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C'est d'abord le système de l'inflation, fort séduisant en apparence et que l'exemple de l'Allemagne semble parer d'une vertu inattendue. Les publicistes les moins experts en matière économique et qui le font voir par la façon dont ils en parlent, étant amenés à parler de toutes choses commencent à se demander ce que cache ce bloc enfariné. L'opinion est sollicitée ; craignons qu'une fois de plus elle ne s'enflamme pour une idée qu'elle aura mal comprise. L'inflation, si elle n'est pas en train de ruiner l'Allemagne, montre au moins qu'elle va à sa ruine. Grâce à elle, dit-on, l'industrie marche. Mais cela même appauvrit l'Etat, car la dépréciation de la monnaie provoque l'exportation des capitaux, y compris ceux gagnés par l'exportation des produits. Vouloir restaurer les finances d'un Etat par le moyen de l'inflation, c'est tenter de remplir un tonneau sans fond. Les bénéfices de l'industrie ne peuvent compenser l'appauvrissement général accusé par la détérioration de la monnaie, et il est infiniment douteux, on en conviendra, que au moment de la banqueroute imminente, les détenteurs de devises étrangères, les vendent pour venir au secours de la monnaie nationale, et que le poids de ces devises, à supposer qu'ils s'y résignent, soit suffisant pour prévenir l'effondrement. L'activité de l'industrie, profitable aux particuliers, n'aura été alors d'aucun secours pour les finances publiques. (1)

On a dit ce que vaut l'argument en vertu duquel il convient d'augmenter l'émission des billets pour prévenir la stagnation industrielle, et indirectement le fléchissement en rendement des impôts frappant industrie et commerce. Paradoxe des moins soutenables que celuici alourdir la machine financière par la dépréciation du franc pour empêcher que les revenus de l'Etat descendent au-dessous des prévisions. Qui ne voit que par cette solution l'Etat perd d'une part ce que perd sa monnaie, n'obtenant d'autre part en impôts qu'un rendement nominalement égal, effectivement moindre. Et

(1) Il est vrai qu'à cet instant, un autre facteur intervient. Les particuliers peuvent bien profiter provisoirement du fait que l'Etat menace ruine. Ils n'en savent pas moins qu'ils seront emportés dans son naufrage si celui-ci s'accomplit. C'est par là que s'expliquent les tractations actuelles entre les représentants des banques et de l'industrie et le gouvernement d'empire.

à cette occasion il serait trop facile de montrer le vice redhibitoire des taxes frappant la production. Aucune n'est plus aléatoire, aucune ne touche un objet plus mouvant, aucune n'est plus mal assise. L'expérience l'a montré qui fait valoir la tradition ancienne, prescrivant que l'impôt doit frapper, non la production, mais la consommation et la richesse: seule l'économie générale pratiquée par bons réalise une véritable épargne. Taxer la production c'est la paralyser. Si la consommation diminue par la taxe, c'est au contraire une économie nouvelle. A le bien voir, l'impôt sur la fortune acquise n'est raisonnable que pour autant qu'il est un prélèvement sur la consommation. S'il entraîne le capital, il se traduit par un réel appauvrissement.

X

Sans préconiser l'inflation, certains, renonçant à l'espoir de liquider les charges de la guerre, seraient volontiers portés à souhaiter la conversion de la monnaie. Cette conception nous est venue d'Allemagne aussi, par le canal de la Suède et de la Société des nations, le professeur Cavsall l'ayant soutenue brillamment devant

la conférence financière de Bruxelles.

encore

Un Etat qui adopte cette méthode, outre qu'il fait pratiquement banqueroute, marque par là qu'il ne juge pas ses forces suffisantes pour rétablir sa fortune, telle qu'elle était avant la guerre. C'est cet aveu d'impuissance qui fait la gravité de la solution envisagée. Elle ne peut manquer de ruiner le crédit de cet Etat, en montrant par le fait le peu de fond qu'il faut faire de sa vitalité économique. Et c'est économiquement parlant, plus que le respect de la parole donnée, l'affirmation de cette vitalité, qui s'impose à tout Etat, aussi longtemps qu'il ne lui est pas démontré que la ruine est irrémédiable. C'est le plus fort argument en faveur de la déflation. Cela ne veut pas dire que la politique déflationniste doive être poursuivie brutalement et à travers les ruines. Mais un pays qui peut, comme disent les Anglais, « deflate » montre par là qu'il a financièrement du souffle. Reste à savoir si la France a ce souffle-là.

