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côté de la contrariété que nous a value M. Lloyd George, nous avons savouré la satisfaction que depuis sept ans aucun ministre de chez nous ne se soit jamais permis vis-à-vis d'aucun de ses alliés une attitude aussi incorrecte. Ce contentement d'amour-propre, comme aussi ses plus récents discours, tout cela nous a aidés à chrétiennement lui pardonner...

Mais je n'ai pas le droit de vous dissimuler que tout de même son attitude nous paraît très grave. Non point à cause de la Haute-Silésie, mais parce qu'une fois de plus il nous a révélé, avec une violence qui nous a alarmés, l'existence en Angleterre d'un sentiment que nous avions déjà entrevu et qui si nous n'y prenons garde, nous mène infailliblement, en dépit de tous les replâtrages, droit à la rupture de l'amitié franco-britannique, c'est-à-dire à la réouverture de toutes les aventures dans l'Europe de demain.

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Ce point de vue me paraît tout à fait légitime de votre part. Nous attendons de la victoire qu'elle nous garantisse contre un retour offensif de l'Allemagne. Vous en attendez qu'elle vous libère, d'une façon générale, de la réapparition d'un impérialisme continental.

Or depuis que l'Allemagne a été vaincue, privée de sa flotte et de ses colonies, depuis que vous vous êtes sentis assurés de son côté, une appréhension s'est dessinée chez vous et a grandi: c'est que la France victorieuse ne reprît à son compte, plus ou moins consciemment, une portion de ses ambitions, et que le militarisme du kaiser n'ait disparu que pour faire face à un retour du napoléonisme d'antan.

Cher ami, n'essayez pas de contester mon affirmation. Sans doute cette phobie n'existe-t-elle à l'état parfaitement conscient que chez une portion de vos socialistes et de vos radicaux libéraux et germanophiles. Elle existe à l'état plus ou moins sensible, à l'état de vieil instinct atavique, de crainte héréditaire enracinée dans les profondeurs de la conscience britannique tout entière.

De là, depuis que l'Allemagne est à terre, une série de manifestations sur lesquelles il nous est impossible de nous tromper. Votre souci constant de ménager les Boches, en ce qui concerne l'application du traité de paix et ses répercussions financières, est aussi éloquent que votre répugnance à nous laisser occuper temporairement la rive gauche du Rhin, votre émoi quand nous marchâmes sur Francfort, votre opposition à la saisie de la Ruhr, votre malveillance constante contre une Pologne, sentinelle de la Vistule, dont les intérêts seraient trop évidemment liés à ceux de la sentinelle du Rhin.

Cher ami, j'admets parfaitement que l'on ne fasse pas de la politique seulement avec du sentiment.

Et le fait que nos soldats se sont battus bravement coude à coude contre ceux de Guillaume ne devrait nullement vous empêcher de prendre vos sûretés vis-à-vis de nous, s'il existait de ce côté-ci de la Manche rien qui ressemblât aux dispositions que, sinon vous, au moins certains de vos compatriotes subodorent chez

nous.

Mais de ce que certains des miens disent ou écrivent parfois des sottises, je vous en supplie, ne prenez pas

texte pour incriminer notre nation. Nous n'avons pas le moyen de faire taire quelques maniaques et quelques agités sincères. En revanche nous sommes parfaitement résolus à ne tenir aucun compte de leurs excitations.

C'en est fini, fini à tout jamais pour la France de la période de mégalomanie.

Nous ne voulons plus d'aventures, ni de conquêtes, ni d'oppression.

Mais nous entendons vivre. C'est pour vivre que nous venons d'accomplir le plus formidable effort. Nous ne voulons pas avoir à le renouveler, et nous ne le pourrions pas, d'ailleurs, matériellement pas. Or où en

sommes-nous ?

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Politiquement, grandie de l'Alsace-Lorraine, la France est loin d'atteindre 40 millions d'habitants. Elle demeure la voisine immédiate d'une Allemagne qui, dé falcation faite de ses pertes en morts et en provinces désannexées, continue à compter plus de 60 millions d'habitants et dont la natalité est infiniment supérieure à la nôtre.

Quelles sont les garanties que nous avons contre elle ?

Nous ne pouvons raisonnablement les attendre, ni d'un changement de sa mentalité, que nous espérons avec le temps mais qu'il serait fou d'escompter; ni d'une Société des Nations dont le pouvoir de réalisation est une hypothèse fragile; ni de l'alliance anglaise et américaine puisque aucun texte ne nous les assure. Nous n'avons qu'une seule chance : l'exécution loyale et rigoureuse du traité de paix.

