pre PE hantaient, bien qu'il y résistât par convenance : il s'obligeait de se rappeler qu'il faisait un douloureux pèlerinage, il ne voulait pas être venu ici pour s'attendrır sur sa propre jeunesse et sur son passé. Après le repas, un officier, à qui le présenta André Jugon, les emmena où on s'était battu. Ils retournèrent à la première maison, construite au-dessous du niveau de la route, et Philippe se persuada qu'il reconnaissait très bien le jardin, qu'il y avait cueilli des fruits sur l'arbre, qu'il y avait fait la sieste. Il se persuada qu'à cette même place Rex avait dû mourir. On ne pouvait ni le lui affirmer ni le détromper. On n'en savait rien. Il en était sûr, et il aurait voulu en avoir le cœur serré. Il gardait le silence, mais il ne pouvait pas même se contraindre au recueillement. Il en était réduit à se chercher des excuses philosophiques. Jamais il ne s'était cru forcé d'aller dans les cimetières pour rendre aux morts le culte qui leur est dû. Pourquoi donc était-il venu ici, au lieu de rester enfermé chez lui là-bas où partout Rex était présent, dans la bibliothèque, dans les chambres, dans le jardin? Cependant l'officier, qui jouait en conscience son rôle de cicerone, ne leur faisait grâce d'aucun détail. Il les avait ramenés lentement, le long de la route, jusqu'à la ligne du chemin de fer. Il s'arrêta devant la gare, et l'on sentit qu'il désirait ensemble et qu'il doutait de les y faire entrer. Il leur demanda enfin, presque timidement, s'ils étaient curieux « de voir des Boches », s'ils n'avaient pas trop de répugnance à en voir. Des prisonniers? dit Philippe, étonné lui-même du son de sa voix, et de la répugnance qu'en effet, elle trahissait. Répugnance physique, peu digne d'un homme de sa qualité. Des prisonniers... si l'on veut, repartit l'officier. Des Demourants... Et il leur expliqua que, dans cette gare, les Allemands avaient installé une ambulance de fortune, qu'ils avaient, au moment de leur retraite précipitée, laissé tes derrière eux tout ce qui n'était pas transportable. Phislippe hésitait encore sur le seuil. Ce n'est pas la vue d'un ennemi qui lui était odieuse, mais le spectacle de la mort; et de cela il avait honte, devant ces hommes qui depuis plusieurs semaines en étaient si blasés qu'ils n'y prenaient plus garde. Il fit un effort sur lui-même, et il entra. Il vit une pauvre salle d'attente, de petite gare. Par terre, il y avait des tas de paille, aussi propres que possible; mais l'odeur était affreuse. Ce qui serrait le cœur, c'était surtout l'idée : l'idée de ces misérables qui n'avaient pas pu se traîner plus loin, que leurs camarades avaient abandonnés là, à la générosité du vainqueur. Ils n'étaient guère qu'une douzaine, avec ces figures jeunes qui semblent protester contre la mort; les uns dans le coma, les autres qui geignaient doucement. Ce qui frappa d'abord Philippe, ce fut, juste visà-vis de la porte, un vieillard; un vieillard prodigieusement vieux; à la renverse, immobile, les yeux entr'ouverts, comme s'il venait de passer. Qui est ce burgrave? dit André Jugon. L'officier qui les conduisait fit un geste d'ignorance. Le mot «burgrave » choqua Philippe comme une fausse note. Pourquoi? Il était singulièrement juste. On eût dit que Magnus, Hatto son fils et Gorlois, bâtard de Hatto, avaient emmené dans leur aventure, pour leur servir de fétiche, Job, l'aïeul, puis que, forcés de reculer, ils avaient laissé sur la route cet impedimentum. Mais ce souvenir était trop littéraire et irrita Philippe. Il n'aurait su dire pourquoi. Comment diable cet ancêtre at-il pu venir jusqu'ici? dit André Jugon. Sans doute avec un service de santé, dit l'officier. A son âge!. febvre. Quel âge lui donnes-tu donc? dit Philippe Le Tu n'as jamais vu agoniser un centenaire? Philippe ne répondit que d'un haussement d'épaule et demanda si l'inconnu était blessé. L'officier secoua la tête. Il meurt de fatigue et de vieillesse. Comme Tolstoï dans une gare, dit Philippe. Le hasard d'une association d'idées lui avait seul suggéré ces mots; mais il ne