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nons qu'elle a tué pour en avoir la

preuve

le traître mes » sont restés fidèles, même de loin, à leur ville Zakharine. Véra rompra donc avec Julien pour re- natale. Certes un Poussin vu des Andelys, un Stendhal joindre en Sibérie un homme qu'elle admire profondé- vu de Grenoble, un Hugo vu de Besançon ne nous ap

, ment et qu'elle aimait sans se l'avouer, les oiseaux de prendraient pas grand chose ; pour connaître ceux-ci, passage quitteront le calme foyer qui les avait retenus il faut les suivre. Mais on imagine très bien un Consun instant et Julien sans doute épousera sa cousine. tant vu des bords du lac Léman, un Rude vu de Dijon,

La pièce est pleine de répliques ravissantes, le dia- un Cézanne vu d'Aix-en-Provence. Pour faire un bon logue est spirituel, le sujet intéressant. C'est une excel- portrait, il suffit de placer en bonne lumière quelques lente reprise que celle-ci.

accents justes ; une description détaillée n'est souvent Les acteurs sans être remarquables sont suffisants; pas plus vivante que le « signalement » qui figure sur M. Jean Coquelin est parfait dans le rôle de Grigoriew. les passeports et les permis. Pourquoi, puisque l'action se passe en 1881, les femmes sont-elles vêtues à la mode de 1904? Est-ce pour nous

X: apprendre que leur ceinture est descendue prodigieuse

C'est d'ailleurs probablement parce qu'elle est trop ment depuis cette époque où elles la plaçaient d'ail

détaillée que la « vue » de Valenciennes, placée par M. leurs beaucoup trop haut? Et ne sauront-elles jamais l'attacher si solidement, qu'étant à la bonne place, elle

de Poncheville au début de son livre, ne nous touche

guère. Mais, après. ce frontispice, voici le maçon Joseph y reste?

CLAUDE ISAMBERT.

Carpeaux qui épouse Adèle Wragny, « marchande » (c'est-à-dire dentellière). Voici la maison où, à l'aube, le 27 mai 1827, naît le petit Jean-Baptiste. On voit

ensuite Carpeaux enfant courant derrière les masques, Les Arts

escortant Binbin, fils de Goyant, et les sauvages Incas.

Puis il entre chez les Frères de la rue des Ursulines. Valenciennes et Carpeaux

« C'était un petit bonhomme ; on l'appelait crapaud

pour s'amuser. . » Quand il retourne le soir chez lui, il M. André Mabille de Poncheville a publié récemment y trouve la pauvreté

, le froid. Il a sept frères et soeurs

. un ouvrage (très bien présenté, très bien illustré) qui Pour les réchauffer, la mère achetait une friandise d'un inaugure, sauf erreur, un genre nouveau de biographie sou et la promettait à celui qui ferait le plus vite en critique. (1).

courant le tour des cinq remparts. Ensuite, Jean-BapCe livre est consacré à Carpeaux. Mais M. de Ponche- tiste entre chez un « plafonneur » et modèle dans le ville s'intéresse à Carpeaux seulement parce que Car- plâtres des petits Jésus que l'on plaçait sur les gâteaux peaux est l'enfant de Valenciennes. Comment Valen- de Noël.. Puis il suit des cours d'architecte à l'Académie ciennes à servi, aidé Carpeaux ; comment Carpeaux a

locale. Il fait sa première communion dans l'église illustré, honoré sa ville, voilà ce qu'on nous raconte ici. Saint-Géry, devant une admirable Lapidation de SaintSi, d'un pareil point de vue, bien des aspects du talent

Etienne de Rubens (tableau devant lequel Watteau de Carpeaux restent dans l'ombre, si certains épisodes enfant est peut-être venu s'agenouiller aussi). de sa vie sont passés sous silence ou esquivés, M. de Peu après tous les Carpeaux se transportent à Paris, Poncheville s'en console, et le lecteur avec lui, qui sait Obscures années de misère. Mais, à Paris, c'est par un qu'il trouvera ailleurs tout ce que ce livre ignore ou Valenciennois nommé Liet que Carpeaux est accueilli. néglige à dessein.

Ce Liet semble avoir été l'un de ces « animateurs » que Le travail de M. de Poncheville est composé comme l'on trouve parfois près des génies enfants. Liet meurt un roman où le personnage principal sombre parfois tout jeune, transmettant sa famme au futur sculpteur. pendant plusieurs années, pour reparaître sans que nous En attendant, pour vivre, Jean-Baptiste (on l'appelle sachions expressément ce qu'il a fait pendant cette dis- alors Jules) se fait porteur aux Halles-;, il vend à un parition, ni ce qu'il est devenu.

fabricant de porcelaines, pour quinze francs et deux M. de Poncheville, non content d'être le compatriote pains' de huit livres, deux modèles de vases. Il a un de Carpeaux, parvient à se faire aussi son contemporain.

