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Téléphone: Gut. 43-57

Redacteur en chet: JACQUES BOULENGER,

RÉDACTION.- Les manuscrits doivent être adressés à M. le Rédacteur en chef. Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. L'Opinion ne publie que de l'inédit.

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La Russie rouge et les Républiques-soeurs d'Asie la création d'un conseil des nationalités, adjoint à ce

Le monde bolcheviste offre à l'heure actuelle l'aspect d'une fédération de républiques organisées d'après les principes communistes.

Comme la République française en 1797, la république soviétique de Moscou est la principale étoile d'une constellation de républiques soeurs. On sait quelles furent les destinées des créations ainsi dénommées au temps du Directoire.

Ephémères dans leur constitution première, comme le régime à l'imitation duquel elles furent conçues, elles n'en signifient pas moins par leur apparition un moment capital de l'histoire de la Révolution et de l'Europe. Au juste, c'est le moment où la Révolution, de phénomène français, est devenue phénomène européen. Les démonstrations d'Albert Sorel et de ses émules ont gravé dans toutes les mémoires ce que cette formule signifia pour l'une et l'autre pour la Révolution, une déviation de ses principes; pour l'Europe, une transposition, plus qu'une adaptation des thèmes révolution

naires.

cons

Ces réminiscences invitent à ne pas rester indifférent à l'avenir des autonomies fédérales dont les gens de Moscou ont cherché à étayer, comme d'autant de contreforts, l'édifice chancelant d'une république truite sur les principes du pur communisme. Nous ne sommes qu'assez pauvrement informés sur la « politique des nationalités » du régime soviétique, assez pour entrevoir qu'elle a tenu une place qui n'a cessé, semblet-il, de grandir dans les préoccupations du gouverement bolchevique. Elle a justifié la présence, parmi les commissaires du peuple, d'un commissaire aux nationalités; elle conduisait, il y a peu de semaines, à

commissariat. On s'est montré ému, même en Occident, du bruit mené autour du congrès des nationalités d'Orient, qui s'est tenu à Bakou, il y a près d'un an. On est porté à attribuer à cette politique des conséquences qui peuvent survivre à l'effondrement du régime aujourd'hui maître de Moscou. Sur le vaste ensemble des questions qu'on pouvait synthétiser sous le titre l'Asie et la Révolution russe; il n'est pas dour teux qu'elle ouvre des perspectives importantes.

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Le problème des nationalités, pour la Russie d'aujourd'hui, a une face, en effet, asiatique plutôt qu'exropéenne. Ce n'est pas, comme on sait, qu'il ait manqué d'aliments allogènes dans les parties occidentales et méridionales de l'ancien empire russe dont, en dépit du désaveu de style de l'impérialisme tsariste et capitaliste, le soviétisme panrusse se résigne malaisément à accepter la mutilation.

Mais du côté de l'ouest, le recul de l'influence moscovite, incomplètement compensé par les succès éphé mères de l'armée rouge dans la campagne de l'été 1920, a soustrait à l'empire bolcheviste, en même temps que la Pologne, les Etats baltiques dont l'accord contre la Russie de Lénine est maintenant un fait. Les nécessités de la guerre sur le front occidental n'ont laissé subsister, dans la vaste étendue des bassins du Niémen et du Dineper, zone historique des guerres séculaires entre Pologne et Moscovie, que deux organisations politiques correspondant à des groupes ethniques semi-russiens et auxquelles la République des Soviets de Russie a laissé l'autonomie après y avoir fait reconnaître le régime des Soviets et les principes de l'organisation commu

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niste. Au nord, le groupe blanc-russien a trouvé son expression soviétique dans la « République socialiste et soviétique indépendante de la Russie blanche »>, reconnue en fin 1919, reconstituée après l'évacuation de la région par les Polonais et la signature de l'armistice qui permit de tenir, en décembre dernier, à Minsk, le deuxième Congrès émanant des Soviets représentant les différents éléments ethniques de la région (Blancs-russiens, Russes, Juifs et Polonais). Après la ratification du traité avec la Pologne, la construction d'un pouvoir central, et le règlement des questions agraires comportant en particulier l'attribution d'un lot de terre aux paysans non propriétaires, furent l'objet principal des délibérations du Congrès.