put les prononcer sans se rappeler le moujik d'Anna Karénine, et l'autre, celui qu'il avait vu de loin, qu'il avait cru reconnaître, sur le quai d'une autre gare, quand il avait traversé l'Allemagne à la veille de la guerre. L'idée ne pouvait pas ne pas lui venir que ce fût peut-être celui-ci; et il ne pouvait pas ne pas la repousser, avec cette colère des hommes d'aujourd'hui, qui haïssent le romanesque autant que le surnaturel. Comme si, en de pareilles tourmentes. quoi que ce soit pouvait être romanesque, et si elles n'avaient pas élargi à l'infini le champ du possible! Et il se hâtait, avec un zèle, une rage de positivisme, il se hâtait d'appeler à lui, de réunir, d'accumuler les preuves que ce centenaire mourant ne pouvait pas être... celui à qui il pensait. La preuve la plus décisive était qu'il ne reconnaissait aucun des traits d'Ashley Bell; mais le Bell qu'il se rappelait était celui d'il y a trente-cinq ans ; qui se ressemble à soi-même, de si loin ? Et est-ce que tous les vieillards ne se ressemblent pas, en attendant la définitive et prochaine identité ?... Non, mais celui-ci ressemblait effectivement à Tolstoï. A force de le regarder fixement, Philippe, ébloui, voyait une lueur, un halo, une auréole autour de cette tête d'apôtre à demi-fou. Les longs cheveux retombant sur les épaules, la barbe blanche en broussaille émettaient une lumière qui ne semblait pas naturelle. Ashley... Philippe n'avait aucun indice que ce fût lui. Cette hypothèse de son imagination surmenée n'offrait pas la moindre vraisemblance; mais sa raison, surmenée aussi, n'avait plus le courage de discuter, la force de démontrer: elle était à la merci des fantômes. Il aurait voulu au moins une preuve négative, une pièce officielle, une médaille, un livret, portant un autre nom... Soudain, sa fièvre tomba. Le spectacle de la mort, qui lui faisait horreur, avait cependant pour lui un attrait singulier; après une brève révolte, il subissait toujours la contagion de ce calme et de cette majestueuse sérénité; au chevet des mourants ou des morts, au seuil de la paix éternelle, il s'apaisait. Il osa enfin s'approcher de la litière où le centenaire était couché comme l'enfant Jésus dans sa crèche, pour naître à la mort. Mais il vit qu'un souffle encore puissant et régulier soulevait la poitrine. La chemise, comme jadis, était largement ouverte sur le col velu. Ce détail précisa l'hallucination, et Lefebvre faillit appeler à voix haute Ashley Bell en le nommant de son nom, comme le camerlingue appelle trois fois de son vrai nom le pape qui vient d'expirer. Il l'eût fait, s'il eût été seul. Il s'approcha encore plus près, feignant, pour ne se point trahir, une curiosité inhumaine. Il se pencha, et murmura, comme un secret que les autres ne devaient point entendre, mais qu'ils n'auraient pas compris : C'est beau, un champ de bataille ? C'est une grande misère et une grande saleté... J'annonce l'amour, mais je n'annonce pas la paix... Le véritable amour procède de la guerre; c'est l'amour des frères d'armes et des camarades, l'amour du bataillon sacré. Et encore plus bas, avec plus de mystère, si douce lui, j'ai tenu sa main dans la mienne pour lui faire prendre patience, et ainsi toute la nuit je l'ai veillé... Le vent léger du soir soufflait fraîchement, les ténèbres du champ de bataille s'étendaient autour de nous. Veille douloureuse, veille délicieuse dans la silencieuse nuit embaumée. Pas une larme, pas un mot. Veille de silence, d'amour et de mort... Philippe avait effleuré d'abord, puis touché plus hardiment, puis saisi la main du vieil homme. Il crut sentir que cette main, comme pour lui répondre, serrait la sienne. Et aussitôt, il ne voulut pas croire qu'elle l'eût serrée. Il murmura, malgré lui, machinalement, les derniers mots du poème : Veille pour vous, mon fils et mon soldat. LETTRES Feuillets de Les Académies en Nous aurons vraisemblablement novembre la réception de M. Joseph Bédier. Aussitôt après viendra la nomination du successeur de M. Jean Aicard. L'Académie veut retrouver quarante