437 magne, conséquence paradoxale, réussit, grâce à l'écono- Cette collaboration est fonction de la situation écomie forcée qui lui est imposée, à maintenir ses industries nomique et financière des Etats-Unis : elle est très difen activité. Mais si elle devient de plus en plus le four- férente de ce que l'on s'imagine en Europe. nisseur universel, elle ne peut devenir l'universel client. Les Etats-Unis sont un pays puissant et riche, mais En outre son activité ne se maintient que par l'effet qui vient d'être saigné à blanc par la plus stupide des d'un crédit tout artificiel qui la condamne à voir sauter politiques fiscales et qui n'a pas de petits capitalistes un jour ou l'autre son mécanisme financier. Cependant comme la France. Voilà qui ne nous permet pas de raises chefs d'industrie, seuls bénéficiaires de conditions sonner comme pourraient le faire les Français, s'ils ruineuses pour tous, regagnent de l'argent. Mais l'ar- étaient à notre place. gent gagné ne sert même pas à la restauration du crédit Au point de vue fiscal, dites-vous qu'en 1913, nous et des finances de l'empire, puisqu'ils le déposent dans demandions 7 olo de nos impôts nationaux aux impôts les banques ou l'investissent en entreprises nouvelles, directs, et qu'en 1920 nous demandions 75 olo de ces à l'étranger. impôts, devenus formidables, aux impôts directs. Cela Si l'on admet que l'économie politique obéit à des a dégoûté les gros capitalistes de souscrire à de nou lois quasi naturelles, l' « homo economicus » obéissant velles affaires. Cela a rallé tout l'argent liquide des lui-même à des penchants qui en moyenne sont toujours grandes affaires. Cela a contribué d'une façon effapareils, si l'on considère aussi que rien n'est apparu, rante à la surélévation des prix, chacun voulant se à aucune époque, plus malaisé que d'empêcher le capital rattraper sur l'acheteur. Cela nous a amené la crise mobile de fuir les entreprises en détresse pour se porter actuelle. vers celles où il y a chance de conservation, on sera amené à considérer la situation présente comme un état cripteurs pour les émissions diverses, parce que l'Améri Nous n'avons pas, comme en France, de petits sousde fait à étudier en soi. On en cherchera les causes. Et cain de la classe moyenne n'économise pas comme le ces causes, on les découvrira dans les mesures qui furent fait le Français de la même classe. Faire un placement, prises à dessein de remédier aux suites de la guerre, pour un Américain moyen, c'est s'acheter une automoavec esprit de justice sans doute, mais au mépris des bile, et quelque fois, dans les villes de l'intérieur, acheévidences économiques les plus claires. On qualifiera ter une maison, un phonographe et des meubles chics. peut être alors le traité de Versailles d'hérésie écono A New-York, les gens moyens dépensent intégralement mique. Et l'on se décidera, hors de tout esprit de parti, ce qu'ils gagnent en bas de soie, toilettes pour la de toute indulgence pour l'ennemi, à tenter une autre femme, billets de théâtre et de cinérna, parties au res voie. taurant et à la campagne. Donc, point de queues deC'est cette voie-là qu'il faudrait ouvrir. vant les banques, comme en France les jours d'émisADOLPHE DELEMER. sion des emprunts, et difficulté absolue de trouver de l'argent en dehors des grosses bourses. Mais là, le gouvernement de M. Wilson, par un coup d'ignorance prodigieux, a décidé d'exempter de l'im pôt personnel sur le revenu (lequel, on le sait, atteint L'appui financier des Etats-Unis des proportions formidables lorsqu'il s'applique aux Un des traits du caractère américain que l'on ne gros revenus) toutes les valeurs des emprunts des vil les, des Etats et des comtés américains. Ce qui fait connaît pas assez en Europe, c'est le sincère désir que nous avons d'être agréables à tout le monde, et qui que nous, banquiers américains, sommes dans une situa tion très difficile lorsqu'il s'agit de placer des emnous pousse, lorsque nous faisons la connaissance de quelqu'un, à nous mettre tout entiers et sur le champ prunts étrangers, des valeurs industrielles et commer à à son entière disposition. C'est un espèce d'enthou- ciales, c'est-à-dire toutes les affaires de collaboration américo-européennes. siasme superficiel, une passion de sociabilité et, pour tout dire, presque de l'enfantillage, qui nous fait tout Et ce sont ces raisons qui ont remis à un avenir plus promettre à n'importe qui. Rentrés chez nous, dans ou moins éloigné