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mais au nom du Sultan et pour rétablir son autorité sur des sujets rebelles...

Ce programme entre bientôt en exécution. Le 17 septembre, le général Berenguer, précédé de l'étendard vert de Sa Majesté chérifienne, fait son entrée dans Nador reconquise. La prise d'autres centres ne tarde pas à suivre. Le 5 octobre enfin, l'importante position d'Akaten tombe à son tour dont la possession permet, du 8 au 12, aux Espagnols de dessiner, autour du massif du Gourougou et en direction de la rivière Kest, un mouvement tournant qui, achevé, dégagera complètement Melilla.

La situation du Maroc espagnol, un moment tragique, a donc cessé d'être même critique. Mais elle est bien loin d'être entièrement rétablie; et il faudra, certes, longtemps à l'Espagne pour faire oublier aux Riffains les journées sanglantes de juillet et d'août 1921.

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Ces journées, une certaine presse de la Péninsule, incurablement francophobe, n'a pas manqué d'en attribuer la responsabilité à notre pays. Des lebels ayant été trouvés aux mains des insurgés, cette presse a prẻtendu qu'ils leur avaient été fournis par les Français. Justice a été faite de cette calomnie et il a été prouvé que ces fusils, pris pendant la grande guerre par les Allemands, avaient été revendus par eux aux montagnards berbères. Le gouvernement de Madrid s'est d'ailleurs plu à reconnaître l'efficacité de l'aide apportée à la cause espagnole par les autorités du Maroc français. Pour tragiques qu'ils aient été, les événements du Rif, en arrachant le peuple espagnol au champ clos des querelles politiques, régionales et sociales, en attirant son attention sur certains vices de son organisation militaire, ont, peut-être, constitué pour lui un stimulant nécessaire et efficace. Surprise d'abord, l'Espagne s'est reprise, et admirablement reprise. Nous ne pouvons que former des vœux pour le succès complet de la tâche de pacification entreprise dans ce Maroc, où leurs intérêts sont solidaires des nôtres, par nos voisins et amis de sang latin.

JACQUES CARLES.

NOTES ET FIGURES

Le panhellénisme vu de Smyrne, Qui a pu admirer Constantinople inscrivant l'azur profond du Bosphore dans la coupe pure des collines où s'élèvent ses palais et ses mosquées, s'émeut à peine devant Smyrne dévalant de sa lourde montagne jusqu'à la mer. Les quais et les rues retentissent ici de l'accent affadi du grec moderne. Ne doutons plus que les Grecs ne soient nombreux à Smyrne, très nombreux, mais Smyrne n'est-elle qu'une cité grecque en avant-garde aux flancs marins de l'Asie ? Il faudrait, pour répondre que oui, oublier la ville haute, où les muezzins, au coucher du soleiel, nasillaient, dans les minarets, les invocations à Allah :

Allakou abkar

Achhadou anla ilaha illa'llah

Les syllabes gutturales s'égrenaient au-dessus des ruelles ombragées par les treilles où grouillent des enfants déjà coiffés du fez. La vue qui plonge sur la rade est incomparable.

Il y a là des bâtiments de guerre, de toutes les puissances. Des torpilleurs américains venus pour signifier que si la montagneuse Anatolie renferme du pétrole, les Etats-Unis sauront monter à l'occasion des massacres de chrétiens, tout aussi bien que Gladstone autrefois ?

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dans l'Arménie convoitée par les Russes. En attendant, les commissions américaines multiplient leurs secours à l'humanité souffrante, et l'on comprend mieux le mot de Balzac : « L'hypocrisie fait les mœurs des nations »>. A bord des bâtiments anglais, on suppute les dividendes des capitaux avancés aux Grecs que les envois des usines Maxim et Vickers ne cessent d'approvisionner. Quant à l'Italien le troisième, comme dans la Belle Hélène il ne dit rien; même il entre, de bonne foi, dans l'indignation du haut état-major grec qui s'étonne que les canons récemment capturés sur les Turcs proviennent du matériel de guerre italien. La surprise est d'autant plus grande que le modèle ne saurait remonter aux campagnes d'Abyssinie ou de Tripolitaine. Enfin la flotte grecque avec l'Avéroff portant la marque de l'amiral.

Les fruits, avec quoi se rafraîchir sous la lourde chaleur de juillet, sont hors de prix. Les marchands glapissant, expliquent que, depuis l'occupation du vilayet de Smyrne par l'armée grecque, les champs et les vergers ne sont plus cultivés. Plus loin, un marchand de tapis gémit sur l'avidité de « ces Grecs d'Athènes >> qui déjà ruinent « les Grecs de Smyrne ».