Depuis deux ans et demi vous-même avez du cons tater les multiples manquements de l'Allemagne va cue à ses clauses.

Je vous défie de pouvoir surprendre chez la France victorieuse aucune exigence supplémentaire.

Seulement, c'est une illusion de croire que, même pour vous faire plaisir, nous puissions en rabattre indéfini

ment.

Nous tenons profondément à l'amitié franco-britannique. Elle doit constituer la véritable assise de l'Eu rope de demain.

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Mais elle ne saurait subsister je suis obligé de l'écrire très douloureusement si, chaque fois que nous demandons l'application du pacte, signé par l'ensem ble des belligérants, qui constitue notre seule garantie, et sans laquelle nous ne saurions vivre, nous devions voir renaître outre-Manche les vieilles défiances de l'ère de Louis XIV ou de Napoléon.

L'une des très grandes fautes historiques de la France fut de ne pas reconnaître assez tôt, au XVIII® siècle, que le danger pour l'Europe n'était plus la monarchie habsbourgeoise, mais celle des Hohenzollern. Si l'Angleterre n'est pas capable, raisonnant sur les faits, de nous rendre justice, de comprendre que est fini aujourd'hui de l'impérialisme français et que toute notre politique est uniquement inspirée par le désir de vivre pacifiquement, mais à l'abri d'une nouvelle agression, alors quoi qu'il nous en coûte, nous aussi, nous devrons parler de nouvelles alliances.

Cher ami, nous n'en sommes pas là.

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Mais il est déjà grave que nous soyons obligés d'envisager de telles éventualités. Il serait plus grave de les taire. Elles ne seront définitivement écartées que si vous faites l'effort de considérer les réalités européennes sous un angle moins faussé par des préjugés et d'avoir confiance dans la France.

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ANDRÉ LICHTENBERGER.

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M. Lloyd George n'est pas très fort en histoire. On peut être un très bon ministre sans être très fort en histoire. Mais M. Lloyd George lit un peu trop vite les manuels où il se documente. Du moins son discours de mardi aux Communes le donne à penser.

Croyez-vous que c'est parce que la politique anglaise y voit son avantage, que l'Angleterre soutient en Silésie la cause des Allemands? Ah! quelle erreur! C'est parce qu'elle obéit à la voix des opprimés, parce que la Silésie est allemande depuis toujours ou presque... Car la Silésie est allemande. M. Lloyd George l'a appris dans la British Encyclopedy.

Et il a cité la British Encyclopedy à la tribune du Parlement anglais.

La Bristish Encyclopedy est un ouvrage du genre de notre Dictionnaire de Larousse. C'est même un fort bon ouvrage. Aussi notre confrère « Pertinax >> de Echo de Paris y a-t-il eu recours pour vérifier la citation de M. Lloyd George. Au tome XXV, p. 90, l'Encyclopedy parle de la Silésie. Et elle dit :

« Les trois quarts des habitants et du territoire sont allemands, mais, à l'est de l'Oder, les Polonais, au nombre de plus d'un million, forment le gros de la population ».

A l'est de l'Oder... C'est ce que la France a toujours soutenu. Et c'est précisément la zone industrielle... M. Lloyd George, mettez-vous d'accord avec la British Encyclopedy.

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Un précédent historique.

Chez ceux qui plaident.

Combien de temps un fils légitime peut-il naître après la mort de son père ? A la Cour des divorces de Londres, on s'est posé l'autre jour cette question et des précédents assez anciens furent cités.

La semaine passée, en même temps qu'au Salon de l'Horloge le Conseil suprême était assemblé, rue de Rivoli siégeait la Conférence des ministres des Finances

alliés.

On ne parla point cependant d'un cas fort intéressant celui de Henri, le troisième de la maison des Condé. Cet Henri, né en 1589, treize mois après la mort de son père, fut reconnu, après de longues discussions, comme fils légitime. Ce devait être le père du vainqueur de Rocroi

Autre affaire de précédents.

de Londres, une affaire de succession. L'un des avocats On plaidait, la semaine dernière, devant un magistrat insistait avec force sur un précédent dont il se réclamait.

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« Dans une affaire identique, le juge décida dans le sens que nous réclamons », ne cessait-il de répéter.

