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que Rex était ressuscité ; et qu'alors seulement il pourrait avec sérénité se réjouir que Rex fût vivant. Il ne perdait donc pas l'espérance, lointaine, du bonheur et de la joie; mais il se disait aussi qu'en attendant ce jour promis, certain, il aurait bien des mauvais jours à passer, bien des épreuves à subir où n'est pas ordinairement soumise notre routinière sensibilité; il se disait que son calvaire aurait bien des stations.

Celle qu'il redoutait plus et vers laquelle se reportait à tout propos sa pensée inquiète, c'était, le faut-il avouer ? la première vue de Rex, l'apparition, l'épiphanie du fils ressuscité d'entre les morts. En la pressentant, il ne pouvait manquer de se rappeler une autre scène, qui, dans l'harmonie de son existence, à son goût trop régulièrement symbolique et où il était surpris de trouver tant de pendants, faisait, en effet, pendant à celleci: son entrevue suprême avec Zosia. Il l'avait de même imaginée d'avance, et faussement; mais ce précédent ne le rassurait point et ne l'obligeait pas de croire, par analogie, que l'appréhension qu'il avait de voir Rex se dissiperait en le voyant.

Il se rappelait qu'après être monté dans sa chambre, à Wieliczka, il avait contemplé, de la fenêtre, le lac romantique où flottaient des cygnes endormis; un instant il avait cru voir, au lieu du décor réel, un de ces beaux jardins français bien ordonnés où jadis, pendant des heures, il regardait jouer Rex enfant, et il avait eu le sentiment que ce n'était pas seulement parce qu'elle allait mourir que l'étrangère était vaincue. Quelle confirmation de cette victoire, le jour qu'il se retrouverait avec Rex, face à face! Et quel triomphe, presque trop facile, remporterait sur celle qui maintenant était morte celui qui était ressuscité !

Mais Philippe se ressouvenait aussi, et il ne se ressouvenait pas sans douceur, qu'il avait su gré à Zosia d'être si simple et, devant la mort, pitoyable avec mesure, avec modestie, d'avoir si peu d'amertume et, par éclairs, de l'esprit, de la vivacité, enfin de n'être pas un objet d'effroi; et il ne pouvait se dissimuler que Rex, au moins la première fois qu'il le verrait ah ! qu'il redoutait cette première vue! serait pour lui un objet d'effroi plutôt qu'un objet d'amour, - un objet d'effroi religieux.

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Naturellement, il ne pouvait penser à Rex et n'en point évoquer l'image. Mais quelle image? Et voilà encore ce qui le déconcertait! Le jour que, revenant à travers l'Allemagne, il pensait à Rex, c'est l'enfant qu'il croyait toujours voir: Hylas au bord de la mer violette, Euphorion sur la route d'Epidaure, balancé au rythme court et saccadé de son âne, ou, sur les terrasses de Delphes, le grave adolescent initié de la veille, pour la première fois admis à figurer dans le cortège de la panhellénie pythique ; celui qui dans ses petites maines réunies et creusées avait recueilli, pour les lui faire boire, les larmes avares, mais divines, de Castalie; celui qui, chez les barbares, lui avait offert le rameau trempé dans la source de sel et tout fleuri de diamants. C'était bien le même qu'il avait retrouvé à Paris après la longue séparation, qu'il avait conduit à la gare et revu un mois plus tard, une minute, dans la pauvre gare de banlieue. Quand on lui avait annoncé la disparition de son enfant, c'était bien son enfant, le même, qu'il avait cru alors avoir perdu. Mais il ne pouvait pas se figurer que ce serait le même qu'il

retrouverait à Sils-Maria.

Il ne concevait pas que ce pût être un enfant, celui, comme disaient les petits garçons de Ravenne en voyant l'Alighieri farouche errer dans la pineta, celui qui était descendu aux enfers et en était revenu. Un enfant, ce Lazare sorti du tombeau! 11 n'arrivait pas à donner à cette reprise de son enfant la chère et tendre familiarité qu'il souhaitait. Il lui semblait que Rex serait comme une apparition, tout près de lui, à la portée

de sa main, et cependant se dérobant au toucher, une âme dégagée de la matière, revêtue seulement d'une illusion de corps, d'un corps glorieux.

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D'un corps glorieux !... Ces mots - sacrilèges faisaient aussitôt, par contraste, songer à la réalité affreuse, au corps de son fils mutilé; et cette pensée non cette vision, car il était bien incapable de se figurer la chose cette pensée, presque abstraite, lui causait une indicible horreur. 11 ne pouvait supporter la diminution, l'humiliation de sa créature, qu'il était fier d'avoir créée si belle. Et parce qu'il avait aimé Rex autant dans la chair que dans l'esprit, mais d'abord dans la chair, il avait cru l'aimer maternellement ! Il voyait à présent la différence: il sentait que pour la mère (bien qu'elle ne lui en dît rien) la grande affaire, la seule, était que Rex vécût. Elle se contentait de ce qu'on lui en avait laissé !