Surpris par de tels propos, je me résous à affronter de nouveau le parler grec dans les grands magasins qui avoisinent le quai. Tous ces commerçants sont bien des Grecs, mais des « Grecs de Smyrne »>, comme ils disent avec une insistance marquée pour qu'on les distingue des « Grecs d'Athènes ». Mais alors le panhellénisme, la Grèce irredente, les frères hellènes gémissent sous le joug turc ? Je devais être bien édifié...

Partout, l'on s'entretient des récents massacres d'Aïdin. Nous en avons connu l'horreur tragique par les admirables sœurs de Saint Vincent-de-Paul qui, tour à tour, ont arraché au carnage les enfants grecs et les enfants turcs selon le sort de la ville qui passe de mains en mains. Ds très loin, les Grecs ont droit à la palme pour leur férocité à l'égard des femmes turques.

me confie

Le vendeur, qui empaquète mes achats qu'étant << Grec de Smyrne », il ne peut que déplorer les événements actuels. « Né pour le commerce », il ne soucie pas de ces « Grecs d'Athènes » qui déjà exigent des impôts, et le plus terrible de tous, l'impôt du sang. Sur ce point, les Turcs du moins le laissaient bien tranquille On peut le croire, et à voix basse il ajoute que les « Grecs d'Athènes », le premier jour de l'occupation, ont à l'indignation de tous outragé le vali de Smyrne qu'ils obligèrent à piétiner son fez au cri de Zito Venizelos. Ce vali, un homme si équitable et bienveillant dans le sourire sage de sa barbe blanche ! Ma surprise s'accroît, et me pousse à compléter mon enquête. Après tout, la peur du métier militaire exaspère-t-elle ce jeune Grec de Smyrne « né pour le commerce » ?

Ici, des vendeuses renseignent des clientes sur l'arrivée des commandes faites au Printemps et aux Galeries Lafayette. Le vendeur qui s'occupe de moi ne cache pas les sentiments de terreur où le laisse la crainte de massacres possibles à Smyrne même en représaille du carnage d'Aïdin. Que les Turcs soient vainqueurs, et c'en est fait. Les regrets de la félicité passée se pressent. Le comble, pour lui aussi, c'est que les « Grecs d'Athènes >> songent à enrôler les « Grecs de Smyrne ». Et j'entends encore à mon oreille l'aveu si net de leurs vrais sentiments « Voyez-vous, Monsieur, ces Grecs d'Athènes. sont bien les vaches maigres de l'Ecriture; et comment ferons-nous désormais pour vivre ? Car il sera toujours plus facile pour nous de commercer avec des Turcs qu'avec d'autres Grecs. »

Mais à cette heure, Constantin avec tous les « Grecs d'Athènes », ne doit plus douter qu'il était plus facile de commercer avec les Turcs que de les vaincre.

ALBERT KÉRAGNEL.

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Sur une princesse défunte. Une ligne ou deux dans la plupart des quotidiens, dans quelques-uns cependant une oraison funèbre discrète, émue, un peu gênée aussi, et comme confidentielle, venant de la mémoire secouée de quelques gens d'âge, soudain rajeunis par le souvenir et pour l'instant seul du souvenir ainsi fut notifié aux Parisiens, datée de Vienne, la mort de la vieille princesse Pauline de Metternich, qui, jeune, occupa tant la chronique de la cour et de la ville, par ses faits et gestes, au temps de Napoléon III.

Mais les nouveaux Parisiens de ce temps-ci n'en demandaient pas davantage. Leurs préoccupations actuelles rendent ce temps-là absolument périmé et futilement rococo. Lequel temps commence d'ailleurs à entrer dans la grande histoire, délaissant la petite, fastidieuse, des papotages, rancunes, rivalités féminines. Oui, mais n'oublions pas que cette petite histoire rédeviendra essentielle si un Saint-Simon du Second Empire se découvre quelque jour. Et la princesse de Metternich sera vraisemblablement l'objet de bien des pages.

En attendant, il y a d'aimables anecdotes qui pourraient la faire survivre, silhouette alerte. Car ce fut un type de femme assez commun pour ne pas être privé de correspondance avec certaines de nos contemporaines, et d'un tempérament assez franchement primesautier pour lui donner une effigie originale. Pendant dix ans, ambassadrice d'Autriche à Paris, n'agit-elle point comme un personnage futur et exemplaire des romans de M. Abel Hermant? Elle avait été marquée par ce séjour et elle demeura la longue Parisienne de Vienne comme elle fut la brève Viennoise de Paris. Elle était toute en mousse, mais n'était point que mousse, gardant quelque lourdeur à l'allemande.

Regardons ses portraits. Elle est laide sans doute, avec les traits du visage tôt épaissis, une large bouche, un nez reniflant. Elle est le contraire de la beauté officielle et incontestable de l'Impératrice; le contraste ne fit-il pas le jeu de leur amitié? Mais les yeux sont les animateurs d'une physionomie turbulente et dénoncent la vitalité. Et elle eut des cheveux blonds fameux.

