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traduisait Fonck dans des articles de l'Echo de Paris cune commande postérieure à l'armistice n'est encore quand il parlait de l'impossibilité de discriminer un venue rajeunir la réserve de guerre, de sorte que tous avion militaire d'un avion civil camouflé, M. de Kerillis ces appareils ont tous deux à trois ans d'existence. écrivait aussi dans le même journal : « Nous ne croyons De plus, cette réserve a été abritée successivement pas à l'efficacité durable d'une législation dans l'in- dans des hangars de fin de guerre, hangars provi connu qui voudrait imposer aux appareils d'aviation soires généralement très insuffisants pour assurer une des caractéristiques définies de puissance, de dimension bonne et une longue conservation à des appareils très ou de rendement. »

délicats et périssables qui, jusqu'à ce jour, avaient été Les exigences formulées à notre ennemi, il faut les toujours utilisés, et très rapidement, dès leur sortie faire appliquer. Qui sera chargé de ce soin ? Une com- d'usine. mission de contrôle. Mais cette commission de contrôle La conclusion est simple : il faut au plus vite consn'existe pas d'après les clauses aériennes du dernier truire des hangars parfaitement aménagés, du genre ultimatum. Existera-t-elle un jour ? Nous le souhaitons. de ceux que les Allemands avaient déjà su construire

à la fin de la guerre. Nous devons dire que la construc

tion est en cours. Notre aviation militaire a donc fait Quelle est donc la situation actuelle ?

de son mieux, avec les faibles crédits dont elle a dis- ;

posé après l'armistice. Grâce à nos autres commissions de contrôle, nous pouvons suivre de très près les constructions nouvelles des Allemands, pénétrer le secret de leurs études, con- Peut-on dire que le budget de notre aviation milinaitre leurs plans, deviner leurs tendances. Nous savons taire est trop élevé lorsque en 1921 il s'élève à environ que les Allemands pensent à la revanche, qu'ils voient 160 millions pour un budget total de la guerre de 5 mil

5 la forme supérieure de la guerre future dans la guerre

liards? N'est-on pas autorisé à prétendre que ce aérienne, qu'ils croient pouvoir être et qu'ils veulent budget ne correspond pas à la prétention de vouloir être les plus forts dans les airs grâce à la supériorité être la première puissance aérienne, surtout quand de leur technique aéronautique et à leurs formidables on sait que le total des crédits à notre aviation ressources industrielles.

militaire, maritime, civile et coloniale s'élève en 1921 Dès lors, quelle solution s'impose à la France ?

à 400 millions pendant qu'en Angleterre le total se L'aviation devra être la première couverture et la pre

monte à un milliard ? mière avant-garde de l'armée ou plutôt de la nation

Il est vrai que l'aviation militaire est chère et qu'elle française.

n'est pas productive. C'est exact. L'armée ne produit

pas, elle ne produit éventuellement que deux choses : Ce n'est pas seulement au début, mais avant même la victoire ou la défaite; la liberté d'un peuple ou son la mobilisation que la France doit avoir une aviation

asservissement : Iéna ou Sedan, la paix de 1871 ou de guerre toute prête à entrer en campagne, c'est-à-dire celle de 1918. une aviation formée d'unités cohérentes, bien encadrées,

Il serait sans doute bien plus séduisant d'avoir sous o bien outillées, parfaitement entraînées dès le temps de la forme d'une aviation civile productrice une aviation paix.

prête en même temps et immédiatement à assurer la Nous pensons cela parce que les enseignements de défense nationale. Malheureusement, cela n'est pas réala dernière guerre nous l'ont démontré. Nous pensons lisable; l'aviation commerciale peut être un renfort de cela en songeant à ce que devrait être pour nous une notre aviation militaire du temps de paix, mais elle autre guerre ; ce qu'il faut aujourd'hui à la France,

ne peut en tenir lieu. L'aviation civile est productive c'est une armée capable d'agir avec une extrême rapi- parce qu'elle est un moyen de transport et qu'elle prodité, d'aller briser dans l'oeuf, même au loin

page notre influence à l'étranger. Mais l'Etat paie acBavière

, en Prusse, en s Silésie, les préparatifs d'attaque tuellement les 2/3 des frais d'exploitation de nos allemands, capable ainsi de liquider rapidement l'af- compagnies de navigation, soit en prenant en outre à faire et à éviter au gros de la nation les horreurs de

sa charge l'organisation et le fonctionnement du réseau guerre ; il faut donc avant tout à la France une des communications et des liaisons (ports aériens, batrès forte aviation dès le temps de paix.

lisage, prévision du temps, etc.). En fait. l'Etat franpensons cela pour cette autre raison encore

çais n'encourage pas seulement l'aviation civile, il la que si l'armée nous - permet d'agir sur terre et notre fait vivre artificiellement. Il fait bien plus que l'Etat marine sur mer, l'aviation nous permettrait éventuelle anglais, américain ou allemand qui ne subventionne ment d'agir en liaison avec l'une ou avec l'autre, soit par terre, soit par mer, ce qui peut être pour nous 'un

pas ou presque pas les compagnies aériennes. jour un immense avantage.

