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dans le cas de lévitation, s'échappant du corps du me- frappé davantage, dans le visage, si caractéristique, do dium, le plus souvent par la partie inférieure du tronc, docteur Geley – et je pense qui quiconque l'a vu doit se répand au loin, jusqu'à plusieurs mètres de distance, conserver la même impression

ce sont les yeux et va soulever l'objet (ou l'attirer ou le repousser). Si grands, saillants, ronds, soinbres avec des éclats dorés. l'objet est trop lourd, l'espèce de tige de substance, ou Le regard est d'une remarquable fixité, mais avec, cepen« levier psychique », comme l'appelle Crawford, se dant, une espèce de voile, quelque chose de nébuleux courbe, prend un point d'appui sur le sol et se redresse et de brouillé, comme si le reflet du mystère, si souvent pour s'élever verticalement. L'ectoplasme était générale- contemplé, y demeurait fixé pour toujours. Regard in ment invisible, tout en étant pesant, capable d'influencer soutenable et attirant à la fois, disons le mot : fascile sens du toucher et capable de marquer son empreinte nant. Puis, dans la face extrêmement sévère, par ins. dans une substance plastique (argile).

tants, l'éclair.brusque d'un sourire absolument charmant La démonstration du poids de la substance est peut- La voix est nette et les termes précis. être ce qu'il y a de plus frappant dans les expériences

Avec lui, nous allons entitr, tout de suite, dans le de Crawford. Le medium étant placé sur une balance, ceur même du débat. quand l'ectoplasme était sorti de lui le plus qu'il lui était possible, le dit medium perdait jusqu'à 24 kilos

LE DI GUSTAVE GELEY de son poids (I). Au toucher, l'ectoplasme donnait l'im

Directeur de l'Institut Métapsychique pression d'une masse froide et visqueuse comparable à celle donne le contact d'un reptile. Quant à la vue,

« Il n'est pas question ici, n'est-ce pas, me dit-il

, de que Crawford arriva peu à peu, dit-il, à percevoir avec ses

faire une étude historique ou critique des matérialisayeux des sortes de filaments de couleur claire, se mas- tions. J'apporte simplement ma contribution à l'analyse sant pour former comine une pâte, et il put en prendre

et à la synthèse d'un phénomène qui, selon moi, boulequelques photographies, dont on voit des reproductions verse de fond en comble les fondements de la physio dans une plaquette posthume : The psychic structures at logie. the Goligher circle. (Le medium était miss Goligher.) Le processus des matérialisations peut se résumer Le phénomène, ainsi décrit, durait plus ou moins long- ainsi : 1° Du corps du médium sort une substance temps ; puis l'étrange matière rentrait dans le corps d'abord amorphe ou polymorphe ; 2° Cette substance se du medium, lequel était agité de violents frissons. constitue en représentations diverses, généralement re

« Mes conclusions, écrit Crawford, de qui la présentations d'organes plus ou moins complexes. mort a interrompu les travaux, sont les suivantes : La substance s'extériorise du medium, soit sous la Les phénomènes sont causés par des tiges flexibles, sem

forme gazeuse ou vaporeuse, soit sous la forme liquide blables à des rayons sortant du corps du medium. Ces

ou solide. rayons sont la cause des manifestations : lévitation, inouvements de la table sur le sol, coups frappés, attou

La forme vaporeuse est la plus fréquente et la plus chements, ou toute autre modalité du phénomène ».

connue. Auprès du médium s'agglomère une sorte Voilà, n'est-il pas vrai, des observations sensation- vapeur visible, de brouillard, souvent relié à lui pa nelles.

lien ténu de la même substance. Puis il se prod. L'explication, proposée par les « non-spirites », de la

comme une condensation, en divers points de ce brown télépathie avec apparitions était que ces apparitions

lard. Ces points de condensation prennent enfin l'appa: pouvaient être des projections de celui qui les voit ou rence d'organes, dont le développement s'achève tres les entend, projections déclenchées par une onde, reçue

rapidement. d'une distance quelconque : l'onde psychique était, dans Sous sa forme liquide ou solide, la substance est plus ce cas, comparée à l'onde électrique qui, au poste où on accessible pour nous. Son organisation est en effet plus la recueille, met en branle un appareil susceptible de lente, je veux dire qu'elle reste plus longtemps à l'état reproduire les mouvements de l'appareil qui se trouve amorphe, ce qui permet un examen plus attentif. Ele au poste de départ. Mais le point obscur était précisé- a été observée sous cette forme chez plusieurs médiums, ment de savoir comment (en dehors, bien entendu, de la et particulièrement par Schrenck-Notzing et Crawford

, pure hallucination) un individu pouvait projeter hors ainsi que vous l'avez rappelé précédemment ; mais de lui-même une figure ayant une réalité objective. c'est chez le médium Eva (1) que la genèse de la

Les expériences de Crawford et de ceux qui marchent substance solide se produit surtout avec une intensité sur les mêmes traces, ouvrent-elles la voie à une expli- extraordinaire. J'ai eu l'occasion, grâce à l'amabilité de cation définitive ?

