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là une simple indication au sujet de votre enquête, et je n'avais cité que les plus célèbres en France. Vous en concluez que, pour moi, il n'y a actuellement que trois grands hommes dans le spiritisme : c'est outrepasser ma pensée qui, peut-être, fut trop concise: je n'ai pas la prétention de décerner des prix. Voici, en France (sans parler de l'étranger), les noms les plus marquants du spiritisme : Léon Denis, Alfred Bénézech, le pasteur Wiétrich, Cornillier, Chevreuil, Darget, etc. Parmi les morts, le spiritisme peut s'enorgueillir des plus grands noms : Dr Hyslop, Dr Hodgson, Myers, Stainton Moses, A.-R. Wallace, William Crookes, Aksakof, Lombroso, Sidgwick, Dr Gibier, Crawford, etc.; j'en oublie et beaucoup! Excusez, mon cher confrère, cette lettre, etc.

LOUIS LORMEL.

C'est avec le plus grand plaisir que j'ai reproduit cette lettre qui nous montre le très légitime désir qu'avait M. Lormel de ne pas paraître, par suite d'un malentendu, ignorer ses maîtres et ses collaborateurs.

J'ajoute que je voudrais bien, si c'est possible, ne plus avoir à publier de ces énumérations de noms, la question des personnes étant ici sans importance. M. Gabriel Delanne cite des noms, M. Louis Lormel en cite d'autres, un troisième voudra en apporter d'autres encore: je pense que tout cela serait maintenant sans intérêt réel pour le sujet qui nous occupe. (1).

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(1) Toujours des lettres injurieuses, de spirites toujours. D'une lettre datée de Casablanca :

« ...Où le parti pris se constate sans réplique possible, c'est quand on vous voit chercher du renfort chez le P. Mainage... Spirites! Ils sont encore nombreux ceux qui, l'étant, n'osent l'avouer de peur d'être taxés de fclie: Il peut y avoir de nombreux déséquilibrés parmi eux, mais on peut certifier que, parmi ces croyants, il n'y en aura pas des millions qui iront jusqu'à croire que le Bon Dieu descendra en eux sous forme de pain à cacheter ! »

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nous

ici, les laboratoires aux installations luxueuses qu'on décrit en Allemagne et en Amérique... Mais j'éprouve pourtant de la fierté en même temps à me dire que je suis devant un savant de France, parce que j'évoque aussi, par contraste, les belles paroles de cet autre savant de chez nous, Pierre Termier :

« Le vrai savant est désintéressé ; il n'a que du dédain, pour la richesse; il tient même que la richesse est importune; il a, tout au fond, inconsciemment le plus sou vent, «<l'amour d'être pauvre », chanté par ce grand pauvre qu'était Verlaine. Sans doute, il n'est pas impossible qu'un homme riche soit savant; mais l'incompatibilité est absolue entre la science et la soif des richesses. On a vu des esprits lumineux choir dans les ténèbres, des savants presque sublimes sombrer dans la cupidité la plus vulgaire, car tout homme est faillible, hélas ! Mais, instantanément, ces esprits ont paru s'éteindre. Et les plus grandes découvertes scientifiques, celles qui ont paru changer la face du monde, ont été faites sous de modestes toits, dans des chambres dénuées de toute splendeur, à la lumière souvent fumeuse et vacillante d'une lampe d'artisan ou d'écolier. »>

N'ai-je pas, devant moi, le commentaire vivant de ces hautes pensées ?... Que conclure !...

Mais toutes ces images se sont succédées dans mon esprit comme dans un éclair... Déjà, je suis assis en face de l'illustre maître. J'écoute, Je n'ai plus qu'à enregistrer ses paroles. Les voici maintenant, reproduites mot pour mol (1):

« Je dois vous dire tout d'abord que je me suis souvent intéressé à ces questions et que je m'en suis même beaucoup occupé autrefois, lorsque j'étais jeune. Quand on est jeune, on a le temps !...