avant la fin de l'année. ses Huit candidats jusqu'à présent ont sollicité ses suffrages: M. Du Plessys Flandre Noblesse, Charles Grandmougin, Gustave Guiches, Abel Hermant, Camille Le Senne, Louis Madelin, Georges de Porto-Riche et André Rivoire. Cinq peuvent compter qu'on les « saluera » au premier tour. Un de ces cing, deux peut-être verront leurs voix passer, dès le deuxième tour, aux candidats les plus favorisés du premier tour, et il est à peu près hors de doute qu'au troisième tour la lutte ne sera plus qu'entre deux concurrents. On dit que ces deux concurrents seront MM. Hermant et Madelin. Quant au candidat de la dernière heure, à l' outsider », il n'y faut point compter cette fois. (( La Caisse autonome des écrivains et artistes M. Pierre Rameil, rapporteur à la Chambre du budget des Beaux-Arts, se livre actuellement à une enquête auprès de personnes qualifiées pour leur demander leur avis sur un projet dont il expose ainsi les grandes lignes : • Désormais les œuvres littéraires ou artistiques ne tomberaient plus dans le domaine public cinquante ans après la mort de l'auteur. Leur publication, représentation ou vente (pour les œuvres d'art) continueraient à être passible d'un droit dont le pourcentage resterait à ablir. • Le produit de ses droits servirait à Le figure de Rex se dressa devant lui, et il eut honte d'avoir pu, ici, penser à un autre mort que Rex. Il s'écarta brusquement, tourna la tête, inquiet, cherchant ce qu'il pourrait dire à Jugon et à l'officier s'ils avaient remarqué ses attitudes bizarres, surpris quelquesunes de ses paroles. Mais il les vit penchés tous deux sur des blessés allemands, qu'ils avaient l'air de soumettre à un interrogatoire. On ne s'occupait pas de lui. Alors, il traversa la salle d'un pas rapide et dit en passant à Jugon : Voudrais-tu avoir l'obligeance de demander la voiture ? Il est déjà très tard. A quelle heure serai-je de retour à Paris ? (A suivre.) la Semaine Les concours pour les trois prix que décerne la Société des Poètes français sont maintenant ouverts. Le prix de Rohan (500 fr.) est destiné à un poète inédit. Le prix Erlanger (500 fr.), est réservé à un poète ayant servi au front et auteur d'un conte inédit de 150 vers. Le prix Fouraignan qui se monte à 1.000 fr. doit être attribué à un volume de poésies « dans le goût français du XVIII° siècle D. Que voilà une étrange exigence ! On réclame ordinairement aux auteurs d'être originaux et non de se montrer adroits. pasticheurs ! Ce prix Fouraignan est un bien drôle de prix. Mis au courant de ce projet la famille de Laennec et les héritiers de quelquesuns de ses amis, s'empressèrent d'adresser au docteur Rouxeau des documents de toutes sortes concernant l'illustre médecin. Il réunit ainsi plus de 300 lettres, des vers et œuvres légère, des brochures politiques, des mémoires inconnus, sur des sujets de médecine et autres. En 1912, le docteur Rouxeau publia le tome premier de cette vie de Laennec sous ce titre « L'enfance et la jeunesse d'un grand homme: Laennec avant 1806. Le second volume qui termine l'œuvre vient de paraître Laennec après 1806 ». L'histoire de l'existence souvent dou ABEL HERMANT. loureuse de celui que le professeur Letulle appelle le maître des maîtres est ici racontée avec un soin minutieux, et une piété émouvante. Tout à fait abandonné par un père déplorable, il connut à Paris une misère atroce. Faute d'un habit, il dut retarder de se présenter à un examen. Il était sur le point, n'ayant plus de souliers, de garder la chambre quand pour gagner de quoi manger, il fit du journa lisme. Il avait vingt-deux ans. Son premier article, paru dans le Journal de médeci ne, de chirurgie et de pharmacie, obtint un succès énorme. Le livre du docteur Rouxeau, profes seur à l'école de médecine de Nantes, nous présente de l'inventeur de l'auscul tation médiate, une très belle figure. Laennec dont l'âme était supérieure y apparaît un peu comme une manière de saint moderne à qui rien ne manqua, ni la scuffrance physique et morale, ni les injures de la foule. Une