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C'était en 1912, M. Pachitch était alors premier ministre du roi Pierre qui vient de mourir.

ter et montrer ses poches vides, il ne put convaincre son patron. Dégoûté du métier, il devint le secrétaire d'un

Il engagea des pourparlers afin d'obtenir la main degrand écrivain, et ne revint au journalisme que vingt la grande-duchesse Olga de Russie pour le jeune prince Alexandre.

Le tsar pressenti se contenta de sourire et répondit que la requête était loin de lui déplaire, mais il refusa cependant de prendre une décision.

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J'ai pour principe, expliqua-t-il, de permettre à mes enfants de décider eux-mêmes de leurs affaires de cœur et je veux ne les influencer en rien.

Tout récemment, n'annonçait-on pas encore les fiançailles du prince Alexandre avec une princesse de France? La nouvelle était de pure invention. Il y a longtemps déjà qu'il avait été question d'un mariage qui aurait uni la maison royale de France à celle de Serbie; un père jésuite s'en mêla, voire le président de la République. Mais la jeune princesse, qui n'était pas celle dont on a prononcé le nom récemment, laissa entendre qu'elle n'avait point envie de régner sur l'un de ces pays où l'on risquait d'être assassiné à chaque coin de rue. Et l'affaire en resta là.

L'inventeur des fils de fer harbelés.

Qui se souvient du député Grenier, l'homme au burnous, comme on l'appelait ? Les électeurs de Pontarlier l'avaient envoyé au Palais-Bourbon en 1896 et les petits journaux faisaient gorge chaude de ses excentricités. N'avait-il pas proposé au Conseil municipal de sa souspréfecture de protéger les forts de la région par des lignes de fils de fer hérissés de piques et de pointes ? Ces buissons de fils de fer auraient empêché, affirmaitil, toute approche de l'ennemi : « De ces inspirés-là, écrivait un chroniqueur averti, nos asiles d'aliénés renferment un certain nombre. On se contentait de les garder à vue jusqu'ici, et l'idée n'avait pas encore germé de les envoyer à la Chambre. >>

Ce pauvre chroniqueur regretterait peut-être aujourd'hui que la Chambre de la grande guerre n'ait pas été composée de quelques fous comme M. Grenier...

De l'utilité des assassinats.

Au pays des Muses.

Vous avez mauvaise grâce, Messieurs les journalistes, à gémir chaque matin sur le grand nombre de crimes qui se commettent cette saison. De quoi rempliriez-vous vos colonnes, pendant les vacances, si vous n'étiez aidés par les bandits masqués du rapide ParisMarseille, et par ces braves assassins qui coupent les femmes en quatre ou expédient dans une malle le cada

vre de leur oncle ?...

Un de nos grands journalistes qui fut autrefois un petit reporter, piqué de revenir trop souvent au journal les mains vides, se décida enfin à corriger par son imagination la tranquillité de Paris. En quelques jours, le journal défia toute concurrence sur le chapitre des accidents, des assassinats et des chiens écrasés.

Un soir cependant qu'il rentrait au journal avec une demi-douzaine de « nouvelles à la main », il fut attaqué par un apache qui, sous la menace du couteau, lui prit tout ce qu'il avait, soit un pauvre porte-monnaie, une montre, une blague à tabac et la demi-douzaine de « nouvelles à la main ». Il courut au commissariat, puis au journal, et jeta sur le papier un long récit de sa propre aventure.

Le lendemain, le rédacteur en chef le fit appeler et. le gourmanda sévèrement sur le récit ridicule de cet attentat imaginaire. Le pauvre homme eut beau protes

ans après, et spécialiste de la politique étrangère...

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Le dessin stenographique.

Un prêtre catholique autrichien, le professeur Seibert, qui, depuis longtemps, enseignait à l'Institut des SourdsMuets de Salzburg, s'est rendu compte que les tableaux muraux, d'ordinaire en usage dans les écoles religieuses ne lui seraient pas d'un grand secours dans ses conférences. Il décida donc de dessiner très rapidement au tableau noir des scènes schématiques pouvant très facilement se dérouler comme un récit... L'homme, par exemple, est représenté par un cercle avec au-desous une ligne droite. La femme ressemble beaucoup à l'homme, sauf qu'une spirale (symbolisant ses cheveux) court tout le long de la ligne droite. Il paraît que des enfants qui n'avaient jamais vu ces dessins simplifiés, les ont immédiatement compris. Si l'on met un chapeau sur un cercle, alors, c'est un ministre qui apparaît. Un casque le transforme en guerrier; ajoutez un sabre au cercle, et vous en faites un officier.