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Je crois qu'il y a en nous, dans notre organisme, des régions assez peu connues : ce sont celles de notre système nerveux. Je vais, pour vous expliquer ce que je veux dire, vous raconter une expérience: c'est peut-être celle qui m'a le plus frappé parmi les innombrables expériences auxquelles j'ai assisté. Dans les environs de 1880, j'avais trente-cinq ans et j'avais suivi les études de Charcot à la Salpêtrière, un dimanche matin, à l'hôpital de la Charité, le docteur Luys vint faire une conférence sur les phénomènes nerveux; Luys était alors, avec Charcot, le grand maître des maladies nerveuses. Il avait amené avec lui une petite ouvrière, dénuée de toute instruction. Il l'endormit, il la fit monter sur l'estrade, et il annonça qu'elle allait faire la conférence à sa place. Alors, la petite ouvrière se mit à nous répéter, mot à mot, une fort belle causerie que le docteur Luys avait faite précédemment, non seulement en employant un langage scientifique impeccable, mais encore en empruntant la voix et les gestes de l'illustre professeur, en mettant de l'énergie dans les passages où il en avait mis, en réalisant en un mot une imitation parfaite de son modèle, sur une question dont, bien entendu, elle ne connaissait pas le premier mot.

Qu'y a-t-il à conclure de ce genre d'expériences ? Qu'il y a, dans notre cerveau, plusieurs régions nerveuses certaines sont en fonction constamment, pour les actes ordinaires de la vie, d'autres n'agissent que dans certaines circonstances et parfois sans que nous en ayons la moindre connaissance. Cela paraît être d'accord avec d'autres expériences comme celles d'Azam, de Bordeaux, qui avait eu l'occasion de faire l'étude du phénomène de la double personnalité. Il s'agit d'un phénomène qui existe, bien qu'il soit rare. Azam a suivi long

(1) Cette petite remarque est à l'adresse de la Revue Spirite qui, s'appuyant sur la protestation de Flammarion que j'ai publiée le 10 septembre, écrit tranquillement que je «dénature la pensée des éminentes personnes » que j'interroge.

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temps un sujet qui avait une existence absolument double, vivant un certain temps avec une certaine personnalité, en prenant ensuite une autre, puis reprenant la première, et ainsi de suite, sans aucune supercherie possible. Oui, nous avons, dans notre cerveau, différentes régions de centres nerveux, dont certaines peuvent, à notre insu, soit nous rendre service, soit fonctionner à notre détriment. Et quand on parle de « forces psychiques », je pense que c'est cela qu'on a en vue.

Cependant, dans des phénomènes comme ceux dont je viens de vous parler, sommes-nous seuls en cause? Je veux dire par là: Y a-t-il, en dehors de nous, en dehors des forces psychiques provenant de nous-mêmes, des forces d'origine inconnue ?

Cela, c'est possible.

Il ne s'agit pas du tout ici de spiritisme, entendonsnous bien. Le spiritisme est une théorie, qui n'a rien à faire dans ces questions. J'ai assisté à un grand nombre de séances où l'on prétendait démontrer qu'on faisait intervenir des Esprits: elles étaient toujours conduites d'une manière trop peu scientifique; les conversations étaient quelquefois insignifiantes et ternes, le plus souvent déraisonnables (1). Ce sont là de pures plaisanteries, et il ne s'agit pas du tout de cela. A ce point de vue, j'ai lu, dans votre interview du docteur Richet, des choses fort sensées. Mais si l'on nous dit qu'il est possible qu'il existe, dans la nature, à côté et autour de nous, d'autres êtres que nous ne voyons pas, dont nous ne pouvons nous faire pour nous-mêmes aucune description, mais qui peuvent agir cependant, parfois, d'une manière perceptible pour nous, il n'y a rien à répondre. Nous ne savons pas tout, n'est-ce pas ?

Mais j'ajoute pourtant qu'il me semble que, si de tels êtres existaient, nous devrions avoir tous l'occasion d'en avoir quelquefois la sensation. Or, il n'y a qu'un nombre réellement infime de nos semblables qui paraissent avoir un certain pouvoir de provoquer leurs manifestations et, presque toujours, il semble aussi qu'ils pourraient avoir quelque intérêt à montrer ce pouvoir.

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Ici, mon cher Maître, je me permettrai de vous opposer, au nom des absents, au nom de ceux qui croient à ces forces extérieures, et même, par conséquent, au nom des spirites, une petite objection. Il arrive parfaitement, disent-ils, que des êtres simples et ignorants, n'ayant absolument aucune connaissance de ces choses, aient tout à coup, quelquefois même sans y rien comprendre, une « belle manifestation »> c'est ainsi qu'ils l'appellent - des entités extérieures.

