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JOURNAL DE LA SEMAINE

PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS

QUATORZIEME ANNEE

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Le Problème du Pacifique et la solidarité des

Continents : JACQUES BARDOUX.

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Editorial :

3

Mémoires et Documents.

Le problème de la Haute-Silésie : RENÉ BERGER.

Ce qu'on dit.

3

14

Affaires Extérieures.

La situation orientale BERTHE-GEORGES. GAULIS.

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Notes et Figures.

La Vierge folle : EUGÈNE MARSAN.
Un café qui va disparaitre : A. DE BERSAUCOURT..

7 7

Roman.

Le Crépuscule tragique : ABEL HERMANT.
Feuillets de la Semaine.
6 Politique :
Lettres": - GEORGES 'OUDARD.
Arts': ROBERT REY..

Economnique ? ROBERT; FIRE.
Ce qu'on 'lit.

ii.

20

La Littérature.

Paul Drouot : JACQUES BOULENGER.

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Le problème du Pacifique

elle n'a jamais cessé d'être l'avant-garde. Mais il existe

aujourd'hui, contre cette rupture de l'équilibre européen et la solidarité des Continents au profit de l'Orient, un contre-poids nouveau : la RéFidèle à ses origines, la Prusse est solidaire de

publique américaine. l'Orient. Si aucun remous ne vient y creuser des lignes nouvelles, l'espoir d'une revanche reste lointain. Elle Certes la France n'a, avec l'Empire du Soleil Levant, ne peut être déclenchée, avec chance de succès, que, si aucun sujet de querelle. Bien au contraire, les pensées la reconstitution d'une Russie centralisée et tsariste per- françaises, curieuses de connaître toutes les formes de met de préparer, d'accord avec Berlin, le double flux la vie et toutes celles de l'esprit, sont sensibles à l'atqui balaiera les Etats baltiques et roulera à travers les

trait du mystère, au charme de l'art et au prestige du plaines polonaises.

courage japonais. L'accueil qui a été fait au prince hériUne autre éventualité permettrait de niveler le fossé tier, de la mer au Rhin, dans toutes les villes et par polonais, qui coupe la terre prussienne, et de franchir tous les milieux, est là pour en témoigner. La Répule fossé rhénan, qui couvre les nations occidentales

. Si blique, qui n'est et ne veut être qu'une puissance afrila force américaine, entraînée vers le lointain Pacifique, caine, croit que les peuples asiatiques, dans la limite était paralysée par une guerre d'usure et si la force bri- plus ou moins souple de leurs frontières ethniques, sont tannique, affranchie d'une rivalité commerciale, était

commerciale, était appelés à se diriger eux-mêmes et à se suffire à euxpar une ère de prospérité, la veillée franco- "mêmes. Aucun appétit ne trouble son jugement. Aucun belge suffirait-elle, même avec l'appui de la Petite-En- préjugé n’altère sa vision. Aussi est-il permis à une tente et d'une Pologne régénérée, à empêcher l'explo- plume française, de s'exprimer, en toute franchise et sion d'un nouvel attentat contre la paix européenne? Il sans froissement possible, sur un conflit qui risque est permis d'en douter.

d'ébranler, à nouveau, la paix du monde. La participation, dans la guerre européenne, des peu

Ce péril se présente sous des formes à peu près anaples américains et asiatiques, a bouleversé, pour tou- logues à celles qui caractérisaient le danger, dont l'Eujours, les données de l'échiquier diplomatique. Les rope prit conscience en 1914. frontières de notre petit continent ont été infiniment L'évolution industrielle et la poussée ouvrière qui caélargies . La couverture du Rhin à été reportée par delà

ractérisent le Japon moderne, ne sont pas encore parles plaines et les mers

. L'Europe n'est plus qu'une pé- venues à transformer l'autorité politique, qui reste disninsule de l'Asie. Et c'est l'Asie qui lui dictera la paix ciplinée et mystérieuse, militaire et oligarchique, féo

dale : tel l'Etat prussien à la veille de l'explosion. Un L'ère qui commence à la fin du moyen âge, se ter- essor prodigieux et un enrichissement rapide n'ont pu, mine avec le XIX° siècle. La Prusse 'pourrait ouvrir les ni au Japon, ni en Allemagne, assurer la stabilité écoportes de la paix occidentale aux hordes de l'Est, dont nomique et absorber une population croissante. Elle