Elle fut coquette, pour elle et pour les autres. Révolutionnaire dans la mode, elle fit la fortune du premier des grands couturiers de la rue de la Paix pour l'avoir engagé dans la lutte contre la cage de la crinoline.

Pour n'avoir pas pu être comédienne de théâtre, ce qui eût été selon sa vraie nature, elle fut une acharnée comédienne de salon et de cour. A Vienne, elle organisa, il y a quelque vingt ans, la plus merveilleuse des expositions d'art théâtral et musical. Mais à Paris n'avait-elle point joué un rôle considérable? Son sou. venir y reste attaché, dans la scandaleuse première représentation du Tannhauser à l'Opéra. Les détails sont connus, tout à sa louange, jusqu'à l'éventail brisé sur le rebord de la loge. Ce qui est moins connu, c'est que le lendemain de cet échec, elle laissa représenter chez elle une parodie en ombres chinoises de l'oeuvre de Wagner, qu'elle venait de soutenir publiquement avec tant de véhémence. Inconstance, versatilité, cela ne laisse point de nous la gâter un peu comme mélomane convaincue. Elle eut même la malice, dit Frédéric Loliée, qui rapporte l'anecdote, de laisser « une amie de la maison, en robe et bonnet d'ouvreuse, distribuer à chaque spectatrice un éventail à bon marché pour le cas où ces dames hésiteraient à briser le leur ». On ne peut mieux se railler et se déjuger.

La princesse de Metternich fut une épistolière forcenée et ses billets pétilient. A-t-elle dispersé dans cette correspondance tout son effort intellectuel ? N'y auraitil pas des mémoires, et graves, et politique? Je l'ignore, mais ce serait à souhaiter. Que l'on pense à la place qu'elle tint auprès des grands de ce monde, en une

époque où les grands pouvaient croire encore mancuvrer les foules! N'en doutons pas l'amie de Guillaume II, la germanophil eMme de Metternich, avait aussi bien de son âge mûr que de sa jeunesse des souvenirs qu'il serait amusant qu'elle ût contés.

LEGRAND-CHABRIER.

La foule et les catastrophes.

Coup sur coup, la foule parisienne a eu le privilège de deux belles catastrophes. On sait ce qu'est pour un médecin une belle maladie et, pour un juge d'instruction, un beau crime. La langue française a des ressources admirables, et cela désespère les moralistes grincheux qui ne tolèrent pas qu'on puisse distinguer, de l'idée de bon, l'idée de beau. Mais laissons les moralistes: ils n'ont rien à voir dans ces questions de catastrophes. Ou bien, s'ils s'en mêlent, ils n'y gagnent que déception, mauvaise humeur, dyspepsie et cauchemars.

Après donc l'incendie du Printemps, qui avait attiré sur les lieux un peuple considérable, Paris a eu cet autre sinistre le tamponnement de deux trains sous le tunnel des Batignolles. Celui-ci, à la vérité, fut plus grave: une trentaine de personnes y sont mortes, et les blessés furent une centaine. C'est pourquoi l'attitude de la foule en cette circonstance ne fut pas tout à fait ce qu'elle avait été devant les flammes du Printemps.

Le mercredi soir, vers 7 heures et demi, j'arrivais à l'angle de la rue de la Pépinière et de la rue de Rome. La cour de la gare Saint-Lazare était en rumeur. Des groupes de voyageurs se précipitaient sur les chauffeurs de taxis. Les receveurs des omnibus, debout à l'arrière de leurs voitures, étaient impuissants à en interdire l'accès: on se bousculait sur le marchepied des Gare-Montparnasse-Porte-d'Asnières. Des camelots annonçaient à grands cris une troisième édition des journaux du soir. On l'achetait : il n'y avait rien. Cependant, on n'entrait plus à la gare Saint-Lazare. Des bruits couraient deux trains s'étaient rencontrés et flambaient sous le tunnel des Batignolles.

Je montai chez moi par la rue de Rome, à pied. Le long du trottoir de droite s'alignait une file de fourgons de la Compagnie des Chemins de fer de l'Etat ; ils attendaient évidemment des cadavres. Plus haut, près du bâtiment neuf qu'on mit tant d'années à construire, c'étaient des voitures d'ambulance, des infirmières, et quelques soldats en armes. Là, on se pressait. Chacun voulait voir. Mais voir quoi ? -- Des blessés, des corps meurtris, du sang? Il n'en faut pas douter. La fo nêtre d'une voiture d'ambulance était ouverte. Deux femmes en deuil se haussèrent sur la pointe des pieds pour regarder à l'intérieur de la voiture. Je ne pus m'empêcher de leur dire à mi-voix : « Votre curiosité, Mesdames, est répugnante. »

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A l'entrée du tunnel, d'où s'échappait de la fumée, un barrage de police contenait la foule, qui était ici plus dense. Elle l'était encore plus à la sortie du tunnel, vers la rue La Condamine. Des gardes républicains, le sourire sur les lèvres, faisaient faire demi-tour aux indiscrets, avec des plaisanteries de saison.

