Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors]

d'une chaîne. Ce système de changement de vitesse paraît particulièrement robuste et supprime les engrenages.

L'école du cyclecar voiture a également donné quel ques réalisations remarquables. On connaît la quadrilette Peugeot, en service depuis l'année dernière, et dont les résultats paraissent satisfaisants. Les raffinés lui reprochent la hauteur anormale de son châssis et l'écartement de ses roues arrière inférieur à celui des roues avant. On a rapproché ces deux roues arrière pour éviter le dérapage et l'usure des pneus que faisait craindre l'absence de différentiel. L'expérience a prouvé cependant que le faible poids d'un cyclecar suffisait à empêcher ces inconvénients.

La maison Salmson a également sorti un cyclecar à quatre cylindres. Pour ses débuts, il a gagné la Coupe des cyclecars, réalisant une moyenne de 88 kilomètres à l'heure sur le circuit du Mans. Tout dernièrement encore, il établissait au Bois de Boulogne le record du monde du kilomètre lancé en 29 secondes 5/10, ce qui donne une vitesse de 122 kilomètres à l'heure. Son moteur, très poussé, a 62 millimètres d'alésage et 90 de course, il forme bloc avec la boîte de vitesses, ce qui est toujours une simplification heureuse. Les soupapes, commandées par culbuteurs, assurent un excellent rendement. On se rendra compte de l'importance de ce point en songeant que la principale différence entre le Salmson de série et le modèle de course réside en un changement dans la commande des soupapes.

Un autre cyclecar séduit par le souci du détail apporté à sa fabrication : c'est le Benjamin. C'est encore une véritable petite voiture mue par un 4 cylindres de 54 x 82. La boîte de vitesses se trouve sur l'essieu arrière, ce qui a peut-être l'inconvénient de le charger un peu trop, mais il en résulte une simplification par suite de la suppression d'une articulation de cardan. La carrosserie comporte un dispositif qui permet de la transformer en conduite intérieure très rapidement.

Signalons encore le cyclecar Hinstin dont le moteur de 62x91, très poussé, donne près de 20 chevaux à 3.000 tours. Plusieurs courses ont consacré son succès, il se présente comme l'un des plus rapides parmi ces tout petits.

Il faudrait sans doute encore aiter bien des noms, notre dessein a été de signaler avant tout les solutions intéressantes, les quelques modèles types qui suffisent à synthétiser tout un ensemble. Le cyclecar, maintenant, semble avoir trouvé ses règles de vie. Quelques modifications, prétend-on, doivent être apportées à son règlement, augmentation de la limite du poids, diminution de la cylindrée. Cette dernière ne semble pas nécessaire tant il paraît évident aujourd'hui qu'un mécanisme précis et soigné est la meilleure condition de vitesse. Le cyclecar adopté, demandé maintenant par le public, va faire de rapides progrès. Sa place est assurée : il répond

à un besoin.

ROBERT BOURGET-PAILLERON.

Une offensive de l'esprit prussien

[ocr errors]

I. L'ETAT PRUSSIEN

EN FACE DE L'INDIVIDUALISME ANGLAIS

Pendant que le gouvernement de Berlin discute pied à pied avec les Alliés les modalités d'application du Traité de Versailles, les penseurs et les publicistes alle mands ne cessent pas de jeter des idées en pâture à leur peuple. Il s'agit de nourrir le sentiment de sa supériorité intellectuelle et morale, laquelle lui confère une mission.

Faisons bien attention que l'Allemagne reste autant que jamais imprégnée de mysticisme romantique, et qu'elle le met toujours au service de sa passion de dominer. Après la défaite de 1806, Fichte a entrepris de don

463

une

ner à la nation allemande la conscience de la prééminence germanique, afin de la faire régner sur le monde. La catastrophe où elle a failli sombrer provoque aujourd'hui le même effort de relèvement, mais avec nuance. L'unité allemande étant faite, ce n'est plus le Deutschtum que l'on exalte, mais le Preussentum, comme le ciment incorruptible capable de maintenir unis les matériaux de l'édifice. En dehors du Prussianisme, il n'y a dans le monde qu'erreur ; les idées qu'il contient sont seules l'expression du beau et du bien.

Parmi ces restaurateurs de l'idée prussienne, il faut citer au premier rang Oswald Spengler. Dans le Déclin de l'Occident, il a présenté une puissante synthèse de l'histoire de l'humanité, où il invoque les exemples du passé pour montrer comment le civilisé occidental, parvenu au raffinement suprême de l'intelligence, est appelé à disparaître. Nous sommes aujourd'hui dans l'ère du capitalisme, et nous nous acheminons à grands pas vers celle du césarisme.

