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actuel de nos arsenaux, ne servent qu'à entretenir avec le cortège imposant des ingénieurs et des agents des travaux, impuissants d'ailleurs à la faire travailler, la foule des communistes qui s'intitulent « travailleurs de l'arsenal» dans nos cinq ports militaires. Car s'ils consentent à construire des cargos et des machines agricoles, ils refusent catégoriquement au nom de l'Internationale d'avancer les travaux de mise en état des croiseurs ex-allemands. Simplement !

Ah! quel parlementaire indépendant signalera à la tribune le scandale de ces bataillons de la révolution sociale entretenus à ne rien faire pour des centaines de millions aux frais des contribuables honnêtes qui, eux, paient l'impôt ? Lequel demandera la suppression immédiate des arsenaux de Lorient, de Rochefort et de Guérigny, tant de fois supprimés en principe, et toujours rétablis pour de bas intérêts électoraux, et financiers aussi, dit-on?

La suppression de ces trois arsenaux procurerait une économie d'au moins cent millions sur le budget normal de la Marine, sans parler des millions que leur cession à l'industrie privée ferait entrer dans les caisses du Tré-, sor. Mais Lorient, chantier privé de constructions navales, pourrait alors concurrencer Saint-Nazaire ? C'est dire l'intérêt de la question.

Car, en l'absence de toute doctrine et de programmes, il suffit rue Royale, d'un simple décret, pour remettre en cause les décisions les plus mûries. Les Directions de Travaux sont bien des périls nationaux, du point de vue financier. Mais sur un plan plus élevé, l'acéphalie de la Marine, depuis plus de quarante ans, n'est pas un moindre péril national. Les organismes qui pourraient passer pour servir de tête, n'ont pas plus de beauté que de cervelle. Manque de doctrine, c'est continûment une improvisation contradictoire, qui coûte cher, très cher en définitive, et sans résultats appréciables. Manque d'une autorité forte et permanente, c'est le foisonnement des intérêts particuliers des corps et des individus au détriment de l'intérêt général. Qu'on ne s'étonne plus de lire, à travers les lignes, sous la plume devenue orageuse des officiers généraux en retraite les plus vives critiques contre le gaspillage et la stérilité de la Marine! La Marien en dérive, écrit l'un, la Marine à l'encan, répond

l'autre.

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Dans nos arsenaux où nos derniers bâtiments se rouillent sous les algues, c'est un foisonnement d'officiers sans emploi défini. Nos officiers mariniers égaillés dans tous les cantons du littoral attendent qu'on les rappelle de la position dite de disponibilité. Les équipages accusent des excédents, dans certaines spécialités : on manque de bâtiments armés, où employer canonniers et gabiers. En revanche, mécaniciens, chauffeurs, électriciens deviendront encore plus rares, lorsque la crise industrielle aura pris fin.

Le plus clair d'un budget de 900 millions passant à payer un personnel inutilisé, ce qui constituerait proprement la Marine à la mer, est dévoré par la horde des parasites de la Marine à terre. Force est donc de calculer au gramme, le combustible que réclame l'entraînement des rares bâtiments armés, qu'on fait passer du Levant au Ponant comme dans une figuration du Châ

telet.

Quel tableau poussé au noir dans son dessin trop schématique, dira-t-on! Pourtant ce qui a toujours empêché la Marine de s'assainir, c'est qu'à dessein les arbres y dissimulent la forêt. Les esprit les plus lucides

et les plus énergiques sont vite perdus dans le maquis de son particularisme. L'homme d'Etat qui sauvera la Marine française devra donc préparer son esprit à saisir les ensembles, sans s'arrêter aux détails qui font la force des bureaux envahis par une routine de primaires. Mais son programme bien concerté, le sauveur de la Marine devra s'emplir le cœur de la rudesse du belluaire qui, le premier, osa s'attaquer aux monstres antédiluviens... La situation de la Marine, si délabrée qu'elle soit actuellement, ne l'est pas plus qu'au temps où le baron de Portal, proposait au roi Louis XVIII les moyens héroïques qui permirent, neuf ans plus tard, au baron d'Haussez de répondre vertement aux remontrances de l'Angleterre au sujet de la conquête d'Alger. 1821-1921, deux années de grave crise financière ! Mais voudra-t-on se souvenir rue Royale qu'il y a cent ans, on n'a pas hésité à réduire de 50 0/0 les cadres de la Marine, bien que cette mesure vint frapper ceux mêmes qui furent les plus fidèles serviteurs de la royauté en 1789?

