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financières, économiques et l'interdiction des rapports

gagés à se

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que toutes les dispositions ont été prises pour rendre Etats du premier des amendements français, réclamant effective la solidarité qui peut maintenir la paix. Les

un contrôle sérieux. Et quelle que soit la décision de sanctions qui interviennent contre le membre en état de principe

que prendra la Conférence convoquée à rupture du pacte, ne sont pas négligeables : la rupture Washington, par le président Harding, quel que soit le des relations diplomatiques comporte des conséquences moment où des nations comme la France se jugeront

suffisamment « garanties

suffisamment « garanties » pour accepter le désarmeentre les nationaux de l'Etat isolé et ceux des Etats ment, les travaux de la Commission Viviani, que ratiassociés, des sanctions économiques, la principale

, le fera l'assemblée de la Société en septembre, préparent blocus; est d'une application difficile comme l'a montré l'institution de l'organisme dont les investigations, le le blocus de l'Allemagne au cours de la guerre, aussi contrôle rigoureux' et permanent, feront des décisions la commission du blocus de la Société des nations a-t- à venir de Washington, des réalités durables. elle été chargée d'étudier l'organisation éventuelle de L'assemblée de la Société des Nations appréciant cette mesure; enfin l'action militaire affaiblie par l'in- combien le développement de l'action de la Société peut transigeante opposition du président Wilson, manque rendre étroite et bienfaisante la solidarité des Nations d'une organisation forte. Les amendements français

, unies par un droit universel et vivant, a su comprendre auxquels j'ai déjà fait allusion, réclamaient la création aussi quelles mesures sont indispensables pour assurer de deux organismes permanents

, l'un chargé de la vé- la durée de cet état de justice, de paix et d'équilibre rification des renseignements que les Etats se sont en- qui se réalise jour à jour. Elle a compris que la crainte

fournir mutuellement sur la situation de de voir troubler cette sorte de bien-être international leurs armements, l'autre chargé, non pas comme on l'a si efficace soit-elle, peut être insuffisante à préserver dit, de jouer le rôle d'état-major d'une armée inter- les peuples d'élans irréfléchis ou d'entraînements trop nationale, mais simplement de prévoir et de préparer bien calculés

. Ni la plus large coopération ni la meilen temps utile les mesures militaires, navales ou autres leure' justice internationales ne modifieront soudainepropres à contraindre les Etats à exécuter leurs obli- ment les maurs et le caractère des hommes. gations et, en cas d'urgence, chargé d'assurer l'effica2

Peut-être dans un grand nombre de cas, dans la plucité immédiate de ces mesures. L'emploi de la force part même, la manifestation concrète des sanctions, posde 1.800 hommes, bien modeste mais suffisante, qui sibles sera-t-elle suffisante pour imposer le respect du devait représenter la puissance de huit Etats, durant droit. Mais encore faut-il que ces sanctions soient orgale plébiscite de Wilná, est un exemple caractéristique

nisées de façon à être immédiatement appliquées, si l'on des mesures militaires qui seront souvent nécessaire et veut qu'elles soient prises au sérieux. Donnez-lui des gasuffisantes.

ranties et des sanctions et la Société des Nations tiendra Le conseil de la Société des nations a donc eu re

ce qu'elle promet. cours déjà aux mesures militaires. C'est que depuis un

Mais ceci dit, et redit, nous pouvons terminer cet exaan se sont imposés à l'esprit de tous les membres de

men des débuts de la Société, sur une constatation assez la Société le sens et la portée de ce qu'on a appelé les optimiste

. Même armée de sanctions économiques et miamendements français.

litaires redoutables, la Société des Nations ne sera une La commission permanente prévue par le pacte avec

force véritable que si elle agit toujours au nom du droit. la mission limitée de donner au conseil des avis sur

Or, l'action morale de la Société des Nations est les questions militaires et navales, a été constitué en

désormais certaine. L'apaisement et la déférence de

la Suède et de la Finlande, de la Pologne et de la 1920. La France y est représentée par le maréchal Fayolle et l'amiral Lacaze. Cette commission étudie les

Lithuanie elle-même par moments, acceptant de longues moyens d'assurer le contrôle de la fabrication privée la Société des Nations à rapatrier 150.000 prisonniers

procédures ; l'oeuvre de Nansen réussissant au nom de des armements, le problème des gaz asphyxiants et la question générale de la limitation des armements.

retenus en Russie et en Orient ; l'hommage rendu à la

fin de la session de Paris, par la Suisse, à la prudence posée

été naturellement par plusieurs Etats première

des récentes décisions; la démarche du Président les société à Genève

. Après des paremales e o assemblea de Harding qui signifie en somme l'adhésion nouvelle des festée la bonne volonté un peu impatiente peut-être de

