Au Salon de l'Automobile mandes annulées, l'arrêt des affaires, la crise à son dé.. but. Heureusement l'esprit français s'adapte. Les ingé nieurs ont travaillé sur un nouveau programme; et les En 1919 après cinq ans d'interruption, nous retrouvions le Salon de l'Automobile au Grand Palais. Nos voiturettes sont sorties. Certaines sont de véritables voi tures, la II HP Delage, par exemple, grâce à l'ampleur constructeurs, ayant remis sur pied leurs usines fatiguées de son châssis qui peut recevoir une carrosserie, limoupar les fabrications de guerre, s'apprêtaient pour un nouveau départ. Le Salon actuel doit nous dire les dé sine ou coupé. Delahaye, Delaunay-Belleville, ont tra vaillé dans le même sens; malheureusement on arrive couvertes, les erreurs, les changements d'orientation ; qu'ont amenés pour eux deux années de travail. Pour vite ainsi à une exagération dangereuse : la taille du I l'acheteur qui recherche non seulement la vue d'ensemble châssis entraîne une augmentation de poids fâcheuse mais les différences de détail, l'incertitude est grande. pour les pneus et la consommation d'essence. Les 10 HP Autrefois dix ou quinze marques prédominaient, parmi ainsi traitées deviendront vite de grosses voitures. Il y a une limite à observer. lesquelles le choix pouvait se fixer en dédaignant les autres. Aujourd'hui les stands trop nombreux débordent Un autre point semble avoir été dédaigné maintenant et les noms les plus inconnus laissent à l'ail une im- par nos constructeurs : c'est l'utilité de la course. Nos pression d'émerveillement. Toutes ies maisons savent vieilles marques confiantes en leur clientèle reculent deprésenter le châssis net, allégé de toute tuyauterie, puis- vant les frais entrevus. Oublient-elles que cette clientèle sant comme une locomotive, nickelé comme un néces- leur fut précisément amenée par leurs victoires d'autre saire à ongles, le moteur à la conscience pure qui n'hé- fois? Un exemple en est fourni par la maison Peugeot I site pas à renseigner son maître sur ses palpitations les qui doubla ses affaires en 1914 après ses succès à Dieppe | plus mystérieuses par l'intermédiaire de quinze cadrans et en Picardie. En dehors de la question de publicité, ornant son tablier. Pourtant quelques changements sen les techniciens s'accordent tous à reconnaître que la sibles se manifestent cette année, même aux yeux du meilleure façon d'améliorer la construction automobile į profane. est de travailler à l'augmentation du rendement. Le rèA côté du gros modèle imposant sur son socle, en voici glement du Grand Prix du Mans fixait à trois litres la une réduction plus modeste, une dix ou une douze che- cylindrée des voitures. C'est donc en poussant à leur vaux, nouvelle enfant du grand constructeur, et qui doit extrême limite des moteurs de trois litres, c'est-à-dire ajouter aux qualités de vitesse et de rendement habi- d'une puissance officielle de 15 chevaux, que l'on arrive tuelles, une autre, dédaignée jusque là dans la maison : à produire les voitures de course actuelles. L'amélioral'économie. Cette dix chevaux résume par sa présence tion du rendement amène une économie d'essence et de l'histoire de la construction automobile depuis deux pneumatiques puisqu'un moteur de 15 chevaux fournit ans, l'hésitation, puis le recul du client débordé par les , maintenant le travail que l'on obtenait jadis des grosses notes d'essence et de peus, les nouvelles con- soixante chevaux. Quelques constructeurs jeunes et éner autre source d'énerg giques l'ont compris : Delage, Hispano Suiza, -Voisin, On a signalé sur les voitures de 1922 l'emploi du Bugatti, Chenard et Walker, Lancia, Rolland Pilain, frein sur les quatre roues. Ce frein devient indispensapour ne citer que les principaux, travaillent le moteur ble avec les grandes vitesse réalisées aujourd'hui. Il en à haut rendement. Malheureusement ces maisons n'ont est de plusieurs modèles parmi ceux qui ajoutent une pas toujours les moyens nécessaires à assurer les frais à l'effort musculaire exercé d'une course. Au lieu d'établir des modèles spéciaux, ils sur la pédale ; les trois plus connus sont le frein doivent se contenter de travailler leurs châssis de série hydro-pneumatique