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Redacteur en chef :: JACQUES BOULENGER,
RÉDACTION. · Les manuscrits doivent être adressés à M. le Rédacteur

en chef. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. L'Opinion

ne publie que de l'inédit. PUBLICITÉ. - Pour la publicité, s'adresser à l'office d'Editions et de

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avec eux au jeu de l'empereur, en attendant le moment Erzberger

de les renverser tous et de jouer le sien propre.

Ce L'assassinat de M. Mathias Erzberger ou, pour mieux

qu'il eut conquis la majorité du Reichstag, il se mit à

1 Programme lui réussit de point en point. Des dire, son exécution, n'a étonné que ceux qui ne savent

trayailler

pour la paix et renversa successivement rien de l'Allemagne. Ne soyons donc pas surpris s'il a

MM. de Bethmann-Hollweg et Michaëlis, le comte Czerétonné tant de monde en France.

nin et jusqu'aux empereurs eux-mêmes. Il fut une sorte D'autres le rattachent, non moins à tort, aux meurtres de Monk allemand. d'énergumènes, condamnés par la majorité des Alle

:: La chute de M. de Bethmann-Hollweg nous montre mands et exécutés par des patriotes, uniquement sou- Erzberger dans toute son habileté et sa toute-puissance cieux d'éviter à leur pays les malheurs de la Russie.

Prié par le chancelier de l'empire, en 1917, d'aller à Rosa Luxembourg et Kurt Eissner, pour ne citer que

Stockholm pour y traiter d'un armistice avec les Russes, ceux-là, étaient Russes et balcheviks, tandis qu'Erzber

il s'acquitta si bien de cette mission qu'il revint bientôt ger, lui, était un Allemand et un politique. Sa mort est

à Berlin rendre compte que tout était prêt. Ce rapide l'ouvre d'un parti.

succès déconcerta M. de Bethmann qui n'était pas encore La politique extérieure fut toujours la passion domi- prêt à l'esquiver. Fantoche du grand état-major, nante d'Erzberger : il se croyait universel

. Saisissant n'avait envoyé Erzberger à Stockholm que pour tromper

la majorité pacifique du Reichstag dont il était le chef admirablement toutes les situations, il: voyait, do te

coup, tout le parti à en tirer, se formait un plan sur les bonnes intentions du haut commandement, mais et mettait à le réaliser toute son énorme puissance de il n'avait nullement le projet de pousser plus loin ses travail. Mais il était successivement autoritaire et bon

négociations. Erzberger ne mit pas longtemps à s'en vivant, méfiant et créduie, intéressé et patriote, et ces apercevoir. Il.comprit qu'il avait été joué par Ludendorf sautes d'humeur finissaient par lasser tous ses collabora-et

, ne pouvant s'en prendre à lui-même, il lui brisa sor teurs. Chaque nouveau venu lui paraissait une trou- instrument. vaille, mais dès le lendemain, il lui tournait le dos, et, Sa seconde victime fut M. Michaëlis. Erzberger conà force de détruire ainsi des gens, il a fini par se détruire tinuait sa campagne en faveur de la paix. Le 19 juillet,

il fit voter, à ce sujet, une résolution par le Reichstag, et ling nous Les deux mémoires adressés en 1914 au comte Hert le 15 août devait paraître l'intervention pontificale. Tout

allait donc pour le mieux. Mais, entre ces deux dates, i 1 annexionniste ; mais

ce n'était

qu'un déguisement Pas- commit une grande, faute, Aussitôt après son vote, le sionné d'intrigue, et de pouvoir, il n'avait pas trouve

,
grand état-major et se réunit

à Francfort. Erzberger gue de se rallier momentanément au parti du chancelier y court, défend sa politique et, pour emporter le succès

des contes Gallen et Frankenstein, pour participer la la, malencontrouse idée de lire le fameux rapport du

mier

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lui-même

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se.