Etats-Unis aux idées et aux méthodes qui sont la raibeaucoup d'Etats, un accord s'est établi. Et c'est à

son d'être de la Société sinon à la Société elle-même; l'unanimité qu'il a été admis que la limitation

enfin l'arbitrage que les puissances viennent de réclamer d'elle au la

la fois qu'elle est désormais indispensable au monde, des puissances signataires des traités de paix, à l'exé

la responsabilité

et que s'il est inutile peut-être de modifier son nom, cution complète de la réduction des armements impo

il est en tous cas impossible de considérer comme nulle sés par les traités à certaines de ces puissances. Tous

et non avenue son oeuvre passée. les Etats associés ont donc admis l'ajournement du

HENRI VERNE. de l'Allemagne. Et c'est naturellement ce principe qui désarmement général au lendemain du désarmement Mais en attendant que vienne le moment de décider

Landru et la légende de l'anthropophagie de l'organisme de contrôle permanent proposé dans le rejeté et se prépare à passer devant la Cour d'assises de

Au moment où Landru vient de voir son pourvoi premier des amendements français. C'est ce qu'a fait

Versailles, voilà « l'homme de Gambais » redevenu l'homme du jour.

Or, entre tant de mots qui lui furent attribués, à tort

ou à raison, par le reportage parisien, j'en ai retenu un : principe de la vérification mutuelle, entre les membres client, qu'avez-vous fait de vos onze fiancées ?

ne fonctionnera que « le jour où le Mais enfin, aurait dit le juge d'instruction à son pourrait être consacré par un amende- Je vous le demande moi-même, monsieur le juge.

Faut croire que je les ai mangées ! somme l'admission par 40 Ne riez pas trop de cette boutade. L'anthropophagie

Cette dernière grave question a

Sennitive

comme condition préalable et sous

a dicté les votes des représentants de la France.
la limitation des armements, avant que vienne ce mo-

en France

il

l'Assemblée. Elle a donné mission à une commission qui vient de se réunir à Paris, sous la présidence de

Viviani, d'étudier dès maintenant le mécanisme de

verification, qui

de la Société

ment du Pacte. Ce projet et ce veu de l'unanimité de

l'Assemblée constitue en

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u'est pas seulement le fait du sauvage, qui peut excuser des bouillies de différentes farines que le légat et l'amson horrible geste par la rareté des vivres frais au dé- bassadeur d'Espagne faisaient distribuer aux plus pausert et dans la brousse africaine, ou par une supersti- vres. Les Parisiens broutèrent l'herbe des rues les moins tion d'ordre fétichique. Dans les idées des noirs, il faut fréquentées. On en vint jusqu'à essayer du pain de son manger le corps de son ennemi pour être sûr qu'il ne mêlé de poussière d'ardoise, de foin et de paille hachée

. revienne pas ; manger le cour d'un ennemi, passe aussi On fit de la farine des os de bêtes qu'on tuait et même pour donner de la bravoure. Les sorciers français, dans avec de vieux ossements ramassés dans les cimetières. les sombres rites du satanisme qui se perpétuèrent On appela cette invention le pain de Madame de Montjusque vers la fin du dix-huitième siècle, car, à la veille pensier, parce qu'elle l'avait approuvée; mais ceux qui de la Révolution, le Parlement de Dole condamnait en mangèrent en moururent. « Enfin une mère renouencore au bûcher une pauvre femme, convaincue de com- vela les horreurs du siège de Jérusalem : elle fit rôtir merce avec l'Esprit des Ténèbres, ne craignaient pas, les membres de son enfant mort et expira de douleur disaient leurs juges, de mêler le sang humain à leurs sur cette affreuse nourriture ». pratiques diaboliques, de se repaître de chair humaine. Bien longtemps auparavant, saint Jérôme assurait

Il suffit, pour s'en convaincre, de consulter le fameux avoir vu, dit Voltaire dans son Dictionnaire philosoDiscours des sorciers du terrible grand juge de la terre | phique, des hommes dans la Gaule qui, pouvant se nourde Saint-Claude, Henri Boguet, le recueil que conservent rir de porcs et d'autres animaux dans les forêts, aj. les Archives de la ville de Saint-Claude concernant maient mieux couper les fesses des jeunes garçons et l'exercice de la justice criminelle de 1554 à 1774 et les tétons des jeunes filles. C'étaient pour eux les mets l'ouvrage si fortement documenté d'Al. Tuetey sur la les plus friands. Chez les sauvages, les morceaux de Sorcellerie dans le pays de Montbéliard.

