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Dieu aidant, il reviendra bientôt en vainqueur pour la foi et vous serez heureuse.

Ah! mon fils, il suffit que le pays soit libéré et que le ghiaour ne vienne pas. Pour nous, nous sommes décidés à tout endurer. Que ces terres ne soient pas piétinées !

Je demeurai stupéfait en présence de cette grandeur d'âme de la vieille paysanne. L'un de nos compagnons reprit :

Inchallah, il ne sera pas piétiné. Nous reprendrons à l'ennemi les autres parties du pays. Dieu est avec nous. Rassure-toi, mère.

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Monsieur le Député,

Permettez-moi de vous adresser mes très sympathiques félicitations.

Ne pensez pas que je me permette d'apprécier la manière dont vous vous acquittez de votre mandat législatif, ni même celle, dont durant la guerre, vous lui avez préféré la qualité de combattant.

La représentation parlementaire des Basses-Pyrénées est fort distinguée. Sa fraction béarnaise comprend deux ministres et non des moindres MM. Louis Barthou et Léon Bérard.

toile ceinturé de bleu, chaussé d'aspargates, la dextre enfermée dans le gant de cuir de la chistera d'osier, je vous ai vu sur le fronton d'Aguilera comme sur celui de Campos Berri tenir fort proprement l'emploi de butteur dans ces parties de blaid dont la renaissance emplit de, joie le vieil amateur que je suis et où la soutane noire et svelte de M. l'abbé Doyhésert met une note si joliment pittoresque parmi l'agile bondissement des frères Prévost et des frères Sebedio, des Etcheverry, de l'incomparable Harispe et d'Hirigoyen, beau comme un dieu ou comme l'historique Ayestaran.

Un érudit se demandait il y a cent ans si, du fait que tous les peuples jouent à la pelote, il faut conclure que les Basques qui y sont maîtres eurent jadis l'empire du monde, ou que cet exercice correspond à un instinct généralement répandu des hommes.

Je suis convaincu qu'en donnant votre patronage et votre effectif concours à la renaissance du noble jeu dont Gascoïna demeure la figure légendaire et Chiquito de Cambo la dernière idole, vous n'avez entendu encourager chez vos compatriotes aucune tentation d'impérialisme, mais conciliant vos goûts personnels avec une forme de campagne électorale beaucoup plus élégante que celle que pratiquent pas mal de vos collègues du Palais-Bourbon, vous vous êtes simplement proposé de remettre en honneur dans le vieux pays de Soule et de Sebourd un des exercices traditionnels les plus nobles et les plus élégants, un de ceux qui ont entretenu séculairement chez nos populations du Sud-Ouest ces merveilleuses qualités de souplesse et d'endurance, qui lors de notre renaissance sportive les hissèrent immédiatement dans l'élite de nos footballers, qui, quand sonna l'heure du terrible championnat mondial de 1914, les placèrent aux premiers rangs de nos soldats.

Je vous félicite bien sincèrement, Monsieur le député, de contribuer par votre exemple et votre activité à ainsi entretenir chez vos électeurs de précieuses vertus physiques et morales. Et je suis persuadé que vous en serez récompensé, d'abord par la fidélité de leur reconnaissance, et puis par le bienfait que vous retirerez vousmême de votre campagne électorale ainsi menée.

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Le destin me valut, il y a nombre d'années, d'être le témoin quotidien au Palais-Bourbon des ébats et débats de vos prédécesseurs. Il me parut que les déplorables conditions d'hygiène dans lesquelles opèrent nos représentants constituent la meilleure circonstance atténuante à certaines de leurs incartades. C'était pitié de voir leurs physionomies, gentiment anodines au début de la séance, se décomposer graduellement sous l'influence des toxines d'une enceinte dépourvue d'air, en arriver sur le coup de six heures à n'exprimer plus que les sentiments que le respect que je professe pour la représentation natioBien que le tempérament basque semble moins à nale m'invite à ne pas préciser... Apportant avec vous son aise dans la politique que celui des compatriotes jusque dans le ring parlementaire quelque chose de l'atdu feu roi Henri IV, vous serez vous-même sous-secré-mosphère salubre de la cancha, vous résisterez mieux, taire d'Etat pour peu que cela vous fasse plaisir dans l'une des prochaines combinaisons ministérielles. Et votre portefeuille est tout trouvé ce sera celui qu'en ce moment détient, si je ne me trompe, M. Gaston Vidal. (Si je fais erreur, que celui qui sait par cœur les noms et titres de la moitié de nos ministres et ministères me jette la première pierre) : vous présiderez au développement physique et sportif de notre jeune France.