toutes les tentatives de collaboration notre bureau, nous réfléchissons, nous calculons, nous que l'on avait rêvées. examinons les moyens et les possibilités, et souvent nous ne donnons pas suite aux projets que nous avions esquissés un peu en l'air dans une minute d'expansion banale. L'Anglais, au contraire, lorsque l'on fait sa con Il y a cependant lieu d'espérer en un avenir un peu naissance, ne dit rien, ne s'engage à rien, ne promet meilleur. Et voici pourquoi : rien, ce qui fait qu'il n'a rien à refuser, et qu'il a une Nos lois fiscales vont être réformées par la nouvelle grande réputation de sérieux en affaires. administration républicaine. Nous ne savons pas enC'est ce trait du caractère américain qui explique en core jusqu'à quel point. Mais nous travaillons à rempartie la déception de l'Europe à notre égard, depuis placer une part importante de notre impôt direct par l'armistice. Nous avons sinon beaucoup promis, du un impôt sur le chiffre d'affaires et des impôts du type moins laissé complaisamment entrevoir de brillantes de ceux que M. Marsal a préconisés et fait adopter en France. possibilités de collaboration économique et financière qui ne se sont pas réalisées. Et les Européens ont pro Nous nous rendons très clairement compte que nous testé, et ils nous ont traité de « mufles ». Ce qui, avons un besoin impérieux de collaboration avec l'Eufinalement, a un peu étonné les bons Américains qui rope, quand ce ne serait que pour soutenir nos exporavaient conscience d'avoir fait quelque chose durant tations. la guerre, qui se rappelaient n'avoir pris aucun engage- Comment se fera cette collaboration ? Je ne puis le ment précis et écrit de collaboration économique et dire en détail, n'ayant pas le don de prophétie, et d'ailfinancière, et qui, il est vrai, avaient peut-être un peu leurs sachant bien qu'il faudra sans doute attendre trop facilement oublié leurs prophéties inconsidérées que nous soyons un peu sortis de la crise de déflation sur ce même sujet. et de réajustement actuelle pour entrer dans des voies N'ayant pas fait de prophéties, mais seulement des nouvelles. souhaits, j'ai toute liberté d'esprit pour étudier cette Mais ce que je constate depuis six mois et qui est question de la collaboration économique américo-euro- un élément d'appréciation très encourageant dans cette péenne à la lumière des réalités. les question de collaboration économique, c'est que X combien de coups il y a avantage ! une Etats et les hommes de l'Ouest américain sont en train Il y avait à ce moment (1708) cinquante-quatre ans de changer d'avis pour tout ce qui regarde les rapports que, pour la première fois, un joueur passionné avait eu de l'Amérique et de l'Europe. l'idée de recourir aux lumières d'un grand mathématiSans entrer dans de trop longs détails, on peut dire, cien : idée heureuse, car elle fit naître de toutes pièces le en effet, que jusqu'à cette dernière année, les Améri- « Calcul des probabilités », qui a fait accomplir, depuis, cains de l'Ouest avaient une répugnance marquée à d'immenses progrès à la physique, à l'astronomie, à voir l'argent de l'Amérique entrer dans des affaires l'artillerie, et surtout aux sciences sociales, car sans lui européennes, parce qu'ils estimaient que cet argent argent les assurances n'auraient jamais pu atteindre leur déveavait mieux à faire à s'employer dans l'industrie, loppement actuel. l'agriculture et le cominerce de l'Amérique. Mais, dė- Donc, en 1654, quelques mois avant l'entrée de Blaise puis six mois environ, ces mêmes hommes ont de plus Pascal à Port-Royal, son ami le chevalier de Méré, er plus le sentiment que les Etats-Unis ne se suffiseni bel esprit et joueur alors célèbre, mais dont on se rappelle pas à eux-mêmes et que, ayant besoin de l'Europe pour plutôt aujourd'hui les productions littéraires, - lui prolui vendre des produits américains, il leur faut aider posa deux difficultés à résoudre : d'abord, de savoir en financièrement ces acheteurs. qu'on amènera Ceci est un fait d'une importance capitale. Je répète 6 avec un seul dé, ou « sannez » (double 6) avec deux que je me rends compte du travers américain qui con dés, et ensuite de formuler une règle pour partager équisiste à trop promettre : je ne veux pas faire l'avenir tablement les enjeux à un moment donné d'une partie plus beau que je ne le vois. Mais il ne me paraît pas quelconque, entre deux joueurs ayant marqué des nomnon plus entièrement fermé à tout espoir de