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La révolution spartakiste qui nomma Karl Eisner à , giffle. M. Doumer coniptait bien avoir une bonne quinla présidence, avait été préparée par un groupe de pein- zaine pour préparer sa défense de la politique finanstres qui n'étaient pas moins anarchistes en art qu'en cière. Mais la Commission du budget, plus pressée, politique. Aussi leur premier acte en arrivant au pou- s'est adressée au président du Conseil, réclamant de lui voir fut de faire fusiller tous les peintres de l'ancienne une économie plus sérieuse que les pauvres trente milécole. C'est du moins ce que rapporte un jeune artiste lions

que

lui a offerts le ministre... qui vécut à Munich à ce moment.

A première vue, on pourrait certainement gratter Heureusement, nos peintres les moins sages ne se encore... et sur le chapitre même de la Chambre des prennent pas assez au sérieux pour aller jusque-là... députés... Par exemple, n'est-ce pas un peu osé que de

mentionner dans un budget quelques dizaines de mille Jeux lunaires.

francs pour les frais d'eau de Cologne ?...

En somme, c'est une lecture instructive que celle des Dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17, nous de- budgets : on y fait des découvertes propres à donner vions avoir le spectacle d'une éclipse de lune. Les jour, le vertige aux plus guillerets des contribuables... naux avaient annoncé que le ciel resterait pur. Le ciel eut la gentillesse de ne pas désobéir. Il y avait une brume

minimi légère ; il faisait froid, juste assez froid pour qu'on

Chez ceux qui dansent, entendît la plainte des badauds ingrats.

Une éclipse de lune a toujours moins de succès qu'une Les morts vivent-ils?... éclipse de soleil, et partant moins d'admirateurs. Est-ce

La conversation était fort vive : on s'entretenait de parce que malgré les protestations et l'exemple du l'enquête de l'Opinion, désormais fameuse, sur les délicieux Toulet, de Curnonsky et de quelques autres

esprits et leurs manifestations. On s'interrogeait les les hommes s'abstinent à dormir la nuit et à veiller le

uns les autres sur les fantômes. Qui en avait vu?

Rachilde raconta comment elle avait failli en poir Notre éclipse fut exacte ; elle s'était annoncée dans

un, autrefois, chez Chacornac, l'éditeur de magie. Da tous les journaux pour vingt-trois heures. Elle parut

moins on devait le lui présenter. Il-venait quotidiennedans toute sa gloire à vingt-trois heures.

'ment à minuit. Elle se fit donc enfermer un soir dans Vingt-trois heures? s'écriait un provincial cher à

la boutique aħn de le surprendre. Elle en fut pour sa M. Paul Gavault. Nous disons chez nous onze heures du soir, et c'est déjà bien assez tard...

courageuse insomnie.
Or, quelqu'un ajouta :

« Sur les fantômes, permettez-moi d'avoir l'opiLes cris du coeur .

nion que ma vieille nourrice avait sur le diable. Ele Lors de l'accident du tunnel des Batignolles, les

est fort pieuse. Que de fois lui ai-je entendu affirmer sauveteurs purent extraire d'un wagon un

que si le bâtiment de l'école laïque s'était élevé avec

monsieur d'un certain âge, qui n'avait aucun 'mal, mais qui était

tant de rapidité malgré l'anathème du curé, c'est qu évanoui et avait failli brûler vif.

le Malin venait la nuit ! Mais quand on lui demande Il revint vite à lui, et à l'infirmerie de la gare Saint

Vous l'avez surpris en maçon? Lazare il manifesta son intention de réintégrer au plus

Elle ne manque pas de répondre, pleine de bon sens: tôt le domicile conjugal.

Plus souvent que j'y aurais risqué mon cil? Comme un des hauts fonctionnaires des Chemins de

Pour moi, si les esprits existent, plus souvent que j'y fer de l'Etat le félicitait de s'en être tiré à si bon risquerais le mien ! » compte, il répondit simplement :

Voilà ce que c'est que de n'avoir, dans sa vie, jamais commis aucun excès.

Voilà une autre histoire, que M. Heuzé ne connaît pas Heureux homme, qui se sent récompensé par le ciel ...

