391 pour sa cervelle. patrie, c'est une conception trop abstraite probablement dans son concours de politesse avait réservé deux jour nées aux automédons de la capitale. L'élection de dimanche appelle encore une réflexion. On put voir ainsi un chauffeur recevoir d'un client Sur neuf mille cinq cents électeurs inscrits, trois mille dépourvu de monnaie un double décime pour une course deux cents n'ont point voté. Il y a là un désintéresse- de 3 fr. 50 avec une courtoisie digne du grand siècle, ment grave de la chose publique. La République a établi et en soulevant de sa dextre sa casquette. Malheureusele suffrage universel qui, donnant à tous les citoyens ment, on put l'entendre aussi qui, tandis que le client le droit de participer à la direction des affaires, leur s'éloignait à pas pressés, grognait : a créé aussi des devoirs. L'un des premiers de ceux-ci - Si jamais tu me retombes sous la patte après le est le devoit civique. D'autres pays, qui ont établi le concours, qu'est-ce que tu prendras pour t'apprendre suffrage universel, Pont, en même temps, rendu obliga- à savoir vivre. toire. Les électeurs qui, sans motifs graves, ne prennent pas part à une élection s'exposent à des sanctions. Il Un attentat. faut qu'en France les mêmes dispositions soient introduites dans la loi électorale sans retard. Narguer toutes les ordonnances de police, voler à SERGE ANDRÉ. faible altitude, et semer Paris de petits papiers, cela se peut tolérer quand les petits papiers annoncent la déLes revenants. faite de Carpentier ; mais quand il s'agit de lancer un Au fracas de leurs cuivres, et des grosses caisses film de' Douglas Fairbanks, c'est un scandale : nos cognant à contre-temps, des troupes américaines ont édiles s'agitent ; il faut interpeller au plus tôt. défilé de nouveau place de l'Etoile. Cependant les badauds admiraient l'avion étincelant ; Une petite foule matinale assistait à l'émouvante ils tendaient les mains vers les feuilles de publicité, et cérémonie. Elle murmura son plaisir en revoyant la tête. vers les parachutes, car il y avait aussi de gentils énergique du général Pershing. Elle applaudit au passage petits parachutes. L'un d'eux ne se décidait pas à ga- la tignasse blanche du président Millerand... Pourtant gner terre, il voletait d'une façade à l'autre place Beau: elle ne l'applaudit qu'en retard et avec hésitation. Ses vau et finit par s'échouer sur la corniche d'un bâtiment & habitudes protocolaires avaient été déçues. Elle atten de l'Elysée, au coin du faubourg Saint-Honoré. di dait une escorte militaire autour de la traditionnelle Aussitôt la foule de le vouloir déloger. On lança des -daumont. Elle l'attendait si bien que quelques-uns de cailloux, au risque de casser les carreaux. Les sergents 3 nos confrères l'ont encore fait figurer, de loin et de con de ville qui veillent sur le palais commencèrent par se i fiance, dans leurs reportages. Or, ce fut, devant quelques divertir. Mais un ouvrier vint qui, plus audacieux, lança cavaliers au galop, une simple torpedo qui s'avança. On son couteau. & crut donc à la voiture du préfet. Tant de fois l'on avait Alors, un jeune agent du huitième se précipita bravethe salué par erreur, avec tout le respect dû au président de ment en s'écriant : la République, le président du Sénat ou M. Pierre de - Ah ! non, pas de couteau, monsieur, c'est l'Elysée ! Fouquière... mun X Le français tel qu'on le parle. Il y eut des discours qu'on n'entendit point ; on enten- Le lendemain de la coupe Deutsch de la Meurthe, les dait beaucoup mieux le vol des pigeons que l'écho de concurrents, à l'exception de Sadi-Lecointe, se réunirent l'Arc de Triomphe envoyait au loin. dans un déjeuner. Il y eut de beaux gestes qu'on ne vit point : on vit Il y avait là les deux Français Lasne et Kirsch, l'Ita5. seulement les plus furieux badauds, ceux de la première lien Brakpapa et l'Anglais James Herbert. heure, qui, juchés sur des chaises ou sur des