oncle, un certain Henri Lemaire, oublié aujourd'hui Mais tandis que Carpeaux est à Rome, à Paris, M. de

(peut-être injustement) qui est alors célèbre, et qui est Poncheville ne quitte pas Valenciennes ; il ne nous

l'auteur des figures qui décorent le fronton de la Madelaisse savoir, de la vie de Carpeaux, que ce que les

leine. Par Lemaire, à 17 ans, Carpeaux entre à l'Ecole Valenciennois en ont su. Ainsi traité, le livre acquiert des Beaux-Arts, et là, le futur auteur de la scandaleuse un relief inattendu, un pittoresque singulier. Néanmoins,

Danse de l'Opéra fait sagement et opiniâtrement tout ce pittoresque n'est pas de la fantaisie. M. de Ponche- ce qu'il faut faire pour obtenir le prix de Rome ville travaille sur des documents. S'il aime Valencien- A Valenciennes, le moindre succès d'école obtenu par nes, il la connaît autant qu'il l'aime Par lui, nous

Carpeaux est un véritable événement. L'Echo de la voyons la ville où Carpeaux est né, la ville où il a frontière, organe de la « Société des Enfants du Nord », grandi ; nous écoutons ses amis ; nous assistons aux

raconte que, « au premier concours trimestriel, le jeune séances du Conseil municipal, quand le Maire annonce

Car peau a été reçu le premier »). Carpeaux a une penque le jeune Carpeaux est monté en loge, puis, plus

sion de la ville, une pension du département ; des Métard, quand le Conseil discute le sort d'un monument

cènes locaux l'aident pécuniairement... à Watteau que Carpcaux veut offrir à sa cité ; enfin, Il n'est pas question de suivre ici Carpeaux de mois sous les frimas de novembre, nous conduisons Carpeaux en mois, d'espoirs en déboires, concourant pour Rome, au cimetière, derrière l'avocat Foucart, l'architecte Du- échouant à plusieurs reprises, réussissant enfin. Nous touquet et le peintre Chérier, ses vieux amis. En fer- voudrions seulement détacher du soigneux, minutieux mant ce livre, nous connaissons certes mieux Valencien récit de M. de Poncheville, une ou deux silhouettes de nes que le touriste qui s'y est promené toute une jour- Carpeaux étudiant. née, en passant, en étranger.

Nous montrerons les débuts dans le monde de ce fils peut souhaiter que de pareils ouvrages se multi

de maçon qui, plus tard, devait être le commensal de plient. Comme Carpeaux, beaucoup de « grands hom- la princesse Mathilde et l'habitué des Tuileries. Ila vingt

trois ans quand il écrit les lignes suivantes à son ami (1) Carpeaux inconnu, ou la tradition recueillie, par André

Chérier : « ... J'ai reçu aussi une invitation de M. DelMabille de Poncheville. (Librairie Van Est et Cie.)

sart, sténographe, pour assister à un soirée qu'il donnait

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On

433*

Il y

sa ville.

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Cela ne me fit pas de déplaisir, car j'étais costumé de fond ; et l'on pourrait citer des figures, des groupes de manière à pouvoir figurer dans un salon. Figure-toi, Carpeaux qui ne cachent pas tout à fait certains ponmon vieux, combien le hasard m'a favorisé ! Je me suis cifs, certains trucs d'école. La partie la plus durable adressé à mon concierge pour savoir où je pourrais me de son cuvre est probablement cette série de bustes procurer un costume. Aussitôt, il m'offrit ses habits de dignes de Bernin parfois, ou de Houdon, parmi lesquels noces qui lui ont servi il y a un an ; aussi, mon cher, le plus parfait est peut-être celui de Mlle Fiocre, l'un si tu m'avais vu, tu ne m'aurais pas reconnu : habit des plus beaux bustes de femme qui soient. noir qui prenait une fine taille, pantalon qui recouvrait gracieusement mes souliers vernis, sur lesquels j'avais

x passé trois couches de vernis breveté, gilet blanc de piqué, cravate blanche d'une soie superfine, gants blancs

Après l'Ugolin, M. de Poncheville abandonne Carpremier numéro, chemise et col bien ajustés... Avec cela, peaux à ses succès parisiens. Avec les habitants de j'ai pris ma tournure des dimanches, marchant sur la Valenciennes, il ignore à peu près tout de la Danse, de pointe des pieds et le chapeau sur la hanche, en faisant

la Flore, de la vie brillante et mondaine de celui qui le trajet de chez moi à l'Institut ; j'étais honteux des

est devenu le sculpteur officiel du second Empire. Ce qui regards des passants, je donnais le bras à un camarade intéresse Valenciennes, c'est la décoration que Carqui en était tout ébaubi. » Et le voici au bal : «

peaux fait pour son hôtel de ville (morceau, avouons-le, avait aussi, dans cette réunion, de jeunes élèves de

assez banal et qui, comme la plupart des auvres conSaint-Denis avec lesquelles j'ai été forcé de danser ; je