Ce qui importe le plus pour notre influence à l'étranEst-il vrai alors de dire qu'une importante réserve

ger en matière aéronautique, c'est de donner le premier

rang dans le monde à notre industrie aéronautique. guerre est inutile et que les avions de cette réserve seront inutilisables immédiatement à la mobilisation ?

Or, puisque l'aviation civile commercialement ne rap

porte rien, elle ne peut suffire à elle seule à assurer un Est-elle inutile ? L'expérience nous a appris qu'il farge développement à notre industrie aéronautique. faut quatre mois pour fabriquer une cellule et neuf mois pour un moteur, que, d'autre part, après trois

Au contraire, nous pouvons faire progresser celle-ci mois de service de guerre au maximum, un avion est

si nous consacrons au développement de notre aviation usé.

nationale militaire, maritime et même commerciale, une N'avoir pas une importante réserve de guerre, ce

importante partie des ressources financières que la serait donc non seulement s'interdire l'utilisation des

France est obligée de sacrifier pour assurer la défense. aviateurs de complément, ce serait aussi d'accepter productifs :

Ces sacrifices financiers ne seront pas entièrement imfroidement de n'avoir plus d'aviation au bout de

productifs : conserver le premier rang dans la cons

truction aéronautique, cela signifie que de nombreux . -Etats alliés ou amis de la France, voisins

de l'Allemales avions de cette réserve seraient utilisables immédiatement ? Voici la vérité.

gne, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la uniquement d'appareils dont la fabrication avait été déjà commencée au moment de l'armistice et dont on

en

de

.

guerre et que nos maisons de construction pourront être

Enquêtes

Les phénomènes auxquels je fais allusion là, et qui

sont ceux que j'appelle de métapsychique objective Les morts vivent-ils? (1) vous les connaissez, et vous devez les avoir déjà décrits

.

Vous voulez maintenant savoir ce que j'en pense, moi? Enquête sur l'état présent

Ceci simplement : des sciences psychiques

Premièrement : L'intelligence humaine a des procédés

de connaissance que nous ne connaissons pas. C'est donc M. le professeur Charles Richet, ainsi que

Secondement : Une telle connaissance a une tenje l'ai annoncé la semaine dernière, que nous allons

dance invincible à se rattacher à une personnalité; et entendre aujourd'hui.

elle en choisit une, généralement, parmi celle d'êtres Ici encore, un portrait serait, je pense, superflu : la

disparus.

Voilà tout. physionomie du docteur Richet est trop connue pour

Ce n'est pas grand'chose, direz-vous ? Mais c'est là que je m'essaye à la décrire après tant d'autres... tout ce que nous avons le droit d'affirmer. Car, notez-le,

nous sommes ici en présence du dilemme suivant : Ou M. LE PROFESSEUR CHARLES RICHET nous connaissons toutes les forces de la nature, ou nous L'illustre professeur, ayant posé sa pipe, parla ainsi :

les ignorons. La première de ces hypothèses est ab

surde : il faut donc se rallier à la seconde. Je commence par vous déclarer catégoriquement ceci : Je ne crois pas un mot du spiritisme!

Il y a quelques points, mon cher maître, sur lesLa phrase a été prononcée de la façon la plus nette,

quels je désirerais avoir plus spécialement vos lumièet avec une certaine vigueur.

res. D'abord, quel rôle attribuez-vous, dans ce domaine

de la métapsychique objective, aux animaux inférieurs, On remarquera, je pense, quelle est l'importance d'une telle parole dans la bouche d'un homme comme le pro

un chien, un chat, par exemple? Autrement dit, vous fesseur Richet; et il est possible qu'elle fasse quelque

obtenez des actions sans contact et des matérialisations bruit dans ces milieux spirites qui citent toujours le

avec un médium homme : ce phénomène; l'a-t-on essayé nom du professeur Richet, vous en accablent, et, comme

avec des animaux? je le disais l'autre jour, le brandissent comme un dra

Je n'en sais rien; mais cela n'a encore aucun inté

rêt. Les animaux ont donné, comme les hommes, le peau. Le professeur Richet a-t-il été spirite? J'avoue que

spectacle de phénomènes psychiques. Il sera très dif

ficile, dans l'état actuel de notre outillage scientifique, je n'ai pas osé lui poser cette question. Il me semble que

d'étudier expérimentalement les animaux. s'il l'a été et s'il ne l'est plus, c'est encore plus significatif!... Mais écoutons la suite :