Mme Bisson, d'étudier avec elle va pendant dix-huit La tentation est bien forte de franchir ce pas !... Je mois, soit chez elle, soit dans mon propre laboratoire ne pense pas cependant que la Science l'ait osé fran- Après Eva, j'ai pu étudier quelques autres sujets

, qui chir : il ne faut pas aller si vite ; nous sommes en m'ont donné des phénomènes analogues. Pour le mo pleins tâtonnements... Et c'est ce que va nous expliquer ment, je poursuis des expériences sur M. Franek Kluski

, maintenant celui à qui j'ai fait allusion l'autre jour : en collaboration avec le professeur Ch. Richet et M. A le docteur Gustave Geley, directeur de l'Institut méta- de Gramont : les premiers résultats seront publiés inpsychique international

cessamment. Les matérialisations dont je vous parle, Le docteur Geley m'a reçu fort aimablement, à plu- j'ai donc pu les voir, les toucher, les photographier : sieurs reprises, dans un des laboratoires de l'élégant maintes fois, j'ai suivi le phénomène depuis son origine hôtel qu’occupe l'Institut, avenue Niel (2). Ce qui m'a jusqu'à sa terminaison : je n'ai pas le droit d'émettre

un doute sur sa réalité. (1) Il va sans dire que nous abordons ici un ordre de phénomènes pour lesquels il y a encore des négateurs. Je rap

Le mode opératoire pour obtenir des matérialisations porte simplement ce que Crawford et ses collaborateurs ont

est très simple. affirmé.

Quand il s'agit d'Eva, par exemple, le médium es (2) L'Institut métapsychique, fondé par « un initiateur

mis soit en état d'hypnose artificielle (état superficie éclairé et généreux » (M. Jean Meyer), est placé sous la direction d'une élite de personnalités compétentes : président personnalité), soit en état de transe spontanée, apre

mais comportant néanmoins quelquefois l'oubli de la d'honneur : Ch. Richet ; président : professeur Santoliquido : membres : MM. A. de Gramont, Camille Flammarion, méde

qu'on l'a fait asseoir, quelquefois, dans un cabinet noir cin inspecteur Calmette, Teissier, Gabriel Delanne, Jules Roche, Saurel ; directeur : Dr G, Geley.

(1) Mlle Eva Carrière.

:

quel

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Ce cabinet noir n'a d'autre but que de soustraire d'abord i expériences

, pour satisfaire aux curiosités même les plus le médium aux influences perturbatrices ambiantes et légitimes. spécialement à l'action de la lumière : il permet de gar

L'apparition de la substance est annoncée généraleder dans le reste de la pièce un éclairage suffisant. Tou

ment par la présence de taches blanches, de la dimensión tes les précautions sont prises, d'ailleurs, bien entendu,

d'un pois à celle d'une pièce de cinq francs, disséminées contre la fraude : en entrant dans le laboratoire, le mé. çà et là sur le vêtement du médium, plutôt du côté er en est entièrement déshabillé et revêtu d'un maillot gauche. La substance proprement dite, ensuite, se dégage drum

, ove Ton coud dans le dos et aux poignets. La chevelure de tout le corps du médium, mais spécialement des oriia cavité buccale, sont visitées avant et après les séan

fices naturels et des extrémités du corps : sommet de la ces. Les mains restent toujours visibles et tenues ; une

tête, doigts, bouche. lumière très suffisante éclaire constamment la salle ; en

La substance se présente sous un aspect variable. Tanun mot, il n'y a pas possibilité de fraude. Pour Kluski,

tôt c'est celui d'une pâte malléable, tantôt celui de fils nous n'avons pas adopté de costume spécial ; mais les

nombreux et menus, tantôt celui de cordons de grosmoyens de contrôle, exposés dans le rapport que je pu

seurs diverses, de rayons étroits et rigides, tantôt celui blierai bientôt (1), ont été encore plus sévères. Du reste,

d'une bande large et étalée, tantôt celui d'une memje le répète , dans un cas comme dans l'autre, presque

brane, tantôt celui d'une étoffe mince, aux contours tonjours les matérialisations se sont faites sous mes

indéfinis et irréguliers. yeux.