échelles, On fêtait le succès de Kirsch ; et les verres se vidaient masquèrent avec énergie le paysage. Et l'on vit aussi aussitôt remplis. Au dessert, la gaieté devint quelque quelques périscopes, qui servirent au 14 juillet de la vic- peu débordante, mais une gaieté silencieuse... Seul, toire, et qui semblaient démodés... James Herbert, muet jusqu'alors, car il ne sait pas le français, commença de parler. Et ce qu'il dit, autant de fois que ses forces le lui Ceux qui ne pouvaient ni voir ni entendre s'occu- permirent, et avec un inimitable accent britannique, en paient de leur mieux. Un vendeur de la Chicago Tribune se levant et en tendant son verre, c'était la formule criait son journal avec un accent irrésistible et le vendait qu'il avait apprise au départ de la coupe : aux gens de langue anglaise. Un Français fit de même. Plein gaz ... wu *Aussitôt un loustic, avec un accent non moins caractéristique, s'écria : Chez ceux qui règnent. Pige-moi le copain qui veut faire le mariolle et L'envers du théâtre, qui achète pour faire croire qu'il sait l'anglais ! Et toute le monde de rire avec la bonne humeur com C'est un grand Français ; il revient de Genève ; et il municative des foires et des fêtes. est fort indigné – même un peu trop. C'est qu'il a suivi de près, non seulement les travaux de l'Assemblée et des commissions, mais aussi les travaux moins offi. Au reste, il en est qui avaient de bonnes raisons pour ciels, ceux qui se font dans les hôtels et dans les cafés, se réjouir. Et plus d'une fille murmurait en regardant et qui ne sont pas moins importants, bien au contraire. ces gars au change avantageux : « Il va y en avoir de « La Société des Nations, dit-il, une vaste entrel'argent à faire ce soir ! » prise par laquelle les Anglais voudraient gouverner 'le www monde!... « D'ailleurs, la Société des Nations n'a pas à veiller La politesse... éphémère. aux réparations. Ses occupations sont plus hautes. Mais Pendant quarante-huit heures, les chauffeurs de taxi savez-vous par exemple à quoi s'occupent là-bas MM. n'ont été que sucre et que miel. Ils se rendaient au moin- les Anglais ? Ils organisent mission méthodre signe des appelants, acceptaient les courses les plus diste pour contrôler les maisons de tolérance établies lointaines, et répondaient au plus petit pourboire par par la France dans les régions occupées... des signes de profonde gratitude. C'est que l'Euvre « Ils ont aussi de plus vastes projets. J'ai vu, de mes Х une yeux vu, un rapport de lord Robert Cecil, destiné à Cet écho a été très vivement commenté au « Quartier » l'assemblée de Washington ; dans ce rapport, l'Angle- et à Montparnasse, où le bruit court que les premiers terre, pour permettre à toutes les nations du monde un fonds nécessaires au nouveau lancement de la revue du complet désarmement, s'offrait généreusement à garder Prince seraient fournis par la •« Société anonyme du seule sa flotte de guerre pour assurer la gendarmerie personnel de la Closerie des lilas », spécialement oonsdes mers.. » tituée à cet effet. Le tigre et la 'pie. Le garçon de café, qui rêvait de Minerve A contempler Paul Fort attendant qu'il le serve, « Clemenceau parlera-t-il ? » Il a parlé. On l'atta A trouvé ce moyen, qui n'est pas d'un benet, quait, il ne répondait pas. On le louait, il se taisait. Il De servir Athéna sans trahir Dubonnet! a parlé. Mais quoi ! le Tigre s'intimiderait-il? On a quelques raisons de le penser. Car jamais on n'entendit lire un Entre marionnettes discours d'une façon plus maladroite qu'il ne lut le sien. Face et pile. Tant qu'il eut le bon esprit de ne pas lâcher ses inssuite, qu'il se retrouva lui-même. Et, ma foi, bien que tincts' satiriques contre MM. les comédiens, M. René moins étudié - ou peut-être à cause de cela ce petit Benjamin ne trouva parmi eux que des admirateurs . discours est beaucoup plus agréable à lire que le grand. On lui fit un joli succès pour sa Pie Borgne, la