choix, assurent les récits des missions

des missions catholiques, Nous voyons, dans cette curieuse procédure, qu'une étaient la main et l'oeil grillé. certaine Jacqueline Paget, de Longchaumois (Jura) fut Au onzième siècle, pendant la grande famine qui condamnée à mort pour s'être donnée au diable, « item dura trois ans, la chair humaine était très recherchéc. pour avoir esté au sabbat et assemblées de sorciers et, Un boucher de Tournay fut brûlé vif pour en avoir ayant dansé, ouffert des chandelles, faict hommage au exposé à son étal. Un aubergiste de Mâcon subit le diable y estant en forme d'un motton (mouton) noir et

même supplice; il attirait les voyageurs chez lui, les y avoir mangé de la char (chair)... » Beaucoup de ma

»

assassinait et les dépeçait giciens furent coupables de meurtres d'enfants : « C'est Du dernier siège de Paris, en 1870-71, subsistent Satan, dit Boguet, (Discours des sorciers avec six advis, quelques faits d'anthropophagie. J'ai fort bien connu 2° édition, Lyon, Pierre Rigaud, 1608, ch. XXXIII) qui au quartier latin un ancien aide-major, étudiant de demande ces enfants en sacrifice aux sorciers, et mes- vingtième année, dont la personnalité énigmatique se me aux pères et mères... Les sorcières sucent quelque-dissimulait sous le sobriquet de Riquiqui. Se trouvant fois le sang des petits enfants jusqu'à ce qu'ils soient au fort d'Issy, il eut à amputer la jambe d'un garde expirés. » Un peu plus loin, dans son Discours, Boguet national et s'y tailla un succulent biftek. Il finit, d'ailcite le cas de plusieurs loups-garous, malheureux lycan- leurs, par renoncer à la médecine, devint l'un des plus thropes que la science aliéniste eût peut-être enfermés fidèles clients de l'assommoir légendaire de la rue Saintet douché et que leur temps traita par le feu purifi- Jacques, aujourd'hui disparu, l'Académie des Quarante cateur :

Tonneaux, comme disait le poète Raoul Ponchon, au « Jacques Bocquet, de Savoie, Clauda Jeanprost, d'Orcières,

temps de ses franches lippées. Clauda Jeanguillaume et Thiévenne Paget, du même lieu, ont confessé devant les juges de Saint-Claude qu'ils s'étoient mis

Mais ces faits correspondent à un détraquement causé en loups et qu'en cette forme ils avoient tué plusieurs enfants,

par la misère ou à une sorte de « folie obsidionale ». sçavoir un enfant d'Anatoile Cochet, de Long-Chamois, un La plupart des anthropophages, il faut le reconnaître, autre de Thievent Bondieu, dit Mutin, d'Orcières, un autre furent, en France, de simples déments. Tel ce garçon de Grand Claude Godard, un autre de Claude fils d'Antoine de quatorze ans, Jean Granier qui, vers l'an 1600, reGindre. »

vêtu d'une peau de loup, parcourait les campagnes, se Les annales des sièges mémorables fournissent des mant l'effroi, et dévorait les jeunes enfants qu'il renfaits d'anthropophagie provoqués par la disette, male- contrait. Arrêté, il fut traduit devant le Parlement de suada fames... Au siège d’Alésia, un chef arverne, pro- Bordeaux et voué au bûcher (Pathologie interne, Andral posa, dit-on, très sérieusement de manger les non-com- et Amédée Latour, p. 363). Exemple à rapprocher de battants afin de permettre aux soldats de Vercingétorix l'histoire d'un quasi anonyme, Gilles Garnier, l'ermite d'attendre l'arrivée de l'armée de secours : « Quel est de Saint-Sorlin-sur-l'Ain, dans les montagnes du Jura, donc à présent mon avis ? C'est de faire aujourd'hui qui attaquait les bergers isolés et les tuait pour se rece que nos ancêtres firent jadis dans une guerre bien moins dangereuse, qu'ils soutenaient contre les Cimbres

paître de leurs entrailles (Journal des Débats et Cons

titutionnel du 24 novembre 1824). et les Teutons. Lorsqu'ils se virent retranchés dans leurs villes, réduits à la même disette que celle que nous

Autre cas de perversion sanguinaire, qui semble avoir

une cause sexuelle. Dans la Drôme, en 1852, une jeune subissons, ils firent mourir tous ceux que leur âge ren. dait impropres au service des armes et se nourrirent

fille de quatorze ans recherchait toutes les occasions de

boire du sang humain. Elle suçait avec avidité celui qui de leur chair plutôt que de se rendre.... » On sait s'échappait des plaies récentes (Courrier de la Drôme, que cette opinion tragique effraya le conseil des Valence 1852). R. d'Amador, dans sa Vie du sang chefs gaulois, qui s'arrêta à une demi-mesure, non moins effrayante dans ses conséquences, puisqu'elle qui disputait aux chiens, dans les boucheries et les anat