collabora- | bres de points inégaux, et qui désirent se retirer avant tion financière et économique. En particulier, s'il s'agit d'avoir atteint le nombre de points fixé pour la fin du de grandes affaires privées : nos capitalistes ont peu le jeu (par exemple, 5 points à l'écarté). goût des emprunts d'Etat qui rapportent trop peu La solution de la première question ne fut qu'un jeu, pour leur goût du risque et du gain rapide. Ce que c'est bien le cas de le dire, pour Pascal : il y a avantage l'Américain aime, ce sont des affaires, de vraies affai- à parier qu'on amènera 6 avec un seul dé en 4 coups, et res, solides, productives, vivantes. Sur ce terrain, on désavantage à parier qu'on l'amènera en 3 coups ; avec peut espérer, dans un avenir pas trop lointain, deux dés, il y a avantage à parier qu'on amènera double collaboration non pas gigantesque (nous avons aussi 6 en 25 coups, et désavantage en 24 coups. Le chevalier beaucoup à faire aux Etats-Unis même et dans l'Amé de Méré n'y comprit rien... « Il a un très bon esprit, mais rique du Sud), mais fructueuse pour les Etats-Unis il n'est pas géomètre : c'est, comme vous le savez, un comme pour la France. grand défaut », écrivait, à ce sujet, 'Pascal à Fermat, UN BANQUIER DE BOSTON. avec lequel il correspondait sur la plupart des questions de mathématiques, et qui peut, à juste titre, être consi déré comme partageant avec lui la gloire d'avoir créé le Questions Scientifiques Calcul des probabilités. La deuxième questions posée par le chevalier de Méré comportait une conclusion moins simple, dont je ne puis Les mathématiques et le jeu donner ici un énoncé même succinct. Pascal et Fermat « C'est particulièrement dans les jeux qu'apparaît arrivèrent tous deux au même résultat par des méthodes la faiblesse de l'esprit humain et la pente qu'il a à la entièrement différentes (celle de Fermat peut s'étendre superstition. Rien n'est si ordinaire que de voir des au cas d'un nombre quelconque de joueurs). En partijoueurs attribuer leur malheur aux personnes qui les culier, pour une partie d'écarté jouée en 5 points, si l'un approchent, et à d'autres circonstances qui ne sont pas des adversaires en a marqué 3 et l'autre 2, il est équimoins indifférentes aux événements du jeu. Il y en a quitable qu'ils se partagent les enjeux dans la proportion se font une loi de ne prendre que des cartes qui gagnent de 11 à 5: autrement dit, s'ils ont misé chacun i frang dans la pensée qu'un certain bonheur leur est attaché. le joueur qui a marqué 3 points prendra i fr. 375, et D'autres, au contraire, s'attachent à prendre les cartes celui qui n'a marqué que 2 points n'aura droit qu'à o fr. 625. perdantes, dans l'opinion qu'ayant plusieurs fois perdu, il est moins vraisemblable qu'elles perdront encore, Le jeu ne se trouve pas seulement à l'origine du cal. comme si le passé pouvait décider quelque chose pour cul des probabilités; il a servi aussi à en développer les l'avenir. Il y en a qui affectent certaines places et cer progrès, en fournissant aux mathématiciens un champ tains jours. On en voit qui refusent de mêler les cartes presque illimité d'exercices théoriques et d'épreuves prasi ce n'est dans certaines situations et qui croiraient tiques. Que ce soient Huygens, les Bernoulli, Montmort , perdre infailliblement s'ils s'étaient en cela écartés de Moivre, d'Alembert, Buffon, Condorcet, Laplace, leur règle. Enfin, la plupart cherchent leurs avantages Lagrange, Legendre, Gauss, Ampère, Joseph Bertrand, où ils ne sont pas, ou bien ils les négligent entièrement. » Henri Laurent ou Henri Poincaré, il n'est peut-être pas Cet ironique tableau des superstitions de certains un des auteurs, ayant écrit sur le calcul des probabilités joueurs n'est pas dû à la plume d'un moderne censeur qui n'ait employé le jeu au moins comme outil de dé des moeurs. On pourrait le croire cependant, car tout se monstration. « Pile ou face » et les dés, comme jeux de passe encore, à cet égard, comme il y a deux cents ans, hasard « équitables », les petits chevaux, la roulette, le quand M. de Montmort écrivait son Essay d'analyse 30 et 40, la loterie, comme jeux de hasard « non équisur les jeux de hazard. Ce savant, ex-chanoine de Notre tables, sont ceux qui sont le plus souvent considérés; Dame, membre de l'Académie des Sciences, et dont leur théorie, entièrement approfondie, a donné lieu à le nombre de lois mathématiques, telles didactique sur l'application des mathématiques aux que la loi des écarts et celle des grands nombres. jeux de hasard, « où il découvrait », dit son panégy- Une mention spéciale est due, en passant, à Buffon, riste, « un nouveau monde aux géomètres. Au lieu des qu'on ne s'attendait peut-être pas à voir citer parmi des courbes qui leur sont familières, c'était le Pharaon, la mathématiciens; il est cependant l'auteur d'un « Essai Bassette, le Lansquenet, l'Ombre, le Trictrac, qui parais- d'arithmétique morale », qui renferme la première applisaient sur la scène assujettis au calcul et domptés par cation des probabilités à la géométrie, et dans lequel il l'algèbre. 