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Monsieur,

Publicité.

La Le temps favorable aux promenades du soir a été Mme Isadora Duncan était partie avec enthousiasme jusqu'ici fort néfaste au théâtre. La saison s'annonce pour le pays des Soviets intégraux : on lui avait fait détestable. Le théâtre qui encaisse le plus atteint 7.000, tant de belles promesses ! Mais on n'en a tenu qu'une : celui qui fait le moins compte 1.500 francs. Des pièces on lui a donné des élèves. qui triomphaient la saison passée, se jouent aujourd'hui Ensuite, Mme Isadora Duncan a appris que la dandevant les fauteuils vides. La présence des vedettes n'y seuse russe Mutanskasa était morte en scène, morte fait rien. Aussi les directeurs de théâtre doivent se ra- d'épuisement battre sur une publicité tapageuse.

Et maintenant, Mme Isadora Duncan fuit Lénine et Le Vaudeville a imaginé une formule nouvelle. C'est ses pairs, fuit, danseuse éperdue... l'habitude d'inscrire sur certains gâteaux un ou deux petits mots : Bonne fête, Joyeuses Pâques, 1er Avril... Mais ce qu'on n'y avait pas encore vu, c'est une inscrip- Superstition des Argonautes. tion vantant tel produit, comme cela se fait à la qua- Ainsi la pauvre expédition Schakleton n'a pu dépastrième page des journaux,

ser Lisbonne. Le Quest est pourtant bien aménagé. Il Or, Chaussée d'Antin, un pâtissier présente des est muni des appareils les plus perfectionnés de la gâteaux superbes, où l'on peut lire :

science moderne en hydrographie, géologie, astronomie, Allez voir Peg de mon caur

chimie, cinématographie, téléphonie... N'est-ce pas fort ingénieux?

Mais ce n'est pas tout. On y trouve aussi quantité de

mascottes : deux petits ours, de minuscules bulls dogs, Susceptibilités.

des cocottes en papier. Le paquebot la France, qui revenait d'Amérique à Cela prouve que les Argonautes modernes, avec tout la fin des vacances, ramenait Mlle Mistinguett. Elle leur esprit scientifique, ont conservé quelque croyance à recevait à bord les hommages de toutes les nations. des protections merveilleuses. Et cela prouve aussi que Et quand on organisa une fête de charité, on lui fit tant ces protections-là ne suffisent pas... de compliments qu'elle accepta de donner son concours.

minium Prenez garde cependant, dit le commandant du bateau à l'organisateur de la fête : Mlle Mistinguett est Les corporations amies. susceptible. Avant qu'elle paraisse sur la scène, vous Juges et bourreaux, docteurs et fossoyeurs ont touferez bien de la présenter au public et de lui dire abon- jours fait bon ménage. Aussi cette lettre ne doit-elle pas damment votre reconnaissance.

surprendre, qu'une grande maison de pompes funèbres N'ayez crainte, répondit l'organisateur.

a fait parvenir aux médecins et aux hommes de loi : Quand le moment fut venu d'annoncer l'artiste, l'organisateur, s'avançant vers le public, déclara:

- Et maintenant vous allez entendre Mlle Mistin- Nous avons l'agréable devoir d'adresser nos plus vifs guett, qui nous a fait l'honneur d'offrir son concours, et nos plus sincères remerciements aux membres du corps Je n'ai pas besoin, n'est-ce pas, de vous présenter judiciaire et aux médecins pour les recommandations Mlle Mistinguett. Il y a plus de trente ans qu'elle est qu'ils n'ont cessé de nous donner et pour l'aide qu'ils célèbre sur tous les continents...

nous ont apportée. ***Il avait raison, le commandant!... Mlle Mistinguett Nous avons toujours eu le souci de conserver la haure est très susceptible. Elle faillit tomber en pâmoison, puis réputation dont notre maison a joui depuis sa fondation, devint rouge de colère, et puis fit annoncer qu'elle avait il y a un siècle aujourd'hui, et nous espérons que vous perdu sa musique... L'organisateur n'en revenait pas. voudrez bien nous garder votre concours, dans l'avenił,

Vous avouerez pourtant que j'ai été aimable, très comme dans le passé.. aimable!...

Croyez, Monsieur, etc...

Voilà qui n'eût pas manqué de réjouir Molière !

