dée de Х plus ardue. Sur quelles bases procéder au partage ? En zinc et plomb (7.553); quatre sociétés de constructions fattachant à chaque pays un nombre d'habitants à peu en fer (13.765 salariés); trois grillages de blende (1.255); près égal au nombre de votes qu'il avait recueillis, en quatre usines et laminages de zinc (2.690); une fabrique s'appliquant à réduire et à égaliser les minorités, tout de produits chimiques. en tenant compte, pour tracer la frontière, des néces- Je ne suis pas surpris qu'un journal allemand ait sités géographiques et économiques. Mais après avoir affirmé que l'arbitrage genevois laissait à la Pologne la taillé, il fallait recoudre. L'unité industrielle devra, pour moitié de la houille silésienne : 44 sièges et 103.853'miun temps, survivre à la division politique. Il ne suffit neurs doivent, en effet, fournir une bonne part de l'expas de garantir les droits des minorités et de réserver traction totale. Et sur la carte, qu'a publiée le Daily des facultés d'option. Il faut assurer le fonctionnement Telegraph, les cercles de Beuthen-Campagne, Kattowitz des voies ferrées et de la centrale électrique, la circu- (ville et campagne), Koenigshutte, si on leur incorpore les lation d'une monnaie identique et de marchandises sem- usines limitrophes de Pless et de Rybnik, couvrant bien blables, sous le contrôle d'une commission mixte, prési- près de 50 0/0 du triangle industriel. La S. id. N. a par un mandataire de la S. d. N. et avec le recours, confirmé, en l'élargissant légèrement, le partage qu'avait pour les différends privés, devant un tribunal arbitral. esquissé le comte Sforza, ce grand diplomate, qui, pour Jamais le Conseil Suprême, au cours de ses sessions avoir refusé de servir aveuglément les passions de son fiévreuses, au milieu de ses ardentes querelles, ne serait peuple et tenté de concilier les intérêts de sa patrie avec parvenu à dresser un arrêt aussi logiquement conçu le culte du droit et le respect des alliances, a été balayé et aussi minutieusement étudié. Composé de souverains par les colères latines. Le Foreign Office avait écarté aussi incompétents qu'éloquents, 'il ne peut qu'impro- son avis. Le Quai-d'Orsay avait trop longtemps hésité viser une de ces transactions obscures et amphigouri- à l'adopter. Des arbitres impartiaux viennent d'en reconques, que les parlementaires baptisent du nom bien naître l'équité. excessif d'ordre du jour. M: Briand et M. Lloyd George eurent une lueur tardive de bon sens, lorsqu'ils 'Leur arrêt de justice est une victoire de la France. Il se reconnurent, après de trop longues hésitations, inca- justifie, et la politique qu'elle a suivie dans l'affaire de pables de résoudre le problème silésien et confièrent cet Silésie, et la politique qu'elle vient d'adopter vis-à-vis arbitrage à d'autres juges, plus impartiaux, moins de l'Allemagne. pressés et mieux seryis. J'entends bien que le Foreign Office a mis autant J'entends, bien que ce régime transitoire qui, inévita- d'empressement que le Quai-d'Orsay à ratifier la déciblement, favorise, pour un temps, les intérêts de l'indus- sion de Geriève. Je sais bien que le Dr Stahmer, qui trie allemande, éveillera quelque amertume à Varsovie. s'était permis de venir par deux fois solliciter l'inter Mais pour se consoler, le gouvernement polonais vention anglaise, a reçu du marquis Curzon un accueil, n'aura qu'à dresser, à l'aide des documents statistiques dont le souvenir pénible marquera dans sa carrière dipubliés par la Société d'Etude et d'Informations éco- plomatique. Et il faut que la Wilhelmstrasse soit restée nomiques, le bilan industriel des deux solutions : celle aussi dénuée de finesse et aussi dépourvue de renseignedu Foreign Office et celle de Genève. ments qu'elle l'était avant la guerre, pour que ses diriLa frontière, proposée au Conseil Suprême, le 4 août geants aient 4 croire pu un seul instant que l'arbitrage ņe dernier, par D. Lloyd George, accordait au peuple serait point immédiatement entériné à Londres. Le . renaissant deux fois suspect parce que francophile et gouvernement anglais est, en Europe du moins, profoncatholique , en dehors des cercles ruraux de Rosenberg dément pacifique et sincèrement conservateur. Pour des (en partie) et de Lublinitz (en totalité), ceux de Pless raisons commerciales, plus encore que politiques, il vouet de Rybnik (pour partie), dont les richesses minières drait que les divers peuples ne songent plus à retoucher commencent à être exploitées. Pless possède neuf mines une frontière et à fourbir des armes, mais à labourer de houille : leurs sièges peu importants