Les circonstances ont restauré dans l'Ukraine la vie héroïque et barbare des confins militaires à laquelle elle dut jadis, au temps fameux des Cosaques, sa couleur locale. Le rétablissement imparfait de l'ordre bolcheviste après la retraite de Wrangel y a laissé subsister à l'état endémique l'insurrection paysanne et les raids de bandes de partisans et de « pogromchiks », aux ordres de divers atamans dont les bannières rassemblent, quelle que soit leur origine, les adversaires du régime bolcheviste monarchistes, anarchistes ou socialistes révolutionnaires. Faiblement représenté par des garnisons de l'armée rouge et des corps spéciaux chargés de donner la chasse aux partisans, dans le sud et sur la rive droite où il a peine à défendre Kiev et Odessa, le pouvoir des bolcheviks a son assiette à Kharkov, où siège le conseil des commissaires du peuple de la République de l'Ukraine, dont le président Rakowski fait figure de dictateur de l'Ukraine bolcheviste, qu'un traité d'alliance (ratifié en mars dernier) unit à la République des Soviets de Russie.

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Ainsi l'autonomie relative de l'Ukraine et de la Russie blanche, née de la situation politique et militaire de ces confins, s'explique par l'existence d'une Lithuanie entraînée dans l'orbite des puissances occidentales et de l'Ukraine antisoviétiste de Petlioura et de Skoropadski. Il semble, au contraire, que, dans le cas des Républiques asiatiques, mongoles ou caucasiennes, la politique soviétique ait délibérément cherché un appui dans le développement des tendances nationales des éléments indigènes et ait encouragé l'agitation particulariste pour en faire le véhicule de la cause bolcheviste.

L'année 1920 semble avoir été capitale dans le développement de cette politique. Sous les réserves que commande l'interprétation d'événements dont la chronologie serbe éclaire encore pour nous l'enchaînement, on peut avancer que c'est au Turkestan, dont l'histoire présente dans les deux années qui suivirent la révolution extrémiste un caractère à la fois confus et dramatique, que les maîtres de Moscou trouvèrent l'occasion de dégager une formule qu'ils essayèrent de généraliser au cours de l'année 1920 et de l'hiver 1920-21.

C'est de Moscou que partit le signal d'un revirement.
Le co
d'Etat, qui substitua à la tyrannie locale qui
avait terrorisé le pays un nouveau gouvernement orga-
nisé sur l'initiative d'une commission venue de Moscou
eut ceci de particulier qu'il s'appuya très nettement sur
l'élément musulman.

Tandis que la terreur continuait à décimer la colonie russe, sous prétexte de contre-révolution, le journal bolcheviste de Tachkent publiait une lettre où Lénine engageait les commissaires du Turkestan à veiller au bienêtre des indigènes. Ceux-ci étaient placés à la tête des commissariats qui, dans le régime communiste, correspondent à nos ministères. Le vendredi était substitué au dimanche comme jour de repos; l'emploi de la langue du pays devenait officiel. Un des premiers effets de ces nouveautés fut de renverser la situation au Boukhara au profit des bolchevistes; ils y avaient été massacrés deux ans plus tôt en cherchant à s'y installer. Ils y furent appelés cette fois (août 1920) par les révolutionnaires indigènes qui y proclamèrent la République des Soviets.

Il semble qu'à cette date, il en pousse de tous côtés, bouddhistes, voire chez les tribus restées demi-païennes; de ces républiques soviétiques indigènes, musulmanes, leur trainée éclose en fleurs nouvelles des steppes se suit de l'Amo-Daria à la Volga et de la Caspienne à l'Océan Glacial République soviétique et socialiste autonome du 27 mai 1920 et qui tient son assemblée soviétique en des Tatares, reconnue par un décret de Moscou en date septembre; territoire autonome des Tchouvaches de la moyenne Volga (juin); République Kirghize (septembre); République des Bachkirs qui, ayant reçu un commencement d'autonomie dès 1919 à la suite des événe ments dont la région de l'Oural avait été le théâtre, peut se donner comme la doyenne des Républiques fédéral mais qui est réorganisée en août 1920.

Le succès de la formule autonomiste est clairement attesté par son introduction non seulement chez les Kalmouks, avant-garde de l'Asie mongolique et bouddhiste, mais chez les primitifs de la race finoise qui, par delà leurs marécages et leurs forêts, ont reçu, dans le début de l'année courant, ce gage de la sollicitude

du commissariat des nationalités de Moscou.

On ne saurait oublier enfin que la Transcaucasie se partage en trois républiques que les victoires de l'armée rouge ont amenées à former des liens de fraternité avec les Soviets la Géorgie, l'Arménie et l'Azerbaidjan, cette dernière choisie, au moment où s'achevait le mouvement que nous venons d'esquisser, pour les assises du concile des nationalités où les prophètes bolchevistes annoncèrent aux délégués des peuples de l'Orient le nouvel évangile qui résoudrait des questions vieilles comme la tour de Babel.