Rolland-Pilain, le frein Birkigt pour les présenter dans de courtes épreuves, telles que de l'Hispano-Suiza et le frein Hallot. Le , frein Ralcourses de côte, kilomètres lancés, ou circuits pour voi- land-Pilain, copié par land-Pilain, copié par une marque américaine, qui le tures de tourisme. Ces efforts ne sont pas perdus : des perfectionnements en résultent. C'est ainsi que Voisin du Grand Prix du Mairé pait la voiture gagnante avec une voiture 18 HP sport, monte les 21 kilomètres il fonctionne par un mélange d'air et d'eau sous presdu Ventoux à 63 de moyenne, et la côte de Gaillon à sion, agissant sur un piston. Perfectionné cette année 120, que Chenard et Walker présentent cette année un par son inventeur, il se présenté comme un modèle d'avechâssis 15 HP qui atteint le 130 à l'heure en palier ; nir . Le servo-frein Birkigt se compose d'une poulie monune autre marque célèbre Hispano-Suiza a gagné cette tée tée sur l'arbre de transmission et tournant cent fois année à Boulogne la coupe Boillot, courue en circuit moins vite que le moteur, et d'un ruban de frein monté avec une limitation de consommation d'essence, à une autour de la poulie et fixé par une de ses extrémités à vitesse moyenne de 91 kilomètres à l'heure. Les vieilles une pédale de commande, par l'autre aux tiges de sermarques dédaignent ces épreuves et se contentent d'uti- rage. Une action de la pédale tire le ruban qui frotte liser l'expérience du passé (en exceptant Panhard-Le- sur la poulie, celle-ci tend à l'entraîner dans sa rotavassor qui, cette année, a sorti une 8 cylindres remar- tion et le ruban ainsi happé tire sur la commande du quable); elles ont tort, surtout à l'heure actuelle où un frein et provoque le serrage ; la force de ce serrage revirement se produit en faveur de la construction fran- est donc empruntée au moteur par l'intermédiaire de la çaise, car le public dédaigne maintenant ces larges voi- poulie. Dans le servo-frein - Hallot, l'action du frein, tures américaines aux silhouettes anguleuses, qui avaient fonction de la vitesse du moteur, est d'autant plus forte enthousiasmé nos marchands de sardines au dernier que le moteur tourne plus vite. Voici comment : la Salon. Les marques françaises peuvent attendre un bel poulie est remplacée par une roue sur laquelle un an avenir, mais celles qui ne progressent pas seront bientôt neau est monté fou, comme un pignon faisant roue dépassées, quelques-unes le sont déjà. libre dans les deux sens, entre la roue et l'anneau sont Dans cette énumération de constructeurs aux idées placées des masselottes que la force centrifuge écarte intéressantes, on trouvera sans doute qu'un nom a été de la roue : elles s'appliquent contre l'anneau, le renoublié : c'est celui de Ballot ; il mérite en effet une dant d'autant plus solidaire de la roue que la force place à part : la première. C'est le seul constructeur centrifuge est grande et, par conséquent, que la vitesse français ayant fait les sacrifices nécessaires pour nous de rotation est élevée. Ce frein, imaginé par le capitaine représenter cette année au Mans et à Brescia (pour les d'artillerie Hallot, a été adopté par beaucoup de margrosses voitures, bien entendu, car il ne faut pas oublier ques, entre autres Chenard et Walcker et Lancia. la victoire de Bugatti dans la catégorie voiturettes à La grande vitesse de rotation des moteurs modernes Brescia). Vaincu au Mans malgré une course remarqua a provoqué des recherches également au point de vue ble, il prit sa revanche en Italie où ses voitures se de l'allumage Si perfectionnées soient-elles, les magnétos classèrent première et seconde. Il présente cette année ne résistent pas aux efforts qu'on leur demande mainune huit-cylindres en ligne, dont on connaîtra le rende- tenant. On a eu l'idée de reprendre une solution abanment en apprenant qu'elle dépasse le 130 en palier avec donnée, celle des accumulateurs, chargés bien entendu un moteur de deux litres de cylindrée, c'est-à-dire de par une dynamo qui, plus robuste que la magnéto, se douze chevaux. dérègle moins facilement. Tel est l'allumage Delco qui Cette combinaison de huit cylindres en ligne est sert en même temps au démarrage électrique et à