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JOURDE CORDIAL-MÈDDI JOURNAL DE LA SEMAINE PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS QUATORZIEME ANNEE SAMEDI 8 OCTOBRE 1921 N° 41 400 404 406 SOMMAIRE : Au Maroc français : XXX 389 | Enquêtes . Les morts vivent-ils? Enquête sur l'état présent des Bditorial : SERGE ANDRÉ 390 sciences psychiques (X) (fin) : PAUL HEUZÉ. Co qu'on dit. 390 Mémoires et Documents. Affaires lotérieures. La journée d'Odessa : ALBERT KÉRAGNEL Des conseils généraux : TRYGÉE 394 L'Expansion du livre français. Notes et. Figures. Pour nos amis de l'Europe Centrale : GEORGES A propos d'une pièce nouvelle : CHARLES MOULIÉ.. 395 GIRARD Droits d'auteur : A. DE BERSAUCOURT 395 Le Congrès d'histoire de l'art : JEAN ALAZARD. 396 Roman. Le Club des Cent : PISTOR 396 Le crépuscule tragique (fin) : ABEL HERMANT Allo! Allo! les pompiers? : RENÉ VALLET 397 Feuillets de la Semaine. Los Idées. Lettres Arts : ROBERT REY 397 Economique : ROBERT FABRE to Le Théâtre. Ce qu'on lit. Rentrée : CLAUDE ISAMBERT 398 Los faits de la semaine. 399 La Bourse. J. DESPRÉAUX 407 411 412 413 414 414 413 au Au Maroc français ter, les conséquences des moindres défaillances qu'ils se tiennent toujours prêts à surprendre. Le commandement Au moment où le maréchal Lyautey revient s'est donc empressé de consolider ses positions. Le géMaroc, après quelques semaines d'un repos bien gagné, néral Poeymirau a complété, tant par des postes interE il est intéressant de faire le bilan de sa dernière cam médiaires que par de nombreuses communications, l'arpagne. Peu d'entre elles ont été plus fécondes en ré mature du front d'Ouezzan dont une saison de pluies sultats et l'on se plaît, en ce moment surtout, à constater exceptionnelles avait précipité l'établissement en octol'heureux état du Maroc français. bre 1920. Ouezzan, protégé par sa couverture, est mainEt d'abord, puisque rien ne dure hors du cadre d'un tenant à l'abri des infiltrations des tribus qui, sous l'in à ordre politique, il fallait un gouvernement. Le principe Auence de menées très spéciales, se sont révoltées fondamental du protectorat est la souveraineté du Sul nouveau, après avoir donné les preuves d'une soumistan. La campagne du général Aubert contre les tribus sion parfaite. Beni-Ouarain qui flanquaient d'une audacieuse anarchie Parallèlement à cette action militaire, à fin exclusivele sud de la route dite « couloir Fez-Taza », a sérieuse ment politique, et qui n'est, en somme, que l'expression ment avancé l'unification du Maroc. C'est en effet une d'une police sans laquelle ce pays retoumerait avant dissidence séculaire que nos soldats, combattant un peu à ses antiques divisions, l'organisation physique et ennemi bien armé et dans un pays très accidenté, ont administrative du Maroc, son économie, ses institutions brisée en moins de dix semaines. Le total des soumis- scientifiques et de bienfaisance, se développent dans sions atteint aujourd'hui près de dix mille familles sur une harmonieuse progression. les onze mille qui composent la Confédération des Beni- Un événement : le 20 juillet, trois cents tonnes des Ouarain. Par ailleurs, une coïncidence heureuse permet- phosphates d'Oued Zem ont été exportées de Casatait qu'à l'heure même où le général Aubert fortifiait son blanca, à bord du vapeur Cadnel. Il va sans dire que succès par des opérations secondaires, le Sultan, après un les richesses naturelles qui abondent appellent des voyage triomphal à Meknès, à Fez et à Taza, entrât moyens de transport nombreux et bien distribués. En pour la première fois à Ouezzan. L'accueil enthousiaste 1920, le Parlement a définitivement arrêté la création que Sa Majesté a reçu dans la Médina Chérifa, si long- de grands chemins de fer à voie normale. Dès le vote temps vouée à la rapine des tribus Djebala, a témoigné acquis, les chantiers se sont dressés sur l'ensemble du , de la joie des populations à vivre en sécurité sous le parcours