enquête John O'London, l'hebdomadaire anglais bien connu a ouvert une intéres sante enquête auprès des éditeurs britanniques. Il leur a posé la simple question suivante : Quels sont les livres édités par vous depuis le commencement de ce siècle, que vous êtes le plus satisfait d'avoir publiés ? Parmi les réponses, parvenues en grand nombre, deux intéressent plus particulièrement la France. La première est celle de la Eveleigh Nash Company qui se félicite d'avoir donné au public, avec les Contes de mon pays natal de d'Annunzio, un livre de Georges Clemenceau : Les Sur prises de la vie. La seconde émane de la maison Stanley Paul. Elle a répondu en citant un ouvrage, un seul alors que les au tres éditeurs ont cité plusieurs titres. Stanley Paul se glorifie, sans hésitation › écrit-il, d'avoir édité les Mé moires complets du duc de Saint-Simon en six volumes illustrés. Cette traduction, due à M. Francis Arkwright, a été publiée pendant la ( guerre et fut un véritable succès financier, bien qu'elle ait coûté à l'éditeur 3.000 livres sterling, soit au taux normal du change, 75.000 francs. exz lus d Une vente littéraire On vient encore d'adjuger à Londres une curieuse collection de cheveux provenant de têtes célèbres. Elle avait été formée par le critique Leigh Hunt qui fut, on le sait, le centre d'un groupe littéraire illustre. Chaque boucle de cheveux était accompagnée d'une note, de la main de Leigh Hunt, indiquant le nom du propriétaire. Il y en avait provenant de Milton, de Swift, du docteur Johnson, de Wordsworth, de Lanel, des poètes Shelby, Keats et Cobridge, de Carlyle. L'une d'elles donnée par lord Byron à Leigh Hunt, était une mèche de Napoléon. Cette collection a réalisé le modeste total de 109 livres sterling (un peu plus de 6.000 francs). Le papier autrichien L'industrie du papier en Autriche est actuellement en plein développement. Elle vient de faire connaître le résultat de ses exportations en 1920. Celles-ci s'élèvent pour le papier, le carton et la qur pâte, à un total de plus de 91.000 tonnes métriques. Ce sont les pays des Balkans, l'Italie, la Hongrie et la PoloSgne qui absorbent la presque totalité de cette production. belle supe S En France, nous nous contentons de faire imprimer quelques livres à Vienne où le papier, au cours actuel de la couronne est à un prix dérisoire. m Le journal des Goncourt L'affaire du journal des Goncourt paraît depuis quelques jours entrer dans la voie des polémiques. M. Henry Céard vient d'être l'objet d'attaques assez vives et en somme étrangères au débat. Pourquoi fut-il ravé de la première liste des académiciens ? Pourquoi s'était-il fâché avec Edmond ? Et pourquoi avec M. Léon Hennique ? M. Céard se défend. Il publie des billets à lui adressés par le dernier des Goncourt peu de temps avant sa mort. D'innombrables potins circulent qui révèlent au grand public, que l'accord n'existe pas plus entre les Dix qu'entre les Quarante. Ce que l'on savait déjà depuis longtemps. Nous nous écartons ainsi et sans utilité du point initial, le seul important. Quand le journal pourra-t-il être communiqué au public suivant la volonté du testateur ? M. Céard qui en assure d'examen avec M. Couderc, conservateurs aux manuscrits estime que leur travail ne peut être terminé avant quatre mois. Le publiera-t-on aussitôt après ? M. J.-H. Rosny aîné lui prétend que l'édition ne tardera plus. Elle profitera de la plus belle publicité. histoire d'un saint dans la vie moderne. Ce roman, maintes fois annoncé va paraître enfin le 15 septembre, dans la Revue de France. Il sera publié en volume avant la fin de l'année. Le Maréchal Foch: La Bataille de Laon; une brochure. M. Abel Hermant : Le Suborneur. M. Henry Mustière: La Nouvelle Franciade ou Le Pou Bolchevik. M. Henri Duvernois : La Lune de fiel, un recueil de contes. Dans le prochain Cahier vert, en octobre, paraîtra Le Passage de l'Aisne, par Emile Clermont. M. Pierre Hamp termine un nouveau livre sur les Parfums. M. Jacques Boulenger la deuxième série de ses études de critique, intitulées: Mais l'art