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La révolution spartakiste qui nomma Karl Eisner à la présidence, avait été préparée par un groupe de peintres qui n'étaient pas moins anarchistes en art qu'en politique. Aussi leur premier acte en arrivant au pouvoir fut de faire fusiller tous les peintres de l'ancienne école. C'est du moins ce que rapporte un jeune artiste qui vécut à Munich à ce moment.

Heureusement, nos peintres les moins sages ne se prennent pas assez au sérieux pour aller jusque-là...

Jeux lunaires.

Dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17, nous devions avoir le spectacle d'une éclipse de lune. Les jour naux avaient annoncé que le ciel resterait pur. Le ciel eut la gentillesse de ne pas désobéir. Il y avait une brume légère; il faisait froid, juste assez froid pour qu'on entendît la plainte des badauds ingrats.

Une éclipse de lune a toujours moins de succès qu'une éclipse de soleil, et partant moins d'admirateurs. Est-ce parce que malgré les protestations et l'exemple du délicieux Toulet, de Curnonsky et de quelques autres les hommes s'obstinent à dormir la nuit et à veiller le jour ?

Notre éclipse fut exacte; elle s'était annoncée dans tous les journaux pour vingt-trois heures. Elle parut dans toute sa gloire à vingt-trois heures.

Vingt-trois heures? s'écriait un provincial cher à M. Paul Gavault. Nous disons chez nous onze heures du soir, et c'est déjà bien assez tard...

Les cris du cœur.

monsieur

Lors de l'accident du tunnel des Batignolles, les sauveteurs purent extraire d'un wagon un d'un certain âge, qui n'avait aucun mal, mais qui était évanoui et avait failli brûler vif.

Il revint vite à lui, et à l'infirmerie de la gare SaintLazare il manifesta son intention de réintégrer au plus tôt le domicile conjugal.

Comme un des hauts fonctionnaires des Chemins de fer de l'Etat le félicitait de s'en être tiré à si bon compte, il répondit simplement :

- Voilà ce que c'est que de n'avoir, dans sa vie, jamais commis aucun excès.

Heureux homme, qui se sent récompensé par le ciel !...

L'exactitude militaire.

Chez ceux qui règnent.

Le général Pershing revenait mardi de Londres ; et les autorités qui l'attendaient au Havre, en le voyant débarquer à l'heure prévue, se montrèrent tout étonnées. C'est que le général Pershing, à côté de ses éminentes qualités d'organisation, a un défaut mignon. Il n'a pas la notion de l'heure, ce qui fit plus d'une fois le désespoir du maréchal Pétain.

En juillet 1918, le général Pershing devait rencontrer dans une petite ville du Nord S. M. Albert Ior. L'heure s'avance; le train du roi est signalé ; on l'aperçoit au loin; et le général n'est pas là. Le commissaire de gare s'inquiète; il téléphone. Un officier d'ordonnance lui répond

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Le général est en train de se raser, gagnez à tout prix un quart d'heure.

Et pendant un quart d'heure le train royal exécuta des manoeuvres sur des voies de garage, ce qui permit au grand chef d'être là pour recevoir le roi-soldat.

La rentrée.

La première se fit sans grand tapage. Peu de monde. et peu de nouveautés prémices d'une saison calme... comme au théâtre. Pourtant, on interpelle et même on

giffle. M. Doumer comptait bien avoir une bonne quinzaine pour préparer sa défense de la politique financière. Mais la Commission du budget, plus pressée, s'est adressée au président du Conseil, réclamant de lui une économie plus sérieuse que les pauvres trente millions que lui a offerts le ministre... gratter

A première vue, on pourrait certainement encore... et sur le chapitre même de la Chambre des députés... Par exemple, n'est-ce pas un peu osé que de mentionner dans un budget quelques dizaines de mille francs pour les frais d'eau de Cologne?...

En somme, c'est une lecture instructive que celle des budgets on y fait des découvertes propres à donner le vertige aux plus guillerets des contribuables...

Les morts vivent-ils?...

Chez ceux qui dansent.