Les inflationnistes combattent volontiers leurs contradicteurs en usant d'une mauvaise raison. «< Supposez, disent-ils, que le franc soit revenu au pair et calculez La dette de la France sera égale ou supérieure à son capital. Où trouverez-vous de quoi la faire vivre ? » C'est l'argument favori de M. Chavenon. Il est de peu de valeur. Il n'est aucunement question de valoriser brusquement le franc, mais de le ramener par un lent effort à sa valeur première, ce qui ne peut avoir lieu si l'amortissement de la dette ne se produit en même temps. Le processus de restauration financière doit se réaliser en sens inverse du processus de dégradation, mais par les mêmes étapes.

Cela étant, il convient de tenir compte des nécessités du moment. L'inflation, aussi bien que l'emprunt, fut une nécessité malheureuse. La déflation est une question d'opportunité. Pour se faire une idée juste de l'œuvre à poursuivre, il faut tenir compte de deux considérations préalables.

Il faut tout d'abord isoler la question financière d'avec les questions industrielles. On les entremêle d'ordinaire. M. Bokanowski écrivait naguère que le problème fiinancier était étroitement lié au problème économique, ce qui revient à dire qu'on ne peut le résoudre si les affaires ne marchent pas. Nous croyons très nettement que l'er reur gît au fond de cette conception. En vérité, une nation ne peut compter sur sa prospérité industrielle pour se remettre en équilibre. Cette prospérité est un

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appoint. Mais elle peut manquer. La provoquer artificiellement n'est possible que par des sacrifices qui dépassent les bénéfices. On l'a vu plus haut. M. Philouze affirme, lui aussi, qu'un vrai ministre des finances doit chercher à favoriser le développement de la richesse publique. Mais cela ne dépend guère de l'Etat, ou bien c'est à très longue échéance. L'exemple de Colbert le prouve, qui remit en équilibre les finances de Louis XIV. Son grand moyen fut de restaurer l'ordre fiscal; les manufactures n'y servirent que fort peu. Ce n'est pas par l'accroissement des ressources des particuliers que les ressources de l'Etat peuvent augmenter, quand la situation économique mondiale ne comporte pas cet accroissement. Une nation ne peut alors faire fond que sur elle-même et régler ses dépenses à la proportion de ses ressources existantes. Toute autre méthode est un leurre.

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Une seconde considération ne s'impose pas moins. C'est celle de la dette. De quoi celle-ci est-elle composée? De deux parts. Dette intérieure, dette extérieure, dont la première est de beaucoup la plus forte.

Quant à la dette extérieure, il va de soi que la déflation ne la modifie en rien. Du moins le chiffre qu'elle représente en francs ira-t-il diminuant à mesure que le franc remontera.

Pour la dette intérieure, détenue par des mains françaises, elle ne constitue pas un appauvrissement de la nation. C'est un titre de la nation sur elle-même. Il n'y a pas d'autre intérêt à la réduire que de diminuer les charges budgétaires. Mais il est fort à croire qu'on s'abandonne volontiers ici à une sorte d'illusion. Les emprunts de guerre sont entre tous les plus disséminés. Sans doute sont-ils exempts d'impôts. Mais ils se traduisent pour la population dans un ensemble par des revenus qui augmentent la capacité de chacun à payer des impôts. L'impôt reste donc en dernière analyse le ressort essentiel.