-- Dans ce cas, alors, ce qui manque, c'est le contrôle. On raconte que... On rapporte que... Mme X... dit ou écrit qu'elle a vu... Et puis? Il y a tellement d'exemples de cela que je ne saurais lesquels vous citer. Tenez, récemment, M. Mainage, combattant les dogmes spirites, s'efforçait de chercher des explications à des faits qu'il accepte comme vrais, par exemple l'histoire de ce marin qui trouve dans sa cabine un fantôme écrivant sur une ardoise (2). Cette histoire, constamment reproduite, date

(1) C'est, sous une autre forme, et aussi avec une tout autre valeur (mais je ne peux m'empêcher de faire ce rapprochement) l'argument d'un de mes lecteurs, qui m'écrit : « Demandez donc aux spirites pourquoi les esprits de Victor Hugo, de Musset, de Leconte de Lisle, de Lamartine, qui se sont « manifestés », n'ont écrit que des vers de mirliton », et à qui j'ai répondu d'ailleurs : « Soyez tranquille, le spiritisme explique cela très bien. »>

(2) En 1828, Robert Bruce, marin, navigue dans les para ges de Terre-Neuve. Il interpelle son capitaine, qu'il croit être dans une cabine voisine de la sienne. En effet, un homme est là, mais, en s'approchant, Bruce s'aperçoit que cet homme est un personnage absolument inconnu, occupé à écrire ur une ardoise. Le capitaine, averti, descend. L'inconnu n'est

de cent ans! Est-ce qu'il y a à chercher une explication scientifique de tels racontars? Ou alors il s'occupe de savoir comment une mère, inquiète de son fils, a cru avoir, à l'instant de sa mort, une apparition, etc. Il est bien simple qu'une mère ait des inquiétudes et des pressentiments au sujet de son enfant, une épouse au sujet de son mari. Toutes ces histoires, toujours les mêmes, manquent absolument d'un contrôle qui, d'abord, les authentifie. Particulièrement, il faudrait que les dates fussent rigoureusement vérifiées, ce qui est presque toujours impossible d'ailleurs, puisque les remarques sont faites après coup. Pour ma part, je vous le déclare, je n'ai pas connaissance d'un seul récit de ce genre où il y ait l'indication d'un contrôle suffisant.

Pourtant, mon cher maître, il semble bien quc la télépathie...

Quoique personnellement je n'aie aucune connaissance d'un seul fait prouvé de télépathie, je ne nie pas la télépathie. Mais qu'est-ce que c'est ?

Mais il peut se faire, sans doute, qu'une onde... Une onde ?... Il n'est pas impossible qu'il y ait, dans la nature, à côté de l'agent électricité, un autre agent, d'autres agents que nous ne connaissons pas ; il n'est pas impossible qu'il y ait aussi, en cas d'ondulation dans l'éther, des ondulations qui se contrarient. Mais il faut faire bien attention à présent lorsqu'on parle d'ondulation. Car la théorie de l'ondulation n'est qu'une théorie; et voici qu'on voit précisément reparaître la vieille hypothèse de l'émission, qui semblait oubliée !... Non, non, nous ne savons pas tout, nous ne savons pas grand'chose !...

Mais revenons aux phénomènes psychiques.

L'année dernière, il y a juste un an, un grand magazine français publiait une photographie sur laquelle on pouvait me voir assistant à une lévitation de table avec Eusapia Paladino. Il y avait là, avec moi, tenez, voici cette photographie, Debienne, un assistant de Mme Curie, un vrai savant, MM. Tchorowicz et Serge Yourievitch. Quand on m'a posé, à ce sujet, la question: Avez-vous été témoin de manifestations psychiques telles que soulèvements d'objets pesants? j'ai répondu, et je réponds de nouveau :

J'ai vu ou j'ai cru voir; on peut se faire illusion sur des phénomènes qu'on ne sait pas reproduire dans des circonstances identiques. »

C'est qu'en effet tout est là. Ces phénomènes ne sont, pour le moment, nullement du domaine scientifique. Demandez donc à Debienne si les expériences avec Eusapia ont été menées avec une méthode scientifique ? Aucunement; ce fut impossible !... Il y a bien eu là aussi, parfois, d'Arsonval: mais il a été obligé de ne s'en occuper qu'avec beaucoup d'indulgence scientifique. On me cite bien, moi aussi, parbleu, comme ayant constaté les faits; et on reproduit la photographie! En réalité, je n'ai rien constaté (1).