(note 7) parle aussi d'un monomane, nommé Tarrare, aboutit à l'expulsion, hors de l'enceinte d'Alésia, de l'in fortunée population. Repoussée par les légionnaires de

toirs, les débris les plus répugnants. « Les infirmiers César, elle périt de faim dans l'étroit intervalle des

de l'hôpital de Versailles le surpnirent buvant le sang circonvalations opposées.

des malades que l'on venait de saigner et, dans la salle Au siège de La Rochelle, dit Anquetil (Hist. de

des morts, nouveau vampire, s'attachant aux cadavres France I, p. 696), « un père et une mère déterrèrent leur

comme à une proie. fille qui venait de mourir et la mangèrent. » Pendant

Qui n'a présent à la mémoire le procès sinistre du

sergent Bertrand, le nécrophile du cimetière Montparle siège de Paris par Henri IV, le pain étant devenu

du cin

nasse, en 1848. Sa funèbre manie se compliquait d'anrare, a écrit encore le même historien, on y substitua thropyphagie, car, sur les cadavres qu'il exhumait, qu'il

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avec

votre

Simple ouvrier agricole après avoir servi dans la se plaisait à mutiler et à polluer, on releva des traces de morsures (Tardieu, Attentats à la pudeur). Après sa

garde en 1815, Antoine Léger s'était tenu jusque-là, par condamnation, il se retira au Havre, se maria, devint son humeur farouche, éloigné des femmes, et son dé

fenseur insinua qu'avant le crime, ce grand garçon à employé de mairie, eut deux filles qui vivent encore.

En 1869, le 20 avril, une jeune fille d'un petit village la figure calme, encadrée d'une barbe fluviale et d'une des Ardennes, dit V. Trinquier dans sa Thèse de con

chevelure châtain hirsute, qu'il rognait avec son couteau COUTS sur les passions et les instincts (1835), tua son en- en posant l'extrémité sur un caillou plat, aux regards fant

, le découpa, le mit au saloir. Toute la famille en hébétés, au teint blême, costumé en vigneron, pouvait mangea sans le savoir. Hélas ! saint Nicolas, où étais-tu? bien être vierge. Il apparut aux assises comme un mysCe crime fut perpétré, sans doute, dans

un accès

de. tère troublant. « Un jour, dit-il, dans mes courses de fièvre puerpérale

la forêt, je surpris un lapin et ce fut une vraie joie, un Les Archives générales de médecine (t. VII, p. 472) vrai régal

. Je l'ai mangé cru sur-le-champ. »

, p nous content longuement l'aventure lamentable de l'an

Sa version sur le crime différa sensiblement des consthropophage de Saint-Amand (Cher), arrêté en octobre tatations résultant de l'enquête et des expertises légales. 1824

, au moment où il dévorait un cadavre inhumé le D'une hauteur, l'anthropophage aperçoit, sur la lisière matin. Il se repaissait avec volupté des substances ani- du bois, la jeune Debully et conçoit aussitôt le projet males les plus écoeurantes. A plusieurs reprises, il s'in- de l'enlever. Personne aux alentours; quelques bergers, troduisit dans les cimetières et chercha à exhumer des quelques ouvriers dans la plaine, mais ils sont loin. cadavres afin d'en manger les intestins qui flattaient | Léger fond sur sa proie inattentive, la bâillonne avec particulièrement son goût. Agé de trente ans, d'une son mouchoir, la charge sur son dos et l'emporte dans taille élevée, avec une mine assez avenante, rien en-1

--lui un fourré. Fatigué, croyant sa victime morte, il la jette n'annonçait la frénésie sadique qui le dominait et se sur l'herbe. Il veut boire du sang! I commet le viol encompliquait d'un érotisme violent. Le docteur Berthol- suite, déchire le corps pantelant, arrache le coeur, le let, de Saint-Amand, qui l'avait observé, déposa qu'on mange... l'avait vu suivre les vétérinaires occupés à panser des Ces aveux si effrayants ne reproduisent pourtant chevaux blessés et se jeter avec avidité sur les lambeaux qu'en partie la réalité dans son horreur. « Il exerça sur de chair infectés et à demi pourris qui étaient enlevés. l'enfant, dit le Journal des Débats du 24 août 1824, On le surprit aussi fouillant les tas d'immondices dans mille cruautés, lui creva les yeux, lui rompit les bras et le but de satisfaire ses appétits monstrueux. Volontiers,

lui arracha les entrailles. La victime à vécu trente-six il se vantait de ses habitudes, mais ses propos révélaient heures au milieu de ces angoisses. » Léger nia le viol une certaine incohérence. Il avouait que, bien qu'il n'eût

à l'audience : encore attaqué aucun être vivant, il se sentait capable « Je n'ai fait tout cela, dit-il, que pour avoir du sang, je sous l'empire de la faim, de tuer un enfant endormi voulais boire du sang, j'étais tourmenté de la soif, je n'étais dans la campagne. Par une bizarrerie inexplicable, il plus maitre de moi. disait éprouver une douleur très vive aux angles de la

Président. N'avez-vous pas détaché mâchoire et dans la gorge lorsqu'il se livrait à des fes

couteau le coeur de votre victime? tins dignes des Atrides. On l'interna à Bicêtre.