Les mouvements des bras et des mains sont également simplifiés. Si un homme schématique mais portant couronne étend le bras, mais avec la paume de la main tournée vers le haut, nous avons affaire à un roi qui pose une question. A mesure que le récit prend de nouveaux développements, on efface les mouvements superflus des membres, pour les remplacer par des mouvemnts nouveaux. Le roi que nous avons vu interrogateur peut devenir méditatif si sa tête, s'inclinant; vient se poser sur son index.

En inventant cette méthode, le professeur Seibert n'a songé qu'aux sourds-muets, mais nos dadaïstes seraient n'en doutons pas. de nous faire bénéheureux, ficier de cette savante stylisation.

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Les théâtres à la mode.

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Entre marionnettes..

Un monsieur qui avait une loge pour un cinéma l'offrit à sa domestique. Au bout d'un instant, la cuisinière,, un extra, se présenta et répondit avec un certain dédain: Je remercie Monsieur, mais je ne vais jamais au cinéma ; il n'y a qu'un théâtre où j'aille, c'est l'Odéon. Hélas! au temps où Antoine travaillait avec art sur notre deuxième scène, il n'avait pas la clientèle de quelques milliers de cuisinières...

M. Gavaut a su les attirer si bien qu'il lui faut deux scènes pour les satisfaire ! L'Odéon et Phi-Phi ont un égal succès:

Tandis que, lassés tour à tour

De la chaleur du ciel et de celle des fours,
Tous les théâtres font clôture,
Le brillant Odéon
Se paie au Trianon

Une doublure,
Cependant que ravi
D'entendre encor Phiphi,
Un sot public s'étouffe

En même temps qu'aux Bouffes

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Une chimère.

La Comédie-Montaigne a vécu. M. Dullin a quitté M. Gémier comme il avait quitté M. Copeau; il va diriger lui-même une école théâtrale qui compte s'installer à la salle Morse. Quant à M. Quellien, il a appris à M. Gémier et à ses collaborateurs, que l'art et la fortune avaient peine à faire bon ménage.

Depuis, les gens de la Comédie-Montaigne ont pensé s'installer au théâtre Albert-Ier. Mais, instruits par d'autres expériences, on dit qu'ils ont renoncé à ce projet. Ils ne veulent plus entendre parler de concours financiers, et redoutent le compromis où conduit la recherche d'un équilibre commercial ils veulent un théâtre désintéressé.

:

En ce moment, vous disent-ils, un théâtre d'art ne peut råssembler qu'une dizaine de salles intelligentes : voyez notre exemple, celui du Vieux-Colombier, celui de l'Euvre, celui de la Petite Scène. Notre théâtre sera donc un théâtre irrégulier. Et pour bannir tout intérêt personnel de notre société, nous n'accepterons de tous nos collaborateurs qu'une aide gratuite. Notre théâtre sera un temple; notre métier une religion.

Et vous comptez trouver des acteurs, des costumiers et des machinistes, à ce prix-là ?

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Rien de nouveau sous le soleil. Tout le monde sait que des femmes, même de grandes dames, se sont laissé séduire par des chanteurs, des artistes, des lutteurs ou même des champions de boxe. On vient de découvrir dans les ruines de Pompei des lettres d'amour que de jeunes praticiennes avaient écrites sur des tablettes d'ivoire à des gladiateurs victorieux.

Les praticiennes de Pompei étaient des femmes comme celles, d'aujourd'hui.

Et ceci rappelle la phrase célèbre d'un professeur de droit romain fort connu à Paris qui avait coutume de prononcer avec gravité que « la femme libre qui entretenait des rapports avec un esclave cessait d'être ingénue »>.

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L'application de la loi sur la prorogation des loyers a parfois de curieuses conséquences.