Tenez, un soir, la séance avec Eusapia étant terminée, nous causions avec celle-ci lorsque un verre, qui se trouvait à une petite distance de nous, se brisa. Je vis bien les débris du verre. Je demandai à Eusapia de refaire immédiatement cette expérience: elle n'a jamais voulu. C'était toujours ainsi ! -- Or, il faudrait justement produire, pour bien l'observer, le phénomène qu'on attend, exactement, et non pas un autre qui, forcément, nous surprend et qu'on ne peut observer. Il fau

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plus là; l'ardoise porte ces mots : « Gouvernez au nordouest. » L'écriture n'a rien de celles des passagers du navire. On se porte dans la direction indiquée ; on découvre un vaisseau pris dans les glaces et à demi brisé. Parmi les hommes de l'équipage, Bruce reconnaît le mystérieux visiteur, dont l'écriture est identique à l'écriture de l'ardoise.

(1) Notons que voilà, en des termes un peu différents, la même réponse que celle de Mme Curic.

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tes me demande d'aller chez lui, où il aurait réalisé des expériences extraordinaires avec plusieurs mediums. Je lui ai toujours répondu : « Faites-moi d'abord, sur une seule de ces expériences, un rapport clair, scientifique, avec croquis, qui me permette de juger de la méthode : je pourrai alors, ensuite, aller observer en toute connaissance de cause. » Je ne l'ai pas encore obtenu. Je ne nie pas mais j'attends des preuves.

Je n'ai donc, pour nous résumer, sur cette expérimentation métapsychique, aucune certitude scientifique, ni même aucune conviction personnelie. »

(A suivre.)

Les expériences psychiques ont toujours été faites, au contraire, avec le plus grand désordre. Il est venu et il vient ici, chez moi, des quantités de gens qui m'apportent des photographies de phénomènes. Je les regarde attentivement et je réponds : « Choisissez une seule de ces photographies, à votre idée; bien; maintenant reproduisez, dans le délai que vous voudres, ce même phénomène » : pas un seul n'en est capable. J'ai | Armée & Marine fait cette même réponse, réceniment, à un homme distingué qui fait de fameuses photographies de fluides -(dues probablement, d'ailleurs, ainsi que l'a démontré Guébhard, aux mouvements des liquides dans les cuvettes): même impossibilité.

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Oh ! certes, ils parlent tous d'« appareils scientifiques », de travaux « de laboratoire ». Mais, quand il y a, en effet des appareils, ceux-ci sont, ou de constitution déplorable, ou en mauvais état ; même les balances sont des balances quelconques mal équilibrées. Je me rappelle les visites, ici, de l'excellent Baraduc, avec son célèbre biomètre. Pendant des semaines, il vint, le dimanche matin, accompagné de ses sujets. Je remarquai immédiatement que lorsque lui ou un sujet approchait la main de l'appareil pour faire dévier l'aiguille, en même temps il penchait la tête pour regarder le chiffre marqué. Je crus voir que c'était la chaleur de la tête qui agissait surtout. J'imposai donc un dispositif permettant de lire les chiffres aut moyen d'une lunette placée à cinquante centimètres : il ne se produisit plus rien. Je finis par dire à Baraduc: « Que voulez-vous, l'atmosphère est mauvaise ici; peut-être les murailles de mon laboratoire sont-elles hostiles; nous irons chez vous ! » Chez lui, ce fut la même chose! Quand j'employai la lunette, les résultats devinrent à peu près nuls il n'était plus question que de déviations insignifiantes.

Je ne vous dirai rien des expériences de l'Institut métapsychique, sinon qu'elles paraissent dénuées de méthode scientifique. Notez bien que je ne nie pas la possibilité de ces phénomènes. Il serait intéressant qu'ils fussent réels. Je n'ai toujours demandé qu'à croire !... Mais je demande quelques preuves les expérimentateurs n'ont jamais pu en donner quand il y avait un véritable contrôle.