Jusqu'à minuit, je vis de ma fenêtre des familles entières qui se dirigeaient vers le tunnel. On se serait cru un soir de fête. Il y a, en effet, une fête foraine sur la place des Batignolles. Les orgues mécaniques des cheveaux de bois s'en donnaient à plein fracas. On allait vers le tunnel, puis on s'arrêtait sur le Pont Legendre, puis on poussait jusqu'aux chevaux de bois. Il n'y a pas plus de quatre cents mètres de distance entre l'endroit où l'on s'amusait et le lieu où d'autres agonisaient. Qu'on tire de là la morale qu'on voudra.

Il est certain que la foule, dans tous les pays du monde, est attirée par les spectacles dits « malsains » beaucoup plus que par n'importe quoi. L'instinct la mène,

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affirment les philosophes, et l'instinct n'est rien de bien relevé. Le jour qu'une guerre éclate, c'est lui qui rend les foules capables des plus forts enthousiasmes. Il n'est pas prouvé qu'au désir de défendre la patrie ne se mêle pas un inconscient désir de se mêler à des scènes horribles. Et il faut noter aussi que les femmes, dans ces heures, montrent plus d'entrain que les hommes. Ce qui confirme l'avis des philosophes.

J'aurais aimé de présenter « ma» foule du tunnel des Batignolles à nos excellents et crédules pacifistes. De ma fenêtre, ils auraient peut-être réfléchi. Je leur aurais fait dire: « Nous supprimerons la guerre, mais nous ne la supprimerons que quand, ayant transformé l'âme de l'homme, nous obtiendrons que la foule ne coure pas aux lieux des catastrophes. Et l'on ne saurait prévoir quand ce moment viendra. »

THIERRY SANDRE,

Vers une Internationale des Arts.

Il n'y a pas bien longtemps, en 1913 encore, quand la France était aux yeux du monde une grande vaincue sympathique et frivole, on nous invitait gentiment, voire un peu dédaigneusement, à participer aux grandes expositions internationales d'art qui se tenaient à Venise, à Dresde, à Munich.

C'est au retour de l'une d'elles, de Munich précisément, que M. Armand Dayot, en 1914, avait dit : « En somme, pourquoi ne nous offririons-nous pas le luxe profitable d'inviter les autres à notre tour? » Et toute la presse avait applaudi ce projet. Mais le 2 août arriva. Sept ans ont passé. L'écho des cañonnades est apaisé. Tenace comme il faut l'être, M. Armand Dayot, inspecteur général des Beaux-Arts, reprend sa thèse. La France est une grande victorieuse maintenant. Le gros prestige allemand est par terre. Finie pour longtemps l'agitation artistique de Munich et de Dresde. Il n'y a plus de lice où livrer les grands tournois internationaux d'art plastique, musical ou dramatique, avec leur accompagnement de spectateurs, d'acheteurs qui font splendide et prospère la ville qui les voit.

Prenons bien garde que nos alliés anglais, gens pratiques, on l'a dit assez, méditent' d'organiser bientôt une de ces internationales et qu'il serait tout de même assez honteux de nous laisser devancer, nous, dans cette voie.

Mais ne parle-t-on pas déjà beaucoup d'une exposition internationale d'art décoratif ?

Sans doute; mais d'art décoratif seulement; lequel par son caractère fort heureusement utilitaire a déjà trouvé dans la vie publique présente son modus vivendi. Il ne s'agit point de l'exclure; encore moins de l'absorber. On parle ici d'une exposition où d'abord, tous nos groupes, tous nos Salons et même ceux qui n'exposent à aucun Salon, « les super-indépendants » seraient représentés. Auprès d'eux, toutes les nations seraient invitées...

Même nos ennemis ?

Nous serons là sur un terrain où il nous plaît de ne plus connaître d'ennemis. C'est peut-être le plus exaltant des orgueils que donne une juste victoire.

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Mais il y a déjà tant de Salons.

Il y en a précisément vingt fois trop. Celui-là sera comme une synthèse, bien organique, où nous pourrons enfin voir clair, une confrontation de sélections. Qui d'entre nous sait vraiment où en est le grand art plastique en Scandinavie, par exemple? Chaque fois qu'une manifestation artistique étrangère a lieu chez nous, c'est une surprise- rappelons-nous les Yougo-Slaves ! - il faut donc admettre que nous avons beaucoup à découvrir encore. Il en est de même pour la musique étrangère et le théâtre. De même cette exposition nous les

révélera.