Une riche demoiselle, propriétaire d'un grand immeuble de l'avenue des Champs-Elysées, louait elle-même un petit appartement, dont elle n'a pu renouveler le bail. Elle a logé quelque temps chez des amis. Puis, elle a voulu profiter de sa maison. Mais tous ses locataires ont obtenu le bénéfice de la loi. Alors elle a accepté l'hospitalité de sa concierge. Enfin, le locataire du second, qui avait meilleure âme que les autres, et qui avait peut-être un peu de sang d'Israël dans les veines, consentit à lui sous-louer deux chambres, au prix qu'il lui devrait lui même pour son loyer.

C'est ainsi que la vieille demoiselle est devenue souslocataire de son locataire, lequel n'a plus un sou de loyer à lui payer...

Une vocation.

Chez nos alliés.

Sir Ernest H. Shackleton, qui, à bord du Quest, vient de partir pour une nouvelle campagne d'exploration, se sentit dès le collège la vocation du marin. Il ne

songea cependant à devenir explorateur qu'à la suite

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d'un rêve.

Il avait alors vingt-deux ans et voguait de Gibraltar à New-York.

Il se vit, en songe, appuyé sur le rebord du navire et regardant vers le nord. A son réveil, il se dit que son destin l'entraînerait un jour vers le pôle Nord..

Si ce n'est qu'il alla au pôle Sud, son rêve. s'est réalisé.

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Quand il eut quitté le collège de Dulwich, sir Ernest Shackleton ne laissa en aucune manière la réputatiou d'un «< espoir »>.

Un de ses maîtres disait même de lui :

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Shackleton! une pierre qui roulera sans jamais amasser de mousse.

Depuis, le pédagogue a dû modifier son jugement: il avoue qui si Shackleton n'a jamais beaucoup amassé de mousse, il a du moins roulé plus loin que la pierre' du proverbe...

Le Retour.

Persy Mears servit, pendant la guerre, comme officier sur le front français.

Blessé grièvement, il fut soigné dans un hôpital et n'est rentré que tout récemment à Nottingham où, avant. la guerre, il était officier de police.

Quelle ne fut pas sa stupeur, en constatant que son nom figurait, en bonne place, parmi ceux des enfants de Nottingham morts au champ d'honneur, dont la liste est inscrite sur une plaque de marbre apposée dans le hall de l'hôtel de ville !

Après en avoir délibéré, on choisit une solution fort simple.

En regard du nom de Percy Mears on inscrivit ces. seuls mots :

Est revenu depuis.

Souscriptions.

Un peu partout

Sur l'immeuble portant le n° 120 de la rue La Fayette, on peut voir, présentement, de grandes bandes de calicot sur lesquelles il est écrit en lettres rouges : PARTI COMMUNISTE !

POUR LE PEUPLE RUSSE AFFAME ! ON SOUSCRIT ICI ! Disons qu'il n'y a pas foule...

La plus ancienne police d'assurance.

Nous avons imprimé que c'était celle que conservent les archives du ministère des Indes, et qui est datée de février 1656.

L'archiviste de la Chambre de commerce de Marseille, M. Joseph Fournier, nous écrit:

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La Chambre de commerce de Marseille - la plus ancienne de toutes possède dans ses belles et riches archives plusieurs polices d'assurance maritime d'une date antérieure à celle dont s'enorgueillit la maison Lloyds. Celle de ces polices qui porte la date la plus reculée est du 15 octobre 1584, et elle se présente avec les formules et les caractéristiques qui se retrouvent dans les documents de même nature établis de nos jours. Cette police concerne le chargement du vaisseau Saint-Hilaire, patron Jean Viguié, se rendant de Marseille à Tripoly de Syrie, le dit chargement appar tenant au marchand Guillaume Puech. Elle est paraphée par gier Riquety - l'un des ancêtres du tribun Mrabeau et Domergue André, députés par le Corps municipal de

Marseille à la taxation des assurances maritimes.

Au

Puisque nos bons amis anglais ont publié un document dont fapprécie tout l'intérêt en raison de sa nature et de sa date, il ne vous paraîtra pas excessif que l'archiviste de la vieille institution française et marseillaise qu'est la Chambre de commerce du premier port de France, saisisse l'occasion de faire connaître un document qui, jusqu'à nouvel avis, constitue un prototype des polices d'assurance maritime ayant pu parvenir jusqu'à nous.