Quel peuple dominera le monde au cours de cette phase de l'huamnité ? Telle est la question posée et discutée dans Prussianisme et socialisme (1), qui fait suite au Déclin de l'Occident. Nous y trouvons des thèses hardies, quelque fois paradoxales, mais suggestives. Est-ce à dire que toutes soient nouvelles ? De tout temps, les théoriciens de l'Etat prussien, depuis Fichte et Hegel jusqu'à Treitschke, nous les ont servies. Mais Oswald Spengler les rajeunit. Il a su leur donner une expression singulièrement vivante, en un style riche d'images et d'antithèses, tout brûlant de la passion dogmatique qui l'anime. Sa brochure a eu une diffusion rapide atteignant en quelques mois le quarantequatrième mille. La vigueur de la pensée, l'âpreté du ton, l'accent de conviction et l'insistance de l'auteur font de son œuvre un instrument de propagande efficace en faveur de la suprématie prussienne. A ce titre elle menace trop directement l'ordre européen tel qu'il convient à notre intérêt pour que nous puissions l'ignorer.

[ocr errors]

L'originalité d'Oswald Spengler est d'avoir mis en opposition l'Angleterre et la Prusse. Les rapprochements historiques dans le temps et dans l'espace font un élément essentiel de son œuvre. A dire vrai, l'histoire ne se recommence pas, parce que les conditions ne sont jamais tout à fait les mêmes. C'est un des points faibles de ces vastres constructions idéologiques, fondées sur des rapprochements forcés et tendancieux. Elles en ont un autre, c'est de s'appuyer sur une prétendue psychologie des races, plus systématique que scientifique. Mais il est facile d'y faire la part de l'artificiel pour

en retenir les idées intéressantes.

Oswald Spengler caractérise l'Angleterre par l'esprit de Wikings, coureurs de mers, pirates et ramasseurs de butin; la Prusse, par l'esprit de l'Ordre des Chevaliers teutoniques, qui ont colonisé les déserts marécageux de la Marche de l'Est, l'ont défendue et ont posé les fondements sur lesquels les Hohenzollern devaient édifier la Prusse moderne.

L'esprit des Wikings et l'esprit de l'Ordre des Chevaliers allemands ont produit deux impératifs moraux qui se sont développés lentement au cours des siècles : le sentiment de l'indépendance personnelle, et celui de la communauté, qui dépasse l'individu. On les appelle aujourd'hui l'individualisme et le socialisme. On trouve sous ces mots de belles et rares vertus. D'une part, le goût de la responsabilité, l'esprit de décision et de résolution, l'initiative; de l'autre, la fidélité, la discipline, le renoncement, l'abnégation. Etre libre, servir, rien de plus difficile, et les peuples qui en sont capables, qui

(1) Oswald Spengler: Preussentum und Sozialismus, C. H. Beck, Munich 1920, In-8°, 99 P.

[ocr errors]

464

sont réellement libres ou qui savent servir, peuvent prétendre aux plus hautes destinées.

Mais toutes les prédilections de l'auteur vont à « Servir ». Voilà un terme, nous dit-il, cher à la vieille Prusse. Le « moi » s'efface devant le «< nous >>.

Ce n'est pas « chacun pour soi », mais «< tous pour tous », avec la liberté intérieure, la libertas obedientie qui a caractérisé les meilleurs exemplaires de la discipline prussienne. L'armée prussienne, le corps de fonctionnaires prussiens, l'organisation ouvrière de Bebel, sont des produits de cet esprit de discipline.

La vieille Espagne aussi savait servir. O. Spengler aime à rapprocher l'Espagne du XVIe siècle et la Prusse L'Espagnol se sent chargé d'une grande mission. Il est prêtre ou soldat. Il sert Dieu ou le roi. Il n'y a que le Prussien qui ait suivi un pareil idéal d'austérité et d'abnégation. « Le duc d'Albe, l'homme tout à son devoir, est pour nous un modèle. » Le peuple espagnol et le peuple prussien ont été les seuls à se dresser contre Napoléon. C'est à l'Escurial qu'a été conçu l'Etat moderne. La grande politique des intérêts et des nations, la diplomatie de cabinet, la guerre conduite d'après un plan, le coup d'échecs soigneusement calculé à travers les combinaisons politiques à longue portée, tout cela vient de Madrid. Bismarck fut le dernier homme d'Etat de l'école espagnole (1)

Au contraire, le type anglais se dresse en face du type prussien pour s'opposer à lui. Les deux peuples diffèrent profondément. L'un a formé son âme par la conscience qu'il avait de son insularité, tandis que l'autre devait défendre une Marche sans frontières naturelles, exposée de toute part aux insultes de l'ennemi.