:

Pour lui, jamais certes il ne se fût avoué qu'il subît l'influence de ses maîtres antiques jusqu'à ne point réprouver les pères qui exposaient leurs enfants mal venus. Il se fût pris en dégoût s'il avait pu soupçonner qu'il ne partageât point le sentiment humain de Madeleine et qu'il eût obscurément préféré, plutôt que savoir son enfant infirme, le savoir mort. Mais cette préférence qu'il n'osait croire qu'il conçût, par une substitution, par un subterfuge inconscient, il l'attribuait à Rex lui-même, et il ne pouvait s'expliquer que de deux façons que la victime ne se fût pas laissé mourir ou ne se fût pas achevée ou bien Rex avait trouvé sur le champ de bataille ce Dieu si longtemps et vainement cherché parmi les sables du désert africain ; ou, s'il ne l'avait pas trouvé, c'était par un sacrifice sublime à l'amour de ses parents qu'il avait dû consentir de survivre amoindri. Que ce fût l'un ou l'autre, Philippe présageait qu'en le revoyant il éprouverait la même gêne que naguère au retour de Naples, quand il avait été devant lui comme le père devant le fils qui a quitté son père et sa mère pour prononcer des voeux; qu'il serait embarrassé comme l'incrédule en présence du saint; déférant, contre l'ordre naturel; cette fois pourtant sans résistance ni révolte ; et quelque chose lui disait que, cette fois, il ne retrouverait pas, ainsi que l'autre fois, Rex simple et gai comme un novice.

Il faisait encore un grand effort pour se représenter la scène; et alors il lui venait une crainte de surcroît. Il n'arrivait pas à éliminer un personnage, qui était de trop et qui gâtait tout. Il se rappelait cette phrase, de la lettre de Lembach :

« Je serai fier, monsieur, de remettre le précieux dépôt entre vos mains. >>

Il n'espérait pas que l'Allemand eût le tact de s'effacer, et il ne se croyait pas capable d'un sentiment sincère, humain, naturel en la présence de son ennemi. La race, même au temps de la paix et de l'oubli, lui avait toujours inspiré une répugnance physique. Et à cet homme, qui les représentait tous, il devait maintenant une espèce de gratitude! Saurait-il seulement, à son approche, réprimer un mouvement de haine, dissimuler une expression de dégoût? Il se rappelait une autre phrase de la lettre, les premières lignes :

<< Monsieur ! Si je pensais que vous eussiez encore cette hauteur d'esprit que je vous ai connue aux temps pacifiques de notre jeunesse... >>

Il ne doutait pas que cette hauteur d'esprit, Lembach en l'occurrence, n'en fit montre, lui, avec quelle affectation, et d'ailleurs combien plus de facilité ! D'avance, il sentait qu'il ne serait pas, en cette rencontre, égal à son ennemi, qu'il ne saurait pas comme lui se maintenir au-dessus de la mêlée ; et l'idée de cette infériorité à l'égard d'un Lembach le couvrait de confusion et de honte.

C'est dans cet état d'esprit qu'enfin il se mit en

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route. Il était déjà bourrelé, parce qu'il n'avait pu, en apprenant le miracle de la résurrection, éprouver aucun des sentiments violents et simples qu'aurait éprouvés à sa place un pauvre homme; il était plus bourrelé encore, du remords anticipé de savoir que jusqu'au bout il n'en éprouverait aucun, que si la nature, l'instinct brut de la paternité parfois tentait de reprendre le reprendre le dessus, toutes ces choses, survenant toujours à point nommé, l'empêcheraient. Ce qui l'accablait était de ne plus trouver auprès de Madeleine l'aide de leur habituelle unanimité. Il n'avait pu se confier à elle, parce qu'il voyait bien qu'elle n'était plus, comme naguère, comme toujours jusqu'à cette décisive épreuve, celle à qui il n'avait même pas besoin de se confier et dont la sensibilité vibrait à l'unisson de la sienne sans le secours des mots superflus. Pour la dernière fois elle avait été pareille à lui, le jour qu'on leur avait annoncé la nouvelle et qu'ils avaient tremblé ensemble de plus d'épouvante que de joie. Maintenant, tout ce qui compliquait et torturait si bizarrement les sentiments de Philippe était pour elle lettre morte. Elle n'était plus que la mère qui va retrouver son petit, ce qui reste de son petit. Ah! qu'il aurait voulu sentir stupidement comme cette femme supérieure, redevenue femme uniquement, et mère au sens animal du mot! Il mesurait l'avantage qu'elle avait sur lui et sa jalousie était in

dicible.