Affaires Extérieures

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Aux écoutes de l'Allemagne...

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III. LES FORCES DE RÉNOVATION L'ESPOIR RHÉNAN (1) Au cours d'une promenade dans le Taunus, un ami anglais et moi nous interrogeâmes un solide bûcheron qui travaillait en forêt. Nous prenant pour deux touristes britanniques, il s'écria bientôt : « Les Français ! Nous n'aurons pas besoin de fusils pour les sortir d'Allemagne. Nous les chasserons sous peu, avec des couteaux et des fourches. Méfiez-vous, reprit mon compagnon de route: ils ont encore quelques mitrailleuses et quelques 75. » Et l'autre de sourire ironiquement les conférenciers du Deutsch Offiziers Bund ne lui ont-ils point affirmé que la France lâchée par tous ses alliés n'avait plus que des soldats noirs et un matériel démodé? Avec les mêmes ressources et avec le même personnel que de 1906 à 1914, la propagande pangermaniste travaille à refaire, après quelques mois d'accalmie, une mentalité de guerre.

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Peu de jours plus tard, un blessé nous confiait des propos différents : « Je me destinais à l'enseignement. Je me suis engagé. Je le regrette. Nous avons voulu cette guerre et mérité notre défaite. Les Yunkers nous ont trompés. S'ils étaient revenus victorieux, il aurait fallu saluer le dernier des policiers et tenir dans une boîte à lettres (sic). » Il existe une autre Allemagne. Mais ses forces dispersées et divisées catholiques romains de l'Ouest, israélites démocrates de Berlin, ouvriers pacifistes des grandes villes - pourront-elles briser l'armature prussienne que Krupp et Stinnes, de leurs bras experts, ont achever de visser sur l'Allemagne asservie? Les boulons en sont rivés à fond. La grande industrie trouve dans la Prusse, dans la discipline militaire et dans la diplomatie aggressive des garanties pour le rendement du travail et pour les dividendes du capital rebelle comme les individus et les collectivités à toute prévision lointaine, elle dépense sans compter ni amortir, confiante dans l'Etat, en cas de crise, pour ouvrir des débouchés et assurer des bénéfices. Le déversement des usines engorgées vers les plaines occidentales (ou orientales) ressemble de bien près à la ruée des Germains affamés vers la Gaule fertile. Et ce qui le prouve est que, du jour où cette surproduction industrielle est devenue aussi réelle que la surproduction humaine, la paix a connu les mêmes incertitudes et l'invasion a suivi les mêmes routes.

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La dentralisation militaire est irréalisable sans la précipitée laissait les mains libres aux fonctionnaires, levée de l'hypothèque prussienne. Si. une évacuation dont Berlin inonde les terres rhénanes, ils auraient vite fait d'organiser des dépôts d'armes, d'embrigader les associations de réservistes et de discipliner les sociétés Rhin le respect des clauses militaires du traité. Neutralide sports (1). La Prusse est incapable d'assurer sur le sation militaire et administration prussienne sont deux termes inconciliables. Et d'autre part pas de pénétration intellectuelle sans la levée de l'hypothèque prussienne. Le contact entre les esprits, qui seul peut préparer la détente entre les peuples, est déjà stigmatisé par Berlin comme une trahison nationale. Une exposition est dénoncée comme un arsenal. Un « Gobelin >>> ques Copeau fait trembler la Wilhelmstrasse. Un théâest dangereux. Mme Lubin inquiète la Prusse. M. Jactre français ne peut jouer que sous la protection des baïonnettes françaises. Et si elles disparaissaient les fonctionnaires prussiens auraient vite fait d'encercler la clairière rhénane d'un réseau barbelé.