çues par Carpeaux pour un monument, n'a rien de dis forcé parce que je n'osais me faire remarquer. Tu

monumental) ; c'est aussi la statue de Watteau, laquelle connais mes entrechats : il fallait dissimuler ; dans les

ne fut érigée qu'après la mort du sculpteur, et tout ausalons, on ne lève pas la jambe... »

trement que celui-ci l'avait rêvé. En 1854, Carpeaux est enfin grand prix de Rome, et

Pourtant, si Valenciennes semble alors oublier un peu le dimanche 24 octobre, sa ville natale le reçoit comme

Carpeaux, Carpeaux, de son côté, bien qu'il n'écrive un triomphateur. A la gare l'attendent le conseil d'aca- plus guère à ses amis de province, n'est pas ingrat pour démie, la musique municipale et des élèves agitant de

Il envoie au musée le buste de la princesse petits drapeaux. Fendant la foule, le cortège gagne

Mathilde et la charmante statue du prince impérial

. A l'Hôtel de Ville. Le maire fait un discours : " Honneur dessins du petit prince lui-même, dont il était, comme

cette statue, Carpeaux joint, en gentil courtisan, deux et merci à vous, Carpeaux, qui avez si bien justifié les encouragements du département du Nord et de votre

on sait, le professeur. Mais sur Carpeaux pendant la ville natale, etc... »). Puis, les vins d'honneur. Mais Car- guerre de 70, mais sur le mariage malheureux de Carpeaux garde obstinément relevé le col de son pardessus.

peaux, rien, ou à peu près rien. Carpeaux n'épouse pas Il se penche vers une vieille amie : « Je voudrais bien

une compatriote : M. de Poncheville, fidèle à son promettre une chemise, explique-t-il embarrassé, je ne sais

gramme, reste donc à Valenciennes, qu'il ne quittera comment cela se fait, je n'en ai plus trouvé au moment

que pour assister Carpeaux lorsque, après la défaite, de partir, » Il va mettre une chemise et se rend ensuite

celui-ci sera malade et malheureux. au banquet de l'Hôtel du Commerce. Après le banquet,

Avec les chapitres qui traitent de la jeunesse de Carle feu d'artifice : Carpeaux lit son nom en lettres de feu

peaux, ceux où M. de Poncheville nous raconte sa mort,

sont les meilleurs du livre. sur le ciel. Cette nuit-là, les cafés ont licence de fermer

Atteint d'un cancer, condamné, Carpeaux supporte plus tard que de coutume. Quand Carpeaux rentre chez

pendant des mois des souffrances intolérables. Sur lui, il voit qu'en son honneur on chante, on boit par

l'initiative de Mme Achille Fould, le prince Stirbey tout. Voilà comment Valenciennes recevait au siècle der

offre au sculpteur l'hospitalité dans sa villa de Nice. nier l'un de ses enfants parce qu'il venait d'obtenir le Prix de Rome.

Carpeaux y va. Là-bas, il est seul avec un praticien à

lui, le dévoué Bernard, lequel écrit à Mme Fould des A la villa Médicis, Carpeaux n'oublie pas Valencien- lettres déchirantes de simplicité, et que nous voudrions nes. Il y a laissé son coeur. Il aime la fille du maire, pouvoir citer. Carpeaux va mourir, et il le sait. Il rentre. Mlle Elise Bracq. Sa déclaration est curieuse et jolie. Vagabond sans logis, c'est encore le prince Stirbey Après un an de séjour romain, il fait don à sa ville na

qui le recueille. Le voici dans le Casino Orsini, à Bécon, tale du plâtre original de l'Enfant à la coquille (son

sur une terrasse qui domine la Seine. Là, des Valencienpremier envoi). Etant en congé à Valenciennes, il court nois fidèles viennent le visiter. Quelques jours avant sa

. au musée et, avec un clou, grave siir le plâtre ces mots : mort, il dit à deux amies d'enfance, dont l'une, comme « dédié à Mlle Elise B. ». Une heure après toute la ville

Elise Bracq, a presque été sa fiancée, : « Ah ! Hermiconnaît l'histoire, jase, et M. le maire est très ennuyé. nie ! Ah: 1 Félicie, le bonheur n'est pas là... J'aurais Moins d'un an après, à Rome, Carpeaux apprend par été si heureux chez nous ! » On devine que M. de Ponhasard que la jeune Elise s'est mariée. Mais, à ce cheville a dû être sentimentalement content d'écouter moment, il achève l'Ugolin ; puérilement orgueilleux du

par l'imagination son compatriote mourant avouer ce succès de ce groupe ( qui nous semble aujourd'hui bien suprême regret. emphatique, très inférieur à la Danse, à la Flore, aux ,