La conversation était fort vive on s'entretenait de l'enquête de l'Opinion, désormais fameuse, sur les esprits et leurs manifestations. On s'interrogeait les uns les autres sur les fantômes. Qui en avait vu?

Rachilde raconta comment elle avait failli en voir un, autrefois, chez Chacornac, l'éditeur de magie. Du moins on devait le lui présenter. Il venait quotidiennement à minuit. Elle se fit donc enfermer un soir dans la boutique afin de le surprendre. Elle en fut pour sa courageuse insomnie.

Or, quelqu'un ajouta :

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Voilà une autre histoire, que M. Heuzé ne connaît pas Il y avait un bon jésuite qui s'appelait le Père de Haza, était l'un des plus saints jésuites de sa communauté, et avait la spécialité de chasser les démons. Un certain démon pourtant, résistait à ses ordres, et lui faisait une guerre sans merci; le Père de Haza avait baptisé ce méchant démon du surnom de Guillot.

Quand il eut atteint cinquante années de vie religieuse, le Père de Haza fut fêté suivant la coutume par toute la communauté, et plus encore que de coutume parce qu'on le savait estimé des anges et craint des démons: ainsi, pour lui faire plaisir, on avait fixé la fête au 17 octobre, en pensant que c'était le jour de la SainteHedwige, et qu'il était le petit-neveu de cette reine polonaise. Or voici qu'au dîner, une dépêche fut apportée au Père de Haza, qui lut avec terreur: Toute fête a son lendemain. GUILLOT.

Il y a quelques semaines à peine que mourut l'auteur de cette farce, le père Truck, qui dirigeait l'« Œuvre des Campagnes », détestait les bigotes et aimait à rire, comme il arriva le jour de la Sainte-Hedwige, où il chargea la plus fidèle de ses pénitentes de mettre à la poste l'infernale dépêche.

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Terpsichore dans le Temple.

Condamnée souvent par l'archevêque de Paris, la muse de la danse s'est réfugiée au sein de l'Eglise anglicane, où, ma foi, elle est assez bien accueillie.

Qu'on en juge: La Société des Soirées d'Hiver de

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Plus royaliste que le cardinal.

Le cardinal de Cabrières, qui vient d'être décoré de la Légion d'honneur, ne s'est jamais montré très républicain. C'est à peine si son exquise politesse lui fit parfois témoigner quelque libéralisme. Encore en fut-il puni, il y a peu d'années, comme il dînait dans le faubourg Saint-Germain.

Parmi les invités se trouvaient M. Maurice Barrès et un célèbre prêtre alsacien. Le cardinal, voulant faire sa cour au député lorrain, fit ses réserves sur l'ancien régime, critiqua Louis XIV et s'écria pour conclure : «Et, en tous cas, Monsieur Barrès, à bas Louis XV! » Mais la maîtresse de maison, qui était plus royaliste le cardinal, et n'avait pas moins d'esprit, l'interrom

que pit:

« Eminence, j'ai à ma droite un grand Alsacien, ma gauche un grand Lorrain. Vous abandonnez Louis XIV, qui a réuni à notre pays la province de mon voisin de droite. Et vous maudissez Louis XV, sans qui M. Barrès ne serait pas Français !... »

Le cardinal sourit...

La défense contre les fâcheux.

Au pays des Muses.

Ce petit hôtel de la rue de Passy est la demeure d'un philosophe!

Les philosophes aiment, moins que les autres, recevoir les importuns!...

M. Sacha Guitry, lui, vous reçoit en robe de chambre, les pieds nus dans des escarpins, appelant sans cesse au cours de votre visite, des petits chiens noirs qui se glissent sous les fauteuils... Mais il vous reçoit!... (à condition de ne pas frapper chez lui avant midi).

Les philosophes, eux, consignent plus sévèrement leur porte! Cependant, à force d'insistance, vous pénétrez dans le petit hôtel de Passy où... M. Henri Bergson vous recevra très aimablement. Mais à votre demande d'interview, il vous tendra, en souriant, un petit carré de papier sur lequel sont imprimés ces mots :

«M. Henri Bergson s'excuse auprès de M..... et le prie d'accepter ses regrets, mais il a pris comme principe de ne jamais répondre à aucune interview! » Et, toujours souriant, il ajoutera :

Vous voyez, ma réponse est la même pour tous.