Mais, en présence de cas comme ceux des chevaux Non, me dit avec calme le professeur : je ne crois

d'Elberfeld (1), ne peut-on pas se demander s'il n'y a à aucun phénomène spirite. Par contre, je crois à la plu

pas là, du moins, des phénomènes de communication part des phénomènes psychiques.

mento-mentale entre l'animal et son maître ? Ici, il faut distinguer.

Je ne crois pas. L'intelligence des animaux peut Je prépare actuellement, tout justement, un Traité de

leur faire accomplir certaines actions assez complexes métapsychique, qui sera conçu et exécuté absolument

telles que celles qu'accomplissaient justement ces checomme les autres traités scientifiques, comme un traité

vaux allemands. Ils avaient l'intelligence moyenne d'un de botanique, de chimie

, de mécanique. Or, j'établirai enfant et s'en servaient, comme de bons écoliers, pour tout d'abord une division entre deux domaines que je apprendre un peu d'arithmétique. Je ne vois pas là de juge fort différents : d'une part celui de la métapsy

nouveau mystère... chique subjective, de l'autre celui de la métapsychique Dois-je dire ici toute ma pensée ? Il m'a paru que objective.

ma question avait un peu embarrassé M. le professeur Dans la « métapsychique subjective », je classe tout Richet. Selon lui, les chevaux d'Elberfeld auraient fait un ordre de faits

et ce sont les plus nombreux les opérations? C'était l'opinion, je crois, de leur prodans l'observation courante qui sont des faits pure-priétaire. Mais il semble aujourd'hui plutôt admis ment intellectuels : clairvoyance, lucidité, lecture de si j'en juge d'après les récentes études du Dr William pensée, prémonitions, télépathie , etc. : tout se passe Mackenzie, de MM. Duchatel et Hachet-Souplet - que

, dans l'esprit de l'homme. Vous comprenez, n'est-ce pas, les chevaux Muhamed et Zarif, comme le chien Rolf, ce que je veux dire ? Un médium vous déclare : « Vous

comme la chienne Lola, autres animaux calculateurs, avez dans votre poche droite une lettre datée du 17, qui étaient

étaient ou sont des « médiums ». Ce point de détail a été écrite, dans un jardin, par une jeune fille brune, n'étant pas, au surplus, très important, je passe à ma ayant un grain de beauté sur la joue gauche, etc. » Pre- seconde question. nez cela comme base et étendez-le autant que vous vou- C'est celle, mon cher maître, des « prémonitions ». lez. — Les phénomènes de cette catégorie représentent, C'est là, en effet, une catégorie de phénomènes (au point selon moi, 99 olo des faits observés.

de vue de l'établissement des faits) d'une importance A côté de cela, il y a ce que j'appelle la « métapsy- capitale

. Qu'il s'agisse, ou non, d'esprits, le problème chique objective »>. Son domaine c'est, si l'on veut tout de leur authenticité se pose d'abord; car celle-ci peut dire en un mot, l'action sans contact. J'insiste sur le avoir, pratiquement, de grosses conséquences ! terme : sans contact; j'élimine, par conséquent, le pro

N'ayez aucun doute, monsieur, les prémonitions cessus ordinaire des soi-disant tables tournantes des existent. Je serai même, ici, beaucoup plus affirmatif gens du monde, dans lequel les mains touchent la ta

parce qu'il se trouve que, si ces faits sont les plus étranble, et qui comporte, presque toujours, une action mus

ges parmi ceux dont nous parlons, ce sont aussi ceux culaire , consciente ou non, des opérateurs . Ces phéno- qui, selon moi, sont le mieux prouvés. Lisez

, si vous ne mènes, d'action sans contact, dites-le bien, sont rares.

l'avez fait, l'ouvrage de Bozzano, Des phénomènes préIl y a de nombreuses fraudes ; car il faut, pour les cas authentiques, de vrais grands médiums : or, si l'on veut (1) On a déjà parlé ici des chevaux d'Elberfeld. Je rapcompter et citer de vrais grands médiums, je ne crois pelle qu'à Elberfeld (Prusse), avant la guerre, M. Krall pospas qu'on arrive, mêine en prenant ceux qui sont morts,

sédait deux chevaux arabes, Muhamed et Zarif, qui, en se à un total d'une douzaine. Présentement, s'il y en a

servant de coups frappés avec les sabots, suivant un alpha

bet conventionnel, faisaient des calculs compliqués, jusqu'à trois ou quatre, c'est tout.

extraire des racines, répondaient au langage humain parlé et

maitre.

entretenaient de véritables conversation's avec leur (1) Voir l'Opinion des 6, 13, 20 et 27 août.