Mais où ?

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Dans le grand palais que l'Etat possède et qu'il n'a jamais que prêté par une décision toujours temporaire et parfaitement révocable; il faudrait prévoir une exposition allant d'un 1er mai à un 1er octobre. Les « jeunes »>, j'entends ceux des Indépendants et de l'Automne, auront déjà terminé leur manifestation. Le Salon des Artistes français et celui de la Nationale crieront un peu, mais, de vrai, qui les plaindra vraiment ? Réduits à se sélectionner une fois, les « Artistes Français » aboliront peut-être le monstrueux privilège de leurs Hors Concours, dont ils meurent vilainement. La Nationale évitera le déclin financier qui la guette. Ces deux Salons, l'un avec sa « somnolence vénérable », l'autre, atteint de « sénilité précoce » c'est M. Bérard qui l'a dit y trouveront la cause inattendue d'une invigoration bien nécessaire. Quant aux crédits, dont on n'aurait à consentir que l'avance, ils seront récupérés et au delà par la recette que ne peut manquer de faire une « exhibition »> de ce genre, en France, et dans les temps actuels.

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Et pour bien apprécier à quel point nous importe la réalisation de ce projet, supposons que nous soyions en train d'apprendre qu'une exposition internationale d'art va s'ouvrir le mois prochain.... à Londres.

ROBERT REY.

Une conquête de la Chiromancie.

Nous sommes un peu blasés en fait de découvertes propres à assurer le bonheur de l'humanité. Néanmoins, le prospectus que je viens de lire m'a pénétré d'une légitime admiration. Je vous le dis tout de suite l'adultère n'est plus possible, ou, mieux, il n'y a plus d'adultère que l'on ne puisse connaître sur-le-champ et de la façon la plus simple du monde. Un philanthrope s'engage à révéler à tous l'adultère par la chiromancie, et il annonce ainsi son livre : << Sous une forme attrayante, cette œuvre éminemment sociale a pour but de conserver ou de rétablir la paix dans les familles. Instructif et clair, ce livre convient à tous les publics et peut rendre de grands services à tous ceux qui désirent vivre dans un mariage heureux et paisible. Pour illustrer ses enseignements, M. X. ne s'est pas contenté de donner de nombreux schémas de mains montrant à quels signes on peut discerner un adultère, spirituel ou matériel, mais il donne dix empreintes de mains d'hommes et de femmes en état d'adultère moral ou réalisé. Ceux qui se passionnent à juste titre pour ces recherches, y trouveront un moyen de s'instruire et d'exercer leur sagacité. » Après ces étonnants propos l'auteur indique la rémunération qu'il exige de ses bienfaits, rémunération modeste quand on pense au prix du papier et aux salaires des typos, et il conclut : « On voit qu'il n'en coûte guère pour se sauvegarder d'un accident considéré, en général, comme des plus fâcheux. »

On trouvait déjà des indications relatives au tempérament de chacun et à ses dispositions à la fidélité conjugale dans les traités de chiromancie, ces savoureux traités qui ont au moins l'attrait de se contredire les uns les autres de point en point, mais les ouvrages de Jehan Geber, de Belot, de Ronphile, de Linibal de Châteauneuf et même la Chiromancie montrant par les lignes de la main les mœurs et complexions des gens, d'André Corte, ne sont point, à beaucoup près, aussi affirmatifs et aussi catégoriques que celui dont j'ai la bonne fortune de vous parler. On ne saurait contester la nouveauté et l'excellence de ses découvertes au rédacteur du prospectus. Il y a là un indéniable progrès de la chiromancie ,et il faudrait, pour en plaisanter, ne pas apercevoir les prodigieuses conséquences qu'elle entraîne. C'est, à y bien regarder, la faillite du roman psychologique, le rajeunissement du vaudeville, le renouvellement des thèmes poétiques, le bouleversement de nos mœurs et de nos habitudes

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exclusive vérité de la philosophie hindoue. Et il veut nous démontrer surtout que si nous méconnaissons cette vérité, c'est qu'on ne nous en a transmis qu'une caricature, déplorable travail de gens qui n'y ont rien compris. Il y a une mentalité orientale et une mentalité occidentale l'une immuable et profonde, l'autre changeante et superficielle; il y a une opération de l'intelligence qui part de l'intellect pur pour aboutir à une métaphysique fixe et indubitable et une déformation de l'esprit qui, par le souci exclusif du phénomène arrive au rationalisme et au scientisme, par la vertu douteuse du sentiment, à la religion et à la philosophie. Nous savons où nous placer! Alors que l'Orient demeurait inébranlable et immobile dans la bonne voie, l'Occident, entraîné par le néfàste génie des Grecs et le goût croissant du bienêtre matériel tombait, de décadence en décadence à la barbarie où nous le voyons aujourd'hui.