Un peu partout.
Les grands distraits.
La semaine médicale de Strasbourg vient de rassem-

A l'ombre de Shakespeare. bler là-bas d'éminentes personnalités. Comme il arrive Jamais la haine des Capulets pour les Montaigus à dans tous les congrès du monde, entre toutes les émi- Vérone, ne fut plus ardente, au XIV° siècle, que ne le nentes personnalités, on va se réveiller au café des solen- fut, à Naples, au XX° siècle, celle des Florillo pour les nelles séances où l'on a failli s'endormir. Aussi les cafés de Lulcia. de Strasbourg retentissent-ils d'anecdotes médicales. En Quarante morts en six ans tel est le nombre des voici une, au petit bonheur, qui concerne le docteur victimes qu'a fait jusqu'ici cette lutte sans merci. Doyen.

Mais Naples, en 1921, profite de l'exemple de Vérone Il était fort distrait, le docteur Doyen, il l'était même en 1303. Elle sait qu'il ne sert à rien d'interdire les comquand il opérait, ce qui inquiétait parfois ses aides. Uno

bats singuliers par une ordonnance voire par une jour, qu'il devait trépaner un patient, on lui saisit la circulaire comme celle de M Bonnevay. main juste à temps pour qu'il n'ouvrît point le côté du Aussi les autorités napolitaines, soucieuses du bonheur crâne qui se portait bien. Le lendemain, autre trépana- et de la tranquillité de la cité, viennent de prendre une tion. Ses aides voulurent éviter un accident. Suivant mesure énergique. On a simplement arrêté toutes les l'habitude, le crâne du malade avait été rasé et badi- personnes encore vivantes appartenant à ces deux geonné de teinture d'iode. Pendant que le grand opéra- familles. Toutes? Non pas. Il en reste deux en liberté : teur se préparait, son second prit un morceau de craie, un garçon et une fillette, jeunes enfants que leur âge a et sur le tableau noir que formait la teinture d'iode, il sauvés de prison. Les voici, tous deux, sans famille ; et, écrivit : Côté à ouvrir. Le plus drôle est qu'en arrivant, rapprochés par leur infortune commune, ils deviennent le docteur Doyen ne témoigna pas la moindre surprise d'inséparables compagnons. Sous l'oil paternel et satisde cette plaisanterie. Comme s'il avait à faire à une fait des autorités, ils grandissent et on songe que peutboite de conserves, il se mit à l'ouvre. Et quand ensuite être un jour, Beppo de Lucia et Luigia Florillo, pour on lui parla de l'inscription, il répondit qu'il n'y avait ressembler mieux encore aux amants de Vérone, comme pas pris garde.

eux s'aimeront tendrement.

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Un jeune patriarche.

déjà? Et que pourrait répondre M. Briand, qu'il n'ait

point dit encore ? Il paraît que le patriarche des Chrétiens nestoriens,

Un vieux camarade de Waldeck-Rousseau raconte : qui assista à l'installation du Roi Feyçal, n'était qu'un

« Quand le président fit son discours de Saint-Etienne, petit garçon de douze ans. Voilà, dites-vous, un cas bien

les journaux en avaient eu communication, par avance, curieux, de vieillesse précoce ; s'il vous paraît naturel

comme il convient, et à l'heure approximative du banqu’un patriarche tombe dans l'enfance, il vous paraît quet de la Loire, on se mit à imprimer le manuscrit à étrange qu'un enfant verse si tôt dans le patriarcat.

Paris. Cependant, par aventure, le président changea le Mais n'a-t-on pas vu même en Occident d'aussi curieu

thème de son discours, et voulut dire, pour éclairer l'opises promotions ? Il y a seulement cent-ans, en Angle nion, des choses qu'il n'avait pas annoncées. Je dus télé terre, le duc d’York 'n'avait que quelques mois lorsqu'il phoner en hâte aux journaux de Paris de suspendre fut nommé évêque d'Osnsburgh ; d'où ce bon mot de

leur tirage, et que le second discours – le vrai leur Sidney Smith : « Je me suis laissé dire que notre Très serait communiqué. Révérend Père en Dieu va être incessamment sevré. »

« Hélas ! Il était trop tard. C'est le premier discours qui parut, et qui appartient à l'histoire. Le second, les

auditeurs l'entendirent mal, et le pays n'en sut jamais L'esprit au pays de M. Fonson.

rien. » Les journaux anversois nous content une bonne his

Et cette petite histoire mélancolique nous amène à

nous faire une raison quant à la prochaine interpellatoire. C'était au récent banquet des télégraphistes organisé

tion. Ni M. Briand, ni ses amis, ni ses ennemis ne nous au Marché de la Madeleine. M. Neujean, ministre du

apprendront grand'chose. L'opinion de chacun est faite. département, prononçait le discours d'usage :