(Voyez L'Hôte inconnu, de Maurice Maeterlinck, p. 171-282.}

:

Aucun

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monitoires, dans lequel tous ces faits ont été recueillis, vement : Il me semble que si la prévision était possivous en trouverez qui constituent des preuves. Person- ble, nous en aurions des preuves éclatantes, indiscunellement, j'ai été le témoin de phénomènes de ce genre; tables. (Pour qu'il y ait science, il faut qu'il y ait je les ai rapportés par écrit, à plusieurs reprises. En preuve). Qu'un medium nous dise donc tout simplevoici un que j'ai raconté récemment dans une confé

ment quel temps il fera dans huit jours, quel cheval rence : Un jour de novembre 1913, je vois arriver ici gagnera demain à Auteuil. Plus simplement encore : le docteur Tardieu, excellent médecin, qui me fait le une roue numérotée qui tourne, dites nous, quelrécit suivant : « En 1869, me promenant au Luxem- ques secondes avant qu'elle s'arrête, sur quel numéro bourg avec un de mes camarades, Sonrel, je vois tout elle s'arrêtera

medium n'est capabe de à coup celui-ci transporté, comme en extase, et qui me

cela. (1) dit : C'est singulier, tu as un uniforme militaire, tu Mais allons-nous nous lancer ici car il faudrait comptes de l'argent dans un képi; te voilà en chemin élargir le débat

élargir le débat — dans l'étude du formidable problème, de fer, où vas-tu?... C'est à Sedan. Dieu! quelle hor- dans lequel les notions de « déterminisme », de reur, c'est effrayant! quel massacre !... Mais moi aussi, << prescience divine » et de « libre arbitre » se battent et je suis en uniforme, je meurs en trois jours, et tu restes se corbattent depuis des siècles ? Evoquer la magie, la pour protéger mes enfants!... Attends! Quarante ans

sorcellerie, l'astrologie, la cabale, la chiromancie, l'oniencore... Que de sang versé! Quel massacre... Mais romancie, la cartomancie, le satanisme ?... La philosophie voilà la France jusqu'au Rhin, Cologne, Coblence !... O nous enseigne et ces questions sont actuellement à France

, tu es la plus grande et tous les peuples t'admi- | l'ordre du jour (2) - que le temps n'existe pas. Soit. rent! - Or, la première partie de cette prédiction s'est Mais autre chose serait une démonstration expérimentale accomplie dans ses moindres détails. Je suis venu vous de cette vérité : Ce serait épouvantable! Maurice Maetrouver parce que voici le moment où la seconde par- terlinck a écrit sur ce sujet, dans L'Hôte inconnu, queltie doit se réaliser. » Je vous répète que le docteur ques pages admirables et grandioses, auxquelles je serais Tardieu me dit ces paroles en 1913. N'est-il pas vrai bien incapable de rien ajouter. qu'il y a là une prédiction authentique qui doit nous

donner à réfléchir sur la possibilité pour l'esprit huo main de prévoir les événements quarante ans à

Je viens d'écrire le nom de M. Maurice Maeterlinck. Il til l'avance ? Mais nous voilà brusquement, maître, en présence de l'auteur de L'Oiseau bleu. Il a lui-même, en effet,

ne m'avait pas paru opportun de solliciter ici l'opinion d'une conclusion effrayante ! Car c'est, ni plus ni

dans plusieurs livres, La Mort, L'Hôte inconnu, Les Et moins, la question de la réalité du temps qui serait

Sentiers dans la Montagne, exposé ses préoccupations, tranchée expérimentalement, et dans le sens le plus

ses idées, les résultats, le plus souvent négatifs. de ses noir !