Cette évolution nécessaire des libertés germaniques a-t-elle été favorisée ou retardée par les sanctions alliées? Les sanctions militaires, en affaiblissant le prestige prussien et en déployant des forces supérieures, ont-elles renforcé le courage politique de la Rhénanie allemande, brimée par des fonctionnaires de tout ordre, mais d'une origine également orientale? A-t-elle compris, en voyant accroître les garnisons et défiler les tanks, qu'elle était directement intéressée à rendre possible, par une rénovation mentale et l'affranchissement politique du peuple allemand, la réconciliation européenne et une paix durable? Aujourd'hui gage de la victoire, elle peut être, demain, le champ de bataille. Les sacrifices de Reims Mayence. Les sanctions militaires, poussées à fond, et de Verdun n'ont rien d'attrayant pour Cologne et ont-elles inspiré oes réflexions salutaires? Je l'ignore. Mais ce que je sais, c'est que la marche jusqu'aux portes de la Ruhr n'a produit aucun effet moral, et que la classe 19, irritée par un désœuvrement inutile, a laissé des souvenirs fâcheux.

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Les sanctions économiques, le contrôle interallié sur les douanes occidentales et l'établissement provisoire de guichets rhénans auraient, d'après les feuilles allemandes, provoqué une exaspération générale. La Bonner Zeitung du 7 juillet écrit que

« la diminution de la production de certaines fabriques, peut être évaluée à 30 et 50 0/o. »

La Rheinische Zeitung du 12 déclare que, dans le district de Dusseldorf

<< sur 550.000 ouvriers, 200.000 travaillent à heures réduites... La ligne douanière a contribué à la crise de la vente et au renvoi d'environ 10 o/o des équipes. »>

pour

La Koelnische Volkszeitung du 24 veut expliquer, « par l'importation en deux mois, de trois milliards » d'objets de luxe, la baisse du mark, savamment truquée à la veille du Conseil suprême. L'Union des maisons de gros de Cologne, dans un mémoire résumé par la Koelnische Zeitung dès le 12 juillet, après avoir établi pour les industries des transports, du fer, du bois, des centagesonde réduction impressionnants, envisage « l'écroulement de la vie économique rhénane ». Elle ne me paraît point imminente si j'en crois la rangée de hauts fourneaux qui fumaient l'autre jour, avec placidité, sur les hauteurs à l'ouest de Cologne. Et les statistiques du Reich, constatent, à la fin de juin, une régression dans le nombre des chomeurs 3 0/0 au

(1) Pour des précisions sur ces partis favorables à l'autonomie rhénane, je renvoie le lecteur à mon livre de Paris à Spa, p. 257.

lieu de 3,7-3,9 0/0 en mai et en avril. Il est assez étrange que cette réduction dans les affaires coïncide avec un recul du chômage et cette baisse du mark avec des ouvertures de crédit (1). Les sanctions économiques ont fourni un prétexte commode pour masquer les répercussions de la crise mondiale et détourner contre la France les intérêts lésés. Maîtres de forges, fabricants d'alcool, propriétaires de vignes, armateurs, etc., ont obéi aux mots d'ordre et signé des lettres de protestation,

Il est certain que la création de péages rhénans ne peut être qu'une mesure de pression temporaire, Le Rhin n'est plus une frontière douanière. Les deux rives sont solidaires gigantesque artère, le fleuve lie plus qu'il ne sépare. Et d'ailleurs M. Paul Tirard, qui avait proposé au Conseil suprême d'instituer, comme sanction, cette barrière fiscale sur le Rhin, a, dès la fin de juillet, pris l'initiative de faire atténuer, par la haute commission, la rigidité de cette palissade à claire-voie. Mais si ces douanes orientales, qui ne rapportent qu'une vingtaine de millions de marks par mois, ont causé quelque gêne aux populations rhénanes, il n'en est pas de même du contrôle interallié sur les douanes occidentales. Ce contrôle les a affranchies d'une inadmissible servitude. Il a brisé une cloison étanche. Il a rétabli un contact nécessaire. Comment peut-on espérer améliorer les relations franco-allemandes si le régime des licences permet à l'administration prussienne, contrairement au traité de paix, d'élever entre les deux Etats, une muraille de Chine? Pour que la Rhénanie puisse jouer son rôle de liaison et faire son œuvre de pacification, il est, au contraire, indispensable qu'elle soit spécialisée dans ses exportations et accueillante sur ses marchés.

La suppression de cette barrière, les achats des régions, libérées, l'entrée des marchandises françaises, l'invasion des touristes parisiens, escomptés et favorisés par M. Paul Tirard, auraient dû, semble-t-il, rendre la Rhénanie, non seulement plus hospitalière pour la culture française, mais surtout plus rebelle au joug prussien.