A peine ai-je besoin de m'expliquer. Il est clair qu'il devient impossible désormais de nous intéresser, trois cents pages durant, aux angoisses et incertitudes du mari ou de l'amant en péril ou appétit de trahison. Ne serait-il point absurde qu'il refusât de se renseigner et s'infligeât pareil supplice quand il a tout ce qu'il faut, non pas sous la main, mais sur la main qui l'inquiète. Est-on « en état d'adultère moral ou réalisé »? Il suffit de constater. L'honnête femme, que préviendra un simple regard lorsqu'elle se lave les mains, cesse d'avoir l'excuse de succomber au « vertige des sens ; le mari, s'il veut bien s'examiner en se limant les ongles, est à l'abri des funestes rencontres de la cinquantaine. Le séducteur professionnel habile à discerner l'instant propice à ses entreprises n'est plus, de son côté, qu'un fantoche ridicule. Et ainsi de suite. Tous les ressorts dramatiques s'effondrent; tous les mécanismes de la trahison conjugale se détraquent; toutes les architectures du ménage à trois s'écroulent. Et, du coup, le vocabulaire sentimental acquiert un sens nouveau. «Elle lui abandonna sa main; il lui prit la main et elle ne la retira pas; laissez-moi votre main » sont autant de petites phrases sèches d'une dangereuse signification qui, certes, n'est plus celle d'hier. Il va de soi que le mari ridicule et l'épouse bernée disparaissent des imbroglios vaudevillesques, mais, en manière de compensation, des ressources imprévues s'offrent à l'ingéniosité des infatigables fournisseurs de la vieille gaieté gauloise. Les poètes qui, décemment, ne pouvaient encore célébrer les mains de la bien-aimée, voient tout à coup leur inspira-sique... >> tion vivifiée, élargie. On comprend enfin le changement radical provoqué dans nos mœurs et coutumes par la récente acquisition de la chiromancie. L'expression déplorable « demander la main >> d'une jeune fille est terme injurieux; les messieurs diligents et discrets qui, moyennant finances, contrôlent les actes d'autrui, n'ont plus rien à faire; une prudence élémentaire engage à supprimer le baise-main. Ce chiromancien nous réserve des surprises à n'en plus finir.

Peut-être ne nous réserve-t-il rien du tout. La curiosité me prit, un jour, de visiter une chiromancienne avec le conseil d'un ami qui la prétendait remarquable. Elle se lamenta cruellement. Ne venait-on point de la cambrioler? Inhabile à prévenir les traîtrises de son propre destin, elle me signala généreusement les embûches qui me menaçaient. J'imagine, voyez-vous, qu'après avoir approfondi les secrets du petit livre, maris et amants connaîtront à merveille le sort... des autres, et je me persuade aussi que très peu de gens auront la curiosité de l'étudier, ce dangereux bouquin. Allons, cette fois encore, il n'y a et il n'y aura rien de changé.

Les Idées

A. DE BERSAUCOURT.

La philosophie hindoue

On hésite un peu devant les termes dont il faudrait se servir pour apprécier l'ouvrage que M. René Guénon appelle une Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues, tant la critique laudative a vidé les mots de tout sens par un usage indiscret. Disons-le, cependant, pour satisfaire à la justice et nous réjouir d'un événement peu ordinaire: voici un livre modeste et sobre, définitif sur la matière, ingénieux et riche, qui nous révèle par un coup de maître un esprit dont on peut beaucoup espérer.

L'étude comprend une partie positive et un examen critique, une doctrine et une discipline de valeur égale mais où on ne saurait souscrire également. M. Guénon ne dissimule que très peu qu'il croit à la pleine, entière et

Il y a des sciences et il y a une science, les unes et l'autre diverses par l'origine, l'inspiration et la méthode. « Le domaine de toute science », écrit M. Guénon, « relève toujours de l'expérience, dans l'une quelconque de ses modalités diverses, tandis que celui de la métaphysique est essentiellement constitué par ce dont il n'y a aucune expérience possible: étant «< au delà de la physique » nous sommes aussi, et par là même, au delà de l'expérience. Par suite le domaine de chaque science particulière peut s'étendre indéfiniment, s'il en est susceptible, sans jamais arriver à avoir même le moindre point de contact avec celui de la métaphy

La méthode, cette fameuse méthode historique ou scientifique dont nous parlons tant, ne saurait donc valoir en métaphysique. La métaphysique suppose la suppression de la dualité sujet-objet, la conception ou l'intuition d'un total inaccessible dont nous ne saisissons par le sensible que l'apparence transitoire et, pour arriver à ce degré de la connaissance, une faculté « qui n'est plus de l'ordre individuel » et nous restitue à cette origine, éternelle et sans forme que nous illustrons par notre passage imperceptible dans l'espace et le temps.