Les félicitations que j'ose vous adresser, Monsieur, visent précisément la manière dont, en ce moment, vous accroissez vos titres à cette haute fonction.

Vous n'êtes pas seulement député. Vous êtes président de la Fédération de la pelote basque. Et vous n'êtes pas un de ces présidents dont toute l'activité se concentre à secouer d'une main incertaine une sonnette au fond d'un fauteuil. Le chef recouvert du béret traditionnel, portant la chemise blanche et le pantalon de

j'en suis certain, à ses forces de décomposition.

Quel dommage, Monsieur, que vous ne puissiez en étendre le bienfait à vos collègues et adjoindre pour leur récréation et leur réélection un petit fronton à la buvette !

A leur défaut, ne trouvez-vous pas qu'il y aurait intérêt à le vulgariser dans d'autres régions de notre territoire ?

Vous êtes vous-même trop de votre génération pour ne pas connaître et partager la consternation que cause en ce moment dans nos milieux sportifs la série de piles que viennent de récolter nos champions dans tous les ordres de compétition. Jusqu'à notre suprême espoir, Mlle Lenglen qui, à peine le pied sur le sol américain, s'est mise à tousser! Il est dangereux que les dieux reçoivent trop cruellement leurs fidèles. Prenons garde que les autels du sport qui, avant la guerre, avaient commencé la régénération de notre race n'aillent

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de nouveau être désertés, si vraiment les fervents les plus enthousiastes n'y récoltent que des vestes !

Pourquoi, en instituant un ou deux championnats mondiaux de la pelote, n'ajouterions-nous pas quelque chose à l'éclat de ces compétitions internationales et n'augmenterions-nous pas en même temps nos chances d'y décrocher quelques timbales ?

La pelote à chistera déploie une grâce infiniment moins étriquée que le lawn-tennis, une vigueur moins brutale que le football, et constitue un spectacle superbe.

Familière à Nausicaa, la pelote à main nue est un des jeux les plus antiques et les plus universels de l'humanité en même temps qu'un des plus complets esthétiquement. Elle se pratique, avec de faibles variantes, dans beaucoup de nos provinces, et mon ami Louis Piérard, votre collègue au Parlement belge, m'écrit pour vous témoigner que ses compatriotes sont prêts à relever tous nos défis.

Il vous appartient, Monsieur le Député, de donner corps à toutes ces aspirations. -La cause de la pelote honni soit qui mal y pense !

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est entre vos mains... ANDRÉ LICHTENBERGER.

Les malices du Docteur Crew.

On ne lit pas assez les journaux étrangers. Si l'on s'y intéressait davantage, que de choses l'on apprendrait, en se jouant ! Voici ce que relate ces jours-ci le Daily Mail:

"Un congrès scientifique siège actuellement à Edimburgh, ce congrès réunit toutes les branches de la science moderne, chaque pays y est représenté, et c'est à qui fera part à son voisin des découvertes les plus savoureuses et les plus retentissantes.

Le président de la section de zoologie, par exemple, a su retenir l'attention des plus distraits en communiquant à ses collègues certaines expériences faites sur des animaux.; appliquées à l'humanité, ces expériences constitueraient un bouleversement qu'il n'est pas téméraire de qualifier d'universel: tout simplement nous pourrions choisir le sexe de nos enfants, voire modifier le nôtre lorsqu'il aura cessé de nous plaire. La première expérience a été tentée sur une lapine : la simple injection d'un sérum spécial inoculé à cette lapine a déterminé, au gré de l'opérateur, la nature de sa descendance.

Cela nous vient d'Amique; mais il y a mieux.

Le docteur Crew a démontré de la façon la plus saisissante qu'une jeune rainette adulte appartenant au sexe féminin, pouvait fort bien se transformer, suivant le caprice du savant, en sujet mâle. Le docteur a ajouté à sa communication ceci, qui est dur pour ces messieurs (et d'ailleurs erroné), le mâle n'étant qu'une femelle dégé

néré...