Quant aux décisions à prendre, chacun sait, n'est-ce « Nous, les vivants, nous mourrons un jour; ces

.pas, que ces choses-là ne se décident plus en séance. morts héroïques ne mourront jamais ... Au point où nous en sommes, nous pouvons dire qu'il ne reste plus qu'un pas à faire. Et ce pas, ce sera le dernier ... »

Il y a du travail, évidemment, explique un vieux rouTout à coup éclata, au bas-bout de la table, un bruit

tier, qui n'a plus d'ambition et auquel la sagessé est d'assiettes, cadencé, régulier, qui, peu à peu, gagna la

venue, par conséquent. Mais faut-il tant de discours, quasi-totalité de la table. Le ministre fut un peu sur

pour faire du travail? Il y a la convention avec les pris, mais en bon ministre des postes et télégraphes, il

Compagnies de chemins de fer. M. Sibille, qui est de ignorait le Morse; il ne put soupçonner que les télégra

la Loire-Inférieure, a rendu à son illustre camarade de phistes impatients, martelaient de la sorte ces trois mots

liste le service de ne pas insister, en juillet, au moment irrévérencieux : « Ferme ta g...! Ferme ta g...!

où la session aurait pu mal tourner pour celui-ci. Il faut voter en octobre ce qu'on n'a pas pu voter en juillet. Mais comme tout a été dit sur la question, ce peut être

l'affaire de deux heures. Affaires Intérieures

Il y a aussi le pétrole. La liberté du pétrole s'impose, oui ou non. Il faut prendre encore, et très vite, une déci

sion. Mais le siège de chacun n'est-il pas fait? Et pourVeille de rentrée

quoi, là aussi, faudrait-il plus d'une séance? Mettons

deux, car il ne faut faire à M. Barthe nulle peine. Encore deux ou trois jours, et les Chambres seront

Et puis, il y a le budget. Mais le budget n'a pas rentrées. Par ce soleil et cette chaleur, et ces belles jour-besoin d'être interminablement discuté. L'essentiel, c'est nées d'été! Certains trouvent que c'est bien tôt. On a vu

d'avoir une politique financière. Economies, ou démagodes Chambres — par des années plus brumeuses – ne

gie? Tout cela peut être réglé aussi en deux heures : les rentrer qu'aux environs de la Toussaint. Mais il y a des

représentants du peuple savent ce qu'ils ont à faire et gens superstitieux, qui n'aiment point à inaugurer leurs

doivent avoir pris leur parti. Qu'ils prennent une décitravaux le lendemain du Jour des Morts.

sion de principe, et tous les détails viendront par surD'autres estiment, par contre, la rentrée très tardive. croit très vite. Ceux-là sont les gens consciencieux, qui croient que des

« Quand on parle trop longtemps, conclut cet homme discours prochains, dont l'éloquence bouillonne par

très sensé, c'est qu'on ne sait pas très bien ce qu'on veut » avance en leurs cours généreux, sortira l'Europe pacifiée

« Hé, conclut un ancien ministre, connu pour son et la situation financière assainie.

patriotique entêtement, n'est-ce point justement là toute Un sceptique, pour qui rien n'est sacré, et qui trouve

la question. La Chambre sait-elle vraiment et clairement matière à plaisanterie dans les préoccupations les plus ce qu'elle veut ? » graves, déclare : « Cette rentrée n'est qu'une fausse ren

Nous en jugerons à la longueur de la session. trée. Car de deux choses l'une : ou le ministère est renversé, et alors, crises, négociations, vacances, ou Briand, consolidé, part pour Washington, et alors, absence de

N'oublions pas qu'il faut aussi nommer un vice-prégouvernement, carence, revacances...

sident, puisque le brave Groussier ne veut plus assumer, Ce sceptique, qui rêve de villégiatures supplémen- malade, une fonction qu'il a remplie avec tant de feu, taires, ignore-t-il donc qu'au Parlement il est impossible d'ardeur et d'énergie. de prévoir les choses et que l'événement qui arrive est

« Il faut nommer Herriot, dit quelqu'un. En bonne toujours celui sans lequel on a compté.

justice, le siège revient au groupe radical-socialiste, for-
clos, jusqu'ici,'du bureau. »
Mais un grincheux proteste : « Le groupe radical-