La hache portée à coup sûr dans les services parasitaires, et l'on sait maintenant desquels il s'agit, il deviendra possible, avec le même budget, de reconstituer nos force navales, de les entraîner, et même de les accroître de plusieurs unités importantes. Le pays pourra compter, alors, sur sa marine ainsi réduite temporairement, mais capable de se développer normalement dès que la situation financière générale le permettra.

Aujourd'hui, qui soutiendrait raisonnablement que le budget de la Marine est employé au mieux des intérêts

de la nation ?

D

EPUIS les élections législatives, presque toutes les discussions sur la politique générale des gouvernements qui se sont succédé au pouvoir ont eu pour objet la politique extérieure. La ChamFrançais, s'est surtout préoccupée de la façon dont les bre, qui est composée en très grande majorité de bons différents traités de paix étaient exécutés et modifiés.

La discussion qui vient de se terminer a ramené lattention sur la politique intérieure, qu'on aurait tort de négliger complètement, sous prétexte d'union devant les grands problèmes extérieurs.

Le pays a manifesté de la façon la plus nette, lors des dernières élections législatives, sa volonté de rompre absolument avec la politique sectaire et radicale qui avait mené la France pendant vingt ans.

Il est certain que les élections du 16 novembre sont celles qui se sont faites avec le plus de sincérité, celles où l'action du gouvernement s'est fait le moins sentir. Au lendemain de la guerre, tout le monde est allé aux urnes avec plus de souci des intérêts généraux qu'on n'en avait jamais témoigné jusqu'alors. La Chambre issue de cette consultation représentait la volonté du pays de la façon la plus exacte, la plus sincère et la plus directe.

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Seulement, il s'est trouvé que beaucoup de députés ainsi nommés n'avaient pas l'expérience je ne dis pas des affaires, bien au contraire: car parmi eux se trouvent en moyenne plus d'hommes au fait des questions économiques et soucieux du commerce et de l'industrie, que dans les Chambres précédentes mais des manœuvres parlementaires. Et les quelques députés an ciens, représentant les partis presque éliminés qui ont reparu dans la Chambre nouvelle, ont pris, par leur seule expérience de la politique de couloirs, une certaine autorité. D'autre part, tout le personnel administratif est

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restě profondément radical. Si bien que nous assistons, il s'agit du titre de roi de Jérusalem auquel les uns et à cet étrange spectacle d'une immense majorité libérale les autres affirment avoir un droit exclusif. Quel joli brimée dans le pays et à la Chambre même par un groupe prétexte de guerre en dentelles que cette double prérelativement petit, représentant une politique périmée. Des tention sur laquelle, naguère, les chancelleries de Vienne gens trop adroits ont su imposer à cette majorité succeset de Madrid ne badinaient point. cessivement plusieurs ministres radicaux - et où les ont-ils placés? A l'Intérieur, au point stratégique le plus dangereux, d'où l'on peut le mieux préparer la revanche future. Comment s'étonner, dans ces conditions, qu'un peu partout les députés de la majorité gouvernementale se voient plus ou moins sourdement combattus par les fonctionnaires du gouvernement?

Il faut savoir gré à M. Tardieu d'avoir appelé l'attention de la Chambre sur cette grave situation. Son intervention a, une fois de plus, amené M. Herriot à indiquer quelle était la politique du parti radical, de ce parti qui ne peut se consoler de sa défaite, à qui tous les moyens sont bons pour tenter de l'atténuer, bref du parti allié aux communistes.

L'appui de M. Herriot a bien failli renverser le ministère. La Chambre n'a pas goûté l'attaque violente contre M. Clemenceau et la défense de ceux qui furent condamnés par la Haute-Cour.