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Non seulement les expositions et les spectacles, organisés avec un goût si français à Wiesbaden, ont été, à l'exception des représentations musicales, mis à l'index, mais encore le délai prévu pour l'expression des revendications rhénanes, 14 août 1921 a été forelos. A l'impulsion venue de Berlin, la Rhénanie répondit d'un élan presque unanime.

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Une commission avait été instituée au ministère de l'intérieur, sous la présidence de von Roedern, pour étudier, conformément à la constitution, les modifications à apporter dans les frontières des pays allemands. Docile, la commission se sépara sans aboutir, et à la fin de mai dernier, le ministre de l'intérieur, Dr Gradnauer, adressa une circulaire pressante aux chefs des partis. Il s'inquiétait.

« des mouvements, ayant pour objet la séparation de provinces importantes d'avec certains pays, et qui pourraient donner lieu à des divergences entre les partis, La gravité de la situation politique intérieure et les circonstances économiques de l'Allemagne, ainsi que les considérations à prendre, vis-àvis de l'étranger, pour lequel toute scission des forces allemandes est un événement favorable, demandent impérieusement, que de tels desiderata de grande envergure soient repoussés pour l'instant, et que, l'on, évite toute espèce d'inquiétude à la population. "

L'ordre fut obéi et la consigne exécutée. Le 27 mai, le Comité provincial du parti centriste rhénan publie

(1) Faites au Reich par des banques hollandaises et américaines.

1

pour approuver l'acceptation de l'ultimatum, demander l'abrogation des sanctions, réclamer la restitution inté grale des mines de Silésie, et une enquête neutre sur les responsabilités de la guerre un manifeste, d'où disparaissait toute illusion aux libertés rhénanes. Le 9 juin, les délégués rhénans, à l'exception des minoritaires et des activistes, nuance Dorten et Smeets, réunis à Konigswinter, adoptent une déclaration où il est écrit:

« Nous nous déclarons d'accord avec l'attitude prise par nos représentants dans la Diète provinciale rhénane plébiscite, basé sur l'art. 18 de la Constitution d'Empire, n'aura lieu en Rhénanie, pendant la durée de l'occupation du territoire rhénan, même après l'expiration du délai prévu par l'art. 167. Nous nous attendons à ce que, par égard pour la situation du territoire occupé, on s'abstienne aussi dans d'autres parties du territoire de toute manifestation pour un plébiscite jusqu'à ce moment, à moins que le délai ne soit prolongé par des voies légales. »>

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Quelques jours plus tard, les Diètes provinciales de Hesse-Nassau et de la Hesse-Rhénane se déclarent d'accord avec la Westphalie, la Poméranie et le Bran debourg pour repousser le projet de loi prussien qui accorde aux provinces une plus large autonomie.

Le 6 juillet, le Congrès des armateurs rhénans refuse de hisser le nouveau pavillon républicain et proclame sa fidélité aux couleurs noir, blanc, rouge.

Le 15 juillet, à la séance de la Chambre prussienne, le Dr Lanscher, un apôtre de l'autonomie rhénane, attaquait la France, dans un discours violent, que l'organe pangermaniste, la Rheinische Zeitung, commentait avec joie (16 juillet).

Sous l'action de la propagande pangermaniste, grâce à la tension entretenue par les sanctions, - par les sanetions militaires plus encore qu'économiques, le mouvement rhénan atteint un point mort.

Certes il reste une réalité politique.