: Les gens sérieux vont, déclarant : « La session sera socialiste n'est pas plus nombreux, en ce moment, que la très chargée. Il y a un travail considérable, et qui ne droite et l'Action libérale ensemble ne l'étaient sous le sa urait attendre. »

règne radical-socialiste. Ces Messieurs de la rue de Nous sommes d'accord. Mais on va perdre, tout de Valois ont-ils jamais pensé alors qu'« en bonne jusmême, dix ou quinze jours à interpeller. Cependant, que tice » un siège de vice-président pouvait revenir à nos pourrait dire M. Tardieu, que nous ne sachions pas collègues de droite ? »

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« Encore une occasion, fait quelqu'autre, de voir si pelle que la République a été la première, lors des séanla Chambre sait ce qu'elle veut. >>

ces préparatoires d'où sortit l'avenant, à proposer des M. André Lefèvre, que ces choses n'intéressent pas, mesures efficaces, et qui furent écartées. Elle reste fidèle passe. La rosette rouge illustre sa boutonnière. Tout à un idéal, qui fut toujours le sien, même au temps de s'est donc terminé au mieux. Un ami lui demande : la défaite. Elle n'aspire qu'à vivre « libre et pacifique, « Mais qu'y avait-il donc au fond de tout cela ? Et qui à côté d'une Allemagne libre et-pacifique ». ne voulait pas que vous eussiez la rosette? )

Cette déclaration, télégraphiée immédiatement par M. André Lefèvre marque, par un geste vague, qu'il des auditeurs enthousiastes, provoque outre-Manche une me l'intéresse pas d'approfondir ce problème : « M. Bar- joyeuse stupeur. thou, dit-il, me disait que c'est Briand, et M. Briand

Le Daily Chronicle, au noin des disciples les plus me disait que c'est Barthou. ».

fidèles de D. Lloyd George, écrit le 8 : Tout de même, la session qui va s'ouvrir pourrait être intéressante.

« Que par son geste magnifique devant la Société des NaTRYGÉE. tions, la France vient d'accomplir la plus noble de toutes les

actions depuis la grande guerre. Elle offre au monde un représentant qui, sans oublier les régions dévastées, et la

crainte que fait naître en son pays le voisinage d'un ennemi CORRESPONDANCE

de toujours, n'hésite pas à regarder l'avenir en homme praNous avons reçu la lettre suivante :

tique. Français et Allemands, dit-il, en s'inspirant de la pen

sée qui est à la base de la Conférence irlandaise, brisons la Monsieur le Directeur,

sinistre machine, qui est responsable des misères du passé. » Trygée dans un article sur la composition des grandes com- Et le Daily Chronicle, comprenant, pour une fois, missions me place à droite du groupe de l'Action Républisaine et sociale à côté de MM. Le Provost de Launay et Ville

toute la pensée française ajoute : L'estime que j'ai pour le caractère de ces deux collègues de

« Ce que nous voulons, dit M. Noblemaire, en réclamant

le désarmement matériel de l'Allemagne, c'est le désarmement peut m'empêcher de vous faire remarquer que je n'ai jamais fait partie de l'Action libérale. Je ne suis pas seulement répu

moral ». Et cette expression va droit au but. Si l'on ne peut blicain de raison et de cour, je le suis encore de tradition

détruire l'esprit du junker, si l'on ne peut reconstruire une familiale, ce qui a bien sa valeur, à une époque où tant de

autre Allemagne sur les fondations qui viennent d'être pofarouches républicains seraient bien en peine pour prouver

sées, nous le reconnaissons, avec joie, par les fondateurs de le républicanisme des leurs en 71 ou 48.

la nouvelle République, la généreuse déclaration de la France

sera vaine. » Au point de vue social, on m'a assez reproché jusqu'à présent d'être trop avancé pour que là encore je repousse vos Les radicaux du Daily News, qui furent toujours classifications : certains soi-disant « avancés » me semblent

avares de leurs tendresses, s'étonnent joyeusement de bien timorés. Voyez-vous, monsieur le directeur, il est si difficile de

voir « un soldat français parler de son ennemi tradi1-classer » des hommes qui justement estiment les vieilles

tionnel, avec sincérité et générosité, envisager publiqueclassifications contraires à la réalité comme à l'intérêt du ment l'époque future où l'Allemagne et la France pourPays. Et n'est-ce pas un moyen de progrès que de chercher ront vivre en parfait accord et attribuer à la France un des « formations » nouvelles dans un esprit de concorde ? désir de paix générale. » (sic). Ce discours « élargit le Veuillez agréer, etc.

champ de vision et soutient la foi ». On y sent passer J. DEFOS DU RAU. « l'âme de la France ».

