L'Angleterre et l'Orient Kémal n'acceptera que parcimonieusement le secours cent fois offert, mais il est résolu à tenir les promesses Au deuxième congrès tenu par les soviets à Bakou en faites à ses dangereux alliés, voilà pourquoi il ne les août-septembre 1920, Lénine apportait à l'Islam une prodigue pas. formule assouplie aux nécessités du présent. Le com La Russie est un voisin difficile, l'Anglais un ennemi terrible ; la France, sollicitée d'intervenir, ne le fera munisane russe abdiquait devant l'Orient et ne lui parlait plus que de nationalisme. pas au moment voulu. Sa politique orientale reste inLe deuxième congrès de Bakou met en contact direct décise, soumise aux fluotuations de l'heure et sans au cune cohésion. les têtes des différents groupements asiatiques et afri- Telle sera la situation de 1920 à 1921. cains. Ils vont faire trêve à leurs querelles et s'unir dans De l'Egypte à l'Inde, de Coristantinople à Bombay, une même passion : la haine de l'Angleterre. Ils auront du bas Euphrate à la Perse, un même mot d'ordre : l'occasion d'échanger des idées et des griefs, d'esquis guerre à l'Angleterre hostile à toute liberté. er un plan d'action en commun. Tandis que les propagandes intéressées agitent Egypte, Turquie, Perse, Irak, Afghanistan, Inde fra- l'épouvantail du bolchevisme maître de l'Orient et le Fernisent avec les gens du Turkestan, de Bokhara, de de conduisant à l'assaut, voici en réalité ce qui se passe : Khivas. Le féodal kurdistan dit son mot. Toute l'Asie Extrait de l'Islamic News, du 27 janvier 1921 : entrale est-fidèle au rendez-vous. Le Caucase s'y ren- « Le grand Cheikh africain des Senoussis est venu ontre avec l'Arabie. Les soviets sont par tous tenus en saluer, à Eski-Chéir, le Ghazi Mustapha Kémal pacha. uspicion,l 'Islam se sert d'eux, mais n'oublie pas ses ancunes contre la Russie, l'ennemi séculaire Que celle-ci oit tsariste, mencheviste ou communiste, sa politique Tientale ne peut changer, et pas un musulman ne le met « Nous avons reçu un rapport concernant la visite de doute. La grande vedette du deuxième congrès de Sa Sainteté le chérif Saïd Ahmed, grand Cheikh des akou est le nationalisme turc et son chef Mustapha Senowssis, à Eski-Chéir . En nous souvenant des agisémal pacha, le vainqueur des Anglais . La diplomatie sements de Sa Sainteté en coopération avec le ghazi Les soviets tentera vainement de leur opposer un rival, Enver pacha afin de créer le noyau des forces combatnver pacha. Le bon sens turc a saisi le danger, il sou- tantes arabes pendant les durs jours de la guerre tripo iendra Kemal qui tint tête à l'Allemagne, qui vient à litaine en 1911-1912, nous croyons que la nouvelle de out de l'Angleterre. Si la nécessité d'une alliance avec son arrivée en Asie Mineure donnera une nouvelle ima Russie est admise (cc. celui qui se noie saisit ce qui pulsion d'enthousiasme aux Arabes de l'Asie Mineure ai tombe sous la main, serait-ce même la queue du ser- et du Hedjaz, et leur fera prendre plus complètement pent», dit le proverbe turc) l'alliance sera strictement parti pour la cause nationale turque.. Emrose, la Turquie sauvegardera son indépendance, « Le grand Cheikh a signalé son arivée en assistant Х ; Х la défaite des Grecs par les Turcs, et en envoyant un Nous nous obstinerons à ne pas vouloir comprendre long message d'approbation au ghazi Mustapha pacha pour quelle raison Kemal devra garder des troupes en au sujet de l'oeuvre politique et militaire poursuivie par Cilicie, au grand dommage de ses opérations sur le l'assemblée d'Angora. Sa Sainteté a transmis l'assu- front grec . Ces raisons sont cependant faciles à saisir rance au peuple turc engagé dans une lutte pour la vie par un simple examen de la situation d'ensemble. Au que le Seigneur tout-puissant n'a jamais abandonné point de vue turc, la question des vilayets orientaux ceux qui se battent, non pour des motifs égoïstes, mais prime toutes les autres. pour défendre leur existence. Leurs frères dans toutes En juillet 1921, Kemal, aux prises avec l'invasion la les parties du monde