Il y avait un bon jésuite qui s'appelait le Père de Haza, était l'un des plus saints jésuites de sa commu

nauté, et avait la spécialité de chasser les démons. Un

Chez ceux qui règnent. certain démon pourtant, résistait à ses ordres, et lui faiL'exactitude militaire.

sait une guerre sans merci; le Père de Haza avait bap

tisé ce méchant démon du surnom de Guillot. Le général Pershing revenait mardi de Londres ; et les autorités qui l'attendaient au Havre, en le voyant

Quand il eut atteint cinquante années de vie relidébarquen à l'heure prévue, se montrèrent tout étonnées.gieuse, le Père de Haza fut fêté suivant la coutume par

toute la communauté, et plus encore que de coutume C'est que le général Pershing, à côté de ses éminentes qualités d'organisation, a un défaut mignon. Il n'a pas

parce qu'on le savait estimé des anges et craint des

démons : ainsi, pour lui faire plaisir, on avait fixé la fête la notion de l'heure, ce qui fit plus d'une fois le désespoir du maréchal Pétáin.

au 17 octobre, en pensant que c'était le jour de la SainteEn juillet 1918, le général Pershing devait rencontrer

Hedwige, et qu'il était le petit-neveu de cette reine polodans une petite ville du Nord S. M. Albert Ior. L'heure

naise. Or voici qu'au dîner, une dépêche fut apportée au s'avance ; le train du roi est signalé ; on l'aperçoit au

Père de Haza, qui lut avec terreur : Toute fête a som

lendemain. - GUILLOT. loin ; et le général n'est pas là. Le commissaire de gare s'inquiète ; il téléphone. Un officier d'ordonnance lui Il y a quelques semaines à peine que mourut l'auteur répond :

de cette farce, le père Truck, qui dirigeait l' «Euvre - Le général est en train de se raser, gagnez à tout

des Campagnes », détestait les bigotes et aimait à rire prix un quart d'heure.

comme il arriva le jour de la Sainte-Hedwige, od i Et pendant un quart d'heure le train royal exécuta chargea la plus fidèle de ses pénitentes de mettre à la des maneuvres sur des voies de garage, ce qui permit poste l'infernale dépêche. au grand chef d'être là pour recevoir le roi-soldat.

wunun

Terpsichore dans le Temple. La rentrée.

Condamnée souvent par l'archevêque de Paris, la mus La première se fit sans grand tapage. Peu de monde de la danse s'est réfugiée au sein de l'Eglise anglican et peu de nouveautés : prémices d'une saison calme...

où, ma foi, elle est assez bien accueillie. comme au théâtre. Pourtant, on interpelle et même on Qu'on en juge : La Société des Soirées d'Hiver

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Paris organise, sous les auspices de la chapelle de l'am- sur le droit des gens dans les rapports des grandes puisbassade, toute une série de soirées dont voici le pro- sances. En 1918, M. Dupuis avait fini son ouvrage et gramme :

l'avait confié à la valise diplomatique. 19 octobre. Bal

Le temps passa. M. Dupuis n'entendait plus parler 26 octobre. Bridge.

de rien. Un beau jour, on découvrit, aux Affaires étran2 novembre. - Bal avec orchestre.

gères, le manuscrit, revenu par la même valise qui l'avait 11 novembre. Bal de l'armistice.

emporté, sans qu'on pût savoir pourquoi le ministre de 16 novembre. Bridge

France à Christiania ne l'avait pas transmis à destina

tion. 23 novembre. – Bal avec orchestre. Où auront lieu et ces danses et ces jeux? demandez

M. Dupuis, courageusement, renvoya le manuscrit par

une autre voie. Le temps encore passa. Et le manuscrit vous. Dans le hall de la chapelle de l'ambassade.

revint enfin, au printemps de 1920, avec une note qui De son côté, la Société du Christ, à Neuilly, va aussi

déclarait que le pacte de la Société des Nations avait honorer Terpsichore par un bal et par un bridge.

« changé tout ça » et que l'ouvrage n'était plus d'actua

lité. Tout de même, cette muse a quelque audace de se faire ouvrir, comme une déesse, les portes du temple ...