études. - Ayons le courage de ne pas refuser de reconnaî

Mais voici que vient de paraître devant le public un tre les faits. Je n'explique rien. Notre observation n'est

« film » à conclusions nettement spirites. Les Morts Espai qu'à ses débuts. Mais, pour moi, je crois fermement à

parlent, de M. Marodon, qui prétend - toujours la la possibilité de la prévision.

même tactique

s'appuyer, pour sa thèse, sur L'Hôte Heureusement, je m'empresse de l'ajouter, la con

inconnu, dont le texte méme, découpé adroitement, sert, clusion de M. le professeur Richet n'est pas sans sou

en partie, à « authentifier » les fantasmagories. lever des objections qui ont leur prix. D'abord, la Très étonné par ce spectacle — et je ne suis pas le

seul — j'ai écrit immédiatement au grand poète pour « prédiction » rapportée par lui-même paraîtra, je pense, à beaucoup, n'avoir aucun espèce de valeur de lui demander si cette bande avait été faite avec son contrôle. Et, par ailleurs, de preuve vraie, on

n'en approbation et si, par conséquent, il devait être consitrouve pas . C'est le docteur Maxwell qui l'a écrit.

déré maintenant comme ayant pris parti pour l'interpré

tation spirite. Je n'ai pas vu le docteur Maxwell à ce sujet : c'était

Voici sa réponse : Paris, un publié récemment, dans la Revue de

il a

article remarquable, nullement spirite d'ailleurs, dans lequel il dit :

Mon cher Heuzé, Au sujet de la prophétie : « Je ne connais pas de fait

Je n'avais jamais entendu parler de ce film. C'est vous de prophétie proprement dite qui soit établi d'une ma

dire que j'y suis absolument étranger.

Quant au spiritisme, mon attitude est toujours « expecQuant à la prémonition : Elle est « la perception des antécédents et de leur conséquence nécessaire. Les cas quez la mort : vous faites tous les gestes nécessaires pour les moins discutables rentrent dans cette catégorie, qui éviter vingt voitures. Or 1° : vous avez fait ces gestes sans se rattache à la télépathie. »

les vouloir ; c'est votre subliminal qui les a voulus ; 2° : si J'ai lu le livre de Bozzano : j'avoue qu'aucun fait l'on vous dit : « Avez-vous vu cette bizarre voiture jaune, ébranlé. Beaucoup d'« histoires », encore ; mais

etc. ? », vous vous entêterez à répondre non, et cependant seule qui puisse emporter la conviction ; et

vous l'avez vue, puisque vous l'avez évitée, et son image est je me permets de rester de l'avis du docteur Maxwell :

donc gravée pour jamais dans votre subliminal ; et cette

image pourra tout à coup, dans dix ans, s'offrir à votre que les faits signalés sont du domaine du sublimi

conscierice. Cette mémoire cachée est la cryptomnésie, l'enEt j'ajoute, pour mon propre compte, tout naï

semble de l'étude de la psychologie du subconscient étant

nommé cryptopsychie. (0) Je crois devoir rappeler de nouveau ce qu'est le subli- (1) Pendant la guerre, aucun médium n'a jamais annoncé minal. C'est le domaine de cette faculté, que possède l'indi- la date du 11 novembre 1918. Récemment, aucun médium, vidu, d'emmagasiner et de conserver une foule de notions,

consulté à ce sujet, n'a été capable de prédire, un quart voire même de forces actives, qui demeurent latentes, tra- d'heure auparavant, la défaite de Carpentier. vaillent à notre insa au fond de nous-mêmes et peuvent en- (2) Je m'applique, dans la mesure où je le puis, à être au yahir cependant, sous une influence quelconque, le champ de courant de ce que l'on découvre, ou croit découvrir, dans ce subconscience. On s'endort, las d'avoir cherché vainement la en termes vulgaires, le domaine de la domaine. Mais il ne faut pas oublier que, par exemple, les

nière certaine. »

tra

tête

tante » (1). Vous le verrez, du reste, dans mon dernier livre, des spirites. Il serait très facile de le démontrer et Le Granit Secret, qui paraîtra, je pense, dans une quinzaine c'est ce que je compte essayer bientôt. de jours et que j'aurai le plaisir de vous envoyer.

J'ai justement sous les yeux un des derniers de ces Bien vôtre

MAETERLINCK.

ouvrages de propagande, la Réalité spirite. Et, en to

de l'introduction, parmi les noms ordinaires toujours Le Grand Secret a paru depuis (2). Il y apparaît, en

? | fepris avec la même obstination (entre autres William effet, que M. Maurice Maeterlinck est toujours dans

Crookes, Myers, Flammarion, Richet, Maxwell, Ochora l'attente des arguments ou des expériences qui le con

witz, Geley, etc.), je vois celui de Mme Curie ! [p. 17].