voient dans la conduite héroïque mieux outillée qui déferla jamais sur l'Anatolie, devient des nationalistes une revendication de la justice divine toujours plus intensément le champion de l'Islam. pour tous, sans distinction de puissance, de race et de Autour de lui, à Angora, se trouvent en permanence pays. Partout les Senoussis prient avec ardeur pour que des représentants des délégations asiatiques et africaile Dieu de la Victoire couronne et récompense les efforts nes. Il.confère avec eux. Le grand mouvement dans de l'armée turque. l'Inde devait commencer en octobre, on l'avancera d'un « Nous apprenons aussi qu'au début de ce mois, une mois pour dégager l'Anatolie. Ainsi, les munitions, les conférence pan-islamique s'est tenue à Sivas sous la canons, les renforts anglais devront prendre une autre présidence de El Saïd Ahmed, cheikh des Senoussis, qui route agissait en même temps en qualité de représentant turc. L'Afganistan grondera formidablement dès le Parmi les adhérents à la conférence étaient aussi pré- début ; l'armée afgane, en excellente forme, ne demande sents l'Emir Abdullah, frère de Feyçal, un émir de Ker- qu'à marcher sur l'Inde. Sultan Ahmed, chef de la délébela, et aussi un représentant de l'Iman Yehia, l'émir gation afghane à Angora, menace clairement l'Angle de Senaa du Yemen. terre d'attaquer à fond si elle s'obstine à vouloir détruire La conférence avait pour but la coordination des à fond la Turquie. efforts des communautés et Etats musulmans en vue de En Egypte, refus absolu de transiger sur l'indépencréer l'Union islamique. Il vaut d'être noté à ce sujet dance pure et simple. que le gouvernement de Stamboul est prêt à soumettre à En Irak, toute l'adresse du colonel Lawrence n'emPapprobation du sultan un projet pour transformer le pêche pas les chefs des tribus pensionnées par le Civil ministère de Ekafs (biens religieux) en un département Service d'opérer des rassemblements inquiétants. du Scheik ul Islamat: Un article de cette proposition Mustapha Kémal, au moment de quitter Angora pow prévoit la formation d'un conseil, dont l'une des fonc prendre la direction effective des opérations actuelle tions consistera à établir des statuts pour les commu ment en cours, termine ainsi sa proclamation qui sa nautés musulmanes, basés sur le modèle des communautés dresse en réalité à tout le monde musulman : chrétiennes existant depuis des siècles dans l'empire « A l'heure où je vous écris cette proclamation, co ottoman. » fiant en l'aide divine et en la justice de notre saints cause, je commence à exercer cette grande et redoutal Ainsi, l'émir Abdullah, frère et représentant de l'émir mission. La volonté décisive de l'Assemblée et del Feyçal, est venu à la conférence pan-islamique tenue à noble nation qu'elle représente nous servira de directie Sivas sous les auspices du grand Sheikh des Senoussis, Cette volonté décisive, qui ne peut être modifiée d'auet fera partie du comité pour l'Union islamique. cune manière, est celle d'anéantir à tout prix l'armée Tous les dithyrambes du roi Feyçal, lors de son ré- ennemie en l'étouffant au sein même de notre territoire ant couronnement, n'y changent rien. Bien avant d'être pour nous assurer une existence indépendante et déivrer le féal sujet de l'Angleterre, il est musulman, soumis à notre patrie de la plus sanglante des invasions. Toutes la loi coranique et aux associations secrètes de l'Islam. les mesures seront prises pour concentrer les forces Il est de plus croyant sincère et très fervent, d'esprit morales et matérielles de la nation afin de parvenir i subtil, d'une intelligence hors pair. Lui et son conseil- ce résultat. Aucune considération, aucune préoccupation ler intime, le général arabe Nouri-Said, d'une finesse et autre que celle de sauver notre patrie en danger ne d'un sens diplomatique à toute épreuve, sauront mancu- pourront nous arrêter et tout sera fait pour atteindre le vrer les maîtres apparents et obéir à qui vraiment com- but final, qui est l'anéantissement de notre misérable mande. Au jour dit, ils se