avec le frein sur les quatre roues la plus importante l'éclairage. innovation du Salon : c'est à la course que nous les Du côté de la suspension, quelques progrès ont été devons. Huit cylindres, sans doute, ce n'est pas une faits également. Les « cantilever » sont moins employés nouveauté : avant la guerre, Darracq, de Dion en avaient pour les grosses voitures, la disposition des ressorts déjà présenté. Mais le mérite d'avoir perfectionné le placés sous le chassis paraît prédominer. Une marque huit cylindres en ligne et de l'avoir essayé le premier lyonnaise, Beck, a eu une idée originale : celle de donen course revient à Ballot. On connaît les avantages ner une suspension indépendante à chacune des quatre du huit cylindres sur le quatre cylindres : au lieu de roues. Elles peuvent donc se trouver simultanément à quatre violentes impulsions pour un tour de vilbre des hauteurs différentes sans transmettre au châssis les quin, le moteur en donne huit, chacune réduite de moitié, ce qui fournit un effort continu et régulier ; de plus, lors- En résumé, l'impression qui se dégage du XVI° Salon que le moteur tourne très vite, huit petites chambres de l'Automobile est agréable et autorise beaucoup d'esd'explosion se remplissent mieux que quatre grandes, poirs. La place nous a manqué pour traiter aujourd'hui d'où il résulte une amélioration du rendement. Le huit des questions importantes, comme celles de la voiturette cylindres se fait en ligne ou en V : l'inconvénient du et du cycle-car ; nous y reviendrons dans un prochain huit cylindres en ligne vient de la longueur du vilbre- article. En ne considérant que la voiture de moyenne quin qui peut entraîner des vibrations et rend le réglage puissance, il faut conclure à un progrès. On ne voit très délicat. Par contre, le huit cylindres en V avec ses plus de ces châssis construits légèrement où tout était cylindres inclinés à 90° est encombrant à loger sous un sacrifié autrefois à une vitesse que rendait d'ailleurs capot, Povalisation des cylindres, nécessitée par leur incertaine le fonctionnement du moteur. Les voi position est également un inconvénient de la position en V. A ce propos, il.convient de noter qu'un construc- dèle qui sera prêt sans doute pour le Salon de Londres. C'est teur, Lancia, a imaginé une solution ingénieuse en incli- un quatre cylindres obtenu en sectionnant en deux parties nant à 14° seulement ses cylindres, ce qui réduit l'en- égales son huit cylindres en V. Le moteur ainsi obtenu tien combrement (1). très peu de place ce qui permet de placer sous le capot-la boîte de vitesses, la transmission et de supprimer le châssis (1) La maison Lancia prépare également un nouveau mo- Cette idée oginale méritait d'être signalée, 1 chocs reçus. nea 419 CE QU'ON DIT X tures rapides de 1922 sont des peuvres d'art traitées L'Orangerie Vendôme. avec cette recherche de la conception claire et intelli Connais-tu la place où leurit l'oranger ?.. Il n'y a gente que l'on aime à retrouver dans un cerveau français. La préférence du public doit aller aux marques i'y voir. pas fleuri longtemps, puisqu'il est déjà trop tard pour qui rassemblent ces qualités. Sur la place Vendôme, un beau matin de ce début ROBERT BOURGET-PAILLERON. d'octobre, réalisant l'idée chère au conseiller municipal de l'arrondissement, vinrent, des voisines Tuileries, douze orangers. On les y transportait afin qu'on pût juger, sur le quart de la place, de l'effet d'une décoration florale prévue pour le printemps prochain. Les badauds s'arrêtèrent, la commission d'esthétique urbaine jugea ; des journalistes vinrent. Chacun garda son opinion préconçue avec cette atténuation : << Je croyais que cela serait plus grandiose, je croyais que ce Les morts vivent-ils ? serait plus mesquin. » L'incertitude d'une majorité La discussion continue. populaire laisse la chose en suspens, mais les orangers Dans son numéro du 13 octobre, le Matin a publié sont rentrés chez eux. Ce sont des lauriers qu'on essaiera une lettre de M. le docteur Geley dans laquelle celui-ci, la prochaine fois... << pour éviter toute équivoque », expose ses conclusions, gerie, un garde vert des promenades de Paris dont la Cependant, il y avait déjà, pour