Les neutres.

Depuis quelques jours, on peut trouver chez les libraires un livre de droit international de M. Charles Dupuis, sous-directeur de l'Ecole des Sciences politiques. Il y a longtemps déjà que l'ouvrage est écrit. C'est en 1917, que le comité des publications Nobel, de Christiania, avait demandé à M. Dupuis de rédiger un travail

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sur le droit des gens dans les rapports des grandes puissances. En 1918, M. Dupuis avait fini son ouvrage et l'avait confié à la valise diplomatique.

Le temps passa. M. Dupuis n'entendait plus parler de rien. Un beau jour, on découvrit, aux Affaires étrangères, le manuscrit, revenu par la même valise qui l'avait emporté, sans qu'on pût savoir pourquoi le ministre de France à Christiania ne l'avait pas transmis à destination..

M. Dupuis, courageusement, renvoya le manuscrit par une autre voie. Le temps encore passa. Et le manuscrit revint enfin, au printemps de 1920, avec une note qui déclarait que le pacte de la Société des Nations avait «changé tout ça » et que l'ouvrage n'était plus d'actualité.

Cependant, M. Dupuis, en relisant son manuscrit, y remarqua quelques annotations en suédois, qu'il fit traduire. Il en résultait que le lecteur suédois du comité Nobel avait trouvé M Dupuis trop sévère pour l'Allemagne. C'est ainsi, par exemple, qu'en marge d'un chapitre sur les méfaits des souverains impérialistes, le correcteur avait écrit: « à retirer en ce concerne Guillaume II >>.

Les autres souverains étaient Louis XIV, Napoléon Ier, Marie-Thérèse, Catherine II. Maintenant qu'il n'a plus à ménager la neutralité suédoise et qu'il s'est résolu à faire publier son œuvre en France, M. Dupuis aura pu conserver son chapitre sur le Kaiser.

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Est-il vrai, comme quelques gazettes l'annoncent, que nous aurons un nouveau scandale au prochain Salon des Humoristes?

Il ne s'agirait plus, cette fois, d'une grande coquette de la Comédie-Française et d'un dessinateur inconnu à qui la grande coquette cède un peu de sa célébrité. L'artiste dont on parle cette fois, n'aura voulu que se venger d'une actrice, coupable envers lui d'irrespect. Il avait fait le portrait de l'actrice. L'actrice aurait perdu le portrait. L'artiste en aurait fait un second, mais féroce. Nous verrons bien.

Cependant, annoncé si longtemps à l'avance, le șcandale promis n'échouera-t-il pas? Il lui manquera le sel de la surprise.

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était inspiré de l'Ingénu, de Voltaire, le même Ingénu dont se servirent, aux Capucines, MM. Charles Muller et Régis Gignoux. Or, bien avant Paul Arène, Marmontel avait tiré de l'Ingénu un opéra-comique qui s'appelait aussi le Huron. Un ami lui avait demandé de tendre la main à « un jeune homme qui était au désespoir, et sur le point de se noyer », parce qu'il avait écrit un opéra, et que l'Académie Royale de musique le lui avait refusé. Marmontel s'était laissé attendrir; il avait sur sa table le conte de Voltaire; il écrivit en quelques jours le Huron. Et le Huron procura son premier succès au ⚫ jeune musicien qui n'était autre que Grétry. Tout le monde se mit à chanter : « Dans quel canton est l'Huronie »; Nicolle, le marchand de tabac près la Comédie Italienne, fit peindre une nouvelle enseigné : Au Huron.

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Ce titre-là portait bonheur. M. Dauphin aurait dû s'en souvenir, au lieu de fuir la vie parisienne. Peut-être que sa petite œuvre aurait été, comme celle de Grétry, le début d'une grande carrière...

Le bon hôte.

C'est un auteur dramatique célèbre qui cultive le genre singulier et dont chaque pièce est un événement théâtral préparé dans le mystère, ce qui ne veut pas dire sans réclame.