trouveront à leur poste de ennemi. Que Dieu nous aide ! » combat. Il ne faut pas oublier que les villes saintes de Médine En avril dernier, le principal agent de la grande et de La Mecque ont refusé des suivre les directives intrigue britannique, Mustapha Saguir, musulman hin- d'Hussein, agent des Anglais, mais obéissent à un condou, se fait prendre à Angora. Il livre les fils conduc- seil émanant de tous les pays musulmans. Fayçal fait teurs qui manquaient encore. Cette fois le jeu anglais partie de ce conseil et les Anglais, à juste titre, est dévoilé. Comme riposte, l'Angleterre jette à nouveau fient même d'Hussein, qui se défend avec peine contre la Grèce sur l'Anatolie. 140 tanks anglais, des milliers l'action directe d'Angora. d'obus asphyxiants, des canons lourds en quantité, des Au Kurdistan, Angora vient à bout de l'intrigue autos blindées, de nombreuses escadrilles d'aviation, un anglaise, promet l'autonomie et reprend entièrement la matériel d'artillerie de campagne considérable appuieront l'assaut anglo-grec. L'invasion anéantit tout au En Anatolie, la levée en masse continue. A Angora, passage ; c'est bien une croisade contre le Croissant Sivas, Césarée, des fabriques de munitions fonctionnent, menée par l'église anglicane et l'église grecque ortho ainsi qu'à Erzeroum et Diarbékir. Des ingénieurs doxe les dirigent. L'Islam voudrait ne pas nous englober dans la contre- A la veille de la mauvaise saison, l'offensive anglooffensive. Il nous attaque sans conviction. En Anatolie , grecque s'essouffle contre l'obstacle. La partie fertile de les catholiques de toutes nationalités sont traités en l'Anatolie est ravagée, les populations musulmanes sont Français, nos prisonniers de guerre bénéficient d'un trai-décimées, mais Mustapha Kemal, le gouvernement natiotement spécial, même aux heures les plus difficiles. naliste, les grands chefs militaires, l'armée restent vi Cependant, en Syrie-Cilicie, les agents anglais, dirigés par le colonel Lawrence, maintiendront la plaie à Un nouveau congrès musulman va tenir ses assises vif entre les Turcs et nous. Chaque fois que la solution à Moscou. Les Soviets font un effort désespéré pour apparaîtra, une habile manoeuvre ranimera le conflit. garder les positions acquises au 2° congrès de Bakou. se de main. TUSSES vaces. 279 Ils multiplient les prévenances auprès d'Angora, centre A bas l'Angleterre, monsieur Briand, donc !... de tous les mouvements asiatiques, mais Angora main. M. Briand tourna la tête, sourit, continua d'avancer tient son indépendance et interrogea M. Bequet ; Que fait la France ? Incessamment poursuivie au Qu'a dit cette brave femme ? Levant par les agents de Curzon et de Lloyd George, Elle crie : « A bas l'Angleterre ! », monsieur le elle attend et ne comprend Président. viendra-t-elle à comprendre ses bien. Comment.par a M. Briand, haussant légèrement les épaules, fit, des pour toute information quelques bribes recueillies çà et mains un geste d'indifférence et, toujours souriant, rélà dans la presse. De temps à autre, une « Lettre pondit : d'Orient » toujours parfaitement documentée, une étude Ça n'a pas d'importance. Je n'ai pas entendu. de quelque grand journaliste français aux prises, là-bas, avec la vérité et cherchant à la répandre, sortent de mimin Constantinople, mais oes quelques lueurs se perdent La mort de M. Claveille. dans la masse des fausses nouvelles. Quand il apprit la mort de M. Claveille qui fit partie La propagande anglo-grecque donne encore le ton, de son ministère, M. Clemenceau s'écria : et par une répétition patiente de l'information tendancieuse fausse chez nous la précision du jugement. - Il va plus vite que moi ! Et l'on prétend que les trains n'avancent pas sur l'Ouest-Etat... Qui lit ici l'Echo de l’Islam, publication bi-hebdomadaire admirablement faite et remplie de documents mmm. vrais, imprimée à Paris et connue dans tout le monde Une recette électorale, islamique ? Qui cherche à comprendre ce prodigieux effort de On s'y connaît assez bien chez nous. Pourtant, jeunes l'Anatolie contre lequel