En Angleterre, l'île a tenu la place de l'Etat organisé. Un pays sans Etat n'était possible qu'à cette condition. C'est la nature du pays qui a créé l'âme anglaise moderne. Le peuple prussien a été façonné par les Hohenzollern; venus du Sud, ils ont trouvé sur place l'esprit de la Marche et se sont faits eux-mêmes les serviteurs de l'idée de l'Ordre, et par cela même ceux de l'Etat.

Depuis Waterloo jusqu'à la guerre mondiale, l'Angleterre n'a connu d'obligations d'aucune sorte, ni scolaire, ni militaire, ni d'assurances sociales. Cette hostilité contre l'idée d'Etat trouve son expression dans le mot « society », qui évince partout celui de «< state >>. La troupe de Guillaume le Conquérant était une société de chevaliers aventuriers. Les grandes compagnies de commerce qui ont conquis et exploité des pays entiers, encore en 1890 l'intérieur de l'Afrique du Sud, étaient aussi des sociétés.

A défaut de sociétés, ce sont des individus qui conquièrent ainsi des territoires pour le compte de leur pays témoin Cecil Rhodes. La politique anglaise est une politique d'individus ou de groupes d'individus. Aux Etats-Unis, nous voyons quelque chose d'analogue. Le pays est dominé par des individus, les milliardaires, qui le gouvernent au moyen d'une classe de politiciens de carrières, qui leur est subordonné. Tel est le propre du régime parlementaire.

O. Spengler affecte de dédaigner ce qu'il appelle les formes politiques. Il ne voit en elles que des conceptions vides, livrées à la contradiction. D'ailleurs, elles sont conditionnées pour chaque peuple par sa nature propre et son degré de civilisation Une discussion philosophique sur la république ou la monarchie n'est

(1) Nous exposons les idées d'O. Spengler sans les discuter. Impossible pourtant de ne pas relever ici ce que son système contient de parti pris. Avant Philippe II, nous avons eu les grands capitaines et politiques de l'antiquité. Et les hommes d'Etat britanniques ont su aussi, avant et après Bismarck, pratiquer la politique à longue portée et poursuivre, de génération en génération, la réalisation du plan qui a donné à l'Angleterre son empire maritime et son domaine colonial.

qu'une dispute de mots. Pour lui, la forme monarchique en soi a aussi peu d'importance que la forme des nuages

[graphic]

en soi.

Quant au gouvernement parlementaire, c'est une plante spécifiquement anglaise. En Allemagne, il est un non-sens ou une trahison. L'Angleterre a rendu impuissants tous les Etats auxquels elle a inoculé comme un remède le poison de son propre régime politique. Il ne vaut que pour elle-même. Le socialisme anglais trahirait son pays s'il y détruisait le régime parlementaire. En même temps, du jour où celui-ci deviendrait impossible dans le reste du monde, l'Angleterre perdrait toutes les chances de succès de sa politique.

[ocr errors][merged small]

le

L'Allemagne, au contraire, ne peut comprendre que socialisme. Le libéralisme est bon pour les imbéciles. Dès 1862, Lasalle, dans son livre Was nun ?, réclamait contre lui l'alliance de la monarchie prussienne et des ouvriers. Sa formule est : « L'Etat pour tous; chacun pour soi. » Celle de l'Anglais : « Chacun pour soi»; celle du Prussien: « Tous pour tous. » Que les Prussiens cessent donc de chercher à imiter les Anglais, puisqu'ils ne peuvent en être que des caricatures.

Le prussianisme est un sentiment de vie, un instinct, une manière d'être nécessaire; il est la substance des qualités de l'âme, de l'esprit et du corps qui sont devenues les signes distinctifs d'une race. Ce terme enferme tout ce que les Allemands ont de meilleur comme volonté de puissance. « Dans toutes les parties de l'Allemagne, il se trouve des natures prussiennes ; je pense à Hegel, à Frédéric List, à maint grand ingénieur, or ganisateur, inventeur, savant, surtout aussi à un certain type d'ouvrier allemand. Et il y a depuis Rossbach et Leuthen d'innombrables Allemands qui gardent au plus profond de leur âme un petit morceau de prussianismę, une possibilité toujours prête, qui se manifeste brusquement dans les grandes circonstances de l'histoire. >>

Mais jusqu'à présent, les vrais réalités prussiennes sont les créations de Frédéric-Guillaume Ier et de Frédéric le Grand, l'Etat prussien et le peuple prussien... Dans la conception de l'Allemand d'aujourd'hui, l'élément prussien est fortement investi des anciennes idéologies; il est une promesse d'avenir.