Cependant, M. Dupuis, en relisant son manuscrit, y remarqua quelques annotations en suédois, qu'il fit tra

duire. Il en résultait que le lecteur suédois du comité Plus royaliste que le cardinal.

Nobel avait trouvé M Dupuis trop sévère pour l'Alle

magne. C'est ainsi, par exemple, qu'en marge d'un chaLe cardinal de Cabrières, qui vient d'être décoré de la Légion d'honneur, ne s'est jamais montré très répu- recteur avait écrit : « à retirer en ce concerne Guil

pitre sur les méfaits des souverains impérialistes, le cor

: blicain. C'est à peine si son exquise politesse lui fit par- laume II ».

. fois témoigner quelque libéralisme. Encore en fut-il

Les autres souverains étaient Louis XIV, Napopuni, il y a peu d'années, comme il dînait dans le fau

léon Ier, Marie-Thérèse, Catherine II. Maintenant qu'il bourg Saint-Germain.

n'a plus à ménager la neutralité suédoise et qu'il s'est Parmi les invités se trouvaient M. Maurice Barrès et

résolu à faire publier son cuvre en France, M. Dupuis un célèbre prêtre alsacien. Le cardinal, voulant faire sa cour au député lorrain, fit ses réserves sur l'ancien

aura pu conserver son chapitre sur le Kaiser. régime, critiqua Louis XIV et s'écria pour conclure :

mwam « Et, en tous cas, Monsieur Barrès, à bas Louis XV! »

Un nouveau scandale? Mais la maîtresse de maison, qui était plus royaliste que le cardinal, et n'avait pas moins d'esprit, l'interrom

Est-il vrai, comme quelques gazettēs l'annoncent, que pit :

nous aurons un nouveau scandale au prochain Salon des « Eminence, j'ai à ma droite un grand Alsacien,

Humoristes ? à ma gauche un grand Lorrain. Vous abandonnez

Il ne s'agirait plus, cette fois, d'une grande coquette Louis XIV, qui a réuni à notre pays la province de mon

de la Comédie-Française et d'un dessinateur inconnu à voisin de droite. Et vous maudissez Louis XV, sans qui qui

la grande coquette cède un peu de sa célébrité. L'arM. Barrès ne serait pas Français !... »

tiste dont on parle cette fois, n'aura voulu que se venger Le cardinal sourit...

d'une actrice, coupable envers lui d'irrespect. Il avait ma

fait le portrait de l'actrice. L'actrice aurait perdu le

portrait. L'artiste en aurait fait un second, mais féroce. Au pays des Muses.

Nous verrons bien. La défense contre les fâcheux.

Cependant, annoncé si longtemps à l'avance, le scan

dale promis n'échouera-t-il pas? Il lui manquera le sel Ce petit hôtel de la rue de Passy est la demeure d'un philosophe!

de la surprise. Les philosophes aiment, moins que les autres, recevoir

« Qui trop ouvre le bec, aura les importuns !...

Le sort du corbeau! » dit Cora. M. Sacha Guitry, lui, vous reçoit en robe de chambre,

min les pieds nus dans des escarpins, appelant sans cesse au cours de votre visite, des petits chiens noirs qui se glis

Hommage de l'auteur. sent sous les fauteuils... Mais il vous reçoit!... (à condi- Echappée de Russie, en plein régime des Soviets, cette tion de ne pas frapper chez lui avant midi).

artiste qui a joué depuis plusieurs rôles dans des théâtres Les philosophes, eux, consignent plus sévèrement leur d'avant-garde, désirait publier ses souvenirs. Elle s'en porte! Cependant, à force d'insistance, vous pénétrez fut trouver un des principaux écrivains de la presse dans le petit hôtel de Passy où... M. Henri Bergson vous

d'humour pour le charger de rédiger ces mémoires. Le recevra très aimablement. Mais à votre demande d'inter- livre fut écrit, la copie partit chez l'éditeur. view, il vous tendra, en souriant, un petit carré de papier Mais quelle ne fut pas la surprise de notre confrère, sur lequel sont imprimés ces mots :

quand le volume parut, de le recevoir avec cette dédicace « M. Henri Bergson s'excuse auprès de M. et le prie inattendue : « Hommage de l'auteur ». d'accepter ses regrets, mais il a pris comme principe de

mun ne jamais répondre à aucune interview ! » Et, toujours souriant, il ajoutera :

Batre marionnettes. Vous voyez, ma réponse est la même pour tous. Le premier Huron.