Une rainette ainsi transformée en mâle, a engendré, sans perdre de temps, une nombreuse famille composée, ainsi que le prévoyaient les savants expérimentateurs, de sujets femelles.

Un autre savant, Américain comme le premier, est parvenu à faire pousser les plumes du coq sur le corps de la poule. Les caractères du mâle existant, paraît-il (et on l'apprend avec quelque surprise et un peu de confusion) à l'état latent chez la femelle d'ailleurs vice versa. Il suffit seulement (et c'est là que réside le problème) d'obtenir, chez le sujet à transformer, la prédominence des caractères du sexe nouveau.

Les hommes de science qui ont étudié ces questions, affirment par exemple que chez la poule, la vertu de la ponte est transmise par le coq, ne me demandez ni pourquoi ni comment, je n'enregistre ici que les observations du docteur Crew, savant et excellent humoriste. Il n'en est pas moins vrai que tout cela est bien troublant

et ressemble fort à de la prestidigitation. A quelles pratiques s'est donc livré ce savant américain pour faire pousser une huppe et un panache de bersaglier sur le corps de la poule ?

Verrons-nous donc bientôt les hommes qui prétendent si souvent que notre sort est préférable au leur, se transformer à l'envi en femmes?

Interrogez vos amis des deux sexes. Il est rare que chacun de son côté n'affirme que votre vie est plus enviable que la sienne. Les femmes aspirent toutes à cette liberté masculine que la société leur refuse officiellement, dont elles jouissent pourtant lorsqu'elles le veulent. Pour elles, c'est l'apanage du mâle. Mais elles ne songent guère aux charges qui accompagnent cette liberté, ni aux responsabilités, ni au travail.

Quant aux Adams qui désirent se transformer en Eves, ils semblent songer surtout à ce far niente qu'ils souhaitent et que, soi disant, ils ignorent toujours. Mais que le docteur Crew serait occupé, s'il lui fallait doter certains de ses clients de cette humble vertu féminine la patience!

Que les savants changent le sexe des rainettes, c'est affaire entre eux et les rainettes, mais qu'ils ne suggèrent pas de semblables ambitions aux humains. Qu'adviendrait-il, en effet, si le charme féminin était demain à la merci d'un sérum perfide, ou de tel ou tel breuvage mal intentionné ?

MARIE-LOUISE PAILLERON.

L'offensive allemande aux Etats-Unis. L'Allemand ne désarme pas. Tel nous le voyons agir auprès de nos alliés, lorsqu'il tente d'échapper au juste règlement de comptes, tel il se relance à la conquête des pays où il s'était déjà implanté et dans lesquels il avait tenté d'être le dominateur et le guide intellectuel.

Aux Etats-Unis, il reprend chaque jour du poil de la bête. Il poursuit méthodiquement des campagnes de toute sorte. On ne dirait certes pas, à le voir agir, que les Etats-Unis sont toujours officiellement en guerre avec l'Allemagne.

Je ne puis citer tous les faits que j'observe à ce sujet. Et, simple observateur libre, je ne suis pas outillé pour les recueillir tous. Mais ceux que je citerai ici suffront à montrer combien nous devons être en défiance, et l'énergie que nous devrions déployer pour réagir.

Le dimanche 20 février 1921, au milieu d'une remarquable tempête de neige, je me trouve bloqué dans une station du métro-surélevé (l'elevated) de New-York. Là. devant une affiche de dimensions respectables, `quinze personnes sont occupées à lire, en attendant le train, que le journal le World commence aujourd'hui une série d'articles qui montreront :

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« Les méfaits des Français dans les pays rhénans. La mésentente entre les Français et les Alsaciens-Lorrains. Les conditions de l'occupation de la vallée de la Sarre. Pourquoi la France réclame le contrôle de la région de la Rhur. Les méthodes employées par les Belges en territoire annexé. »