saison dernière, à l'Odéon. winny Cet heureux temps n'est plus : M. René Benjamin a Chez ceux qui danseot. osé toucher aux choses sacrées. Comédiennes et comé diens sont mécontents. Des journaux s'en mêlent, les Encore les nouveaux riches. uns pour, les autres contre. M. René Benjamin continue Ils allaient partir pour une ville d'eau à la mode, de vivre et de sourire. Mais on lui laisse entendre qu'on les bords de la Meuse, et devaient descendre à pourrait bien le puniç, un jour, de sa méchante langue , l'hôtel le plus élégant ; ils sentirent le besoin de se un jour, quand il reparaîtra au théâtre, avec une Pie renseigner sur les usages du monde où leur fortune Borgne ou une ceuvre nouvelle. venait de les faire pénétrer ; ils interrogèrent un « an Cabotinvile sur l'impie cien ». Aboie, ilule, beugle et meugle, Cet « ancien », qui aimait fort à rire, leur suggéra Et, trouvant trop borgne sa pie, l'idée d'acquérir, elle un peignoir, lui un pyjama aux L'eût voulue un peu plus aveugle. couleurs les plus séduisantes, et de les revêtir poa descendre dans la salle à manger à l'heure du petit déjeuner. Ils obéirent, et suivirent l'obligeant conseiller L'Or du Rhin à l'Opéra. dans les meilleures maisons de Paris. Vendredi 7 octobre 1921, à l'Opéra, reprise de l'O: Le pyjama était noir et jaune ; le peignoir était vert ; du Rhin. Voilà de la matière à copie pour les journaliset bleu; i un bijou de peignoir. Pourtant, à peine le maître d'hôtel les eut-il tes de tous les partis, s'ils ne sont pas fatigués de fati . guer leurs lecteurs des mêmes rengaines. Résumons trois vus qu'il les pria, avec toute la correction désirable, de oents articles en quatre vers : remonter dans leurs chambres. Ils eurent beau protester, réclamer, invoquer la mode ; rien ne put fléchir la Wagner revient, la poire est mûre. consigne. Souday joyeux tape du pied, Ils s'en furent, quittèrent même l'hótel où l'on ne ces Cependant que Saint-Saëns murmure : sait de rire de leur aventure, et jurèrent de ne plus de L'or du Rhin est en marks-papier. mander conseil. wuuuuina Epigrammes. Sur la reprise des Fácheux, à la Comédie-Française : Le dictionnaire introuvable. Votre bourse a fait des. folies De temps en temps, une fois par lustre, les gazettes Mais un luxe majestueux nous annoncent très sérieusement que l'Académie tra A chassé toute, fantaisie vaille à son Dictionnaire. On nous a fait savoir, il y a C'est... fâcheux! Vous voudriez nous faire rire fort peu de temps, que les Immortels en étaient arrivés Et vous êtés plus ennuyeux au mot immortel. Sur quoi, les plaisanteries, toujours Que les fâcheux de la satire. les mêmes, ont repris. Nous savons bien que nul d'en C'est... fâcheux! tre les vivants de 1921 ne verra la prochaine édition de Lorsque l'on fête de Molière ce précieux ouvrage. Mais n'oublions pas que nos crain La naissance, pourquoi, messieurs, tes, ou nos déceptions, ou nos sarcasmes, ne sont pas Semblez-vous le porter en terre? notre privilège. Et relisons cette vieille épigramme que C'est... fâcheux! I'on fit sur la première édition du Dictionnaire de l'Aca Sur la reprise de Kiki, aux Variétés : démie française, laquelle avait demandé soixante ans de labeur Sans s'étayet du bon Carco. Picard painement se démène : Il court un bruit fâcheux du grand Dictionnaire, Sa Kiki demeure coco, Si l'on prononce à la roumaine. Chez ceux qui plaident. Le petit café: L'esprit d'à-propos. Ainsi, la revue Vers et Prose, que dirigeait Paul Fort Déjà le mot est parvenu à vos oreilles, de cet avocat avant la guerre, va reparaître dès que le prince des qui, accompagnant l'autre jour son client jusqu'à l'échapoètes sera revenu d'Amérique. faud et le voyant trembler d'effroi, lui murmura : « Du qu'un doit être d'un bretteur désolé, cette é calme, du calme, ce n'est pas le moment de perdre la champs, pour consacrer à la prière et à la méditation tête ! » le peu de temps qui leur reste à vivre ; car les trembleMais