PAUL HEUZÉ.

Les retraites des officiers en Allemagne

L'Allemagne républicaine est pleine de sollicitude pour les anciens officiers de l'armée impériale. Elle leur fait dans leur retraite une situation très enviable qui leur permet de vivre largement.

Une loi récente du.4 août 1921, mise en vigueur à la date du 1er janvier 1921, mérite d'être connue en France. Elle montre que l'Allemagne, si peu empressée à exécuter les clauses du traité de Versailles concernant les réparations, sait trouver de l'argent quand il s'agit de récompenser les officiers de la grande guerre.

L'exposé des motifs de cette dernière loi contient cette phrase « La petite armée laissée à l'empire allemand a un besoin tout particulier d'un cadre d'officiers jeunes. >>

Le moyen employé pour obtenir ce cadre jeune consiste à ouvrir, de bonne heure et très largement, la porte de sortie aux officiers qui consentent à quitter l'armée. C'est pour cela que la loi militaire a fixé le moment où les officiers pourraient produire leur demande de mise à la retraite au terme même du traité de Versailles à la durée minima du service des officiers, c'est-à-dire à 25 ans.

Mais si au bout de ces 25 ans, il est pénible de renvoyer d'office les officiers, ce qui risquerait d'avoir des effets fâcheux sur le recrutement, il faut leur offrir des compensations telles qu'ils n'hésitent pas à profiter de l'autorisation qui leur est donnée de prendre leur retraite. Par suite, il ne s'agit pas, à proprement parler d'une retraite à instituer, mais d'un ensemble d'avantages à offrir aux officiers pour qu'une majorité d'entre eux s'éliminent d'eux-mêmes, alors qu'ils sont en pleine force

Vous me parliez tout à l'heure du Congrès de Copen-physique et intellectuelle. hague. Que valent ses affirmations? Ce.que valent (je me place toujours, bien catendu, dans le domaine de la science) celles de chacun de ses membres.

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Or, quand ces messieurs reçoivent un défi — et ils en reçoivent alors ils pondent que la personne qui leur porte ce défi ou bien n'est pas intéressante, ou bien même est méprisable. C'est là un raisonnement antiscientifique au plus haut point, car précisément, c'est cette personne-là qui est intéressante. Si Lénine m'apportait une preuve scientifique de quelque chose, je serais bien obligé de l'accepter, et même de le remercier. En matière de science, il ne s'agit pas du tout de la moralité de celui qui apporte la pre ve il s'agit de la valeur de la preuve en soi. Si quelqu'un, quel qu'il soit, dit à ces messieurs je me fais fort de prouver que vous êtes victimes d'une erreur, ils doivent, sans hésiter, le mettre en mesure, et même en demeure, de s'exécuter. En lui donnant naturellement les vrais moyens de le faire !

Par exemple, voilà bien des fois qu'un de ceux qui lient avec le plus d'ardeur ces questions troublan

Le problème à résoudre n'est donc plus du tout le même pour l'officier et le fonctionnaire:

La carrière de l'officier, dit l'exposé des motifs, est toute différente de celle du fonctionnaire. A l'inverse de ce qui se passe pour ce dernier, qui reste en fonction jusqu'aux dernières années de sa vie, l'officier doit, en grande majorité, abandonner la carrière militaire de très bonne heure... Déjà le relevé, fait en 1905, des officiers ou fonctionnaires partis en retraite au cours des années 1901 à 1903, montrait que le nombre de ceux d'entre eux qui avaient atteint 55 ans. était : Pour les officiers de..... 14 0/0

Pour les fonctionnaires des administrations de.. 71 0/0 86 0/0 Pour les fonctionnaires de la justice....

Parmi ceux-ci, le nombre de ceux qui avaient atteint 65 ans était :

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la retraite de l'officier à celle du fonctionnaire, Non seulement celui-ci aurait eu l'avantage de jouir plus longtemps du traitement d'activité, mais le nombre plus grand de ses annuités lui aurait donné, le moment voulu, une plus forte retraite.

C'est autre chose qu'il fallait faire et voici quelles sont les dispositions essentielles de la nouvelle loi des retraites du 4 août 1921.

