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l'heure présente, qu'elles lui paraissaient vaines, insigni- | fiantes, et que, de si haut, elles perdaient leur apparent relief, toutes ces différences de pensée, de goût spirituel, qui avaient fait de lui et de son fils, comme de tous les pères et de tous les fils, deux êtres l'un à l'autre impénétrables et presque deux ennemis! Il ne restait de valable que la communauté du sang. Philippe, qui même au milieu d'un cataclysme universel n'aurait su perdre sa lucidité, s'étonnait d'éprouver avec une force irrésistible, contre laquelle sa raison cette fois ne pouvait rien, avec une force d'instinct, que les anciens eussent appelée « divine », un sentiment qui lui aurait paru, il n'y a pas huit jours, absurde ou d'une insupportable vulgarité : c'est que ce mot « ennemi »> ne s'appliquait plus qu'aux gens du pays qu'il traversait et s'appliquait indistinctement à tous, même à ses égaux par l'esprit, même à ceux qu'il admirait hier, mais qu'en revanche, un lien jusqu'alors secret l'attachait à tous ceux de sa race, même à de prétendus adversaires, même aux plus humbles et aux plus vils, à ceux qu'il méprisait, à ceux qui ne le comprenaient pas.

Il pressentit ce que l'on devait appeler en France, quelques heures plus tard, l'union sacrée. Sa réconciliation avec Rex en était pour lui le symbole. Toutes les plaies profondes qu'ils s'étaient faites ne lui semblaient aujourd'hui que des écorchures et, comme par enchantement, cicatrisées. Et parce qu'un si beau miracle ne peut s'accomplir sans joie, c'est de la joie, oui, une joie honteuse qu'il éprouvait, en se défendant, une sorte de

LETTRES

Feuillets de

La mort de Berthe Bady Ainsi cette belle voix angoissée s'est tue, ce cœur ardent a cessé de brûler; voilà morte, au milieu de sa route, celle qu'on avait appelée, tour à tour, le Désir et la Douleur, ou encore « l'artiste la plus intelligente de son temps. »

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Je me souviens de son apparition, dans les environs de 1899, aux fameuses matinées littéraires organisées par le père Mendès et pour lesquelles, étudiants, nous nous battions aux portes du théâtre Sarah-Bernhardt. Là, devant un auditoire de dévots exaltés, qu'erivraient, chaque samedi, de Max, Sarah, Gémier, Fugère, Litvinne, bien d'autres, la figure frêle, grave et penchée de Bady, sa voix mystérieuse, voilée, lointaine, toute sur le souffle, coupée de brisements tristes et avec laquelle elle récitait des poèmes de préférence obcurs lui valurent immédiatement la première place parmi les premières places.

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Au théâtre, où bientôt elle triompha, qui ne se souvient de l'empreinte ineffaçable dont elle marqua les héroïnes fiévreuses de La Femme nue, de La Marche nuptiale, de La Vierge folle ? Ce frémissement, cette passion qui cherchait à se contenir et qui débordait, ces plaintes d'agonie, arrachaient des larmes.

Je fis sa connaissance, vers 1910, chez l'étrange Isadora Duncan, dans la bizarre villa de Neuilly. Bady, palpitante, radieuse (elle était alors la compagne illustre de l'illustre poète dramatique...), regardait les danses sans parler, avec ses magnifiques yeux profonds. Elle était musicienne; et je la revois

coupable amour, plein de reproches, troublé de verti gineux remords, pour la chose affreuse qui rendait cette merveilleuse chose possible.

Des mots lui revinrent encore, d'Ashley Bell: « L'amour n'est pas fils de la paix, mais de la guerre...

« J'annonce l'amour, mais je n'annonce pas la paix... » Il se rappela aussi cette parole:

« Oui, moi, Ashley Bell, aux portes de la vieillesse, j'ai la nostalgie du champ de bataille, dont je ne vous ai dissimulé ni l'horreur ni la repoussante saleté; et si la guerre éclatait quelque part dans le monde, il me semble que je ne pourrais pas m'empêcher d'y courir, pour voir encore, puisque je ne peux plus faire mieux, pour voir !... »

Et comme Ashley Bell, après avoir prononcé ces paroles, avait longtemps fermé les yeux pour ne plus regarder qu'en lui-même, Philippe, en y songeant, par une imitation instinctive, ferma les paupières. Aussitôt lui apparut l'image de l'étrange petit moujik qui rôdait autour des wagons d'ambulance, comme en peine de partir. Il rouvrit les yeux, regarda machinalement à la portière. Le train s'arrêtait. Bizarre coïncidence! C'était encore dans la gare de la petite, ville où il avait eu, trois jours plus tôt, cette même vision, où tant d'années l'ennemi venait accueillir auparavant, Lembach « son cher ancien camarade Lefebvre » avec des saluts jusques à terre. (A suivre.)