22 de

comte Czernin von Hudinitz, que la duchesse de Parme į jusqu'à ce que, tout danger passé, les braves du parti lui avait remis Vienne. Embarqué dans cette voie fu- militaire se fussent décidés à rentrer. neste, il n'omet aucun détail sur les démarches faites à Mais il leur fallait un bouc émissaire et ce fut natu. Londres et à Paris par un cousin de l'empereur, sauf, rellement Erzberger. Dès ce moment, il était condamné. bien entendu, de révéler le nom de leur inspirateur ; car Tous ses amis le savaient. Lui seul ne voulait pas y

est le prince Sixte de Bourbon lui-même paraît avoir ignoré croire. Nulle calomnie ne lui fut épargnée et le pis longtemps que ce fût lui qui, pour jouer un mauvais qu'il prêtait à beaucoup. Prévarication et corruption tour au grand état-major, avait suggéré à la cour de n'étaient pas les plus injustes : on alla même jusqu'à Vienne, par l'entremise d'un moine et de quelques amis.

l'accuser faussement de trahison. Mais on lui eût peutcette démarche et jusqu'au choix de l'interprète. L'effet être tout pardonné sans l'impôt de 60 olo sur le capital fut déplorable et le centre droit, effrayé par ces révéla- qu'il avait fait voter par le Reichstag. Prétextant le dé tions sur l'épuisement de l'Autriche et l'attitude de la tournement d'une somme de 8.000.000 de lires qui lui couronne, commença à Vienne une active propagande avait été confiée en 1914, pour la propagande, par M. de pour retenir la double monarchie dans l'alliance. Bethmann, et qu'on avait vue se promener entre Rome

Erzberger ne s'en était pas tenu là. Inquiet des dif- et Berne, le centre lui tourna le dos. Le parti catholique ficultés qui pourraient venir d'Italie, il avait fait sug

lui-même, qui l'accusait de flirter avec les indépendants, gérer par ses amis de Vienne à Paris et à Londres qu'on le lâcha en partie. Le cardinal Hartmann, la majorité cachât soigneusement au baron Sonnino les lettres de

des évêques et les jésuites ne partaient de lut que l'empereur. Puis , il eut des altercations avec le prince l'écume aux lèvres, et il se trouva seul

, ou presque, en

face de Hohenlohe, ambassadeur d'Autriche à Berlin, au

du formidable parti militaire, possesseur de sujet de la note qu'il avait lue à Francfort, et tout ce

l'énorme trésor de guerre arrondi par la vente de tout

le matériel de l'armée et décuplé par les savantes spécubruit ne tarda pas à se répandre et à prouver à Luden

lations de Stinnes sur le change. Il ne pouvait que dorf comme au comte Czernin qu’Erzberger était com

succomber. plice de l'empereur Charles. Il fallait à tout prix briser

Peut-être que si Erzberger avait écouté ses amis et son action

s'en fût allé passer quelques années à l'étranger, il Le 30 août, Mgr Pachelli ayant informé M. Michaëlis

rait revenu aux affaires. Il était encore jeune et pouvait de la démarche britannique au sujet de la paix, Erzber

attendre, mais la passion du pouvoir l'a perdu. Est-ce ger, qui l'avait su, s'en félicita tout d'abord ; mais quel bien dommage ? Érzberger n'était pas, comme ne fut pas son étonnement quand il apprit que le chan

Brockdorf et ses autres adversaires, le suppôt et le com- . celier, pour évincer son intervention qui eût été inévi

manditaire des communistes de France, mais il y était table s'il avait continué les pourparlers par le Vatican, l'ami des défaitistes et, à ce titre, un ennemi non moins venait de s'adresser à l'Espagne! Erzberger qui, pen- dangereux. Persuadé que ses compatriotes échappe dant toute cette période, fit de nombreux voyages, raient à son action dissolvante, il aimait à prédire que s'absenta à cette occasion et trouva, à son retour, la Wilson serait le Kerensky de l'Europe. porte fermée pour lui au ministère des Affaires étran