X

La base des avantages accordés à l'officier qui met fin à sa carrière militaire, est constituée par une rente viagère ou une indemnité temporaire de transition, suivant son ancienneté. Et puisque en principe l'officier quitte l'armée de bonne heure, il ne peut s'être acquis des droits à une retraite très élevée. Il peut, encore d'autre part, exercer à son profit et au bénéfice même de la collectivité, une activité à peine diminuée.

L'Etat offre donc aux intéressés :

I' Soit une sorte de dotation, la « Kapitalabfindung »>, constituée avec une partie de sa retraite. Cette combinaison a l'avantage de mettre immédiatement à la disposition de l'officier un petit capital destiné à faire de fui un terrien. C'est de la part de l'Etat, la culture du hobereau

2° Soit le « Zivildientschein », titre qui permettra à l'intéressé de postuler une situation civile dans laquelle l'officier retrouvera son traitement d'activité et pourra s'acquérir des droits à une meilleure retraite.

Tout officier quittant l'armée après 10 ans de service a droit à une pension viagère de retraite. Pendant 4 ans, il a droit, pendant un an seulement, à une indemnité temporaire de transition. Après 8 ans, cette indemnité lui est payée pendant 2 ans.

Le montant de la retraite à 10 ans est fixé aux 35/100 du traitement d'activité (comprenant le traitement de base, l'indemnité locale, et toutes les autres indemnités indiquées par le budget comme entrant dans le calcul de la retraite).

La retraite s'accroît des 2/100 du dernier traitement d'activité par nouvelle année de service, sans pouvoir dépasser les 75/100 de ce traitement. Cet accroissement annuel n'est plus que de 1/100 après la 25° année pour les grades au-dessus de colonel.

A cette retraite s'ajoutent :

Une indemnité de déménagement;

Les mêmes indemnités pour charges de famille que pendant l'activité (40 à 60 marks suivant l'âge, par mois et par enfant, l'indemnité de 60 marks étant payée jusqu'à vingt et un ans);

Des indemnités pour cherté de vie (s'élevant en principe à la moitié de celles d'activité, qu'elles peuvent atteindre dans certains cas).

La retraite et toutes les indemnités sont payées par mois, jusqu'au mois inclus du décès. Une indemnité d'un trimestre complet est de plus payée aux ayants-droit.

Les veuves et orphelins des militaires inorts au service ou en retraite ont droit aux même avantages que les veuves et orphelins de tous les fonctionnaires. Sur leur demande, ils ont également droit à une « dotation » d'après les principes indiqués ci-dessous.

Sur leur demande, les officiers qui ont droit à une retraite reçoivent immédiatement une dotation, c'està-dire un capital qui doit être obligatoirement employé à l'un des objets suivants :

1° Acquisition d'une propriété foncière ;

2o Amélioration ou équipement d'une propriété appartenant déjà à l'officier ;

3° Participation à une entreprise de mise en valeur de terrains (landes, marécages, etc...)

Le montant de cette dotation est égal à huit fois la demi-annuité de la pension jusqu'au maximum, pour cette demi-annuité, de 6.000 marks. Ainsi un officier se retire avec une pension de 8.000 marks. Sa dotation sera de 4.000 marks multiplié par 8, soit 32.000 marks.

Comme contre-partie le pensionné ne perçoit sa retraite complète qu'au bout de 10 ans. Jusqu'à la 10 année inclus, il n'en perçoit que la moitié.

Cette dotation n'est accordée que sous certaines conditions.

En principe, l'officier ne doit pas avoir plus de 55

ans.

Il faut qu'il y ait quelque garantie que ce capital sera utilement employé.

Si dans un délai fixé par le ministre, le capital n'avait pas reçu un emploi conforme à la loi, le bénéficiaire pourrait être mis en demeure de le rembourser suivant certaines modalités. Le remboursement effectué, le pensionné recommence à percevoir sa retraite complète.

Enfin les officiers qui ont fait preuve de qualités spéciales dans la prise en valeurs des terres peuvent obtenir de l'Etat un cautionnement dont le montant pourra s'élever jusqu'au double de leurs moyens propres (fortune personnelle et dotation).

Les officiers jusqu'au grade de colonel, ou jouissant du traitement afférent à ce grade, s'ils ne reçoivent pas la dotation obtiennent sur demande un titre spécial portant le nom de « zivildientschein »>.