Il a toujours peur qu'on ne divulgue ses idées et qu'on ne lui vole ses manuscrits. L'autre jour, à la campagne, où il habite le plus souvent, il fit venir de Paris un copiste, un copiste à la main, car les machines sont indiscrètes...

A peine arrivé, le copiste est fort bien reçu, gâté, choyé, mais devient un vrai prisonnier dans la propriété close de murailles. Il n'aura plus de rapport avec quiconque tant que son travail ne sera pas terminé.

Mais enfin, mon cher maître, même pas la petite sortie de l'apéritif.

Pas même, répond l'hôte implacable et souriant. Mais enfin, mon cher maître, même pas... comment vous dire?... Enfin, la nuit, si j'ai envie de sauter le mur? Tout est prévu, ne vous gênez pas, on viendra à domicile.

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Les excès du cinéma

Le crime présumé de Fatty, le voyage triomphal de Charlot, le scandale provoqué par la satire de René Benjamin, tout cela ne suffisait pas ?

Voici qu'on nous apprend que, pour obtenir un film passionnant représentant l'attaque d'une voiture par un ours, la Société cinématographique autrichienne M. R. S. O. n'a pas hésité à martyriser un cheval. Afin que le film fût beau et véritable, on a précipité du haut d'une carrière le cheval attelé, et photographié, à toutes ses phases, l'agonie de la malheureuse bête. Est-ce assez répugnant?

Chez nous, les metteurs en scène ne vont pas si loin. Quand ils se permettent des attentats, ce n'est que sur le texte des romans qu'ils adaptent, ainsi qu'il arrive au grand Antoine lui-même, qui ne se gêne pas pour faire paraître autant de fois qu'il peut cette Arlésienne qu'Alphonse Daudet avait pris tant de soin de nous lais

ser deviner.

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Ayant fini de tourner au cinéma devant M. René Benjamin quand on l'y reprendra... la grande et fougueuse tragédienne lyrique veut continuer de chanter l'opérette. Elle s'est fait applaudir cette semaine dans Boccace. A l'une des dernières répétitions, sa meilleure amie c'est presque un emploi, au sens théâtral - de

s'écrier :

Est-ce qu'on ne pourrait pas y intercaler la Marseillaise?

Epigrammes:

Sur La Gloire, au Théâtre Sarah-Bernhardt. Après avoir annoncé un Phaeton, M. Maurice Rostand fait jouer La Gloire.

Ce terrible enfant dont s'esbaudiront
Nos petits-neveux et petites-nièces,
Dans tous les bateaux il donne du front
Et, jusqu'à la Gloire, il met tout en pièces.

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Sur La Fraude, au Vieux-Colombier : Eh! quoi! Copeau,

Votre programme

Nous offre à son tour un bon mélodrame Seriez-vous jaloux de Monsieur Gavault ? Le pittoresque :

Vieille chanson,

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Le mariage secret.

Chez ceux qui plaident.

Il avait dix-sept ans, et s'était épris d'une belle Bordelaise qui n'en avait pas davantage. Les parents de la belle Bordelaise avaient consenti au mariage; mais ceux du jeune homme ne voulaient rien entendre. Alors, le grand amoureux se donna d'un coup de plume sur son acte de naissance trois ans de plus qu'il n'avait, se procura un père et une mère « d'occasion », et se maria légalement et discrètement.

Mais deux années sont passées; et, après la lune de miel, voici le drame : les parents du jeune homme se sont plaints au Parquet. Et la Cour d'assises de la

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Gironde va juger le pauvre amoureux, inculpé de faux et d'usage de faux.

Quel sera le dénouement? Les jurés acquitteront; les parents accepteront le fait accompli, et les jeunes mariés, unis une seconde fois par la loi, auront la joie d'avoir fondé leur foyer sur une belle aventure...

La dernière pièce de Shakespeare.

