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Au Salon de l'Automobile

mandes annulées, l'arrêt des affaires, la crise à son dé.but. Heureusement l'esprit français s'adapte. Les ingénieurs ont travaillé sur un nouveau programme; et les voiturettes sont sorties. Certaines sont de véritables voivoi

En 1919 après cinq ans d'interruption, nous retrouvions le Salon de l'Automobile au Grand Palais. Nos constructeurs, ayant remis sur pied leurs usines fatiguéestures, la 11 HP Delage, par exemple, grâce à l'ampleur

par les fabrications de guerre, s'apprêtaient pour un nouveau départ. Le Salon actuel doit nous dire les découvertes, les erreurs; les changements d'orientation qu'ont amenés pour eux deux années de travail. Pour rit l'acheteur qui recherche non seulement la vue d'ensemble mais les différences de détail, l'incertitude est grande. Autrefois dix ou quinze marques prédominaient, parmi lesquelles le choix pouvait se fixer en dédaignant les autres. Aujourd'hui les stands trop nombreux débordent et les noms les plus inconnus laissent à l'œil une impression d'émerveillement. Toutes les maisons savent présenter le châssis net, allégé de toute tuyauterie, puissant comme une locomotive, nickelé comme un nécessaire à ongles, le moteur à la conscience pure qui n'hésite pas à renseigner son maître sur ses palpitations les plus mystérieuses par l'intermédiaire de quinze cadrans ornant son tablier. Pourtant quelques changements sensibles se manifestent cette année, même aux yeux du profane.

A côté du gros modèle imposant sur son socle, en voici une réduction plus modeste, une dix ou une douze chevaux, nouvelle enfant du grand constructeur, et qui doit ajouter aux qualités de vitesse et de rendement habituelles, une autre, dédaignée jusque là dans la maison : l'économie. Cette dix chevaux résume par sa présence l'histoire de la construction automobile depuis deux ans, l'hésitation, puis le recul du client débordé par les grosses notes d'essence et de pneus, les nouvelles com

de son châssis qui peut recevoir une carrosserie, limousine ou coupé. Delahaye, Delaunay-Belleville, ont travaillé dans le même sens; malheureusement on arrive vite ainsi à une exagération dangereuse: la taille du châssis entraîne une augmentation de poids fâcheuse pour les pneus et la consommation d'essence. Les 10 H!? ainsi traitées deviendront vite de grosses voitures. Il y a une limite à observer.

Un autre point semble avoir été dédaigné maintenant par nos constructeurs : c'est l'utilité de la course. Nos vieilles marques confiantes en leur clientèle reculent devant les frais entrevus. Oublient-elles que cette clientèle leur fut précisément amenée par leurs victoires d'autrefois? Un exemple en est fourni par la maison Peugeot qui doubla ses affaires en 1914 après ses succès à Dieppe et en Picardie. En dehors de la question de publicité, les techniciens s'accordent tous à reconnaître que la meilleure façon d'améliorer la construction automobile est de travailler à l'augmentation du rendement. Le règlement du Grand Prix du Mans fixait à trois litres la cylindrée des voitures. C'est donc en poussant à leur extrême limite des moteurs de trois litres, c'est-à-dire d'une puissance officielle de 15 chevaux, que l'on arrive à produire les voitures de course actuelles. L'amélioration du rendement amène une économie d'essence et de pneumatiques puisqu'un moteur de 15 chevaux fournit maintenant le travail que l'on obtenait jadis des soixante chevaux. Quelques constructeurs jeunes et éner