L'abondance de la substance varie également : parfois Voici comment se déroule généralement le phénomène.

infime, parfois considérable : dans certains cas, elle 1 On perçoit tout d'abord une forte odeur d'ozone. Cette

recouvre entièrement le médium comme d'un manteau. odeur, analogue à celle des salles de radioscopie, se

La visibilité peut s'accentuer ou diminuer dans le cours dégage au début des phénomènes, et avant tout phéno

de l'expérience ; la couleur blanche est la plus fréquente, mène; souvent au moment de commencer la séance. Ce

bien qu'il y ait du noir et du gris. Quant au contact, la symptôme n'a jamais manqué dans nos expériences.

substance donne des impressions en rapport avec la forine L'odeur survenait brusquement et s'évanouissait de

momentanée qu'elle revêt : elle semble molle et un peu même.

élastique quand elle s'étale, dure et noueuse quand elle On voyait alors (la lumière étant très faible) des forme des cordons. Parfois, eile donne la sensation d'une vapeurs légèrement phosphorescentes, une sorte de toile d'araignée frôlant la main de l'observateur (1). brouillard flotter autour du médium, surtout au-dessus

La substance est mobile : tantôt elle évolue lentement, de sa tête. En même temps, apparaissent des lueurs, semblant des foyers de condensation. Ces lueurs étaient géné- épaules, sa poitrine, ses genoux, par une sorte de glisse

monte, descend, se promène sur le médium, sur ses ralement nombreuses et éphémères ; "parfois elles étaient ment qui rappelle celui d'un reptile ; tantôt ses évoluplus durables et, dans ce cas, elles donnaient l'impression tions sont brusques et rapides : elle apparaît et disparaît d'être comme des régions lumineuses d'organes invisibles

comme un éclair. ar ailleurs, par exemple

, des extrémités de doigts. nfin, quand la matérialisation s'achevait, on voyait des

En résumé, la substance primordiale se présente sous ains, — ou des visages

deux aspects principaux : substance solide ou liquide et parfaitement formés... Mais

substance gazeuse. Dans nos expériences avec Eva, nous

avons noté que la substance solide est prédominante, Les lueurs ont constitué le phénomène prédominant de presque exclusive ; chez la plupart des médiums connus, nos expériences avec Kluski. Elles n'ont jamais manqué c'est l'inverse que l'on constate : la substance se dégage omplétement, même dans les séances nulles. Leur aspect

presque toujours sous l'apparence de vapeur, et la subsStait souvent celui d'une traînée de vapeur blanchâtre tance solide ne s'observe que par exception. et vaguement lumineuse, dont la dimension et la forme shangeaient constamment, comme celle d'un brouillard :

Ce que tous les expérimentateurs ont remarqué, c'est çà et là, dans la traînée lumineuse, se constituaient peu

que la substance, ainsi extériorisée du corps du médium, à peu des points plus brillants, d'un éclat comparable à

non seulement est sensible, mais que sa sensibilité se confond avec celle du médium. Tout attouchement reten

tit doulourdusement sur ce dernier. Si l'attouchement est

quand ils se tant soit peu brutal et prolongé, le médium accuse une au bout d'un temps variable, parfois très douleur qu'il compare à celle que produirait un choc súr

une heure et plus. Ils débutent sa chair mise à vif (2). par des sensations douloureuses du médium. Eva pousse des soupirs, des plaintes intermittentes rappelant tout à

La substance est sensible même aux rayons lumineux. fait celles d'une femme en couches. Ces plaintes attei

Une lumière, surtout brusque et inattendue, provoque gnent leur paroxysme au moment où commence le phé

un ébranlement douloureux du médium. Cependant cet

effet est très variable : dans certains cas, la lumière du ; elles diminent ou cessent quand il est entièrement formé. Franek Kluski, lui, ne se plaint pas, ne

jour est tolérée. L'éclair du magnésium provoque un pousse ni soupirs, ni gémissements ; ses mains restent

soubresaut du médium, mais il est supporté et permet les sensibles et chaudes; seuls, la respiration et le pouls

photographies. La substance paraît, en un mot, avoir toute la méfiance d'un animal sans défense : elle craint les contacts, toujours prête à se dérober et à se résorber dans le corps d'où elle est sortie.

J'arrive maintenant aux représentations.

Elles sont des plus diverses. Quelquefois, ce sont des formations inorganiques indéterminées ; mais, le plus

L'anticipons pas.

celui des vers luisants.