Cette fois, l'audace est grande. Et c'est pourquoi je vaincraient.

suis allé tout droit, un beau matin, à PInstitut du Il y a quelques jours à peine, le 25 août, j'ai rencontré M. Maurice Maeterlinck sur

le boulevard et j'ai Radium, interroger celle qu'on a appelée « un des plus eu avec lui, sur ces matières, un long entretien d'ordre

grands et des plus puissants savants de France ». tout à fait privé. Je puis dire que l'auteur du Grand

Ce n'est pas sans émotion, je l'avoue, que j'ai pénétré

, Secret est loin du spiritisme contrairement à ce que

en importun, dans le cabinet de travail particulier de paraît penser M. René Sudre dans le n° 6 de la Revue

cette femme illustre, de qui les découvertes constituent, métapsychique; – il tendrait plutôt à suivre, même sur

aux yeux de l'univers, un magnifique titre de gloire le terrain philosophique, les observations et les aperçus

pour notre pays. Et quand, après avoir traversé le labodans le genre de ceux du docteur Geley.

ratoire où, dans le silence, si modestement, si simple ment, si pauvrement, Mme Curie étudie sans répit la

mystérieuse matière, je me suis incliné devant ces cheIV

veux blancs, ce visage fier et tourmenté, je n'ai pu tout Alors, me dira-t-on, vous allez prendre tous les noms d'abord que balbutier quelques excuses. de ceux qui passent pour les grands appuis du spiri

J'ai parlé plus haut — le lecteur s'en souviendra peuttisme et vous appliquer à démontrer qu'ils ne sont pas

être des yeux du docteur Geley. Mais que dire de ce spirites du tout?

ce regard clair, aigu, net et profond de Mme Curie, Il est possible que je me laisse emporter ici - je regard où passe comme une espèce de volonté de cerm'en rends compte par le sentiment de déception

titude je ne sais si je me fais comprendre — regard profonde que j'ai éprouvé à mesure que mes observa- qu'on sent qui ne peut pas se tromper, parce qu'il ne tions s'avançaient. Mais c'est que je remarque, aussi,

veut voir qu'avec le contrôle absolu de la raison. que, au bout du compte, le seul grand argument des

- Je voudrais, madame, ai-je dit timidement, vous spirites qui ne peuvent apporter aucune preuve irréfu- interroger sur le spiritisme et les sciences psychiques.. table à l'appui de leur croyance, c'est que « des sa

Oh ! mais je ne connais absolument rien à tout vants parmi les plus éminents, après avoir étudié lon

cela ! guement ces questions », sont de leur avis.

Mme Curie a souri ; et, tout de suite, me voilà un En février dernier, j'assistais à une controverse pu

peu moins piteux : car je sens que je n'aurai pas fait, blique sur le spiritisme. Il y avait là des spirites, ou probablement, une démarche inutile. néo-spirites, ou spiritistes notoires. Or, — si l'on excepte

Je ne me suis jamais occupée de ces questions

, quelques thèmes enfantins, comme celui-ci (développé

monsieur ; et, par conséquent, je ne puis avoir aucune par un sectaire fort bavard, qui se croit orateur) : « La opinion susceptible de vous intéresser. preuve que les esprits des morts existent, c'est que - Vous avez cependant assisté à des phénomènes moi, toutes les nuits, je vois, en rêve, mon frère mort ! », de métapsychique ? si l'on excepte, dis-je, quelques histoires de ce genre, - C'est exact... Ou, du moins, cela peut être ; je n'en le grand argument a été : quand des hommes comme sais rien. J'ai assisté, oui, à pas mal de séances ; j'ai William Crookes, Charles Richet, Camille Flammarion, vu souvent des manifestations qui pouvaient parfaiMaeterlinck, de Rochas, Maxwell, etc. partagent nos tement être celles de forces psychiques, telles que tables croyances, qu'oserez-vous objecter ? (3).

soulevées, etc. ; mais ce fut toujours comme simple On pourrait, certes, répondre d'abord que c'est là spectatrice. J'ai rencontré, c'est vrai, dans ces réunions, un argument de valeur absolument nulle, attendu qu'on Eusapia Paladino et l'ai vue se prêter à des expéa vu, à toutes les époques de l'histoire, des hommes de riences qui m'ont intéressée sur le moment ; mais, encore génie se compromettre pour des erreurs. Mais il y a une fois, j'étais là comme n'importe quel autre specune réplique autrement péremptoire : c'est que les tateur. J'aurais pu, sans doute, me mettre ensuite à hommes nommés ici, et toujours nommés d'ailleurs dans étudier ces phénomènes et j'aurais alors pu, peut-être

, les ouvrages de propagande spirite, ne sont nullement qui sait, me faire une opinion, puisque plusieurs de

ceux qui les étudient ont une opinion. Mais il aurait (1) Les guillemets sont mis par M. Maeterlinck. (2) C'est un magnifique et émouvant chef-d'ouvre dont un

fallu d'abord que je rendisse ces faits scientifiques

. de nos collaborateurs parlera bientôt ici même.