est difficile ! qui paraîtront à la fin de septembre. ... un nouveau Le centenaire de Dostoiewsky Encore centenaire. L'auteur de Crime et Châtiment est né à Moscou le 30 septembre 1821. La République des Soviets organisera-t-elle de grandes fêtes en son honneur ? Une manifestation aura-t-elle lieu à Paris en l'honneur de ce grand écrivain dont on doit admirer l'œuvre, mais qui laissa dans cette ville au cours du séjour qu'il y fit, un assez mauvais souvenir. Celuici ne fut pas effacé par les propos qu'il tint sur ses confrères français après son départ. Il semble bien qu'il les ait assez peu goûtés et compris. Pour le livre français Deux Hollandais, M. J. Van der Elst et Salverda de Grave annoncent la création d'une feuille qui aura pour titre Le livre français et qui servira favorablement nos intérêts intellectuels dans ce pays. Cette publication se propose en effet de donner dans chacun de ses numéros des renseignements très précis sur tous les ouvrages édités en France. Ceux-ci ne seront pas gardés par les rédacteurs des comptes rendus. Ils les remettront à une société fondée pour favoriser l'étude de la langue française. Les livres prendront place dans une bibliothèque mise à la disposition du public. La dureté des temps et l'âpreté des aubergistes aura peut-être une influence importante sur notre nouvelle jeune école des paysagistes. Ils manifestent comme une curiosité renaissante en faveur des sites frais et manière Ile de France. Je parle des jeunes qui sont encore dans une période où l'on compte; les autres ceux dont le succès a déjà produit de tangibles résultats, s'offrent le luxe, depuis longtemps attendu, de faire pèlerinage en Provence. Evidemment, ceux-là, du temps de leurs débuts dans le culte cezannien, rêvèrent d'aller voir la montagne de la Sainte-Marthe. De là tant de paysages provençaux dont nous ont comblé récemment Camoin, Marquet, Matisse, Mauguin et combien d'autres. Mais, une fois encore, voyages sont coûteux et les hôteliers rapaces. Le titre de Hadji revient fort cher. Aussi beaucoup de peintres sont allés tout simplement, comme au temps de leur père, à Pontoise ou bien à SeinePort. les Mais il est permis de découvrir plusieurs fois de suite l'Amérique. Depuis vingt ans que l'impressionnisme et ses sites favoris n'ont plus de mystère, depuis dix ans que la nouvelle pcinture l'attaque avec l'inéluctable injustice de toute école naissante, les jeunes peintres avaient négligé les fraîcheurs et les demi-tons de l'Ile de France : c'étaient les fiefs de Monet et de Sisley. Or, si l'impressionnisme à son déclin, si les maîtres de seconde zone genre Mauffra, « facilitèrent » déplorablement ces paysages au point d'en dégoûter deux générations, ceux-ci furent néanmoins les inspirateurs, d'un maître vers lequel va se retourner l'école actuelle au retour rot vray de ses rudes expériences: Daubigny. Lui seul, et bien mieux encore que Coj'entends le Corot de Ville-d'Aa vu clairement le double aspect de cette nature du Parisis. Elle est faite, c'est vrai, de fraîcheur, de refleis d'eau, de brumes douces, de lignes molles et tendres ; mais elle permet parfois qu'on aperçoive dans ses couchants des rousseurs profondes, des chaleurs soudaines et contenues. Les bords de l'Oise, les vues de la Seine en aval de Paris, bref la plupart des toiles que Daubigny signa depuis environ 1863, ont traduit avec l'intelligence du génie les impressions que donne cet aspect. Ce précurseur très conscient et très attaqué de l'impressionnisme, découvrait pour cette école une voie qu'elle n'a point suivie jusqu'au bout. Pissaro, jusqu'en 1885. Monet pendant sa période d'Argenteuil, ont pu l'avons ici soutenu bien des fois des œuvres aussi construites n'importe quel paysage idéal de Poussin. Mais je crois qu'il n'étoit dans le caractère d'aucun, parmi ceux-là, nous faire que de voir une boucle de la Stine comme Daubigny le voyait sur la fin de son âge. Ils ont mis dans leurs tableaux du vent, de l'eau, des nuées, un beau rêve murmurant et argenté. L'Ile de France montrait aussi de