Fez-Meknès-Kénitra-Rabat-Casablanca, c'estgouvernement du maghzen et sous l'égide de la à-dire sur une distance de trois cent vingt et un kiloFrance. mètres. Actuellement, l'infrastructure est commencée Aussi, rien n'est-il négligé pour affermir la possessión de ces gains précieux. Les indigènes ne respectent viaducs et de ponts et trois tunnels sont adjugés et en sur trois cents kilomètres, mille huit cents commencée pas les faibles. Ils excellent à supputer, puis à exploi- construction ; les travaux de la ligne des phosphates CE QU'ON DIT L de Oued-Zem à Casablanca dépassent le tiers de la lège musulman de Rabat et de l'Ecole militaire de longueur. Meknès, que distinguent à la fois une bonne instruction Au demeurant, le 31 juillet, avait lieu l'inauguration générale et une éducation raffinée. Ceux-ci seront, il de la section Fez-Taza du chemin de fer militaire . La faut l'espérer, les traits d'union naturels des élites fransoudure s'est faite à Dar Card Omar, à quarante kilo- çaise et indigène. mètres de Fez environ. Le Résident, avec une clé d'ar- Outre ce souci constant d'un mieux-être moral, le gent, a solennellement boulonné le dernier rail, en pré- résident ne se lasse pas de rechercher les satisfactions sence du grand-vizir El Mokri, des autorités des subdi- intellectuelles, qu'il importe toujours d'accorder libéravisions et des représentants français et indigènes des lement. Il a présidé en mai, entre deux randonnées sur Chambres d'agriculture et de commerce. Voici donc ac- le front des Beni Ouarain et le front d'Ouezzan, aux complie la jonction ferroviaire de l'Algérie et du Maroc, travaux de l'Institut des Hautes Etudes marocaines. Il et l'on est en droit d'ajouter : de Bizerte à l'Atlantique. y a quelques jours, un Foyer médical a été ouvert à Soumises de la veille, les tribus Beni Ouarain Rabat, où se réuniront le plus souvent les médecins du avaient délégué leurs chefs à cette inauguration. Ceux-ci Maroc dont le rôle essentiellement bienfaisant ne pourra sont montés dans le premier train de la nouvelle ligne, que bénéficier de l'étude en commun et de la camarails n'ont pas caché leurs sentiments d'étonnement, et, derie la plus utile. dans une manifestation émouvante, le grand-vizir a reçu XXX. leur hommage au Sultan. Quant aux indigènes des villes et des régions depuis longtemps régénérées par le Protectorat, ils ont le spectacle permanent de notre volonté agissante. Casablanca s'accroît, se dégageant petit à petit de l'immense larve de ses chantiers ; ses rues s'éclaircissent, ses boulevards 'ÉLECTION du quartier de Charonne a donné la se percent, sa jetée atteint mille quatre cent dix mètres. majorité au candidat communiste. L'Opinion du Rabat voit, pour venir accoster à ses appontements, des 10 septembre a rappelé le rôle du traître Marty, cargos affronter la barre fameuse dont le maréchal ancien officier condamné à quinze ans de détenLyautey nous conte dans ses Lettres qu'elle faillit tion pour sa participation aux mutineries de la mer engloutir la mission Regnault en 1907. Le 15 mai, Noire. Cette condamnation, le privant de ses droits cic'était l'inauguration de la ville nouvelle de Meknès et, vils, le rend inéligible et l'élection va être cassée par le le 28, à Rabat, celle d'un très moderne Hôtel des Pos Conseil d'Etat. Il faudra procéder à une nouvelle électes et d'une Maternité, modèle de confort, due parti tion. Cela coûtera cher : tant pis pour les candidats! culièrement aux initiatives si fécondes de Mme Lyautey. Cela privera le quartier quelque temps encore de son 16 Des Chambres de commerce ont été élues Casa présentant à l'Hôtel de Ville : tant pis pour le quartier! blanca en avril, à Rabat en juin, à Marrakech en juil. Peut-être jugera-t-on, pourtant, qu'il serait préférable let, dont les délégués iront s'asseoir à la table du qu'une loi déclarât une fois pour toutes que les bulletin Conseil de gouvernement, aux côtés des hauts fonction portant le