Un fait n'est scientifique que lorsqu'on peut le suivre (3) Ça a été l'unique argument de M. Albin Valabrègue,

lui ou d'autres de même nature entre autres. Le spirituel M. Valabrègue, qui est si amusant toire, le provoquer à volonté et à coup sûr. Je n'avais quand il s'agit de son art, n'est plus amusant du tout, qu'il pas le temps de me lancer dans cette étude. mé laisse le lui dire, quand il s'agit de sa religion. Il vient Vous n'avez donc aucune opinion personnelle

, de m'écrire une longue lettre, dont je citerai seulement ce madame, quant à la valeur de ces phénomènes ? S'ils passage : "... Ce qu'on ne voit pas, ce qu'il faut montrer, souligner,

sont, par exemple, des manifestations d'individualités clamer, c'est que le spiritisme, en triomphant – et ce triom

survivant aux corps qu'elles ont quittés ?

Aucune opinion de ce genre.. phe est prochain ! apportera à l'humanité, veuve de foi et d'espérance, l'éblouissante certitude de l'immortalité... Le

S'ils sont, au contraire, le produit des facultés spiritisme est partout dans l'Evangile ; à une époque où l'on

du médium ? nie le surnaturel, il vient nier la négation et il apporte la

Aucune opinion de ce genre. preuve... Rappelez-vous les méfiances, les injures, les calom.

Lorsqu'on nous dit

, par exemple

, que la matière nies qui ont accueilli le christianisme naissant : le spiritisme se dégage du corps du médium en état de transe et

eul peut prouver que le Christ est toujours vivant, toujours agissant, et j'ajoute que l'heure de son Avènement va son

que cette matière, prenant une forme et s'organisant

, ner, malgré l'opinion contraire ! »

donne réellement un corps d'homme, ayant sa vie proAllons, voyons, cher confrère, racontez-nous plutôt

pre, son coeur qui bat, ses poumons qui respirent, son quelques histoires drôles.

dans un labora

mon

sang qui circule...

un

:

Je m'arrête un instant sous le regard perçant de ciel bleu si beau, (

-nos douces vesprées ; n'ont pas nos Mme Curie.)....

nuits claires, nos étoiles d'or; n'ont pas notre bon caur est-ce qu'il est possible que la matière...

et notre belle mine. Mais Mme Curie m'arrête avec un nouveau sourire : Donc, dans ce village, un musée. Ne croyez pas qu'il

Qui peut donc savoir ce que c'est que la matière ? Est-ce que je sais, moi, ce que c'est que la matière ?... (1) musée n'appartient pas d'ailleurs au village, il est pro

s'en enorgueillisse : nous ne sommes pas à Tarascon. Le - Alors, une dernière question, madame. Sans avoir

priété privée. Sur le musée de Vanne-en-Bresse, dont jamais arrêté votre pensée sur cet objet, ne seriez-vous

Georges Courteline se fit naguère l'historiographe ému, pas amenée à admettre qu'il y a quelque rapport entre celui-ci présente cette double supériorité de ne posséles phénomènes de radio-activité, qui sont si glorieu

der ni chandeliers Louis XIII, ni conservateur. Entensement votre domaine, et les bizarres phénomènes d'éma- dez que tous les objets qu'il expose sont anciens et nation de 1

forces des corps des animaux ?
Je ne crois pas. Faites bien attention que je ne

authentiques, et que le propriétaire se soucie moins de

contempler ses collections que de les accroître : voici réponds pas par un non ; et ne me faites pas dire ce non brutal. Je dis : je ne crois pas qu'il y ait un rap

tantôt trente ans qu'il y travaille. Ce propriétaire,

homme dont je m'honore d'être l'ami, M. Leroy, le port quelconque entre ces deux ordres de phénomènes.

menuisier du village, à bien voulu me conter au prix En somme, pour nous résumer, madame, votre

de quels efforts il est parvenu à constituer ce petit réponse cest que, bien qu'ayant assisté à des phéno musée préhistorique et gallo-romain qu'envieraient mènes incontestables...

bien des sous-préfectures, et dont un grand nombre de Pardon, ne me faites pas méme dire cela. J'ai vu des tables se soulever : s'il y a là des faits incontes

pièces ne seraient pas déplacées au musée de Saint

Germain. tables, je n'en sais rien.