la grandeur; on s'en aperçoit à nouveau. Tout recommence. ROBERT REY. www Censure et Art Un G. Q. G. peut abriter de respectables compétences mais le fait d'y tenir la place de censeur ne confère pas la science parfaite. En 1917, lord Beaverbrook envoya en mission en France un artiste de talent, M. Kennington, comme peintre aux armées. Tous les travaux de l'artiste, avant de passer en Angleterre, devaient être soumis à la censure du G. Q. Q. Or on peut voir, parmi les œuvres de M. Eric Kennington, actuellement exposées à Londres à la Galerie Tate, un tableau sur lequel le censeur avait écrit au crayon bleu, et en plein sur le visage du personnage principal, les mots « Vu par le censeur A. N..... » Ce censeur ignorait sans doute que les tableaux sont faits pour être exposés. wwwww CE QU'ON LIT ΝΟΝ. La question de la nationalisation des mines en Angleterre, par Henri CREL'Angleterre, jadis grande puissance houillère, est maintenant menacée de n'avoir plus même ce qu'il lui faut de charbon pour ses besoins : ses mineurs ne rendent plus. Certains recommandent la nationalisation pour réduire le coût. M. Crenon pense qu'il y aurait lieu de remplacer les 1.452 exploitants entre les mains desquels sont les 3.300 entreprises minières, par un exploitant unique, mais ne souhaite pas que ce soit l'Etat. Pourquoi ? On le verra dans son étude qui a une portée générale. Toi, par Magdeleine MARX. Comment l'amour est contrarié par la vie matérielle, par les soucis de carrière et d'argent, et aussi par les illusions que se font sur lui les femmes comme est l'héroïne du livre qui croit en lui ainsi qu'en un dieu. Mme Magdeleine Marx est l'auteur de Femme, qui a eu du succès. Il y a dans son livre du lyrisme, de la chaleur, de la sincérité et des scènes fort vives. Lucien, par BINET-VALMER. Μ. Binet-Valmer donne une nouvelle édition de Lucien. Il a raison. C'est un roman important dans son œuvre, et l'un des meilleurs et plus vivants. Il a traité courageusement et délicatement un sujet qu'il était difficile de présenter. Le milieu où se passe l'action est peint avec vigueur. Le Cantique d'un Potager, par Claude KAMME. C'est un long, minutieux et poétique voyage d'une saison, que fait l'auteur non pas autour de sa chambre, mais autour de son potager. Le potager est aux landes, aux taillis ce que le chien est au loup, l'oie au cygne sauvage. Sa vie utilitaire et résignée a des élans que seul un auteur très amoureux de la nature pouvait deviner et traduire ainsi. cœur Un d'homme, par Jehanne D'ORLIAC. Dans un ménage uni, l'arrivée d'un enfant jette le trouble : le mari n'admet pas de partager avec le bébé l'amour de sa femme; il divorce, abandonnant purement et simplement la mère et l'enfant ; et il se remarie. Quinze ans passent. Sa fille, orpheline, revient. Mais, alors, renversement des choses, la seconde femme n'admet pas de partager l'amour de son mari avec la fille de celui-ci. Elle part à son tour. La fille part aussi; le triste individu reste seul. Quelles sont ces mœurs étranges ?... Y avait-il là, en tout cas, le sujet d'un roman ? On ne sait. Les personnages, au milieu de naïvetés qui font rougir, et d'innombrables fautes de français, restent de vagues fantoches, auxquels il est absolument impossible de s'intéres Que faites-vous de vos dix-huit ans, Mademoiselle ? M. Georges ARDANT vous engage, dans le Correspondant, à les mettre au service des écoles libres dont le recrutement professoral devient difficile, faute de ressources. Dans le même numéro, M. Maurice BRILLANT publie une charmante et intelligente chronique, digne du héros ingénieux de son dernier livre, Sylvain Briollet, où il traite de théâtre, et ensemble de musique religieuse, de danse et de la poésie de M. J.