occupent 7.846 leurs champs et à ravitailler leurs magasins. Tout efouvriers. Rybnik est un peu plus favorisé : neuf mines fort pour hâter la liquidation matérielle et morale de la de houille groupent 19.344- salariés. Deux d'entre elles guerre, même s'il ne concorde pas exactement avec le proemploient 5.413 et 4.627 travailleurs. Pour être complet, gramme britannique, toujours accueilli outreil faut en outre mentionner une fabrique de briquettes Manche, avec cordialité, surtout s'il émane de la S. d. N. (252 ouvriers), des fours à coke (514 ouvriers) et une Elle est trop complètement l'ombre de la pensée et de -usine de constructions en fer (2.246 ouvriers). la diplomatie anglo-saxonne pour que le Foreign Office La S. d. N., en sus des cercles de Pless et de Rybnik, puisse songer à combattre ses décisions actuelles et à et d'une partie des secteurs ruraux de Lublinitz et de affaiblir ainsi son autorité morale. Tarnowitz, accorde à la Pologne, dans le triangle indus Mais il ne s'ensuit pas que cet arrêt de justice ait Eriel, pas moins de quatre autres : Koenigshutte, Beu- | provoqué outre-Manche une vive satisfaction: il souliEhen-Campagne et Kattowitz (ville et campagne). gnait trop l'iniquité de la réclamation anglaise et la Koenigshutte est peu important au point de vue in légitimité de la résistance française. *** dustriel : une mine de houille (7.695 ouvriers), une fa J'entends bien que le Daily Herald, l'organe commuorique de briquettes (59 ouvriers), des fours à Coke (230 niste, est seul à écrire, le 13 octobre : Ouvriers), une société de constructions en fer (5.772 ou « Ceite décision désastreuse est précisément celle que nous riers). Mais Kattowitz est d'une richesse singulière. Le avions prévue : elle sera fatalement aussi désastreuse pour cercle ne compte pas moins de 16 mines de charbon. la Silésie, si elle est vraiment appliquée, que l'aurait été Leur personnel dépasse 40.457 personnes. Un siège pour l'enfant, le jugement de Salomon... Cette solution ne groupe plus de 6.000 ouvriers. Six ont plus de 3.000 ou pourra durer, car inévitablement elle provoquera des com plications, d'âpres conflits et probablement nouvelle riers. Autour des mines se pressent : une fabrique de guerre. L'effet que produira cette nouvelle sur l'Allemagne chaudières (279 ouvriers); une fabrique de petites pièces sera désastreux : les Allemands se soumettront certes, mais en fer (335), deux grillages de blende (498), trois fon- seulement devant la force. La séparation de la Silésie anéanleries de plomb et argent (438), trois sociétés de cons- tira d'un seul coup, tous les espoirs que nous pouvions encore ructions en fer (5.420 ouvriers), treize usines et lami- avoir en une coopération amicale entre l'Allemagne et les aages de zinc (5.930 salariés). Deuken-Campagne est alliés, en vue de résoudre les questions des réparations et du désarmement. » nérissé de ponts et de cheminées : neuf mines de houille 28.511 ouvriers), dont une seule emploie plus de 10.000 D'autres feuilles, qui ne sont point comme le Daily alariés; des fours à coke (1.663 ouvriers); six mines de | Herald, atteintes de germanhysterie, ne craignent pas sera une 1 12 cependant d'exprimer leur surprise attristée avec une sin-1 Le Probleme allemand en Tchéco-Slovaquie gulière naïveté. C'est ainsi que je lis dans le Manchester Guardian : Parmi les problèmes que la République tchéco-slova« Fait significatif, la presse française accueille cette déci que avait à résoudre au lendemain de sa création, celui sion avec 'une grande joie, à moins que la presse française des Allemands de Bohême apparaissait assurément le ne commette une erreur, et nous ne le croyons pas, cela veut plus grave. Trois millions et demi d'individus – le dire que la décision est plutôt en faveur de la France que quart de la population totale – groupés en masses . de l'Angleterre, en faveur de la politique qui consiste à ob compactes; et fortement organisés, refusaient de recontenir mille garanties pour l'incapacité future de l'Allemagne, naître le nouvel état de choses. La Tchéco-Slovaquie et non en faveur de la politique qui consiste à reconstruire allait-elle hériter des luttes nationales de l'ancienne l'Allemagne, en tant que producteur et acheteur, maintenant Autriche ? Il y a six semaines encore on était bien que nous savons que nous ne serons point conquérants. D'ail obligé de l'admettre. Aujourd'hui, au contraire, l'holeurs, la consternation que provoque à Berlin le projet, prouve que le sens que les Français accordent à cette déci- rizon paraît sur le point de s'éclaircir et la question allesion est