Pourquoi Shakespeare n'écrivit-il plus aucune pièce après La Tempête ? Le docteur Leftwich, qui vient de publier à Londres un livre sur l'écriture de Shakespeare, dit en avoir découvert la raison. Les six signatures qui nous restent, révèlent « la forme spasmodique de la crampe des écrivains ». Et comme ces signatures ont été données par Shakespeare entre 1615 et 1616, cette maladie serait la cause qui détermina Shakespeare à cesser d'écrire pour la scène.

Cependant, était-il impossible en ce temps-là de dicter une pièce de théâtre ?...

La cause ne fait pas toujours le bonheur.

« Des causes à défendre ! Plaider ! » Ces mots résument les ambitions de tous les avocats. Mais il y a cause et cause. Et c'est pourquoi certain jeune avocat de Londres maudit l'affaire dont il a été chargé. La loi anglaise alloue à tout avocat désigné d'office la somme de 1 livre, 3 shillings, 6 pence, quelle que soit la durée des débats. Or, l'affaire a déjà pris 12 séances; elle doit vraisemblablement durer encore quatre jours!

L'avocat aura touché pour 16 jours de travail I guinée. Soit un peu plus d'un shilling par jour. Car il faut, sur ce qui lui est alloué, qu'il paie son clerc-assistant ! Que pensent de ces honoraires Messieurs les Cheminots et Terrassiers ?

Souvenirs.

Un peu partout.

Vous souvient-il des temps lointains où les Français entraient à Metz? Il y a trois ans, trois ans seulement. Dans la joie de la victoire, la Lorraine était un paradis, qui se parait pour chacun de tous les agréments qu'il pouvait souhaiter le musicien se faisait chanter par les petites messines de vieilles chansons de France; le poète se laissait caresser par une brise lyrique; et le bon vivant courait de farandole en farandole. Quant aux militaires, aux vrais militaires, ils découvraient à Metz d'autres beautés.

Lorsque le général de Maud'huy entra comme gouverneur dans la ville de Metz, son officier d'ordonnance admira négligemment la beauté du pays. Et le général de lui répondre :

« Oui, quel beau pays! rien que des casernes ! »> Hélas! depuis ce temps-là on a oublié la guerre, la paix, les armées et les casernes, et le brave général de Maud'huy est mort.

Quelques jours après son arrivée, il fut victime d'une

méprise dont il aimait à sourire lui-même.

En inspectant un des régiments d'occupation, il crut reconnaître dans le numéro de ce régiment celui d'une unité qu'il avait commandée au début de la guerre. Aussitôt, il se mit à dévisager avec soin toutes les figures qu'il passait en revue, et de temps en temps, il s'arrêtait en disait :

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Ah! je te reconnais, mon petit, tu étais très fort au bridge... Et toi, oui, une vraie tête de Breton, mais une bonne tête, tout de même.

Dans l'émoi de la revue, et la rigidité du garde-àvous, nul n'osait répondre. Et le général continuait à trouver dans sa mémoire de vieux souvenirs qui appelaient des larmes dans ses yeux.

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L'émancipation de la femme chinoise.

La Chine est devenue le plus moderne des pays. Jugez-en plutôt par ce procès qui se juge à Shanghai entre M. Seng-Choug-Koh, ingénieur, et Mlle Dun-JuiChi, professeur diplômée à Londres et à Edimbourg.

Ces jeunes gens prétendaient se marier sans subir le joug du vieux courtier en mariages; ils avaient signé l'un et l'autre une promesse. M. Seng-Choug-Koh a rompu sa promesse; c'est pourquoi Mlle Dun-Jui-Chi le poursuit. Mais M. Seng-Choug-Koh prétend qu'on lui a arraché sa signature par force, qu'il a été enlevé par deux bandits à Nankin, transporté à Shanghaï et séquestré jusqu'à ce qu'il eût consenti à signer son engagement.

Pourtant à lire ce contrat, on ne pourrait croire qu'il ait donné lieu à des manœuvres aussi barbares :

leurs existences dans un mariage cultivé et ne veulent Seng-Choug-Kok et Dun-Jui-Chi s'engagent à unir point souffrir l'esclavage des dangereuses coutumes an

ciennes. Eternellement ils se conserveront l'un à l'autre une affection exclusive et sans partage. Sous aucun prétexte la vie conjugale des parties contractantes ne sera salie par la présence d'une concubine.