Quand il eut fini, et que la parole fut donnée à l'avocat de la partie adverse, celui-ci répondant aussitôt au suprême argument de son adversaire, s'écria :

« Je crois devoir faire observer que mon honorable contradicteur, en se réclamant du précédent qu'il vient d'invoquer devant vous, a omis de vous informer qu'en appel le jugement qui lui donnait raison a été cassé. » A quoi, désemparé, le premier avocat murmura : «Quelle impudence! Mon précédent était de pure invention ! >>

Et pendant une semaine, chaque soir, les hauts fonctionnaires des Affaires étrangères et des Finances furent alternativement celier de l'Echiquier dans les endroits « les plus pari«< de service » pour conduire le chan

siens».

L'honneur du cadre.

Au pays des Muses

Il vient de faire paraître un livre où un grand peintre parle. Il semble l'avoir assez bien écouté. Il a toujours su entendre.

Quand il n'était que marchand de tableaux, et pas encore le riche collectionneur ni l'amateur de lettres, il consultait volontiers chacun des visiteurs sur certaines toiles pour lesquelles il avait quelque indécision de jugement. Il en gardait toujours un tas dans un coin, contre le mur. Il allait chercher l'une ou l'autre et vous mettait en présence :

Ce n'est qu'une esquisse, cher ami, mais quel est votre avis ?

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Quoi que vous disiez, il s'inclinait et remettait la toile comme en pénitence.

Mais quand il s'était, avis à avis, formé une opinion, il allait la rechercher, si elle en valait la peine, et disait alors à ses rares confidents :

Voici une esquisse qui va devenir tableau ! Et il lui donnait les honneurs d'un beau cadre.

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qu'il occupe; mais chaque fois qu'une occasion se présente, il ne peut se résoudre à quitter son « Vieux Colombier >>.

C'est que ce petit coin, qui a vu naître le mouvement théâtral le plus jeune et le plus vivant, est déjà plein de souvenirs. Et même, une légende plus ancienne l'a consacré au culte des belles lettres.

Ce fut en effet « rue du Colombier, dans le faubourg Saint-Germain » que Boileau loua pendant quelques années l'appartement particulier où s'assemblaient deux ou trois fois la semaine les quatre amis qui illustrèrent notre plus grand siècle Racine, La Fontaine, Molière et Boileau. Les rénovateurs du théâtre pourraient-ils trouver de meilleurs guides que ces ombres, sur le chemin des traditions de l'art français ?

Délicatesse de cabot.

Entre marionnettes.

Ils ont vraiment de jolies audaces, et nous amusent toujours, quand ils ne sont pas sur la scène...

Parmi les pensionnaires que la Comédie-Française emmenait à Orange, se trouvait un pauvre diable qui n'a pas un grand talent mais s'en croit autant que Talma et Mounet-Sully tout ensemble. Suivant la coutume, les acteurs, les musiciens et les amis d'Orange prenaient leurs repas à l'hôtel des Princes. Et l'on avait coutume de donner une place d'honneur à M. Vincent d'Indy. Un jour, comme le maître n'était pas arrivé, notre vaniteux cabot trouva tout naturel de prendre sa place. On vint lui dire très poliment de la quitter, il ne voulut rien entendre.

Tu es ridicule lui disaient Albert Lambert et Segond-Weber.

Et le cabot de s'écrier, avec le bel accent que l'on apprend au Conservatoire :

J'ai payé comme lui, après tout je vaux autant

que lui !

Le théâtre d'Orange et la maison d'Orange.

Un représentant de la Hollande est venu assister à Guillaume d'Orange, mais, avant la guerre, les citoyens d'Orange avaient rêvé mieux encore. Lorsque M. Lacour était député-maire de la ville, bien avant la guerre, et que déjà il nourrissait le projet de faire jouer devant le Mur la pièce de Lionel de Rieux, il ne cachait pas son espoir de voir la reine de Hollande assister elle-même à la représentation. Lors de l'accession au trône de Wilhelmine, ne lui avait-il pas fait adresser, au nom du Conseil municipal, un coquetier d'or, en forme d'orange? Et la reine, émue, avait alors promis qu'un jour, elle viendrait visiter Orange.

Ingénieuse réclame.

Une mission arabe s'installait, il n'y a pas très longtemps, dans un des hôtels les plus somptueux de New-York. Habilement, elle fit courir le bruit que son voyage était motivé par des questions de la plus haute importance.

Bientôt, tout ce que New-York compte de reporters tenta d'obtenir des précisions.