cet avocat n'avait presque rien inventé. Et son ments de terre sont imminents, prélude de la fin du apostrophe était peut-être une réminiscence de cet autre monde.. mot qu'un président de cour d'assise disait à un accusé Cependant, le gouvernement de Berlin cherche à exmenacé de la peine capitale et qui faisait de la tête pulser le prophète et sa cour des miracles. Il y va, dit-il, d'énergiques protestations : « Ne secouez donc pas tant de la santé publique... Et puis, les gros bonnets de votre tête ; elle n'est pas si solide sur vos épaules. » l'Allemagne n'aiment pas beaucoup qu'on leur parle de L'esprit du Palais ne se renouvelle pas tous les jours, pénitence, de repentir... et de réparations. Offensive boche ? On prétend que le correspondant à Berlin de l'un de il y a eu, dit-il, assez de sang répandu pendant la guerre. nos plus grands quotidiens est, depuis quelques jours, l'agent des frères Manesmann. Il aurait obtenu la repréVoilà une raison sérieuse.. Mais M. le garde des Sceaux ne contente pas tout le sentation, pour la France, d'une glacière électrique non monde et son père. pareille, qui, l'hiver, devient poêle en inversant le contact. Mais peut-être cette information n'est-elle qu'un af freux canard... D'Annunzio, créateur de mots nouveaux. L'Association des marchands d'alcool italiens a l'autre jour envoyé chez Gabriel d'Annunzio une députation qui le pria de vouloir bien créer un mot nouveau pour désigner l'eau de vie italienne qui, jusqu'ici, couLandru fantôme. rait le monde sous le nom français de cognac. D'AnLes débats de l'affaire Landru commenceront dans nunzio proposa immédiatement le mot d'arzente, formé un mois. Et dans un des à-propos quotidiens qu'il publie d'« ardente », le terme sous lequel l'eau-de-vie était à l'Eclair, M. Marsolleau s'est demandé l'autre jour si connue en Toscane, il y a quelques siècles. Ce nom Landru existait réellement,tant ce nom avait pris main d'arzente va maintenant passer dans l'usage courant. tenant le bel air de la légende. Ce n'est pas la première fois que des commerçants Ce n'est pas la première fois que l'on pose la ques s'adressent ainsi à d'Annunzio. On connaît son goût tion. M. Fernand Fleuret n'avait-il pas chanté dans sa pour les néologismes ; on se souvient qu'il aime à changazette rimée des Marges : ger les noms des villes et des pays, et voudrait que Adieu, Landru... tu n'es qu'un mythe. Firenze s'appelât Fiorenza. Le plus grand magasin de A quoi d'ailleurs -Landru lui-même, comme un « hon Rome, « La Rinascente », a été baptisé par le poète ; nête homme » du grand siècle avait répondu par une et c'est lui qui, dit-on, composa cette réclame pour un célèbre dentifrice: « A dir le mie virtù basta un sorriso.) belle épître rimée : (A exprimer mes vertus un sourire suffit.) mum Cas de conscience. Un père assez embarrassé, c'est le romanichel anglais, Franklin. Il est vrai que M. Landru, empêché, avait confié sa Au cours d'une longue randonnée, sa femme a mis plume à M. Charles Portalié, qui aime à rire. au monde deux jumeaux, dont l'un est né dans le comté de Wiltshine et l'autre, une heure plus tard, dans le Somerset. Le « gypsy » se demande où il doit déclaUn peu partout. rer la naissance de ces enfants. Les autorités anglaises Convenances... ne savent que faire. Quoiqu'elles fassent, ces jumeaux-là auront certainement l'esprit nomade. Lorsque Mrs. Margot Asquith entreprit la campagne électorale de Paisley, elle ne douta pas que ses charmes intellectuels ne lui dussent valoir les suffrages des élec L'amour de la chicane. teurs. Mais elle comptait un peu aussi sur les autres ; c'est bien naturel. Vous souvenez-vous du différend qui mit aux prises, Or, elle n'a jamais passé dans la chaste Albion pour voici un an, lord Leverhulme et le peintre Augustus le modèle des convenances familiales et des façons réser- | John ? Mécontent du portrait qu'on avait fait de lui, lord Leverhulme coupa la tête, qu'il garda, et