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déborde. La terre arable, dont dispose dans ses iles | gleterre pourra vaquer paisiblement à son commerce l'Empire nippon, est inférieure, comme superficie, à celle dans les limites de son droit et du droit Et à l'heure où de la Belgique. Or sa population est supérieure à celle il se détourne d'un système de garanties mutuelles, écarte du Royaume-Uni, de la Belgique et de la Hollande réu- les suggestions du premier ministre néo-irlandais et re* nies : plus de 60 millions d'âmes, plus de 800.000 nais- fuse à la France l'exécution de son contrat formel, le sances. Dès qu'une infiltration japonaise se dessine dans Foreign-Office affichant une fois de plus un illogisme une terre qui n'est point surpeuplée, elle est aussitôt séculaire, renouvellerait le traité anglo-japonais ? enrayée. A peine la loi californienne, qui interdit aux Comment expliquer, se demande le Spectator, Japonais d'être propriétaires fonciers, est-elle entrée en pareille exception à la règle nouvelle ?. Le traité primi application (9 décembre 1920), qu'un texte nouveau, tif était dirigé contre l'impérialisme russe : il s'es voté en mars, contrôle, limite, ligote les 40 écoles japo-évanoui dans les brumes du passé. Ce pacte fut utile naises, qui instruisent 1.900 gamins sur le

sur le territoire contre la flotte allemande : elle est au fond des mers.. américain. Le même effort a été tenté à Hawai, dès que Contre qui serait-ii aujourd'hui dirigé ? En diplomala statistique eût révélé que les immigrants japonais re- tie, on ne se marie que contre quelqu'un. « Certainement présentaient 42,7 0/0 de la population totale et que pas contre les Etats-Unis », proclamait M. A. Chamleurs 136 écoles primaires et leurs 10 collèges secon- berlain le 18, et M. D. Lloyd George le 20 juin 1921. daires groupaient 17.300 enfants (décembre 1920). Et tous les premiers ministres coloniaux d'insister,

L'atmosphère est aussi menaçante que celle de 1914. le 21, dans le même sens et dans des termes qu Et si les gouvernements intéressés proclament leurs n'ont pas dû tous être

être également agréables intentions pacifiques, la vieille formule de la « guerre Foreign Office. Avec raison le Spectator ne s'es fatale » est sur toutes les lèvres. On la retrouve sur pas laissé démonter par cette argumentation d'une celle des étudiants japonais qui travaillent à Paris,

sincérité discutable. Une coopération n'est pas toucomme sur celles des commerçants français qui rentrent jours militaire. Un prêt vaut escadre Une d'Extrême-Orient : déversoir indispensable, résistance usine vaut

une batterie. Une neutralité bienveilaméricaine. Or, la tension des esprits prépare la tension lante peut être aussi efficace qu'une coopération fordes diplomaties. Cet état psychologique est surtout dan- melle. Et, d'ailleurs, la lutte des flottes dans le Pacifigereux, quand il coincide avec un malaise économique et que n'est qu'une éventualité : la lutte des influences avec une occasion militaire. Guillaume II .eật, hésité da- en Chine est une réalité. Or, un témoin anglais, l'avocat vantage à déclencher le conflit et à galvaniser :l-Autriche, B. Lennox Simpson, dans des lettres au Daily Telegraph s'il avait été plus rassuré sur l'essor de l'industtie alle 7 et 20 juin) et au Spectator (25 juin), a

(7 montré mande et moins confiant dans lą, supériosité. des. effer- l'autorité que puisaient les Japonais entreprenants dans tifs austro-allemands. Or voici, que la généralisation l'alliance anglo-nipponne. de la crise commerciale et la fermeture des marchés L'opinion américaine demande au gouvernement bri, européens viennent, au Japon, aviver les regrets laissés tannique de ne point renouveler l'alliance japonaise. par une invraisemblable prospérité et les espoirs donnés