Dira-t-on après cela que la femme chinoise n'est pas émancipée ?

Affaires Intérieures

La question des compressions

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Toute la politique sérieuse, me dit un personnage grave, est une question de compressions. Vous entendez bien qu'il ne s'agit pas de renverser ou de complimenter M. Briand, et encore moins dé cimenter le bloc de gauche ou de désagréger le bloc national. Ces choses peuvent avoir leur intérêt. Mais enfin, il faut vivre d'abord avant de philosopher, et le premier devoir, pour vivre, est de mettre le budget en équilibre. Comme on ne saurait le mettre en équilibre ni par l'emprunt ce qui grossirait le service de la dette ni par l'impôt, car le malheureux contribuable français commen à toucher le bout de son bas de laine, il ne saurait être question d'autre chose, ne pouvant augmenter les recettes, que de réduire les dépenses, et c'est là de la bonne et claire politique de M. de Lapalisse. Vous voyez bien que la seule, l'unique question qui se pose est la question des compressions. Je ne dirai pas que tout le reste est littérature, parce que tout le reste est négligeable, et que la littérature n'est point négligeable. Toute la valeur de ce Parlement sera dans ardeur à comprimer.

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Mais un personnage plus grave encore objecte: La question n'est pas de savoir si les compressions assureront l'équilibre, mais si les compressions sont possibles. Elles ne le sont pas.

Elles ne le sont pas parce qu'aucune suppression

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d'emploi n'est démocratiquement réalisable, que, bien au contraire, la création de nouveaux emplois est une nécessité fatale, inéluctable, auquel nul Parlement ne saurait se soustraire.

Lorsque la Commission des finances supprime, à la demande de M. Louis Marin, les receveurs particuliers, elle entend ne les supprimer qu'en principe. Réaliser la réforme, c'est autre chose. M. Bonnevay, qui veut la mort des tribunaux d'arrondissements inoccupés, avoue, qu'il faut racheter les offices ministériels y afférents; et que cette économie coûterait des sommes considérables. Et la République libérale de M. Bonnevay ne saurait traiter la basoche comme le père Combes traitait les ordres monastiques. Nos moyens financiers actuels ne nous permettent pas un second milliard des congrégations. Si l'on veut, d'autre part, supprimer les souspréfets, on sait qu'il s'agit d'une simple clause de style, et que le Sénat les rétablira et par tradition jacobine du gouvernement et parce qu'il a des neveux à caser. Les sous-préfets, supprimés, n'en dressent que plus haut la tête, comme cet hôtel des Champs-Elysées dont la justice a décidé de faire démolir un étage, voici tantôt dix ans de cela, et qui semble, au contraire, grandir de jour en jour.

Enfin, si le parti socialiste souhaite, dans son ensemble, la réduction des armements et du service militaire,

on sait que nul élu socialiste ne voudrait, d'autre part, voir supprimer la garnison de sa ville propre. On est humanitaire et pacifiste, soit. Mais on ne saurait oublier qu'on est l'élu de Romorantin ou de Castelnaudary.

Je vous dis que les compressions sont impossibles. Chaque fois, d'ailleurs, que, dans un département ministériel, on fait une économie de dix mille francs, on propose un million de dépenses nouvelles. Et il n'est pas possible de s'y soustraire.

« L'électeur, disait mélancoliquement un élu, n'a qu'un programme : toucher des allocations et des secours et ne point payer l'impôt. >>

Nul député, c'est entendu, n'est tenu d'être un héros. Il est sous le contrôle de l'électeur : « Et ce qu'il y a de mauvais dans le député, dit un juste, c'est l'électeur. »>

Et s'il n'y avait plus d'électeurs? Hé! mais ceci vaut qu'on y songe : « La Monarchie, dit un vieux radicalsocialiste, nous paraît belle sous la République, comme la République était belle sous l'Empire >>

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Sans doute. Mais, ô M. Joseph Barthélemy, ce que vous nous proposez là, n'est-ce pas la négation même du régime parlementaire, qui veut que l'élu n'agisse que sur le contrôle de celui qui l'a délégué et dont il représente la volonté souveraine. Un député qui ne représente plus la volonté de ceux qui l'ont député, ce n'est plus un représentant du régime représentatif. Et puis, la publicité du vote, c'est le moyen, pour l'électeur, de contrôler si l'élu tient les promesses de la campagne électorale. Lorsqu'on ne sera plus obligé, même en principe, de tenir ces promesses-là, à quelle orgie de surenchère nous conrieront les prochains comices?