En Prusse, l'Etat fonctionnait réellement dans la pleine signification du terme. Il ne s'y trouvait littérale ment aucun particulier; chaque individu était incorporé dans le système et y travaillait avec l'exactitude d'une bonne machine. La conduite des affaires ne pouvait pas être abandonnée aux particuliers comme dans les pays de régime parlementaire; elle était une fonction, et le politicien responsable était un fonctionnaire, serviteur de la communauté. En Angleterre, la politique et l'intérêt des affaires coïncident; en France l'essaim des politiciens de carrière est né en même temps que la Constitution pour représenter les intérêts. En Prusse, le pur politicien de carrière.a toujours une mauvaise réputation

Lorsque au XIX° siècle une démocratisation de l'Etat est devenue inévitable, elle ne s'est pas produite sous la forme anglaise. En Allemagne, la démocratie ne pouvait pas signifier la liberté pour l'individu de se lancer à la poursuite de son intérêt personnel, aboutissant forcément à une politique qui utilise l'Etat comme un instrument. Lorsque l'idée de l'ordre : Tous pour tous, revêtit une signification moderne, ce ne fut pas pour former des partis et donner au peuple le droit de voter tous les deux ans sur les candidats désignés par ces partis. Le principe admis a été d'attribuer à chacun, proportionnellement à ses capacités pratiques, morales, intellectuelles, une part déterminée d'autorité et d'obéissance. C'est le système des Conseils, dont le baron de Stein avait tracé le plan il y a cent ans conception bien prussienne, fondée sur ia responsabilité partagée.

[graphic]

maye

ear

inode

me på

[ocr errors]

2

Stein et ses conseillers formés à l'école de Kant ont songé à organiser les professions. Dans un pays où le travail doit être le devoir commun et l'essentiel de la vie, les hommes se distinguent d'après leur capacité de production et non d'après d'après leur richesse. Cela nous amène à des corporations professionnelles locales, puis à des représentations s'élevant progressivement jusqu'à un Conseil supérieur de l'Etat. Ni partis organisés, ni politicions de carrière, ni élections périodiques.

Stein n'a pas exprimé formellement ces idées, ajoute Spengler. Mais elles se trouvaient en germe dans les Te réformes qu'il projetait, et elles étaient capables de réaliser une démocratisation méthodique du système prussien, d'accord avec l'instinct prussien, mais non avec l'anglais ni le français. A un Etat répond un Conseil d'Etat; à l'absence d'Etat répond le conseil occulte Our des partis.

ompre

pruss

Dour

acur

S. 1

miter:

carcat

de re

Malheureusement pour la Prusse, l'influence des gucr. res napoléoniennes lui imposa l'admiration des institutions anglaises. Hardenberg, Humboldt étaient devenus des Anglais; à la place de Kant, on écouta Hume et Shaftesbury.« Alors qu'il nous aurait fallu une organisation nouvelle venant de nous-mêmes, nous l'avons prise au dehors... Toutes les erreurs politiques du XIX siècle, l'immense stérilité du parlementarisme allemand en hommes, en idées, en réalisation, vient de ce que l'on a imposé à un peuple une organisation qui était faite pour un autre. » C'est d'autant plus regrettable aux yeux de Spengler, que partout où la force d'évolution meilen de la vieille Prusse a été laissée libre de s'exercer sur espade grands objets, tels que l'organisation des syndicats et des cartels, elle a montré ce qu'elle était capable de grand faire en politique sociale.

t la s

orps qu

Cet

[ocr errors]

t auss

au

de

[ocr errors]

Sur tous les points le contraste s'établit entre la condept ception matérialiste de l'Etat prussien et le régime indiquividualiste du peuple anglais : grâce à son insularité, de celui-ci a pu réduire à rien chez lui le rôle de l'Etat. Il ma importe de noter que dans l'établissement de sa théorie, O. Spengler, comme ses devanciers, fait appel au déréalité vouement qui repose au fond de l'âme allemande pour aue soumettre aveuglément l'individu à l'Etat. La force de lepe sa thèse vient justement de ce qu'elle s'appuie sur un da idéal, le sentiment que l'Allemand a toujours eu de la des a valeur de l'esprit de sacrifice. Mais les guides spirituels

du peuple allemand excellent à pervertir ce sentimnt ellen et à l'utiliser pour des fins mauvaises. Croyons-en Foers

y trou ter, qui lutte si vigoureusement contre l'influence de

du

Treitschke, quand il dénonce chez ses compatriotes la les grandeur dans le mal comme dans le bien et « l'effroyable sérieux » avec lequel ils vont jusqu'au fond des théome dries.

es De

de for

Onnai

polite

Pessar

5 que

Or l'Etat prussien et et l'organisation prussienne qu'exalte O. Spengler sont toujours au service d'une désorganisation morale.