Les « phénomènes » se produisent produisent court, parfois très long,

nomène

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s'accélèrent quelque peu. Bref, Franek ne présente à peu près aucune des manifestations sensibles, motrices, vasomotrices immédiales constatées chez Eva et chez la plu.. Consécutive aux séances est très forte. Le système nerDart des autres médiums. Mais, par contre, la réaction ceux marque alors longtemps des signes d'épuisement et, en même temps, de surrexcitation. L'insomnie est la" règle. Parfois, des vomissements de sang répétés impoSent de longues

médiumnitée pas, que nous ne

ca

interruptions dans la pratique de sa
qui vous explique suffisamment, n'est-

puissions pas multiplier avec lui les

(1) Notons que, dans toutes les relations d'apparitions, les « fantômes » offrent, au toucher, cette même consistance un peu flasque, ce frôlement, qui donne l'impression d'un léger tissu.

(2) Franek s'intéresse aux phénomènes ; il les observe, gardant, non toujours, mais assez souvent, sa connaissance pendant que se déroulent les matérialisations.

(1) Bulletin de l'Institut Métapsychique, no 5.

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une re

souvent, ce sont des formations organiques, variables im Tels sont les faits, reprend mon interlocuteur. comme complexité et comme perfection.

Y a-t-il déjà quelque interprétation à en tirer ? J'ai Vous savez que divers observateurs, entre autres Croo- essayé de le faire dans mon ouvrage De l'Inconscient au kes et Richet, ont décrit des matérialisations complètes :

Conscient, et ce n'est pas ici le lieu de s'étendre sur ce il s'agissait, non de fantômes, mais d'êtres ayant momen

sujet. Disons seulement qu'il est deux enseignements qui tanément toutes les particularités vitales des vivants, se dégagent, pour moi, de ces observations : dont le coeur battait, dont le poumon respirait, etc. Je Le premier est relatif à la constitution psycho-phyn'ai jamais, hélas! observé pareil phénomène.

siologique de l'individu. Il me semble ressortir des faits Par contre, j'ai vu, fréquemment, des représentations métapsychiques que les conceptions biologiques classicomplètes d'un organe, par exemple d'un doigt, d'une

qués sont erronées. L'être, n'apparaît plus comme un main, d'un visage. Dans les cas les plus parfaits, l'organe

simple complexus cellulaire (complexus des éléments matérialisé a toutes les apparences et les propriétés bio

constitutifs de l'organisme), mais semble conditionné logiques d'un organe vivant. J'ai vu des doigts admi.

par un dynamisme supérieur. Les molécules constituti rablement modelés avec leurs ongles; j'ai vu des mains

ves n'ont pas de spécificité absolue ; leur spécificité est

relative et leur vient du moule dynamique qui les concomplètes, avec os et articulations, un crâne vivant dont je palpais les os sous une épaisse chevelure, des visages

ditionne (qui en fait de la substance viscérale, nerhumains parfaitement formés. Dans la plupart des cas,

veuse, musculaire, etc.), et qui leur attribue une forme, ces représentations se sont faites, développées entière

une situation, une fonction. La conscience ne peut plus

être ramenée au fonctionnement du cerveau : l'être ment sous mes yeux, du commencement à la fin :'au milieu des franges et des rayons échappés du médium

vivant est un dynamo-psychisme : le complexus celluapparaissaient, par une formation progressive, des

laire n'apparaît que comme un produit idéo plastidoigts, une main, un visage.

que (1) de ce dynamo-psychisme. Tout se passe, en un

mot, comme si l'organisme, au lieu d'être le générateur Avec Eva, nous avons obtenu une série de documents du plus grand intérêt. Nous avons vu, touché, photogra- présentation,

de l'idée, n'était qu'une objectivation de l'idée,

un produit idéo-plastique du dynamophié des représentations qui se sont faites sous nos yeux,

psychisme essentiel de l'être. provenant tantôt, ainsi que vous pouvez le constater sur ces épreuves, d'un cordon de substance issu du médium,

Le second enseignement est relatif à l'évolution... tantôt d'un brouillard condensé aux côtés d'Eva. Dans

Mais ici nous sortirions, n'est-il pas vrai, du domaine le premier cas, on voyait fréquemment, sur la matéria

que vous m'avez vous-même tracé. lisation terminée, des rudiments plus ou moins impor-

Vous voyez l'importance sans égale des problèmes tants du cordon originel de substance. J'appelle l'atten-' que pose la métapsychique : elle donne déjà les pre tion sur l'intérêt que présentent ces rudiments : comme

miers éléments d'une grandiose démonstration. Il n'y a dans l'embryologie, ils sont les témoins de l'origine et

pas d'inconnaissable, il n'y a que de l'inconnu. Les phéde la genèse des formations.

nomènes météorologiques les plus simples étaient attriQuant aux dimensions des formations, ainsi que vous

bués, par nos ancêtres, à des puissances surnaturelles pouvez aussi le voir sur cette photographie, qui repré

ils sont aujourd'hui du domaine de la science. Il sente une belle tête, bien formée, à la hauteur de l'épaule

sera de même, un jour ou l'autre, pour les grandes lois du médium Eva, elles sont souvent beaucoup plus petites

de la vie et de la destinée, de l'univers et de l'indi

vidu. que nature : ce sont alors, comme ici, de véritables miniaturęs.