Bien entendu, j'ai acheté le World. Je conseille aux personnes qui savent lire l'anglais de se procurer ces numéros du 20 février et jours suivants. On peut voir, dans ces articles dont je viens d'indiquer le contenu, comment les services de propagande allemands parviennent à inonder la presse américaine d'une copie tendancieuse et habilement rédigée. Car, pour un lecteur renseigné, il apparaîtra clair comme le jour que ces articles où quelques faits subtilement tirés de la réalité servent à masquer, préparer et amener cinquante mensonges et insinuations calomnieuses, que ces articles, qu'aucun journaliste américain n'a même osé signer, sont tout bonnement fabriqués à Berlin. Mais comment voulezvous que les bons habitants de New-York et des alen

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tours, qui n'ont pas la moindre idée du caractère de la propagande et de la politique allemandes, ne soient pas trompés et induits en de faux raisonnements par des mensonges aussi soigneusement dosés?

:

Là est la principale habileté de la propagande allemande elle agit en se pliant aux conditions de la presse de chacun des pays dans lesquels elle travaille. Nous l'avons également vu en Espagne.

Une conséquence immédiate de cette activité de la propagande allemande est que le Boche de l'intérieur des Etats-Unis se réveille et ose à nouveau bouger. Je ne veux ici que répéter ce que le Boston Evening Transcript imprimait dans son numéro du 19 février, sous le titre « Germanism in Nebraska ». (Il y aurait, bien entendu, d'autres faits à signaler; mais je préfère ne prendre, à titre d'exemple, que ces faits signalés par un très honorable journal de la ville la plus intellectuelle des Etats-Unis.)

Le Nébraska est un Etat de 1.300.000 habitants, au centre des Etats-Unis, avec comme grande ville Omaha, sur le Missouri. Les Allemands y disposent d'environ 60poo 'votes (femmes ou hommes), mais ils ont de l'audace. Ils veulent revenir à leur ancienne situation dans l'Etat. Ils se montrent aussi arrogants qu'à la veille du jour où les Etats-Unis déclaraient la guerre à l'Allemagne. Ils cherchent à nouveau à s'emparer des écoles les professeurs allemands se sont remis à parler allemand en classe. Leurs prêtres recommencent à prêcher en allemand dans leurs chaires. Ils s'efforcent par tous les moyens possibles de faire annuler la loi Siman, qui procrit l'usage de l'allemand dans les écoles du Nébraska. La Platte Deutscher Verein, de Papillion, refuse de modifier son nom. Des Allemands qui ont refusé de servir les Etats-Unis durant la dernière guerre, comme étant et se disant Allemands, ont le toupet de demander leur naturalisation comme Américains. Les Allemands font une opposition ouverte aux activités de l'American Legion, la grande société des vétérans de la guerre, etc., etc.

Heureusement, l'American Legion les surveille et s'efforce d'ouvrir les yeux des Américains qui n'ont pas fait la guerre.

Mais qui sera le plus patient, le plus tenace: l'ancien soldat américain ou le Boche?

Cependant, vous direz-vous, que fait la France aux Etats-Unis? La France se croise dignement les bras.

Le Boche n'a qu'à continuer. Nous avons gagné la bataille de France. Mais nous perdrons la bataille des Etats-Unis, si nous continuons à rester inertes.

Et nous sommes un peuple intelligent, débrouillard, actif. C'est à crever de tristesse et de rage de voir ainsi s'émietter l'œuvre des quatorze cent mille braves tués au champ d'honneur, qui ont, tous, mérité de dormir leur dernier sommeil sous l'Arc de Triomphe.

Les Idées

NANTUCKET.

Les Religions de la Préhistoire Louons d'abord M. Th. Mainage d'avoir écrit sous ce titre un livre (1) plein, solide, et, quoique gros, facile à lire et infiniment suggestif. Spécialiste. cet auteur n'a pas craint de dépasser sa spécialité; savant exact et minutieux, il a su s'élever au-dessus des vaines besognes de l'érudition pour traiter d'un sujet dont l'énoncé paraît assez paradoxal,

Comment se peut-il, en effet, qu'on ose songer à étudier le sentiment religieux chez les Troglodytes? Nous comprenons cette audace après que M. Th. Mainage nous a mis au courant des principes de sa méthode. Il (1) Desclée. Picard, édit.