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giques l'ont compris Delage, Hispano-Suiza, Voisin, Bugatti, Chenard et Walker, Lancia, Rolland Pilain, pour ne citer que les principaux, travaillent le moteur à haut rendement. Malheureusement ces maisons n'ont pas toujours les moyens nécessaires à assurer les frais d'une course. Au lieu d'établir des modèles spéciaux, ils doivent se contenter de travailler leurs châssis de série pour les présenter dans de courtes épreuves, telles que courses de côte, kilomètres lancés, ou circuits pour voitures de tourisme. Ces efforts ne sont pas perdus des perfectionnements en résultent. C'est ainsi que Voisin avec une voiture 18 HP sport, monte les 21 kilomètres du Ventoux à 63 de moyenne, et la côte de Gaillon à 120, que Chenard et Walker présentent cette année un châssis 15 HP qui atteint le 130 à l'heure en palier; une autre marque célèbre Hispano-Suiza a gagné cette année à Boulogne la coupe Boillot, courue en circuit avec une limitation de consommation d'essence, à une vitesse moyenne de 91 kilomètres à l'heure. Les vieilles marques dédaignent ces épreuves et se contentent d'utiliser l'expérience du passé (en exceptant Panhard-Levassor qui, cette année, a sorti une 8 cylindres remarquable); elles ont tort, surtout à l'heure actuelle où un revirement se produit en faveur de la construction française, car le public dédaigne maintenant ces larges voitures américaines aux silhouettes anguleuses, qui avaient enthousiasmé nos marchands de sardines au dernier Salon. Les marques françaises peuvent attendre un bel avenir, mais celles qui ne progressent pas seront bientôt dépassées, quelques-unes le sont déjà.

Dans cette énumération de constructeurs aux idées intéressantes, on trouvera sans doute qu'un nom a été oublié c'est celui de Ballot; il mérite en effet une place à part la première. C'est le seul constructeur français ayant fait les sacrifices nécessaires pour nous représenter cette année au Mans et à Brescia (pour les grosses voitures, bien entendu, car il ne faut pas oublier la victoire de Bugatti dans la catégorie voiturettes à Brescia). Vaincu au Mans malgré une course remarquable, il prit sa revanche en Italie où ses voitures se classèrent première et seconde. Il présente cette année une huit-cylindres en ligne, dont on connaîtra le rendement en apprenant qu'elle dépasse le 130 en palier avec un moteur de deux litres de cylindrée, c'est-à-dire de douze chevaux.

Cette combinaison de huit cylindres en ligne est avec le frein sur les quatre roues la plus importante innovation du Salon : c'est à la course que nous les devons. Huit cylindres, sans doute, ce n'est pas une nouveauté : avant la guerre, Darracq, de Dion en avaient déjà présenté. Mais le mérite d'avoir perfectionné le huit cylindres en ligne et de l'avoir essayé le premier en course revient à Ballot. On connaît les avantages du huit cylindres sur le quatre cylindres: au lieu de quatre violentes impulsions pour un tour de vilbrequin, le moteur en donne huit, chacune réduite de moitié, ce qui fournit un effort continu et régulier; de plus, lorsque le moteur tourne très vite, huit petites chambres d'explosion se remplissent mieux que quatre grandes, d'où il résulte une amélioration du rendement. Le huit cylindres se fait en ligne ou en V: l'inconvénient du huit cylindres en ligne vient de la longueur du vilbrequin qui peut entraîner des vibrations et rend le réglage très délicat. Par contre, le huit cylindres en V avec ses cylindres inclinés à 90° est encombrant à loger sous un capot, l'ovalisation des cylindres, nécessitée par leur position est également un inconvénient de la position en V. A ce propos, il convient de noter qu'un constructeur, Lancia, a imaginé une solution ingénieuse en inclinant à 14° seulement ses cylindres, ce qui réduit l'encombrement (1).