Tous les épisodes prévus de la route l'irritèrent et lui causèrent une souffrance d'autant plus cruelle qu'il ne pouvait la soulager en l'avouant. Il n'osait rappeler à Madeleine les plaisanteries qu'il faisait jadis, quand il lui reprochait de « perrichonner » dans les gares. Qui, grand Dieu! eût alors évité ce ridicule? Les gens qui savaient voyager y étaient même plus exposés que les autres, qui, n'ayant jamais bougé de chez eux ni passé les frontières, faisaient leurs débuts et ne pouvaient faire la comparaison d'hier et d'aujourd'hui. L'encombrement, la rareté, la lenteur des trains, la défense d'emporter un bagage convenable et une somme d'argent suffisante, les retards, les arrêts, les minutieux examens des papiers, des colis, les interrogatoires offensants que devaient subir même des personnages tels que Philippe Lefebvre, autant de supplices, qui avaient

POLITIQUE

Feuillets

La composition

et le rôle des grandes Commissions parlementaires

:

Il y a à la Chambre, en dehors de la commission des finances, pas mal de grandes commissions. Certains estiment qu'il y en a trop. Au début de la législature, il avait été question d'en réduire le nombre. De fait, on en a supprimé deux la législation fiscale et les postes. Mais comme on en a créé deux, l'Alsace-Lorraine et l'Algérie, le nombre est resté le même. Dans une démocratie, rien n'est difficile comme de réduire un nombre: celui des fonctionnaires, celui des arrondissements, celui des commissions ou celui des députés. C'est même à cette difficulté-là que les Taine de l'avenir reconnaîtront proprement le caractère des démocraties.

Certains auraient voulu aussi que les commissions, qui ont un double rôle de préparation législative et de contrôle, Correspondissent, quant à leur titre et à leurs attributions, aux départements

de

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d'ailleurs l'avantage d'excéder les nerfs d'abolir la sensibilité. La fatigue du corps anéantissait au point la faculté de penser et réduisait à l'automatisme même des consciences aussi incommodes par leur vigilance perpétuelle que celles de Madeleine et de Philippe. Ils s'attendaient à tout, ils acceptaient tout, sans plus de réaction que dans le rêve. Ils étaient l'un comme l'autre dans un état de résignation quasi stupide après quelques heures seulement de ce trajet qui ordinairement dure une journée et deux nuits, et qui dura quatre jours pleins le temps qu'avait mis une fois Philippe pour aller d'une traite de Paris à Constantinople!

Ils durent, faute de correspondances, faire successivement halte à Bâle, à Zurich, à Coire même, descendre à l'hôtel et y dormir. Heureusement ils dormaient, d'un sommeil lourd, toute la nuit, et souvent le jour dans les trains; et ils échappèrent, ils remarquèrent tout juste, mais avec une totale indifférence, ce qui aurait pu les affecter plus péniblement. C'était, premièrement, l'atmosphère du pays neutre; un état d'âme impossible à comprendre pour leurs âmes à vif; et sans doute, même dans les régions les plus allemandes de la Suisse, une amitié française, mais qui n'empêchait pas leurs oreilles d'entendre tout le temps le son de la langue allemande. C'était la gêne de n'être plus chez eux, un sentiment injustifié, absurde, néanmoins pénible et honteux, de retraite, de mise à l'abri, d'abandon de poste, de passage à l'ennemi.

C'était, surtout, les inévitables contacts; les tables d'hôte où l'on se lançait d'un côté à l'autre des regards chargés de haine, comme des deux côtés d'une barricade; les choses qu'on se défendait de dire, même à demi-voix, et celles qui étaient dites, alentour, trop haut, qu'on ne pouvait pas s'empêcher d'entendre. C'était, encore plus odieuse, la vue des lâches, qui, eux, avaient réellement fui, sans honorable prétexte, et qu, impudemment, s'amusaient la tourbe des déserteurs et des nouveaux riches; et parmi toutes ces douleurs, car les Lefebvre avaient déjà rencontré bien des soldats abîmés comme leur fils, bien des parents venus comme eux les soigner ou les reprendre, le charivari des orchestres nègres et le grotesque des danses. ABEL HERMANT. (A suivre.)

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ministériels. Mais outre que rien n'est plus instable et moins logique qu'un département ministériel, les esprits prudents ont craint que ce parallélisme

étroit

ne marquât trop le contrôle du Parlement sur l'Exécutif et ne donnât ainsi, avec une réalité trop nette au régime parlementaire, une responsabilité trop évidente aux Chambres. Il vaut mieux, pensent les sages, que certaines choses demeurent dans un certain vague et dans une certaine imprécision.

Les commissions ne correspondent donc pas exactement aux ministères. Et, sauf quelques exceptions, elles ne se soucient pas trop de leurs attributions de contrôle : la commission des finances, qui, elle, s'en soucie, doit à cela sans doute sa prépondérance consacrée et sa naissante omnipotence. Les autres se bornent à instaurer des discussions académiques, décorées du nom d'enquêtes, et à préparer, par le silencieux labeur des compétences, les textes législatifs sur lesquels la Chambre devra se prononcer. Comme, par suite de la décadence de l'esprit juridique, et du développement de l'esprit de transactions

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et de compromis, le résultat de ce tra vail est souvent un ensemble de textes prolixes et peu clairs, la Chambre, désorientée, ne suit plus ses commissions et vote des textes un peu moins clairs encore, un peu plus contradictoires, un peu moins facilement applicables. Au reste, chacun sait qu'on les applique ra

rement.