Le chef de la mission, le cheik Ben Mohamed, reçut les rédacteurs des journaux le même jour, mais séparément. A chacun il confia, en grand secret, que Sadi, fort belle enfant de dix-sept printemps, fille de Hada Hismo le Rockfeller de la Turquie' - avait disparu. Un peu après l'arrivée d'un navire de guerre américain à Constantinople, expliquait-il, on vit Sadi conversation avec un marin américain. Depuis nul n'a revu Sadi.

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Son père est mort de chagrin lui laissant une for tune de plus de 400 millions.

Le fiancé de Sadi nous a lancés à sa recherche, mais c'est en vain que nous avons fouillé Paris et Gibral tar. Serons-nous plus heureux à New-York ? Nous l'espérons, concluait le cheik, car M. Morgenthau, l'ancien ambasadeur des Etats-Unis à Constantinople, nous a promis son appui.

Le lendemain, est-il besoin de le dire, tous les journaux publiaient en bonne place ce récit, l'agrémentant de descriptions et de détails.

Le surlendemain, M. Morgenthau, ainsi mis en cause, démentait.

On s'inquiéta, on se renseigna, et on apprit que la mission était tout simplement... une troupe cinématographique venue tourner un film dont le scénario était tout justement l'histoire de Sadi...

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Comme bien on pense, M. de Valera, pendant son dernier séjour à Londres, a été assailli par une foule de curieux avides d'autographes, de journalistes en quête d'interviews, et d'importuns désireux seulement de voir de près le président de la République irlandaise.

Mais les plus tenaces et les plus patients étaient certainement les éditeurs. Ils rivalisaient d'adresse pour

décider le leader irlandais à écrire ses mémoires.

C'est que ce genre d'ouvrage est à la mode depuis la publication des Souvenirs de Mme Asquith.

Quand ils désespérèrent de réussir auprès de M. de Valera, ils se rabattirent sur M. Griffith et sur M. Michel Collins qui ne se laissèrent pas fléchir davantage. Et pourtant ne leur avait-on pas offert de leur verser d'avance le prix de leur ouvrage ? Voilà des arguments que les éditeurs français se garderaient bien d'employer...

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a cent ans, le roi George IV, qui fut un des monarques les plus impopulaires du Royaume-Uni, éprouvait une grande joie : il venait de perdre sa femme, la reine Caroline. Presque aussitôt après leur mariage, ils s'étaient séparés; George s'était efforcé d'obtenir le divorce; mais tout le peuple anglais avait pris le parti de la reine et George IV n'avait pu avoir gain de cause. En revanche, il réussit, le jour de son couronnement, le 19 juillet 1821, à l'empêcher d'entrer dans l'Abbaye de Westminster comme elle le désirait. Quelques semaines plus tard, le 7 août, elle mourait. Le roi se rendait en Irlande et ne cessa point son voyage.

C'est pourquoi, au dire d'un journal de l'époque, dans ne paroisse anglaise où la nouvelle venait de parvenir, pasteur cherchant pour son prêche un texte approprié la circonstance, fit choix des trois premiers versets d'un psaume qui commence par ces mots : « Oh! Seigneur, ent que le roi est joyeux ! »>

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Un peu partout.

La nativité de Venizelos. Une tradition veut que peu avant la venue au monde de l'enfant qui devait être Venizelos, sa mère se soit rendue au monastère de la Vierge, près de la Canée, et qu'elle ait là demandé un fils à la Madone, promettant en échange que l'enfant naîtrait dans une étable comme était né le Christ. La brave femme qui, dit-on, avait déjà perdu trois enfants auparavant, accomplit son vou point par point.

Une tradition veut aussi que, lors du baptême de l'enfant, le prieur du monastère ait déclaré : « Je te baptise Eleutheros car tu délivreras de la tyrannie des Turcs notre ile qui souffre depuis si longtemps ».

Comme l'âne de Buridan.

Se déshabiller dans le creux d'un rocher, s'élancer dans la mer après avoir confié la garde de ses vêtements à un fidèle terrier irlandais, quelle joie, n'estce pas ?

Mais quelle tentation aussi pour le chien à qui la vue de l'eau et l'exemple de son maître donnent un furieux désir de prendre un bain. Comment, cependant satisfaire cette envie sans cesser d'observer sa consigne ?

Après un instant d'hésitation, le terrier trouva une solution très intelligente et dont se réjouirent les baigneurs qui en furent les témoins.

Le toutou, ayant réuni dans sa gueule les vêtements de son maître, plongea résolument dans l'onde amère...