Il avait repris, ces derniers temps, une grande ingères et à la Chancellerie d'empire. C'en était trop! Auence sur la politique du gouvernement, étant parven Trente-six heures après, M. Michaëlis était par terre. à faire nommer conseiller intime puis sous-secrétaire Le grand état-major était exaspéré. Un seul homme

d'Etat à la Chancellerie d'empire un ancien chef de lui parut à l'abri des coups d’Erzberger. C'était le vieux section de son service de propagande, nommé Hemmer. . comte Hertling. Impotent et universellement respecté; Maître d'école en Lorraine, d'où il était originaire Hemtout le monde savait que le Centre ne se déciderait mer avait écrit, pendant la guerre, sous le pseudonyme jamais à le renverser: Il le poussa donc au pouvoir et de Pierre Martinet. Ce choix lui fut fatal. Après lui crut enfin respirer. Mais ce ne fut pas pour longtemps, avoir fait perdre le procès Helferich, c'est lui, sans car si Erzberger ne put jamais rien contre, le comte doute, qui l'incita à ne pas s'éloigner des milieux poliHertling, un ennemi quelque peu plus dangereux, le tiques où le guettaient ses ennemis. S'ils ne l'ont pås général Foch, en vint bientôt à bout.

tué plus tôt, c'est que les temps n'étaient 5 encore Enfin c'est lui qui renversa les trônes. Après avoir

révolus et l'on est fondé à craindre que sa mort ne compromis la monarchie dualiste, il se détourna aussi soit la préface de grands événements. de son empereur, auquel il était resté fidèle presque

Sic. jusqu'à la fin de la guerre, bien qu'il eût souvent répété qu'il était difficile de soutenir quelqu'un malgré lui. Mais peu de temps avant de partir pour Compiègne, comprenant que la chute de la monarchie pourrait adoucir les conditions de la paix, il lui conseilla d'abdiquer en faveur d'un vicaire, norrmé par le Bundesrath.

'ACCORD de Wiesbaden n'est jusqu'ici connu que C'était, selon lui, le seul moyen de sauvegarder l'unité de l'empire.

dans ses grandes lignes. Les détails n'en pour

ront étre communiqués que lorsque les deux Cette idée fut trop vivement combattue pour que gouvernements les auront ratifiés. Erzberger pût la réaliser avant son départ, mais, pen- Cependant la presse anglaise a déjà fait de nom. dånt son absence, le sort le servit à souhait et il trouva breuses objections, dont la principale est. que

l'accord vides, à son retour, tous les trônes d'Allemagne. Il n'y n'est pas conforme au traité de Versailles. Nos alliés avait dès lors plus de danger que l'Entente pût traiter trouvent tout naturel de modifier le traité lorsqu'il séparément avec chaque souverain de l'empire et l'ou- s'agit de se faire reconnaître une priorité sur les paievre du prince de Bismarck s'offrit à son ambition. Erz

. berger la mena à bon 2 terme. Il enleva un à un tous

ments de l'Allemagne. Ils protestent lorsqu'ils voient

qu'ils n'ont rien à gagner. leurs privilèges aux petits Etats et unifia successivement On craint en Angleterre que les réparations e12 matous les services publics de l'empire.

tières premières de l'Allemagne, en donnant un débouAucun obstacle ne s'était opposé à la réalisation de ché à l'industrie germanique, ne fassent du toit aux cette grande oeuvre: Ludendorf et toute sa clique exportations anglaises. La remise en état plus ou moins avaient bravement filé en Suède avec de faux passeports rapide de nos contiées dévastées, la restauration de nos

ministre des Finances, Erzberger mines détruites, ce sont des soucis sentimentaux qui dirigea sans opposition le cabinet Scheidemann-Bauer | préoccupent fort peu nos Alliés..

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CE QU'ON DIT
L

a

et; bien que simple

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