J'admire M. Guénon d'avoir si bien posé le problème. Certes je ne saurais le suivre si haut, ni si loin. Il dit sur les Hindous et sur les Grecs des choses excessives. Je doute que la philosophie des Védas soit aussi pure qu'il le prétend de tout anthropomorphisme et je ne me résigne pas à ne voir en Platon qu'un bavard subtil. En un mot s'il me paraît, comme à notre auteur, que l'Occident dégénère et court à sa ruine mentale, je n'oserais le faire remonter par delà Heraclite ou Pythagore pour renouer une tradition malheureusement rompue. La philosophie hindoue reste statique et ne tient nul compte des éléments tout humains et débiles dont se forme la connaissance et, d'autre part, méconnaît le fait où elle ne place qu'une illusion; la pensée occidentale est dynamique: elle procède en tenant compte de sa condition terrestre et en pratiquant l'exégèse de ce même fait, source de la seule réalité accessible. Nous perdons notre supériorité en nous refusant de sortir de l'utile et de la matière, mais cette supériorité nous l'avons eue. Les Hindous ne sont pas de purs esprits. Leur métaphysique ne convient qu'à des êtres d'une autre essence que la nôtre et on la trouve esquissée dans l'angélologie de saint Thomas. Qu'on m'excuse d'exprimer en quelques lignes ce qu'il faudrait un volume pour développer.

Mais où il faut rester en plein accord avec M. Guénon, c'est dans ce qu'il dit du caractère phénoméniste de la pensée occidentale et des prétentions indues de la méthode historique. Certes il y a longtemps qu'on mènē contre les excès de la raison et de Pérudition une campagne qui, malheureusement, fait plus de bruit que d'effet. M. Guénon approfondit la polémique par des vues d'une portée singulière. Il entre au sein des choses en situant le différend non plus sur la façon de prendre la vie

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mais dans des conceptions diverses de la nature de l'esprit. L'intelligence, pour les modernes, est un instrument qui sert à conserver nos jours et à en accroître le bien-être. Elle se découvre, à l'expérience, utilitaire, changeante, et assez souple pour se plier, par la suite des tous les besoins, elle ne saurait dépasser le monde matériel dont elle sort, qu'elle arrange à sa manière, pour découvrir des vérités fixes et primordiales capables d'expliquer l'univers. Elle semble, au contraire, pour les Hindous et M. Guénon, fixe, autonome, simple et propre par son jeu immédiat, si on ne la détourne pas de son sens, qui est celui de la connaissance, à exprimer des lois indubitables et des vérités éternelles. L'erreur a consisté à la dévoyer, proprement, et à l'enfermer dans la matière dont il fallait d'abord l'affranchir. Et cette erreur est vieille puisqu'elle remonte au moins jusqu'à Socrate. De là date la décadence et depuis : «<les recherches faites uniquement en vue des applications pratiques et du progrès matériel ont entraîné, comme elles le devaient nécessairement, une régression dans l'ordre purement spéculatif et intellectuel; et, comme il n'y a aucune commune mesure entre ces deux domaines, ce qu'on perdait ainsi d'un côté valait incomparablement plus que ce que l'on gagnait de l'autre; il faut toute la déformation mentale de la très grande majorité des Occidentaux pour apprécier les choses autrement. >> On le voit, les arguments de M. Guénon touchent à l'essence même dé ce problème philosophique dont on n'a pas tout dit quand on a déclaré qu'il ne se pose point. Qu'il nous suffise, pour le moment, d'établir, contre ceux qui le nient, la profondeur où l'on arrive, dès que l'on se décide seulement à l'envisager. M. Guénon professe pour la pensée occidentale un mépris excessif et souriant. Il nous propose avec une ironie voilée, pleine de saveur pour qui sait l'entendre, des remèdes terribles! Il suffirait à son volume d'être signé d'un nom illustre et vénérable pour prendre place parmi les meilleurs livres de ce temps.

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GONZAGUE TRUC.

Oiseaux de passage

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Les apôtres sont dangereux. Ils sont, même en combattant sous son égide, les pires ennemis de la liberté. Le premier pas vers elle est le respect de celle d'autrui, chose peu comprise des faiseurs de systèmes, tout remplis d'utopies répandues en discours Convaincre est heureusement difficile. Beaucoup de gens atteints par la manie de persuader, restent inoffensifs parce qu'ils sont privés de moyens, il leur manque le charme, l'élocution facile, la voix sympathique et cet art de présenter à chacun, sous l'angle qui lui plaît, une chose parfaitement bien faite pour lui déplaire. Lorsqu'un être doué de toutes ces facilités se mêle de les mettre au service d'idées sociales ou politiques, qui sont, quelle que soit la thèse qu'elles défendent, toujours tyranniques, il devient ce que l'on est convenu d'appeler un agitateur dans les sphères gouvernementales et un apôtre parmi les agités.