« M. B. Lennox Simpson a constaté que les hommes polipar les clientèles asiatiques. Si encore les Nippons

tiques américains approuvaient en général la 'léclaration, étaient sûrs qu'il sera toujours impossible de leur inter

qui lui avait été faite par le sénateur Mac Cormick, en pré dire, par une intervention navale, tout privilège sur la sence du sénateur Lodge, président de la commission des terre chinoise. Mais un jour viendra, où les flottes améri- affaires étrangères : s'il est possible pour la Grande-Breta, caines ne seront point paralysées par la longueur infinie gne et pour le Japon de rédiger un traité, qui puisse être des routes du Pacifique et pourront se ravitailler en accepté par le gouvernement américain, ces deux Etats en charbon et en huiles, sans être escortées par les escadres,

devraient pouvoir faire un traité qui puisse être accepté par

l'opinion américaine. Or, c'est le peuple américain, qui, au fragiles –, de leurs cargos. Si la flotte américaine

bout du compte, décide de la politique américaine. » disposait d'une autre base que celle de Hawaï et des Philippines, elle retrouverait immédiatement tous

(Daily Telegraph, 7 juin.) les avantages que lui assure sa supériorité numérique. Or l'îlot de Guam, l'île de Malte de la mer Pacifique l'ambassadeur G. Harveg et de l'amiral Sims, des visi

Au lendemain de ces manifestations, du discours de n'est point encore fortifié.

tes des tisseurs et des « rotariens », du revirement de Cet avantage temporaire prend toute sa valeur psy- la Chambre des représentants et du Président Harding, chologique lorsqu'on sait que la Chine est incapable de le Foreign Office, conclut le Spectator, avait le choix rembourser au Japon les 200 millions de pens, dont entre deux politiques : persévérer dans la voie ancienne l'échéance est prochaine et qui sont gagés sur des mines et rechercher l'alliance anglo-japonaise ; adopter une de fer et de charbon. La menace d'une flotte réduite formule nouvelle et réaliser l'accord anglo-américain. à l'impuissance par la longueur des distances et le man

Mais, répond M. Lloyd George, en dénonçant un que de bases, suffira-t-elle pour décider un gouverne- pacte ancien, le Foreign Office risque de faciliter des ment oligarchique et souverain, exaspéré par des inci- incidents graves et de blesser l'orgueil japonais. dents répétés, en Californie, à Hawai et en Sibérie, à Sans doute. Et il ne s'agit nullement d'exclure le Japon refuser ce gage opportun et à fermer ce débouché né

du cercle des Alliés. D'autre part, la diplomatie bricessaire ?

tannique n'expose-t-elle pas la paix du monde à des risques plus redoutables en surexcitant l'orgueil japo

nais par des honneurs exceptionnels, par une intimité Le Spectator, fidèle une fois de plus à ces tradi- excessive, par un arbitrage injustifié ? tions de courage civique et de sens politique dont il fut

Soit, reprend M. Lloyd George. Mais l'alliance anglar l'éloquent interprète à la veille d'août 1914 – pour

pour- | japonaise empêche la formation d'un bloc asiatique, suit la mênie tâche d'honnêteté et de sagesse

il si- fournit à l'Empire britannique une garantie d'intégrité, gnale la gravité du conflit qui grandit, il critique le re- à l'univers entier une garantie d'équilibre. nouvellement d'une alliance qui le précipite.