Cette stupeur . est prodigieuse. Et si l'Angleterre

n'était pas le pays de la presse libre, comme elle est la Affaires Extérieures

patrie des institutions, on pourrait se demander si cet étonnement est sincère et si cette suprise n'est point

commandée. M. Noblemaire, en tenant, sur l'ordre du Les étonnements de l'opinion anglaise gouvernement, le langage qu'il a tenu, n'a fait qu'expri« La machine ronde a perdu la boule » proclame Washington, le sentiment unanime du peuple français.

mer, à une heure singulièrement propice, à la veille de M. Etienne Grosclaude dans un livre trop parisien pour

Il n'a jamais voulu, au lendemain de la victoire, qu'un que tout Paris ne l'ait point lu (1). Et je ne suis pas

désarmement efficace et une paix durable. Il l'a dit. Il surpris que ce disciple d'Esculape, qui fut tour à tour

l'a répété. Il l'a prouvé. Mais comme ce peuple n'est ni journaliste, explorateur et industriel, qui a couru le

sot, ni oublieux, il ne croit à la possibilité d'une réducglobe et approché du pouvoir, ait formulé, au lendemain

tion dans ses forces militaires, que si elle est précédée de la paix, en tåtant le pouls de l'humanité, ce jugement

par le désarmement de la pensée allemande. Or, rien ne désenchanté. Certes, rares furent les périodes où les

démontre que cette rénovation mentale soit encore une hommes purent renoncer complètement aux grains réalité durable. Le formidable dossier sur la propad'ellébore ». Mais la guerre mondiale

a fâcheusement accru leur instabilité mentale. Les visions sont moins

gande pangermaniste, dressé par le Bureaui militaire

du Haut-Commissariat thénan, l'article lumineux da pettes ; et jamais il n'a été plus indispensable de voir

Times, sur la constitution d'une armée de 800.000 hom. clair. Les intérêts sont exaspérés : or, jamais l'indivi

mes, sont là pour le prouver... Il a suffi, cependant, que dualisme n'a été plus impuissant. Les rancunes sont le chancelier Wirth prononçât certaines paroles et eût tenaces : or, jamais, il n'a été plus opportun de savoir

certains gestes, pour que le public français, qui ne veut oublier.... Ouvrons la presse anglaise : à quelques jours d'inter

que la paix, approuvât et la levée des sanctions et les valle, elle exprime un double étonnement qui prouve haut à Genève, sur les rives du lac de ia S. D. N., ce

négociations de M. Loucheur. M. Noblemaire a dit très combien « la machine vonde a perdu la boule ».

que chacun, en France, répète, sur la place ou dans la X

Et son discours provoque à Genève, chez la délégaLe jor octobre devant le parlement genevois tion britannique et, à Londres, dans la presse radicale. M. Noblemaire, au nom du gouvernement français, rap- une joyeuse stupeur ! Décidément, « la Machine ronde

a. perdu la boule ». (1) La Renaissance du Livre.

Mais il y a mieux encore.

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rue.

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Sir Robert Hadfield, un membre important de l'Iron Ils ne comprennent pas pourquoi le gouvernement briend Steet Institute, dont une délégation vient de par- tannique, qui proclame urbi et orbi la nécessité de pacicourir la France, a confié, au Daily Telegraph, le 4 octo- fier les esprits et de rouvrir les marchés, a toléré et bre, ses impressions de voyage. Après avoir insisté sur même encouragé la guerre religieuse qui exaspère les l'hospitalité courtoise et empressée reçue à Paris, à masses musulmanes et ravage l'Asie Mineure. Rambouillet, au Creusot, à Saint-Chamond, à Hagon- Ils ne comprennent pas pourquoi le Foreign Office dange, sir Robert Hadfield a ajouté : « On a déclaré qui, dans maints documents, a constaté que le retour ici que la France n'avait plus d'amitié pour nous. J'ai à la vie normale serait impossible sans une coopération constaté au contraire chez les vrais Français autant de internationale, a écarté, par un simple prétexte, l'offre cordialité que par le passé. » Le lendemain, dans un ingénieuse, formulée par le quai d'Orsay, les 25 novemlong article, le Daily Telegraph soulignait l'importance bre 1920 et 20 mai 1921 pour résoudre en commun le de ce témoignage et disait leur fait aux journalistes problème des dettes russes. acrimonieux et aux publicistes pessismistes qui, hier

, ! Ils ne comprennent pas qu’un Etat allié et généreux encore, proclamaient « que ces deux peuples se regar- se soit exposé par une conception à la fois erronée et dent, à travers la Manche, avec des yeux colères et excessive de ses intérêts, à recevoir la double leçon que jaloux ».