Carpeaux mort, la ville de Valenciennes et la veuve merveilleux bustes), Carpeaux se console vite de sa dé

du sculpteur se disputent son corps. Mais la ville l'emconvenue sentimentale T'étais destiné à dire d'un

porte ; elle fait à son enfant des funérailles magnifiseul coup, écrit-il ,

sans hésiter,
hésiter

, ce qu'une époque ques. M. de Poncheville nous en donne une pieuse relan'exprime pas dans un siècle... >>

tion. Il nous montre la ville sous la neige, toute parseLe livre de M. de Poncheville nous montre bien Car- mée de portiques funèbres ; il nous montre le cimetière peaux jeune, bourru, fantasque, ivre de son adresse et

hors les murs, et la tombe près de laquelle s'étendra de ses dons, un peu fruste, un peu arriviste, un peu plus tard le champ d'orties où le père de Carpeaux, le

, « m'as-tu vu », et ne se dépouillant que lentement de vieux maçon sera enterré. Enfin, il énumère les discours sa vulgarité native. Carpeaux n'est pas de la grande prononcés ce jour-là par les officiels, par les amis. L'un race des sculpteurs-poètes. C'est un prodigieux ouvrier, des orateurs cita le fragment d'une lettre écrite par sans égal lorsqu'il s'agit de rendre le mouvement et le Carpeaux peu de temps avant sa mort. « ... Je vous le frémissement de la vie. A beaucoup d'égards on peut le dis les larmes aux yeux, je suis privé de tous comparer à Courbet. Le réalisme de Carpeaux, comme

; mes ciseaux celui de Courbet, est souvent plus apparent que pro

sont brisés avec ma vie. Il ne me reste plus que le sou

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mes

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comme :

venir de cette bonne et tendre ville de Valenciennes. » grâce généreuse qui nous enchantaient tout. Grand, bien Cette dernière phrase seule ne justifie-t-elle pas le tra- découplé, s'il avait adopté cette longue redingote vervail si attachant, si émouvant de M. de Poncheville ? dâtre dont s'est parfois divertie la légende, c'est que

ce vêtement lui rappelait la tunique ou plutôt la capote JEAN-LOUIS VAUDOYER.

de ce métier de soldat qu'il n'aurait pas voulu quitter. Lorsque, debout, dissertant au milieu d'un groupe, il

bombait à son insu sa robuste poitrine et s'appuyait sur Mémoires & Documents

sa canne, Deloncle nous disait en riant :

Déroulède pose déjà pour sa statue.
Paul Déroulede

Et-Déroulède, montrant ses dents blanches sous sa

moustache blonde, riait avec une gaieté d'enfant. J'ai lu sur lui de très jolies phrases, mais qui peuvent Pendant deux mois, le concours reçut une énorme af. aussi bien s'appliquer à d'autres grands morts, et qui fuence de curieux et de tireurs. Nous eûmes des fêtes ne me satisfont point du tout, moi qui fus l'un des magnifiques, des concerts, des déploiements de cortèges témoins de la plus heureuse période de sa vie d'enthou- disciplinés de jeunes gens qui savaient manier le fusil, siasmes, d'espoirs, toujours déçus et toujours renouvelés. de vétérans qui avaient fait la guerre. Dans cet admiPendant dix mois, je lui ai servi de secrétaire : je l'ai rable décor du bois de Vincennes, parmi le frémisseconnu dans la familiarité de ses gestes, dans l'intimité. ment des arbres sous le soleil, en août et septembre, la de son coeur de patriote. Au moment où l'on va inau- fusillade crépitait du matin au soir, le long des buttes gurer sa statue, je veux dire mon souvenir, non de militaires. l'homme politique, mais simplement de l'homme, le plus Dès le matin, je dépouillais le courrier. Une fois, dans exquis et le plus brave. C'est en 1882 que j'eus l'honneur ma hâte, j'ouvris par mégarde une lettre qui aurait da de le voir pour la première fois. Oh! par accident. Voici porter la mention personnelle. Je m'aperçus tout de

suite qu'elle n'intéressait que Déroulède, et la repliant D'abord, en ce temps-là, Déroulède ne s'intéressait pas sous son enveloppe, je la posai bien en évidence sur sa du tout à la politique. Ce qu'il admirait, aimait en table. Il arriva, selon son habitude, avant midi. Il ne Gambetta, c'était le chef de la Défense nationale. On s'était pas assis qu'il avait remarqué que l'enveloppe, vivait encore dans la fumée de l'Année terrible, et tous dont il connaissait seul l'écriture, était ouverte. Alors, les partis s'unissaient dans la préparation de la revanche d'une voix courroucée, il s'écria : du Droit contre la Force. La Ligue des Patriotes, que Qui a touché à cette lettre? Déroulède avait fondée, et que, depuis la mort d'Henri C'est moi, lui dis-je. Martin, présidait Anatole de La Forge, le glorieux Vous ?... Bien ! défenseur de Châteaudun, avait organisé sur le champ Je n'ai pas besoin d'ajouter que je ne l'ai pas lue de mancuvres de Vincennes un concours de tir, auquel