Je l'ai tâté un peu avec mon

et je l'ai

percé... » Le cas le plus caractéristique de monomanie anthro- rc Le Président. Qu'avez-vous fait des débris du cadapophagique est évidemment celui d'Antoine Léger, qui appartient à la série des Causes célèbres.

Je les ai cachés hors de la grotte, sous de la fouUne fillette de douze ans et demi, Aimée-Constance

gère et toute sorte de choses. Après cela, je m'en suis allé,

. Debully, de la commune

d'Esteville
, canton de Dours il y avait des oiseaux

qui croassaient après moi.

« Le Président. Quels oiseaux? dan (Seine-et-Oise), sortait, le 10 août 1824, de la mai

Des pies que je croyais être pour me faire son parternelle vers 4 heures de l'après-midi pour prendre. » aller ébourgeonner une pièce de vigne située à un quart de lieue du village, près du bois du Bardion. On ne la

Le docteur Ballut, médecin légiste, de la Ferté-Aleps, revit plus. Le soir seulement, la famille, -alarmée, trouva

affirma que l'attentat à la pudeur aurait été commencé dans la vigne les souliers, le chapeau et la serpette de

pendant la vie de l'enfant et consommé après sa mort. L'accusé lui avait avoué avoir mangé en partie le coeur

de sa victime. Roche de la Charbonnière, fit découvrir dans une crebattue en règle autour de la En vain, le défenseur, Mo Benoist, demanda que

la vasse des branches de fougère récemment foulées, sous

question d'irresponsabilité fût posée. Après une heure feuilles, destinés à masquer l'ouverture d'une caverne,

de délibération, le jury déclara Antoine Léger coupable lesquelles se trouvaient du foin, de la paille et des

sans circonstances . Esquirol fut qui parut tout de suite avoir servi de repaire à un être

à humain. Une odeur cadavérique s'en dégageait. Sous

phage supplicié en vertu de cette inexorable sentence.

Il trouva que la pie-mère adhérait au cerveau et conun corps d'enfant que les époux Debully reconnurent sable, dans une anfractuosité, se révéla

clut à une responsabilité très atténuée. pour être celui de leur fille. Les jambes et les cuisses

Comme on le voit, la bête humaine n'a jamais perdu tilé. Sur diverses parties du corps, des plaies nombreuses étaient repliées sur le ventre, le tronc horriblement mu

ses droits. L'anthropophagie, au dix-neuvième siècle,

s'est perpétuée comme une manifestation d'aliénation et profondes avaient été pratiquées à la pointe du

mentale et il en sera de plus en plus ainsi, car,

même avec la vie chère, l'excuse de la nécessité ne saurait être

admise. Plus que jamais on ne verra se renouveler le sorte de sauvage errant dont les allures inquiétaient la

forfait de cette Picarde affamée dont parle Monstrelet en sa Chronique (Edit. de la Société de l'Histoire de France, t. V. p. 351) :

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la malheureuse enfant.

Six jours après, une

appelé à pratiquer l'autopsie du corps de l'anthropo

deux pieds de s

couteau.

Dans l'intervaille on avait arrêté dans les bois une

« En ce même temps (1438), advint une très grande et cruelle merveille en ung village assés près d’Abbeville. Car une femme y fut prinse et accusée de avoir murdri plusieurs petits enfants, lesquelx elle avoit demembrez et salez secrètement en sa maison. Si fut celle grande cruauté accusée par le moyen d'aulcuns brigands, qui par nuit vindrent en sa

blé, qu'il dérobait la nuit, épiait le passage des femmes rocher, vivait de pois, de fruits, d'artichauts, d'épis de qui s'en allaient seules travailler aux champs, car, avouait-il, de violents désirs l'agitaient. Avec une futeur de rut féroce, il éprouvait l'atroce besoin de manger de la chair humaine, de s'abreuver de sang.