Replacée dans l'ambiance des événements de l'année 1920, cette orientation de la politique soviétique trouve son explication naturelle. C'est l'année des premières grandes désillusions de la révolution communiste. Elle enregistre un double échec, militaire par l'insuccès de la fic campagne en Pologne, moral par le recul marqué de l'idée révolutionnaire en Europe occidentale, où la floraison rouge, escomptée pour le 1er mai de cette année, a été bien loin de se produire.

Les musulmans des oasis du Turkestan avaient donné, dès les premiers temps de la révolution russe, des signes de tendance séparatiste. Lorsque la révolution de novembre eut installé à Tachkend un représentant du gouvernement bolchevique, la revendication de l'autonomie pour les indigènes du Turkestan servit de prétexte à l'installation d'un gouvernement rival à Kokand (aux oasis du Ferghana). Des événements fort compliqués et marqués d'épisodes tragiques suivirent: guerre avec l'émir de Boukhara, où les bolchevistes eurent le Un mouvement révolutionnaire, comme un mouve dessous; destruction du gouvernement séparatiste de ment religieux, ne vit que s'il se propage. Abandonnant Kokand, tentative de contre-révolution aboutissant, au l'Europe réfractaire, la propagande bolcheviste reflue début de 1919, à l'établissement de la dictature d'un vers l'Asie. La nécessité d'alimenter en recrues l'armée triumvirat bolcheviste qui se signala en faisant régner rouge suffirait à ramener son attention vers ces popula terreur également sur l'élément russe et l'élément indi-lations asiatiques dont l'ancien régime ménageait déjà gène, celui-ci décimé d'autre part par une crise écono- les individualités nationales pour en utiliser les aptimique d'une prodigieuse gravité, suite de tous ces excès. I tudes militaires. Les décrets instituant les nouvelle

autonomies fédérales portent régulièrement témoignage de la même préoccupation: en abandonnant largement aux éléments indigènes la direction de leurs affaires particulières, Moscou a gardé en main l'organisation militaire. Le décret constituant la république kirghize subordonne expressément le comité militaire kirghize à la région militaire de la Transvolga. Celui qui crée la république bachkire stipule Il sera organisé une armée rouge essentiellement formée de Bachkirs. Les lois de l'armée rouge régiront l'armée bachkire dont le commandement et la haute direction seraient communs. ›› Lors de la réorganisation de la république, les membres du Comité exécutif central de Russie, d'accord avec les organes suprêmes des Soviets de Bachkire lancent un appel aux masses travailleuses de Bachkire, invitant chaque citoyen pouvant monter à cheval à se rendre immédiatement au front afin de sauver la Bachkirie rouge de la faim, du froid et de la chiakhta polonaise ».

On dirait d'une orientale du bon Coppée :

Du Volga sur leurs bidets grêles,
Les durs Baskirs vont arriver.
Avril est la saison des grêles

Et les balles vont le prouver.

Le premier congrès des Soviets de Tatarie déclare qu'il ne déposera pas les armes, et que tous les Tatares iront dans les rangs de l'armée rouge avec les protlétaires de la Russie des Soviets jusqu'à complète victoire sur l'ancien monde. Pour manifester leur gratitude de l'autonomie qui vient de leur être concédée, a les délégués kalmoukes promettent: 1° de compléter it les formations de cavalerie rouge kalmouke; 2° de donner toute l'aide possible en ravitaillement à toute l'armée rouge.

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En échange qu'offre Moscou ? Les bienfaits de sa révolution et de l'ordre de choses nouveau. Les forestmules et la phraséologie sont naturellement marxistes. Mais la moindre réflexion aide à comprendre que le marxisme, la formule de révolution adaptée aux soceciétés industrielles à forme capitaliste la plus complèottement évoluée, ne peut être ici qu'une pure phraséologie, dont ceux même qui en usent, reconnaissent la vanité. Croyons-en un témoin autorisé, l'inspirateur semble-t-il de la politique soviétique des nationalités, le commissaire aux nationalités, Staline, dont le rapport fan X Congrès du parti communiste, pose nettement la question:

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« Sur les 65 millions d'habitants non Russes, 35 millions à peine ont subi à un degré plus ou moins grand, une période de capitalisme industriel: c'est avec l'Ukraine, la Russie blanche, une faible partie de l'Azerbeidjan et l'Arménie. Les autres 30 millions, en majorité de nationalité turque, n'ont pas eu à subir les influences du capitalisme. Ces peuples n'ont pas eu leur prolétariat industriel, mais ils ont conservé en majorité leurs habitudes d'élevage, leur vie semi-patriarcale,

semi-féodale d'autrefois. >>

Proposée à ces gens, la révolution, même apportée par des missionnaires de Lénine, ne signifie pas autre chose que ce que révolution ou évolution (c'est tout un du point de vue où nous nous plaçons) a signifié depuis la fin du XVIII° siècle pour les peuples de l'occident européen, la fin d'un ancien régime qui, pour certaines de ces sociétés, équivaut à un moyen âge prolongé en plein xx siècle. Derrière les conflits, pour nous obscurs, parce qu'explicables par des intérêts purement locaux, qui ont agité et agitent encore les émirats de Khiva et de Boukhoua, c'est l'écroulement d'un despotisme, affermi par son alliance avec l'ancien régime

russe et dont l'arbitraire et les vexations semblent avoir suscité des oppositions violentes.

Sous l'étiquette du communisme, il apparaît que nous n'assistons à rien autre chose qu'une extension à l'Asie des forces démocratiques qui, au XIX siècle avaient fait la conquête de l'Occident. Cette conquête, deux ordres de phénomènes l'avaient rendue possible: la diffusion de l'instruction primaire (avec sa conséquence directe, le morcellement linguistique et le fusionnement des «< idées nationales » sur la base de ce morcellement poussé presque à l'infini); la vulgarisation de la propriété et spécialement de la propriété terrienne comme conséquence de la destruction ou de la régression de la grande propriété seigneuriale ou ecclésiastique. Si fragmentaires que soient les documents que nous avons sous les yeux, ils rendent sensible, croyons-nous, que des forces analogues sont à l'œuvre, à l'heure actuelle, dans la Russie asiatique.

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Il n'est pas douteux que le commissariat soviétique des nationalités ait déployé une réelle activité pour répandre, dans un dessein de propagande, les moyens d'instruction dans les langues indigènes. Certaines. informations recueillies dans les journaux soviétiques témoignent dans cet ordre d'idées d'un zèle dont l'excès peut porter au sourire. Le besoin ne se faisait peut-être pas absolument sentir de doter d'un théâtre national, <«<< votiak» ou « zirian », les primitifs habitants des forêts et toundras de la Dvina. On s'étonnera qu'à peine sortie des langes la République des «< durs Baskirs » ait chargé la « section scientifique et de linguistique du commissariat de l'instruction publique à Stalitamak » de recueillir les œuvres de la littérature populaire des Bachkirs. Mais, en somme, n'est-ce pas à de semblables fantaisies érudites que les Slovaquie, Yougoslavie, Latvie ont dû sortir des limbes, et peut-on savoir quelle surprise révèle l'avenir d'idées nationales qui ne semblent pas plus artificielles que bien d'autres ?

L'appel à l'instinct de propriété individuelle est un levier qu'on ne s'attendrait guère à voir jouer entre des mains communistes; tout porte à croire pourtant que les opportunistes de Moscou ne l'ont pas dédaigné. Ön avancerait volontiers que le ferment de l'agitation indigène en Asie centrale fut une question agraire. Les progrès marqués de la colonisation russe dans le dernier quart de siècle avaient eu pour effet la dépossession des tribus au profit du colon d'origine grandrussienne ou cosaque, du koulak. La question du koulak, accapareur de terres, revient fréquemment dans les affaires agitées par les Congrès des soviets des jeunes communautés. Fréquemment reparaît la formule le retour de la terre au premier occupant. La révolution bolcheviste a lancé l'indigène contre le koulak. Une phrase du rapport de Staline au Congrès du parti communiste éclaire la question : « Il faut, dit Staline, aider la population autochtone à jeter bas la puissance de ces koulaks colonisateurs et donner à chaque individu la quantité de terre nécessaire à son existence.» En Boukhavie, la révolution a pour conséquence le partage des terres de la maison régnante, des beks et des cadis aux miséreux, l'annulation des concessions faites aux étrangers.

sans

Faut-il ajouter que la révolution bolcheviste se présente encore avec ce caractère, propre aux phénomènes politiques de l'Europe, sans précédent, au contraire, dans l'histoire sociale et politique de l'Asie oublier les plus récents, l'impérialisme britannique ou l'impérialisme russe de ne connaître ni barrière de religion, ni barrière de race?