C'est par l'impôt que la France, comme le dit très bien M. Bokanowski, doit arriver à boucler son budget. On tournera dans un cercle vicieux tant qu'on n'aura pas admis que l'impôt sur la consommation, frappant directement ou indirectement le citoyen, est le seul qui raille. L'impôt doit être économisé par chacun sur ce qu'il consomme. Il doit être une économie de la nation sur son revenu, permettant l'acquittement des dépenses, d'abord sans augmentation de la dette, ensuite avec amortissement de celle-ci.

La conclusion, ce semble, se dégage d'elle-même. Amortir la dette, ou si l'on veut, car c'est tout un, restaurer la valeur du franc, est un but dont on ne saurait se détourner. On ne peut espérer l'atteindre en peu de temps. Mais il convient de le poursuivre, tant que les forces nous restent. La prospérité de l'industrie dépend, dans une certaine mesure qu'il ne faut point exagérer, de la politique financière. Mais autant celle-ci doit être modérée, de peur de provoquer des secousses trop rudes, autant doit-elle être persévérante. Les échelons sont pénibles à remonter, qu'on a descendus en se jouant. Chaque fois, c'est une petite crise nouvelle, jusqu'à ce que se soit produit le réajustement des salaires aux prix et des prix intérieurs aux prix extérieurs. Mais le salut est au bout. Il ne faut pas qu'au moment où sera rétabli l'équilibre mondial, la France demure impuissante, soit qu'elle garde une situation obérée par une masse de billets excessive, soit que par une résolution imprudente faisant une banqueroute inutile, elle

ait ruiné son crédit.

ADOLPHE DELEMER.

CE QU'ON DIT

Mémoire et improvisation

M. Poincaré poursuit dans le Temps, contre M. André Tardieu, une courtoise mais assez vive polémique. Dans un de ses récents articles, il a rappelé que, ministre de l'instruction publique, il avait eu l'occasion de remettre un prix à un lauréat de concours général qui n'était autre que son contradicteur d'aujourd'hui.

La scène est restée gravée dans son esprit. C'est que l'ancien président de la République possède une extraordinaire et redoutable mémoire visuelle. Sait-on, par exemple, lorsqu'il doit prendre la parole en public, comment il s'y prépare?

Plaidoirie, discours parlementaire, simple toast, il écrit tout, d'un seul jet, de son écriture nette. Puis il plie le papier, n'y songe plus, l'égare même. Le procès peut ensuite être renvoyé après vacations, l'interpellation ajournée à six mois, le banquet remis le moment venu, M. Poincaré se lèvera et récitera mot pour mot le texte jadis rédigé par lui. Au fur et à mesure qu'il aura à les prononcer, ses phrases manuscrites passeront devant ses yeux et, encore que les mains vides, arrivé mentalement au bas d'une page, il fera machinalement le geste de la tourner.

Diamétralement opposée est la méthode de M. Briand. Il est lui un improvisateur né, et il ne peut faire autrement qu'improviser.

Et les matins de grande interpellation ou d'importante conférence diplomatique, il fait beau voir les angoisses des attachés de cabinet qui savent que le «patron» n'a rien préparé et se demandent « comment il s'en tirera ››.

Mais le «patron» s'en tire toujours...

Académie et maréchalat.

Au pays des Muses.

Nos maréchaux remplissent fort bien leurs devoirs d'académiciens ; ils participent aux travaux de la maison tout comme le commun des immortels, et donnèrent leur avis, l'autre jour, sur l'entrée dans le dictionnaire de cette épithète qu'ils méritent plus que tels de leurs confrères. Pourtant on a peine à s'imaginer que le fauteuil soit pour eux autre chose qu'un violon d'Ingres. Que penseraient-ils du jugement de Viennet, leur ancêtre sous la coupole ?