les trois jours d'orantelles d'ailleurs et il veut bien le reconnaître que l'Opinion les a reproduites à plusieurs reprises. consigne était de tourner autour des caisses. Pourquoi Le point capital , c'est celui de l'authenticité des phé du public ?... ne l'a-t-on pas chargé de recueillir les menus propos nomènes. Car, sur l'interprétation, le docteur Geley luimême écrit, une fois de plus : « Nous ne sommes pas museum à même, pour le moment, de trancher la question. >> Chez ceux qui règneat. Mais, l'authenticité, précisément, est-elle démontrée ? A propos de la statue. Le remarquable et lumineux rédacteur du Matin, qui M. Clemenceau s'est déclaré très satisfait de la façon signe « D' Ox », le nie formellement, non sans quelque dont le statuaire l'a représenté. Il est plus heureux que apparence de raison : Mistral qui n'appréciait guère le Mistral qu'on avait « M. Geley, avec d'autres métapsychistes, dit-il, campé, en Arles, avec un pardessus sur le bras : « J'ai affirme que les phénomènes de matérialisation qu'il l'air de prendre le train, disait-il, il ne me manque que nomme ectoplasmes sont aujourd'hui « bien établis ». la valise... » Or, on ne pourra les considérer comme tels que lorsqu'ils auront été produits et reproduits dans des conditions Les journaux anglais ont rappelé, à propos de la stapermettant toutes les vérifications et tous les contrôles tue du Tigre, que la Grande-Bretagne à plus d'une fois scientifiques, en présence de savants et de spécialistes élevé des statues aux vivants. Il y eut même un certain de la prestidigitation. Jusque-là, « la prudence et la Chauncey M. Depew qui s'acheta de ses deniers sa pro méthode scientifique » imposent de réserver son opi- pre statue, l'offrit à sa ville natale et prononça un disnion, » cours le jour de l'inauguration. Il semble bien, en effet, que le problème en soit là x maintenant. Les méta psychistes sont au pied du mur : On a malicieusement remarqué que ce fut le gouverou l'ectoplasmie est réelle ou bien il y a fraude ; il nement de M. Clemenceau lui-même qui s'opposa, le leur faut donc faire à présent des démonstrations scien 12 novembre 1918, à ce qu'on élevât une statue à un tifiques personnage qui n'était pas dans le tombeau, et l'on a rappelé le précédent de Louis XIV qui n'aimait pas qu'on érigeât en France d'autre statue que la sienne. Inauguration présidentielle. Les Etats de Béarn ayant exprimé leur intention Il allait, de stade en stade, écoutant les explications Soleil leur répondit sans ambages qu'une statue à sa d'élever un monument à la gloire d'Henri IV, le Roiqu'on lui donnait, posant des questions, s'intéressant vivement à tout ce qu'on lui montrait. Derrière lui ve personne lui semblait bien mieux appropriée aux néces sités du temps. Les Béarnais se soumirent et ils élevé naient les organisateurs du Salon et les constructeurs rent la statue demandée ; mais ils eurent leur revanche, les plus connus. Dominant de toute la tête le président car ils inscrivirent sur le socle : « Au petit-fils de notre de la République, le marquis de Dion se trouvait exactement derrière le chef de l'Etat. grand Henri ». w Le marquis de Dion ne nous en voudra pas si nous Le départ. révélons ce qui n'est un secret pour personne. Avoir un C'est de bon matin. Sur le quai de la gare d'Orsay, tic n'a rien de très facheux. Le maréchal Pétain en a au sous-sol, des groupes vont et viennent dans la demiun : il cligne d'une paupière sans arrêt. Disons donc obscurité. Des journalistes affairés, munis de valises de que M. le marquis de Dion a son tic, lui aussi. Il ne cuir jaune s'empressent vers leurs compartiments. cesse de secouer la tête de droite à gauche, à moins M. Briand descend lentement l'escalier suivi de MM.Bonque ce soit de gauche à droite, comme pour dire non. . nevay, Loucheur, Guist'hau, Paul Lafond, Daniélou, Or, tandis qu'on expliquait certains détails techni Maurice Colrat. Enfin, tout le cabinet... Au passage, ques à M. Millerand, celui-ci, pour bien montrer qu'il le président du Conseil reconnaît des visages amis. Il suivait avec attention, approuvait en hochant la tête de leur sourit, salue, distribue quelques poignées de main. haut en bas : Oui, oui, disait-il