55 expose comment, en vue de vérifier la loi des écarts Péloge funèbre est un des chefs-d'oeuvre d'esprit de des applications lumineuses et contrôlées par l'expé dans la succession des séries de coups semblables, il cut L'Opinion Régionaliste La compagnie du Rhône pleinement la théorie. Sans doute, nous dit-on, le régionalisme est une Si l'étude des jeux de hasard a été grandement bonne, une excellente chose. Nous ne doutons pas que utile aux mathématiciens, leurs travaux n'ont pas, réci- vous ne puissiez en tirer d'utiles applications au point proquement, profité - beaucoup aux joueurs, mais c'est de vue intellectuel pour ranimer la vie des vieilles prouniquement parce qu'il n'est pire sourd que celui qui vinces et aussi au point de vue économique pour unir ne veut pas entendre. L'indépendance absolue de tous les forces régionales de la production. Le projet Colrat les coups successifs, l'inutilité complète des martinga- simplifierait notre organisation administrative. Mais les, la ruine certaine, en un temps plus ou moins long, comment ferez-vous quand vous aurez à entreprendre de delui qui joue indéfiniment en exposant toute sa for- de grands travaux régionaux ? Dans un budget surtune, même par fraotions excessivement faibles, chargé, où trouverez-vous les sommes d'argent nécesautant de principes d'une rigueur mathématique, mais saires aux vastes cuvres ? Comment vous organiserezdant se soucient fort peu les vrais joueurs. Ce dernier vous, même avec des régions établies, quand vous trouprincipe, de la ruine certaine du joueur à fortune limi- verez devant vous de grands travaux à exécuter, tratée, paraît à première vue en défaut dans le cas d'un vaux dépassant de beaucoup l'aire d'une région ? Comjeu à deux partenaires, puisqu'un seul joueur peut alors ment accorderez-vous les désirs de régions parfois voise ruiner, mais il n'en est pas de même si le jeu est sines, parfois lointaines? vraiment illimité, le gagnant continuant à jouer contre Justement un bel et bon projet permet, loi en mains, d'autres adversaires, car dans ces conditions sa ruine de répondre à ces questions. est certaine au bout d'un temps que l'on peut calculer. Depuis trente ans la nécessité d'aménager le Rhône Si deux joueurs possèdent des fortunes inégales et paraissait précise aux meilleurs esprits. L'Office des jouent à un jeu de hasard équitable jusqu'à ruine de Transports du Sud-Est qui fédère à Lyon les Chambres : l'un d'eux, leurs chances de se ruiner l'un l'autre sont de commerce intéressées, a ouvert jadis un important proportionnelles à leurs fortunes respectives. Si l'un des concours pour l'aménagement du Rhône. Cependant, joueurs représente le public, dont la fortune est prati- depuis des lustřes, on n'arrivait à rien ; l'insuccès venait quement illimitée, la ruine de son adversaire est cer- de ce que la question était étudiée soit d'un point de taine. vue local étroit qui sera toujours l'adversaire du régio« Le seul cas dans lequel la ruine ne soit pas certaine nalisme (le régionalisme est l'ennemi de l'esprit de cloc est celui où le jeu n'est pas équitable. L'avantage, cher). Chaque département voulait tirer le plus possible « quelque petit qu'il soit, fait disparaître la certitude du fleuve mais dans son domaine personnel. On ne « de ruine ; c'est le cas du banquier dans les jeux pu pouvait s'accorder. Les départements riverain's voulaient « blics. Un avantage est, pour lui, juste et nécessaire, le fleuve navigable et des forces électriques. Les dépar( mais il importe de ne pas l'exagérer. » (Edouard -tements assoiffés du Midi (Gard, Vaucluse, Hérault) Ludas, Théorie des nombres.) voulaient de l'irrigation. Paris voulait de l'électricité. (On sait qu'à la roulette l'avantage de la banque est Cela eût pu durer indéfiniment. Ce malheureux esprit de 1/37 ou 2.7 olo. Cet ayantage, à l'ancienne