Si l'unité asiatique offre des dangers lointains pour Depuis des mois et des mois, les interprètes les plus la paix mondiale, la politique orientale du Royaumeautorisés et les plus différents de l'opinion et du gou- Uni en crée d'immédiats. Elle paraît tendre à morceler vernement britanniques proclament à l'envi que l'ère la vie internationale en une série de conflits locaux et des alliances est close. Seul subsiste le pacte de la à les exploiter dans l'intérêt de l'hégémonie anglaise Société des Nations. Affranchie de toute entrave, l'An- conflits turco-grec, arabo-syrien, judéo-arabe, américo

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aponais. Nulle tactique n'est plus imprudente, dans ce admirateurs de la force et se montrent fiers de posséder ontinent inorganique, en voie de gestation, ébranlé par les meilleurs boxeurs in the world. Pour mesurer l'iminfiltration slave et japonaise. Seule une politique portance qu'ils attachent au titre de champion du l'union américaine et de solidarité continentale peut, en monde, il suffit de rappeler l'effet produit lorsque ce fut epaisant les esprits et en atténuant les concurrences, as- un nègre, Johnson, qui réussit, le premier, à conquérir ce surer la paix.

titre. Sa victoire prit aux yeux de la plupart de ses comElle exige que les diplomaties fassent l'effort intel- patriotes l'importance d'une défaite, de la race blanche. ectuel nécessaire pour donner au Japon la satisfaction Or, pour la première fois depuis de longues années, un que mérite son courage, le débouché que réclame son étranger se prépare, avec quelques chances de succès, ndustrie, le déversoir qu'impose sa population

à affronter leur champion, et cet étranger se trouve être, Si les Alliés décidaient de maintenir, pour une pé- non pas un Anglo-Saxon, mais un de ces Français si iode déterminée, le principe de conférences entre minis-longtemps dédaignés au point de vue athlétique. On tres des Affaires étrangères ou leurs représentants, le peut être certain que la victoire de Carpentier aurait, Japon continuerait à y être représenté à côté des Etats- aussi bien en Amérique qu'en Angleterre, un retentisUnis. Cet accord général annulerait les accords particu- sement considérable et contribuerait à accroître le presliers. Cette entente collective absorberait les alliances tige de la France : cela non plus n'est pas négligeable. à deux. L'interpénétration des Européens et des Așia- Les souverains ont coutume de faire à l'étranger des tiques resterait assurée... L'Amérique et le Japon rece- voyages qui n'ont pas seulement pour but de conclure vraient égale satisfaction.

des traités ou de leur permettre de causer avec Washington a, d'ailleurs, inventé la formule qui per- les chefs des Etats visités. Ils font, en même temps, met, tout en sauvegardant l'intégrité de la Chine, d'as- une "excellente publicité aux idées, à l'industrie et au surer la participation des Etats intéressés dans l'exploi- commerce de leur pays. La République, elle, envoie à sation d'un marché dont ils ne peuvent plus se passer. | l'étranger ses représentants les plus qualifiés. Carpentier 1 suffit d'élargir le consortium financier et de lui réser- n'esi pas le inoins utile cle nos agents de propagande. Les ver le monopole des concessions et travaux que Pékin Allemands, qui savaient si bien organiser leur réclame, roirait devoir accorder à des puissances étrangères. Ces auraient, on peut en être convaincu, été heureux de posffaires industrielles seraient réparties, proportionnelle séder un Carpentier. Nous aurions tort de nous plaindre ment à la part des associés dans le passif qu'il crée, que l'on en profite chez nous aussi bien qu'on l'eút or cela, au Japon, est considérable. Le consortium inter- fait chez cux. allié est la formule nécessaire d'une politique orientale.

SERGE ANDRÉ. Elle libère. Elle coordonne. Elle pacifie.

J'entends bien que cette participation ne saurait sufire au Japon. Il lui faut une colonie de peuplement. Il

Par ci par . la trouvera non pas dans la Chine surpeuplée, mais

Au Bois Hans la Sibérie vide, --- et cependant fertile. Cette terre noire, cultivée par le paysan japonais, fournira à l'Em

Mais où sont les printemps d'antan... et du Sentier bire insulaire les vivres dont il ne peut se passer. Elle

de la Vertu ?... Cependant ne trouvez-vous pas que cette

allée , deviendra, entre ses mains, une digue contre l'infiltration

des Acacias est vraiment exquise depuis qu'elle polcheviste et une barrière contre l'impérialisme russe,

n'est plus le mail de Paris ?