Le Trianon-Lyrique vient de révéler au monde un Les neutres.

petit musicien qui écrivit le Huron il y a quarante ans, Depuis quelques jours, on peut trouver chez les le confia à son éditeur, et puis résolut d'aller vivre en libraires un livre de droit international de M. Charles sage dans sa province, ne corrigea même pas ses épreuves Dupuis, sous-directeur de l'Ecole des Sciences politiques. et crut renoncer pour toujours à la gloire, qui revient Il y a longtemps déjà que l'ouvrage est écrit. C'est en d'elle-même le trouver aujourd'hui. C'est un joli conte, 1917, que le comité des publications Nobel, de Christia- et qui en rappelle un autre. nia, avait demandé à M. Dupuis de rédiger un travail On sait que le livret de Paul Arène et Valéry Vernier

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était inspiré de l'Ingénu, de Voltaire, le même Ingénu Les excès du cinéma dont se servirent, aux Capucines, MM. Charles Muller et

Le crime présumé de Fatty, le voyage triomphal de Régis Gignoux. Or, bien avant Paul Arène, Marmontel avait tiré de l'Ingénu un opéra-comique qui s'appelait Benjamin, tout cela ne suffisait pas ?

Charlot, le scandale provoqué par la satire de René aussi le Huron. Un ami lui avait demandé de tendre la main à « un jeune homme qui était au désespoir, et sur

Voici qu'on nous apprend que, pour obtenir un film le point de se noyer », parce qu'il avait écrit up opéra,

passionnant représentant l'attaque d'une voiture par un

ours, la Société cinématographique autrichienne M. R. et que l'Académie Royale de musique le lui avait

S. O. n'a pas hésité à martyriser un cheval. Afin que le refusé. Marmontel s'était laissé attendrir; il avait sur sa

film fût beau et véritable, on a précipité du haut d'une table le conte de Voltaire; il écrivit en quelques jours

carrière le cheval attelé, et photographié, à toutes ses le Huron. Et le Huron procura son premier succès au

phases, l'agonie de la malheureuse bête. Est-ce assez jeune musicien qui n'était autre que Grétry. 'Tout le

répugnant ? monde se mit à chanter : « Dans quel canton est l’Huro

Chez nous, les metteurs en scène ne vont pas si loin. nie »; Nicolle, le marchand de tabac près la Comédie Italienne, fit peindre une nouvelle enseigne : Au Huron. le texte des romans qu'ils adaptent, ainsi qu'il arrive au

Quand ils se permettent des attentats, ce n'est que sur . Ce titre-là portait bonheur. M. Dauphin aurait dû s'en

grand Antoine lui-même, qui ne se gêne pas pour faire souvenir, au lieu de fuir la vie parisienne. Peut-être que

paraître autant de fois qu'il peut cette Arlésienne sa petite cuvre aurait été, comme celle de Grétry, le

qu'Alphonse Daudet avait pris tant de soin de nous laisdébut d'une grande carrière...

ser deviner.

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Le bon hôte.

C'est un auteur dramatique célèbre qui cultive le genre singulier et dont chaque pièce est un événement théâtral préparé dans le mystère, ce qui ne veut pas dire sans réclame.

Il a toujours peur qu'on ne divulgue ses idées et qu'on ne lui vole ses manuscrits. L'autre jour, à la cam pagne, où il habite le plus souvent, il fit venir de Paris un copiste, un copiste à la main, car les machines sont indiscrètes...

A peine arrivé, le copiste est fort bien reçu, gâté, choyé, mais devient un vrai prisonnier dans la propriété close de murailles. Il n'aura plus de rapport avec qui.conque tant que son travail ne sera pas terminé.

Mais enfin, mon cher maître, même pas la petite sortie de l'apéritif. - Pas même, répond l'hôte implacable et souriant.