ANTOINE DE T'ARLÉ.

CORRESPONDANCE

Nous avons reçu une lettre que sa longueur nous empêche malheureusement de reproduire intégralement, mais dont nous donnons volontiers quelques extraits, persuadés qu'ils intéresseront nos lecteurs :

[ocr errors]
[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small]
[blocks in formation]

Monsieur le Directeur, Je trouve en rentrant des Etats-Unis dans un des derniers numéros de l'Opinion un article signé « Nantucfket », au sujet duquel je voudrais vous présenter quelques

[ocr errors]
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

465

pour souligner plus fortement la foi intacte et le travail accompli.

Mais il faut pour cela des pièces à conviction, non 'des affirmations vagues, des faits et des chiffres, non des discours. D'excellents documents techniques existent en France : photographies, articles de revues, brochures (par exemple les photos publiées par les Mine de Lens, l'article de M. Guillet dans la Revue Métallurgique du 5 janvier 1921, celui de M. Guérin dans le Bulletin de l'Industrie Minière, les brochures de la Société des Ingénieurs Civils de France, etc.).

Ils montreraient aux Américains que si la France sait faire bien, elle peut faire, aussi, vite et grand : j'ai fait l'expérience de leur efficacité, ayant eu l'occasion de montrer à des ingénieurs de là-bas quelques photos de mines dévastées, au lendemain de l'armistice et un an après.

Ne serait-il pas possible de traduire et de grouper ces documents, de les distribuer largement à nos services d'information, aux associations techniques, aux universités ? Ce serait de la propagande utile et saine : elle ne doit pas être négligée.

Un mot, pour finir. Dans son article si justifié sur nos bureaux de poste, M. R. Rey place leur incontestable et repoussante saleté sous le signe de l'américanisme.

Que les Américains aiment la réclame, nul n'en ignore. Qu'ils y joignent l'affection pour les bureaux mal tenus, cela est beaucoup plus discutable.

Je me souviens pour ma part avec une certaine confusion qu'ayant un jour à chercher dans un building de New-York un bureau français (que je ne nommerai pas pour ne peiner personne), j'ai sans hésitation frappé à la seule porte que mouchetaient agréablement d'innombrables carrés de papier collant, vestiges crasseux d'affiches désuètes.

Le sordide aspect des locaux administratifs français est de toute évidence déplorable. Il y aurait beaucoup à dire làdessus et toute une éducation à faire : direction, employés et public. Mais, comme disait Kipling, ceci est une autre histoire. J. MAJORELLE, Ingénieur civil des mines.

Questions Scientifiques

En suivant une courbe

Durant que M. Georges Claude parlait, vendredi, je ne percevais que difficilement certaines modulations de sa voix. L'acoustique médiocre du grand amphithéâtre de la Sorbonne exige des qualités exceptionnelles d'òrateur. M. Claude est surtout chimiste.

Cependant, au-dessus de l'éminent technicien, tracés en noir sur de grandes cartes blanches, des graphiques étaient accrochés au mur, et l'une de ces courbes lui tint lieu d'auréole, tout le temps qu'il parla. Cette courbe d'une simplicité et d'une harmonie extrêmes, la même qui dessine la « queue » de nos pianos ou encore le col de cygne de nos harpes, il n'est pas un ami de la science qui n'eût pu la reconnaître, c'était la «<logarithmique » ou, si vous préférez et vous préférerez, certes, si vous être humaniste la logistique. A quelle démonstration le conférencier destinait-il cette logistique ?

[merged small][ocr errors]

Je l'appris bientôt lorsque M. Claude décrivant ses procédés de synthèse industrielle de l'ammoniaque et les comparant, en rendement, aux procédés rivaux de l'Allemagne, prononça à peu près cette phrase : « Je travaille à 1.000 atmosphères; l'usine d'Oppau à 200. Vous allez peut-être croire qu'il m'en coûte une dépense ruineuse d'énergie pour obtenir un tel supplément de pression? Pas du tout. Pour 200 atmosphères dans le procédé Haber, on doit fournir un travail que nous évaluerons 2,3; à Montereau, pour mes 1.000 atmosphères, le travail n'est que de 3. En d'autres termes, l'accroissement du travail n'est nullement proportionnel à celui de la pression, mais seulement à son logarithme. »> Or, le graphique représentatif de ce rapport n'est autre précisément que la logistique, c'est-à-dire une courbe qui s'élève d'abord lentement, lourdement, au-dessus de

zéro, mais qui bientôt fuse vers l'infini avec une aisance | (-
merveilleuse. C'est en effet un horizon presque infini,
enveloppant tout le possible à venir, que nous ont ou-
vert les paroles de M. Claude, soulignées par cette
courbe.