lui ont infligée la Commission des Réparations et l'arbiL'agréable surprise qu'exprime sir Robert, l'ancien trage des Etats-Unis, les 22 et 29 septembre derniers. président de l'Iron and Steel Institute, est aussi sur- On commettrait une grosse erreur outre-Manche, en penprenante que le joyeux étonnement qu'a provoqué M. No

sant que nos villages n'ont prêté aucune attention à blemaire. La France est vis-à-vis de ses alliés d'une ces deux arrêtés, qui restaurent un droit et abrogent une fidélité toute paysanne. Elle trouve dans ces alliances iniquité. Les 2.153.407-tonnes de navires allemands, une satisfaction pour ses besoins d'ordre et pour son livrés avant le 1er mai 1921, ont été évaluées à 745 milculte du contrat. Elle pousse le respect de sa signature lions de marks or (1), soit 18 livres la tonne : or l'ingésouvent jusqu'à la docilité et parfois jusqu'au sacrifice. nieux · Accord de Spa, par sa clause 6, avait réduit le Elle n'a refusé à la Russie ni un milliard, ni un soldat.

montant de cette indemnité à 8 livres par tonne. Enfin, Au lendemain des défaites, les offres allemandes l'ont l'arbitrage américain, en décidant que le remboursement trouvée inébranlable. Au soir de la victoire, le peuple de la dette belge par l'Allemagne devait être calculée français, d'un élan aussi unanime, aspirait à continuer, en marks or, au cours du change du 11 novembre 1918, avec le peuple anglais, la même coopération.

et non au cours actuel, assure à la France 2 milliards « Il sentait, dans toutes ses fibres, pour préciser les mots

de marks or : ses alliés ne lui accordaient que 800 mil- . du Times, que leur amitié étroite était une nécessité de la vie | lions. Ce double effort pour réduire la valeur d'une inpour chacun d'eux ; qu'avec elle, ils pouvaient espérer un demnité touchée par l'Angleterre et le montant d'un remdéveloppement presque illimité de leurs nombreux dons et

boursement escompté par la France, nos paysans ne ressources, et que, sans elle, leur sécurité et le bien-être

l'ont point compris. matériel et spirituel, qui en dépendent, doivent toujours être Ils comprendraient encore moins qu'après avoir préprécaires et mal assurés. » (5 octobre.)

conisé la substitution de réparations en nature aux Cette conviction n'a pas changé. Elle reste gravée paiements en espèces et une coopération franco-alledans l'esprit de tout Français de pure race. Elle trouve mande pour la restauration des régions dévastées, le son expression chaque fois que l'occasion s'en présente. Foreign Office maintînt contre l'accord Loucheur-RaEt il est extraordinaire que sir Robert Hadfield, ses thenau le veto annoncé par le correspondant diplomaticollègues de l'Iron and Steel Institute, les maires des vil- que du Daily Telegraph le 4 octobre et confirmé le 5. les anglaises aient été surpris de le constater. Cet éton- Certes, ces étonnements seraient moins grands, si les nement prouve que l'humanité est bien malade. « La traditions diplomatiques et les angoisses industrielles Machine Tonde a perdu la boule. »

du Royaume-Uni étaient mieux connues. Ils n'en restent pas moins plus naturels et plus explicables que la sur

prise dont témoigne l'opinion anglaise en constatant Mais pour éviter à nos amis Anglais quelques stu- à la veille de Washington la coïncidence est curieuse peurs et au Foreign Office quelques

bévues, il convient que la France reste fidèle à son objectif de désarmeinent de leur rappeler que l'adage · Vérité en deça des Pyré- européen et à son culte de l'alliance anglaise. Mais ces nées, erreur au delà », est également vrai de la Man- sentiments ne suffisent pas. Il faut réagir avec vigueur che. De l'autre côté du Détroit, l'homme-de-la-rue et sortir de l'ornière. "Poursuivre plus avant dans la s'intéresse aux questions de politique intérieure, surtout voie des désaccords quotidiens serait une folie. Cette aux questions économiques et fiscales, mais ne prête | fois définitive. qu'une médiocre attention aux problèmes diplomatiques.