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sait qu'il ne nous reste, de l'âge des cavernes, que des ossements, quelques outils, et des sculptures, des peintures, des ciselures, aussi belles parfois que difficiles à déchiffrer, sur les parois ou au plafond de grottes inaccessibles. Mais il sait aussi que l'ouvrier patient a des armes que lui fournissent l'anthropologie, l'archéologie, l'ethnologie et quelques autres disciplines. Il estime que les hypothèses suggérées par les sciences qui soumettent à leur examen les peuples anciens ou les races inférieures ont des chances de s'appliquer à l'homme des temps quaternaires pour peu qu'on trouve, de cette époque, un document paléolithique qui l'appuie. Et cette marche lente, légère, discrète et sûre, parfois un peu hasardeuse le conduit à des résultats positifs.

A vrai dire, ils ne sont pas fort nombreux, mais c'est déjà miracle qu'on ait pu les établir. M. Th. Mainage parvient à conclure que les êtres des cavernes ont pris soin des sépultures, pratiqué des rites funéraires et il s'avance, peut-être, en ajoutant que, dès lors, ils ont cru à une prolongation de la vie par delà la mort. Il lui semble, d'autre part, que la floraison esthétique de ces lointaines époques, a pu procéder d'un besoin religieux. Il n'est guère vraisemblable que des ancêtres farouches et menant une existence précaire aient pratiqué l'art pour l'art et dessiné pour leur plaisir, sur leurs murs ou leurs couteaux de pierre, des figures humaines ou animales ou des monstres biscornus. L'art, comme il se voit encore chez les sauvages, a dû servir à des fins utilitaires. Et quelle autre fin supposer, à des représentations d'ordre magique et plus ou moins consciemment religieux, que de satisfaire à des nécessités premières de la vie. On craint la bête et on tâche de la réduire parce qu'elle pourvoit à la faim quotidienne, on mime la chasse pour favoriser le chasseur.

M. Th. Mainage, ayant posé les faits, essaie de les interpréter. Qu'est cette interpréter. Qu'est cette religion des primitifs, animisme, totémisme, anthropomorphisme? Rien de tout cela. Et ici nous voyons poindre une apologétique dont l'auteur se gardera mais que son travail prépare, qui constitue, sans doute, sa pensée dernière et qu'il nous appartient d' « expliciter », de déduire plus au long.

On croit communément que les hommes ont commencé par l'idolâtrie, soit qu'ils aient passé de l'âme aux esprits et aux dieux ou qu'ils aient réalisé leurs rêves, soit qu'ils aient exprimé par des formes inférieures la toute-puissance du corps social qui les contraignait et dont ils ne devinaient point la nature. Ces théories, qui varient dans l'application, s'accordent sur le principe elles supposent que l'esprit a perfectionné peu à peu son idée de Dieu, qu'il est parti de la multiplicité pour arriver à l'unité; d'un grossier anthropomorphisme ou de transpositions puériles pour conclure un jour, en refusant de le définir parce qu'elle le proclamait inattingible, à un être suprême, maître omniscient des choses créées.

C'est là de l'évolutionnisme. Or, sur ce terrain du moins de l'histoire religieuse, l'évolutionnisme n'est pas la vérité. L'ethnographie, par exemple, le contredit. S'il « était vrai », nous dit-on, « le concept de Dieu serait d'autant plus achevé que le groupement humain luimême serait plus éloigné de ses origines. Or, c'est le contraire qui arrive. En Australie... il existe... trois cycles culturels successifs... Or, chez les tribus du second et du troisième cycle, l'idée de Dieu est beaucoup moins pure que chez les tribus du premier cycle... Dieu n'est pas au terme mais au commencement de l'évolution religieuse »>.

M. Th. Mainage s'arrête là. Poussons plus loin. Lang, déjà, pose aussi le monothéisme à l'origine du monde misme, les mythologies astrales, les vicissitudes poliet donne comme causes de sa dégénérescence l'anitiques. Il n'y a qu'un pas à faire de là pour s'accorder avec la Genèse et la Révélation.