Viennet s'était fait le serment qu'il prendrait place Les splendeurs de l'Empire le parmi les immortels. laissaient indifférent. Dédaigneux de la gloire militaire, il oubliait qu'en sa qualité de lieutenant d'artillerie il pouvait aspirer au bâton de maréchal; il n'avait qu'une ambition parvenir à l'Académie.

Saisi d'un poétique enthousiasme, il s'écriait : Virgile est à mes yeux plus grand que les César, Et ce bâton doré qu'au milieu des hasards Ont mérité vingt fois Oudinot et Tarente, Plait moins à mon orgueil qu'un fauteuil des quarante.

Un zèle si généreux ne resta point sans récompense. Le 20 novembre 1830, Viennet était élu membre de l'Académie française, en remplacement du comte de Ségur.

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l'attendre sur le quai de la gare du Nord dimanche dernier. Quelques-uns s'étaient dérangés surtout pour le lord-maire qui devait lui aussi débarquer en France par le même bateau. Il y avait même pour ce haut personnage un service d'ordre commandé. On le fit disparaître au dernier instant, à la grande surprise d'un journaliste américain.

M. Chaplin n'était attendu que par trois particuliers qui, à eux seuls, auraient attiré l'attention de la personne la moins prévenue, à cause de leurs airs mystérieux et de leur vaine agitation. C'était un garçon d'hôtel d'un palace élyséen et deux inspecteurs de police privée appartenant à cet établissement. Eux non plus n'avaient jamais vu Charlot et se montraient assez embarrassés pour le reconnaître. Le chef de gare partageait le même embarras. Ces messieurs se donnaient d'inutiles inquiétudes. Charlot se reconnaît très bien, à cause de sa taille mince et de l'ovale du visage. Mais tandis qu'il a une perpétuelle expression morne dans ses films, à la ville il rit tout le temps. A l'envers des pitres ordinaires qui, selon la légende, sont au naturel les hommes les plus tristes du monde.

Pressé par les journalistes, protégé par ses indiscrets reporters, sous les ordres impétueux du chef de gare qui voulait lui éviter les ovations d'une foule qui ne pensait guère à Charlot, le petit acteur fila par la salle des bagages.

Une Anglaise l'embrassa, ce qui le fit rire très fort. Puis un homme d'équipe éméché, sympathiquement abruti, tomba sur lui.

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Charlie Chaplin est assailli par les quémandeurs d'autographés. Et les timbres en caoutchouc de ses secrétaires ne suffisent plus à répondre aux millions de lettres qu'il reçoit.

M. Ludwig Barth, le chasseur d'autographes, a-t-il daigné joindre la signature du roi Charlot à sa collection?

Ce Hongrois, qui actuellement se trouve à Graz, en Styrie, s'est voué, depuis dix-sept ans, à un curieux sport.

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Il recueillé, personnellement, et non point par correspondance, des autographes de gens connus. Il a ainsi visité le roi Edouard VII à Marienbad, le roi George au palais de Buckingham, Sarah Bernhardt à Paris, Puccini en Italie, Grieg en Norvège, Pie X au Vatican, Haeckel à Iéna. Les peintres, les sculpteurs ont dessiné ou peint sur les pages de son album, les musiciens ont écrit quelques mesures au-dessus de leurs noms. Son ouvrage, maintenant énorme, contient plus de 1.900 autographes et de 400 dessins. «< Vous méritez le prix Nobel, lui a dit le roi de Danemark. Sire, répliqua Ludwig Barth, je préfère votre autographe ». Et il l'obtint comme il avait déjà obtenu celui du Shah et celui du Mikado.

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bien que le volume resta entre les mains de Barth. Que de gens se rencontrent dans ces pages.

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Il y a là François-Joseph qui a écrit « Viribus unitis» au-dessus de sa signature; le président Wilson qui n'a inscrit qu'une date à côté de son nom, mais celle de la signature du traité de Versailles.