(1) La maison Lancia prépare également un nouveau mo

On a signalé sur les voitures de 1922 l'emploi du frein sur les quatre roues. Ce frein devient indispensable avec les grandes vitesse réalisées aujourd'hui. Il en est de plusieurs modèles parmi ceux qui ajoutent une autre source d'énergie à l'effort musculaire exercé sur la pédale; les trois plus connus sont le frein hydro-pneumatique Rolland-Pilain, le frein Birkigt de l'Hispano-Suiza et le frein Hallot. Le frein Rolland-Pilain, copié par une marque américaine, qui le revendit à Duesenberg, équipait la voiture gagnante du Grand Prix du Mans. Ainsi que son nom l'indique, il fonctionne par un mélange d'air et d'eau sous pression, agissant sur un piston. Perfectionné cette année par son inventeur, il se présente comme un modèle d'avenir. Le servo-frein Birkigt se compose d'une poulie montée sur l'arbre de transmission et tournant cent fois moins vite que le moteur, et d'un ruban de frein monté autour de la poulie et fixé par une de ses extrémités à une pédale de commande, par l'autre aux tiges de serrage. Une action de la pédale tire le ruban qui frotte sur la poulie, celle-ci tend à l'entraîner dans sa rotation et le ruban ainsi happé tire sur la commande du frein et provoque le serrage; la force de ce serrage est donc empruntée au moteur par l'intermédiaire de la poulie. Dans le servo-frein Hallot, l'action du frein, fonction de la vitesse du moteur, est d'autant plus forte que le moteur tourne plus vite. Voici comment : la poulie est remplacée par une roue sur laquelle un anneau est monté fou, comme un pignon faisant roue libre dans les deux sens; entre la roue et l'anneau sont placées des masselottes que la force centrifuge écarte de la roue: elles s'appliquent contre l'anneau, le rendant d'autant plus solidaire de la roue que la force centrifuge est grande et, par conséquent, que la vitesse de rotation est élevée. Ce frein, imaginé par le capitaine d'artillerie Hallot, a été adopté par beaucoup de marques, entre autres Chenard et Walcker et Lancia.

La grande vitesse de rotation des moteurs modernes a provoqué des recherches également au point de vue de l'allumage. Si perfectionnées soient-elles, les magnétos ne résistent pas aux efforts qu'on leur demande maintenant. On a eu l'idée de reprendre une solution abandonnée, celle des accumulateurs, chargés bien entendu par une dynamo qui, plus robuste que la magnéto, se dérègle moins facilement. Tel est l'allumage Delco qui sert en même temps au démarrage électrique et à l'éclairage.

Du côté de la suspension, quelques progrès ont été faits également. Les « cantilever » sont moins employés pour les grosses voitures, la disposition des ressorts placés sous le châssis paraît prédominer. Une marque lyonnaise, Beck, a eu une idée originale: celle de donner une suspension indépendante à chacune des quatre roues. Elles peuvent donc se trouver simultanément à des hauteurs différentes sans transmettre au châssis les chocs reçus.

En résumé, l'impression qui se dégage du XVI Salon de l'Automobile est agréable et autorise beaucoup d'es poirs. La place nous a manqué pour traiter aujourd'hui des questions importantes, comme celles de la voiturette et du cycle-car; nous y reviendrons dans un prochain article. En ne considérant que la voiture de moyenne puissance, il faut conclure à un progrès. On ne voit plus de ces châssis construits légèrement où tout était sacrifié autrefois à une vitesse que rendait d'ailleurs incertaine le fonctionnement du moteur. Les voi

dèle qui sera prêt sans doute pour le Salon de Londres. C'est un quatre cylindres obtenu en sectionnant en deux parties égales son huit cylindres en V. Le moteur ainsi obtenu tient très peu de place ce qui permet de placer sous le capot la boîte de vitesses, la transmission et de supprimer le châssis. Cette idée oginale méritait d'être signalée,

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Il allait, de stade en stade, écoutant les explications qu'on lui donnait, posant des questions, s'intéressant vivement à tout ce qu'on lui montrait. Derrière lui venaient les organisateurs du Salon et les constructeurs les plus connus. Dominant de toute la tête le président de la République, le marquis de Dion se trouvait exactement derrière le chef de l'Etat.

Le marquis de Dion ne nous en voudra pas si nous révélons ce qui n'est un secret pour personne. Avoir un tic n'a rien de très fâcheux. Le maréchal Pétain en a un il cligne d'une paupière sans arrêt. Disons donc que M. le marquis de Dion a son tic, lui aussi. Il ne cesse de secouer la tête de droite à gauche, à moins que ce soit de gauche à droite, comme pour dire non.

Or, tandis qu'on expliquait certains détails techniques à M. Millerand, celui-ci, pour bien montrer qu'il suivait avec attention, approuvait en hochant la tête de haut en bas Oui, oui, disait-il par ce geste.