'x L'étranger ne lui inspire aucune curiosité. Ses spécialis

Dans une remarquable interview accordée le 3 octobre tes lui inspirent une confiance totale. Il n'en est pas de même en France. L'homme-de-la-rue ne lit pas les dé

dernier, à M. Jean Herbette, M. Fisher, ministre de

l'instruction publique, n'a pas seulement rappelé que bats parlementaires et encore moins les tableaux statistiques; mais il parcourt les nouvelles de l'extérieur. Ki jo L'entente franco-anglaise demeure indispensable pour Pas de journal, si modeste soit-il, même un journal de maintenir la paix en Europe, pour faciliter l'évolution démola province, qui ne consacre aux événements internatio- cratique de l'Allemagne, pour garantir les intérêts vitaux des naux la plupart de ses articles et parfois tous. Les pay

dans le où surgiraient des dangers de

conflit. » sans de mon village ont une opinion très nette sur les réparations allemandes, les dettes interalliées, le tem

Il a proposé une méthode de liquidation cordiale : pérament italien - et aussi sur le Foreign Office. Ils

<< régler les affaites une à une, dès qu'une solution parlent de sa politique, vis-à-vis de la France, pour équitable se présente ». Il a donné la définition d'une prendre la formule du Times, « sans colère, mais avec

« consacrer à cette transforinatristesse ». Ils n'ont pas compris, puisque le Traité de Versailles

(1) i mark or = 3 fr. 30. Je rappelle d'autre part que le consacre entre la France et l'Angleterre une transaction

5 octobre dernier, la Commission des réparations a évalué la rhénane, pourquoi cette transaction n'a point été indi- dépense d'occupation pour l'Angleterre avant le for mai 1921, quée dans un accord préalable et laisse subsister des à 991 millions de marks or. La différence entre les dépenses méfiances tenaces.

et les recettes n'est plus que de 246 millions de marks or.

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deux pays,

cas

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politique alipe

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une

tion » morale et politique du Reich « la période

fut la rivalité de deux hommes, les généraux Berenguer quinzaine d'années disent les gens compétents pen-, et Silvestre (1). Le premier, diplomate adroit, très au dant laquelle une nouvelle agression paraît invraisem-courant des choses africaines et que ses succès, plus blable, faute de préparatifs matériels >>

politiques que militaires, ont désigné en 1918 au poste Il y a là les éléments d'une conversation : rétablir de haut-commissaire. Le second, sorti du rang, ayant l'harmonie au sein des alliances occidentales, réaliser conquis tous ses grades à force de bravoure et de blesl'accord pour la reprise de la vie européenne, avant de sures, grand favori des juntes d'officiers et effroyablesonger à désarmer tous les peuples et à pacifier tout ment jaloux de son collègue. l'univers

A la veille du drame, Berenguer est installé à Tétouan JACQUES BARDWUX. avec autorité sur l'ensemble de la zone occupée. Sil

vestre a son quartier général à Melilla et y affecte la

plus grande indépendance à l'égard du haut-commisAu Maroc Espagnol

saire. Les renforts qu'il demande pour tenter une expé

dition sur Alhucemas lui ayant été refusés, il l'entreDans les derniers jours de juillet, un bruit se répandit prend cependant, avec des forces insuffisantes, parmi dans Madrid, secouant la torpeur où l'été brûlant avait

des tribus en effervescence. Le résultat de cette témérité plongé la ville. Ce bruit, imprécis d'abord, très vite gran

ne se fait pas attendre. Un poste isolé est cerné à Iguedit, s'amplifia et bientôt résonna de Cadix aux Pyré

riben. Après trois semaines de siège et d'indicibles soufnées, comme un coup de tonnerre :-Au Maroc, les armes

frances, la garnison tenta une sortie désespérée à travers espagnoles venaient de subir une grande défaite; toute

une gorge étroite. Et c'est un massacre semblable à la région de Melilla était en insurrection; des milliers

celui de Roncevaux... Pendant ce temps, Silvestre, avec de soldats du roi catholique étaient tombés aux mains

le gros de sa colonne, s'est laissé entourer à Annonal. des Riffains, la plupart avaient été massacrés; la ban

Ses auxiliaires indigènes font défection. La panique nière de Castille se trouvait, sur la côte d'Afrique, rame

şaisit jusqu'à son état-major. Le général disparaît dans née à des positions constamment dépassées depuis

des conditions mystérieuses. Les soldats sont ou égorgés Charles-Quint!

ou emmenés en captivité. La montagne est maintenant D'ailleurs, les communiqués officiels demeuraient

couverte de cadavres affreusement mutilés. Quelques vagues et réticents. Les détails manquaient. Mais

Espagnols à peine s'échappent et apportent à Melilla d'effrayantes nouvelles circulaient : On parlait de gar

les sinistres nouvelles. nisons assiégées périssant de faim et de soif, de capitu