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Supposons je demande pardon aux théologiens d'esquisser en des traits un peu vifs une idée qu'ils exprimeraient plus discrètement supposons le premier couple, au lendemain de la chute et dès les premiers pas de la fuite loin du séjour que garde l'ange au glaive flamboyant. Il a perdu sa suprématie sur les créatures; il a été voué au travail et à la douleur; il a été condamné à la mort; il n'éprouve plus la bienveillance divine et, au rebours de ce qu'il attendait, la la faute, au lieu de lui procurer le clair savoir, l'a précipité dans une ténébreuse ignorance. Semblable maintenant aux animaux qui le poursuivent et dont il vit, il ne se distingue d'eux que par une lueur de raison si précaire qu'à peine elle diffère de l'instinct. Au cours des millénaires qui vont suivre il va lui falloir refaire un chemin inverse dont il n'a pu accomplir encore qu'une faible part et qui, grâce d'ailleurs à une nouvelle intervention surnaturelle, doit le ramener à l'innocence du départ.

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Encore une fois, M. Th. Mainage, professeur à l'Institut catholique, dans une œuvre de science pure, ne s'exprime pas aussi ouvertement. Il faut lui savoir gré de cette réserve. Peut-être, cependant, lui a-t-elle porté quelque tort. Faute de remonter jusqu'au Dieu du paradis terrestre, il s'est obligé à le remplacer par un «sentiment religieux » trop vague pour ne pas pouvoir servir à tout. « C'est parce que l'homme se sentait dépendre de la nature qui l'entourait » écrit notre auteur, «qu'il fut conduit à attribuer à tout objet une âme forgée à l'image de la sienne ». Prenons garde que si l'idée d'une « dépendance » aussi générale reste susceptible d'être utilisée par l'animiste, par le sociologue, par le sociologue, elle risque de devenir fort dangereuse pour le croyant qui ne précise pas. M. Th. Mainage, reproche hono rable et qu'on n'a pas souvent l'occasion d'adresser pèche donc par excès de réserve et d'impartialité.

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son pro

Le Congrès d'histoire de l'Art, qui tient en ce moment ses savantes assises à la Sorbonne, n'a pas compris l'art africain, ni l'art océanien dans gramme. Qui songerait à s'en étonner? L'art occidental d'un côté, l'art byzantin, l'Orient, l'Extrême-Orient de l'autre. bornent le domaine des investigations admises. Tout le reste n'est qu'ethnographie et l'éminent érudit qu'est M. Salomon Reinach, répondant à la récente enquête du Bulletin de la Vie artistique, a parfaitement précisé ce point de vue : « Le Louvre avait autrefois une section ethnographique on a eu raison d'en répartir les éléments entre Saint-Germain et le Trocadéro. Les y ramener serait contraire au bon sens. >> C'est une opinion. Il est permis d'en avoir une autre et de s'étonner qu'à l'instar de son grand frère de Londres, le Musée du Louvre ne trouve pas une salle ou deux pour constituer l'embryon d'un musée qu'on appellerait volontiers « colonial »> puisque la France

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a des possessions dans toutes les parties du monde
si l'art des peuplades dites arriérées n'avait justement
cessé d'être original le jour où il s'est trouvé en con-
tact avec la civilisation des blancs. On admet l'art pré-
historique, l'art des chasseurs de rennes, l'art primitif

égéen ou chaldéen. On refuse droit de cité à l'art de 150 millions d'êtres humains, répandus en deux continents depuis des millénaires, parce qu'il n'a pas abouti à l'apogée de la Grèce du v° siècle ou de la Renaissance italienne ! N'y a-t-il pas là quelque injustice et ne pourrait-on pas dire avec Stendhal : « Tout cela se réduit à ce que le Corrège aurait fait ses madones noires s'il eût peint au Sénégal.» (Corresp. 21 déc 1819).

Les curieux, cette fois encore, ont devancé les critiques et les historiens. Et comme on les comprend ! Découvrir en plein XX" siècle une collection inédite, quelle aubaine inattendue ! Mon aimable confrère Robert Rey, qui n'est pas un spécialiste, vient de dire aux lecteurs de l'Opinion son émoi au Musée du Trocadéro devant les masques de la Nouvelle Guinée, les fétiches de la Côte d'Ivoire, les idoles formidables néo-calédoniennes taillées dans des racines de fougères arborescentes. Mais quelle jouissance autrement complète pour celui qui possède dans ses vitrines ces bois polis comme de l'ivoire, ces masques d'une expression d'horreur qui dépasse tout ce qu'a jamais conçu le Japon; ces figures de dieux ou de génies qui constituent le Panthéon de cette religion de la peur !