Exquise, en effet, puisqu'on s'y promène pour soi une garantie pour l'équilibre européen. Cette esquisse d'une politique orientale paraîtra auda

et non plus comme autrefois pour les autres.

Mais il ne faut point le dire trop haut, ou ce sera cieuse et peut-être rêverie française. Au monde transformé, sont nécessaires des solutions nouvelles. Il est

l'odieuse cohue et toutes ses conséquences mondaines. vraiment temps de cesser de vivre à l'aveuglette et de

Et plutôt que de goûter son frais ombrage, il nous faurecommencer à penser.

dra saluer de ci de là, et remarquer la toilette, le visage et le compagnon de nos amies et des amies de tout le

monde. Laissez celà à l'avenue du Bois, je vous prie. JACQUES BARDƆUX.

Voilà comme on parlait cette année de l'allée des Acacias. Mais nul ne tint de tels discours dimanche dernier. Quelle cohue, mes amis depuis l'allée des Acacias jusqu'au coin le plus retiré. Ah ! l'on avait bien oublié les assassinats du Bois de Boulogne !

Et tout le peuple de Paris se vautrait avec délices sur

une herbe sèche et poussiéreuse. A la fin de la journée, UELQUES esprits chagrins s'indignent de la place quand les voitures du Grand Prix commencèrent de que tient dans les journaux le prochain cham- refluer vers Paris, on se pencha pour les voir passer. Et pionnat du monde de boxe: Ils trouvent qu'on de temps en temps, l'on entendait crier : voilà le Présine devrait pas accorder à un combat sportif

dent. Cependant le Président ne paraissait pas ; et une telle importance. Ils se trompent.

comme on s'était laissé prendre plusieurs fois à des cris Au lendemain d'une guerre qui a épuisé notre race,

trompeurs, on ne bougeait plus. On ne bougea même il importe de l'améliorer physiquement. Or, il ne suffit

pas quand le Président arriva dans son landau, sans pas de faire des lois et de rendre l'éducation physique escorte, et saluant, saluant inlassablement les badauds u obligatoire » : il faut absolument rendre le sport popu

qui ne l'attendaient plus. laire et lui attirer la foule.

Comment faire ? Employer le moyen par lequel on répand les idées aussi bien que les marchandises

Chez ceux qui règnent. 4. qui est la grande force du monde moderne : la publicité. Croyez bien que celle que tous les journaux

Dans la galerie des Glaces, donnent à Carpentier fera plus pour vulgariser le goût Trois souverains, ou peu s'en faut, furent donc réuo la pratique des sports qu'une dizaine de lois et le nis l'autre jour à Versailles, pour goûter l'esprit de M. Louble de décrets.

Robert de Flers. D'ailleurs, la rencontre de samedi présente un autre Le roi d'Espagne venait d'Angleterre, et le prince indret : les 'Américains sont, chacun le sait, grands Hiro-Hito, comme on sait, avait commencé par le pays

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CE QU'ON DIT

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de Lloyd George son voyage d'étude. M. Robert de mation quelconque. Survint un homme presque élégant, Flers n'en rapporta pas moins ce trait du roi Louis XV mais au visage tourmenté, qui, apercevánt l'autre, s'avanà un courtisan revenu de Londres :

ça vers lui, avec un bizarre sourire très engageant, et Eh d'où venez-vous, monsieur ?

lui tendit la main. A quoi l'homme assis, levant les Je reviens d'Angleterre, sire.

yeux sans faire le moindre géste, répliqua d'une voix Qu'étiez-vous allé faire en Angleterre ?

calme : Y apprendre à penser, sire.

Je ne donne pas la main à quelqu'un qui m'a fichu A panser quoi, dit le roi, les chevaux ?

des gifles ! On rit. Le prince Hiro-Hito rit comme tout le monde. Et, là-desus, l'homme au sourire de s'en aller, sans, Alphonse XIII se contenta de sourire.

marquer le moindre étonnement.