Puis-je vous poser, docteur, une petite question ? Avec Franek, les dimensions étaient aussi plus petites

Que pensez-vous de la dématérialisation des objets ? que nature. Il prétend que cette espèce de réduction est Je n'ai jarnais rien vu qui ressemble à cela. due à un état de fatigue ou de mauvaise santé du Ce serait évidemment fort troublant. médium : quand il est bien portant, dit-il, les matérialisations ont des dimensions normales. Effectivement, tout

- Pourquoi ? Il n'y a aucune raison pour que le fait récemment, à Varsovie, où il est retourné, j'ai obtenu avec

soit impossible, étant donnée la dématérialisation par

tielle du médium lui-même. Il n'y a pas de miracle et lui deux moules de grandeur naturelle : Franek était en bonne santé, reposé et plein de force. Rappelons-nous, à

le mot supranormal devrait être biffé de notre langue ! ce propos, que, pendant tout le temps que dure le phé

D'autre part, n'avez-vous jamais songé, docteur, nomène, la formation est en rapports physiologique et

qu'il pourrait être intéressant de faire des tentatives psychologique évidents avec le médium. Toute impres

de ces extériorisations avec des animaux ? sion reçue par la substance (l’ectoplasme) sé répercute

-Oui, j'y ai pensé ; et, sans doute quelque jou sur le médium : l'ecto plasme, en somme, est le médium

ferons-nous des essais à ce sujet. Pour moi, je l'ai écrit

, -même, partiellement extériorisé.

il n'y a aucune différence de nature entre l'homme et Les expériences faites ici cet hiver avec Franek Kluski

l'animal. Nous devrions donc, avec des méthodes que confirment entièrement les résultats obtenus avec Eva et

j'entrevois, arriver à des résultats. nous ont appris des faits nouveaux. Le contrôle était

Ce serait l'explication des chevaux d'Erberfeld ? encore plus rigoureux, en ce sens que le médium n'en

Cette explication, on la trouvera, n'en doutez pas trait pas dans le cabinet noir, mais restait au :nilieu

Maintenant, docteur, y at-il quelque rapport entre de nous. Nous avons eu des représentations de visages

toute cela et le spiritisme ? et de membres, que nous avons pu mouler. Malheureu- Très franchement, je ne le crois pas ; mais je n'en sement, Franek est tombé assez malade pour nous for- sais rien. Nous sommes sur le seuil d'une science tout cer à interrompre nos travaux avant d'avoir pu obtenir des photographies. »

à fait nouvelle, qui ne nous dira sans doute rien de

précis avant quelques années. Le docteur Geley me donne alors quelques détails Je ne suis donc pas contre l'hypothèse spirite. Neanqu'il préfère ne point voir encore divulgués. Puis il me moins, et c'est par là que je finirai, laissez-moi vous montre les moulages en plâtre, ainsi que les creux en dire ceci : paraffine obtenus sur les matérialisations : de petites mains fort bien formées, des pieds, un bas de visage

Il sévit actuellement, dans la région parisienne, une avec les lèvres entr'ouvertes. Il faut reconnaître qu'il y a là quelque chose de véritablement ahurissant.

(1) Que veut dire ce mot idéoplastie ? Il signifie : modelage par l'idée de la matière vivante.

A

tes par un

véritable épidémie de matérialisations : je me fais un Mémoires & Documents
devoir d'en signaler le danger. Ces pseudo-phénomènes
ne sont que des imitations, plus ou moins grossières, fai-

Les débuts de la Société des Nations (1) sujet hypnotisé ou prétendu tel, des phénomènes réels que je viens de vous décrire. La scène est

et son avenir toujours la même : un cercle d'assistants réunis dans la

III plus complète obscurité ; au centre, l'hypnotiseur ; dans on coin de la pièce, sur un fauteuil, toujours à une cer- Quant à l'action politique, n'est-elle pas un des obtaine distance des assistants, un sujet hypnotisé, absolu- jets essentiels de la Société des Nations ? Un réseau ment libre de ses mouvements et sans aucun contrôle.