exact... » mande semble à la veille de perdre de son acuité. D'autres feuilles sont ironiques. « Après avoir procédé Comme on le sait, pendant la période dite « révolu tionnaire » (28 octobre 1918 - fin avril 1920), le pouà une division que le Conseil considère tout net comme fatale à la vie industrielle du pays, écrit la Westminster voir législatif de la République a été exercé par une Assemblée nationale, Chambre unique, non élue, comapa Gazette, les plus grands efforts ont été faits pour recoudre son unité ». D'autres journaux ont ajourné leurs sée des délégués des cinq partis tchèques et slovaques. commentaires. D'autres reprochent vivement à la presse Chambre non élue, parce que dans cette période où rien française d'avoir répandu le bruit que le Foreign Office n'était organisé, il était impossible de procéder à des élections. Chambre exclusivement tchéco-slovaque, parce avait, au dernier moment, exercé une vive pression sur la S. d. N. pour l'amener à retoucher son arrêt. Or cha qu'il fallait édifier rapidement les cadres du nouvel Etat : les luttes nationales ne pouvaient que retarder 1 cun sait que l'E clair et ses confrères se sont bornés, soit à reproduire des informations de source polonaise et ou même compromettre la réalisation d'une ceuvre aussi délicate. L'Assemblée nationale révolutionnaire a eu allemande, soit à commenter l'extraordinaire avertissement donné, le 11, par le Daily Chronicle, l'interprète parfaitement conscience de la situation « dictatoriale » officiel du cabinet anglais : dans laquelle elle se trouvait. Elle a compris qu'il était de son devoir de faire une ouvre libérale ; de l'aris « Un compromis est ordinairement une belle chose et notre même des censeurs les moins indulgents, elle a réussi. politique britannique n'en menacerait pas les charmes. Mais Seuls, les Allemands de Bohême n'ont pas voulu le reun compromis peut être timide au point d'être lâche et c'est connaître. pour cela que nous disons que la réputation de la Société des Les élections d'avril 1920 envoyèrent à la Chambre Nations est en jeu. Cette question de la Haute-Silésie est 72 députés allemands appartenant à six partis diffe le critère entre deux principes nettement opposés. Faire un choix est difficile, mais il faut le faire dans l'intérêt de la rents, savoir : paix et de la restauration commerciale de l'Europe ». Nationalistes 9 Le Daily Chronicle ne définit pas ces deux principes. Libéraux Mạis pour retrouver celui qui servait de base à la thèse Agrariens 13 anglaise, il suffit de feuilleter les articles de l'Observer Socialistes nationaux 5 (29 mai 1921), de la Westminster Gazette (31 mai et Sociaux-démocrates 3.1 2 juin), du Daily Telegraph (17 juin), où ces organes Ces élus formèrent deux groupes ou « clubs », le club d'opinions différentes, dans leur désir imprévoyant de de l' « Union parlementaire allemande », qui englobait bâcler une liquidation, se prononçaient contrairement les cinq premiers partis (41 membres) et le club socialaux résultats du plébiscite et aux leçons de l'histoire démocrate (31 membres). Les mêmes clubs proportionnelpour la cession totale à l'Allemagne du triangle indus- lement aussi nombreux se retrouvent au Sénat. triel. Quelques jours plus tard, le 31 juillet, 1 Observer Une différence profonde séparait ces deux « clubs » dénonçait le second principe, qui expliquait la résistance tant au point de vue doctrine qu'au point de vue tactifrançaise : la nécessité de provoquer l'explosion des co que. lères allemandes et de préparer ainsi le partage des terres Le club de l' « Union », conduit par le député natioallemandes. « La politique de nos voisins, ne craignait naliste et pangermaniste Lodgmann, refuse de reconpas d'écrire l'Observer, est celle de Louis XIV et de Na naître l'Etat tchéco-slovaque. « Nous avons été faits poléon ». Tchéco-Slovaques sans avoir été consultés. Nous avons Il apparaît, aujourd'hui, qu'elle était simplement le droit de disposer librement de nous-mêmes. Nous celle de l'équité. Et les juges de Genève, par leur arrêt, voulons être Allemands. Nous ne reconnaissons pas les cravachent les calomniateurs, Traités de paix. » Aussi les députés de l' «. Union » ne Non seulement l'opinion française, dans le débat silé- venaient-ils à la Chambre que pour faire de l'obstrucsien, obéissait à des préoccupations juridiques, mais tion et pour se livrer à des scènes de violence. encore le gouvernement français, si le Reich s'incline Les sociaux-démocrates, au contraire, tout en regretdevant Genève, aura tout fait pour faciliter cette rési- tant les traités de paix, reconnaissent leur existence, par