-L. Vaudoyer. La Revue des Deux Mondes continue les Suprêmes visions d'Orient, de M. Pierre LOTI et commence la Nuit blanche, de M. Henry Bordeaux. Elle publie une lettre du maréchal FOCH en réponse à l'étude de M. V. GIRAUD sur le Général de Castelnau, où le maréchal proteste que ce n'est nullement une attaque du 20° C. A. (qu'il commandait) qui a entraîné la retraite de l'armée Castelnau. Le général de Castelnau, interviewé à ce sujet par l'Echo de Paris du 31 août, déclare qu'il désire garder le silence et éviter toute polémique. Le même numéro contient une nouvelle partie de l'important ouvrage de Mme Marie-Louise PAILLERON sur François Buloz et ses amis. Cette fois, c'est Blaze de Bury qui fait le centre du tableau, fils de ce Castel Blaze 'dont Mme Pailleron nous avait naguère tracé un amusant portrait. Sa femme était une étonnante créature pleine d'activité et d'intrigue, qui fut mêlée à des combinaisons politiques obscures. Parmi leurs amis, on remarquera tout particulièrement le comte Alexis de Saint-Priest. Mme Pailleron nous cite quelques fragments de lettres de lui: ce sont des merveilles, et l'on voudrait les avoir tout entières. De toutes les parties de François Buloz et ses amis, celle-ci est certainement l'une des meilleures et des plus vivantes. La Revue de Paris publie, grâce à M. Gustave Simon, des inédits de Victor Hugo qui sont du plus vif intérêt. Ce sont des fragments, des notes critiques pris au jour le jour et où le poète notait ses sentiments sur la littérature. On verra comment la forme y emporte l'idée. Tous les jours, et à présent plus que jamais, on a besoin de renseignements concernant des lois, décrets et règlements officiels, des questions de droit usuel, d'assurances, de taxes, d'impôts, de loyer, de pensions, d'usages commerciaux et financiers de toutes sortes. Une excellente revue de documentation, Helios, chaque mois, publie sous une forme méthodique et sérieuse, tout ce qu'il est nécessaire de connaître pour se conformer aux lois et règlements en vigueur, dans la pratique des affaires aussi bien que dans la vie courante. LE 25 AOUT. - Les légionnaires américains, après une tournée triomphale dans le nord-est de la France, sont de retour à Paris. Fêtes à l'Hôtel de Ville et aux Invalides. Grèves importantes à Strasbourg, qui est privée d'électricité. Il semble bien qu'il s'agisse de menées allemandes. On apprend que le traité de paix est signé entre les Etats-Unis et l'Allemagne. - La rébellion contre les Anglais s'étend dans l'Inde. Les insurgés, les Moplahs, arborent tous le drapeau du sultan de Constantinople. LE 26 AOUT. - A Wiesbaden, im portants entretiens entre MM. Loucheur et Rathenau au sujet des réparations. Assassinat, à Griesbach, station thermale de la Forêt-Noire, de M. Erzberger : au cours d'une promenade avec le député Diez, il est abattu par 9 balles de revolver. M. Diez est blessé. Il s'agit évidemment d'un crime politique. Les deux assassins, dont on a le signalement, sont en fuite. L'émotion est considérable dans toute l'Allemagne. Londres: on publie officiellement la réponse de M. de Valera aux propositions anglaises : C'est un refus. Mais la note demande que les négociations continuent sur d'autres bases ». Les députés de l'Inde annoncent que la situation est grave sur la côte de Malabar. Un croiseur, le Comus, a été envoyé à Calicut. A LE 27 AOUT. L'accord s'est fait entre MM. Loucheur et Rathenau sur les modes de payement de l'Allemagne en matériel et matières premières. Paris, grande revue de la Police parisienne passée à l'occasion de la remise à celle-ci d'un drapeau offert par la Légion américaine. Les légionnaires sont ensuite reçus à Rambouillet par M. Millerand. Le soir, banquet d'adieu. Les grèves de Strasbourg sont terminées. Cérémo LE 28 AOUT (Dimanche). nies patriotiques et cérémonies sportives dans diverses villes de France. Ouverture, à Paris du concours Lépine. En Allemagne, toutes manifestations nationalistes et socialistes avaient été interdites, à la suite de l'assassinat de Erzberger. Des démonstrations ont ev lieu néanmoins, violentes et même sanglantes, à Potsdam. Le chancelier Wirth a fait un grand discours dans lequel il invite au calme. - Nouvelles toujours contradictoires du front gréco-turc. Il se confirme pourtant que l'aile droite 5 Lettres de remerciements de | berger a divisé l'Allemagne en