de liens juridiques, économiques et sociaux aurait étroiAux côtés du sujet, des bouquets de fleurs, du papier

tement uni les nations du monde. Et, seul serait en et des crayons, des écrans phosphorescents (la face lu- dehors de cette entente un ordre de questions dites

vitales, parce qu'elles touchent à l'honneur national, mineuse posée sur le sol). Une musique douce berce les assistants , des parfums subtils flottent... L'hypnotiseur

aux grands desseins des dirigeants et aux convictions endort le sujet. Quand la transe est suffisamment pro

sentimentales du peuple. Seuls ces problèmes ne pourfonde

, les phétiomènes commencent. Des fleurs sont je de ce duel politique qu'est la guerre, par l'application tées sur les assistants, le papier blanc du guéridon se

, couvre d'écriture ; enfin, parfois, les écrans se soulèvent,

hasardeuse de la loi du plus fort ! ils éclairent, très vaguement, quelque chose d'indistinct,

La politique des démocraties ne saurait-elle, sans requi semble être couvert de mousseline : avec un peu de

noncer à l'indépendance qui est le premier droit de bonne volonté, on distingue parfois une face humaine.

tout pays, affirmer sa loyauté et son respect du droit

égal d'autrui devant les représentants de toutes les auQuand le niveau général de confiance naïve de l'assis

tres nations ? tance le permet, le « fantôme » s'approche, serre des mains, parle, laise entrevoir une « matérialisation » par

Nous pensons au contraire que le seul fait pour une

nation d'adhérer à la Société des Nations c'est tantôt faite et complète... , trop parfaite et trop complète !

de sa part reconnaître que, ses intérêts vitaux étant saComment cette morne comédie, d'ailleurs d'une décon

tisfaits, elle n'en demande que la consolidation et la certante monotonie, est-elle possible ? Pour deux rai

protection, sans arrière-pensée ; tantôt c'est former sons : l'incompétence (ou la fourberie) des organisa

un appel à la puissance et à la justice des grands Etats teurs, l'absence d'esprit critique de l'assistance. La scène qui ne peuvent diriger en commun une telle Société suivante, que j'ai déjà racontée, montre jusqu'où peut qu'avec l'intention de faire droit, autant qu'il est hualler cette naiveté du public. Une dame qui avait perdu mainement possible, aux veux légitimes de tous les asson fils, tué à la guerre, voyant l'écran venir près d'elle, sociés. s'écrie : « Est-ce toi, Emile ? » L'écran s'incline de haut en bas, ce qui veut dire oui dans le langage des

Et cette définition de l'association politique des naécrans ! La dame pleure et l'assistance est émue. Le ma

ti'ns me dispense presque de démontrer qu'elle ue 4.1

rait être, comme l'ont dit quelques adversaires, ou cru métiseur prend la parole : « Si c'est toi, Emile, offre quelques témoins encore mal renseignés, à défaut d'une Jes fleurs à ta mère, embrasse-là et montre-toi ! » Et chimère, qu'un super-gouvernement. l'écran se penche en touchant à plusieurs reprises la tête de la vieille dame ; puis des fleurs lui sont jetées. En

Un super-gouvernement c'est l'impérialisme d'un fin, ont voit les deux écrans se soulever éclairant entre

seul Etat, tant de foiş voulu, tant de fois manqué. La

Société des Nations c'est la coopération de tous, dans eux une sorte de colonne blanche, indéfinie. La pauvre

la volonté de ménager ou de contenter les droits de ère éclate en sanglots.. Mais quand, après la séance

, chacun, en conciliant les droits de tous. je lui demandai si elle avait reconnu son fils : « Oh !

Et le jour où une politique de bonne foi s'égare ou non, Monsieur, me répondit-elle naïvement, il n'était

pas s'irrite, le jour où l'amour-propre national est engagé

à tort par l'erreur des dirigeants ou blessé par la vioLes vraies matérialisations ne ressemblent en rien à

lence et l'erreur d'autrui ; le jour où le pays offensé que sentimosi pitoyables qui dénotenes autanen ignorance réclame une justice que l'offenseur ne veut pas lui rences scènes d'impudence. La matérialisation, qui constitue,

dre de peur de s'humilier devant son adversaire ou os yeux, à fois le plus

d'avouer sa faiblesse, à ses amis, ce jour-là la Société établi, est aussi le plus rare et le plus difficile important du métapsychisme et le plus sûrement des Nations, anonyme, impersonnelle, parle au nom du

droit et distribue impartialement une justice qui peut tout

être acceptée des parties puisqu'elle est prononcée au

cas, absolument que l'obscurité complète soit nécessaire ; de

nom de la conscience universelle par une autorité unitrès belles manifestations sont obtenues à la lumière atténuée ; et il est également absolument faux que le

verselle.