La mode y mêle en ce moment un peu de snobisme. Mais les vrais collectionneurs n'en ont cure. Ils constituent un petit groupe ennemi du tapage et de la réclame, qui va des plus audacieux de nos peintres cubistes à nos plus notoires amateurs d'art. Deux fournisseurs réputés les approvisionnent : l'un sur la rive droite, non loin de Saint-Augustin, l'autre sur la rive gauche, tout près de Saint-Sulpice. Ils n'ont pas encore eu la joie d'occuper à l'hôtel Drouot une vacation complète avec leurs sculptures préférées, mais les dernières ventes de séquestres en ont dispersé des lots isolés. Les prix n'étaient rien moins que modérés pour la qualité des objets, et déjà l'on entend l'éternel son de cloche- : « Où est le bon temps où l'on pouvait acheter pour ur morceau de pain le plus beau masque de danse du Dahomey?» Si l'on attend trop longtemps pour ouvrir le musée d'art des noirs, il faudra payer au poids de l'or les belles pièces qui seront toutes casées dans les vitrines des amateurs ou des antiquaires.

La matière collectionnable, en effet, n'est pas aussi abondante qu'on pourrait le croire. Elle se compose en majeure partie des « souvenirs » rapportés d'Afrique ou d'Océanie par les explorateurs, les trafiquants, les administrateurs, les marins ou les soldats coloniaux. Encore faut-il admettre que sur vingt pièces on en trouve une à peine qui mérite de figurer dans une collection sérieuse. Quant aux objets conservés encore dans les pays d'origine, nous sommes aussi mal renseignés sur leur nombre que sur leur qualité. Pour certaines régions, le Congo Belge, par exemple, des spécialistes affirment qu'il y a maintenant plus de belles pièces dans les collections européennes qu'il n'en reste chez les Bakuba ou les Bakongo.

En est-il autrement de la Côte d'Ivoire, de la Guinée. du Dahomey, de la Nouvelle-Guinée, des Iles Hébrides? Nous n'en savons rien. Mais c'est fort possible. Ne perdons pas de vue, en tous cas, que les œuvres intéressantes appartiennent toutes au passé ! L'arrivée du blanc a arrêté le travail de l'indigène, ou, chose plus grave, l'a dirigé dans le sens de la production hâtive et médiocre. Quand le noir s'est aperçu que ses sculptures étaient un bon objet d'échange, contre des cauris, du sel, des cotonnades, de la coutellerie ou des armes, il s'est mis à en fabriquer, et cette production moderne ne supporte pas un instant la comparaison avec l'ancienne.

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Il est cependant possible que les indigènes coup moins arriérés, est-il besoin de le dire? que nous ne l'imaginons recèlent encore de superbes pièces an

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ciennes tout en en débitant incessamment de nouvelles. Leur attachement est invincible pour des objets qu'ils se transmettent de génération en génération et qui, en dehors de tout caractère sacré ou magique, constituent des éléments de richesse. Il faut user de ruse pour leur en faire avouer la possession.

Un ancien colon du Congo belge nous contait ces jours-ci, à mon collaborateur A. Level et à moi, comment il avait réussi à se procurer les prestigieuses cornes de buffle sculptées que nous admirions dans sa collection et dont l'exécution avait certainement demandé des années de travail. Il s'était rendu avec son boy dans un village où un indigène lui avait déjà vendu une fort belle pièce. Il réunit les indigènes et demande si quelqu'un avait des cornes à lui vendre. Personne n'en avait. C'est bien, fait le blanc. Je vais consulter mon fétiche. Boy, mon portefeuille.

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Le colon en tire une feuille de papier blanc.

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Regardez. Si l'on me dit la vérité, le fétiche restera blanc. Si l'on m'a fait un mensonge, il noircira. L'expérience commence par le vendeur de la veille. Naturellement, le papier reste blanc.

Bien tu n'as pas menti. Je vois que tu n'as pas de cornes. Aux autres maintenant.