Par contre, M .Clemenceau est absent; le Tigre a pourtant feuilleté le volume avec beaucoup d'intérêt, et il allait signer lorsque, soudain, il fronça le sourcil en voyant le nom de Guillaume II. M. Clemenceau frémît à la pensée que son nom aurait pu figurer dans le même recueil. Se précipitant à la fenêtre, il l'ouvrit même pour laisser entrer un peu d'air frais.

Mais je renouvellerai ma tentative, dit Barth. J'ai eu beaucoup de peine aussi à obtenir la signature du Kaiser ; c'était la semaine d'Agadir; il ne céda qu'après avoir reçu un télégramme de l'empereur François-Joseph lui disant qu'il avait été heureux de placer son nom auprès de tant de noms illustres.

Le prince de Monaco, lui, voulut, utiliser la dernière page pour y écrire : « Rien ne va plus. >>

Les autographes de Dreyfus, de ses défenseurs et de ses accusateurs figurent presque côte à côte. De même ceux de Kitchener, de Mackensen et d'Hindenburg.

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Sur l'Eternel Amour, de M. Bureau-Guéroult, musique de M. Félix Fourdrain, à l'Odéon.

Ces pauvres auteurs ont bourré leurs scènes
De vieilles rangaines.

C'était, disaient-ils, pour peindre au grand jour
L'Eternel Amour !

En vain comptent-ils gagner par ce zèle
La gloire éternelle :

Leur nom dormira d'un sommeil pesant
Eternellement.

Mais vous, Paul Gavault, qui de mélodrames
Gavez vos épigrammes,
genre-là, jurez sans détour,
Eternel Amour;

A ce

Et priez le ciel de peupler la ville
Toujours d'imbéciles,

Pour que l'Odéon fasse de l'argent
Eternellement.

Sur le Coq a chanté de M. Carré à la Gaîté-Lyrique, et sur la rentrée de Mme Marguerite Carré à l'OpéraComique, dans Madame Butterfly:

Quand le Coq avait chanté
La Poule avait pris la fuite:
Vous aviez cru que Carré,
Prenant place à la Gaîté
Avait chassé Marguerite

Et que reconnaissant son timbre fatigué,
Elle renonçait à chanter.

La retraite était stratégique :
Elle a fui cette scène-ci

Pour remonter au bras de son mari
A l'Opéra-Comique.

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Danses nègres.

Chez ceux qui dansent.

Le tango est toujours interdit par les évêques, et continue de soulever des conflits. On danse maintenant les danses à la mode jusqu'au fond du Finistère, où le village de Briec-sur-Odet est fier d'avoir son dancing.

Le curé-doyen de ce pays, pour lutter contre le mal, n'eut pas l'idée géniale de ce curé de Paris qui, pour réagir, faisait danser le menuet dans la crypte de son église; il se contenta d'interdire à ses paroissiens de paraître dans le lieu maudit.. Mais le propriétaire du dancing protesta; il assigna le curé devant le juge de paix comme ayant porté préjudice à la liberté de son commerce. Le curé fut condamné. Il en appela. Le tribunal de Quimper l'acquitta, déclarant que le curé, au point de vue canonique, ne relevait que de sa conscience et de ses chefs hiérarchiques...

Le propriétaire proteste de plus belle; il réclame des juges un arrêt semblable à celui de l'affaire SilvainDoumic, et qui l'autoriserait à célébrer en chaire les

charmes secrets de son établissement.

Que ne demande-t-il plutôt l'arbitrage de cet évêque d'une de nos colonies noires, qui fut dernièrement l'hôte, en France, d'une famille judéo-catholique !

La maîtresse de la maison cherchant à la fois à se mettre en paix avec sa conscience, et à opposer deux opinions épiscopales, demanda au prélat ce qu'il pensait du tango et s'il fallait s'accuser de le danser et de le faire danser.