N'est-ce pas cette impartialité nécessaire, essentielle

à la Société des nations qui lui a valu de recevoir du dés d'enregistrement, spécialement les photographies, traité de Paris, des missions singulièrement délicates.

comme l'administration de la Sarre, le contrôle de Dantzig ou les mandats.

La Société a-t-elle montré dans ces tâches imprévues comprenne bien : nous n'avons pas la

qui lui furent confiées presque avant sa constitution. l'esprit de justice et l'impartialité dont le traité pré

jugeait? de rencontrer un médium véritableour s'instruire. Mais ces séances d'amateurs, dénuées chargé d'une hypothèque économique française, est

Le bassin de la Sarre, territoire politique allemand aurait le droit strict d'en profiter

placé pendant quinze années sous le contrôle de la Société des nations. Il est gouverné par une commission internationale de cing membres nommés par le conseil de la Société. Or, malgré des tentatives de grèves des fonctionnaires allemands et de grèves minières, malgré

des complications dans l'administration des chemins PAUL HEUZE.

Voir l'Opinion du 13 août.

»

à

à obtenir. Mais il est, en

faux

controle gêne la production du phénomène. Les procéles pesées, les empreintes, doivent toujours être employés.

Que l'on me

Orétention d'avoir, dans nos laboratoires, le monopole e ces expériences. Quiconque aurait la bonne fortune

rès rare hélas !

hent doué et sincère,

e toute valeur scientifique, sont d'un exemple déplora

5 dec Létournés à tout jamais de nos études, pour avoir assisté

ommes de science, des chercheurs de bonne foi, ont été ne seule fois à l'une de ces regrettables parodies. »

(A suivre.)

(1)

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au

de fer et d'autres graves difficultés, un président fran- , telle qu'il en pouvait surgir une guerre dont les réperçais de la commission, M. Rault, dont on ne saurait trop cussions . se seraient aggravées du voisinage des faire l'éloge, un Sarrois, un Belge, un Danois et un soviets. Le conseil de la Société des Nations, saisi Canadien, n'ont cessé de montrer tant de calme et de par les deux parties, décida de les entendre l'une et fermeté que la Sarre vit sous ce gouvernement contrôlé l'autre bien que la Finlande ne fût pas membre de la par la Société des nations, dans la paix la plus grande, Société. Ce dernier Etat souleva une question préjudans une prospérité croissante.

dicielle, alléguant que les îles étant sous sa souveraiA Dantzig, ville indépendante où la Pologne jouit

neté actuelle, tout litige les concernant était un point d'un privilège de transit commercial et maritime, la de politique intérieure échappant à la Société des NaSociété des nations garantit la constitution de la ville tions.

tions. Bien qu'une commission de jurisconsultes ait libre et protège « le corridor polonais » dont elle orga- tranché cette question de principe contre la thèse finnise la défense. La constitution est enfin votée et appli- landaise, la procédure ne fut point rompue. Une comquée, la liberté commerciale existe et la méthode de mission d'enquête fut alors envoyéc sur place pour défense, organisée théoriquement, sera sans doute 'ac

étudier le problème au fond. Partout bien accueillie ceptée de tous et pratiquement préparée lorsque la So

elle est revenue et elle a présenté un rapport dont les ciété des nations aura reçu les moyens d'action corres

conclusions ont été adoptées par le conseil et signifées,

par lui, dans sa 13o session, à Genève, aux deux inté. pondant aux pouvoirs qui lui ont été donnés. Les mandats? La Société des nations ' est chargée, contre cette décision qui maintient la souveraineté fin.

ressés. La Suède à élevé une protestation de principe

. par un article complexe et obscur du pacte, de désigner landaise, en assurant la protection des nationaux sué les puissances à qui reviendra entre autres l'administration de certains territoires des anciennes colonies ble que ce premier arbitrage peut être considéré comme

dois, mais malgré cette protestation platonique, il semallemandes et de l'empire ottoman. Elle interviendra

la loi réelle qu'observent les parties. uniquement pour répartir des pouvoirs que les puissances n'ont pas cru devoir s'attribuer directement.