loterie particulier disparut du jour où le régionalisme apparut royale de France allait de 1/6 ou 16,7 olo pour l'« ex avec ses solutions, offrant de faire aménager le Rhône au bénéfice de tous par les régions intéressées. En i trait simple », à 98 olo pour le « quine »). moins de cinq années, le projet fut établi, la loi votée. En ce qui concerne les jeux de cartes, il n'y a guère Voici où nous en sommes : que le baccara qui soit assimilable aux jeux de hasard; Le Rhône sera aménagé au triple point de vue de la dans la plupart des autres, l'influence personnelle des joueurs est prépondérante, et rend les calculs plus diffi- navigabilité, de l'utilisation de ses forces et de l'irri gation. ciles. Un dertain nombre de questions peuvent néanmoins être résolues assez simplement, et en voici quel | du Rhône, société anonyme interrégionale établie sui Le ieuve sera donné en concession à la Compagnie ques exemples: vant la loi du 27 mai 1921. Quelles sont les chances respectives du donneur et de La dépense globale sera de 3.600 millions de francs. son adversaire pour marquer le roi à l'écarté ? Il est Neuf dixièmes du capital versé le seront en obligations. évident, a priori, que les chances du donneur sont plus 360 millions seront représentés par des actions de grandes, puisqu'il peut retoumer le roi. Le calcul mon 1.000 francs souscrites en numéraire et ainsi réparties tre, en effet, qu'il en a 66 sur 248, et son adversaire 35 par quarts : sur 248, autrement dit, leurs chanoes respectives de mar Collectivités et établissements publics de la région : quer le roi sont dans le rapport d'un peu plus de parisienne go millions 13 à 7. Collectivités et établissements autres.. A l'écarté, les cartes étant données et l'atout re Compagnie P.-L.-M. 90 tourné, quelle est la probabilité pour qu'aucun des deux Particuliers 90 joueurs n'ait d'atout dans son jeu ? Il y a exactement 2.584 chances sur 175.305, soit approximativement i sur Soit 360 millions 68, pour qu'il en soit ainsi. De même, au bridge, chaque joueur n'a qu'une chance Ces parts correspondent à d'équitables répartitions. sur 1.828 de n'avoir en main qu'un 9 au plus pour forte La région parisienne recevra 200.000 kilowatts sur les carte dans chaque couleur. Par contre, il a encore moins forces électriques rhodaniennes fixées à 800.000. La de chances de n'avoir que des honneurs en toutes cou Compagnie P.-L.-M. emploiera 200.000 kilowatts pour leurs ; une chance seulement sur 8.191.509. électrifier 2.800 kilomètres de son réseau qui comprend 9.000 kilomètres. Pour le reste, les départements riveMais c'est encore 5 fois plus que dans le cas du rains ou voisins contribueront à l'effort dans la corresa quine » de l'ancienne loterie, où un joueur n'avait qu'une chance sur 43.040.268 de voir sortir ensemble les pondance de leurs besoins. Voici leur tableau : Fr. 25.000.000 5 numéros choisis par lui ! Bouches-du-Rhône 20.000.000 Loire 7.200.000 P. HENDLÉ. 90 Côte-d'Or, Doubs, Gerd, Hérault, Isère; grâce à cet apport magnifique, baisser dans la capitale, Saône-et-Loire, Haute-Saône, Vaucluse, de 50 o/o au moins, l'électricité hydraulique ayant un chacun 3.600.000 prix de revient très inférieur à celui de l'électricité therAin, Ardèche Drôme, Jura, Savoie, mique. Dans six ans, Paris pourra recevoir les forces Haute-Savoie, territoire de Belfort, chacun 1.800.000 du Rhône. La seule station de Génissiat enverra à Paris Les conseils généraux, seules assemblées régionales 130.000 kilowatts, soit plus que la production totale de Paris à cette heure. jusqu'à ce que le projet Colrat aboutisse, demeureront chargés de répartir les parts contributives entre les col- Pour le P.-L.-M., le Rhône va représenter la plus adlectivités de leurs départements, arrondissements, villes, mirable chute d'eau, grâce à lui, le P.-L.