s'effriteront toutes les tentatives aspirants de la politique, ne négligez pas les leçons de anglo-grecques ? nos voisins. En Afrique du Nord, en France, à Paris, nous ne M. Allen Upward fut un jour candidat aux élections manquons certes pas d'éminents spécialistes en questions municipales de Cardiff. , islamiques. Parlez-leur individuellement, tous reconnaî Son concurrent était un certain M. Bain, qui, de son tront la gravité du mouvement provoqué par l'incroyable métier, yendait de la bière : ce M. Bain était si popuimprudence anglaise. Le nationalisme d'il y a deux ans, laire qu'on n'avait encore trouvé personne à lui opposer. incessamment haroelé, traqué, prend la forme du Djihad. A peine avait-il confié à quelques amis son intention L'appel à la guerre sainte répond à l'absurde persé de se présenter, M. Allen Upward reçut la visite du pascution contre l'Islam ; l'agression anglaise, acharnée teur d'un église méthodiste qui lui dit : contre l'élément français au Levant, nous place tout J'apprends que vous voulez lutter contre M. Bain. naturellement dans le camp de ses adversaires et nou's J'en suis heureux car je représente la ligue antialcoolinous débattons en vain contre ce fait. que, et vous pouvez imaginer combien nos adhérents Constantinople vient de fêter la récente victoire étaient navrés à la pensée d'être représentés par un turque, c'est dire que la majorité musulmane trouve marchand de bière. Aussi, nuit et jour, au temple méthoencore le moyen de s'y manifester. Le sultan cherche diste, avons-nous prié pour qu'il ne soit pas élu, et que à sauver son trône et, suit les directives d'Angora, tout quelqu'un se présente contre lui. Voici, maintenant, ce en s'inclinant provisoirement devant les autorités britan que je vais vous proposer. Ce soir, je réunirai tous les niques. Stamboul et le Bosphore sont le domaine des fidèles de notre église. Nous prierons le ciel de nous agents secrets du nationalisme auquel le palais obéit. envoyer un candidat. A ce moment, vous entrerez dans Au jour dit, sur un ordre d'Angora, lorsque l'heure pro le temple, et vous annoncerez votre décision. pice sera venue, des manifestations populaires appuie La modestie, paraît-il, empêcha M. Allen Upward ront l'action de l'Anatolie. d'accepter. Tout ceci se déroule lentement, suivant une implacable logique ; les peuples d'Orient ne vivent pas comme Le Prince Charmant au' pays du Bolchevisme. nous, les yeux fixés sur un chronomètre. Ils possèdent la notion de la patience. Le ministre de l'Instruction publique de Russie vient Berthe-Georges GAULIS. de signer un décret dont M. Homais se réjouirait fort. Imitant cet instituteur qui, jadis, en France, fit supprimer le nom de Dieu des fables de La Fontaine, Lunatcharsky a décidé que, désormais, dans toute la Bolshevie, il ne devrait plus être question d'anges, de diables ou de démons. Ces personnages « imaginaires » devront être sévèrement exclus de toutes les his itoires ; et les contes de fées devront se passer de fées. Chez ceux qui règnent. Les « anges seront remplacés par des hommes de Anglophobie. science, des savants ou des techniciens, bienfaiteurs de Le Conseil municipal recevait, en grande pompe, les l'humanité ». Quant aux princes et princesses, ils sont légionnaires américains, à l'Hôtel de Ville. M. Aristide condamnés à paraître sous leur aspect véritable , c'est-àBriand, par sa présence, associait le gouvernement à dire comme « des oppresseurs et des despotes du peu ple ». Quelques instants avant la fin, il s'éclipsa en compa Que la vie doit être charmante au pays de Lénine!... gnie de M. Bequet, le vice-président du Conseil muni wiins cipal et de M. Aubanel, le secrétaire général de la Pré Entre marionnettes. fecture de la Seine. Comme ils traversaient, d'un pas rapide, la galerie La retraite de Néron. qui, du Salon des Arts, conduit au grand escalier, une M. de Max jouait jeudi dernier Néron dans Britanvieille dame se leva précipitamment, tendit vers le pré. nicus. Hanté chaque jour davantage par la crainte de sident un face-à-main doré qui