M. Briand a été amené à rappeler qu'il avait, avant la guerre, été l'un des premiers à essayer une politique d'union nationale et à combattre l'intransigeance sectaire. Il n'a pas accepté d'exclure de sa majorité ceux que le parti radical excommunie avec tant de violence. Il eût été très fâcheux qu'à la veille de la conférence de Washington le gouvernement n'obtint pas la majorité qui lui donne toute l'autorité dont il a besoin; mais les dernières séances ont quelque peu réveillé ceux des députés qui sommeillaient dans une douce quiétude et montré à M. Briand qu'il ne pourrait pas gouverner s'il avait pour les sectaires de gauche trop de complaisances. Cette indication est importante.

Conspirations.

SERGE ANDRÉ.

Chez ceux qui règnent.

La deuxième équipée du roi Charles, tentant de reconquérir la couronne de Saint-Etienne, n'a pas surpris tout le monde. A Paris même, il est, assure-t-on, des salons fort aristocratiques où se chuchotaient bien des choses. Jouer au conspirateur, n'est-ce point un plaisir du dernier galant? Et puis, quelques toisons d'or auraient été promises...

Mais, contrairement à ce que d'aucuns à l'étranger prétendent, les cercles officiels français ont constamment et obstinément refusé d'esquisser aucun geste d'encouragement, voire même de sympathie, à l'égard

de l'ex-souverain.

Les sollicitations ne leur en ont cependant pas manqué. Il y a peu de temps encore, une grande dame du Faubourg invitait à dîner un très haut fonctionnaire du Quai-d'Orsay. Une rencontre avec certain personnage étranger, en très étroites relations avec le roi Charles, était préparée. Pour s'assurer l'acceptation de son invité, la grande dame, tout en fixant la semaine, lui laissait, du lundi au samedi, le choix du jour.

Le très haut fonctionnaire, prévenu de l'entrevue compromettante qu'on lui ménageait, répondit par la plus aimable des lettres, se confondant en remerciements, mais regrettant de n'être, cette semaine-là, libre que le dimanche!

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Charles IV après s'être vu arracher les couronnes d'Autriche et de Hongrie trouvera-t-il trop dur de renoncer, pour complaire à Alphonse XIII, à celle de | Jérusalem?

Nuances.

Ce ne sont pas les seuls prétendants aux trônes de l'Europe centrale qui posent à notre diplomatie de difficiles problèmes. Notre ambassade à Londres doit, parfois, le dimanche, résoudre ia question délicate soulevée par la présence, à la messe française de Hampton Road, du duc d'Orléans. En ce qui concerne l'ambassadeur et ses secrétaires, la solution est simple : une attitude distante s'impose. Mais à l'égard de la jeune femme de l'ambassade chargée de la quête, les choses se compliquent. Que doit-elle dire lorsque le prétendant lui remet son obole? On en a discuté longuement à Albert Gate House. Finalement, il fut décidé que la quêteuse reconnaîtrait la princière offrande par un : Merci Monseigneur, mais prononcé bas, mais réservé, avec cependant je ne sais quoi d'indépendant et de quasi

démocratique dans l'inflexion.

La diplomatie est un art de nuances...

Avant Washington.

On travaille au Quai d'Orsay... On y travaille fiévreusement à classer, ficeler et empaqueter les dossiers qui accompagneront à Washington la délégation française. Dans les bureaux flotte la poussière de cartons remués les couloirs retentissent du bruit des marteaux... Mais il est, en l'hôtel du ministre, un local où l'on n'entre qu'en n'entre qu'en montrant patte blanche. Des personnages graves y pénètrent portant de mystérieux paquets, de temps à autre une caisse en sort, cerclée de fer, plombée, scellée de multiples sceaux.

Quels sont donc les papiers d'Etat, les documents sept fois confidentiels dont l'emballage exige un si jaloux secret?

Tout simplement les flacons de vin vieux, les bouteilles de vénérable eau-de-vie que notre délégation, de par le privilège d'extraterritorialité, a été autorisée à emporter, pour un usage personnel, dans la sèche Amérique.

On frémit en songeant que cette dérogation à une loi sévère aurait pu ne point être accordée.