Il y a trente ans, M. Leroy ne songeait guère à faire Les spirites continueront-ils à inscrire le nom de

de l'archéologie. Seulement il s'amusait dans ses courMme Curie au fronton de leur temple ?

ses à travers la montagne à chercher et à ramasser des Très probablement oui.

coquillages fossiles, des ammonites, des
,

bellennites

assez communis dans la région que recouvrit la mer ; (A suivre.)

PAUL HEUZÉ.

il s'était de la sorte constitué une petite collection dont il n'a gardé aujourd'hui que les pièces les plus curieu

ses, notamment de très belles empreintes de poissons, matit Visites et promenades

A l'occasion, il récoitait bien aussi des silex taillés, de

ces haches, dites « pierres de tonnerre », parce que la Le musée au village

légende veut que, posées sur le toit des maisons, elles

les préservent de la foudre, mais accessoirement, sans D'abord figurez-vous le village : couronnant le mame- attacher grande importance à leur découverte. post lon, ondulation molle de la montagne brûlée qui le Qu'ant, à la suite de circonstances qu'il serait superflu domine, un tas de tuiles sèches flambant sous le soleil...

de narrer, les ouvrages de Mortillet et de John Evan Test Solitude et silence : à peine çà et là, lorsque souffle tombèrent en sa possession : leur lecture fut pour lui 52 la brise ardente et saine, embaumée de lavande et de une révélation. Il apprit d'abord ce qu'étaient ces

thym, le bourdonnement d'un essaim de mouches et, silex dont la forme spéciale avait sollicité sa curioene

vers le soir, quand tinte l'Angelus, le trot sec des che- sité, il apprit à les reconnaître, à les dater, à les clasvaux allant à l'abreuvoir. Un tout petit village en vé- ser, bref s'assimila tout seul les éléments de la science rité — 300 habitants peut-être – mais pittoresque à préhistorique. Cela ne se fit pas en un jour : c'est en

: souhait derrière le portail des Moures (les Maures? le prenant sur son temps de travail et ses heures de repos Teurs ?) premiè

seul vestige de ses anciennes fortifications, que M. Leroy fit son instruction technique. Ses paquet rouillé de maisons basses, tassées en ruelles res lectures en entraînèrent d'autres que vinrent prati

et grimpantes où à midi, lorsque crissent les quement compléter des recherches méthodiquement or

les dalles éblouissantes poudroient sous le ciel | ganisées. indigo de l'Alpe provençale. Un petit village à la Dau- M. Leroy avait fait un disciple, M. Col, le facteurdet de cette terre incomparable, dont Aubanel tant or- receveur, son voisin. Tous deux se mirent en campagne gueilleusement célébra les splendeurs :

et explorèrent scientifiquement la région.

En 1906, ils consignaient les résultats de leurs traLis autris encountrado

vaux en un mémoire qu'ils présentaient à la section N'an pas noste soulèu,

d'archéologie du Comité des Travaux historiques et Noste ce blu tat bè, Nosti douci vesprado ;

scientifiques, en même temps qu'avec un plan des gise

ments, ils lui communiquaient des échantillons de leurs N'an pas nosti nine claro,

trouvailles et notamment des fragments de squelettes Nostis-estello d'or ;

humains. Le chiffre total des objets recueillis par eux N'an pas noste bon cor E nosto bello caro !

s'élevait alors à 2.089 sur une superficie totale de 766 Les autres contrées

hectares. notre soleil,

M. Salomon Reinach, rapporteur désigné par le Co

mité, après avoir étudié leurs découvertes, estimait que (1) Je répéterai ici ce que je disais tout à l'heure que je les débris humains, malgré leur état de mutilation, poum'applique à être au courant de ce qui se dit à ce sujet. Mais j'ajouterai, dans ma modeste compétence, que je crains bien

vaient présenter quelque intérêt pour le Muséum ou la

silex que remplacer le concept de matière par celui d'énergie ne Société d'Anthropologie, et que les outils de soit jouer avec des mots. Mme Curie nous donne ici, à ce étaient de beaux spécimens, dignes de figurer au Musée

une belle leçon de modestie. En tout cas, le des Antiquités nationales. matérialisme, si l'on va bien au fond des théories nouvelles Une chose l'avait frappé : c'était le mélange insolite de l'énergétique, de la désagrégation de la matière et des de specimens chelléens, moustériens et solutréens avec

[« L'énergie est la seule réalité » (Ostwald); ci Clest de l'énergie intra-atomique libérée pendant la disso

de nombreux instruments néolithiques. Il avait conclu à ciation de la matière que résultent la plupart des forces de

cigale

n'ont pas

notre

point de vue C

électrons.