deux Maures. Feyçal à Georges V. mouvement s'étend. Aux Indes, le LE 30 AOUT. La commission des finances de la Chambre adresse à M. Briand un questionnaire « sur certaines stipulations des accords financiers interalliés du 13 août ». M. Lloyd Geor ge a invité de nouveau M. de Valera à venir conférer; l'Irlande n'a pas encore donné sa réponse. Mort, à Paris, du clown Footit. Sports: L'aviateur Poiré gagne la Coupe Michelin, tour de France: Il a parcouru 2.906 kil. en 37 heures 23 m., avec les étapes réglementaires. André Boillot est gravement blessé, au cours d'un essai, au meeting automobile de Spa. LE 31 AOUT. Le mouvement de reprise s'est encore accentué et il est à remarquer que le comptant bénéficie d'un courant S suivi d'achats qui ne rencontrent pas toujours la contrepartie suffisante, la reprise ayant eu pour conséquence de faire annuler de nombreux ordres de ventes qui - encombraient jusqu'à présent les carnets. Les achats du comptant s'expliquent fort bien par P'absence de grande opération financière, car, tandis que le total des émissions atteignait 24 milliards pour le premier semestre de l'année en cours, les mois de juillet set d'août n'ont vu que des opérations insignifiantes. Le capitaliste commence à remployer ses disponibilités qui, soit dit en passant, sont considérables, et pour cela se porte sur les valeurs qui avaient été injustement dépréciées. 000 cle Hen Le marché des changes demeure ferme, mais n'accuse que des variations insignifiantes. Les Rentes Françaises sont toujours aussi négligées, Les Bons du Trésor franchissent le pair et s'inscrivent à 500,50. Le compartiment de nos grandes Banques est en faveur et les demandes très nombreuses portent plus particulièrement sur les Banques d'affaires. Parmi les valeurs industrielles, on remarque l'excellente tenue des valeurs de produits chimiques et après it Saint-Gobain, la Kuhlmann est recherchée. Les valeurs de navigation sont très fermes et il en est de même des valeurs de Transports en commun et des valeurs d'Electricité. Les valeurs de sucre restent faibles et la Say est affectée par le bruit, du reste prématuré, du maintien du dividende à son taux antérieur. Au Marché en banque, les pétrolifères ne parviennent pas à se relever et de nouveaux bruits de venue d'eau salée pèsent sur le Mexican Eagle. La De Beers et les Mines Sud-Africaines accentuent leur avance sur des demandes suivies de Londres. Les valeurs de caoutchouc, après avoir esquissé une légère reprise redeviennent faibles, la situation du marché de la matière première étant toujours mauvaise. Les valeurs russes sont négligées. J. DESPRÉAUX. L'assassinat de Erz Chapal Peugeot tous camps qui semblent prêts maintenant à se combattre publiquement. Tandis que se déroulaient les funérailles de l'ancien ministre, à Biebrach, une importante manifestation républicaine, comprenant plus de 200.000 personnes, avait lieu à Berlin, tandis qu'à la même heure aussi, à Potsdam le parti monarchiste les princes de Hohenzollern, fils et petits-fils du kaiser, en tête plissait une grande parade militaire avec hymnes et discours agressifs. - La situation se complique au Maroc : Les Espagnols évacuent tous leurs postes avancés proches des frontières françaises. -Sports: Mort de l'aviateur Roget. Le démenti grec au communiqué turc est arrivé: Les Grecs annoncent une grande victoire. Maritime Commerciale de France.... Doriot-Flandrin Margarine Béthune..... Zinc de Silésie. accom ... Le Nickel.... Carrières de l'Ouest....... Révillon frères.... 510 + 47 Les dettes d'avant-guerre de l'Autriche M. Guillaume Rosenberg, directeur général de la Banque Austro-Hongroise, arrive à Paris où il doit régler définitivement la question des dettes d'avant-guerre de l'Autriche et conclure les accord's nécessaires à cet effet. (On sait que les grandes banques autrichiennes ont fait des propositions uniformes d'accords amiables, conformément à la convention du 3 août 1920, pour le règlement de leurs dettes d'avant-guerre en couronnes vis-à-vis de leurs créanciers français.) |