Les commissions doivent refléter l'o. pinion de la Chambre : il est donc normal qu'elles soient nommées par les groupes, proportionnellement à l'importance numérique de ces groupes. Si ces groupes étaient un classement politique très net, ce serait parfait, mais il n'en est pas ainsi. Le groupe de l'Entente ne renferme guère que des hommes de droite de droite républicaine s'entend. Le groupe radical-socialiste ne comprend guère que des hommes de gauche. Mais le groupe dit de l'Action républicaine unit dans son sein M. Le Provost de Launay, M. Villeneau, M. Defos du Rau, M. Pouzin, d'une part, et M. Bokanowski, M. Valude et M. Nectoux d'autre part. Au groupe des républicains de gauche voisinent de

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vieux opportunistes comme MM. Thomson et Saumande avec des catholiques de la nuance de M. Noblemaire ou de M. Paul-Simon. Enfin, à la réunion des non inscrits se rendent fraternelle. ment M. Paul Aubriot et le prince Joachim Murat.

Les désignations de ces trois groupes, qui peuvent porter sur d'orthodoxes radicaux ou sur des libéraux avisés,

:

gnent point l'opposition ni les responsabilités.

Le fait essentiel de la présente législature, répétons-le, c'est l'absorption des commissions par la commission des Finances, qui tend à ne faire des autres que des sous-sections ou des collaboratrices pour avis. Mais si cette commission des Finances prend ainsi peu à peu, et pas très réglementairement, le monopole de l'importance et de l'autorité, n'est-ce pas aussi qu'on lui a un peu bénévolement laissé le monopole de l'initiative et du contrôle, c'est-à-dire ce qui est l'essence même des institutions parlementaires ?

déterminent donc la composition des commissions, dont les unes penchent ainsi à droite et les autres à gauche. Aux premiers jours, la lutte fut rude pour la présidence des commissions les socialistes n'obtinrent aucune présidence et les radicaux-socialistes furent réduits à deux présidents: M. Emile Vincent à l'hygiène et M. Haudos aux douanes. M. Puech présida le commerce, mais fut ingrat envers la rue de Valois. Les modérés remportèrent un succès triomphal par l'élection de M. Cornudet (administration), de M. Bonnefous (suffrages universel), de M. Bonnevay (assurance), de M. Duval-Arnould (travail), de M. Lefebvre du Prey (mines), de M. Barillet (pensions), de M. Pierre Dupuy (marine) et, un instant, de M. Raiberti à la commission des finances. Enfin, l'élection du général de Castelnau à la présidence de la mission de l'armée fut saluée comme un symptôme. Les modérés, par leur appoint, arrachèrent aussi aux radicaux la commission de législation, présidée par M. Ignace, et celle de l'enseignement, où ils assurèrent les deux présidences successives de M. Léon Bérard et de M. Gaston Deschamps. Ces présidences, d'ailleurs, conduisirent au ministère MM. Raiberti, Bonnevay et Lefebvre du Prey.

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Tout ceci, d'ailleurs, est moins important qu'il ne semble au premier abord. Les présidences sont toujours disputées, évidemment, mais les

com

missions ne jouent pas le rôle qu'elles devaient jouer et ne déterminent que rarement le sentiment de la Chambre.

LETTRES

D'une part, elles sont trop nombreuses, et, d'autre part, elles sacrifient trop à l'esprit de conciliation: elles perdent donc en autorité morale ce qu'elles gagnent en camaraderie. La Chambre, d'autre part, n'a pas su comprendre que la séance publique ne devait venir que comme complément d'un travail préparatoire des commissions: en multipliant les séances publiques, elle empêche tout travail sérieux et fécond de se poursuivre par les commissions.

Les Académies

TRYGÉE.

On a parlé de la candidature de Mme Curie à l'Académie des sciences. On n'en parle plus.

Il s'agissait du fauteuil que la mort de Gabriel Lippmann laisse vacant dans la section de physique générale.

Cette section, qui doit présenter à l'Académie les candidats dans l'ordre de ses préférences, tiendrait, dit-on, à classer en tête de sa liste M. Marcel Brillouin, l'éminent professeur du Collège de France. Elle aurait en réserve ensuite MM. Henri Abraham, Aimé Cotton, Anatole Leduc et Jean Perrin.

Une vieille jeune revue dizaine d'années concours de poésie. Mais comme elle veut montrer quand même une certaine originalité, elle place ce concours sous le patronage... de la Société protectrice des animaux.

Il faut espérer qu'il n'y a pas là la moindre intention.

Mais avant le successeur de Gabriel Lippmann, l'Académie des sciences doit élire celui de M. Carpentier. Elle avait d'abord songé pour ce fauteuil au général Ferrié, à qui l'Institut a décerné le grand prix Osiris pour ses travaux en T. S. F. La mort de M. Grandidier faisant une place dans la section de géographie et navigation, il se pourrait que l'on titularisât dans cette section le général Ferrié, au lieu de l'appeler au fauteuil d'académicien libre de M. Carpentier. Pourtant, M. Jean Charcot a des amis qui voudraient le pousser au fauteuil de M. Grandidier.