Ce titre ne donne pas nécessairement droit à une situation civile. Mais toutes les fonctions rétribuées en tout ou en partie par le Reich, les Etats ou les communes sont ouvertes à ceux qui le possèdent, dans la seule mesure des principes généraux d'admission à ces fonctions.

« L'accès des officiers aux situations civiles, dit l'article 62 de la loi doit être facilité dans toute la mesure possible. Les mesures nécessaires sont prises par le ministre du travail, d'accord avec le ministre de la Reichswehr, après assentiment du Reichsrat, et d'un comité permanent composé de 28 membres du Reichstag. >>

Cette attribution de situations civiles aux officiers constitue une économie pour l'Etat car le total du traitement civil (non compris les frais de représentation qui peuvent lui être joints) et de la retraite ne peut dépasser le dernier traitement d'activité du retraité.

Au cas où le traitement civii ouvre lui-même des droits à une retraite, la retraite finale est calculée d'après les règles qui régissent les retraites civiles, sur l'ensemble des annuités, tant civiles que militaires, réalisées par l'intéressé et en prenant pour base son dernier traitement d'activité.

En résumé les Allemandsulent donner à leur armée petite de par la volonté de l'Entente la valeur maxima qu'elle peut atteindre.

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Un des moyens consiste à avoir un cadre d'officiers. jeune et recruté dans une élite.

Pour attirer dans ce cadre les meilleurs éléments, il a fallu lui consentir des avantages matériels et moraux. C'est pour cela que nous voyons V. Seeckt et, à sa suite, Gessler s'efforcer de rendre peu à peu à l'officier et à l'armée en général leur ancienne place dans la nation. C'est pour cela que la loi des soldes a donné aux officiers les avantages matériels tels que les généraux viennent dans l'échelle des traitements immédiatement après les ministres, le général de division au même échelon que les ambassadeurs.

Commandant PAUL CASSOU

La Vie Economique

Le camouflage des capitaux allemands Les Allemands, qui n'ont en général qu'une notion très vague de la probité et de la franchise, sont passés maîtres dans l'art du camouflage. Ils l'ont prouvé au cours de la guerre, fût-ce au mépris des principes les plus élémentaires d'humanité et de droit des gens les anciens combattants ne le savent que trop. Mais ce ne fut là une révélation que pour ceux qui, béatement, avaient fermé les yeux à la réalité et systématiquement voulu ignorer, avant la guerre, l'invasion économique allemande. Car, le camouflage, l'Allemagne l'avait pratiqué bien avant la guerre et pendant la paix ; M. Léon Daudet l'a assez montré. Camouflage des individus, d'abord n'était-il pas d'usage courant, pour les Allemands, de se faire passer pour Suisses, Hollandais, Polonais, et surtout Alsaciens? Camouflage des capitaux, ensuite en France, particulièrement, combien de sociétés de commerce, apparemment françaises parce que constituées sur notre territoire, étaient en réalité entre les mains de nos ennemis ! On s'en est aperçu quand le gouvernement français a prescrit le séquestre des biens et intérêts allemands. Le danger est apparu alors dans toute sa brutalité; danger d'autant plus grand que beaucoup de ces entreprises, soi-disant françaises, constituaient un vaste réseau d'espionnage patiemment tissé en vue de la guerre.

Il ne faut pas se faire d'illusion: la guerre n'a nullement modifié la mentalité germanique, et, si l'on n'y prend garde, les Allemands ne tarderont pas, avec leur ténacité habituelle, à chercher par tous les moyens à inonder la France de leurs capitaux, en les camouflant. Ils y seront d'autant plus portés que, depuis l'annulation du traité de Francfort, les sociétés anonymes allemandes ne peuvent plus, sans l'autorisation du gouvernement français, faire le commerce en France et y installer des succursales. Je n'en veux pour preuve que certains faits, que je voudrais signaler et qui, depuis quelques mois, se passent dans un pays voisin, dans le Luxembourg. Ce petit pays qui, ainsi que le montrait récemment M. Tony Pemmers (1), a su, au lendemain de l'armistice, secouer le joug économique allemand, est en train de subir une vigoureuse offensive des capitaux d'outre-Rhin. Non seulement certaines grandes firmes allemandes, telles que l'Allgemeine Electicitat Gesellschaft (A. E. G.), établissent ouvertement des suc

(1) Voir l'Opinion du 13 août.