:

Cependant que derrière lui M. le marquis de Dion oh ce tic disait, non non !

Et l'exposant en face de ces deux personnages qui paraissaient d'opinions si contraires, demeurait perplexe.

L'Orangerie Vendôme.

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Connais-tu la place où fleurit l'oranger ?... Il n'y a l'y voir. pas fleuri longtemps, puisqu'il est déjà trop tard pour

Sur la place Vendôme, un beau matin de ce début d'octobre, réalisant l'idée chère au conseiller municipal de l'arrondissement, vinrent, des voisines Tuileries, douze orangers. On les y transportait afin qu'on pût juger, sur le quart de la place, de l'effet d'une décoration florale prévue pour le printemps prochain.

Les badauds s'arrêtèrent, la commission d'esthétique urbaine jugea; des journalistes vinrent. Chacun garda son opinion préconçue avec cette atténuation : « Je croyais que cela serait plus grandiose, je croyais que ce serait plus mesquin. »> L'incertitude d'une majorité populaire laisse la chose en suspens, mais les orangers sont rentrés chez eux. Ce sont des lauriers qu'on essaiera la prochaine fois...

gerie, un garde vert des promenades de Paris dont la Cependant, il y avait déjà, pour les trois jours d'oranconsigne était de tourner autour des caisses. Pourquoi ne l'a-t-on pas chargé de recueillir les menus propos du public ?...

A propos de la statue.

Chez ceux qui règnent.

M. Clemenceau s'est déclaré très satisfait de la façon dont le statuaire l'a représenté. Il est plus heureux que Mistral qui n'appréciait guère le Mistral qu'on avait campé, en Arles, avec un pardessus sur le bras : « J'ai l'air de prendre le train, disait-il, il ne me manque que

la valise... »

X

Les journaux anglais ont rappelé, à propos de la statue du Tigre, que la Grande-Bretagne à plus d'une fois élevé des statues aux vivants. Il y eut même un certain Chauncey M. Depew qui s'acheta de ses deniers sa propre statue, l'offrit à sa ville natale et prononça un discours le jour de l'inauguration.

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On a malicieusement remarqué que ce fut le gouvernement de M. Clemenceau lui-même qui s'opposa, le 12 novembre 1918, à ce qu'on élevât une statue à un personnage qui n'était pas dans le tombeau, et l'on a rappelé le précédent de Louis XIV qui n'aimait pas qu'on érigeât en France d'autre statue que la sienne.

Les Etats de Béarn ayant exprimé leur intention Soleil leur répondit sans ambages qu'une statue à sa d'élever un monument à la gloire d'Henri IV, le Roipersonne lui semblait bien mieux appropriée aux nécessités du temps. Les Béarnais se soumirent et ils élevèrent la statue demandée ; mais ils eurent leur revanche, car ils inscrivirent sur le socle : « Au petit-fils de notre grand Henri ».

Le départ.

C'est de bon matin. Sur le quai de la gare d'Orsay, au sous-sol, des groupes vont et viennent dans la demiobscurité. Des journalistes affairés, munis de valises de cuir jaune s'empressent vers leurs compartiments. M. Briand descend lentement l'escalier suivi de MM.Bonnevay, Loucheur, Guist'hau, Paul Lafond, Daniélou, Maurice Colrat. Enfin, tout le cabinet... Au passage, le président du Conseil reconnaît des visages amis. Il leur sourit, salue, distribue quelques poignées de main. Un instant il s'entretient avec M. Guist'hau.

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Puis, le voici dans son compartiment. Ses longs cheveux gris, ses yeux fins et malicieux font penser à Lloyd George. Le président du Conseil est seul, un peu las, dirait-on. Dans un angle, le garde des Sceaux cause avec M. Marraud.

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Et, à voir ce wagon solennel et recueilli, ces personsages vénérables, les favoris blancs de M. Bonnevay, en se rappelle la gravure très connue qui représente la alle de rédaction du Journal des Débats, sous l'Empire. Il n'y a que M. Charles Daniélou, debout près de la porte, à qui de blonds cheveux donnent un peu l'air d'un nouveau »>.