C'est bon, mon ami, me fit-il avec un geste d'ainé participerent toutes les Sociétés de France et des colo

soucieux de rassurer ma susceptibilité tremblante. nies. L'administration de ce concours exigeait un grand

Le concours amassa beaucoup d'argent. Hélas!. les nombre d'employés. Sur la présentation de mon vieil frais étaient immenses. Déroulède combla de sa fortune ami, Henri Deloncle, le directeur de cette administration

le déficit, 72.000 francs. Malgré les objurgations des m'accueillit. Deloncle ne me recommanda point d'une Ligueurs, il ne consentit jamais à être remboursé, , façon particulière à ses collègues de la Ligue, tous

La Ligue siégeait alors au 22 de la rue Saint-ATdévoués avec le désintéressement le plus absolu à leur gustin, au fond de la cour, dans un rez-de-chaussée. Làm ouvre française : Sansboeuf, aujourd'hui président des j'ai vu souvent Anatole de La Forge, Pierre Richard, Vétérans, Alsacien de Guebwiller, qui avait dressé les

Maurice Spronck, Joseph Reinach, mon ami Alfred plans architecturaux du concours et en avait surveillé Ernst, un polytechnicien issu de l'Alsace, qui à propos la construction (stands, tentes, guichets) ; Lermusiaux,

de tout écrivait une prose si limpide et ensoleillée, et qui tenait en sa main solide les liens de toutes les So- qui, le plus clairvoyant des promoteurs de l'ouvre de ciétés ; Armand Goupil, directeur du Drapeau, et secré- Wagner, en a donné des traductions jouées maintenant taire de Félix Faure, alors député ; Henri Deloncle qui, à l'Opéra. A l'extrémité d'une enfilade de bureaux se par la parole- et par la plume, entretenait sur tous les

trouvait, sur une seconde cour, le très petit cabinet de points du territoire la propagande de la Ligue. Déroulède. Auprès de sa table j'avais la mienne, sor Dès les premiers jours — - je le note sans aucune vanité, laquelle, en me dictant ses instructions, 11 outre, car il

me transmetbien entendu j'eus le privilège d'être distingué dans tait le courrier. C'est là que de temps à autre, car il mon travail par Déroulède. Car il n'était pas le don n'aimait pas beaucoup écrire, je l'ai vu suant sang et Quichotte que, sur les apparences de sa haute taille eau pour la rédaction d'une simple lettre. Cet homme, toujours active, si docile aux fortes émotions de son dont la parole facile roulait avec la précipitation d'un ame, on a fréquemment supposé. Il savait observer les torrent, avait besoin, comme un prêcheur des croisades, hommes. Si parfois, dans så bonté trop prodigue, il du recueillement et de la foi d'un peuple attentif, pour eut le tort de se fier à quelques-uns de ceux qui se ser- être vraiment lui-même, tout vibrant d'éloquence. Quand vaient de sa popularité, il savait apprécier le mérite de on allait jeter sa lettre à la poste, il nous de indait ses collaborateurs, même les plus humbles. Donc, il avec anxiété s'il avait bien dit tout le nécessaire, rien m'assigna auprès de lui, sous la tente de la Ligue, où que le nécessaire. Je possède de lui des feuillets raturés, il n'avait guère le loisir de s'asseoir, une petite table meurtris de corrections et de hachures : son écriture viode secrétaire. Et, chargé de suffire à sa correspondance lente, fine, nous n'étions que quelques-uns à pouvoir la volumineuse, je devins son ami. Provincial timide, je déchiffrer: me fis un orgueil de déjeuner chaque jour, avec l'état- Il dépensait discrètement sa générosité. Parfois, pour major du concours, sous la vaste tente du buffet, déco- le bonheur de nous réunir autour de lui, il nous amenait Tée de fleurs et de drapeaux. Là, on bavardait beaucoup dans un restaurant du voisinage, chez Grossetête, ou on riait souvent. Déroulède n'était pas le fanatique qui très loin, au buffet de la gare de Lyon. C'était de préfé déborde de haine plus que d'amour. De bonne humeur, rence le soir. S'il apercevait sur notre passage un pauvre au contraire, aimant la vie et la beauté, provoquant la honteux, se dissimulant dans une encoignure, il allait à controverse pour le plaisir de croiser avec ses camarades lui d'un pas furtif, et de sous sa redingote il retirait sa le fer de l'idée, il rayonnait d'une jeunesse virile, d'une bourse aux mailles d'argent, pour offrir bien vite, en

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X

demandant presque pardon au pauvre, une pièce d'or. La Vie Economique
Il entendait qu'on ne le félicitât jamais de ses actes de
charité, qu'il considérait comme un devoir très doux.
Il ne souffrait pas davantage qu'on s'étonnât de sa