renvoya le reste du tableau à son auteur ; d'où procès. « Attention, Margot », lui dit une vieille amie prudente, en montrant son cou, « jusqu'en haut » ; puis ses Aujourd'hui, le lord est en discussion avec un autre chevilles, « jusqu'en bas — et pas de cigarettes ! » artiste, à cause d'un autre portrait. Il avait consenti à payer trois mille guinées pour qu'on le peignît « en pied »). L'artiste — sir William Le nouveau Messie. Orpen représenta lord Leverhulme revêtu de son C'est dans le Wurtemberg qu'il prêche son évangile. manteau de lord-maire et assis. Celui-ci paya par un Vêtu pauvrement, barbe et cheveux longs, il pérégrine chèque de 1.500 guinées. exhortant à la pénitence, au repentir, car la fin du monde Etonné, sir William Orpen a demandé des explicaest proche. Il prétend faire des miracles et c'est par mil- tions. liers que, de toutes parts, accourent les malades, les Ne tiens-je pas moitié moins de place assis que mutilés, les sourds, les muets et les pauvres d'esprit. Les debout 2 déclara-t-il. Votre travail doit donc être payé ouvriers abandonnent leurs usines, les paysans leurs moitié moins cher. s que Affaires Intérieures seil général de Rouen, les représentants réconciliés de tous les anciens partis, Il est injuste, pour qui prétend s'intéresser, en France, Des Conseils généraux, de leur esprit aux manifestations de la vie publique, de ne point jeter et de leur utilité les yeux, de temps en temps, sur les travaux des Conseils généraux. Il y a en Francē quatre-vingt-dix Chambres des dé Une erreur grave des esprits superficiels est de ne. putés : il s'agit des députés des cantons, et les Chambres s'attacher, au Parlement, qu'à la séance publique, et dont je parle sont les conseils généraux. Il y en a quatre d'ignorer le travail des commissions'; ces gens superfivingt-dix, bien comptés : un par département et un ciels sont comme ceux qui arrivent en retard au théâtre, dans le territoire de Belfort, et ne connaissent jamais que le dénouement de la pièce Comme ils siègent pendant les vacances parlemen sans en suivre les péripéties. Les Conseils généraux, taires - les vraies les gens qui aiment le spectacle - les gens qui aiment le spectacle mieux encore que les commissions, renseignent sur les des assemblées délibérantes peuvent se distraire, presque origines, la portée et la valeur de l'oeuvre parlementaire. sans interuption, car les uns siègent au mois d'août et Leurs réunions ont la valeur d'une enquête. Non seuleles autres, plus avisés, à la fin du mois de septembre. ment on y examine sérieusement les questions économiLes conseils généraux de France n'offrent que peu ques et financières, mais on y apprend les répercussions, de différence avec le Parlement : on n'y fait pas de sur la vie nationale, de toutes les mesures votées, et on y politique, ou plutôt on ne doit pas en faire. Mais, depuis contrôle le fonctionnement de tous les organismes créés. que le Parlement a décidé que, lui non plus, n'en ferait On y voit aussi comment le peuple de France, par ses pas en séance publique, il n'est qu'un vaste 'conseil ' gé- mandataires les plus proches et les plus confidentiels, néral et il est permis de se demander s'il a pris garde ceux auxquels on dit toute sa pensée, juge les lois à cela. Il est vrai que la politique, bannie de la salle des font les législateurs et la politique que font les minisséances, s'est réfugiée dans les couloirs. Les conseils gé tres. néraux n'offrent pas, à ce point de vue, de différence. X Parfois, les conseils généraux, mécontents du train dont vont les choses, blâment le gouvernement. Mais les Mais les Conseils généraux ne sont pas seulement préfets estiment que c'est là faire de la politique, et ils une école pratique et très féconde de politique éconone le permettent pas. Il n'est donc pas permis aux con- mique et financière, et des assemblées critiques où le bon seils généraux de blâmer le gouvernement, du moins en