Mais enfin, mon cher maître, même pas... comment vous dire ?... Enfin, la nuit, si j'ai envie de sauter le mur?

Tout est prévu, ne vous gênez pas, on viendra à domicile.

muun Il y a Barclay et Barclay...

Elle est blonde et jolie, chante l'opérette avec succès, et va créer un des principaux rôles de celle qui va succéder à Phi-Phi.

Elle avait, l'autre jour, un protégé à placer, et se trouva tout heureuse de rencontrer lord Barclay :

- Vous seriez tout à fait gentil, lui dit-elle, si vous pouviez caser dans vos magasins de Paris ou de Cannes un jeune homme digne d'intérêt et qui vous ferait un très bon vendeur. >>

Le lord ne trouva pas du tout la plaisanterie de son goût, d'autant que le fameux tailleur possède un nom français, aux consonances très bourgeoises, et qu'il n'a aucun droit au noble nom de Barclay...

murinn Parts entières,

Le rideau tombé, après la première des Facheux, notre grand administrateur s'efforçait d'extirper à un de nos plus récents académiciens un jugement qu'il espérait flatteur :

Evidemment, ce n'est pas mal, finit par dire l'habit vert.

Comme vous me faites plaisir !
Il y a surtout la grande scène entre Cerny et Sorel...
Je vous y attendais !

Comment ne pas se sentir ému devant ce siècle partagé entre deux parts entières ».

Sur La Fraude, au Vieux-Colombier :

Eh! quoi! Copeau,

Votre programme
Nous offre à son tour un bon mélodrame
Seriez-vous jaloux de Monsieur Gavault ?

Le pittoresque :

Vieille chanson,
Disiez-vous jadis. Mais cn croirait presque
Qu'il vègne à présent dans votre maison.

Hélas ! j'ai peur

Que les vacances
Ne vous aient choisi, comme dirait France
Un nouveau spectacle, Au petit bonheur...

Chez ceux qui plaident. Le mariage secret.

Il avait dix-sept ans, et s'était épris d'une belle Bordelaise qui n'en avait pas davantage. Les parents de la belle Bordelaise avaient consenti au mariage ; mais ceux du jeune homme ne voulaient rien entendre. Alors, le grand amoureux se donna d'un coup de plume sur son acte de naissance trois ans de plus qu'il n'avait, se pro cura un père et une mère « d'occasion », et se maria légalement et discrètement.

Mais deux années sont passées ; et, après la lune de miel, voici le drame : les parents du jeune homme se sont plaints au Parquet. Et la Cour d'assises de la Gironde va juger le pauvre amoureux, inculpé de faux S'adressant au poète Ménabréa : « Toi aussi, je te et d'usage de faux.

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connais, dit-il, comment t'appelles-tu ? » Quel sera le dénouement ? Les jurés acquitteront ;

Ménabréa », mon général. les parents accepteront le fait accompli, et les jeunes

« Parfaitement, Ménabréa, un Corse !... >> mariés, unis une seconde fois par la loi, auront la jcie d'avoir fondé leur foyer sur une belle aventure...

Le grec Ménabréa ne broncha pas.

Cependant, le dernier maréchal des logis auquel il

parla, et qu'il voulait absolument faire naître à SaintLa dernière pièce de Shakespeare.

Malo, eut l'audace ou l'innocence de le détromper ; il

déclara qu'il était Auvergnat. Et le pauvre général se Pourquoi Shakespeare n'écrivit-il plus aucune pièce après La Tempête Le docteur Leftwich, qui vient de frappa le front, s'aperçut tout à coup

de sa méprise, et

maudit ce jour-là les excès du garde-à-vous. publier à Londres un livre sur l'écriture de Shakespeare

, dit en avoir découvert la raison. Les six signatures qui

minna nous restent, révèlent « la forme spasmodique de la crampe des écrivains ». Et comme ces signatures ont été

L'émancipation de la femme chinoise. données par Shakespeare entre 1615 et 1616, cette mala- La Chine est devenue le plus moderne des pays. Judie serait la cause qui détermina Shakespeare à cesser gez-en plutôt par ce procès qui se juge à Shanghai d'écrire pour la scène.

entre M. Seng-Choug-Koh, ingénieur, et Mlle Dun-JuiCependant, était-il impossible en ce temps-là de dic- Chi, professeur diplômée à Londres et à Edimbourg. ter une pièce de théâtre ?...