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Un Congrès sans Bordeaux subtil, des protocoles sans Bourgogne véhément, de la diplomatie sans spirituel Champagne... Mânes de Talleyrand, qu'en eussiez-vous pensé ?

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On sait que la composition de la délégation française à la Conférence de Washington n'a point été arrêtée sans difficultés. Un fort important le plus important personnage du Quai d'Orsay, qui devait d'abord compter parmi nos plénipotentiaires, a dû finalement se contenter d'un titre inférieur... Mais c'est le personnel auxiliaire qui a donné le plus de soucis aux organisateurs. Un voyage de l'autre côté de la grande mare est chose tentante. Aussi les candidatures aux postes de secrétaires, d'interprètes et de dactylographes de la délégation ont-elles été multiples. Hélas! le gouvernement américain, contrairement aux précédents, ne défraiera point ses hôtes, la vie est chère à Washington, le cours du dollar élevé et le budget français en déficit. M.Briand s'est montré impitoyable. On n'emmènera outre-Atlantique que le personnel strictement indispensable.

Bien des espoirs ont été déçus. Quelques jolis yeux ont pleuré...

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A propos des chèques Zalewski.

L'affaire des chèques Zalewski ne préoccupe pas que les communistes et les socialistes. Un jeune homme qui brilla l'an dernier à la Conférence Molé-Tocqueville et qui actuellement flatte les amis de M. Clemenceau, avait eru y trouver un moyen de faire sa cour au Tigre, auprès duquel il a parfois accès.

Monsieur le Président, il y a un groupe communiste à la Molé, et j'y ai des camarades. Je crois que je pourrais avoir assez facilement quelques précisions intéressantes et dont peut-être bientôt la Nation franfaise pourrait tirer parti...

Le Tigre paraît-il toisa son jeune coryphée.

Oh! pourquoi faire ? Ils m'ont passé jadis la rhubarbe... à mon tour de leur rendre le séné.

Le jeune homme ne comprit pas, et confia son étonnement, un peu plus tard, au secrétaire d'un député clemenciste qui devait collaborer à la Nation française.

Oui, fit celui-ci, vous êtes un peu jeune et vous ne lisez pas les vieux journaux. Cher ami, il ne faut jamais parler de corde dans la maison d'un pendu.

Mais les souvenirs de la Justice sont loin..., et le jeune homme n'a pas compris davantage.

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L'autre jour, l'illusionniste célèbre qui attaque publiquement le spiritisme, faisait une conférence à la Salle de Géographie lorsque, vers la fin de la séance, tout à coup, un spirite ardent et à l'âme d'apôtre, qui avait jusque-là, écouté sans rien dire, se leva d'un air inspiré, et, violemment, se mit à reprocher. à l'orateur son parti pris.

L'orateur répondit avec à-propos ; le public fit taire l'interrupteur.

Mais ce qu'il y eut de drôle, c'est que, dans un silence, on entendit une forte voix qui criait, du fond de la salle :

C'est un compère !

Quelle humiliation ! Vous, cher apôtre, pris pour un compère de Dickson !

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rante sous.

Vint à passer un de nos amis. Il était accompagné de Mlle Suzanne, modiste, qui désira consulter.

Voici, dit-elle à notre ami: Tu sais que, pour le chapeau de Mme P., je n'arrive pas à décider si je dois mettre, pour lui plaire, un ruban bleu ou un ruban blanc. Je vais consulter les esprits, et je suivrai leur conseil.

On s'approcha. On versa les deux francs. Le « professeur» prit la main de Mlle Suzanne, et, regardant en face le médium:

Voici madame qui vous consulte, veuillez vous mettre en communication avec elle.

Court instant de silence angoissant. Puis le médium répond :

Je suis avec madame. Et prenant un crayon, du papier, elle écrit, elle écrit...