par oe geste. Un instant il s'entretient avec M. Guisthau. Cependant que derrière lui M. le marquis de Dion Puis, le voici dans son compartiment. Ses longs cheoh ! ce tic disait, non ! non ! veux gris, ses yeux fins et malicieux font penser à Et l'exposant en face de ces deux personnages qui Lloyd George. Le président du Conseil est seul, un peu paraissaient d'opinions si contraires, demeurait per-| las, dirait-on. Dans un angle, le garde des Sceaux cause plexe. avec M. Marraud. Et, à voir ce wagon solennel et recueilli, ces person- chandise. Celle-ci était toute en caisses, qui constituaient sages vénérables, les favoris blancs de M. Bonnevay, elles-mêmes un certain nombre de lots importants. en se rappelle la gravure très connue qui représente la Cependant, pour plaire au représentant de la France, Calle de rédaction du Journal des Débats, sous l'Em- il pourrait peut-être lui céder une caisse au prix coû. pire. Il n'y a que M. Charles Daniélou, debout près de tant. la porte, à qui de blonds cheveux donnent un peu l'air Devant une telle irrévérence, le ministre entra en d'un nouveau ». grande colère. Il chassa d'abord M. C..., puis lui fit Un coup de sifflet. M. Briand se lève, salue. Et le savoir, par un tiers, que s'il avait besoin d'un visa, il train disparaît, emportant le gouvernement vers Saint- pourrait toujours « s'en brosser », et qu'il se plaindrait Nazaire où va être prononcé un discours qui retentira à la maison C... de l'attitude de son représentant; et à tous les échos du monde. qu'il allait d'ailleurs adresser une note verbale au Quai ini d'Orsay, pour rendre compte.. Le domicile du Nonce. Tout de même ! Est-ce la vérité, ou le vain rapport des concierges de l'avenue Kléber, que le Nonce aurait enfin trouvé dans Sur la princesse de Metternich. cette avenue une nonciature parfaite ? Elle vient de mourir, à Vienne, à l'âge de quatreUn grand petit hôtel lui serait cédé par son occupant vingt-cinq ans. Jusqu'à son dernier jour, elle garda cette actuel, qui est aussi un diplomate. Echange de terrains jeunesse d'esprit, de manières et de ton, qui domait à diplomatiques ?... ses réparties une saveur amère. Puisqu'il ne peut reprendre son voisinage avec Aux fêtes de son soixante-dizième anniversaire, un l'Elysée, au moins, le prélat serait le voisin de M. Brand galant homme crut la complimenter en lui disant qu'elle dont le logis personnel est tout juste au numéro d'à-côté. ne paraissait que cinquante ans. Il n'y a qu'une petite rue à traverser. Les relations de Pour une cathédrale, répondit-elle, cinquante ans bon voisinage sont souvent utiles M. . Clemenceau ne ce n'est pas un âge, mais pour une femme, ça commence l'a-t-il pas appris aux bons pères de la rue Franklin, à compter... qui obtinrent son amitié en abattant, pour donner plus X de lumière à son cabinet de travail, une branche de leur jardin ? Elle était restée fidèle à son amitié pour Guillaume II, et ne s'en cachait pas. Après l'armistice, deux officiers nobles de la mission Les petites alliées. militaire française se présentaient chez la princesse, à Que Farrère se réjouisse ! Les voici intronisées offi- laquelle ils étaient chaudement recommandés. Introduits ciellement par l'administration de la marine à l'occasion dans un petit salon où se trouvait, parmi les portraits de l'essayage des uniformes. On lit, en effet, au der- des plus grands de la terre, un portrait en pied de Gui). nier Bulletin officiel de la marine : laume II, ils exprimèrent leur gaité. « Les intéressés seront mis à même de se présenter La princesse les-surprit et leur dit, avec un air de. aux jours et heures indiqués par le maître-tailleur de bonne foi et d'ingénuité, qui voilaient le trait de malice: l'intendance maritime pour la prise des inesures et l’es Mais oui, Messieurs, c'est mon meilleur ami, l'emsayage ; ils ont la faculté de se faire assister, en ce qui pereur d'Allemagne : il est encore mon ami aujourd'hui, concerne, cette dernière opération, par leur femme ou si vous le permettez !... par toute autre personne choisie par eux. » Il ne s'agit, bien entendu, que de l'opération de l'essayage ! Et le pudique auteur a bien fait de préciser. Et pourtant la princesse a