Nous n'avons jamais pu, avouons-le, nous faire une

opinion sur ce qu'il fallait penser de ces personnages, M. Robert de Flers cita de tout dans sa causerie. Les pas plus de l'un que de l'autre... mots d'esprit voisinaient avec les calembours et les Mais tout ceci nous revient en mémoire en lisant l'excalembours avec les portraits piquants, tel celui-ci : traordinaire dialogue engagé maintenant entre M. Lloyd

« Il s'agissait d'une dame ayant un nez long, grand George et M. de Valéra. et recourbé sur des lèvres rouges. On disait d'elle : c'est un perroquet qui mange une cerise. »

Jusqu'au bout. Cette fois encore on rit, et le roi d'Espagne fit comme Par une soudaine résolution, bons sénateurs les autres.

avaient donc voulu consacrer eux-mêmes la conquête de l'air. Ils s'er volèrent vers Londres, et trouvèrent à l'am

bassade de France un bon dîner, où l'on ne manqua pas Mais quand M. de Flers eut achevé sa tirade contre

de chanter en de multiples toasts la sécurité parfaite et l'esprit germanique, tandis que toute l'assistance applau- la grande commodité des voyages aériens. . dissait, on ne manqua pas de remarquer que le souverain

Le colonel Saconney se préparait à chanter aussi tout espagnol restait impassible.

cela le lendemain matin, à la petite collation qui attenSans doute, son esprit, un instant absent, se portait-il

dait les voyageurs au Bourget. vers la reine, restée à Madrid...

Mais ils arrivèrent avec vingt-quatre heures de retard : une panne les avait forcés d'atterrir à Amiens ; et puis

la nuit les avait surpris à Breteuil. De la Galerie des Glaces on s'en fut vers le buffet.

C'est pourquoi le colonel Saconney changea son fusil L.'assistance, particulièrement choisie et élégante, d'épaule, et sans s'attarder sur les charmes de la navis'était jusque-là montrée digne et respectueuse.

gation aérienne, il loua le courage et la ténacité de MM.

les sénateurs... On s'était bien tenu pendant la conférence de M. de Flers, on ne se bousculait pas trop, les messieurs gardaient soigneusement leurs chapeaux à la main.

Chez ceux qui danseat. Mais, quand on fut passe dans les salons voisins, qu'on eut doublé le grand escalier de marbre et qu'on

De Malplaquet à l'avenue d'Iéna. fut en vue du buffet, le cortège changea d'aspect.

Marlborough vient de se marier ; il a épousé miss GlaLes hommes assujettirent immédiatement leurs cha- dys Deacon. Et Paris, qui pourrait en vouloir encore au peaux sur leur tête, et, la canne sous le bras, ils s'élan- vainqueur de Malplaquet, a fêté l'héritier de notre vieil cèrent vers les gâteaux et les friandises.

ennemi. Tant de générations ont chanté : Les femmes rivalisèrent de vitesse. Les premiers arri

Malbrouk s'en va-t-en guerre vés s'installèrent et se tassèrent, et opposèrent aux moins

Mironton, mironton, mirontaine agiles une digue in franchissable. Les assiégeants tentèrent vainement de s'y infiltrer.

que le nom de « Malbrouk » est devenu tout à fait Quelqu'un, dans l'espoir de la rompre, usa d'un strata- sympathique. gème, et cria :

Aussi, journaux et magazines nous ont conté les Voilà le Roi qui s'en va.

moindres détails des cérémonies. Nul ne bougea.

Cependant, ils ne nous ont pas dit que le mariage Une vieille dame, vêtue d'une robe de soie noire en

religieux, célébré avenue d'Iéna, par le révérend J.-T. gloutissait des gâteaux avec une telle rapidité, qu'il tom

Wright, pasteur de l'église presbytérienne d'Ecosse, a bait une multitude de miettes. Pour n'en rien perdre, rompu avec une tradition plus que séculaire et marqué elle les recueillait dans son mouchoir, les y happait en

un progrès bien fait pour réjouir ies féministes. suite, puis se précipitait vers la table pour y saisir une

Le prêtre a demandé à la jeune épouse si elle consennouvelle tranche de gateau, trouvant à peine le temps,

tait à prendre pour époux le duc de Marlborough, et si dans l'intervalle, de crier à sa fille :

elle lui jurait fidélité. Mais il a arrêté là ses questions. - Madeleine, prends donc du gâteau, voyons...