Plus significative encore que cette séance de la diete provinciale rhénane (12 juillet), où le Dr Hess, député centriste de Coblence, a violemment attaqué « les Geher mraete de Berlin, qui se font une idée fausse de notre tempérament », fut l'orageux débat, présidé, le 26, par le ministre de l'intérieur. Le Dr Gradnaüer avait convoqué les délégués des partis pour procéder à l'ajournement sine die du plébiscite. Or, les Hanovriens allemands, les populistes bavarois, les socialistes minoritaires, refu sèrent de renoncer au plébiscite. D'autre part, les députés centristes des territoires occupés exprimèrent l'opinion. que l'engagement pris à Koenigswinter, le 9 juin, allait trop loin. « Il était inopportun de se lier, jusqu'à l'expi ration du délai d'occupation ». Ne vaudrait-il pas mieux. examiner d'année en année, si les circonstances continuent à rendre impossible l'exécution du plébiscite prévu par l'article 18... Et tandis que la Colbenzer Zei tung flétrit l'antipatriotismę des Guelfes, la Frankfurter Zeitung (28 juillet) dénonce les intrigues des Bavarois

Mais cette réalité morale peut-elle devenir une réalité politique, sans la collaboration de la République française? C'est ce que j'examinerai dans un prochain article. Sur les bords du Rhin survivent les pierres de Rome et les légendes de Charlemagne. La France médiévale a dressé des églises et la France monarchique inspiré des palais. Sur la rive gauche du Rhin serpente, encore la route française, dont les bornes sont timbrées de l'aigle napoléonienne. Le code de Bonaparte survécut de longues générations. Son souvenir reste vivant. Seule la III République sera-t-elle incapable de laisser sur ces marches allemandes de l'Europe occidentale l'em preinte de sa collaboration libératrice?

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3° Il a déclaré avoir l'intention de garder une armée en Perse aux frais des contribuables britanniques pour repousser une invasion des bolcheviks et des Turcs. >>

Après avoir mentionné que quatre bataillons anglais marchent sur le flanc d'attaque grec, Levas Fraser ajoute:

« Il y aura les frais de transport », a dit le premier ministre. « Une simple affaire de compte », a répondu M. Churchill. Cependant, même si les Grecs écrasent Mustapha, d'autres Mustapha apparaîtront. >>

Qui paiera la note de guerre de la Grèce? se demandait-on déjà.

La folle guerre en Orient recommençait donc en juillet 1920 par une offensive anglo-grecque en Anatolie. M. Venizelos avait enlevé de vive force le consentement des Alliés à la conférence de Boulogne en juin 1920 et à celle de Spa en juillet 1920. La France et l'Italie ne disaient oui qu'à contre-cœur. Il reçut alors le mandat de pacifier l'Anatolie par les armes. Comment allait-il s'en acquitter?

Les armées grecques, pourvues d'un excellent matériel de guerre, fourni par les Alliés, se hâtèrent de conquérir la Thrace et d'en expulser jusqu'au dernier musulman. En Anatolie, elles pénètrent dans le golfe d'Ismidt, les nationalistes cèdent le terrain, les Grecs brûlent, pillent, violent et dévastent. Les alentours du golfe d'Ismidt étaient jusque-là d'une fertilité incomparable. Ils sont totalement ruinés.

mais

Au Bosphore, les nationalistes turcs attaquent à l'improviste, la nuit, sur Beïcos; les Grecs et les Hindous se fusillent réciproquement. On a omis d'apprendre à ceux-ci qu'ils se trouvent être les alliés des Grecs est-ce bien chez les Hindous un malentendu sincère? L'Angleterre s'inquiète de l'attitude invariablement adoptée par ses unités indiennes chaque fois qu'elles se trouvent aux prises avec des soldats musulmans.

Enver, au Turkestan, recommence à parler haut. Kiazim Karabekir cause avec les 'Soviets; il attaque sur le front d'Arménie. Moscou reprend la politique panrusse, lutte contre les petites républiques du Caucase et se prépare à digérer l'Arménie russe.

Le contribuable anglais ressemble au paysan d'Anatolie: il trouve que la guerre est chère. Personne n'écoute son mécontentement. On l'engage à payer sans plus discuter La Grèce, qui vit des libéralités des Alliés, encaisse les subsides. Les Anglais nous attaquent en Syrie et en Cilicie.

En janvier 1921, lord Curzon charge à nouveau les Grecs de la mise à exécution du traité de Sèvres. Péniblement, les Grecs atteignent les alentours d'Eski-Chéir. Ismet pacha les refoule sur le champ de bataille d'Ineunu. Papoulas est magistralement défait.

Les troupes hindoues refusent de se battre contre les soldats musulmans. La caserne et le cantonnement en Asie Mineure deviennent le prolongement de l'Agora. L'opinion publique française réclame un règlement franco-turc pour la Cilicie. C'est un an trop tard. « Osez donc être Français », nous dit-on en Asie. A cela nous ne savons que répondre.