gnation. Une France impérialiste n'est pas' la vraie suite l'existence de la République Tchéco-Slovaque. Par celle qui charme, bâtit et crée. Elle a été contre, ils se refusent à reconnaitre l'auvre de l'Assempendant cinq ans, et à quel prix, le soldat du droit. blée nationale révolutionnaire. Citoyens tchéco-slovaC'est en le restant qu'elle trouvera de nouvelles garan- ques, ils auraient dû être consultés lors de l'élaboration ties et accroîtra une précaire sécurité. Violente, har- des lois fondamentales de l'Etat, ils resteront donc gneuse et impérialiste, la III République aurait vu ses dans l'opposition par principe jusqu'à ce que la Consti- . lauriers sécher aussi vite que ceux de Louis XIV et de tution et les lois importantes votées depuis la RévoluNapoléon Ier. Elle veut, au contraire, compléter son tion aient été ratifiés par une Assemblée régulièrecuvre de guerre par une cuvre de paix ; et le rayonne- ment élue. Ils ne font d'ailleurs aucune difficulté pour ment, qui sera la légitime récompense de cet effort de reconnaître que la Constitution est bonne, bien qu'ils modération, provoquera bien des surprises et peut-être eussent préféré un régime fédératif analogue à celui de bien des colères. la Suisse (cantons allemands, cantons tchèques, cantons JACQUES BARDOUX. mixtos, large décentralisation, etc.). Au Parlement, ils 2 France, figurent certes dans l'oppositioni, mais leur attitude voyage du Président Masaryk en Moravie et en Slovacalme et digne contraste avec celle des députés de quie, des délégations allemandes et celles-là n'étaient ľ « Union ». Leur hostilité, en somme, est d'ordre juri- nullement composées d'agrariens saluèrent cordiadique, plutôt que d'ordre national et sentimental. lement le Président à son arrivée à Brno et à Bratislava. Le Président du Conseil, M. Tusar, social-démocrate, Quel chemin parcouru depuis les déclarations belliespérait, moyennant quelques concessions, désarmer ses queuses de Lodgmann, il y a quelques semaines encore ! camarades allemands et constituer en Tchéco-Slovaquie La vérité est que les Allemands commencent à se un bloc social-démocrate unique sans distinction de na- rendre compte que leur opposition est absolument stétionalités. Il engagea même des négociations. Celles-cirile : on ne s'occupe plus d'eux, on a adopté le budget . durèrent toute l'année 1920 mais ne purent aboutir. Les sans eux, on a voté le plan financier sans eux, on a Allemands demeuraient intransigeants sur le principe changé de ministère sans leur en parler. N'obtenant de la revision, constitutionnelle, auquel les Tchèques ne rien par la violence, peut-être veulent-ils essayer d'un pouvaient souscrire. Les espoirs de M. Tusar furent autre procédé. déçus ! Quoi qu'il en soit, on aperçoit nettement une fissure L'arrivée du cabinet Cerny à la fin de 1920 ne modifia dans le Bloc allemand jadis si uni. Cette fissure en pas la situation. Certains incidents malheureux tendi- s'élargissant entraînera-t-elle l'effondrement du Bloc ? rent même à l'aggraver. De mois en mois, l'obstruction C'est le secret de demain, mais si cela devait être, si les des députés de 1 « Union » se faisait plus violente. Tchéco-Slovaques arrivaient à résoudre le problème alDans les premiers jours d'août dernier, ils quittèrent le lemand, à l'intérieur de leurs frontières, nous ne pourParlement, déclarant qu'ils n'y rentreraient plus tant que rions que nous en réjouir, car la République Tchécole cabinet Cerny serait au pouvoir. Les sociaux-démo- Slovaque, notre alliée, plus unie, n'en serait que plus crates restèrent mais votèrent systématiquement contre forte, tandis que l'Allemagne se trouverait moralement le gouvernement. et matériellement aussi affaiblie. Cependant, à l'intérieur de l' « Union parlementaire » XXX. un groupe suivait à regret la majorité : le groupe agra à rien. Le parti agrarien est avant tout un parti de défense NOTES ET FIGURES des intérêts économiques ; de tout temps, il s'est montré plus tiède que les autres dans les luttes nationales. Ceci est vrai aussi bien pour le parti agrarien tchéco-slova M. Balfour. que que pour le parti agrarien allemand : sous le régime Une cérémonie universitaire dans le grand amphiautrichien, le parti agrarien tchèque n'est-il pas resté théâtre de Cambridge: de la chaire présidentielle, un jusqu'à la guerre un peu en marge des autres partis tchèques et en relativement bons termes avec le gouver vieillard se lève, au corps long, maigre, voûté, aux yeux nement de Vienne, uniquement parce qu'il avait besoin doux et tristes, au .vaste front nimbé d'argent, au fin sourire. Il