La gentille Suzanne attendait, avec un battement de cœur. Enfin Lina tendit une bande de papier sur laquelle se pouvaient lire ces mots surprenants :

« Vous avez une personne à qui vous avez fait du bien qui cherche à vous nuire et vous calomnie. Vous serez le protecteur d'une personne dans un projet de mariage. Vous éprouverez une contrariété dans une lettre que vous recevrez. Vous aurez une surprise de la reconciliation d'une personne dont vous avez eu toutes les confidences. Vous recevrez sous peu un cadeau, et vous aurez une grande joie dans une réunion intime. Ce que vous pensez arrivera suivant votre volonté. »>

Notre ami, s'approchant alors du professeur, lui fit gentiment quelques reproches en lui expliquant la méprisc.

Que voulez-vous, répondit celui-ci d'un air piteux Lina ne comprend rien : je lui ai déjà expliqué dix for qu'elle est beaucoup trop précise. Elle finira par nous attirer des ennuis.

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Notre grande comédienne Mmes X, Y, Z, pourront se reconnaître à cette épithète descendait du plateau l'autre soir, quand un Américain lui offrit une gerbe de fleurs, en murmurant avec componction :

You are a star!

Les fleurs étaient superbes, le compliment sans doute flatteur. Encore fallait-il s'en assurer, car notre grande comédienne ignorait la langue de Marc Twain et de Jack London. Fort à propos, un de nos jeunes confrères passait par là :

Ah! mon petit, vous arrivez bien! Que signifie star en anglais?

-Star, Madame? Mais tout le monde sait que c'est un rasoir !

La grande comédienne n'en voulut pas entendre davantage ce soir-là.

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Car il y a deux Signoret : Signoret, tout court, Signoret le grand, et puis l'autre Signoret qui est toujours précédé d'un prénom...

Cela ne rappelle-t-il pas l'anecdote dcnt Alexandre Dumas fut le principal personnage ?

Le père des Trois Mousquetaires faisait répéter une de ses pièces quand un monsieur vint le trouver. Dumas n'aimait pas les rascurs, aussi le regarda-t-il d'un air terrible.

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Il arrive parfois aux meilleures gazettes de sombres aventures. L'une d'elles, qui est hebdomadaire, annonçait dans son dernier numéro

«La Comédie-Française va représenter cette année, les Deux Trouvailles, de Gallus. »

Tout y était, les caractères différents, et la virgule séparant du nom de la pièce le nom de l'auteur.

Fut-ce la volonté de Victor Hugo de se faire appeler Gallus pour la circonstance? Est-ce une fantaisie de M. Gustave Simon, terrible exécuteur testamentaire ? Ou bien, après l'affaire Shakespeare-Derby et Molière-Corneille, allons-nous avoir une affaire Hugo-X...? Mystères de l'imprimerie !

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La petite vedette et le grand chapeau.

Cette jeune demoiselle a de grandes ambitions théâtrales.

Si la gloire encore ne l'a point effleurée, elle ne désespère pas de damer le pion, bientôt, à Marthe Chenal. Pour l'heure, elle se contente de s'exhiber, en tenue légère, sur certains tréteaux de la place de la République, et de solliciter de sa voix tonitruante les acclamations de la foule. Mais ce succès-là ne lui suffit pas.

La voilà qui se présente un soir dans un grand magasin de mode du boulevard Magenta. Elle essaie de nombreux chapeaux, les plus somptueux, les plus chers, arrête enfin son choix sur un casque sorélien qu'elle arbore avec faste sous l'œil ébloui des clientes et des vendeuses.

Il vous va à merveille, lui dit-on.

N'est-ce pas ? triomphe l'actricette Je le prends. Et elle murmure quelques mots à l'oreille de sa vendeuse. La vendeuse appelle le patron. Le patron se tonfond en excuses.

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Mais, monsieur, je suis actrice. Voyons, monsieur, je suis une vedette. Il n'est pas une grande maison dans Paris qui ne coiffe les vedettes pour l'honneur de les avoir... dans sa clientèle...

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donyme par charité. Mais les directeurs de revues qu'elle importune savent qu'elle s'est fait photographier dans le plus simple costume, celui de Vénus sortant de l'onde en tête d'un fascicule d'inspiration dadaiste.

Les quarante ans qu'on lui prête dans les salles de rédaction lui ont donné le temps de pondre divers chefsd'œuvre. On dit que le prochain s'appellera le Potager de

mon cœur...