D'obéissance il n'a pas été question. Quand les verres furent vides, qu'il ne resta pas un

Sans doute s'est-on dit qu'exiger d'une fille de la seul petit four, le front se rompit enfin, les assiégés

libre Amérique un serment d'obéissance était vraiment n'ayant plus de vivres.

trop exiger. Et le vainqueur de Malplaquet, lui-même, à Et sur les marches de l'escalier royal, un vieillard ré

la place de son petit neveu, lassé de partir en guerre, se pétait, avec une mélancolie de courtisan disgracié :

contenterait du serment de fidélité. Je n'ai même pas pu avoir un verre de limonade.

Entre marionettes. Fantoches.

Impressions de Clianpigr.y. Nous sommes plusieurs à nous souvenir d'une scène

La Fédération Nationale du Spectacle qui suscita étrange qui se déroula, récemment, à la terrasse d'un plus d'une fois la grève des théâtres, s'est avisée d'en ca fé des boulevards.

diriger un... et d'abord aux champs. C'est en effet la Un consommateur, d'aspect assez bourru sous des

saison où les théâtres vont en villégiature, s'installent dehors obèses, était assis solitaire, devant une consom

sur des scènes de verdure et hantent des ruines plus ou

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mains antiques. Celui-ci ne va qu'en banlieue, à Cham- meté, de résolution, et qu'on leur montre les dents de pigny

bonne grâce ; et, au vrai, ils ne sont jamais plus à A ce théâtre antique de la Nature, la nature est craindre que lorsqu'on paraît les craindre. » charmante, si l'antiquité n'est que de carton. Ce carton Cette formule, qu'a citée M. Martineau en inaugurant d'ailleurs, ou plutôt ce mur de toile camouflant le pan son cours d'histoire coloniale au Collège de France, d'une villa, est parmi la verdure, d'un rouge-rose assez n'est-elle pas satisfaisante ? Elle n'est point de M. egyptien et peut paraître au soleil couchant tout à fait Briand, mais de Saint-Georges, l'un de nos chefs-d'esorange-Orange.

cadre et l'ami de, Dupleix, qui s'exprimait ainsi-dansSeulement le soleil ne décline qu'à la fin du jour, ce un mémoire à ļa Compagnie des Indes... l'on commence à jouer bien plus tôt. Les acteurs furent héroiques sous l'insolation. Les spectateurs le furent moins... sur des sièges qui suèrent leur peinture fraîche Les aventures d'une amirale russe. et zébrèrent robes et pantalons.

On a pu lire ici même, il y a huit jours, l'histoire de cette amirale russe qui, pour fuir le bolchevisme, avait

fait semblant d'épouser un Anglais, s'était fait conduire Le drame sembla fort apprécié par M. Jouhaux et par lui jusqu'à la Côte d'Azur, lui avait payé les cent par ses confrères. Ils furent surtout sensibles au feu des mille roubles convenus, et cherchait maintenant le moyen tragédiens. L'un d'eux disait :

de gagner sa vie. Ce moyen, elle l'a trouvé : et vous - Ils jouent avec tout leur enthousiasme socialiste. le comprendrez aisément quand vous verrez prochaineC'est admirable. On ne fait pas mieux à la Comédie- ment au cinéma les malheurs de l'amirale Makaroff. Français.

Pauvres misères humaines qui se vendent, comme les - La Mort de Patrocle, reprit un autre, mais c'est la monstruosités à la foire. mort du patron !