Je demande aux lecteurs de l'Opinion la permission de m'expliquer en précisant.

Quand un nombre croît, son logarithme croît également, mais dans des proportions bien moins rapides, infiniment moins rapides... à tel point que les bonds du nombre envisagé peuvent, à un moment donné, se formuler par des centaines d'unités alors que le logarithme n'augmente plus que par décimales.

Ceci posé, qu'un phénomène de réaction industrielle comporte deux variables dont l'une sera toujours, bien entendu, le travail, et l'autre, l'effet recherché, si l'industriel arrive à conquérir des procédés techniques qui lui permettent d'opérer dans des conditions où le travail et son effet se trouvent avoir atteint précisément la région des rapports logarithmiques, aussitôt le « rendement >> est porté si haut qu'on a vraiment l'illusion d'une production automatique, à mouvement quasi perpétuel. Et c'est bien l'impression que donnent les travaux de M. Claude.

Aucun technicien, avant lui, n'osait franchir les pressions de quelques centaines d'atmosphères considérées comme une limite pratique dangereuse à franchir. Mais M. Claude quintuple d'un seul coup ces prétendues « grandes pressions ». Il se trouve dès lors dans la région transcendante dont je viens de parler, celle où l'effort donne un rendement miraculeux.

Mais il y a plus au contraire des prévisions pessimistes, les difficultés tant redoutées se résorbent comme par enchantement en simplifications inattendues.

Exemple les hyperpressions de M. Claude, qui sont de l'ordre de celles régnant dans l'âme des canons, semblaient grosses de difficultés insurmontables quant à la construction des tuyaux et surtout de leurs joints. Mais pas du tout: M. Claude a constaté que, par un agencement très simple, l'étanchéité s'accroît en même temps que la pression elle-même. N'est-ce pas proprement merveilleux ?

[ocr errors]

Autre exemple: jusqu'à M. Claude, même après les travaux de Linde, on considérait les très basses températures, aux alentours de (200) degrés, comme des conditions tout au plus réalisables au laboratoire. M. Claude vient, qui pense au contraire, que ces basses températures sont du plus haut intérêt industriel. Et voici ce qui s'est passé. Pour liquéfier l'air, Linde obtenait le refroidissement nécessaire par la « détente» pure et simple, dans l'atmosphère, du gaz préalablement comprimé. Cette « détente », pensa Claude, avec une logique implacable de physicien décidé à pressurer la matière en usurier, jusqu'à épuisement complet, cette détente produira un refroidissement encore plus grand si, au lieu de la laisser s'accomplir en liberté, je lui impose un travail. J'enverrai par conséquent mon air comprimé non pas rejoindre son frère le plein air, mais se détendre dans le piston d'une machine. En outre, comme un bon industriel ne doit rien laisser perdre, je me servirai du sous-produit « travail » ainsi obtenu pour comprimer d'autre air qui se détendra à son tour de la même manière... en travaillant.

Théoriquement, c'est l'approximation la plus grande qu'on ait réalisée du mouvement se récupérant luimême. Conséquence : l'air liquide coule à flots, au prix minime de quelques sous l'hectolitre. Ce qui était un produit rare, une curiosité de laboratoire chez Linde, devient, chez Claude, une matière première abondante. Ici encore le technicien est parvenu à mettre la cause (travail) et son effet en résonance mutuelle.

Allons encore un peu plus avant.

(-200°) centigrades. Quel lubréfiant viendra graisser le piston dans le corps de pompe afin d'empêcher l'ensemble de gripper? La spidoléine, à cette température, se transforme en granit. L'éther de pétrole lui-même se congèle... Mais M. Claude va combiner dans sa machine la formation des points critiques respectifs de la condensation de l'azote et de l'oxygène de l'air ainsi torturé de manière que l'azote, prenant les devants, commence sa condensation à l'intérieur même du cylindre qu'il s'agit de lubréfier. Et ce premier acompte d'azote liquide, avant d'aller faire de l'ammoniaque, se rend d'abord utile en suppléant à l'huile de graissage.. C'est l'autolubréfaction.