évoqué, ces jours derniers, On pouvait aisément s'y tromper. D'autant qu'il décrit sur son lit de mort, avec une préférence marquée, les ainsi le salon... d'essayage : souvenirs de son séjour en France ; entre autres, celui « Le salon d'essayage est muni d'une glace de dimen d'un dîner aux Tuileries, dont elle fit le récit au docteur Rozsas. sions suffisantes. Au cas où les disponibilités du service en articles de l'espèce (lisez glaces) le permenda sent Aux Tuileries, dînant avec l'Empereur et l'Impéraune deuxième glace, également de dimensions suffisan trice, elle remit de sa bouche sur son assiette ? plus tcs (!) sera installée de telle façon que l'intéressé priisse de cérémonie, le mets dont elle venait de se servir. L'emvoir l'ensemble de l'opération. » pereur appelle le serveur, goûte lui-même, rejette à son La marine sait encore les égards qu'on doit au style tour, et dit à la princesse, avec un air d'intelligence administratif. Mais la morale... ? C'est vraiment trop mauvais. w Au pays des Muses. Diplomate et commerçant. Le français tel qu'on l'imprime : La France est représentée, dans un certain port de la Le Courrier de Paris, « journal des journaux », publie Baltique, où fréquentent surtout les bolcheviks, mais où parviennent parfois quelques négociants français, par cette pensée de M. Jean Kerlecq : un diplomate fort élégant, mais un peu sec. « Quand un jeune auteur met au bas de sa copie : Un jour débarque, d'un bateau qu'il avait affrété pour « Reproduction interdite », c'est qu'il meurt d'envie de l'être. » moitié, un agent général d'une très considérable maison d'alimentation. Notre compatriote s'empresse, aussitôt Etre quoi ? à terre, d'aller à la Résidence présenter ses devoirs au ministre de France. Le mot de Masson. « Vous arrivez fort à propos, lui dit à peu près celui- Un voisin de campagne de M. Frédéric Masson vint ci; j'avais justement besoin d'un pot de moutarde et lui faire une visite pendant les vacances. d'un bocal de cornichons; puis, je crois que ma femme Il pénètre dans le vestibule de la maison où le plus prendrait bien volontiers quelques boîtes de pâtés de perpétuel des secrétaires de l'Académie française passa ses étés ; il demande au valet de chambre si son maitre M: C... fit, respectueusement et fermement à la fois, peut le recevoir. Le domestique passe dans le cabinet observer au diplomate qu'il ne pouvait détailler sa mar de M. Masson, et l'on entend retentir un mot bien fran foie. » çais, mais qui n'est héroique que sur les champs de A propos d'une reprise et d'une méprise. bataille. Puis, la même voix dit : Il advint récemment qu'une jeune actrice des VariéFaites-le tout de même entrer. tés, confondant les deux chefs-d'oeuvre impérissables, Le visiteur, introduit, s'excuse aussitôt en disant ! qui ont fait connaître, pour quelque temps, à l'univers Je suis désolé de vous déranger pendant votre tra ébloui, le nom de M. Crommelynk, déclara sur un ton vail. Vous en étiez sans doute au chapitre de Waterloo impérieux qu'elle admirait de tout son coeur le Cocu puéril. La casserole et le creuset. Il y eut autour d'elle des sourires. Elle rougit, voulut On dit qu'un poète, qui eut son heure de notoriété se reprendre. Mais un ami indulgent répondit pour elle : i soignait ses reins cet été dans une petite ville d'eaux en Une erreur d'adjectif, Madame, est excusable, Auvergne. Il occupait les loisirs que lui laissait sa cure Et tous les spectateurs m'en sont ici témoins : à dicter à son indispensable secrétaire un roman auto Les Amants puérils sont puérils en diable, biographique, où il ne craint pas d'employer à l'occasion Mais le Cocu ne l'est pas inoins. un langage assez vert. Un jour, des voisins d'étage l'entendirent crier à son wenn secrétaire, du ton méprisant qu'il sait si bien prendre : Encore Célimèné... - Décidément, mon cher, vous ne comprenez rien à Un amateur de livres prétend avoir trouvé, en ourien ; vous n'êtes qu'une casserole de cuivre, et je suis vrant au hasard un des bouquins de sa bibliothèque, un creuset d'or fin !... l'épigramme que voici : Et les voisins d'étage sourirent, en se rappelant queldig ques phrases du livre en préparation, qui semblaient Blanc d'Espagne, couleurs