parle. Il parle philosophie. Sur ses lèvres, de l'appui du gouvernement pour la vente de la récolte et des subventions du gouvernement pour ses coopéra exprimées en une langue d'une souveraine élégance, les idées les plus hardies se pressent, les abstractions se tives, ses comices agricoles et ses associations diverses ? jouent, les systèmes s'ordonnent, s'écroulent et se réédiAujourd'hui, la situation est exactement la même, mais fient... renversée : les agrariens allemands commencent à sentir qu'ils ont tout intérêt à faire la paix avec le gouverne Quelques jours après. Le hall rectangulaire de la Chambre des Communes, ou la salle du conseil de la ment tchéco-slovaque. Il faut, d'ailleurs, remarquer que Société des Nations : une grave question internationale les paysans allemands, habitant en général dans des ré est sur le tapis. Le même vieillard reprend la parole. gions purement allemandes, sont beaucoup moins au On reconnaît la voix musicale, le style châtié. Mais, contact des Tchèques que les bourgeois ou les ouvriers de même nationalité. Ceux-ci, résidant pour la plupart cette fois, les nuées métaphysiques sont loin. Ce sont des faits, des chiffres, des dates que le debater accudans les régions mixtes, sont plus facilement froissés mule. Dans la trame serrée de la dialectique, un trait et leur patriotisme est beaucoup plus exacerbé. cinglant, une ironie fusent parfois. Le débit est presAu fur et à mesure que l'attitude de l' « Union » se sant, le geste rare, mais impérieux. L'auditoire demeure faisait plus intransigeante, le mécontentement des agra- captivé, et bientôt persuadé... Tiens grandissait . Il a éclaté pendant les vacances par- Encore un peu plus tard : Les links de quelque société lementaires. Dans de nombreuses conférences, des par- de golf. On aperçoit de nouveau la haute silhouette, un lementaires agrariens allemands, entre autres M. Kre- peu dégingandée. Au bout des longs bras, un club se pek et M. Zuleger, chefs des groupes agrariens de la balance, manié avec la plus précise dextérité. On approChambre et du Sénat, ont développé cette idée, que che. On se croit autorisé à féliciter le dissert professeur, les traités de paix ne seraient vraisemblablernent pas l'éloquent homme d'Etat. Pas de réponse. On insiste. modifiés avant longtemps. Ils ont admis, en consé- Les grands yeux doux se durcissent et se voilent de quence, qu'il convenait de faire une politique essentiel- mécontentement : un golfer qui joue entend n'être pas lement réaliste et ils ont enfin agité la question de savoir dérangé... s'il ne serait pas opportun pour les Allemands de Ayant vu ces trois scènes, on connaît Arthur James Bohême de tâcher d'arriver à un accord avec les Tchè- Balfour, lord président du Conseil privé de Sa Majesté, ques. Partout dans les campagnes allemandes, ils eurent ancien premier ministre d'Angleterre, auteur d'un Essai un grand succès. sur les bases de la croyance et d'un Traité du jeu de Un événement aussi capital ne pouvait manquer de golf qui font également autorité. faire sensation. Tout en se montrant réservée, l'opinion M. Balfour est un aristocrate britannique : c'est dire publique tchèque n'a pas caché sa satisfaction d'entre qu'il a eu, innés, les goût des affaires publiques et celui voir une solution possible du problème national, cui des sports. De plus — et c'est là ce qui marque, outreconstitue un tel obstacle au développement normal de la Manche, sa profonde originalité Manche, sa profonde originalité - c'est un aristocrate République. Le plus curieux est que la presse nationa . intellectuel. liste allemande a peu réagi. On a pu même voir un De très vieille souche écossaise, la mort de son père nationaliste notoire comme le sénateur Jesser, approuver le laisse, de bonne heure, à la tête d'une vaste fortune. Pattitude des agrariens. D'autre part, au cours du récent A Eton, à Cambridge, il passe en laissant de brillants souvenirs. On entrevoit pour lui une carrière de scholar. suffisante pour me prononcer. Et le goût aussi bien que Mais la politique le réclame, comme elle réclame alors les capacités me manquent pour entreprendre l'enquête · nous sommes en 1874 tous les jeunes Anglais bien personnelle qu'il faudrait afin de la compléter. Si le doués et de grande famille. A vingt-six ans, il occupe phénomène que l'on me signale est exact, veuillez croire aux Communes un siège quasi-patrimonial. En même que je n'en 'méconnais point la gravité, pas plus hélas ! temps, il devient secrétaire particulier de son oncle, le que je ne vous engage à méconnaître ce qu'il comporte de fatalité. marquis de Salisbury. En