Les moustaches à la Charlot ?

Au cours d'une inspection d'artillerie passée, il y a quelques jours à Maubeuge, le général inspecteur remarqua que trop de militaires portaient les moustaches « à la Charlot ». Le lendemain, à la décision du corps de troupes de la garnison, on lisait : « Les moustaches doivent être portées sans être coupées d'une manière qui attire l'attention et en particulier réduites à deux pointes, système adopté par les comiques de cinéma. »

Avant la guerre,il était interdit de raser la moustache; pendant les hostilités, cette interdiction fut rapportée; mais voici maintenant qu'une nouvelle doctrine se fait jour. Il s'agit probablement d'un enseignement de la guerre... Le général inspecteur n'a-t-il pas retiré de sa visite à Maubeuge d'autres leçons ?

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«En adoptant les modes actuelles, les femmes semblent espérer nous dominer par la plus grande exhibition de leurs charmes naturels, en attirant toujours parlant nos regards dans les lieux publics, en nous avec le même laisser-aller dont nous usons entre nous, ressembler le plus posbref en s'efforçant de nous sible ».

A lire ces lignes, les Anglaises croiraient entendre Mme Kendal; Mme Kendal, qui veut, comme vous savez, avec l'aide de l'évêque Wellden, ramener ses sœurs aux mœurs et aux modes du temps de la reine Victoria, et mène une campagne active contre l'éman

cipation féminine.

Il n'en est rien. Cette page est extraite d'un opuscule de la femme, et l'ouvrage contre les déportements de porte la date: 1808.

Il n'y a rien de nouveau sous le soleil et les femmes changent moins que ne le prétendait le bon roi François Ier qui pourtant passait pour les bien connaître.

La sagesse du mandarin.

Quand il ne fait pas trop chaud, que l'on a épuisé sa bile contre M. Lloyd Georges, soupiré après la pluie, et que la conversation s'épuise, on parle quelquefois de la famine qui fait mourir les Russes par milliers.

C'est ce que faisait M. Vincent d'Indy, s'entretenant avec un mandarin chinois. Il dit les méfaits de la Révode la Révolution russe à la Révolulution russe, et passa tion française, sur laquelle il s'arrêta longuement.

Le mandarin, qui l'écoutait en souriant, lui dit enfin : « Révolution russe, Révolution française ! A quoi bon parler de ces choses. Nous ne pouvons pas les juger. Tout cela est trop neuf !... »

Affaires Extérieures

La méthode de l'improvisation et ses résultats

La diplomatie est l'art des longs pensers et des actions silencieuses. La nouvelle école a changé tout cela: des discours parlementaires et des querelles publiques; des coups de poings sur la table et des menaces de rompre les pourparlers; des transactions bâclées et des rancunes durables. C'est la diplomatie du Café du Commerce. Tout est improvisé : la réunion, le programme, les débats, les solutions. Avec un peu de chance, beaucoup d'habileté et infiniment d'intelligence, il est possible d'éviter le désastre. C'est ce qu'a fait M. Briand. Jamais il n'a été plus mal servi. Jamais il n'a été plus complètement isolé. Au Conseil suprême, le Foreign Office avait acheté la docilité japonaise et la coopération italienne au prix que l'on sait. Dans la conférence des experts financiers, le travail de disso ciation franco-belge portait ses fruits: M. Theunis, en échange du versement d'une partie des sommes perçues en trop pour le remboursement des dépenses militaires, avait obtenu de l'Angleterre qu'elle adopterait sa manière d'appliquer la priorité belge de 2 milliards de marks-or. Sur tous les champs de bataille, la République se trouvait, je ne dis même pas en minorité, mais encore réduite à ses propres forces. Jamais préparation diplomatique n'avait été plus complète du côté britannique, plus insuffisante du côté français. Il est invraisemblable qu'une lutte engagée sous de pareils auspices n'ait point abouti à d'écrasants échecs.