Enfin, les commissions, qui blâment périodiquement les erreurs de l'Exécu tif et se lamentent d'être placées continuellement en présence d'un fait accompli, ont abandonné, je l'ai dit, leur rôle de contrôle énergique et minutieux. Elles n'aiment point à faire de la peine au pouvoir. De là leur manque de relief et d'intérêt, malgré les très réelles qualités de beaucoup de leurs membres et l'important travail de leurs séances. Seules, les commissions d'Alsace-Lorraine, de l'Armée, des Affaires étrangères et des Régions libérées ont obtenu jusqu'à présent, à l'instar de celle des Finances, un domicile distinct et un personnel supplémentaire. Mais c'est que seules, peut-être, celles-là ne crai

Georges Darien

Il restera de cet étrange homme qui vient de mourir un roman vigoureux, Le Voleur, qui est une œuvre de premier ordre à peu près inconnue du public. On ne l'a jamais rééditée. Un bandit moderne, un vrai, pas un bandit de carton, raconte sa vie, expose ses idées les idées d'un voleur intelligent, nettement anarchiste. Le livre a un accent de sincérité bizarre, presque inquiétant par endroits.

La campagne électorale s'annonce intéressante. Elle s'ouvrira dès le mois prochain, car dans cette classe de l'Institut on hésite moins qu'à l'Académie française à remplir les vides.

L'affaire de l'Odéon

Rudyard Kipling et le cinéma L'auteur du Livre de la Jungle écrit maintenant pour le cinéma.

Il n'y a pas très longtemps, on pouvait le voir avec sa femme au théâtre de l'Alhambra, à Londres. où il assis tait à la représentation d'un film dont il est l'auteur et qui, présenté à Los Angeles, y obtint un très vif succès. On raconte même que des Indiens, venus pour tenir un rôle dans la représentation, ne purent retenir leurs larmes, tant le réalisme du sujet les émut. S'il faut en croire un expert du cinématographe, Rudyard Kipling s'est parfai tement assimilé la technique de cet art.

Les quelques personnes qui ont écouté jusqu'au bout l'Eternel Amour, de M. Bureau-Guéroult, représenté ces jours derniers à l'Odéon, ne s'expliquent pas encore qu'un pareil ouvrage ait pu être reçu, monté et assez bien monté, sur la scène du second ThéâtreFrançais. Il est possible à tout directeur de se tromper, mais à ce point, cela semble incroyable. Si M. Paul Gavault a accepté cette pièce de son propre gré, le ministre responsable se doit de le prévenir qu'une telle erreur est ir tolérable. Si le drame de M. Bu reau-Guéroult a été imposé au directeur de l'Odéon, il apparaît nécessaire que l'on sache par qui et pourquoi.

On parle beaucoup - hélas ! à mivoix de l'affaire de l'Odéon. On a bien raison de protester contre cette ma. nière de petit scandale.

Les descriptions des scènes et des personnages sont, paraît-il, « étonnantes ». Un de ses collaborateurs disait de lui: « Il emploie jusqu'à deux mille mots pour décrire une maison. Rien n'est laissé au hasard; les plus petits détails sont notés avec le plus grand soin. »

Ainsi, pour la composition d'un film, Kipling se rendit au British Museum afin d'y étudier divers objets dont la connaissance lui était nécessaire. Pour le même film, il consulta avec la plus grande attention toute une collection de dessins et de croquis de la vie indienne qui furent exécutés par M. Locwood Kipling, son père.

Actuellement, Rudyard Kipling prépare pour l'écran La Porte des Cent Douleurs.

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L'athénée français de Tokio

M. Joseph Cotte, directeur de cet unique établissement de haute culture française au Japon, vient, dans un rapide rapport, de rendre compte des résultats obtenus par l'Athénée de Tokio. Ils sont extrêmement intéressants, surtout si l'on veut bien se rappeler que jusqu'en 1914 notre influence sur les étudiants japonais, dont les professeurs venaient des Facultés de Berlin ou de Leipzig, était pour ainsi dire nulle. Avant la guerre, 14 élèves suivaient les cours de l'Athénée; ils sont aujour. d'hui plus de 550. Un petit nombre de jeunes gens assistent même régulièrement aux cours de grec et de latin qui, dans ce pays, comme on le conçoit, ne peuvent s'adresser qu'à élite.

une infime

L'établissement comprend une bibliothèque d'un millier de volumes environ. On en a prêté pendant la précédente anée scolaire près de 300, répartis entre 44 emprunteurs, et exactement six fois plus qu'il y a trois ans.

L'Athénée a aussi un club dramatique. Le 23 juin dernier, les élèves japonais ont donné une curieuse représenOtation. Au programme figurait une comédie française et des fragments, en latin et en grec, de l'Aululaire, de Plaute, et des Grenouilles, d'Aristophane.