La stagnation économique
courtoisie élégante. Un jour, ayant lu un article d'Ernest
Legouvé, qui citait Paul Déroulède comme un exemple

La crise économique subit quelque relâche. Les achats d'urbanité spirituelle et radieuse, je lui montrai le

sont en reprise. 'Est-ce la détente définitive ? L'on s'injournal

terroge de toutes parts. Certains journaux recueillent

les avis motivés des personnalités les plus autorisées, Je sais, me répondit-il

. Ça n'a pas d'importance. Un jour, nous eûmes à la Ligue une heure de fièvre

la plupart empreints d'une extrême réserve, où perce contente. Rochefort, à propos de je ne sais quoi, avait

l'espoir plutôt que n'apparaissent les raisons décisives. attaqué Déroulède. Celui-ci répliqua aussitôt, avec sa

Les publications spéciales, comme la journée indusvaillance de loyal soldat. Nous escomptâmes pour le

trielle, mettent les intéressés en garde contre une conlendemain une demande de réparation par les armes.

fiance trop vive, qui provoquerait un mouvement brusque Le soir, Déroulède partit pour sa propriété de Poissy, perspectives apparaissent ?

et funeste de spéculation. Que faut-il penser ? Quelles

, afin de se remettre quelques instants, du moins je le crois, au maniement de l'épée et du pistolet. Je me

Les opinions qui se font jour en ces sortes de queschargeai volontiers, sur le désir de mes camarades, de

tions sont à l'ordinaire inspirées de la vue de faits

immédiats. Le commerçant ne lui apporter le lendemain, à la première heure, les jour

connait qu'une chose.

Vend-on ou ne vend-on pas? Et si l'on ne vend naux de Paris. Préoccupé par le souci de ne pas man

pas,

il

constate que la crise sévit, et si l'on vend, il se croit hors quer au devoir, je ne dormis guère. C'était novembre. Il pleuvotait. Le jour s'éveillait avec un visage grin

d'affaire. Sa préoccupation en effet, non plus que celle cheux, sous un lourd vêtement de brumes. Aux kiosques

du commun des producteurs, ne va pas au delà de ce de la gare Saint-Lazare, on recevait à peine les jour

que pense, souhaite et veut le consommateur. Celui-ci naux. J'ouvris l'Intransigeant. O surprise! Rochefort,

apparaît comme le deus ex machina, de qui dépend la

solution de la crise. Voir renaître la consommation est au lieu de foncer avec son impétuosité de polémiste sur l'adversaire, affectait une bonhomie innocente qui n'était

l'unique pensée de quiconque a de quoi vendre pas dans sa manière. Il publiait intégralement la lettre

C'est beaucoup exagérer le pouvoir des 'acheteurs

Nous allons voir pourquoi. de Déroulède, et ensuite il louait ses qualités de franchise et de courage.

A Poissy, dès ma sortie de la gare, la pluie cessa. Mais les chemins étaient encombrés d'une boue épaisse, On dit volontiers : depuis des mois les gens s'absoù j'eus quelque mal à me débrouiller. Je parcourus une tiennent. Ils ne pourront s'abstenir toujours; et quand avenue, pas très longue, bordée de boutiques, puis à

ils manqueront des choses essentielles, le courant des droite, sur le bord de la Seine, je longeai une série de achats reprendra. C'est chose évidente. Mais cela nous pavillons et de villas qui, au milieu de leurs bosquets, rapproche-t-il, si peu que ce soit, de la solution définiruisselaient encore. Je m'arrêtai

une seconde

devant

tive? l'habitation d’Emile Augier, qui était l'oncle de Paul

On dit aussi : les capitalistes se réservent. Ils atDéroulède, et tout de suite après, à une haute grille, je tendent que la reprise se marque nettement. Il doit y sonnai. A gauche, la maison sommeillait, entre les bran- avoir par conséquent une masse de capitaux disponibles ches luisantes de grands arbres. Une servante me con

prêts à s'employer en placements industriels ; ce serait duisit à droite, vers une sorte de chalet, qui ressemblait,

assez que l'Etat abaissât le taux d'intérêt des bons à ma foi, à la cabane de Robinson Crusoë. Je gravis un

court terme pour qu'à la première apparence le capital escalier aussi raide qu'une échelle. Et lui, sur l'estrade épargné s'applique à alimenter les affaires. de ce rustique kiosque à l'ample chapeau de chaume,

Tant pour le consommateur que pour le capitaliste, Déroulède, qui se serrait dans une douillette robe de

il suffirait donc de la croyance à la hausse, forme spéchambre, ne tarda pas à me rejoindre.

culative de la confiance, pour que la crise fût résolue.