cette qualité, il assiste à la Conférence de Berlin. Il en revient pour publier une Veuillez en effet ne point me prêter cette frivolité Défense du doute philosophique. En 1885, le voilà mi- particulière qui est le propre des gens qui s'estiment nistre. En 1895, au lendemain du grand succès de ses sérieux et croire que, quoique ne dansant pas, j'ai assez Bases de la croyance, il prend le leadership de la majo- de philosophie pour estimer à sa valeur un art qui enrité conservatrice à la Chambre des communes. En core qu'il se manifeste principalement par les mollets, ne s'en rattache pas moins aux aspirations ataviques 1902, il est nommé premier ministre. Il le demeure jusqu'en 1906, date à laquelle il doit céder le pouvoir à les plus élevées de l'âme humaine. sir Henry Campbell-Bannerman. Je n'ignore pas, monsieur, les origines sacrées de Sa politique intérieure a été très discutée. Violemment la danse ni qu'à l'égal du chant elle fut primitiveattaqué par l'opposition libérale, M. Balfour a trouvé ment un moyen de solliciter les miséricordes de la. dans certains Unionistes, comme Joseph Chamberlain, divinité, dussent même quelques contemporains avoir des alliés impérieux et peu commodes. Et si la supé- perdu ou égaré le souvenir de cette communauté, le fox . riorité de son intelligence lui gagna bien des admira- trott, dans son principe, ne diffère pas essentiellement tions, l'âpreté de son ironie lui valut plus encore d'ini- de l'oraison jaculatoire. Les premières danseuses furent mitiés. Mais ces querelles de parti n'ont eu, hors d'An- des prêtresses, en même temps d'ailleurs que des courtigleterre, que peu d'échos, et il suffit aux Français de se sanes. Quelle influence leur laïcisation eut sur leur conrappeler que le trait dominant de l'action extérieure tinence est une question délicate sur laquelle je préfère du cabinet Balfour fut la conclusion de l'Entente cor me taire. diale. Aujourd'hui encore dans une foule de civilisations, Redevenu simple député, l'ancien Premier reprend le caractère religieux de la danse demeure manifeste la plume du philosophe - il n'avait jamais quitté le aux yeux les plus profanes. J'ai assisté aux confins du club du joueur de golf — et publie différents essais Sahara aux évolutions des derviches dont, dans son spiritualistes. Quelques années avant la guerre, il re dernier livre, Loti nous rend si merveilleusement sennonce à la direction effective du parti conservateur. sible la griserie mystique. Mais cette haute intelligence demeure à la disposition « D'abord les derviches déploient les bras par sacde son pays et, lorsqu'en 1915, M. Asquith forme le cades comme des automates dont les ressorts engourdis premier cabinet de coalition, M. Balfour accepte d'y joueraient difficilement et quand ils ont fini, par les entrer avec le lourd portefeuille de l'Amirauté. L'année étendre tout à fait presque en croix, la tête penchée sus suivante, M. Lloyd George -- ce même Lloyd George l'épaule avec une grâce un peu morbide, c'est alors qui jadis rompit tant de lances contre lui – lui confie seulement qu'ils commencent à tourner d'un mouvement les Affaires étrangères. C'est comme chef de ce Dépar- d'abord très doux qui de minute en minute s'accélère et tement qu'il participe à la Conférence de Paris où tous arrondit en cloche leurs larges robes sombres; on dirait rendent hommage à sa haute conscience et à sa parfaite bientôt de grandes campanules renversées devenues courtoisie. Le traité de Versailles signé, M. Balfour maintenant si légères qu'il suffirait d'un souffle imper: quitte la direction du Foreign Office pour la charge, ceptible pour les faire glisser en rond autour de la plus honorifique qu'active de lord président du Conseil table ronde comme des feuilles mortes que le vent baprivé. Mais son intelligence demeure aussi lucide que jamais, sa force de travail aussi grande. On sait le A l'ombre de leurs sanctuaires, à l'orée des cimetières rôle qu'il vient de jouer comme représentant britanni- où se pressent les morts, ce que poursuit l'invocation que au Conseil de la Société des Nations et celui qu'il tourbillonnante de leurs jarrets, « c'est le vertige fa. se prépare à remplir comme membre et peut-être vorable à l'envol dans les régions où réside le dieu comme chef — de la délégation anglaise à la Conférence inaccessible sous la forme spéciale de cet Allah, dieu de Washington, de l'Islam et des grands déserts ». Philosophe, homme d'Etat, homme de sport, Arthur Ne croyez pas, monsieur le danseur,. que, malgré James Balfour compose un personnage attachant et le contraste de quelques apparences