière première plus de soixante taxe sont presque incompréhensibles. Des lois, des arrêournaux à sa solde, répandus dans le Reich tout entier. tés, formulés d'une façon telle qu'un bon Français ne On a représenté Hugo Stinnes réglant à son gré la saurait les entendre qu'après les avoir traduits dans sa roduction de la pâte à papier en Allemagne. Celui-ci langue maternelle. Des discours, des textes parlemen riposté par la voie de son journal (officiellement sien), taires, dont l'expression est ensemble si prétentieuse, si z Deutsche Allgemeine Zeitung, que tous les bruits ten laide et si obscure qu'il faut un véritable apprentissage ant à lui préter les traits d'un Napoléon de la presse pour la saisir. Malheureusement cet apprentissage, challemande étaient faux. Cependant, il reconnaissait la la cun de nous le fait insensiblement, chaque matin, dans ropriété de la Deutsche Warte et de l'Industriel Han- son journal : ainsi le style officiel, l'horrible langue artielszeitung. A remarquer que ce dernier journal est ficielle des administrations vient troubler l'évolution naatré en rapports avec la Journée industrielle en France, turelle du français. Cependant, les étrangers, ce que nous représente l'officieux organe économique du minis- leur offrons pour rédiger les textes internationaux, c'est ve des Affaires étrangères à Berlin. bien l'horrible jargon du Parlement et des chancelleries, Mais le démenti opposé par Stinnes n'a fait qu'exci- ce style administratif que nous employons nous-mêmes r ses adversaires enragés à combattre la tentative de les premiers, lorsque nous nous adressons officiellement ain-mise que cet ambitieux de pouvoir exerçait sur la à eux, n'est-ce pas ? nsée populaire en Allemagne. Son biographe lui- En ce cas, que venons-nous leur parler de la clarté Eme, le docteur Brinkmeyer, n'a cessé de prétendre et de la précision du français ? L'idiôme pour lequel plai--qu'il devait s'agir en fait d'une douzaine au moins de dent M. Robert de Flers et quelques autres, c'est le lanurnaux ». gage traditionnel et charmant de notre pays, c'est le Les socialistes répètent que Stinnes considère « l'opi- langage d'Anatole France. Mais on ne s'en sert jamais on publique comme une marchandise », et la presse quand on s'exprime au nom du gouvernement français. comme une affaire à l'instar de l'importation des Tous nos papiers officiels sont écrits dans une langue aranges ». tificielle, solennelle et confuse, qui n'a aucune des qualités La vérité doit être entre les deux extrêmes représen- de chez nous. Si c'est ce jargon que nous proposons pour - par Stinnes lui-même et par ses ennemis d'autre part. rédiger les textes internationaux, il faut avouer qu'il ne -ns doute ne faut-il pas craindre un trust de la s'impose pas --- ni plus ni moins d'ailleurs que l'anglais esse allemande par Hugo Stinnes, mais il faut comp- ampoulé des diplomates anglo-saxons. avec la part d'influence qu'il possède assurément Tì serait aisé de citer des textes diplomatiques ns la maison d'édition Weimar Hobbing, de Berlin « français » (à commencer par le traité de Versailles) ni publie le journal officiel allemand), dans celle des dont certains passages sont inintelligibles. J'ai sous les Wirtschaftlichen Nachrichten aus dem Ruhrbezirk », yeux telle note d'un ministre des Affaires étrangères Essen ; dans l'imprimerie et librairie « Norddeutsche que je défie qui que ce soit de traduire exactement. Quant chdruckrei und Verlages A. G. », et enfin et surtout à la langue parlementaire, elle est scandaleuse, tout sim r l'ex. en |