Ce ne sont là que des apparences et des raisons suJe vous remercie, me dit-il. Quoi de neuf?

perficielles. La réalité qu'il convient de considérer est Je crois que, cette fois encore, il n'y aura pas de

tout autre. Qu'enseigne-t-elle ? duel.

Voyons ça !...
Il déplia fébrilement le journal de Rochefort. Dès les

L'abstention à laquelle on a vu se livrer depuis des premières lignes, il me regarda, et avec un sourire qui

mois le consommateur et le capitaliste est-elle une étape signifiait surtout le désappointement, il me dit :

vers l'issue de la crise où nous sommes ? Cela dépend Vous avez raison. Rochefort se dérobe. Tant pis ....

des conditions dans lesquelles le premier des deux praNous bûmes une tasse de bon café chaud. Je refusai, tique les restrictions. malgré ses instances, de rester davantage. Il m'accom- S'il se restreint effectivement dans la satisfaction de pagna jusqu'à la porte de la rille. Et j'ai encore dans

ses besoins, s'il consomme moins en fait de toutes les mes yeux la vision mélancolique de ce jardin bourgeois choses utiles, il y a indubitablement épargne. Cette imprégné de silence, sous la tristesse du ciel d'automne épargne doit aboutir à reconstituer des richesses, où s'exhalait l'âcre odeur des feuilles mortes. C'est là, même temps qu'à en abaisser les prix. Elle permet à la dans le cadre de cette campagne parisienne, sous le toit nation qui la réalise, quelles que soient les conditions familial, que Déroulède aurait aimé vivre, loin du de son change, de jeter sur le marché mondial l'excémonde, dans l'étude et dans le rêve. A la France il sa- dent de ses produits et par suite de regagner peu à crifia ses goûts, ses ambitions, et il lui donna joyeuse peu la richesse perdue pendant la guerre. Mais est.ce ment sa fortune, sa destinée et son âme...

bien là le procédé que nous employons présentement Puis, plus tard, les bourrasques de la politique, sans en France ? rien modifier de la tendresse qui les unissait les uns, Il en est un autre, qui consiste à ne consentir en fait aux autres; dispersèrent brusquement les premiers pion- à aucune privation essentielle, à user dans la niers de la Ligue des Patriotes.

proportion de toutes choses, mais d'offrir l'apparence

S'il arrive
GEORGES BEAUME. de restrictions, l'apparence seule.

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que, sensible aux fluctuations violentes des prix, la sentir que ce remède ne saurait être trouvé que dans masse d'un peuple exagère ses achats en période de une épargne générale permettant à la fois la baisse . hausse et les restreigne en période de baisse, comme il réelle des prix et la restauration financière. Il faut se produit actuellement, il ne s'ensuit aucunement que que les pays ruinés abaissent assez leurs prix de rece peuple se livre à une véritable économie, réalise une vient pour reconquérir dans le monde entier une clienépargne réelle. En ce cas, il y aura dans le rendement tèle, que la hausse, provoquant la crise financière mondes affaires des va-et-vient très redoutables, mais à tout diale, leur a fait perdre. . prendre les prix, au lieu de s'abaisser, s'élèveront plu- Le diagnostic de la crise a été fait et bien fait : elle tôt. Car ils subiront le contre-coup de L'exploitation résulte en premier lieu du fait que certaines nations ont coûteuse qui s'ensuivra. Il y aura des stocks excessifs subi pendant la guerre des destructions de capital impar moments, mais la liquidation de ces stocks consti- mobilier. Leurs facultés productrices ont diminué, et tués à des prix de revient élevés ne sera possible à féchi leurs facultés d'échange. Elles sont en consél'étranger qu'avec perte. Il n'aura pas été constitué quence obligées ou de restreindre leurs achats, ou de d'épargne vraie. La situation aura chance alors d'em-les faire à crédit

. Ce qui aggrave la situation actuelle pirer, bien plutôt que de s'améliorer. La nation n'éco- de porte-à-faux financier. nomisant pas en fait et consommant toujours autant Mais cette cause de la crise n'est pas, après tout, déen dépit de la fluctuation des achats et des ventes, terminante. Car les dévastations matérielles sont relan'aura aucun moyen de récupérer ses richesses détruites.

tivement peu de chose dans l'économie mondiale, et Elle continuera de s'endetter.

leur réparation serait un jeu, s'il ne s'agissait que de Quelle est à ce point de vue la pratique de notre leur appliquer les facultés productrices existantes. La pays ? Détruit-il de plus en plus ses réserves, ou bien cause véritable est plus profonde. la consommation égale-t-elle sa production, ou bien

C'est que, forcées de consacrer à la guerre le meilépargne-t-il réellement?