Cette école française libre en Extrême-Orient sert admirablement notre propagande dans ce pays. Sa tâche est difficile, obscure. Mais elle produit déjà des résultats satisfaisants et qu'il est nécessaire de signaler.

ARTS

Pauvreté

de

Mes savants confrères, MM. Henri Clouzot et Level sont allés près Bruxelles, à Tervueren. Là se trouve le musée du Congo belge, véritable palais, sur la route de Louvain. Et M. Henri Clouzot ne peut s'empêcher de comparer avec tristesse le confortable, la richesse, la clarté de Tervueren et le délabrement de notre musée d'ethnographie du Trocadéro.

Je suis allé le revoir. Quel abandon! quelle pauvreté de matériel! Mais aussi que de richesses enfouies sous la poussière. Tervueren est bien sûr plus fourni quant aux manifestations de l'art con golais puisqu'il en est exclusivement rempli. Mais tous les continents sont représentés au Trocadéro. Surtout on constate que chez nous le souci de met tre en vedette les obiets relevant de cet

art exotique, appelé d'une façon un peu simpliste et trop générale « art nègre », fut bien antérieur à la vogue dont bénéficient les tabous depuis quelques années. La série néo-calédonienne abonde en masques immenses de bois noir, en idoles taillées dans le bois des fougères arborescentes, d'un style plein de grandeur; l'une d'elle ressemble à M. Antoine Bourdelle avec une précision dont le célèbre statuaire ne saurait s'offenser. Toutes les Hébrides, les Salomons, sont représentées par des spécimens peu nombreux sans doute mais dont je sup. pose qu'on ne saurait trouver de plus beaux, de plus définitifs. Un sarcophage en bois, de Nouvelle-Zélande, que le musée d'Auckland voudrait bien ravoir et qui nous fut d'ailleurs donné naguère par un officier anglais - est d'une incroyable richesse décorative.

Il y a là des masques de NouvelleGuinée où l'épouvante, l'hébétement sont traduits par les artifices d'une imagination qui foisonne. Certains

avec

sont

même composés de deux visages superposés. Mais hélas les figurines de l'ilede-Pâques voisinent celles de Loango; et comment en serait-il autrement dans cet amas, dans ces salles obscures et resserrées ? Le hall du deuxième étage est encombré, bourré de autres vitrines disparates, rebut des musées, comblées elles-mêmes d'objets entassés. La salle d'Afrique, au premier, présente des spécimens inoubliables. L'art du Dahomey apparaît dans sa mystérieure et sanglante horreur. Jamais, dans les fantaisies les plus échevelées de notre moyen âge, dans les démons de nos primitifs, l'impression de la terreur et de l'angoisse ne fut si profondément traduite. La statue en fer d'Ebo, génie de la guerre, sorte d'énorme insecte venimeux à vague tournure humaine; les grandes statues des rois dahoméens en bois polychromés sommées de têtes d'animaux au regard vague, aux dents aiguës, résument la férocité pour ainsi dire transcendante de ce peuple aux origines inconnues. Les faces stylisées de la Guinée, les figuri nes de bronze qui rappellent les dauphins et les massues croisées dont se paraient Armagnacs et Bourguignons, rempliraient trois vitrine alors qu'une seule les renferme, en vrac.

Pour classer, pour entretenir, pour surveiller ces merveilles, le chiffre que le budget prévoit apparaît comme ridi. cule. Trois ou quatre mutilés, un chef gardien. Celui-là, c'est une sorte de maitre Jacques, il est réparateur, mouleur, menuisier. Il fabrique des vitrines avec des caisses d'emballage dans lesquelles continents ces lointains arrivent, des objets qui demain seront introuvabies. Son obscur dévouement étaye le dévouement plus obcur encore du conservateur. Il n'y a qu'en France où l'on trouve encore, je crois, ce type d'employé si fidèle et si mal traité.

ROBERT REY.

Notre ami Leslie Cauldwell Cité du Retiro, un atelier aux murs duquel on voit des portraits, des études cueillies aux quatre coins de la France, des armes boches et des projets de décoration, c'est là que travaille la moitié

de l'année un sincère ami de la France.

Leslie Cauldwell, qui habite notre pays depuis le jour où il a commencé de travailler avec Carolus Duran et Paul Delance, est un de ces honnêtes et reconnaissants artistes américains, qui. ayant compris que la France leur avait offert quelque chose par son art, sa culture artistique, ses musées et sa civilisation, ont cru devoir payer largement leur dette, et même un peu plus que leur dette, au cours des années 1914-1918.

Dès août 1914, Leslie Cauldwell commença à s'occuper des vendeurs des magasins de gros pour meubles, étoffes et objets d'ameublement avec lesquels il était en relations comme décorateurconseil. Il finit par avoir 156 filleuls, et dut prendre un secrétaire pour l'aider à tenir ce courrier de guerre.