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« Il est convenu que les sanctions ne cesseront que lorsqu'elles auront abouti à un règlement satisfaisant, accepte par les Alliés pour la réparation, le désarmement et la punition des coupables. »

M. Briand invoqua dans des termes heureux les signes récents d'une évolution dans l'attitude du cabinet Wirth :

« Le traitement qu'ont subi les magistrats français à Leipzig, devant les ricanements des policiers... ; la constitution, en Silésie, d'une armée de 40.000 hommes, dotée de canons, de mitrailleuses, d'avions de bombardement, pourvue d'armes et de munitions... ; l'acheminement vers la Silésie de munitions qui devaient être remises, pour destruction, à la Commission interalliée de contrôle. >>

Et le Conseil suprême décida que la levée des sanctions économiques serait effective d'ici au 15 septembre, sous les trois conditions suivantes, proposées par M. Paul Tirard :

1o A l'échéance du 31 août, la somme de un milliard de marks-or sera intégralement versée par l'Allemagne ;

2o Un organisme interallié contrôlera et contresignera les licences d'importation de produits alliés dans les territoires occupés:

3° Aucune poursuite ne sera exercée contre les Allemands

ques.

Et si notre délégation peut inscrire à son crédit quel- qui auront aidé les Alliés à appliquer les sanctions économiques avantages, elle ne les doit pas seulement au don d'improvisation, qui caractérise toute intelligence bien française, mais encore à la crainte qu'éveillait une victoire trop complète du Foreign Office.

C'est un succès d'avoir obtenu que le contrôle interallié sur le désarmement allemand soit maintenu après l'exécution apparente des clauses militaires du traité. Ce succès, la France en est redevable au maréchal Foch. Il eut été impossible de vaincre la résistance de M. Bonomi et les hésitations du marquis Curzon si notre délégation n'avait pu invoquer les avis unanimes. du comité militaire. L'unanimité est donc possible, quand la thèse française est défendue par certains hommes, appuyés sur des faits précis, exposée avec une indiscutable loyauté ! Peu importe que les effectifs des commissions de contrôle soient réduits. Peu importe qu'elles ne siègent pas toutes à Berlin. Le maintien de cette surveillance est un fait capital. Il constitue la meilleure réponse à la propagande pangermaniste, dont j'ai signalé les dernières manifestations et analysé la formidable organisation. (1)

:

La solution donnée au problème des sanctions est un succès d'égale importance. Après une longue enquête en Rhénanie, j'étais arrivé à la conclusion que le maintien intégral des sanctions rendait impossible toute politique allemande je l'expliquerai dans huit jours. (2) Mais leur levée devait être subordonnée à certaines conditions. Il était impossible d'envisager la suppression du contrôle exercé sur les douanes occidentales et des guichets établis sur les ponts rhénans, si cette décision permettait au Reich d'encercler la Rhénanie d'une cloison étanche et d'y instaurer un régime de représailles politiques, tout en se dérobant au versement des annuités. Cette thèse n'a point été celle de lord Curzon. Il paraît avoir adopté intégralement, sans restrictions ni réserves, la thèse allemande. Il l'a soute

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M. Briand obtint même le maintien provisoire de sanctions militaires. Je ne lui en demandais pas tant eût été, à mon avis, avantageux d'accorder au cabin Wirth cette satisfaction d'amour-propre qui l'eût for tifié contre son adversaire de droite, en échange d'un accord sur la question des coupables et du vote des réformes fiscales. L'occupation militaire n'est pas une politique allemande. Elle doit seulement nous permettre de réaliser cette politique. Mais il faudrait commencer par la définir, et pour cela renoncer à la méthode de l'improvisation.

Mais revenons au bilan du Conseil suprême. Il paraît équitable de faire figurer au crédit de la délégation française une partie des décisions prises du 9 au 14 août par la commission des experts financiers, bien que le texte de la commission soit singulièrement vague et les commentaires de M. Herbette singulièrement troublants. C'est un succès d'avoir obtenu que le charbon allemand, importé via Rotterdam et Anvers, ne soit plus tarifé aux prix du charbon anglais (F. O. E.). Les belge et pour l'évaluation de la créance française, paconditions prévues pour le remboursement de la dette raissent avantageuses. Mais si la clause (§ 7) des accords de Spa, rédigée par M. Marsal, en prescrivant que, « dans le compte établi au 1er mai 1921 » pour le remboursement des frais d'occupation, figure au débit la valeur des mines de la Sarre, a eu pour résultat de compenser des versements en espèces par une livraison en nature et de rendre la France débitrice au lieu de créancière cette iniquité, si légèrement acceptée, aura des conséquences financières et une répercussion morale également redoutables. Cette négociation se solde par un échec.

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Bien que M. Briand ait avec raison pris l'initiative d'insérer au programme du Conseil suprême les secours à apporter à la Russie agonisante et obtenu de mainte nir à la participation internationale un caractère spécieux cette négociation russe, tout comme le débat relatif à Constantinople, n'est pas un succès. Elle constate un

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