« Ce sera fort bien ainsi, fait un ancien ministre philosophe. La souveraineté du peuple est une jolie fille dont il faut se faire aimer pour soi-même, et la démocratie ne doit être que l'art de se faire aimer pour soi-même. Les promesses que l'on fait aux femmes doivent fair plaisir et n'engager à rien. »>

Cette doctrine réconfortante laisse cependant sceptiques quelques auditeurs. Le salut ne serait-il que dans l'abandon des vénérés principes de la Démocratie, ou dans le Cynisme?

M. de Lasteyrie, rapporteur général, disait : «< Des économies, sans doute. Mais cela comporte tout un programme très vaste, échelonné sur des années. Ce n'est pas réalisable en six mois. >>

« Les dépenses ruineuses le sont en cinq minutes, hélas!» soupire un démagogue déterminé.

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La question en est là. Elle comporte une mélancolie certaine, plutôt qu'une certaine mélancolie. Qu'importe la réponse que fera M. Briand à M. Margaine ou à M. Peyroux, ou encore si M. Tardieu aura raison de M. Loucheur ou M. Loucheur de M. Tardieu? De là sans doute l'ennui poli qui accueille tant d'éloquents discours. Celui-là, et celui-là seul aura mérité de la Patrie, qui aura démontré au Parlement la possibilité des compressions, autrement qu'en principe.

Affaires Extérieures

:

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Un arrêt de justice: Une victoire de la France La capitale S. d. N. abrite, dans ses murs genevois et sur les rives lémanes, trois organes d'une valeur différente un secrétariat général dont l'organisation est indéfendable un Parlement dont l'éloquence est dangereuse; un tribunal dont l'autorité est nécessaire. L'Assemblée, si elle a rogné les traitements, n'a point modifié le recrutement de l'administration centrale les divers pays continuent à y être représentés par des fonctionnaires que les gouvernements n'ont pas désignés et sur lesquels ils n'exercent aucun contrôle. La même réunion plénière, et j'y reviendrai, a atténué les garanties qu'assurait à la paix et à la France le covenant. Mais d'autres débats ont démontré l'affirme l'opinion américaine - qu'une cour de justice reste la pierre angulaire du Temple nouveau et le centre vital d'un organisme international. Si l'arbitrage devenait obligatoire pour tous les conflits entre Etats, si ce tribunal disposait de sanctions pour toute tentative de réarmement, si un texte réglait l'exécution de ces arrêts de justice on pourrait, sans inconvénient pour la paix, réduire le personnel du secrétariat général et les séances de la Babel parlementaire.

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La décision, qu'ont préparée les représentants de l'Espagne, de la Belgique, du Brésil et de la Chine, MM. Quinones de Léon, da Cunha, Hymans, WillingtonKod, et que le Conseil présidé par le vicomte Ishii, un maître ès-arts diplomatiques a courtoisement entérinée, fera plus que des centaines de discours pour démontrer l'efficacité et grandir le prestige de la S. d. N.

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Dans un de ces articles, d'une précision scientifique et d'une construction solide, que M. Jean Herbette rapporte de l'étranger, il nous a révélé les directives dont s'étaient inspirés les quatre pour tracer cette frontière difficile.

Ils ont, tout de suite, compris que ni le texte du traité, ni les résultats du plébiscite ne permettaient d'accorder ni à l'Allemagne ni à la Pologne la totalité du triangle industriel. Pour arriver à cette première conclusion, un grand effort n'était point nécessaire : il suffisait d'être honnête homme. Mais la seconde étude fut

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