nom d'un candidat - notoirement inéligibl. naires et de leurs collègues des Chambres d'agriculture seront annulés purement et simplement. et des Chambres mixtes. Ce Conseil, qui se tient invaria Lors des dernières élections législatives, le parti socioblement le premier lundi de chaque mois, est un exem- liste avait posé la candidature de Sadoul, traître lai ple des services que peut rendre à la gestion des affaires aussi, et condamné à mort par contumace. Celui-ci ne fut publiques une représentation des intérêts : une représen- pas élu, mais les voix qui s'étaient portées sur son nom tation professionnelle. Là, pas de verbiage, mais du vinrent grossir celles de la liste socialiste : il en fut tenu concret. Les délégués des Chambres n'assistent pas au compte dans l'attribution des sièges restant à pourvou. Conseil en contrôleurs imbus de je ne sais quelle préro- Si les bulletins avaient été annulés purement et simple. gative de droit divin, mais en collaborateurs, en asso- ment, f'aurait été plus équitable. ciés du gouvernement et de l'administration. Il arrive La manifestation qu'ont organisée les dirigeants du fréquemment que le Conseil délibère séance tenante, parti socialiste en présentant Marty ne fait que souévitant ainsi un gaspillage de temps. ligner la contradiction entre les tendances du parti d "La sympathie est bien à la base du Protectorat. Les celles de ses chefs. Les derniers congrès ont donné une Marocains qui sont ici chez eux ne sauraient être tenus telle majorité aux anticommunistes qu'on a parlé de à l'écart de la réorganisation de leur patrie. Le gou- scission. Mais ce n'est pas chez les socialistes qu'on 1103 vernement doit être jumelé : d'un côté, le gouvernement vera jamais respectés les principes démocratiques : Popichérifien ayant à sa tête le Sultan, d'autre part, le gou- nion de la majorité n'y triomphe guère. vernement français ayant à sa tête le commissaire rési- Dans cette affaire, au reste, ce qui est inexplicable et dent général, mandataire de la République ; mais il ne ; ce qui est proprement scandaleux, c'est Lattitude du parti faut pas que Marocains et Français aient l'attitude du radical. chien et du chat. Dans son rapport sur la question Il a, en effet, désavoué le candidat qui se réclamait d'Egypte, lord Milner a crânement mis en lumière une de ses idées pour se rallier à la candidature commudes raisons de doison étanche avaient nui jusqu'aux fièrement que son parti était le seul qui fút au-dessus l'insurrection nationaliste : un certain niste, l'entendais récemment un député radical déclara moindres relations de la vie sociale ; une morgue par des idées étroites, le seul réellement libéral, le seul qui trop évidente avait exaspéré les Egyptiens et servi la put se réclamer de la tradition française de Montaigne propagande de Zeggoul Pacha. Dans la mesure du pos- et de Voltaire. Il se gardait d'ailleurs d'expliquer pour sible, la politique du maréchal Lyautey intéresse l'élé- quoi et comment. C'était plus prudent. ment musulman aux affaires publiques ; elle met en L'élection de dimanche démontre, une fois de plus, garde les fonctionnaires, venus quelquefois de la Mé au contraire, que, de tous les partis, Le radical est le plus tropole sans une connaissance approfondie des lieux et mesquin et le plus arriéré. C'est une singulière conduite des hommes, contre la tendance à regarder l'indigène que de s'allier aux pires ennemis de la France, d ceux comme de race inférieure, comme quantité négligeable. qui souhaitent de nous infliger le régime asiatique que Dans cet esprit, le résident a récemment affecté à plu- la conduit la Russie à sa ruine. Mais un radical ne voi sieurs services du Protectorat et à diverses unités régi- jamais que Pintérêt de parti. Il ne saurait s'élever av mentaires de jeunes Marocains, anciens élèves du Col- | dessus de l'égoïsme le plus étroit. Le bien général de L 08 et |
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