Elle a débuté dans les lettres grâce au patronage d'un grand poète. Elle s'y maintient grâce à celui d'un tout petit. Mais elle a pris l'auteur de la Gloire au sérieux au moins autant que lui-même. On l'a vue agressive, dans les coulisses, sur le plateau du Théâtre Sarah-Bernhardt, fidèle aux répétitions, et toujours mouche du coche.

Mais quinze jours de succès ont rendu l'ingrat Maurice bon bourgeois ; il a rompu avec la dame... Nous n'irons plus au bois,

Les lauriers ont poussé.....

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Servi par ce beau titre de la Gloire, le jeune poète s'est laissé couronner par toute la presse avec délices. Un jour nal du matin a même fait écho sur l'auteur et sa gloire personnelle. Ne fut-il pas reconnu par la foule, un soir que deux agents le traînaient au poste ! Et l'auteur de conclure «La gloire, c'est d'être reconnu sur le quai du Métropolitain. »

Est-il permis d'indiquer à M. Maurice Rostand un autre genre de gloire : c'est celle qu'on acquiert sur les champs de bataille... Il est vrai que celle-ci, on n'y pense plus.

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Il y a dans la Gloire un vers splendide. Tout le monde l'a remarqué, entre beaucoup de beaux vers

Chacun de mes tableaux est un pas vers son cœur. Mais on n'a pas encore songé à le rapprocher d'une autre pensée qui avait une noblesse toute semblable :

Ce sabre est le plus beau jour de ma vie

Un méchant, que la muse de M. Maurice Rostand avait enflammé, fredonnait en quittant le théâtre Sarah Bernhardt :

Mes tableaux sont des pas et son sabre est un jour,
Les pas sont des tableaux et le jour est ton sabre.
Portons à grands tableaux cette œuvre à Monsieur Fabre.
S'il ne la fait jouer avant la fin du sabre,
Qu'on lui passe aussitôt le col au fil du jour.
Les pas vont vers son cœur, les bluffs vont vers le four,
Sabres, cœur, bluffs, fours, pas, jours, tableaux, c'est
[tout comme,

Dada gaga magma baba papa Prud'homme.

Epigrammes.

Quand, la saison dernière, .M. Maurice Magre fit représenter son Arlequin à l'Apollo, avec le succès que l'on sait, un spectateur grincheux composa le quatrain sui

vant :

Qu'admirer? Les décors ? La musique ? Ou le texte ?
On hésite. On a peur de paraître taquin.
Et faut-il gratuler l'Apollo sous prétexte
Qu'au lieu d'un plat il nous offrit un arlequin ?

C'est sans doute le même spectateur grincheux qui se plaignit de la représentation de Sin au Théâtre Fémina,

en chantant :

Hélas! tes mauvais vers ont en vain enchaîné La mort sur son rocher !

Car, malgré la musique et les couleurs, ton Sin D'ennui nous assassine !

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Il n'y a pas un journal humoristique qui vaille le Journal des Mariages. Quelle poésie dans ces innombrables portraits où chacun et chacune ont tâché de rassembler en un style de télégramme les qualités offertes et les qualités demandées.

Voici une jeune fille, trente ans, paraissant vingt, apparentée noblesse » qui épouserait « jeune homme châtain, catholique, officier ou commerçant »>.

Voici un « célibataire doux, affectueux, fonctionnaire », qui cherche «< son moi-même féminin, jolie, jeune fille, sans tache, sans enfant, affectueuse, gaie, aimant poésie, pour couler vie heureuse ».

Enfin, sous le n° 7.025 du mois d'octobre, un « médecin, professeur, poète..., avenir scientifique et littéraire, citations; au moral gai, très sentimental, cœur éperdu, vie intense; au physique: âge, 37 ans, paraissant 27..., blond, bien, distingué, santé, sobriété, végétarien, non fumeur; voudrait, après long recueillement, réaliser androgyne intégral par mariage et immortalité offerts à muse, sœur, amie et amante... avenante, affinée, cultivée, passionnée, etc..., etc... »