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la

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Semaine

aussi, dans le bel hôtel de Rachel Boyer, déchiffrant, pour quelques intimes, de belles pages très difficiles, la volup tucuse Heure d'or, bien faite pour l'émouvoir et pour la séduire.

Et puis, plus tard, l'effondrement !.. C'est le lot courant de ces unions tapageuses... Et je me souviens d'elle, encore, questionnant douloureusement, au lendemain de la première représentation de la première pièce jouée sans elle : «Etait-ce vraiment beau ?... » — Pauvre amie que vous répondre !...

Ame brûlante, mais généreuse et loyale, mystique, faite pour la foi, et qui mourut sans doute de ne plus croire; elle ne sera pas oubliée de ceux qui l'ont jugée et aimée, c'est-à-dire de tous ceux qui avaient eu le grand honneur de la connaître.

Paul HEUZÉ.

Les Académies

M. Joseph Bédier a terminé son discours de réception et l'a remis à M. Emile Boutroux, qui, chargé de l'accueillir sous la Coupole, écrit en ce moment sa réponse.

C'est à M. René Doumic qu'a été demandé, cette année, le discours sur les prix de vertu; M. Frédéric Masson, au cours de la même séance, présentera son rapport sur les prix littéraires, et l'on est curieux de savoir comment M. Masson traitera le couplet qu'il doit consacrer au Grand Prix de littérature, décerné par l'Académie à la comtesse de Noailles.

M. Homolle a fait à l'Académie des inscriptions et belles-lettres une bien cu rieuse communication sur Pline, commenté par Eugène Delacroix.

ABEL HERMANT.

Dans son Journal, l'auteur de Sardanapale a écrit sur les a naturistes » cu les a naturalistes » des choses qui méritaient d'être soulignées, par exemple ce ci : « Ils croient qu'ils seront plus vrais en luttant avec la nature de vérité litté rale; c'est le contraire qui arrive ; plus elle est littérale, cette imitation, plus elle est plate, plus elle montre combien toute rivalité est impossible. On ne peut espérer d'arriver qu'à des équivalences. Ce n'est pas la chose qu'il faut faire, mais seulement le semblant de la chose : encore est-ce pour l'esprit et non pour l'œil qu'il faut produire cet effet ».

C'est là, ainsi que l'a fait observer M. Homolle, le plus magistral commentaire qui ait été fait de ce qu'a dit Pline des copistes de la nature. Il revient à son heure.

Le directeur de l'Académie de France à Rome, M. Denys Puech, n'a guère fait que passer à Paris, mais il a obtenu de ses confrères de l'Académie des beaux-arts, un assentiment complet. Désormais, une grande latitude sera donnée aux jeunes artistes

pour

leurs « envois et pour leur exposition annuelle à la Villa.

D'autre part, il leur sera accordé chaque année un congé, d'au moins un mois, que ne prévoyait pas un règlement trop sévère et qu'il était inutile de leur donner l'occasion de violer.

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niers prix créés le sont presque tous en faveur d'ouvrages non imprimés.

Le jury de ce concours ne comprendra que quatre membres: M. André Salmon, Franz Hellen, André de Ridder et P. G. Van Hecke.

Walter Scott

L'Angleterre fêtera demain le 150° anniversaire de la naissance de Walter Scott. Cette commémoration aura-t-elle quelque écho en France ? Il semble qu'après avoir connu une vogue extraordinaire pendant plus de la moitié du dixneuvième siècle, le romancier d'Edimbourg intéresse aujourd'hui assez peu de nos contemporains. Qui lit encore Quentin Durward ou Wawerley? Un de nos confrères nous révèle même qu'il arrive dans les bibliothèques populaires au dernier rang des auteurs empruntés.

Le journal des Goncourt

Le Matin vient d'entreprendre un procès qu'il faut approuver.