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maison et trouvèrent des pièces. Et pour ceste cause fut pas. Elle intervient là où la raison s'arrête, elle a son prinse, et après qu'elle eut cogneu son malice, fut arse et

autorité en soi indépendante de son utilité et il exécutée par justice du dit lieu d'Abbeville en Ponthieu. »

importe assez peu à celui qui la possède que les synopAinsi, pour l'honneur de l'humanité, en dehors de tiques ne s'accordent pas toujours et qu'il y ait des tral'hypothèse explicative de démence ou de l'absence ex- ces de gnosticisme dans l'Evangile selon saint Jean : ceptionnelle d'approvisionnements; comme

il lui suffit qu'un même esprit reste présent sous la dédeau de la Méduse, l'anthropophagie préméditée ne peut bilité, de l'ouvre humaine et que ce soit la parole de être qu'urre gageure de carabin, ou un paradoxe pure- Dieu qu'il entende à travers les pauvres mots de ses ment verbal, propre à stupéfier le philistin.

mauvais traduoteurs. Et c'est; sans aucun doute, de la sorte qu'il convient Renan donnait donc une fort mauvaise raison de d'entendre la légendaire boutade de Baudelaire van- son incroyance quand il l'attribuait au fait d'avoir tant, au café; le goût exquis des cervelles d'enfants, appris l'hébreu. Et il s'en doutait bien ! Avant toutequi lui rappelaient, disait-il, la saveur des cerneaux

fois de toucher à la racine de l'erreur pragmatiste frais.

voyons les excès où elle peut se porter. M. Sorel nie le NOËL AMAUDRU. progrès ou l'ordre de la raison pour le subordonner aux

hasards des découvertes utilitaires ou aux trouvailles de

la technique. Il rattache, par exemple, la construction du Les Idées

polyedre régulier à l'art des tailleurs de perles fines ; il

ramène gratuitement le « premier moteur » d'Aristote Le Pragmatisme et l'Intelligence

conclusion d'une logique excessive, à une simple obser

vation (Aristote l'aurait conçu en remarquant que dans A l'heure où l'on pouvait croire que la philosophie toute chaîne cinématique, il y a un membre immobile »); pragmatiste, passée de mode, allait prendre dans le il veut qu'une grande science comme la géométrie de musée des systèmes une des places les moins en vue, meure stérile quand on ne lui demande plus que des M. G. Sorel écrit en sa faveur un plaidoyer hautain,

satisfactions d'ordre spirituel ; il pose que l'idée de agressif ét richement trop richement documenté. liberté provient non de soucis rationnels, mais de « préocEt comme il ne craint point sûr de ses principes cupations juridiques provoquées par les idées de péché, d'en dissimuler aucune suite, il va nous permettre de de rédemption, de sacrements... » ; à propos de ce constater - une fois de plus -- la pénurie d'une pensée même Renan il écrit ces paroles étonnantes : « Pour se dont l'étonnante faiblesse n'a pas assez étonné. rendre compte de ce que furent les théories antiques de Disons d'abord qu'il l'accepte, intégrale, ét fondée

la Trinité et des deux natures du Christ, il faut se rapsur des notions évidentes pour lui. Après avoir admis peler que dans les codes on voit le chef d'une moitié avec William James et Charles Peirce, qu'il n'y a pas de l'empire rendre des édits au nom des deux Auune seule distinction « fût-ce la plus élaborée, la plus guste... » délicate, qui porte sur autre chose que sur une diffé- La confusion ne peut aller plus loin, et c'est bien une rence dans les conséquences pratiques », il ajoute que série de confusions et un défaut total du sens de l'ordi le philosophe ne doit pas apporter des solutions, mais qui définissent le pragmatisme. Il pose justement qu'en provoquer des résultats, et que le véritable pragmatiste général – il devrait dire en général – la philosophie veut « s'en tenir aux enseignements fournis par l'usage pratique devance la philosophie speculative et qu'elle que la société fait de la science pour la satisfaction de lui sert de base et de garantie. Peut-être faudrait-il renses besoins. » Il accepte enfin čette théorie tout améri- verser les termes, du moins dans cette dernière assertion caine : que la vérité est créée par l'action et mesurée par Si une construction logique part du fait et se vérifie par l'utilité, qu'une idée vaut - tel un objet dans la le fait, elle ne reçoit sa valeur que de l'intelligence et limite où elle sert.

c'est, en dernier lieu, le jeu normal de l'esprit qui asIl est assez curieux d'appliquer au pragmatisme la sure sa validité. règle dont il se réclame et de l'apprécier d'après ce qu'il Et il est à craindre que M. Sorel en faisant de l'utifait des disciplines et des idées qu'il entend établir ou lité, avec ses maîtres, le signe de la vérité n'ait pris juger à sa manière. Ne suivons point M. Sorel dans ses une apparence pour une réalité, une cause secondaire recherches sur la notion de vérité, dans ses remarques pour une origine principale. Ce qui est le dernier dans sur la science grecque ou sur la technique moderne, et i'ordre de la génération, disait saint Thomas, est le predisons seulement que nous ne sommes pas surpris de mier dans l'ordre de la conception. On fixe d'abord le lé voir aboutir, avec une érudition étonnante et une vi- but et on s'ingénie ensuite à découvrir les moyens d'y vacité d'esprit peu coinmune. à des conclusions qui parvenir, mais dans le cours de l'exécution ce sont, watutournent court et frustrent l'intelligence de la nourri- rellement, les moyens qui d'abord se développent et le ture qu'elle attendait. Mais voyons dans quelque dé- but qui apparaît en dernier lieu. Dirons-nous pourtant