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Dans le magnifique éloge que M. Robert de Flers a fait mardi de la langue française, il n'a pas manqué de chanter les ordres du jour de la guerre, pour la netteté de ton, la sobre vigueur, la propriété des termes. « Les généraux qui combattent, a-t-il dit, écrivent beaucoup mieux que les généraux qui écrivent. >>

Hélas! toutes les belles qualités de notre langue ne sont pas toujours respectées dans les instructions militaires. Lisez plutôt la dernière instruction du ministre de la marine pour la mise en service et l'usage de la brassière de sauvetage B. 16:

"...Sur le côté gauche de la sangle (sous le bras gauche) se trouve une pochette formée par un rabat boutonné et contenant un petit bidon rempli d'un cordial (rhum ou cognac) muni d'un bouchon. Une cordelette relie le bouchon au bidon, et l'attache au rabat de la

poche. Un cachet de cire apposé moitié sur le goulot, moitié sur le bouchon, empêche en temps ordinaire, d'ouvrir intempestivement le bidon. »

Intempestivement est joli. Et que faut-il entendre par temps ordinaire?

Pour la manière de s'en servir, c'est mieux. Chaque mot a été pesé à la balance de précision. Le bâtiment vient d'être torpillé :

"...Pour se ranimer, l'homme pourra recourir au contenu du petit bidon de la pochette du côté gauche de la brassière; avec sa main gauche, déboutonnant le rabat, il saisira la cordelette qui relie le petit bidon à la sangle et sortira ainsi le bidon de la pochette. Tenant alors le bidon de la main gauche, il brisera le cachet de cire avec la main droite et, sortant le bouchon qui demeure attaché au bidon, il boira quelques gorghes pour se ranimer, remettra le bouchon et replacera le bidon dans sa pochette. »

Il y en a ainsi pendant des pages et des pages... Certes, M. Guist'hau ne restera pas célèbre par la concision de ses ordres.

L'esprit de Claude Farrère.

Ce jeune auteur voulut acclimater dans la prude ville de Lyon les dernières formules de l'art nouveau, si cher à MM. André Breton, Tristan Tzara et quelques autres. Il imagina donc une gazette pour diffuser la bonne parole dadaïste sous ce nom sans apprêt et bien sage: le Promenoir. Et il en fit un service important, sans oublier nos gloires officielles.

M. Claude Farrère, parmi tant d'autres, reçut un exemplaire de la gazette. Mais à l'encontre de beaucoup, il crut poli de remercier le jeune directeur de son attention, et lui adressa cette enveloppe :

M. Paul D..., directeur du Perchoir

La jeunesse lyonnaise se divertit fort de cette confusion. Quoi ! M. Claude Farrère avait-il si peu de lettres qu'il se mit à confondre le cabaret de M. Jean Bastia avec la petite revue dadaïste de Lyon ?...

A moins que l'auteur de l'Homme qui assassina ne songeât tout bonnement à traiter de perroquets bavards les turbulents dadaïstes lyonnais...

Economie.

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Directeur littéraire d'un grand journal du matin, il relisait l'autre jour la chronique d'un de ses collaborateurs où il était question d'une artiste qui recevait d'un sien ami la somme de 5.000 francs par mois. Mais jugeant cette somme trop élevée, il barra délibérément le dernier zéro sur l'épreuve sans en référer au signataire de la chronique. Quelle ne fut pas l'indignation de ce dernier, quand il ouvrit le journal, de voir ce changement qui dénaturait complètement ce qu'il avait écrit. 500 francs! Par ces temps de vie chère! Quelle femme s'en contenterait?

Changement de propriétaire.

Un peu partout.

Si beaucoup de Hongrois s'attendent, malgré tout, à la restauration monarchique, à Vienne, on ne prépare pas précisément le retour de l'empereur.

Les palais que possédait François-Joseph sont maintenant biens nationaux, mais la nation trouve que leur entretien coûte trop cher et qu'elle n'y peut subvenir. Aussi a-t-on trouvé d'ingénieuses solutions.

Au palais de la Hofburg, les appartements privés de l'empereur resteront tels qu'ils étaient de son temps, et le public pourra les visiter en payant. Par contre les salles d'apparat seront louées aux entreprises théâtrales ou musicales qui en feront la demande, on y pourra

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