pendait à une longue vieillir, il a déclaré qu'il rie tiendrait plus jamais ce chaine, et secouant furieusement ses cheveux blancs, rôle, et que Narcisse était désormais son personnage 3'écria, sur un ton mélodramatique : Alors, parmi les camarades, les uns louaient son héroi CE QU'ON DIT cette réception sesse... qua line que résolution, les autres flattaient son éternelle jeu- (Qu'importe son nom, vous lui en donnerez facilement un parmi vos amis et connaissances). Parmi ceux-ci, il y en eut un qui, pour le convaincre, Comment se porte-t-elle ? lui cita l'exemple de Baron. Elle se supporte... et elle y a du mérite. Cet illustre comédien, à lâge de quatre-vingts ans, Et, un peu plus tard, à propos de la même personne, jouait encore dans cette tragédie ; et ce n'était pas Nar- comme l'inévitable question de l'âge venait à se poser cisse qu'il faisait, ni même Néron, mais bien Britanni- quelqu'un dit : cus. Il est vrai que plusieurs spectateurs furent choqués Elle a déjà eu tant de peine à atteindre la de voir ce prince à peine sorti de l'enfance, représenté rantaine année que vous ne voudriez pas qu'elle la , par un septuagénaire. On se mit à rire ; et le spectacle quittât si vite dix ans après... à peine ! à fut interrompu. Alors Baron, sans se se déconcerter, ninin s'avança 'sur le bout de la scène, se croisa les bras, et, après avoir regardė fixement le parterre, s'écria, en pous Petit roman d'amour. sant un profond soupir : « Ingrat parterre que j'ai Un' roman qui s'engagea sous l'Empire vient d'avoir élevé ! » Les mécontents se turent, et Baron continua ces jours-ci son heureux dénouement. Le duc de la son rôle. Chatre a épousé Mme Digby Wentworth, veuve d'un Je ne suis point Baron, répondit M. de Max. officier anglais tué en France pendant la guerre. - Vous valez peut-être plus que lui. Les nouveaux mariés, qui sont tous deux âgés de Sur le chapitre de la fierté, certainement, conclut soixante-cinq ans, se connurent tout enfants à Paris , et le tragédien, car pour rien au monde je ne m'abaisserais se sentirent destinés l'un à l'autre. Mais il fit un long à quêter ainsi l'indulgence. voyage autour du monde ; et, comme il tardait à revenir, elle épousa le capitaine Wentworth. Le duc resta fidèle : il ne se maria pas. Mais, l'an derA quelque chose mulheur est bon. nier, il rencontra la veuve à Londres, et c'est ainsi qu'il Récemment le grand Théâtre de Marseille où l'on put réaliser un rêve qu'il croyait depuis longtemps une chimère. jouait l'opéra et l'opéra-comique, était la proie des flammes. Les Phocéens pleurèrent. Maintenant, les Phocéens se réjouissent : leur grande Au dancing scène ne sera plus la sixième, -- venant après Paris, Il fut de bon ton, cet été, dans les dancings de Vienne, Bordeaux, Lyon, Rouen et même Toulouse. Car, sur l'em- de se mettre à l'aise. placement du théâtre brûlé sera reconstruit un théâ. Dans un restaurant très fréquenté des jardins du Pratre contenant 2.288 places, soit 537 de plus que l'an- ter, un monsieur avait enlevé son veston, lorsque le procien, et qui aura scène tournante, un plafond priétaire vint l'aviser qu'il ne le servirait point tant quil lumineux et des défenses nouvelles contre l'incendie, n'aurait point corrigé sa tenue. Le monsieur protesta; les sans compter tout ce qu'il n'aura pas, mais que ces messieurs présents joignirent leurs protestations à ! bons Marseillais nous promettent déjà... sienne et, comme le propriétaire ne cédait pas, ils déd dèrent de se mettre tous en bras de chemise. Les dames aussi prirent toutes, sauf une, le parti du monsieur; si Dans le inonde. bien que l'agent, appelé par le patron du café pour La bourse vide. expulser le gêneur aux bras blancs, dut se retirer par crainte d'une émeute. C'était sur la ligne de Tours à Paris. Un jeune Et, ce jour-là, tout le monde, au restaurant, déjeuna homme très distingué et fort bien mis entre au wagon- en bras de chemise. restaurant. Il paraît intimidé, hésite longtemps avant de prendre place, et s'assied enfin devant une dame Au pays des Muses. respectable dont