Ces jeunes gens prétendaient se marier sans subir le mu

joug du vieux courtier en mariages; ils avaient signé

l'un et l'autre une promesse. M. Seng-Choug-Koh a La cause ne fait pas toujours le bonheur.

rompu sa promesse; c'est pourquoi Mlle Dun-Jui-Chi le « Des causes à défendre ! Plaider ! » Ces mots résu- / poursuit. Mais M. Seng-Choug-Koh prétend qu'on lui ment les ambitions de tous les avocats. Mais il y a cause a arraché sa signature par force, qu'il a été enlevé par et cause. Et c'est pourquoi certain jeune avocat de Lon- deux bandits à Nankin, transporté à Shanghaï et sédres, maudit l'affaire dont il a été chargé. La loi an- questré jusqu'à ce qu'il eût consenti à signer son engaglaise alloue à tout avocat désigné d'office la somme gement. de 1 livre, 3. shillings, 6 pence, quelle que soit la durée Pourtant à lire ce contrat, on ne pourrait croire qu'il

Or, l'affaire a déjà pris 12 séances ; ait donné lieu à des mancuvres aussi barbares : elle doit vraisemblablement durer encore quatre jours ! L'avocat aura touché pour 16 jours de travail i gui- leurs existences dans un mariage cultivé et ne veulent

Seng-Choug-Kok et Dun-Już-Chi s'engagent à unir née. Soit un peu plus d'un shilling par jour. Car il faut, point souffrir l'esclavage des dangereuses coutumes ansur ce qui lui est alloué, qu'il paie son clerc-assistant !

ciennes. Eternellement ils se conserveront l'un à l'autre. Que pensent de ces honoraires Messieurs les Chemi

une affection exclusive et sans partage. Sous aucun prénots et Terrassiers ?

texte la vie conjugale des parties contractantes ne sera

salie par la présence d'une concubine. Un peu partout.

Dira-t-on après cela que la femme chinoise n'est pas Souvenirs.

émancipée? Vous souvient-il des temps lointains où les Français entraient à Metz ? Il y a trois ans, trois ans seulement. Dans la joie de la victoire, la Lorraine était un paradis, qui se parait pour chacun de tous les agréments qu'il Affaires Intérieures pouvait souhaiter : le musicien se faisait chanter par les petites messines de vieilles chansons de France ; le

La question des compressions poète se laissait caresser par une brise lyrique ; et le bon vivant courait de farandole en farandole. Quant Toute la politique sérieuse, me dit un personnage aux militaires, aux vrais militaires, ils découvraient à

grave, est une question de compressions. Vous entenMetz d'autres beautés.

dez bien qu'il ne s'agit pas de renverser ou de compliLorsque le général de Maud'huy entra comme gouver- menter M. Briand, et encore moins de cimenter le bloc neur dans la ville de Metz, son officier d'ordonnance

de gauche ou de désagréger le bloc national. Ces choses admira négligemment la beauté du pays. Et le général peuvent avoir leur intérêt. Mais enfin, il faut vivre de lui répondre :

d'abord avant de philosopher, et le premier devoir, « Oui, quel beau pays ! rien que des casernes ! » pour vivre, est de mettre le budget en équilibre. Comme

Hélas ! depuis ce temps-là on a oublié la guerre, la on ne saurait le mettre en équilibre ni par l'emprunt paix, les armées et les casernes, et le brave général de ce qui grossirait le service de la dette – ni par l'imMaud'huy est mort.

pôt, car le malheureux contribuable français commence Quelques jours après son arrivée, il fut victime d'une à toucher le bout de son bas de laine, il ne saurait être méprise dont il aimait à sourire lui-même.