superficielles, d'une sorte qui tend à disparaître. Encore que profon m'échappe l'identité originelle de vos entrechats et de ' dément de chez lui, de Grande-Bretagne, et plus spé ceux-ci. Ce qui, au lendemain de la plus effroyable cialement d'Ecosse, il présente certains traits du gentil-catastrophe qui ait affolé l'humanité, précipite sur les homme de la Renaissance italienne, certains autres de parquets cirés le monde entier, est le même besoin éperdu l'honnête homme de notre XVIIsiècle français. En ce d'échapper à son destin, le même appétit de vertige qui, temps de spécialisation à outrance où les experts sont chaque fois qu'elle a envisagé de trop près sa misère, rois, il convient de louer cet esprit distingué qui excelle noue ses mains ou dénoue ses jambes en fiévreuses inyoà tant de choses et affecte de ne se piquer de rien... cations vers le Dieu inconnu. Comme sur les routes de la Terre sainte, les pieds nus des pèlerins de l'an mil, JACQUES CARLES. vos escarpins vernis sur vos chaussettes de soie ont cherché pour elle le repos, l'apaisement, l'oubli... Il y a dans les rythmes du jazz-band, un refrain de l'EccléLettre à un danseur. siaste... C'est ce qui vous explique, monsieur, que, comme Il me revient, monsieur, qu'en ce début d'automne toutes les religions, la danse elle-même n'échappe pas quelque malaise, quelque indécision se manifesteraient à cette loi inexorable qui oblige l'homme à briser sans dans le monde qui se trémousse, des symptômes de las- cesse ses idoles et sans cesse à renouveler ses autels. situde, de désaffection se dessineraient parmi les fidèles Vous n'êtes plus, ou demain vous ne serez plus que le N'entend-on pas déjà des pessimistes s'écrier : prêtre d'un culte désaffecté. Te vois graduellement l'indanse se meurt, la danse est morte ». différence des foules s'étendre sur vos rites bafoués par La documentation dont je dispose est tout à fait in- tous les Homais de la religion dansée... laie... » « La Monsieur, je ne doute point que vous ne défendiez des cruches à casser (de laquelle va fuir le lapin qui ne vaillamment une foi qui, au surplus, ne cessera jamais filera pas loin ?), et les courses en sacs, et aussi les de répondre aux plus hautes aspirations de pas mal courses de chevaux dans un pré, et les courses de de coeurs et de beaucoup de cerveaux. Mais je vous bicyclette sur la route... y a-t-il là de quoi s'étonner, prédis que vos efforts, en définitive, demeureront aussi | s’offusquer ? La vie continue selon les modes mêmes vains que ceux de l'empereur Julien pour extirper l'hé- qui firent les joies de ces vivants d'autrefois, mainterésie galiléenne. nant devenus des héros légendaires, glorieux et famiUn jour, l'herbe croîtra sur vos dancings, à moins liers. que ne s'y réinstallent des skatings ou des lawn-tennis Si, à la nuit, quelques fusées s'envolent, ah, souvecouverts, en attendant que s'y élèvent les sanctuaires nons-nous des illuminations féériques du front! Et si inconnus du culte inédit que demain un major néo- au son de quelque vielle, biniou ou aocordéon, la danse zélandais, un sorcier peau-rouge ou un ( inganga >> ébranle le village, n'ont-ils point dansé, au martèlement nègre imposera à notre snobisme. plus ou moins lointain du canon, dans leurs fêtes imVous avez rempli votre rôle. Sachez, le moment venu, provisées, pressentiments de victoire, hymnes · instrucmourir en beauté aux suprêmes miaulements du banjo, tifs à la vie. Comprenons-les, les incorporant par notre et n'espérez pas, un peu plus tôt, un peu plus tard souvenir précis et obéissant. échapper au congé qu'entre deux bâillements vous signi- Or, dans quelque région de la France que vous vous fiera l'éccurement universel : « Vous dansiez, j'en suis trouviez, ouvrez un journal plus ou moins local, vous ' fort aise ; eh bien, filez maintenant. » y lirez que dimanche prochain, dans telle commune, on ANDRÉ LICHTENBERGER. inaugurera le Monument aux Morts de la Grande Guerre, que, dans telle autre, il fut inauguré dimanche dernier. Emouvant mouvement général, qu’une loi a mis Commémoration villageoise. en-branle mais qui n'en avait pas besoin. Certes, cette loi coordonne et réglemente, met le sceau officiel patrioSur une route départementale, c'est le tout petit | tique, traduit l'unanimité des sentiments populaires, village de quelques maisons agglomérées de chaque côté, marque magnifiquement l'unité de la patrie. Mais elle et de fermes et chaumières, à peine plus nombreuses, est née de tous ces premiers jets de piété intime et traéparses dans la campagne. Il est à milliers d'exemplaires ditionnelle, que vous retrouvez