sens perd plus rarement son droit que dans les enceintés présence du préfet. Car s'ils persistent dans leur blâme, plus tumultueuses du Parlement. Ils sont la base même le préfet, pour retirer toute portée à leur manifestation, de cette grande oeuvre de la réforme administrative, qui se retire. Et, hors de la présence de ce personnage es doit, panacée universelle, guérir prochainement tous les sentiel, le blâme est réputé non avenu. Qu'est-ce, en effet, malaises de notre démocratie parvenue sans doute à qu'une Assemblée où le pouvoir exécutif n'est pas re- l'âge critique en sollicitant l'ingéniosité des médecins. présenté? Comment donc constituer la région, sinon par l'avis Les gens qui savent cela ne voient pas, parfois sans autorisé de ses représentants locaux ? M. le ministre surprise, dans les journaux, que des conseils généraux de l'intérieur vient de s'aviser que la loi de 1871 permet ont félicité le gouvernement. Ces félicitations ont toute aux conseillers généraux d'une région de se réunir enleur valeur, car on peut bien penser que le préfet à ce tre eux, en assemblées interdépartementales, et de s'y coup-là n'est pas parti. Féliciter le gouvernement, ce entretenir précisément des intérêts régionaux. Réunions n'est plus faire de la politique : c'est se conduire en sans sanctions, certes, mais n'est-ce pas déjà beaucoup bon Français. d'avoir échangé des vues. C'est de la fusion des ConEn sorte que dans les annales de nos assemblées dé seils généraux que naîtra le conseil régional. Et le foncpartementales, il ne demeure que d'un souriant opti tionnement du Conseil général ne tardera pas à engenmisme, et l'optimisme est le principe de l'ordre, comme drer la région, puisque, comme on sait, la fonction crée l'ordre est le principe de la société. l'organe. Mais il ne faut pas écouter les imprudents qui veulent Les Conseils généraux sont en union- étroite avec le que, puisque l'on ne peut blâmer, il soit également in Parlement, par leurs membres parlementaires et souvent terdit de louer. Ceux qui demandent cela se piquent ainsi dans la connaissance des besoins de leurs manda par leurs présidents. Ces parlementaires se retrempent d'une apparence de logique, mais n'entendent rien aux choses. On ne peut blâmer. Mais il n'est pas sans intérêt, taires : ils écoutent leurs critiques sévères et s'en inspouvant louer, de pouvoir ne rien dire : le silence des pirent ; ils entendent leurs prières instantes, et ils s'en peuples est la leçon des rois. inspirent encore. En échange, ils apportent à leurs peAyant beaucoup fréquenté les conseils généraux, j'ai tites assemblées locales, l'usage des Parlements et la couremarqué combien ils sont les éducateurs merveilleux tume des vastes délibérations. Ils les renseignent sur la des hommes politiques et combien ils sont propres à marche et la suite des affaires dans les hautes sphères mettre les futurs députés en garde contre bien des er éloignées et sont le trait d'union nécessaire entre le déreurs et des exagérations. partement et la nation. C'est parce qu'il y a des conA vivre pour la solution de difficultés précises on seillers généraux parlementaires, que le Parlement con. perd la tendance à l'utopie qui est souvent l'apanage naît que la Nation n'est qu'une réunion d'intérêts réfâcheux des politiciens purs . Un socialiste qui se préoc gionaux sagement discriminés et que les assemblées récupe d'équilibrer le budget des tramways départemen- gionales n'oublient pas que la région qu'elles représentaux est un socialiste assagi, et ce sont sans doute les tent n'est qu'une cellule vivante d'un grand organisme tristes tramways du Limousin qui nous valent l'excel national. lent esprit des députés révolutionnaires de la Haute- Ceux qui sous prétexte de condamner le cumul des Vienne. Un réactionnaire qui se passionne - profes mandats, veulent qu'un parlementaire ne soit pas consionnellement — pour le tunnel sous la Seine et la se seiller général, sont les plus damnables utopistes et les conde ligne de Rouen au Havre, a mieux à faire qu'à ignorants les plus malfaisants du monde. Et c'est parce descendre dans la rue et il devient un précieux collabo qu'on ne les écoute pas, que, parler des Conseils générateur du bien public : sans doute est-ce grâce à ce raux, c'est encore parler du Parlement, et le plus excel tunnel que M. Paul Bignon doit d'avoir pu grouper à lemment. jamais sous sa houlette énergique et paternelle au Con TRYGÉE. 