Un coup de sifflet. M. Briand se lève, salue. Et le train disparaît, emportant le gouvernement vers SaintNazaire où va être prononcé un discours qui retentira à tous les échos du monde.

Le domicile du Nonce.

Est-ce la vérité, ou le vain rapport des concierges de l'avenue Kléber, que le Nonce aurait enfin trouvé dans cette avenue une nonciature parfaite ?

Un grand petit hôtel lui serait cédé par son occupant actuel, qui est aussi un diplomate. Echange de terrains diplomatiques ?...

Puisqu'il ne peut reprendre son voisinage avec l'Elysée, au moins, le prélat serait le voisin de M. Briand dont le logis personnel est tout juste au numéro d'à-côté. Il n'y a qu'une petite rue à traverser. Les relations de bon voisinage sont souvent utiles. M. Clemenceau ne l'a-t-il pas appris aux bons pères de la rue Franklin, qui obtinrent son amitié en abattant, pour donner plus de lumière à son cabinet de travail, une branche de leur jardin ?

Les petites alliées.

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Que Farrère se réjouisse ! Les voici intronisées officiellement par l'administration de la marine à l'occasion de l'essayage des uniformes. On lit, en effet, au dernier Bulletin officiel de la marine :

« Les intéressés seront mis à même de se présenter aux jours et heures indiqués par le maître-tailleur de l'intendance maritime pour la prise des mesures et l'essayage; ils ont la faculté de se faire assister, en ce qui concerne cette dernière opération, par leur femme ou par toute autre personne choisie par eux. »>>

Il ne s'agit, bien entendu, que de l'opération de l'essayage! Et le pudique auteur a bien fait de préciser. On pouvait aisément s'y tromper. D'autant qu'il décrit ainsi le salon... d'essayage :

« Le salon d'essayage est muni d'une glace de dimensions suffisantes. Au cas où les disponibilités du service en articles de l'espèce (lisez glaces) le permettraient, une deuxième glace, également de dimensions suffisantcs (!) sera installée de telle façon que l'intéressé puisse voir l'ensemble de l'opération. »

La marine sait encore les égards qu'on doit au style administratif. Mais la morale... ?

Diplomate et commerçant.

La France est représentée, dans un certain port de la Baltique, où fréquentent surtout les bolcheviks, mais où parviennent parfois quelques négociants français, par un diplomate fort élégant, mais un peu sec.

Un jour débarque, d'un bateau qu'il avait affrété pour moitié, un agent général d'une très considérable maison, d'alimentation. Notre compatriote s'empresse, aussitôt à terre, d'aller à la Résidence présenter ses devoirs au ministre de France.

« Vous arrivez fort à propos, lui dit à peu près celuici; j'avais justement besoin d'un pot de moutarde et d'un bocal de cornichons; puis, je crois que ma femme prendrait bien volontiers quelques boîtes de pâtés de foie.

M: C... fit, respectueusement et fermement à la fois, observer au diplomate qu'il ne pouvait détailler sa mar

|chandise. Celle-ci était toute en caisses, qui constituaient elles-mêmes un certain nombre de lots importants. Cependant, pour plaire au représentant de la France, il pourrait peut-être lui céder une caisse au prix coû

tant.

Devant une telle irrévérence, le ministre entra en grande colère. Il chassa d'abord M. C..., puis lui fit savoir, par un tiers, que s'il avait besoin d'un visa, il pourrait toujours « s'en brosser », et qu'il se plaindrait à la maison C... de l'attitude de son représentant; et qu'il allait d'ailleurs adresser une note verbale au Quai d'Orsay, pour rendre compte...

Sur la princesse de Metternich.

Elle vient de mourir, à Vienne, à l'âge de quatrevingt-cinq ans. Jusqu'à son dernier jour, elle garda cette jeunesse d'esprit, de manières et de ton, qui donnait à ses réparties une saveur amère.