En janvier 1921, le paradoxe continue. Au seuil d'une

nouvelle conférence, les Grecs de Constantin sont encouragés à surpasser ceux de Venizelos. Une seconde offensive grecque sur Ouchak-Eski-Chéir échoue lamentablement.

Que ce soit au Caire, à Damas, à Stamboul, en Afghanistan, aux Indes ou à Fez, partout les Musulmans tiennent un même langage : « Nous voulons la paix en Turquie. »

Le 22 mars dernier, une troisième offensive anglogrecque fond sur l'Anatolie. Cette fois, des bataillons spéciaux de destruction, dirigés par des officiers britanniques, opéreront à l'arrière des armées; des mitrailleuses anglaises sont pointées sur les régiments qui fléchissent. Ismet pacha inflige aux troupes grecques une sanglante défaite sur le champ de bataille de Gunduz bey, à quelques kilomètres d'Eski-Chéir. Papoulas et ses collègues anglais ont à peine le temps de fuir.

Cette fois, les ravages de la pacification anglo-grecque sont atroces. Viols, assassinats, mutilations ne se chiffrent plus. La liste des dégâts atteint des totaux formidables. Les Anglais ont assisté à tout cela, ils ont vu les plus belles régions de l'Anatolie devenir désertiques. Les populations musulmanes, chassées par l'invasion, sont refoulées vers les vilayets orientaux et, à chaque phase du reflux, les populations chrétiennes sont emmenées par les armées grecques. Ainsi, les effets de la pacification anglo-grecque sont plus terribles que les ravages des hordes barbares du vieux temps, car les procédés de destruction moderne l'emportent sur ceux de Tamerlan et de Gengis Khan.

En juillet 1921, une quatrième offensive commence. Celle-ci est montée à plus grands frais que les précédentes. Cette fois, les Anglais ne dissimulent plus leur participation effective: tanks, avions, canons lourds, obus asphyxiants entrent en ligne; le grand jeu se déroule. Des contingents anglais l'appuient et les renforts anglais combleront les vides, les munitions seront prodiguées. L'escadre méditerranéenne anglaise appuie l'attaque. Le blocus de la mer Noire, le bombardement des ports turcs, les débarquements incessants des troupes sur le littoral, tout est mis en œuvre pour terroriser l'Anatolie

Nous attendons la suite. Cependant, dès aujourd'hui, il est possible d'affirmer que les nationalistes turcs ne se laisseront pas dévorer aisément.

Quel est l'état précis des deux camps en présence? Le camp anglo-grec a vraiment donné le suprême effort: il a mobilisé le ban et l'arrière-ban de ses plus fidèles créatures, acheté tout ce qui consent à se vendre. Le résultat, certes, n'est pas négligeable. Il tient entre ses mains ce qui fut la partie la plus riche de l'Anatolie, mais il en a fait une ruine.

Septembre va venir : les débarquements en mer Noire deviendront à peu près impossibles, le blocus n'existera plus; les hardis caïques, les petites canonnières turques se joueront des escadres. Octobre suivra, la neige tombera sur les hauts plateaux de l'Anatolie; les canons lourds, les tanks, l'artillerie de siège, les convois de munitions seront immobilisés ou saisis par des mains prestes accoutumées à tirer parti de la moindre occasion.

Ne comptant plus que sur lui-même, le chef qu' incarne aujourd'hui la résistance s'inclinera devant les nécessités de l'heure. Comment tout un peuple refoulé par la force vers ces confins asiatiques où tout plus que jamais est mystère, ne se détournerait-il pas de l'impitoyable Europe? Plus que jamais, Moustapha Kemal a I'Islam entier dans son camp. Egypte, Inde, Afghanistan, Perse, Irak sont avec lui, ainsi que l'Asie centrale Tous ne demandent qu'à l'appuyer. L'Afrique du Nord attend ses directives.

Lorsque l'Angleterre, lassée de la lutte, traitera, quelle figure allons-nous faire, nous qui n'avons même pas su protester?

BERTHE-GEORGES GAULIS.

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