question d'autre chose, ne pouvant augmenter les recetEn inspectant un des régiments d'occupation, il crut tes, que de réduire les dépenses, et c'est là de la reconnaître dans le numéro de ce régiment celui d'une bonne et claire politique de M. de Lapalisse. Vous unité qu'il avait commandée au début de la guerre. Aus- voyez bien que la seule, l'unique question qui se pose sitôt, il se mit à dévisager avec soin toutes les figures est la question des compressions. Je ne dirai pas que qu'il passait en revue, et de temps en temps, il s'ar- tout le reste est littérature, parce que tout le reste est

rêtait en disait :

négligeable, et que la littérature n'est point négligeaAh ! je te reconnais, mon petit, tu étais très fort ble. Toute la valeur de ce Parlement sera dans son au bridge... Et toi, oui, une vraie tête de Breton, mais ardeur à comprimer. une bonne tête, tout de même.

Mais un personnage plus grave encore objecte : La Dans l'émoi de la revue, et la rigidité du garde-à- question n'est pas de savoir si les compressions assurevous, nul n'osait-répondre. Et le général continuait à ront l'équilibre, mais si les compressions sont possibles. trouver dans sa mémoire de vieux souvenirs qui appe- Elles ne le sont pas. laient des larmes dans ses yeux.

Elles ne le sont pas parce qu'aucune suppression

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d'emploi n'est démocratiquement réalisable, que, bien au Cette doctrine réconfortante laisse cependant scepcontraire, la création de nouveaux emplois est une néces- tiques quelques auditeurs. Le salut ne serait-il que dans sité fatale, inéluctable, auquel nul Parlement ne saurait l'abandon des vénérés principes de la Démocratie, ou se soustraire.

dans le Cynisme? Lorsque la Commission des finances supprime, à la demande de M. Louis Marin, les receveurs particuliers, elle entend ne les supprimer qu'en principe. Réaliser la M. de Lasteyrie, rapporteur général, disait : « Des Téforme, c'est autre chose.' M. Bonnevay, qui veut la économies, sans doute. Mais cela comporte tout un prosort des tribunaux d'arrondissements inoccupés, avoue gramme très vaste, échelonné sur des années. Ce n'est pas qu'il faut racheter les offices ministériels y afférents ;

réalisable en six mois. » et que cette économie coûterait des sommes considéra- « Les dépenses ruineuses le sont en cinq minutes, bles. Et la République libérale de M. Bonnevay ne sau- hélas ! » soupire un démagogue déterminé. rait traiter la basoche comme le père Combes traitait

!x les ordres monastiques. Nos moyens financiers actuels ne nous permettent pas un second milliard des congréga- La question en est là. Elle comporte une mélancolie tions. Si l'on veut, d'autre part, supprimer les sous- certaine, plutôt qu'une certaine mélancolie

. Qu'importe préfets, on sait qu'il s'agit d'une simple cause de style, la réponse que fera M. Briand à M. Margaine ou à et que le Sénat les rétablira et par tradition jacobine du

M. Peyroux, ou encore si M. Tardieu 'aura raison de gouvernement et parce qu'il a des neveux à caser. Les M. Loucheur ou M. Loucheur de M. Tardieu? De là sans sous-préfets, supprimés, n'en dressent que plus haut la doute l'ennui poli qui accueille tant d'éloquents discours. tête, comme cet hôtel des Champs-Elysées dont la jus-Celui-là, et celui-là seul aura mérité de la Patrie, qui tice a décidé de faire démolir un étage, voici tantôt dix aura démontré au Parlement la possibilité des compresans de cela, et qui semble, au contraire, grandir de jour sions, autrement qu'en principe. en jour.

TRYGÉE. Enfin, si le parti socialiste souhaite, dans son ensemble, la réduction des armements et du service militaire, on sait que nul élu socialiste ne voudrait, d'autre part, Affaires Extérieures

, voir supprimer la garnison de sa ville propre. On est humanitaire et pacifiste, soit. Mais on ne saurait oublier qu'on est l'élu de Romorantin ou de Castelnaudary. Un arrêt de justice : Une victoire de la France Je vous dis que les compressions sont impossibles.