395 reux. NOTES ET FIGURES la valeur réelle. La remarque, du reste, s'applique aussi bien aux auteurs étrangers qu'aux auteurs français. Notre XVII° siècle est, à ce point de vue, riche d'enseiA propos d'une pièce nouvelle. gnements savoureux ou déplorables selon que vous préDepuis quelques jours, pour nous débarrasser des férerez. Nous voyons le plat, l'illisible Colletet recevoir une somme de 600 livres pour six vers consacrés à déinfectes petites coupures que nous traitions tous avec crire l'une des pièces d'eau de Versailles, et Richelieu, un mépris propre à réjouir les moralistes myopes, on a mis, paraît-il, en circulation un nombre considérable de auteur de cette munificence intempestive, déclarait au pièces de bronze d'aluminium. Malgré la jalousie des poète « qu'il ne lui donnait cette somme que pour ces vers, et que le roi n'était pas assez riche pour payer le collectionneurs, j'ai pu en obtenir une, à grand'peine, reste ». Sans doute il ne s'agit là que d'une gratificade ma femme de ménage. J'en suis encore tout ému. C'est quelque chose de tenir entre ses doigts une pièce nière aussi absurde. Encore qu'il méprisât les poètes qui tion, mais les droits d'auteur sont répartis d'une maneuve, même quand elle n'est qu'en bronze d'aluminium. << font d'un art de vie un métier mercenaire », Boileau Celle-ci vaut autant qu'une pièce d'argent, et, par habile homme et très entendu à ses intérêts, vendait, en dessus le marché, sans doute afin de nous donner une 1674, son manuscrit du Lutrin Lutrin 600 livres au libraire illusion de choix, elle a l'air d'être en or. Soyons heu Thierry. Goûtez le rapprochement, quelques années au paravant, en 1667, Racine avait cédé Andromaque pour Mon premier soin fut d'examiner ma pièce. Elle ne le tiers de cette somme. Et voici mieux. Le poète du porte ni République casquée, ni coq gaulois, ni semeuse XVII° siècle qui obtint de son éditeur la rétribution la en travail. Elle porte, curieuse innovation, un Mercure dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est surprenant. plus considérable, fut Chapelain. Courbé paya 2.000 livres la première édition in-folio des douze premiers Placé sous l'inscription COMMERCE INDUSTRIE, comme chants de La Pucelle et 1.000 livres l'édition in-12. Vers à l'entrée d'une voûte en plein cintre, le dieu de toutes le même temps, Samuel Simmon, imprimeur royal de les ruses tient à la main droite son caducée, de la même Londres, se réservait la publication du Paradis perdu façon que tiennent leur sabre les lieutenants d'infanterie, moyennant cinq livres sterling. Oui, cent vingt-cing un jour de défilé. Et ce geste est d'autant plus inat francs! tendu que ce brave dieu de Mercure est assis. Voilà, je l'avoue, qui me confond. Je me représentais volontiers Au XVIIIe siècle, nous constatons même incohérence et Mercure dans toutes les attitudes, sauf dans celle du mêmes anomalies. Delille, servi par l'engouement du purepos, même d'un repos officiellement national. blic, n'échangeait ses élucubrations que contre des somEst-ce une plaisanterie de l'administration ? Il ne mes exorbitantes tandis que Diderot vendait difficifaudrait pas me pousser beaucoup pour me le faire lement 600 livres le manuscrit de ses Pensées philosocroire. Voyons, sérieusement, nous le savons tous que, phiques et se voyait attribuer une rente viagère de mille depuis le 1er janvier dernier, les affaires ne vont pas à francs pour la direction