En juillet 1915, Leslie Cauldwell commença à s'occuper du Phare de France, l'œuvre de rééducation des aveugles de guerre fondée par miss Winifred Holt. Il étudia l'alphabet Braille pour enseigner à lire et écrire aux aveugles. Puis, il apprit aux aveugles à faire de la poterie, entièrement modelée à la main, suivant les procédés des Peaux-Rouges, et à décorer leurs poteries au pochoir, ce qui permit à la manufacture de Sèvres de faire appel à certains aveugles pour la fabrication de ses poteries destinées à la préparation des explosifs de guerre.

En 1918, il fut mobilisé comme capitaine dans la Croix-Rouge américaine. Mais, immédiatement après l'armistice, on se ressouvint qu'il était surtout un artiste et il fut nommé professeur d'art décoratif à l'Ecole des Beaux-Arts de l'armée américaine de Bellevue. Il y avait là 350 élèves, officiers, sous-officiers et soldats venus des 48 Etats. Cauldwell leur fit des conférences sur l'évolution des styles français du roman à l'empire; il les conduisit dans nos musées, chez nos fabricants, visita avec eux nos grands châteaux historiques et, ainsi qu'il me l'écrivait lui-même, « il fit tout son possible pour qu'ils partissent en Amérique pleins d'enthousiasme pour la France, afin de créer des foyers d'amitié française aux Etats-Unis. D

Durant l'hiver 1920-21, Leslie Cauldwell refit à l'Institut français de NewYork ses conférences sur l'évolution des styles français (l'Institut lui a demandé de les recommencer cette année, tellement elles ont plu), et il alla ensuite les redonner au Mexique, où se dessine un mouvement de curiosité pour les choses d'art européennes.

avant

Cauldwell, l'année dernière, d'aller en Amérique, se rendit dans les environs de Saint-Quentin, chez quelques familles de ses filleuls morts pour la France. C'est l'endroit où le Boche a le mieux réussi dans sa besogne de déIsolation et de mort. Notre ami fut ému par le silence sans fin des églises détruites de cette région désolée. Il prit la moitié de ses honoraires de conférencier, et acheta une cloche, qui a commencé de sonner à Pâques de cette année dans l'église de Nauroy ; c'est, paraît-il, la seule cloche qui sonne, actuellement, entre Saint-Quentin et Cambrai, sur la ligne Hindenburg.

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Cet hiver, à New York, Leslie Cauldwell exposait au Mac Dowell Club une série de portraits de soldats et d'officiers de France, documents précieux 1ecueillis durant la guerre.

On a décoré Leslie Cauldwell de la médaille de la Reconnaissance française. La désignation de cette médaille ne fut jamais plus adéquate. Mais ne trouvez-vous pas que c'est faire peu pour manifester nos sentiments à un tel ami ?

ÉCONOMIQUE

Les prix actuels en Russie On a pu lire récemment que le gouvernement des Soviets avait payé une troupe théâtrale, pour une seule représentation, de quinze œufs et deux livres de beurre c'est un cachet fabuleux, si l'on évalue en roubles soviétiques le prix de ces produits d'alimentation.

La réouverture du marché libre, étape accomplie par Moscou sur la voie du capitalisme, a déterminé un « boom » des produits principaux d'autant plus accentué que ces denrées sont plus rares et plus mal réparties. Quinze jours de commerce libre ont suffi pour provoquer 20 o/o de hausse en moyenne, sur la farine, les pommes de terre, le beurre et le sel et le mouvement ascensionnel ne fait que commencer, car les caravanes d'ouvriers à destination des campagnes, chargées d'outils, d'étoffes ou de clous à échanger contre du grain, s'organisent à peine.

Il importe peu de s'attacher à des prix qui n'ont qu'une valeur très relative. Ce qu'il faut remarquer dans les statistiques publiées par l'Office cen tral soviétique, c'est l'écart extrême des prix, pour les mêmes denrées, suivant les régions. La farine de seigle, par exemple, valait 280.000 roubles le poud (16 kilogrammes) le 15 juin à Smolensk, et 45.000 roubles le poud à Nicolaiew. A Petrograd, les pommes de terre valaient 44.000 roubles le poud (2.500 roubles le kilogramme) à la même date, et 11.700 roubles le poud seulement à Jitomir. Le fait manifeste assez l'impuissance des Soviets à équilibrer les prix intérieurs en assurant des échanges commerciaux normaux et dénonce la vanité du plan d'un Kameneff, résolu à sauver seul la Russie de la famine par l'organisation méthodique du ravitaillement et l'envoi de semences.

A titre de curiosité, nous signalerons que le prix des céréales a augmenté de 120.000 à 200.000 par rapport aux prix d'avant-guerre. Un poud de farine de froment coûtait en moyenne I rouble 60, et vaut maintenant 222.000 roubles.

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Télégraphes du Nord, dont le siège est à Copenhague, qui vient d'obtenir la première concession importante accordée par les Soviets. Puissante entre les puissantes la Compagnie danoise possède 5.000 milles de câbles en Europe et 3.500 milles en Chine et au Japon. Elle avait en Russie, avant la nationalisation de 1918, deux lignes reliant l'Europe et l'Extrême-Orient : la voie Pétrograd-Vladivostock et la voie Pétrograd-Pékin-Sanghaï.