-M. électrifiera Chambres de commerce, établissements publics, unions le tiers de son réseau. La Provence et le Languedoc, embrasés, seront irrirégionales agricoles (en attendant les chambres d'agriculture sur le statut desquelles doit revenir une fois en gués. Dans toute la vallée du Rhône, l'industrie recevra core le Parlement), les conseils généraux, d'accord avec du courant électrique à bon compte. ces.collectivités. Mais au point de vue national, quelle grande cuvre Ainsi, ce seront proprement les intéressés qui donne- que celle que ya produire le Rhône renaissant! Richeront le capital d'une entreprise qui réservera ses béné- lieu, sur sa barque, le remonta jadis. Quelles seraient fices auxdits intéressés. Louons le régionalisme d'avoir les pensées du ministre aujourd'hui ? Le Rhône devant réalisé cette belle union nationale; que l'on ne dise plus être aménagé jusqu'à la frontière suisse, c'est un imdésormais que régionalisme équivaut à éparpillement; mense trafic qui va descendre de Genève à Marseille. De bien au contraire, dans un large esprit national, le ré beaucoup plus loin que Genève encore. C'est la convengionalisme aura uni aux régions riveraines et en quelque tion de 1798 entre la France et la Fédération qui s'exé cute enfin. Et tout cela parce que l'on a compris après manière propriétaires du fleuve, le grand coeur parisien. Ce sont les nigauds qui assurent que le régionalisme des années, le principe qu'un ingénieur en chef est le détracteur de Paris; il y a dans le régionalisme, des ponts et chaussées, auteur d'une importante étude et au plus haut degré, une amitié nationale. sur le régionalisme, M. Jean Maitre, industriel à MorLa Compagnie Nationale du Rhône sera administrée sillan, conseiller général du Haut-Rhin, avait posé le par un conseil de 60 membres dont 24 représenteront premier : « L'aménagement du Rhône doit être effectué par ceux qui y ont directement intérêt ». Le voilà le l'Etat et 16 au moins, élus par l'assemblée des actionnaires, représenteront les départements et les communes. miracle du régionalisme : il a assemblé ce qui se débanIl est à peine besoin de dire l'importance d'une telle dait. Dans six mois, les travaux pourraient être comentreprise. Paris, ville lumière, qui cependant ne pro mencés. Dans six ans, Paris recevrait la force électrique et le Rhône retrouverait son utilité et sa vieille gloire. duit ue 105.000 kilowatts en recevra 200.000 de plus. Les tarifs futurs de consommation électrique pourront, MARCEL PROVENCE. Feuillets de la Semaine ses sans LETTRES la littérature à Médan. Je vois qu'il n'en il y a eu trois morts et un retraité parmi les interlocuteurs de 1912 D. Ce titre, que revendiquait Ernest munu Daudet, va-t-il revenir au poète Achille Paysant ? Ce digne vieillard, dont Les droits d'auteur de Mark Twain l'oeuvre est d'une grande pureté, pa- M. A. de Bersaucourt rappelait dans raît-il, et qui pendant quarante ans fut l'Opinion que bien des écrivains célè. encore professeur, il compta Al bres, pour la plupart hommes d'affaires phonse XIII au nombre de ses élèves, médiocres, abandonnèrent leurs droits - vient d'avoir quatre-vingts ans. d'auteurs dans des conditions regrettaQuelques amis, à l'occasion de cet hles pour eux, mais fort avantageuses anniversaire, ont voulu lui rendre un pour ceux à qui ils les cédèrent. public hommage. M. E. Prévost lui a Le célèbre humoriste américain, consacré aussi un article dans lequel il Mark Twain ne fut pas, sa vie dunous révèle les qualités de l'auteur de rant, un habile commerçant et Vers Dieu et En famille, et nous ra- doute serait-il venu s'ajouter aux exemconte la vie édifiante de cet honnête ples cités par M. A. de Bersaucourt si homme de lettres. un de ses amis, H. H. Rogers, vice innum président d'une d'une grande compagnie d'huile, ne lui avait dit jour : Mark, désormais, vous écrirez et L'humoriste eut le bon esprit d'acJelis dans l'Opinion de ce cepter, aussi ses héritiers, aujourd'hui, jour, page 411 : Pour la première touchent-ils encore des droits d'auteurs fois la cérémonie annuelle de Médan considérables. s'est dépouillée de son caractère politi mu que... D. Ce n'est pas tout à fait exact : Sous la Coupole c'est pour la seconde fois, car en 1913, sir j'ai bonne mémoire, le discours de M. Barthou désirait vivement être M. Emest-Charles n'avait rien de po-chargé par l'Académie de recevoir M. litique, et il avait été entendur en- Bédier. Certains de ses confrères ne tre M. P. Hyacinthe Loison et moi, partageaient pas ce désir. Il finit pouraprès avis conforme d'Octave Mirbeau tant par triompher grâce à l'appui de et de Dumoulin, qu'à l'avenir la « po M, Paul Bourget et de quelques autres lique serait réservée au Parlement et amis. Voici comment cela se passa. Quand M. Frédéric Masson eut don. né lecture à la Compagnie de la lettre par laquelle M. Boutroux renonçait à recevoir le successeur d'Edmond R:3stand, on demanda qu'il fût aussitôt pourvu à son remplacement, afin que la réception pût avoir lieu avant la fin de l'année. Aussitôt, Aussitôt, M. Ribot proposa M. Barthou, tout indiqué par ses relations personnelles