vermeilles, sortir plutôt de la casserole que du creuset... Perles, brillants, pendants d'oreilles, Passements, jupes de grand prix, On vous étale, on vous proinène, Pour duper les faibles esprits, Et l'on vous nomme Lisimène. L'amateur de livres affirme que l'épigramme est de primitive de Gluck ; un Orphée chanté par un tenor. Si Gombault, qu'elle est absolument authentique, qu'il ne de l'on en croit Comedia, ce n'est pas la seule innovation s'agit pas ici d'un « à la manière de... », et qu'il n'y a pas la de cette reprise. M. Vidal, dans l'interview que publia lieu de changer le Lisimène de la fin en Célimène pour odbi ce journal, y parle du grand air de l'Amour : en faire une épigraphe au tableau que Bib exposera, l'an prochain, chez les Humoristes. Si les doux accords de Thalie... La muse de la comédie appelée au service d'Orphée pour apaiser la fureur des démons des enfers, voilà ce L'autre soir, au fameux gala Charlot, après la proque n'avait pas imaginé Moline, le librettiste de Gluck, jection de « La France qui renaît », la salle, vibrante, lequel avait écrit : attendait Charlot, et aussi Douglas Fairbanks et Mary Si les doux accords de ta lyre... Pickford. Première déception : on nous donna un Char lot, homme du monde, à l'habit impeccable, un vrai Ah ! ces typographes, quand ils se piquent de mytho-compère de revue. Faute de mieux, on acclama ce Charlogie . lot-là. Mais où l'affaire faillit se gâter, c'est quand le x speaker annonça au public : Cependant, le lendemain et le surlendemain, on a pu Charlot va circuler dans la salle en compagnie de lire dans un journal l'annonce de la première d' « Or- la célèbre artiste Cécile Sorel. phée, opéra en quatre actes et cinq tableaux de Molière, Célimène, la tête surmontée d'un casque à plumes musique de Gluck. » Evidemment, on nous donnait un gigantesques et multicolores, se tenait sur la scène, tout nouvel Orphée ; et puisque Molière en était l'au escortée d'un jeune nègre; elle fit mine de se lever. Ce Inteur, on ne pouvait s'étonner que Thalie se fût mise de fut alors une telle protestation dans la salle, cris, rires e la fête.. et quolibets qu'elle jugea bon de ne pas insister. On youAh ! ces typographes, quand ils se piquent de litté lait une jeune étoile, on voulait Mary Pickford. rature !... tie 3 X; mum Orphée ne sera pas la seule reprise intéressante pen Enfin, on conte que, le lendemain de l'incendie du dant cette saison pour les amateurs de Gluck. On sait , , Printemps, Célimène courut chez son agent de change. i que ce musicien, avant de composer ses grands opéras, -Ah! vendez, lui dit-elle, mes vingt-cinq Printemps! écrivit pour la cour de Vienne de petits opéras-comiques Quoi, Madame, lui répondit ce financier avec sursur des livrets français. L'un d'eux, qui a pour titre - l’Ivrogne Corrigé ou le Mariage du Diable, chante l'his prise, les auriez-vous encore ? toire d'un ivrogne que sa femme transporte, endormi, dans sa cave décorée en enfer; des furies le poursuivent, ile font presque mourir de peur, Pluton le juge, le con Le faux Charlot. damne à recevoir de nombreux coups de bâton; là-des C'était à une générale récente. Le bruit avait couru sus, la femme arrive, épouse éplorée, et supplie le faux que Charlot allait venir. La foule s'était amassée devant Pluton de lui rendre son mari, moyennant une bonne les portes; elle attendait Charlot. promesse de sobriété. A 9 heures, notre confrère Maxime Girard saute de Or on retrouve dans cette oeuvre, le thème de plusieurs taxi; il est rasé et souriant. On le prend pour Charlot, airs tragiques de Gluck, par exemple : « J'ai perdu mon on l'acclame. D'abord la méprise l'amuse; il se laisse Eurydice ». Et le sujet même ferait croire à une parodie acclamer. Mais on commence à le bousculer , 'à le tirer d'Orphée, si l'Ivrogne Corrigé n'était antérieur de quel- par ses vêtements. Alors il déclare qu'il n'est pas Charques années à cette oeuvre. On dit que la Petite Scène va lot. C'est en vain : nul ne le croit plus. Et il a toutes reprendre au printemps cette curiosité, que M. Henri les peines du monde à entrer, aux cris mille fois répéPrunières rapporta de la bibliothèque de Vienne. |tés de : « Vive Charlot! » |