le sourire accueillant l'á encouragé. La conversation s'engage : le jeune homme raconte qu'il A propos de Massenet. revient du collège pour prendre ses vacances, qu'il espère Tout à coup, l'on a découvert les manuscrits de Masbien trouver à la gare l'autoinobile de ses parents, mais senet. Et plusieurs journaux ont publié que Mme Masque cependant il-n'en est pas sûr, et qu'il est très ennuyé senet venait de léguer ces reliques au Musée de l'Opéra... parce qu'il n'a plus un sou dans sa poche pour payer En vérité, il y avait plus de dix ans qu'ils étaient là son repas. Sur la bonne mine du convive, la dame se Mais l'on ne visite guère le Musée de l'Opéra, et l'on fait un plaisir de l'inviter ; le jeune homme se récuse, ne se préoccupe plus de Massenet. Les héritiers de ce fait quelques embarras, accepte enfin que le prix du nom glorieux n'ont pas dû s'étonner de cette inéprise ; déjeuner lui soit avancé. Au moment de quitter la table, ils savent que les jeunes bourgeois qui n'en sont pas il demande à la dame son nom et son adresse afin de encore à Darius Milhaud, abandonnent Manon pour pouvoir acquitter sa dette. La dame demande en Phiphi. échange avec qui elle a eu le plaisir de déjeuner. Le La petite ville de Liancourt, qui fut pendant la jeune homme rougit, s'excuse de ne point répondre : que guerre un des cantonnements de repos les plus hospitadira-t-on ?... qu'en penseront ses parents s'ils viennent liers, logea pendant l'hiver de 1916 un groupe du 142° à savoir ?... Elle insiste, et, voyant la carte, s'excuse de d'artillerie. Un soir, un conducteur qui revenait de la ne pas avoir traité avec tous les égards dus à son rang soupe, se mit à fredonner : « Manon voici le soleil... Il S. A. R. Mgr le duc de Nemours... : fut bien surpris de voir une persienne s'ouvrir, et une Ne racontez pas cette histoire ; le petit duc pourrait dame aimable lui faire signe de monter. La dame remêtre grondé. plit un petit verre d'eau-de-vie, le lui offrit, et lui donna ensuite un paquet de cigarettes. Il se demandait en vain Propos monlains. ce qui lui valait cette bonne fortune. La dame lui dit enfin sur le seuil de la porte : Au cours des conversations mondaines, passent, plus Vous aimez beaucoup cela, n'est-ce pas ? souvent qu'on ne croirait, des mots de qualité, qui méri- La « gniaule » ? demanda le poilu, je pense bien... teraient d'être recueillis. Ainsi, peut-être, de celui-ci : Non, reprit la dame, l'air que vous chantiez... J'ai rencontré cette excellente Madame... Ah !... c'est parce que je chantais ça ?... 1 La dame lui dit que oui, qu'elle était la fille de Mas. qui soulera tant de scandales sous l'ancien régime et senet , et qu'elle avait eu plaisir à entendre, au milieu de qui avait pour but de démontrer, sinon erga omnes, la guerre, cet écho d'une gloire passée... tout au moins devant un aréopage d'ecclésiastiques et Le conducteur s'en fut tout épanoui raconter à ses de gens de robe, que le mari avait tout ce qu'il fallait.camarades son aventure. pour faire un bon mari ?... Le lendemain soir, ce fut tout un chæup qui passa devant la fenêtre, en chantant par hasard le grand air Breiz atao : Bretagne toujours. magique. Mais en vain chantèrent-ils l'apparition du soleil, du A propos du singulier mouvement breton auquel printemps... et de la gniaule. La fenêtre ne s'ouvrit l'Opinion faisait allusion dans son dernier numéro, un point... de nos lecteurs nous raconte : << Voulez-vous un cas typique ? Chez nos alliés. « Pendant la guerre, officier d'infanterie, après un La voix du sang. congé de convalescence, on me renvoie au front et on m'affecte à un état-major de division. J'y arrive ; je me Un docteur américain, Albert Abrams, prétend avoir présente, suivant l'usage, à mes camarades. Et l'un trouvé un moyen infaillible de déterminer la paternité. d'eux, avec une espèce de provocante fierté, de se préSi l'on fait passer un courant électrique dans le sang senter à moi, à son tour, en ces termes : d'un enfant, le rythme, dit-il, sera presque indentique Capitaine X..., officier breton au service