Cette fois, il tire de son portefeuille une feuille de papier à tirage photographique. Vous pensez si sous le soleil de l'Equateur la couleur en changea promptement! Elle n'était pas tout à fait virée au noir, que cinq ou six indigènes avaient déjà galopé vers leurs cases et en revenaient avec des cornes de toute beauté.

Le procédé n'est pas à la portée de tout le monde, du moins tant que les lignes aériennes n'auront pas mis l'Afrique à la distance d'Anvers ou de Hambourg. Le plus simple, en attendant, est de s'adresser aux marchands. Pas les yeux fermés, bien entendu. Il y a de vrais et de faux dieux, comme dans toutes les religions. On m'assure, mais je n'en crois rien, que certaines imitations très réussies fleurissent dans des ateliers de sculpteurs youglo-slaves. Certaines pièces sensationnelles, d'une recherche d'impression et d'une morbidesse gracieuse tout à fait étrangères à la rigidité hiératique des arts primitifs, auraient même trouvé place dans de notoires collections.

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certains journaux ont cru pouvoir déclarer, les uns que le docteur Geley n'est nullement spirite, les autres, au contraire, qu'il est évidemment spirite.

Or, voici, à ce sujet, la lettre que je reçois, de Varsovie, de M. le docteur Geley lui-même :

J'ai constaté avec regret que plusieurs des journaux qui ont analysé vos articles ont relaté mes expériences sur l'ectoplasme sans dire un mot des conclusions philosophiques auxquelles les faits m'ont impérieusement conduit.

Or, cela, c'est dénaturer ma pensée. Je vous prie instamment, cher Monsieur Heuzé, de vouloir bien publier la présente lettre dans l'Opinion, afin de laisser à mon témoignage. toute sa précision.

Tout d'abord, j'estime que l'on n'a pas le droit, en se basant sur les faits, de déclarer, dès maintenant : « Je suis spirite! » ou « Je ne suis pas spirite!» Parler ainsi, c'est faire un acte de foi, soit positif, soit négatif. A cela, je me refuse absolument.

La question de l'ectoplasme ne pose pas seulement un problème physiologique, mais aussi et surtout un problème psychologique.

Le premier est aujourd'hui résolu : il est certain que l'ectoplasme, quelle que soit sa complexité, qu'il représente un organe partiel ou un organisme complet, est fait de la substance même du corps du médium.

Le problème psychologique, par contre, est encore des plus obscurs. Quelle est l'origine de la Force-Intelligence productrice et directrice du phénomène? Nous n'en savons rien. Les hypothèses que l'on peut faire à ce sujet, y compris l'hypothèse dite subconscientielle, ne sont, en tout état de cause, que des hypothèses provisoires.

Par contre, ce que la métapsychique en général et l'ectoplasmie en particulier permettent de proclamer catégoriquement, c'est la faillite de la conception matérialiste de l'univers et organocentrique de l'individu.

J'ai démontré dans mon livre : De l'Inconscient au Conscient (et cette démonstration n'a pas été réfutée) que :

1° L'être n'est pas un simple complexus cellulaire et les réactions physicochimiques ne jouent pas, en biologie, un rôle exclusif ni même prépondérant ;

2o Il y a, dans l'être, un principe dynamique et psychique d'ordre supérieur, indépendant du fonctionnement de l'organisme et conditionnant cet organisme;

3o Le principe dynamique et psychique essentiel n'étant pas lié au corps, doit vraisemblablement lui préexister et lui survivre.

Ces conclusions sont exclusivement le résultat d'un calcul de probabilité scientifique, basé sur tous les faits connus et bien établis, y compris les phénomènes métapsychiques.

L'un des représentants les plus éminents de la psycho-physiologie classique me disait un jour, au cours d'une discussion sur mes expériences :

« Je ne crois pas à l'ectoplasmie. Je pense que vous avez été victime de fraudes ou d'illusions. Mais, si les phénomènes que vous dites avoir constatés sont vrais, alors, vous avez raison toute notre psycho-physiologie est par terre! » Telle est aussi, cher Monsieur Heuzé, ma conviction absolue.

Veuillez recevoir, avec mes compliments pour le retentissements de votre travail, etc. Dr GELEY.

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