, cail, pour l'exemple, ce qu'il advient du cas Renan, avec contre l'évidence, que c'est celui-ci qui a été conditionné une telle méthode.

par ceux-là ? Croirons-nous aussi que les Grecs ont eu la M. Sorel ne s'étonne nullement que l'historien des vue arrêtée par l'immobile parce qu'ils ont été sculpOrigines du Christianisme ait cessé de croire pour des teurs et architectes, ou déduirons-nous le contraire ? Et raisons d'ordre philologique et par là möntre déjà | enfin, si, par chance, les tailleurs de perles fines ont déqu'il n'est pas bon théologien. « Celui qui se placé, dit-il

, couvert la construction ou polyedre régulier, donneronsau point de vue des historiens, n'admettra plus de nous au géomètre le droit qu'il a seul de légitimer l'opéthéorieś extra-expérimentales de la physique, du droit ration? naturel, de philosophie permanente ; l'humanité cons- Le pragmatisme, écrit encore M. Sorel, « habitué trit des doctrines dont la valeur est constatée par l'uti- à juger les théories d'après l'usage qu'en a fait la tralité qu'on leur reconnaît au cours d'une longue doctrine; dition, affirme franchement que la science n'a jamais nous sommes ainsi amenés au pragmatisme. >>

pu tirer de son propre fonds des titres de légitimité..” Mais, précisément, le point de vue de l'historien n'est C'est atteindre là, une fois de plus, l'intelligence, à lapas celui du philosophe, et c'est une des faiblesses du quelle nous revenons et qui nous impose de conclure en pragmatisme, la principale peut-être, que cette confu- ne la passant point sous silence. sion de l'histoire et de la philosophie, de l'ordre des La raison humaine, avec des contenus divers qui peufaits et de l'ordre des idées

. La foi, comme dit l'Epitre vent aller jusqu'à changer complètement d'un age a aux Hébreux, nous persuade des choses qu'on ne voit l'autre l'idée qu'elle prend du monde, procède toujours

à 213

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27. que sa pensée soit déterminée

par des opérations identiques en leur essence. Si l'uni

Nous voici donc, une fois encore, en plein monde movers matériel a ses. lois, si l'histoire a les siennes derne c'est-à-dire, philosophiquement, dans le faux abqui est moins sár – elle-même, pouvoir des règles, solu. Il n'est pas vrai que l'homme soit mesuré tout encomme on l'a définie

, domine ces idées générales ou ces tier par sa vie physique principes qu'elle formule, et gardant, quelle que soit la par ses besoins. Sa fin, au contraire, semble de connaitre; matière

, sa manière, conserve son autonomie. Si la con- il ne subsiste que dans cette intention ; et faire la loi de ception du juste et de l'injuste, par exemple, varie, le son être des conditions mêmes de son existence, c'est mécanisme par

lequel s'acquiert la notion de justice de évidemment prendre les moyens pour le terme, l'opérameure pareil, et les jugements innombrables et contra

tion pour le fruit. On n'a rien dit, on n'a rien trouvé, dictoires se ramènent toujours, en dernier lieu, à l'iden- on n'a témoigné que d'un irrémédiable aveuglement tité, à la causalité, à la sensation point de départ mys- quand on a déclaré que tout s'explique sur la terre par térieux et irréductible de la vie. Is a enfin une logique, la nécessité où nous sommes de nous y accommoder et inhérente à l'espèce, variable dans ses applications mais que les idées, c'est ce qu'il nous reste de l'ingéniosité que une et immuable quant à sa nature, il y a une intelligence nous avons déployée pour nous nourrir et apprendre à qui

reconnaissant et imposant des vérités temporaires nous supporter en société. peut du moins - et probablement seule - nous don- L'histoire de la raison tienidra compte, certes, des ner l'idée de la vérité

apports dont les siècles ont enrichi ou varié l'intelliTransférer dès lors la réalité de l'esprit au sentiment

gence et des horizons successifs qu'ils ont découverts. et de la pensée à l'histoire, c'est recevoir la règle de Elle ne devra pas oublier, pour rester valable, que l'esl'extérieur, du transitoire, et tomber dans un phénomé- prit, malgré les assertions superficielles de tous les pragnisme absolu;

c'est aussi substituer la notion de matismes, porte en lui sa lumière et demeure seul juge Phomo faber à celle de l'homo sapiens, et dire non point des vérités qu'il nous est donné d'apercevoir. que nous construisons parce que nous connaissons, mais que nous connaissons parce que nous construisons.