Comme l'évêque répondait qu'il lui faudrait, pour se prononcer sur un cas aussi délicat, voir danser ce pas qu'il ne connaissait que de nom, la nièce de la dame se proposa pour faire une démonstration. Mais il n'y avait pas de jeunes gens dans le salon. Alors, un vénérable sénateur d'Alsace-Lorraine, que son n'empêche pas d'être un des plus chauds défenseurs de l'Eglise catholique et romaine, s'offrit pour lui servir de cavalier.

nom

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Puisque l'enquête de notre collaborateur Paul Heuzé a mis cette question à la mode, voici deux petites histoires, dont il pourra faire son profit.

La première se passait en Angleterre, il y a quelques semaines.

William Mitchell, policeman à Hartley-Row, était en service de nuit auprès du cimetière. Il allait de long en large, battant le pavé, attendant qu'on vînt le relever. La nuit était obscure et fraîche, les heures s'écoulaient lentement et William Mitchell s'impatientait.

Soudain, se parlant à lui-même, il dit à haute voix : - Je me demande quelle heure il peut bien être. Une tête sortit alors d'une tombe nouvellement creusée mais vide encore et William Mitchell entendit une voix lui répondre :

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Il n'y a guère qu'une heure que je suis ici. Demandez aux autres, il y a plus longtemps que moi qu'ils habitent en ce lieu.

Un policeman est chargé d'assurer l'ordre parmi les vivants, non parmi les morts. C'est pourquoi William Mitchell s'apprêtait à s'enfuir.

On vint fort heureusement le relever. Et tout s'expliqua. La voix était celle d'un vagabond qui, traversant le cimetière, avait fait un faux pas et était tombé dans la fosse où il s'était endormi...

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ment.

Certain soir, la veuve entendit du bruit dans le jardin de sa villa. Elle va à la fenêtre, l'ouvre et voit un grand diable de fantôme, tout de blanc vêtu, qui la regarde avec deux yeux flamboyants.

Elle entend alors une voix qui répète sur un ton monotone et grave:

Je suis ton feu mari. Pourquoi s'opposer au bonheur de notre enfant ?

Sans doute la veuve se fût-elle laissé toucher par cette injonction venue d'outre-tombe si deux gendarmes apercevant le fantôme du dehors n'avaient jeté par terre le mannequin, le phonographe et l'amoureux transi.

Le malheureux est maintenant en prison où il a tout loisir de songer à la dame de ses pensées et de s'instruire, s'il le désire, sur les mystères du spiritisme.

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Il y a foule, ce dimanche, près d'un grand cimetière parisien. Après avoir visité les morts, les vivants s'accordent le juste réconfort d'une halte chez le bistro. Au père la moule, guinguette à bosquets et à mangeailles, n'est-elle pas voisine,comme il sied, d'à la Gráce de Dieu, marchand de couronnes funéraires? Donc, on s'attable, et le vin dissipe la tristesse...

Arrive, avec son classique équipage, le joueur d'orgue de barbarie. Mais, ô surprise, point de manivelle. Sous le tapis qui couvre la voiturette, un gramophone apparaît, et les disques tournent tandis que les sous tombent dans la casquette du vieux.

Et comme on lui demande pourquoi il a renoncé à l'instrument traditionnel :

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Le greffe du tribunal civil de Boulogne-sur-Mer fut récemment cambriolé ; et l'enquête fit découvrir que les voleurs n'étaient autres que les trois employés du greffe; ils avaient beau jeu de s'approprier les objets récupérés par la police ou confisqués, dûment scellés et confiés à leur garde.

Peut-être avez-vous pensé qu'un exemple s'imposait et qu'ils se trouvaient sous les verrous. Pas du tout. Mais voici le comble.

Les formalités judiciaires sont chose si complexe, qu'il eût fallu quelques mois pour dresser un nouveau personnel. Il parut plus simple de laisser les trois voleurs à leur poste. Sans doute y seront-ils encore après leur condamnation...

Nouvelles d'intérêt local.