La capitale S. d. N. abrite, dans ses murs genevois Chaque fois, d'ailleurs, que, dans un département

et sur les rives lémanes, trois organes d'une valeur difministériel, on fait une économie de dix mille francs,

férente : un secrétariat général dont l'organisation on propose un million de dépenses nouvelles. Et il n'est

est indéfendable un Parlement

dont l'éloquence pas possible de s'y soustraire.

est dangereuse ; un tribunal — dont l'autorité est « L'électeur, disait mélancoliquement un élu, n'a re

nécessaire. L'Assemblée, si elle a rogné les traitements, qu'un programme : toucher des allocations et des secours

n'a point modifié le recrutement de l'administration et ne point payer l'impôt. »

centrale : les divers pays continuent à y être représentés Nul député, c'est entendu, n'est tenu d'être un héros.

par des fonctionnaires que les gouvernements n'ont pas Il est sous le contrôle de l'électeur : « Et ce qu'il y a de

désignés et sur lesquels ils n'exercent aucun contrôle. mauvais dans le député, dit un juste, c'est l'électeur. »

La même réunion plénière, et j'y reviendrai, a atténué Et s'il n'y avait plus d'électeurs? Hé! mais ceci vaut

les garanties qu'assurait à la paix et à la France le qu'on y songe : « La Monarchie, dit un vieux radical

covenant. Mais d'autres débats ont démontré socialiste, nous paraît belle sous la République, comme

l'affirme l'opinion américaine — qu'une cour de jusla République était belle sous l'Empire »

tice reste la pierre angulaire du Temple nouveau et le

centre vital d'un organisme international. Si l'arbitrage ix

devenait obligatoire pour tous les conflits entre Etats, M. Joseph Barthélemy, qui est député, jurisconsulte si ce tribunal disposait de sanctions pour toute tentaet sociologue, a pesé tous les termes de ce problème con- tive de réarmement, si un texte réglait l'exécution de tradictoire. Et il a dit : « Si les votes n'étaient pas ces arrêts de justice - on pourrait, sans inconvénient publics, les députés auraient plus de courage. Les pour la paix, réduire le personnel du secrétariat général dépenses nouvelles seraient évitées, et les compressions et les séances de la Babel parlementaire. deviendraient possibles. »

La décision, qu'ont préparée les représentants de l'EsEt la France serait sauvée.

pagne, de la Belgique, du Brésil et de la Chine, MN. Sans doute. Mais, ô M. Joseph Barthélemy, ce que vous Quinones de Léon, da Cunha, Hymans, Willingtonnous proposez là, n'est-ce pas la négation même, du Kod, et que le Conseil présidé par le vicomte Ishii, régime parlementaire, qui veut que l'élu n'agisse que sur

un maître ès-arts diplomatiques a courtoisement entéle contrôle de celui qui l'a délégué et dont il représente rinée, fera plus que des centaines de discours pour défa volonté souveraine. Un député qui ne représente plus montrer l'efficacité et grandir le prestige de la S. d. N. ita volonté de ceux qui l'ont député, ce n'est plus un représentant du régime représentatif. Et puis, la publicité du vote, c'est le moyen, pour l'électeur, de contrôler Dans un de ces articles, d'une précision scientifique 6i l'élu tient les promesses de la campagne électorale.

et d'une construction solide, que M. Jean Herbette rapLorsqu'on ne sera plus obligé, même en principe, de tenir

porte de l'étranger, il nous a révélé les directives dont ces promesses-là, à quelle orgie de surenchère nous con

s'étaient inspirés les quatre pour tracer cette frontiere Tieront les prochains comices?

difficile. Ce sera fort bien ainsi, fait un ancien ministre phi- Ils ont, tout de suite, compris que ni le texte du losophe. La souveraineté du peuple est une jolie fille traité, ni les résultats du plébiscite ne permettaient d'acdont il faut se faire aimer pour soi-même, et la démocra- corder ni à l'Allemagne ni à la Pologne la totalité du tie ne doit être que l'art de se faire aimer pour soi-même triangle industriel. Pour arriver à cette première concluLes promesses que l'on fait aux femmes doivent faire sion, un grand effort n'était point nécessaire : il sufplaisir et n'engager à rien. »»

fisait d'être honnête homme. Mais la seconde étude fut

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