GONZAGUE TRUC.

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LE CRÉPUSCULE TRAGIQUE

le

et de l'esprit que tout le monde lesuspectait
. Il refit tine longue halter a la restauration, où il me tup

partit

LE FUMULTE (Suite)

savait le motif. Il ne trouvait point le temps long : la Philippe eut; à ce moment, le sentiment qu'il se ré- route que l'on parcourt une seconde fois semble toujours veilait, que ce n'était plus le temps de rêver, ou de plus courte. Puis les heures d'arrivée ou de départ coinpenser, qu'il devait employer toute son intelligence, cidaient, non certes avec les chiffres portés sur l'indica

toute son attention, à la besögme positive et périlleuse teur, mais avec ceux qu'il avait calculés de tête en tenant qu'il était en train de faire, qui consistait à effectuer,

compte de l'encombrement des lignes, et cette ponctuaen déjouant toutes les embûches, la traversée du pays

lité relative l'inquiétait même bien davantage que l'appaennemi

plus exactement, et pour user du terme tech- reil militaire, qui ne le surprenait plus. Philippe Lefebûre nique : des lignes ennemies. Il redevint instantanément

fut sans doute le premier Français dupe de cette merl'observateur imperturbable et, à l'occasion, narquois.

veilleuse organisation allemande », dont on nous a tant Il sentait ce qu'on peut imaginer

que sent l'animal qui rebattu les oreilles depuis. ilaire, qui voit le piège qu'on lui a tendu, et qui, par

Pour les mêmes raisons, et aussi parce qu'il n'était pas bravade, passe tout à côté. Il n'avait plus

et il en cette fois comme l'autre recru de fatigue, il opéra son était bien aise

, car cela, en vérité, était si contraire à changement de train, à Berlin, à la gare centrale, sans sa franchise! — le regard oblique et fuyant, comme

«« perrichonner » comme il disait, ni faire de pas inutiles, ni être contraint de poser aux employés.

Il à ne lui gardait bien en face ses compagnons, presque tous mi. point que la proportion des officiers fût sensiblement litaires, et il lui semblait en être regardé sans méfiance, plus forte que la normale. Il eut même le bonheur de

comme si ces inconnus avaient n'en avoir pas un seul dans son compartiment, qu'envahit pu savoir qu'il savait, et que ce n'était plus la peine de

à propos toute une famille, perc, mère et trois enfants : Mais il lui sembla qu'on le regardait aussi avec une

gens probablement fort riches ou de haute naissance, colere contenue. On enrageait de ne pouvoir pas faire

puisque, contre l'habitude du pays, ils voyageaient en

première classe, mais qui ne payaient pas de mine et autrement que de le laisser passer. Il songea que le président de la République, alors en Russie, aurait peut

semblaient appartenir au milieu le plus bourgeois. tage de la médiocrité, en de pareilles conjonctures, n'est

L'agrément fut tel pour Philippe de ne plus voir etre plus de mal que lui à rentrer à temps et que l'avan- d'uniformes autour de lui qu'il eut cette fois l'illusion pas médiocre. Il avait tous les orgueils, même d'assez

entière de la sécurité. Il en süt gré à ses nouveaux commesquins, et sa petitesse lui était souvent importune; leur bonhomie vulgaire une manière de sympathie. Ce

pagnons de route, à tel point qu'il put concevoir pour cette sécurité qu'elle lui procurait, elle lui permettait de Pardonnait cependant, parce que; outre bon sentiment, précaire; ne résista point à l'étalage et

à la consommation de leurs mangeailles: La vue et somme, depuis qu'il était redescendu l'odeur réveillèrent en Philippe cette répugnancë, plus

instinctive que de parti pris, cette répugniance de peau premier voyage se répétaient': rencontres de trains miliesť allemand l'avait prévu, tous les incidents du

est allemand: Il se rencogna, ferīta les yeux...

qu'il avait son plus jeune âge pour tout ce qui interminables sur les voies de garage, et le retard qui observé déjà cent fois depuis le commencement de son

Qu'aurait-il pu' regarder; observer, qu'il n'eût regardé, voyage? Il essayait même de ne pas entendre l'insipideconversation des mioches : les parent's lisaient des

avec une froide politesse, prendre des précautions.

cette fois; lui

narguer, et

qu'en

Comme Philippe

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des cimes de sa méditation, il s'amusait. taires; enabarquement de troupes à chaque station, arrêts d'heure en heure augmentait jusqu'à devenir fabuleux. Tout cela ne lui-causait plus d'émotion parce qu'il en

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