Je me permets d'ajouter que tout cela réuni c'est quelque chose comme de l'auto-industrie. L'usine entière est devenue comme l'éprouvette dans laquelle la réaction, amorcée par un «< catalyseur », se poursuit automatiquement, par roulement continu. Seulement ici, le vrai catalyseur, c'est le cerveau de M. Georges Claude.

[graphic]
[ocr errors]

Anticipons, si vous le voulez bien. C'est, nous dit Wells, le meilleur exercice spirituel.

[ocr errors]

Donc, l'industrie ainsi conçue va réduire, demain, dans des proportions inouies, l'ordre de grandeur des usines, des machines, bref, de l'effort humain dans le sens matériel. L'usine d'Oppau a été fondée avant la guerre, sur un capital de 240 millions de marks-or. M. Claude a écrit quelque part qu'il lui suffit de 25 millions de francs pour fournir la même quantité d'ammoniaque qu'à Oppau. Je vous fais grâce des dimensions-colossales vous n'en doutez pas des catalyseurs, com presseurs, épurateurs, gazomètres d'Oppau. Les maci nes de M. Claude sont de tout petits jouets à côté de ces constructions de cauchemar. Cependant la proportion des gaz utilisés par rapport à la quantité mise en je est de 10 0/0 dans un « cycle » de la transformation Haber, tandis qu'elle est de 40 0/0 dans un cycle de Claude. Tous les volumes de Haber se divisent par vingt chez Claude. Haber obtient son ammoniaque en solution aqueuse, Claude l'obtient pur et liquide: même différence qu'entre le vin et son alcool.

Dès lors, quelle libération de main-d'œuvre et de ca pital! Quel abaissement du prix de revient ! Ce bond dans le progrès technique porte vraiment l'industrie dans les régions transcendantes dont j'ai essayé de vous montrer l'envergure par l'image mathématique.

Enfin, sachons bien que les industries de M. Claude ne figurent qu'une branche des réalisations futures, j'entends de celles qu'il est permis d'entrevoir dès main

tenant.

De même que M. Claude jongle avec les degrés du froid et les pressions, voici M. Rateau qui fait de même avec les rotations rapides. Il y a vingt ans, qui eût osé envisager une rotation pratique de 30 à 40.000 tours à la minute? A cette vitesse, une turbine grosse comme un réveille-matin fournit, sous un jet de vapeur à 5 o 6 atmosphères une puissance effective de 10 chevaux sous une puissance massique décuplant celle de nos moteurs actuels les plus parfaits.

Et que dire de l'avenir de l'électricité refroidie précisément aux températures familières à M. Claude, ces températures grâces auxquelles, toutes les résis tances électriques étant abolies, l'énergie des chutes du Niagara pourrait passer en entier par la section d'une aiguille; ces températures enfin grâce auxquelles M. Kamerling Onnes a déjà obtenu la prolongation du courant électrique durant plusieurs heures après avoir coupé tout contact entre le circuit et la pile.

Il faut être aveugle pour ne pas apercevoir que, mieux que les théoriciens socialistes, la science offre dès maintenant à l'humanité sa libération définitive de l'âge du

La machine ainsi installée fonctionne au environs de fer, notre âge, infiniment triste, d'usines colossales em

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

prisonnant des foules aux gestes mécanisés; bref, cet âge de concentration à outrance qui a pu donner à Karl Marx l'illusion malsaine de son « matérialisme historique ». Qui ne voit que la technique peut seule nous guérir des maux que nous a légués la technique lesquels, d'ailleurs, n'étaient pas fatals. Encore faut-il que l'homme ose prendre des mains de la science le royal présent qu'elle ne cesse de lui offrir.

M. Claude expliquait qu'une subvention de 200 millions aux recherches désintéressées permettrait l'épuisement méthodique de mille problèmes encore en suspens, uniquement à cause du manque des ressources matérielles sans compter les découvertes imprévisibles. Pour trouver ces 200 millions, M. Claude proceci : : puisque nous sommes tenus d'avoir une pose armée et que la force d'une armée se compose de deux

(LETTRES

va resi

dre de ffort in

Feuillets de

Un Coup d'Etat sous la Coupole Les cinq académies convoquées mercredi en assemblée générale par le bude l'Institut ont approuvé une lions d « résolution» votée par ce même bureau isure de l'Institut avant leur séance.

été fo

des

des

reau

L'ordre du jour portait que cette « résolution leur serait soumise. C'était une façon courtoise de s'exprimer. En réalité, l'assemblée était en plein accord avec le bureau de l'Institut et elle its jou n'a par son vote d'approbation que remDendam pli une formalité.

d'Opp

quan

Et quelle est cette de lourdie de longue main ?