Aux fêtes de son soixante-dizième anniversaire, un galant homme crut la complimenter en lui disant qu'elle ne paraissait que cinquante ans.

Pour une cathédrale, répondit-elle, cinquante ans ce n'est pas un âge, mais pour une femme, ça commence à compter... :X;

Elle était restée fidèle à son amitié pour Guillaume II, et ne s'en cachait pas.

Après l'armistice, deux officiers nobles de la mission militaire française se présentaient chez la princesse, à laquelle ils étaient chaudement recommandés. Introduits dans un petit salon où se trouvait, parmi les portraits des plus grands de la terre, un portrait en pied de Guillaume II, ils exprimèrent leur gaité.

La princesse les surprit et leur dit, avec un air de. bonne foi et d'ingénuité, qui voilaient le trait de malice: Mais oui, Messieurs, c'est mon meilleur ami, l'empereur d'Allemagne : il est encore mon ami aujourd'hui, si vous le permettez !...

Et pourtant la princesse a évoqué, ces jours derniers, sur son lit de mort, avec une préférence marquée, les souvenirs de son séjour en France; entre autres, celui d'un dîner aux Tuileries, dont elle fit le récit au docteur Rozsas.

trice, elle remit de sa bouche sur son assiette, sans plus Aux Tuileries, dinant avec l'Empereur et l'Impéra

de cérémonie, le mets dont elle venait de se servir. L'empereur appelle le serveur, goûte lui-même, rejette à son tour, et dit à la princesse, avec un air d'intelligence: C'est vraiment trop mauvais.

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Au pays des Muses.

Le français tel qu'on l'imprime : Le Courrier de Paris, « journal des journaux », publie cette pensée de M. Jean Kerlecq :

« Quand un jeune auteur met au bas de sa copie: Reproduction interdite », c'est qu'il meurt d'envie de

l'être. »

Etre quoi ?

Un voisin de campagne de M. Frédéric Masson vint lui faire une visite pendant les vacances.

Il pénètre dans le vestibule de la maison où le plus perpétuel des secrétaires de l'Académie française passe ses étés ; il demande au valet de chambre si son maître peut le recevoir. Le domestique passe dans le cabinet de M. Masson, et l'on entend retentir un mot bien fran

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On dit qu'un poète, qui eut son heure de notoriété soignait ses reins cet été dans une petite ville d'eaux en Auvergne. Il occupait les loisirs que lui laissait sa cure à dicter à son indispensable secrétaire un roman autobiographique, où il ne craint pas d'employer à l'occasion un langage assez vert.

Un jour, des voisins d'étage l'entendirent crier à son secrétaire, du ton méprisant qu'il sait si bien prendre :

-Décidément, mon cher, vous ne comprenez rien à rien; vous n'êtes qu'une casserole de cuivre, et je suis un creuset d'or fin !...

Et les voisins d'étage sourirent, en se rappelant quelques phrases du livre en préparation, qui semblaient sortir plutôt de la casserole que du creuset...

Le nouvel Orphée.

Entre marionnettes.

L'Opéra-Comique a donc repris Orphée, mais un Orphée reconstitué par M. Paul Vidal, d'après l'œuvre primitive de Gluck; un Orphée chanté par un ténor. Si l'on en croit Comedia, ce n'est pas la seule innovation a de cette reprise. M. Vidal, dans l'interview que publia ce journal, y parle du grand air de l'Amour:

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Si les doux accords de Thalie...

La muse de la comédie appelée au service d'Orphée pour apaiser la fureur des démons des enfers, voilà ce que n'avait pas imaginé Moline, le librettiste de Gluck, lequel avait écrit:

Si les doux accords de ta lyre...

A propos d'une reprise et d'une méprise."

Il advint récemment qu'une jeune actrice des Varié tés, confondant les deux chefs-d'œuvre impérissables. qui ont fait connaître, pour quelque temps, à l'univers ébloui, le nom de M. Crommelynk, déclara sur un ton impérieux qu'elle admirait de tout son cœur le Cocu puéril.