de la grande Encyclopédie, merveille. Nous le savons tous, que le commerce est dans cette cuvre colossale. Bernardin de Saint-Pierre était le désespoir et l'industrie dans l'inquiétude. Il n'était pas sollicité à prix d'or, cependant que Jean-Jacques Rousbesoin de dater cette pièce de bronze d'aluminium, ni seau écrivait dans ses Confessions : « Pissot, mon lit d'inscrire un si majestueux 1921 sous les pieds du Mer braire, me donnait toujours très peu de chose de mes brochures, souvent rien du tout. Et, par exemple, je cure assis. Parbleu, oui, nous le savions, que le Commerce et l'Industrie ont terriblement prospéré n'eus pas un liard de mon premier Discours; Diderot le prospéré pendant la lui donna gratis. Il fallait attendre longtemps et tirer guerre, terriblement travaillé, terriblement gagné. Il n'était pas besoin de nous mettre entre les doigts des sou à sou le peu qu'il donnait. » Si Duchesne accorda pièces en bronze d'aluminium qui nous vont rappeler 6.000 francs de l'Emile à Rousseau, ce fut par l'entre mise de Mme de Luxembourg. L'Angleterre nous offre qu'après tout le Commerce et l'Industrie un parallèle non moins stupéfiant. Les Mystères peuvent se reposer un peu maintenant. Il n'est très pas d'Udolphe et l’Italica d’Anne Raddiffe sont disputés généreux, par ces temps de vie difficile, de se moquer du par les éditeurs, et Anne Radcliffe gagne ce qu'elle veut, pauvre monde mais un libraire d'York refuse à Sterne la publication Quand l'administration nous avait offert, à Paris, le de son exquis Tristram Shandy dont il demandait une secours des petites coupures de papier-argent, j'avais infime rétribution. L'assommante miss Hannah More, prévu, pour les lecteurs de l'O pinion, que les coupures avec ses innombrables romans, édifiait une fortune, mais nous seraient retirées dès que les marchands de porte Le Vicaire de Wakefield et Le Village abandonné, un billets auraient vendu assez de porte-billets. Nous avions chef-d'oeuvre de Goldsmith, ne valaient point à leur tous acheté un porte-billets. Nous y voici : nous n'aurons plus de billets, nous aurons des pièces de monnaie ; il auteur huit jours de vie assurés. L'honorable M. de Jouy, au début du dix-neuvième ne nous reste qu'à racheter des porte-monnaies. Le commerce des cuirs ne s'en plaindra pas. Nous non plus, siècle , écrivait dans l'une de ses chroniques de L’Hercar nous savons tout supporter. Au fait, y a-t-il quelque mite de la Guyane : « L'amour des lettres est, sinon rapport à établir entre l'apparition des pièces de bronze entièrement éteint en France, du moins extrêmement af. . , ou plutôt les deux d'aluminium, la nécessité des porte-monnaie , et l'aug- faibli. Les deux seules branches, mentation toute récente et subite des prix du cuir chez les seules feuilles de l'arbre de la littérature sur lesquelles producteurs ? puissent vivre encore les abeilles (d'autres diront les CHARLES MOULIÉ. insectes du Parnasse) sont les journaux et les mélomm drames : tout autre moyen d'existence leur manque, à une époque où l'on ne lit plus même des romans; où Droits d'auteur. l'on parle avec le même dédain des beaux vers de M. R., Je laisse à d'autres le soin de résoudre ce que peut et des bouts rimés de M. N. ».C'est à peu près ce que valoir l'idée du crédit intellectuel dont on discute depuis nous répétons aujourd'hui et ce que voudrait combattre quelque temps, mais il m'a paru curieux de rechercher, le Crédit intellectuel.' La situation des écrivains est acà cette occasion, les prix obtenus de leurs cuvres par tuellement fort semblable à celle qui leur fut faite, sauf les écrivains, aux différentes époques. Comme il fal- de rares excepions, au cours du dernier siècle, Comme lait s'y attendre, l'on assiste une fois de plus au triomphe hier, il importe de se résoudre au journalisme et au de la médiocrité et au succès du savoir-faire remplaçant feuilleton si l'on manque de ressources personnelles. Pé sans cesse |