Edmond de Goncourt a légué à son académie le soin de publier son journal inédit. Celui-ci est déposé à la Bibliothèque nationale et devait être communiqué au public à partir du 16 juillet 1916. Or l'Académie Goncourt a sollicité et obtenu du gouvernement que la communication du manuscrit fût interdite et la publication, par conséquent, différée. Il paraît que le texte contient des appréciations sévères sur diverses personnes tel est le prétexte qu'on invoque pour justifier la mesure ministérielle. Mais le Matin fait observer que la censure est abolie et que les personnes qui croiraient avoir à se plaindre peuvent avoir recours aux tribunaux et engager des procès en diffamation. Nul doute que notre confrère ne gagne son procès la Cour de Cassation a sur ces questions une jurisprudence qui ne fait pas de doute. Et ce sera justice.

:

L'Académie Goncourt prétend que son fondateur n'a pas écrit que le journal devrait, mais seulement pourrait être publié. Mais c'est une subtilité qu'il sera bien malaisé de faire admettre. Voici en effet la phrase du testament:

Je veux que les cahiers de mon journal, dit Goncourt, a soient immédiatement cachetés et déposés chez M° Duplan, mon rotaire, où ils resteront scellés vingt ans, au bout desquels ils seront remis au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale et pourront être consultés et livrés à l'imprimerie ».

Cela est formel. L'Académie Goncourt a accepté le testament, qui comporte d'autre part l'obligation pour elle de publier les inédits de son fondateur. Parmi ces inédits se trouve le journal qui pourra être consulté et livré à l'imprimerie à partir de 1916. Si elle prétend que c'est le ministre qui interdit la communication de ces papiers, il n'y qu'à s'adresser à celui-ci. C'est ce qu'a

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fait le Matin.

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Notre confrère a envoyé la Bibliothèque nationale mer de communiquer le manuscrit à son représentant. Le conservateur s'est retranché derrière les ordres ministériels.

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La C. T.I. au XVII' siècle

Sait-on que la Confédération des Travailleurs intellectuels et les Compagnons de l'Intelligence peuvent se réclamer d'une autorité qui remonte à près de trois siècles? Savourez ce titre, inséré par Antoine Furetière dans la bibliothèque imaginaire de son Roman bourgeois (1666) Advis et mémoire à monsieur le procureur du roi pour ériger en corps de maîtrise jurée les poètes et les auteurs et les faire incorporer avec les autres arts et métiers de la ville. Les contemporains de Corneille voulaient être assurés d'un salaire de balayeur ou de cordonnier. Déjà !

Henri Albert

Notre collaborateur, M. Henri Albert, de son vrai nom Hang est mort ces jours derniers à Strasbourg.

D'origine alsacienne, connaissant remarquablement la langue allemande, on lui doit la traduction des œuvres de Frédéric Nietzsche à qui il consacra un très clair opuscule dans la collection des célébrités d'aujourd'hui. Il collaborait depuis de longues années au Journal des Débats et au Mercure de France.

Outre ces célèbres traductions de Nietzsche, il a également publié en français certains ouvrages de Stirner et de Jean-Paul Richter, à qui Musset dans Fantasio a emprunté l'image du plongeur.

Henri Albert qui était un parfait homme de lettres sera profondément regretté.

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Le lotissement des Jardies Depuis que Balzac s'installa dans ce jardin en pente entre Ville-d'Avray et Sèvres, on a bâti, à diverses reprises, des maisons qui montrent les transformations du style « chalet de banlieue » dans la région parisienne. On sait que Gambetta habita là et qu'il y mourut. On a également placardé un monument affreux contre la maison de Gambetta, devenue propriété nationale et musée gambettiste. Tout cela n'est Tout cela n'est pas très distrayant, et les fanatiques de Balzac, s'ils ont l'esprit lucide, en sont à se demander même comment les contempo

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rains du romancier ont pu faire pour trouver le terrain aussi abrupt qu'ils l'ont décrit, alors que la plupart des maisons de la région sont bâties sur des terrains beaucoup plus inclinés : le romantisme a été, souvent, une tartarinade.

On a tenté técemment de lotir les Jar dies. L'adjudication a été un fiasco: point d'acheteurs aux prix demandés. Les maisons coûtent si cher à bâtir, actuellement, que la propriété non bâtie, aux environs de Paris, n'a plus de valeur. Mais ce n'est que partie remise: les maçons et entrepreneurs baisseront leurs prix, les lotissements reprendront, les Jardies seront dépecées, et nul n'en fera une maladie.