En septembre 1920 la Pologne demanda au conseil

de la Société des Nations d'intervenir au sujet des Mais là encore elle ne conservera aucune souveraineté,

territoires contestés entre elle et la Lithuanie. Les reson rôle de déléguée des puissances terminé elle se con

, tentera de veiller à la paix des territoires à mandats présentants des deux Etats, dont l'un, la Lithuanie

n'est pas membre de la Société, furent entendus avec comme elle fait

pour

les
pays associés.

des garanties égales et la cessation des hostilités ainsi L'incident récemment soulevé par le gouvernement

que la ligne provisoire de démarcation fixée par les examéricain à propos de la répartition de ces mandats et

perts militaires furent acceptés. L'état de paix était l'attitude même du conseil de la Société invitant les donc maintenu entre deux pays qui allaient en venir Etats-Unis d'Amérique, bien que non adhérents

aux mains avec peut-être d'un côté l'appui des Soviets

. pacte, à venir présenter leurs observations et décidant Malgré l'occupation soudaine de Vilna par le général ensuite l'attendre pour statuer que les Etats-Unis aient polonais Zeligowski, les hostilités ne furent pas repri- . présenté leur point de vue, témoignent mieux que tout ses. La procédure compliquée. par cet événement con commentaire, à quel point la Société loin d'être un tinue. Les parties la rendent difficile par l'ingéniosité supergouvernement, ne peut et ne veut être que l'organi- même qu'elles mettent à se défendre, mais elles ne sation qui facilite l'entente des gouvernements natio- prennent ni l'une ni l'autre la responsabilité de la romnaux, l'accord des intérêts légitimes et l'harmonie des pre. Une commission militaire et civile opère sur place volontés indépendantes.

Il a fallu renoncer au plébiscite qui était décidé. Mais Et c'est si bien là la seule fonction possible et néces- une autre procédure, par négociations directes devant saire de la Société, qu'un amendement à l'article 21 du un arbitre belge, M. Hymans, a abouti à un avant-propacte, déposé par M. Benès, ministre des affaires étran- jet accepté d'abord par les deux parties, depuis vivegères tchéco-slovaque, vient de préciser que non seule- ment repoussés par l'une d'elles. Le temps et les pa ment le conseil et l'assemblée ne veulent pas, ne doivent tients efforts du conseil aidant, une solution définitive pas s'opposer aux traités particuliers, aux ententes ré

interviendra sans doute. gionales comme la doctrine de Monroë, mais que sa

IV mission est de les encourager et de les faire négocier sous ses auspices. Et M. Benès écrit très justement :

Ces deux actions politiques particulières sont les « Le danger pour le monde serait de voir se créer des premiers exemples bien modestes encore de la méthode groupements indépendants et même adverses. Au con- du conseil. Elles prouvent à la fois l'incontestable autotraire la paix du monde a tout à gagner à voir se grou

rité morale de la Société des nations, les avantages déjà per ensemble pour une collaboration plus intime et plus acquis de son organisation politique, mais aussi les im. réelle, les pays qui ont à faire face à des problèmes perfections et les insuffisances de cette organisation. communs qui ont entre eux des aspirations et des in- L'intervention du conseil, dans l'affaire

des iles

16 térêts semblables. Mais à condition que ces ententes se

d'Aaland et dans le conflit polono-lithuanien, a été fassent toujours avec l'appui de la Société et d'une provoquée par les parties ou l'une des parties. Mais il façon conforme à ses principes, à condition également ne faut pas oublier, qu'en présence d'un désaccord ou que le contact entre l'ensemble des Etats soit main- d'une menace de confit quelconque, le secrétariat gé tenu d'une façon constante afin d'établir la collabora- néral est tenu de convoquer 'le conseil, à la demande tion entre tous, chaque fois que l'intérêt général sera

d'un membre quelconque de la Société, même si celui-ci en jeu ».

n'est en rien intéressé dans l'incident en question. C'est Ce souci de n'être que l'organisateur de l'intérêt là un mode de déclanchement presque automatique de universel et le régulateur des intérêts nationaux est la tentative de conciliation qui rend l'intervention du déjà si bien affirmé et connu qu'il a valu au conseil conseil à peu près certaine dans tous les cas et lui per

à d'étre invoqué par les intéressés eux-mêmes dans deux met de se produire

met de se produire à temps comme une manifestation conflits particuliers qu'il a réussi à apaiser dans leur immédiate et formelle de la solidarité universelle des période aiguë et qu'il parviendra peut-être à résoudre nations. Et si l'on ajoute que la nation qui recourt à la définitivement

guerre contrairement aux engagements du pacte est La contestation survenue entre la Suède et la Fin- par le fait même considérée comme ayant commis un lande au sujet de la possession des îles, d'Aaland, acte de guerre contre tous les autres membres de la créait, il y a un an, entre ces deux pays, une tension Société qui se sont engagés à rompre avec lui, on voit

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