C'est ce type que nous ont présenté MM. Maurice Donnay et Lucien Descaves dans Oiseaux de passage, que l'Ambigu vient de reprendre.

Grigoriew, qu'ils ont peint de la façon la plus fine, la plus impartiale et qui devait lors de la création, en 1904, demeurer malgré tout sympathique, ne peut plus aujourd'hui laisser cette impression aux spectateurs.

Il est souvent question, dans les mille et une nuits, de l'oeuf de roc. Celui qui le possède, favorisé du sort, détient une puissance merveilleuse. Cependant, le roc, oi

431 seau terrible, détruit tout ce qu'il rencontre et, toujours dans les mille et une nuits, est universellement redouté. Certains œufs ne doivent pas, si j'ose dire, être couvés; leur éclosion ne met au monde qu'un monstre épouvantable. C'est ainsi que les idées généreuses qui animalent les nihilistes ont produit en se répandant dans le peuple, la terreur, le massacre et la misère.

Les idées généreuses sont très variables selon les individus. D'aucuns croient qu'il est magnanime d'obliger son voisin à faire le bien, d'autres esprits, peut-être bornés, s'imaginent qu'il suffit de le pratiquer soi-même. Certains confondent un désir légitime de liberté, avec le désir moins louable de troquer leur rôle d'opprimé contre le rôle d'oppresseur. Cependant, tous ces gens prétendent s'enrôler sous le même drapeau. Il n'y a pas deux empreintes digitales semblables, j'imagine qu'il en est de même des circonvolutions du cerveau; les idées prennent, hélas! la forme des têtes qu'elles habitent, elles sont bien différentes de l'une à l'autre. Même lorsque l'on s'explique très bien, on se comprend très peu, mais on ne peut en prendre son parti.

Dès que l'on passe à l'action, des appétits se cachent derrière les idées, mille intérêts, consciemment ou non, nous déterminent. Se croire un saint peut mener tout droit au crime, il est vrai sans remords. Tout est permis lorsque l'on sert « la cause ». Telle est Tatiana, fanatique et convaincue du caractère sacré de sa mission. Les auteurs, qui ont si bien campé ces deux illuminés, leur ont opposé des êtres plus humains, plus médiocres certes, des types d'humanité moyenne et déjà, dans la sphère étroite de la famille et de l'idylle, Grigoriew et Tatiana jouent le rôle de démolisseurs. On a vu depuis le rôle étendu à tout un peuple. Le résultat n'apparaît pas jusqu'ici merveilleux, l'existence sera-t-elle meilleure pour les générations suivantes? On parle souvent de cuisine politique; or, la vraie cuisine, parlant de la langouste, ordonne férocement : « Vous prenez une langouste vivante et la coupez en tronçons que vous plongez dans l'eau bouillante tandis qu'ils remuent encore ». Est-ce une recette politique excellente? Nous n'en savons rien, mais il est certain qu'on l'applique! On se souvient du sujet d'Oiseaux de passage. Une famille de bourgeois français rencontre en Suisse deux exilées russés. L'une est la princesse Boglowsky dont le mari est en Sibérie pour avoir favorisé l'évasion de Grigoriew, l'autre une ardente nihiliste amie de la princesse. Celle-ci a repris son nom de jeune fille, Véra Levanoff. Son mariage d'ailleurs est fictif. Elle ne fut la femme du prince Boglowsky que de nom et afin de lui donner le moyen d'assurer avec sa dot l'évasion de Grigoriew, Julien Lafarge s'éprend de Véra qui gentiment s'intéresse à Mme Lafarge la mère. Aveugle et infirme, celle-ci, ravie des attentions délicates et intelligentes de Véra, ne peut bientôt plus se passer d'elle et rêve de l'avoir pour belle-fille; quant au père de Julien, il fait profession d'avoir les idées larges, accueille familièrement Grigoriew et rit des remontrances que son frère lui fait à ce sujet.

Sur ces entrefaites, un compagnon de captivité du prince Boglowsky ayant réussi à gagner la France, vient annoncer à Véra que son mari est mort. Libre d'épouser Julien, celle-ci oublie un instant « la cause » et accepte de devenir sa femme, elle croit l'aimer. Cependant des différences profondes se manifestent déjà dans la manière de sentir des fiancés. Grigoriew leur conseille avec bonté l'union libre, Tatiana révoltée reproche à Véra ce qu'elle nomme une trahison. D'ailleurs Tatiana ne croit pas à la mort du prince Boglowsky, elle suppose que son prétendu compagnon est un faux-frère et quitte Véra pour le suivre et le démasquer.

Au dernier acte, nous apprenons que le gouvernement expulse de France Grigoriew. Tatiana revient avec la certitude que le mari de Véra est vivant; nous devi

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