avec la famille Rostand. M. Bourget appuya cette propo: sition. Et M. Barthou assura confrères de sa bonne volonté. Mais quelq'un mit le holà, en rappelant que si, Rostand avait à l'Acadé mis un ami en la personne de M. Barthou, M. Bédier lui-même, y, avait un cousin, absent ce jour-là, à la vérité. mais plus ancien de neuf ans que M. Barthou, et que M. Bédier aurait grand plaisir a être reçu par ce parent, l'un des plus ardents patrons de sa candid'ature. Aussitôt M. Barthou de s'effacer. Et le secrétaire perpétuel de é clarer qu'il sera toujours temps de s'adresser à M. Barthou si M. Marcel Prévost décline la proposition. A ce mot, M. Barthou faillit se fa. cher, le débat s'aigrit ; et, pour terminer, M. Henri de Régnier fit voter l'Académie. Sous l'ail sévère du minis tre de la guerre, les habits verts se souvinrent qu'ils étaient gens d'épée, et votèrent pour M. Barthou. Les méchantes langues de la Compagnie disent que M. Marcel Prévost était absent ce jour-là, parce que pré 441 umi poésie "assez apre et que seul le burin 90 De grande taille, il a été découvert La salle Gustave Doré On vient de l'ouvrir, dans le chateau des Rohan, présentement Musée des Beaux-Arts, à Strasbourg 'où ra. quit, en 1832, Gustave Doré. Ce fut un bien grand maître dont il se pour. rait qu'on n'eût pas encore apprécié pleinement la verve et l'ampleur. ]] n'est pas indifférent de savoir qu'il vint au monde en ce pays rhénan où Lucas de Leyde et Martin Schongauer avaient eu leurs plus long's succès populaires. Son art est leur superbe descendant. Qu'il ait montré Gargantua chevauchant dans les grasses planes tourangelles ou l'héroïque don Quichotte se profilant sur les horizons désolés de la Manche, il joignit toujours à la très intelligente compréhension du texte quelque chose de mystérieux qui précisément est le parfum de l'histoire. Seul, Vierge atteignit parfois son niveau. Les peintures de Gustave Doré sont rares. Il y aura là plusieurs panneaux qu'il fit pour l'éditeur Philippon, un portrait de l'artiste par lui-même, un carnet d'esquisses griffonnées quand il n'avait pas dix ans. Doré fut sculpteur aussi ; de lui sont les trois personnages ornant le socle de la statue de Dumas père, place Malesherbes ; on ne le sait pas assez. plus définitives, car ainsi que disait je ÉCONOMIQUE venu de la démission de M. Boutroux, une salle de spectacle populaire pour il ne voulait pas être présent quand ses quatre cents personnes. L'exemple vaut amis prononceraient son nom. qu'on le cite, bien haut. Moralité : les absents ont toujours tort. ROBERT REY. mimi ARTS Le cercueil d'Attila Des archéologues viennent de mettre grie, au cours de fouilles, un cercueil Est-il suffisamment sinistre, d'une qu'ils d'un Heyman ou d'un Brangwin devait dans le lit de la rivière Aranko. Or, on célébrer, ce triangle pelé de banlieue que sait que la tradition veut que le chef traverse la Seine en quittant Paris. Il des Huns, après avoir été déposé dans est noir de suie, tonnant et sifflant, hé un triple cercueil ait été enseveli dans Tissé de cheminées d'usine. une rivière. Dans ces lieux p'un modernisme as La découverte à cet endroit, de masez dantesque vient d'éclore la plus jo gnifiques vases d'or datant de cette pélie peut-être et la plus fraîche des au riode, semble confirmer l'identification Ures artistiques populaires qu'on ait vue que l'on fait de ce cercueil avec celui depuis longtemps, je veux parlar de d'Attila. la Cité Jardin d'Epinay. Elle groupe une série de maisonnettes de même plan mais d'aspect yen Cartons timent varié. Elles sont deux cents ou presque, des jardins les entourent et des Il fut un temps dans les environs de fleurs les habillent. 1900 où l'on voulut tout mettre en ta. Les magasins, les pouponnières s'cn pisserie. L'exemple le plus typique est chassent à leur place logique et prévue pastels d'Odilon Redon et qu'on vit, il ce mobilier dont le sujet fut pris à des dans cette Icarie réalisée, et le ceritre est consacré aux jeux qu'abrite une y a deux ans chez Barbazanges. On en amusante salle de récréation. Elle, c01 revient. Il ne faut point faire tout de porte une scène pour la comédie, !12 musique et le cinéma. Georges Vaudoyer, ne sais plus quel personnage de Labiche l'architecte de la cité tout entière la wulut simple et claire et c'est Drésa a Ça fait perdre du temps ». Ce n'est qui sut l'orner de motifs clairs, de pa pas en vain que les grands faiseurs de cartons du XVIIe et du début du XVIII