Voici la liaison rétablie, grâce à l'accord signé avec Moscou, qui dénationalise les deux lignes en faveur de la Compagnie danoise. Si l'on en croit les Isveztia, le gouvernement des Soviets prélèvera sur chaque mot transmis télégraphiquement I franc 19 centimes or, somme sur laquelle la Compagnie concessionnaire recevra 17 modestes centimes. Déjà les bureaux soviétiques comptent couvrir, grâce à cette taxe, la moitié des frais d'entretien des lignes télégraphiques de la Russie tout entière.

La Compagnie se charge de l'entretien périodique du réseau et de l'embauche du personnel technique: mesure d'élémentaire prudence.

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Il est curieux de constater que la première concession dont l'intérêt fasse pas de doute profite à la propagande bolcheviste. Peut-être les besoins de la cause communiste intéressent-ils davantage le Comité central que les besoins alimentaires de la population. On n'aura pas la naïveté de croire que les techniciens de la station russe se bornent à assurer le transit des dépêches sur le territoire russe. L'occasion est trop belle pour catéchiser l'Orient, vers lequel Moscou regarde avec plus d'attention, depuis que l'Occident se révèle rebelle à la doctrine communiste, qui ne vit qu'en recrutant toujours plus loin des disciples.

Il est non moins curieux de voir figurer dans le conseil d'administration de la Grande Compagnie des Télégraphes du Nord » le directeur au ministère danois des affaires étrangères Sca venius et le consul général Weimann.

La valeur comparée des salaires Quelques renseignements donnés par le Comité américain des < voies et moyens », bureau d'Etat, peuvent fixer les idées sur la question fort débattue de la valeur relative des salaires dans les différents pays, avant et après la guerre Les taux des salaires sont con. vertis en dollars :

En 1913-14, un ouvrier de fonderies qualifié gagnait en Allemagne 1 doll. 92 par jour. Il gagnait en 1919-20 o dollar 60.

Dans les forges et aciéries, un ouvrier qualifié gagnait en France, avant la guerre, 1 doll. 55 à 1 doll. 92 par jour. L'ouvrier allemand qualifié gagnait en moyenne 2 dollars og.

L'année dernière, le même ouvrier ne gagnait plus en Allemagne que o dollar 65, soit trois fois moins que l'ouvrier français.

Ce bon marché relatif de la maind'œuvre allemande est la cause la plus immédiate de la prospérité de l'expor tation d'outre-Rhin.

Le mouvement des salaires
depuis 1911

Voici d'autres conclusions, peu suspectes de partialité, qui répondent à la thèse, couramment exprimée depuis le début du conflit du textile, que les salaires ont augmenté deux fois et demi, tandis que le coût de la vie quintuplait depuis la guerre.

Les résultats généraux de l'enquête entreprise au début de 1921 par la a statistique générale de la France » indiquent que par rapport à 1911, dans l'ensemble des villes autres que Paris, les salaires horaires ont quintuplé en moyenne, et les salaires journaliers un peu plus que quadruplé.

A Roubaix, un ouvrier fileur gagnait o fr. 55 l'heure en 1911, et 3 fr. 21 en 1921 (augmentation de 48 o/o). Le salaire horaire d'un ouvrier tisseur passe de o fr. 40 en 1911 à 2 fr. 65 en 1921 (augmentation: 562 0/0).

De grosses différences se remarquent suivant les régions. Les salaires sont sensiblement plus élevés à RoubaixTourcoing qu'à Elbeuf, Rouen, Mulhouse ou Mazamet. L'ouvrier fileur (industrie du coton) gagnait au début de 1921 3 fr. 21 l'heure à Roubaix, 2 fr. 95 à Troyes, et 2 fr. 10 à Epinal.

Dans l'industrie de la laine cardée, le salaire horaire s'établit à 3 fr. 28 à Roubaix, 2 fr. 50 à Elbeuf, et 1 fr. 70 à Mazamet.

Enfin l'ouvrier tisseur gagnait en janvier dernier 2 fr. 65 à Roubaix, 2 fr. 05 à Elbeuf, et 1 fr. 40 à Rouen.

Il resterait à préciser les différences entre les indices du coût de la vie établis dans les divers centres de l'industrie textile. Elles resteraient probablement inférieures aux différents relevés contre les salaires horaires, car on hésite à croire que la vie coûte deux fois moins cher à Rouen qu'à Roubaix. ROBERT FABRE.

CE QU'ON LIT

L'entrepreneur d'illuminations, par André SALMON. Violée, Francine, une jeune mendiante est sauvée de son assassin par Marat, entrepreneur d'illuminations dans une petite ville et farouche républicain, amateur d'antiquités révolutionnaires, à qui son nom a dicté ses opinions et ses goûts. Il la recueille et l'aime. Mais le marquis lui plaît. Et Marat fait tout sauter avec ses poudres. On aimerait que M. André Salmon, qui a tant de verve et d'abondance, prît le loisir de creuser un jour quelques personnages et qu'il leur donnât une humanité vraie et profonde.

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