de la ment le même que le rythme du sang paternel. France ! Il y a des mères qui accueilleront cette découverte sans « N'est-ce pas joli ? » enthousiasme www wuuuu Coïncidence. Au Maroc. Le Dail irlandais s'est réuni dans la Salle Ronde, qui Jusqu'ici, les événements du Maroc espagnol n'ont fut construite tout exprès, il y a cent ans, pour recevoir guère eu de répercussion chez nous. George IV, roi d'Angleterre, lorsqu'il alla visiter Dublin. Depuis qu'il gouverne le Maroc. français, le maréCelui qu'on nomma le Premier gentleman d'Europe ne chal Lyautey a mené la conquête avec art et a su faire se doutait certes pas qu'un siècle après, sa place serait apprécier des Marocains les bienfaits de l'administraoccupée dans la même salle par le président d'une Répu- tion française. Le sultan est aujourd'hui notre meilblique irlandaise. leur ami. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Il fut un mps où Moulaï Hafid se montrait bien sévère à notre égard ; c'est de cette époque que date ce jugeOn demande un bon dormeur. ment qu'on peut relever dans ses œuvres, aujourd'hui Le Times publiait · récemment, parmi ses offres publiées en librairie : d'emploi, l'annonce suivante : « La sagesse de Dieu n'est-elle pas manifeste ? N'a t-il pas donné l'intelligence au chien lui-niênie ? On demande personne bien portante, capable de dor un peu moins il est vrai qu'à l'éléphant, mais tout de mir pendant le jour. Pas de travail. Essentiel, être bon uniême un peu plus qu'il n'en a donné à l'administradormeur, Bons gages. Références exigées. tion française. » Intrigué, un journaliste se présenta à la maison de mu tissus dont l'adresse suivait cette étrange annonce. Il y apprit que l'offre était sérieuse et nullement l'œuvre d'un Les nouveaux emplois de l'aviation. mauvais plaisant. Depuis que M. Durafour s'est posé sur le Dôme du On désire en effet trouver un amateur capable de dor- Goûter, il est sérieusement question de fonder une somir cinq ou six heures dans la journée, pour démontrer ciété d'aviation alpine, dont les escales seraient Zerqu'avec un seul vêtement fait d'un tissu de la maison, matt, Grindelwald et Pontresina, en Suisse, et Chamoil est impossible d'avoir froid. nix en France. Certains des pics les plus élevés des AlVoilà une situation facile. Aussi plus de deux cents pes possèdent, en effet, à une heure de marche de leur personnes des deux sexes se sont-elles déjà présentées, sommet, de larges plateaux de neige où plusieurs aéros'offrant à dormir aussi longtemps qu'on le leur deman- planes à la fois pourraient confortablement se poser. dera Un aéroplane, partant de Zermatt pourrait arriver en vingt minutes environ tout près du sommet du RimpUn peu partout. fischhorn. Ainsi, pour voir d'une hauteur de 4.000 mètres un La valeur n'attend pas le nombre des années ? coucher de soleil, les touristes pourraient quitter leurs On vient d'annoncer qu'une curieuse instance en hôtels au milieu de l'après-midi et retourner à la vallée avant la tombée de la nuit. divorce a été introduite auprès du Tribunal ecclésiastique du patriarcat æcuménique de Constantinople. Il s'agit fort probablement du plus jeune couple du monde, car les époux n'ont à eux deux que vingt-cinq Ce n'est pas le seul emploi nouveau des avions. Au récent congrès pour l'avancement des sciences, tenu à La bénédiction nuptiale leur avait été donnée il y a Rouen, un météorologiste distingué, M. Gabriel Guilenviron six mois, dans un bourg du Pont, par un prêtre bert, a prétendu que l'aviation permettrait de détermidu village. Il avait treize ans. Elle en avait douze. ner sur place la nature, le caractère, les propriétés des Il faut croire que l'épouse n'est pas satisfaite de différents nuages, le secret de leur formation et du celui qu'elle a choisi, puisqu'elle demande le divorce déclanchement de la pluie, et peut-être même de provopour incapacité maritale. quer cette pluie bienfaisante que l'on réclame à grands Faudra-t-il recourir à cette procédure du « congrès » cris pour la maudire aussi+44 qu'elle de présente... Х ans, |