Si ces observations sont justes, elles inviteraient à formuler une conclusion. La révolution bolcheviste, vue d'Europe, est apparue, et avec raison, comme un phénomène asiatique. Vue d'Asie, et quelles que soient les

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Et la grande quinzaine est terminée !... Encore une!... On peut dire, en dépit de certains communiqués, que ce fut assez raté. Le coupable? Le temps, hélas ! le temps, cet autre Roi de Deauville, devant lequel le tout-puissant impresario n'est plus puissant du tout. Pluie, vent, vent, pluie, orages, tempêtes.. A l'hippodrome, certains jours, on se serait cru sur le pont d'un navire. Au Casino, on s'entassait, pour... s'abriter; et telles belles à la mode, qui n'étaient jamais entrées dans le hall à quatre heures après-midi, s'y réfugièrent, l'air penaud... Triste, triste! La potinière, néant!... Il fallait entendre certaines malédictions!

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Faute de piétons, ce furent les automobiles « de grand luxe » qui arpentèrent les entours de la rue Gontaut-Biron.

Quant à certains gentlemen qu'on en voyait parfois descendre, il était bien difficile de leur attribuer un état civil. Nouveaux riches? Anciens riches? Ou plutôt étrangers (car d'année en année le « Tout Paris » parle de moins en moins français)? Rien de tout cela peutêtre; seulement quelques pauvres diables qui, végétant toute l'année dans quelque sombre coin, ont pu se donner l'illusion (se la donnèrent-ils vraiment ?) de la grande vie.

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Au surplus, parmi les élégantes de Deauville, qui veulent y séjourner pendant tout le mois d'août, beaucoup, pour des raisons diverses, habitent Trouville et se logent « où elles peuvent »; le plus souvent dans des maisons de pêcheurs plus ou moins « arrangées >> pour la circonstance. Aussi, certaines petites rues ont un pittoresque charmant. Sordides, noires, presque puantes, elles sont animées par la présence de vingt jolies petites femmes; on les aperçoit, le matin, par Ies fenêtres ouvertes, dans des intérieurs bizarrement attention au hybrides, où leur joli pyjama jaune jaune ! il faut du jaune! jette une tache inattendue. Puis, vienne une éclaircie, et c'est, dehors, un vol de papillons clairs. Car il faut aussi être en clair, contre vent et marées et Dieu merci c'est tellement plus gai!

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Cela donne sans doute des idées aux petites Trouvillaises. Il y en a, des petites Trouvillaises, parfaite

ment.

En voici une, assez bien attifée, ma foi, qui, sur le seuil de sa petite maison, prend congé, pour sortir, vers sept heures du soir, d'une brave vieille femme en bonnet. Et avec quel accent attendri la maman hui crie :

Prends bien garde! Et, surtout, ne rentre pas trop tard... demain matin!

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Mais Trouville même reste la plage des familles, sur laquelle vous pouvez rencontrer, arpentant les planches, flanqué de sa dame et de ses mioches, l'employé qui vous poinçonne chaque jour votre ticket dans le NordSud.

Et avec quels airs, de ce côté-ci de la Touque, on colporte les nouvelles sensationnelles de la rive gauche: Hier soir, 300.000 francs d'un coup qu'a perdu Emilienne d'Alençon !

Et le plus fort est que c'est vrai toujours là !

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Emilienne est

Mais qu'est-ce que 300.000 francs? C'est par millions que se chiffrent les pertes et les gains. S. M. Aga Kahn alloue 10 millions à son entraîneur pour qu'on lui constitue une écurie de courses. Les joueurs qui font des différences de 500.000 francs dans leur soirée, il en est quelques-uns, comme cet Anglais, vous savez ?... Aussi ne serait-il point trop surprenant que les pourboires des croupiers montassent, comme on l'assure, à 100.000 francs par jour.

La plupart de ces joueurs «< colossaux » sont des étrangers, et le bénéfice du change leur permet d'ac cepter des pertes que bien peu de fortunes françaises seraient capables de supporter. A combien de livres indoues correspondent les 10 millions de francs d'Aga Khan, la livre indoue valant environ 33 shillings? Jo problème à poser à un enfant

Ne nous plaignons donc pas des « différences énormes des « pontes » de Deauville. Si la cagnotte du casino rapporte des fortunes à l'impresario, l'Etat y trouve aussi son compte, car on sait que l'impôt sur les jeux n'est pas précisément modeste. Il est très bon que les étrangers dépensent beaucoup le plus possible d'argent en France.

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Et il n'y a pas que l'Etat qui s'en trouve bien. A la porte du paradis des joueurs, ou de leur enfer, deux religieuses tendent leurs aumônières. Qui donne 50 louis aux croupiers en donnera peut-être un ou deux aux pauvres

qui sait?

Saisissant spectacle tout de même que celui des deux bonnes sœurs en cornettes au bord du gouffre.

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