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cursales à Luxembourg; mais surtout des sociétés luxembourgeoises se constituent, qui ne sont que des socié tés allemandes camouflées. C'est le Comptoir des fers et métaux, dont 5.860 actions sur 6.000 représentant un capital de 3 millions sont entre les mains d'un Allemand, gérant de la Société Sichel and C° de Mayence, mais dont un seul administrateur sur six est allemand. C'est la Quincaillerie d'Esch, dont 2.940 actions sur 3.000 1 appartiennent au gérant sus-désigné de la Société Sichel de Mayence, mais dont un seul administrateur sur trois est allemand. C'est la Soclair, dont le tiers des actions a été souscrit par la Thuringe Gasgesellschaft de Leipzig. Et voici qui est encore mieux: la Cimac (Société anonyme des matériaux de construction) a été fondée au capital de 2 millions; sur 4.000 actions, 2.800 ont été souscrites par le prête-nom, de nationalité allemande, d'un groupe allemand, 500 par un banquier de Dusseldorf, 30 par des Français, 370 par des Luxembourgeois; et pour se mieux camoufler, cette société a choisi comme président de son conseil d'administration, un Luxembourgeois, à qui le gouvernement français a, en 1919, conféré la rosette d'officier de la Légion d'honneur pour services rendus à la France durant la guerre !

:

Ces faits sont graves; d'autres suivront sans doute. Que faut-il en conclure? Ils prouvent d'abord que la << pauvre » Allemagne n'est pas dans un état de détresse qui doive arracher les pleurs des personnes trop sensibles elle a encore des capitaux à exporter pour les faire fructifier. Il faut en conclure ensuite qu'en choisissant le Luxembourg pour s'y installer en maître, s'il d'exploiter ce petit pays : le Luxembourg est une trouée le peut, le capitalisme allemand a d'autres visées que économique vers la France; les sociétés alleinandes camouflées qui s'y établissent sont une avant-garde, dont l'objectif sera d'inonder la France de produits germaniques, en profitant sans doute des avantages économiques que la France pourra être amenée, depuis l'union douanière belgo-luxembourgeoise, à consentir au GrandDuché. Enfin et avant tout, les faits que j'ai tenu à rapporter ici doivent être un avertissement pour le Parlement et gouvernement français. Tôt ou tard, les capitaux allemands cherchent à s'introduire sur notre territoire. Les laissera-t-on faire, comme avant 1914 ? Certes, l'espionnage allemand n'a pas réussi à arrêter notre mobilisation; mais il serait peut-être criminel de jouer une seconde fois avec le feu.

Quand le Parlement se décidera-t-il à prendre les mesures nécessaires, urgentes même, en vue de prévenr une nouvelle invasion de la France par le capitalisme allemand ? MARCEL NAST.

l'autre guerre

D'une guerre à l'autre

LE CRÉPUSCULE TRAGIQUE

XV

LA TORCHE RENVERSÉE

(Suite.)

Cependant ils supportaient cela. Ils n'en ressentaient pas une souffrance trop aiguë. Ils n'en concevaient qu'une sorte de pessimisme vague, de mépris diffus, sans objet déterminé. Seulement, chaque fois qu'ils voyaient, dans la rue, un groupe, un soldat français jeune, et qui se trainait, entouré des siens, ils faisaient sans se le dire, chacun à part, l'essai de ce que vra:semblablement ils éprouveraient eux-mêmes, après-de

main, demain, quand ce serait leur tour de revoir après trois ans leur fils qu'ils avaient cru mort et qui était ressuscité. Ils ne pouvaient pas renoncer le privilège peu enviable, rançon de leur sensibilité trop cultivée, de leur intelligence trop supérieure, et ils continuaient à s'efforcer de deviner ce qu'ils éprouveraient en revoyant Rex, d'imaginer la scène.

Voici pourtant qu'il leur arrivait quelque chose d'inespéré. Par l'effet même du surmenage, une douceur lasse descendait en leur cœur, et à mesure que le moment redoutable approchait, ils le redoutaient moins. Ils n'étaient plus capables d'éprouver une de ces émotions

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