en ces cérémonies domidans notre pays, de la montagne à la mer, aux quatre niales ,fraternellement pareilles en soi, et si touchantes points cardinaux. A l'ouest est celui-ci, que je pourrais dans leur essentielle simplicité et spontanéité. nommer si je ne voulais lui laisser la gloire pure de LEGRAND-CHABRIER. rester anonyme, inconnu et exemplaire. Aujourd'hui il chanta son réveil en se pavoisant de drapeaux. Fête communale ? Oui, mais au second plan. La politesse d'aujourd'hui. Au premier est l'inauguration du monument dédié au souvenir des vingt-et-un morts à la guerre sur les trois C'est le travers un peu forcé des vieilles gens de comcents habitants qu'accusa le dernier recensement ! parer toujours « l'époque actuelle » avec l'époque de leur Obélisque de granit , pierre du pays, il porte sur trois jeunesse, pour dénigrer « l'époque actuelle », bien de ses face la liste des noms. Sur la quatrième, une croix entendu. Les jeunes gens, s'ils sont de loisir, écoutent de guerre, une palme, et, plus haut, signe de leur com ces plaintes. Sinon, ils en rient. Et cette légéreté, peutmune religion, la Croix. Pas d'allégorie réalisée sous la être irrévérencieuse, des jeunes gens n'est pas une invenforme de statue. Il s'élève, en lisière de la route, devant tion déplorable du vingtième siècle, Dieu merci ! Cepenla vieille église, laquelle est encore entourée du cimetière. dant, il arrive aujourd'hui que ce ne soient plus seuleAinsi les fidèles se rendant aux offices prennent cons ment" les vieillards qui vantent et regrettent la politesse d'autrefois. Un homme de la trentaine vous déclare à cience, eux, les vivants de tous ces morts, d'être l'expresa présent : « Ah! avant la guerre, on était plus poli. » Cha qui sont succédé sur ce coin du monde, le cultivant et le cun cite un trait afin d'accabler « l'époque actuelle. » défendant. Voici les nettes inscriptions d'hier, les dalles Mais je demande la permission de protester. usées et moussues à demi effacées, et l'ossuaire des an Ayant été fait prisonnier par les Allemands à Vercêtres qui n'ont plus même de nom sur une tombe indi dun, en 1916, je n'ai repris sérieusement contact avec la viduelle. Comme ce cénotaphe de deuil et de gloire ap vie parisienne qu'au mois de mai 1919, après trois ans paraît neuf et clame sa vertu! d'absence dont un, le dernier, passé dans les sables du C'est bien cela que sentent, ce matin, les orateurs Sahara. Quand je revins à Paris, j'y tombai comme eût comme les auditeurs, petit groupe tassé autour du mo fait, à peu près, un homme de la Lune, ou un indigène nument fleuri. Le maire-paysan prononce courageuse d'Ouargla. J'avoue que je fus assez étonné. Je reconment un discours d'éloquence incertaine et de ferme réa naissais mal Paris. Les autobus n'avaient pas encore lité. Saluons son ingénuité qui vaut toutes nos ingénio reparu. On se battait dans les bureaux de tabac pour sités. Et inclinons-nous devant le curé qui, psalmodiant obtenir un paquet de « caporal »; et, si je dis qu'on se les immuables prières séculaires, chante la leçon consola- battait, c'est parce que les hommes véritablement se trice d'espoir perpétuel. bousculaient devant le comptoir de zinc où le buraliste La cérémonie est sans éclat factice ou emprunté, com- avisé vous obligeait à boire des apéritifs aigres avant mémoration en famille qui ne sort pas du cercle de la de vous livrer en cachette un paquet de « bleu ». Dans grande famille du village. Ce sont des parents et des les wagons du Métro, les hommes et quelques blessés amis qui ont dépouillé leurs jardins pour joncher le étaient assis, les femmes debout pour la plupart. Au piedestal de toutes ces fleurs communes et fraîches. Sur théâtre, on n'osait pas se présenter en smocking : le tous, du haut du clocher, tinte la cloche qui leur sonna veston et le faux-col mou étaient de rigueur. le glas de la mobilisation et le carillon de l'armistice. Epoque charmante. Les chauffeurs de taxis vous Et ils s'en iront au banquet, selon le plus antique des filaient à vide sous le nez sans daigner répondre à votre rites, dans la mairie école à la porte de laquelle furent appel; ou bien, s'ils s'arrêtaient, ils vous proposaient de affichés les premiers communiqués... vous emmener à la gare de l'Est quand vous désiriez L'après-midi, la fête s'ébat selon ses' aspects annuels vous rendre à Passy. Entriez-vous dans un magasin coutumiers : mât de cacagne aux lots mirifiques ou co- Pas un vendeur ne s'occupait de vous, et les vendeuses casses, jeu de la poële à noircir les visages puérils, jeu n'en finissaient pas de servir les officiers américains. |