Il est vrai que l'amirale Makaroff s'est contentée de

donner le sujet du film et de se faire tourner pendant Aussi bien le spectacle était vraiment de bonne vo

cinq minutes. Passé le premier tableau, elle a fait malonté. Et n'est-ce point témoigner d'un injuste dédain quiller une étoile de film en amirale Makaroff. Ce qui de s'exprimer comme fit un ami de l'auteur ?

n'empêchera pas le public de s'apitoyer sur les aventures --- Fauchois a une belle ardeur de néophyte. Il nous

authentiques de l'héroïne qu'il verra. invite à faire avec lui ses humanités. Il oublie que nous les avons faites bien avant lui ! Mais n'avait-il pas justement à Champigny le public

Celles qu'012 oublie de consulter. populaire, sensible, noblement primaire, qui lui conve- Enfin la grève du charbon semble avoir pris fin. Et le nait ? Et c'est très bien ainsi !

gouvernement anglais n'est pas seul à s'en réjouir. mm

A Burnley, dans le pays noir, une femme de gréviste

se plaignait, il y a quelque temps, à un journaliste, lui Troyens et Troyennes.

rappelait que beaucoup de familles ne s'étaient pas enL'Opéra vient de monter les Troyens avec toutes les

core relevées du désastre de la dernière grève, et lui Tessources théâtrales dont disposent M. Rouché et ses

demandait qu'on ajoutât cet article à la loi qui reconnaît collaborateurs. On sait que Berlioz avait dû renoncer à

le droit de grève : « Les hommes ne pourront se mettre la réalisation complète de son ouvre parce que les pro

en grève qu'après un vote de leurs femmes ». cédés scéniques de son temps ne se prêtaient pas à la

Ce serait en effet simple et logique , et cela éviterait traduction visuelle de son rêve.

peut-être, à l'avenir, les désordres de cette année... L'histoire de Troie semble décidément se prêter à

win toutes les révolutions scéniques. Bien avant les Troyens, il y eut les Troyennes, tragédie de M. de Châteaubrun,

Les couleurs et les criminels. qui fut reprise à la Comédie Française en 1769. On Les Américains nous avaient déjà initiés à l'influence venait de supprimer les fameuses banquettes qui rétré- subtile des couleurs sur la digestion. cissaient la scène, incommodaient les comédiens et dé- Mais voici unieux: le professeur Kemp Prossor affirme truisaient l'illusion ; et l'on avait choisi cette tragédie, l

que l'usage rationnel des couleur's peut et doit dimioù il y a un grand nombre d'acteurs, pour mieux faire nuer la criminalité. Il faut surtout, dit-il, éviter dans sentir au public les avantages de la nouvelle disposition. les prisons la couleur grise, les criminels ayant habituelmun

lement vécu dans une ambiance grise. Epigramme.

Les enfants ayant une tendance au vol devront vivre

dans le rose. Sur le Sursaut, de M. Albert-Jean, au théâtre de

Les criminels violents devront vivre dans des cellules Pour nous peindre la pauvre vie

orange et jaune. De la province, le Sursaut

Pour guérir les cambrioleurs, les meilleures couleurs Sans nulle pitié nous ennuie

sont le violet et le noir éclairés de quelques points bleus. Trois actes durant : c'en est trop !

Toutes les cellules doivent avoir des plafonds d'azur. L'on ne se réveille en sursault

Les, criminels, conclut le savant professeur, sont des Qu'une fois la pièce finie.

détraqués. Si vous désirez les guérir, laissez pénétrer

dans leurs cellules le jaune du rayon de soleil et le vert minni

du printemps, les deux couleurs qui représentent la vie.

Un peu partout. L'idée est originale, mais le plus fort est que le Montrer les dents de bonne grâce.

Museum Médical de Washington a demandé à M. Kemp

Prossor un rapport très détaillé sur sa science nouvelle 5. J'ai appris à estimer beaucoup messieurs les An- et que de grandes expériences vont être faites dans les glais, mais non pas à les craindre. C'est je crois, celle prisons américaines. de toutes les nations de l'Europe à laquelle (si l'on a Heureux criminels

, qui, au lieu de recevoir le fouet la raison et le droit de son côté) il est plus aisé de faire et la bastonnade, vont se repaître les yeux de savantes entendre raison, lorsqu'on y emploie beaucoup de fer- harmonies !

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TOdéon :

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