leur de leurs ressources, certaines nations ont aliéné Le maintien des prix élevés, dont on accuse en vain

tout leur capital disponible. Elles ont conservé sans la spéculation, tend à démontrer que la consommation

doute presque intactes leurs richesses immobilières, ne se réduit pas, et que l'épargne est faible. Les prix

mais celles-ci ne suffisent pas. Car si c'est du fonds imen effet sont le thermomètre de l'économie. Quand les mobilier que les richesses sortent, elles en sortent grâce prix de détail se soutiennent pendant longtemps, - le à l'intervention din capital mobilier, qui, lui, représente détaillant résiste le plus qu'il peut à la baisse, mais à l'épargne effective de la nation envisagée, se présenla longue, si celle-ci est nécessaire, il doit se conformer tant sous la forme d'un trésor national, constitué par à l'état du marché, c'est l'indice que la demande des métaux précieux. Ce trésor est seul aliénable et égale l'offre, du moins quand on fait la moyenne des c'est pourquoi il permet la pratique du crédit, soit offres et des demandes. La preuve est faite par là que que ce crédit joue dans l'intérieur du pays, entre parla somme des achats reste constante, quoiqu'ils se rare- ticuliers et dans la mesure où ces particuliers détiennent fient par moments, s'ils se multiplient à d'autres.

une part des espèces monétaires, soit qu'il joue d'Etat Si les achats se réduisaient vraiment, achats du con

à Etat. sommateur proprement dit, les prix baisseraient infail

Or, c'est là, qu'on y prenne garde, la seule forme poliblement, et l'épargne naîtrait au bout d'un peu de

sitive du crédit. Sans doute le travail est censé protemps. Il ne s'ensuivrait nullement que la crise, dans

duire la richesse. Mais il ne la peut produire qu'à l'aide le pays économe, tendrait à se prolonger; bien au con

du capital circulant. Quand ce capital est anéanti et traire, puisque l'exportation deviendrait possible. Or, en France, la chose n'est pas douteuse, les prix ne

qu'un pays ne vit plus que de crédits intérieurs, quel

gage peut-il offrir à des prêteurs éventuels? Des gages Aéchissent pas. C'est donc qu'en moyenne la consomma- immobiliers pratiqués sur une grande échelle sont un tion se maintient, que nous ne recréons pas de richesse.

non-sens, car il faudrait supposer qu'une nation pût Dès lors tous les symptômes dont nous sommes témoins

aliéner au profit d'étrangers jusqu'à son territoire. Des s'expliquent, en particulier l'état défavorable du change.

gages mobiliers, il n'en reste plus, et cette nation sera Dès lors aussi il apparaît que la reprise actuelle des

contrainte à la longue de rechercher au dehors jusqu'aux affaires est purement momentanée.

fonds nécessaires à l'activité de l'industrie. Car elle ne résulte ni d'un avantage acquis par la

A l'heure actuelle, toute l'épargne réelle du monde, France, grâce à une stricte discipline, dans la concur

l'épargne liquide, la seule utile, celle qui est figurée par rence internationale, ni bien entendu de meilleures con

de l'or ou des choses précieuses partout négociables, ditions d'équilibre économique mondial. Elle n'est

cette épargne, qu'est-elle devenue ? Elle a émigré presque qu'un des moments dans le mouvement de flux et de

en entier aux Etats-Unis et en général dans l'Amérique, reflux de la spéculation en France. Elle s'arrêtera quand

qui se trouvent être à l'heure actuelle les seuls prêteurs l'acheteur français, croyant à la hausse et la provo

possibles, les seuls banquiers qui puissent faire des ouquant, se sera gavé et sera à la fois, pour un temps au bout de ses disponibilités.

vertures de crédit ayant une base solide en capital.

Dans le reste de l'univers, il n'y a presque plus de créBref la reprise actuelle ne nous permet aucunement

dit sain. d'envisager un dénouement de la crise française, et

La cause de la crise est là et seulement là. La plupart pour cette raison la prudence s'impose à tous. Un bond

des Etats ne peuvent plus assurer leur production par de la spéculation en 'hausse serait désastreux. L'em

une circulation normale, fondée sur un capital. Cette bouteillage financier s'accentuerait d'autant, qui déter

production ne se maintient que d'une façon précaire; mine le marasme des affaires. D'autre part, cette reprise due à des achats nouveaux

elle manque d'assises financières positives. La remise sur le marché intérieur n'est point le symptôme d'une

en marche des industries est paralysée. Elle l'est d'audétente dans la crise mondiale

. Et l'observation que répandu partout, l'Etat est impuissant à appuyer les

tant plus que par suite du régime démocratique qui s'est nous en pourrions faire de ce point de vue ne nous avancerait nullement.

industriels, seuls capables d'imposer par la baisse des salaires une discipline d'économie. Les nations, ne pou

vant plus produire, ne peuvent non plus largement acheC'est à l'analyse de cette crise et au remède propre ter. Les échanges se restreignant aux frontières de à la résoudre, que nous devons à présent attacher notre chaque pays, vont se ralentissant de plus en plus à attention. Les observations qui précèdent laissent pres- travers les secousses de la spéculation. Seule l'Alle

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