Il y a des pensions aimables d'où chaque élève ne saurait sortir qu'avec un prix. Il y a les loteries où l'assurance de ne pas tout perdre est donnée par le « A tous les coups l'on gagne ». Il y a eu, aussi, cette courseci, dont voici le compte rendu authentique, donné par le journal de l'endroit :

Trois braves cultivateurs de la commune de T... parlaient de chevaux et chacun d'eux louangeait le sien: enfin une course fut décidée et immédiatement dans un champ, près du pont, les épreuves eurent lieu. Voici le résultat: 1er prix, M. Tr... Pierre; 2° prix, M. L... Théophile; 3 prix, M. M... Eugène. Toutes nos félicita

tions.

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Un moins amoureux que M. Arthur Govan se serait sans doute demandé s'il était bien sage de prendre pour épouse une femme qui a pris une telle habitude de dire: Non.

Affaires Extérieures

Les lendemains de Vienne et de Paris

SIMPLE PARALLÈLE

La mode étant aux études rétrospectives, je veux, pour une fois, m'y conformer. Mais, si le lecteur veut bien me suivre, nous remonterons cent ans en arrière.

Cette évocation d'un siècle clos est plus utile qu'on ne le croit. Si les négociateurs du Congrès de Paris avaient connu ou s'étaient rappelés les épisodes du Congrès de Vienne, ils auraient prévu le risque que créa l'absence d'accord préalable, et ils eussent repris, avant l'armistice, les projets que M. Briand eut le mérite d'esquisser. De même encore, ils auraient exactement mesuré la résistance inébranlable que ne pouvait manquer de soulever, en Angleterre et en Belgique, la création d'un Etat tampon sur la rive gauche du Rhin. Mieux renseignés, servis par des circonstances plus favorables, ils eussent demandé moins et obtenu plus. Si la neutralisation militaire d'un Etat prussien est trop une contradiction pour ne point rester illusoire, en revanche la libération de l'emprise prussienne sur ces marches neutralisées, la délégation à la Belgique et à la France, aujourd'hui d'un droit de garde et demain d'un droit de surveillance sur les ports du Rhin, donnaient à l'Europe occidentale des garanties et une sécurité qu'elle n'a jamais connues. A l'abri de cette barrière, plus solide que celle des César et des Napoléon, il était possible de travailler en paix. Celle qu'a plantée le Traité de Versailles n'est qu'à claire-voie.

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Il eût été plus facile de l'enraciner, et elle serait moins menacée, si l'étude préliminaire du Congrès de Vienne avait été complétée par celle des négociations de 1816 à 1827.

Au lendemain des deux guerres européennes, l'opinion britannique a été dominée par les mêmes préoccupations, et le Foreign Office a poursuivi les mêmes objectifs. Paradoxe, dira-t-on. Quels rapports l'Angleterre de 1815 cette île semée de bourgades que ne reliaient ni rails, ni fils peut-elle avoir avec l'Angleterre de 1921 une ville coupée de parcs monotones et métropole d'un Empire mondial ? Les transformations économiques exercent sur les peuples des répercussions moins profondes que ne le croient les idéologues. Simple vernis industriel, derrière lequel subsistent intactes des réalités plus durables, des réalités psychologiques, œuvre du siècle et de l'esprit.

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Les batailles du XIX et du XXe siècle ont provoqué, outre-Manche, une égale lassitude.

« Même parmi nos meilleurs amis, écrivait le 20 février 1815, lord Liverpool à lord Castlereagh, beaucoup ne pensent qu'à la réduction des impôts et à la diminution des effectifs. Le pays est, pour l'électeur, en pleine folie pacifique. »

A un siècle d'intervalle, la crise économique est aussi profonde. En 1918-1921, l'organisme industriel, dont la puissance s'est accrue, s'adapte difficilement à une réduction dans la consommation. En 1816-1824, un organisme industriel, qui s'adaptait au machinisme, souffrait de la même insuffisance dans la consommation. Les exportations enregistraient des oscillations

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