Il y eut autour d'elle des sourires. Elle rougit, voulut se reprendre. Mais un ami indulgent répondit pour elle : Une erreur d'adjectif, Madame, est excusable, Et tous les spectateurs m'en sont ici témoins : Les Amants puérils sont puérils en diable, Mais le Cocu ne l'est pas moins.

Encore Célimène...

Un amateur de livres prétend avoir trouvé, en ouvrant au hasard un des bouquins de sa bibliothèque, l'épigramme que voici :

Blanc d'Espagne, couleurs vermeilles,
Perles, brillants, pendants d'oreilles,
Passements, jupes de grand prix,
On vous étale, on vous promène,
Pour duper les faibles esprits,
Et l'on vous nomme Lisimène.

L'amateur de livres affirme que l'épigramme est de Gombault, qu'elle est absolument authentique, qu'il ne s'agit pas ici d'un « à la manière de... », et qu'il n'y a pas lieu de changer le Lisimène de la fin en Célimène pour en faire une épigraphe au tableau que Bib exposera, l'an prochain, chez les Humoristes.

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L'autre soir, au fameux gala Charlot, après la projection de « La France qui renaît », la salle, vibrante, attendait Charlot, et aussi Douglas Fairbanks et Mary Pickford. Première déception: on nous donna un Char

Ah! ces typographes, quand ils se piquent de mytho- lot, homme du monde, à l'habit impeccable, un vrai logie !...

Cependant, le lendemain et le surlendemain, on a pu lire dans un journal l'annonce de la première d'« Orphée, opéra en quatre actes et cinq tableaux de Molière, musique de Gluck. » Evidemment, on nous donnait un tout nouvel Orphée; et puisque Molière en était l'aueur teur, on ne pouvait s'étonner que Thalie se fût mise de siette la fête...

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Orphée ne sera pas la seule reprise intéressante pendant cette saison pour les amateurs de Gluck. On sait que ce musicien, avant de composer ses grands opéras, écrivit pour la cour de Vienne de petits opéras-comiques sur des livrets français. L'un d'eux, qui a pour titre 'Ivrogne Corrigé ou le Mariage du Diable, chante l'histoire d'un ivrogne que sa femme transporte, endormi, dans sa cave décorée en enfer; des furies le poursuivent, le font presque mourir de peur, Pluton le juge, le condamne à recevoir de nombreux coups de bâton; là-dessus, la femme arrive, épouse éplorée, et supplie le faux Pluton de lui rendre son mari, moyennant une bonne promesse de sobriété.

Or on retrouve dans cette œuvre, le thème de plusieurs airs tragiques de Gluck, par exemple : « J'ai perdu mon Eurydice ». Et le sujet même ferait croire à une parodie d'Orphée, si l'Ivrogne Corrigé n'était antérieur de quelques années à cette œuvre. On dit que la Petite Scène va reprendre au printemps cette curiosité, que M. Henri Prunières rapporta de la bibliothèque de Vienne.

compère de revue. Faute de mieux, on acclama ce Charlot-là. Mais où l'affaire faillit se gâter, c'est quand le speaker annonça au public:

Charlot va circuler dans la salle en compagnie de la célèbre artiste Cécile Sorel.

Célimène, la tête surmontée d'un casque à plumes gigantesques et multicolores, se tenait sur la scène, escortée d'un jeune nègre; elle fit mine de se lever. Ce fut alors une telle protestation dans la salle, cris, rires et quolibets qu'elle jugea bon de ne pas insister. On youlait une jeune étoile, on voulait Mary Pickford.

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C'était à une générale récente. Le bruit avait couru. Charlot allait venir. La foule s'était amassée devant que les portes; elle attendait Charlot.

A o heures, notre confrère Maxime Girard saute de taxi; il est rasé et souriant. On le prend pour Charlot, on l'acclame. D'abord la méprise l'amuse; il se laisse acclamer. Mais on commence à le bousculer, à le tirer pas par ses vêtements. Alors il déclare qu'il n'est lot. C'est en vain nul ne le croit plus. Et il a toutes les peines du monde à entrer, aux cris mille fois répétés de: « Vive Charlot! >>

Char

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