niers à fruits où les trouvailles de notre a Louis XVI » s'expriment en un style siècle avaient adopté cette manière très écrite, très linéaire, canevas graphique gaiment actuel ; ce qui prouve une fois sur lequel l'artisan pouvait s'appuyer. On l'a compris à Beauvais où l'une des concurrents pour le prix de « modèles de tapisse doit fournir une composition le prochain numéro d'Art et Décora. a simple et sobre, d'un dessin net, , tion illustrent le bel article où René d'une coloration fraîche D.. Nous somChavance décrit cet aimable phalans mes en bonne voie. On en verra bientôt tère donnent une idée de son détail. les résultats au Pavillon de Marsan où Mais il mérite qu'on le voie ; bien des les envois devront être déposés. expositions ne valent pas autant qu'on s'y presse, et l'ombre de Paul de Kock vous convie à faire la route d'Epinay. La bibliothèque de l'Abbaye Comme on a raison de ne jamais d'é du Mont Saint-Michel Ses pérer ? Tâchons un instant de nous représenter, pour en frémir, ce qu'eût C'est le Journal de Rouen qui signale été voici vingt ans la réalisation d'un cette précieuse idée, réalisée par M. tel projet. Voyez-vous les allégories Paul Goût, l'architecte en chef de l'abplâtreuses dont cette salle des fêtes po baye du mont Saint-Michel, d'organipulaire Oh ! les salles des fêtes de ser dans l'ancienne salle de justice une nos Inairies datées 1880 / se fût bibliothèque entièrement consacrée à la chargée ! Voyez vous tous les « Le Tra- Sainte-Montagne. Là, séparé du nouvail o, buste nu, en tablier de cuir, la tonnement des touristes, le curieux fermain sur le marteau et le marteau sur vent pourra se recueillir. Les documents, l'enclume dont elles se seraient aggra ra- les plans authentiques lui permettront vées ; et toutes les « l'Industrie o gia- d'évoquer le prestigieux rocher à traves et régénératrices, avec des palmes et vers ses âges ; depuis le neuvième sièdes cornes d'abondance dans leurs gros cle, où vint sauter dans les cailloux, bras ! Comme on devine que c'est fini toute basse et fouettée des vents, la rece temps d'éloquence navrante. tite basilique carolingienne jusqu'à Tout, dans la Cité-Jardin d'Epinay l'instant où la flèche de Guillaume d'Estout et surtout les appareils d'éclairage touteville va s'élever du roc et de la électrique de Bagues, clochettes pen- mer immense, vers les nuées. Il y a, dant à des branches, constituent d'ave- paraît-il, dans cette bibliothèque des vinantes trouvailles. trines où sommeillent des sandales, des Elles ont dû coûter cher ? Je vous le sceaux, des crosses, des anneaux, voire donne en mille ou mieux en 16.500. C'est le prix auquel on peut avec du goût, de la logique et du sens pratique, savants et comme décorer, meublet, agencer aujourd'hui voit dans Villiers-de-l'Isle-Adam ! aux rie Les mesures protectionnistes en Angleterre Voici la citadelle du libre-échange passée définitivement au protectionnisme. La loi de sauvegarde des industries, conçue dans la douleur par une Chambre des communes obsédée par le chômage et les difficultés économiques, est entrée en vigueur le jer octobre. La première partie de la loi, destinée à protéger les « industries-clef ), impose un droit de 33 olo ad valorem sur certaines marchandises, dont la liste doit être publiée de temps en temps, par le Board of Trade. En principe, il y a une douzaine d'industries essentielles ; en pratique, on y a fait entrer des centaines d'industries très diverses, comme celles des manchons à gaz et des jumelles de théâtre. On protège qui veut, pour le plaisir, au petit bonheur. La seconde partie de la loi soumet à la même taxe de 33 o/o les produits vendus en Angleterre au-dessous du prix de revient anglais. D'autre part, les marchandises provenant de pays à change déprécié de plus de 33 1/2 olo par rapport à la monnaie anglaise sont également soumises à ce droit, mais seulement si les industriels, qui se croient lésés par le dumping que favorise un change bas déposent une plainte, et si cette plainte est jugée fondée par une commission spéciale. Or, la atteint surtout la France, et aussi l'Allemagne, l'Autriche et la Russie : car vingt-six rays à change plus ou moins déprécié ont avec l'Angleterre des traités de commerce qui leur permettent d'échapper à l'application intégrale de la loi. Nous voilà soumis à des mesures d'exception de la part de nos alliés, il faut souhaiter jouent mesure d'études pour un de ces jeunes hommes l'a nerveux on en qu'elles ne |