[ocr errors][merged small][merged small]

« résolution >>

Une révision des règlements qui régissent l'Institut de France.

Il paraît que les textes relatifs au tsen fonctionnement ou aux attributions des pura organismes généraux de l'Institut sont cool disséminés dans les règlements anciens, ain- que certains de ces textes sont caducs, de re que d'autres, qui paraissent nécessaires Vrain au fonctionnement des organes de l'Ins

at j'ais

themag

stries

avec

titut, risquent d'être ignorés et par suite inappliqués».

Mais qu'est-ce que les organismes généraux de l'Institut ?

C'est d'abord le bureau composé du sations entre délégué d'une des cinq académies, qui préside l'Institut, et de délégués des quatre autres académies, qui l'assistent comme vice-présidents, puis du secrétaire perpétuel de l'Académie, à lagtas quelle appartient le président de l'Ins20titut, qui remplit les fonctions de secréSine taire de bureau de l'Institut.

qu'

[merged small][merged small][ocr errors]

Le bureau de l'Institut est renouvelé tous les ans.

[ocr errors]

C'est ensuite la commission administrative centrale de l'Institut sorte de conseil des seize qui, sous couleur d'adité ministrer, dirige, régente tout-composée de tous les secrétaires perpétuels et

tort de dix délégués, deux par académies, qui subissent plus. ou moins l'influence et l'autorité desdits secrétaires perpétuels.

[ocr errors]

la s

la

La commission administrative centrale est permanente..

Au fond, c'est un coup d'Etat contre la tyrannie des secrétaires perpétuels. Ce mot de « tyrannie » est un peu gros, mais enfin il a été prononcé au Palais-Mazarin.

facteurs l'homme et le matériel, qu'on réalise, sur le budget militaire, les 200 millions demandés, par réduction des effectifs et, dit-il, les savants se chargent de donner au facteur industriel une plus-value décuplant la puissance de l'ensemble.

Mentalement, en écoutant ces paroles, j'étendais leur portée aux téléphones, aux chemins de fer, à tout l'automatisme, dès aujourd'hui réalisable, qui décuplerait la rapidité des services et leur sécurité, divisant d'autant leur prix de revient. Et dire qu'il suffirait de commencer! Car ici encore est à prévoir le phénomène d'accroissement transcendant du résultat par lui-même : auto-production, vous dis-je !

Quel gouvernement, dans quel pays, commencera ?

[blocks in formation]

Une nouvelle "page littéraire"

L'Echo de Paris a fait paraître jeudi une page littéraire », dont tout porte à espérer qu'on la retrouvera chaque semaine. Tant mieux : il est bon de voir les grands quotidiens porter quelque attention à la littérature. La « page litté raire de l'Echo n'est pas conçue sur le même plan que celles du Gaulois et du Figaro elle semble devoir comporter moins de collaborateurs étrangers au journal. M. Franc-Nohain y place son excellente chronique des livres. M. G. B. (sans doute Gérard Bauer) y tient la petite chronique des lettres. C'est au mieux.

:

Aux Manes de Nietzsche Quelques écrivains et professeurs allemands viennent de réunir sous ce titre « Aux Manes de Frédéric Nietzsche un recueil de souvenirs, d'étude critique, de poèmes signés par Rudolph Eucken, Friedrich Lienharde, Ludwig Gurlett.

Cet ouvrage publié à Munich est Jédié à la sœur du grand philosophe, Mme Elisabeth Forster Nietzsche dont

On

JEAN LABADIE.

a célébré le 10 juillet dernier le soixante-quinzième anniversaire.

Mme Forster Nietzsche qui fut toujours pour son frère une amie très éclairée, continue de veiller sur son ceuvre avec un soin pieux.

Jean Macé

La ligue de l'enseignement a élevé à son fondateur Jean Macé, un monument en Alsace, dans le petit village de Bellenheim où le professeur se retira peu après le coup d'état.

Le pays planté de vignes est charmant. Partout d'anciennes cités moyennageuses Kayserberg, Riquewhir, Ribeauvillé. Cette région si riche en souvenirs conserve gentiment encore le souvenir de cet excellent homme qui a beaucoup écrit pour la jeunesse.

On ne se souvient peut-être plus beaucoup des Contes du Petit Château, mais personne n'ignore cette fameuse Histoire d'une bouchée de pain dont l'idée a été si souvent reprise par des imitateurs plus ou moins adroits. Quel est l'enfant qui ne l'a pas lue !

[blocks in formation]
« AnteriorContinuar »