Juillet touche à sa fin. Tout le Rif est maintenant en lations achevées en massacres, de colonnes traîtreusement révolte. Nador, Zelouan, plus de quatre-vingts postes surprises dans des défilés et anéanties, de troupes auxi

espagnols tornbent aux mains des insurgés; leurs garliaires indigènes achevant leurs officiers blessés, de

nisons sont massacrées, Melilla est bombardée. Plus de mains coupées, de têtes de généraux promenées au bout dix mille soldats espagnols ont disparu ou péri. d'une pique de tribu en tribu. Bref, tout un sinistre

Cependant une garnison d'environ 1.200 hommes, drame comme il s'en est tant joué dans le Maghreb, un

sous le commandement du général Navarro, se mainnouvel épisode de la guerre des Mercenaires ou de celle

tient dans l'importante position du Mont Arruit. Elle de Jugurtha.

n'a, pour se nourrir et s'abreuver, que les sacs de vivres Cosas de Marruecos! Choses du Maroc! Voilà trois

et de glace que lui jettent les avions venus de Melilla. mots qui, en dépit de certaines apparences, trouvent tou- Les hommes boivent l'urine des mules, puis les abattent jours un sonore écho dans cette Espagne qui se souvient

et sucent leur sang. Plusieurs, devenus fous, se suicident encore de la reconquista. Aux nouvelles de Melilla, ce fut, dans toute la pénin- tion commencent. Bientôt, le bruit se répand parmi les

Après vingt jours de siège, les pourparlers de capitulasule, comme une secousse sismique. D'abord, des mani- assiégés que les Berbères ont offert, contre livraison des festations de sens contraires se produisirent; un régi- fusils, de permettre à toute la garnison de regagner, ment désigné pour l'embarquement se mutina. Puis, les saine et sauve, les lignes espagnoles... vieilles traditions batailleuses l'emportèrent; la flamme Ces conditions sont acceptées. Les assiégés déposent patriotique monta. Les engagements volontaires se mul

leurs armes. Les Marocains s'en emparent. L'évacuation tiplièrent; les dons affluèrent. Quelque chose du vieil

de la position commence. A ce moment, une fusillade esprit des croisades reparut; on vit un capucin et un éclate, nourrie. C'est la harka berbère, forte de quatre à franciscain se faire aviateurs. Même les partis tradi- cinq mille hommes, qui tire sur les Espagnols désarmés. tionnellement hostiles à « l'aventure marocaine » désar

Les Riffains, auxquels se sont joints les auxiliaires indimèrent et un de leurs organes put écrire : « Si nous gènes de la garnison, achèvent les blessés et envoient « laissions passer le désastre sans revanche, la Répu- les corps rouler au fond des ravins. Le général Navarro << blique d'Andorre ne craindrait pas

de

est fait prisonnier. La moitié seulement de ses troupes « nous. L'Espagne serait effacée de la liste des

parvient à s'échapper. Il nations. » En même temps, le faible ministère Allendesalazar s'effondrait et était remplacé par un cabinet groupant, sous la forte direction de M. Maura, des

Le massacre du Mont Arruit, le 9 août, marque le représentants de tous les partis dynastiques. Des mesures

point culminant de l'insurrection riffaine. énergiques étaient prises, sauvant autour de Melilla ce L'Espagne, maintenant, se ressaisit. Des contingents qui pouvait encore être sauvé et préparant, avec pru- importants, bien commandés, bien armés, bien ravitail. dence, une revanche qui se dessine déjà...

lés, sont dirigés sur le Maroc. M. La Cierva, l'énergique Que s'était-il au juste passé?

ministre du nouveau cabinet, trace, d'accord avec le A l'origine de la catastrophe, on trouve les erreurs de Haut-Commissaire, un programme d'action méthodique l'administration espagnole qui, imbue du souvenir des et prudente. On tentera d'abord d'élargir le cercle formé luttes de jadis, manqua trop souvent, vis-à-vis des Maro

par les insurgés autour de Melilla. Ensuite, et peu à peu, cains, de cette intelligente sympathie qu'implique la for- on occupera dans le massif montagneux des points stramule du protectorat. On rencontre aussi la démorali- tégiques que, par infiltrations successives

, on s'efforcera sation de l'armée due à ce soviétisme d'état-major qui,

de relier. Constamment on agira, non en conquérants, depuis 1917, permet, au delà des Pyrénées, aux juntes

(1) On trouve dans le Figaro du 30 septembre d'intéressants d'officiers de dicter leurs volontés au gouvernement.

détails sur cette rivalité, contés par MM. Jean et Jérôme Une cause plus immédiate des événements de juillet Tharaud.

se

mesurer avec

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