La ruche littéraire

Ces dames de la Ruche s'intéressent toujours de plus en plus à la littérature. Loin de nous la pensée de les en blâmer. Leurs jugements ne portent pas toujours sur des ouvrages récents; mais cela n'en est que plus intéressant. Nous apprenons par elles comment le public réagit aujourd'hui au contact de certains livres.

« J'admire Persephone où Mme Marcelle Tinayre, écrit l'une d'elle, révèle de troublantes correspondances entre l'autre monde et le nôtre, mais je ne lui trouve pas un « parfum d'asphodèles » car elles sentent fort mauvais.

« L'alcool frelaté de certains primaires convulsifs ne vous répugne-t-il pas autant que le petit bordeaux académique dont on abreuve les jeunes filles que vous étiquetez « blanches ou vertes ». A propos lisez donc la Jeune fille verte, de Toulet, une scabreuse merveille ».

:

Opinions sur Loti « J'ose dire que Loti le maître, Loti l'enchanteur, le magicien Loti me laisse froide. »

Pour une autre : « Loti n'a rien silhouetté de mieux que son grand cavalier français épousant une petite négresse ».

Petite Esclave aime l'auteur de Gisèle. « Que pense la Ruche de Duvernois? Il me semble qu'il n'est pas très connu ni apprécié par toutes et pourtant ce sceptique sentimental a fait des livres très émouvants. »

Sur Gustave le Bon et Mauclair, l'Eté de la Saint-Michel écrit : « Gustave le Bon est un des plus subtils psychologues qui soient, avez-vous lu ses aphorismes? Et ne trouvez-vous pas qu'il traite de magistrale façon l'affectif et le rationnel?... Camille Mauclair est aussi un des plus intéressants; connaissez-vous son livre l'Amour Physique?... v

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Andalouse note ses lectures. Dans un a livre universel explique-t-elle a je recueille des passages préférés, butinés au hasard de mes lectures; et cela forme un gros volume et des plus éclectiques je vous assure ».

Green leaf ne donnera pas son adhésion à la Ligue contre le prêt des livres : « un écrivain selon elle, gagne à se faire connaître surtout quand il débute. Or parmi les gens qui peuvent acheter le livre, beaucoup ne l'achèteraient pas et ne le liraient pas si on ne leur prêtait. » Quant à Catherine d'Aragon elle se fâche du haut de sa grande noblesse : « Que les journaleux d'à-côté ou d'en face s'occupent de nos opinions littéraires, nous n'en avons cure ».

Ce que vous appelez un outrage, Mesdames, n'est qu'un pur hommage comme on chante à peu près à l'OpéraComique.

Les trois philosophes de Chartres

M. Pierre Lasserre, Lasserre, qui vient, comme homme de lettres, d'obtenir la Légion d'honneur, fut pendant quelque temps professeur de philosophie au Lycée de Chartres et à un moment où le pauvre proviseur désespérait de conserver des philosophes dans ses murs. Il eut d'abord M. Weill qui, à peine arrivé, disparut pour aller à Paris chercher fortune dans les lettres, sous le nom de Romain Coolus. Puis ce fut M. Ephraïm qui ne tarda pas à s'enfuir pour prendre la direction du Cri de Paris. Enfin, vint un chrétien. « Celui

là, pensa le proviseur, sera peut-être moins errant que ses prédécesseurs. >> Mais c'était M. Pierre Lasserre et, lui aussi, il s'enfuit, pour se faire rédacteur à l'Action Française.

Une édition illustrée de Flaubert

Le vieux maître de Croisset a dû en rugir dans sa tombe, bien que le talent des illustrateurs soit incontestable. Ce sont en effet, Bourdelle, Dunoyer de Segonzac, Dufrenoy, Bernard Naudin, Lombard, Ouvré, Roussel, Félix Valloton, Giriend, etc. qui signeront les dessins des douze volumes de cette nouvelle édition.

Le premier paraîtra au moment de la célébration du centenaire à Paris. Ce sera Madame Bovary. Viendront ensuite en janvier 1922 la Tentation de Saint-Antoine et au mois de mars suivant Salamm bộ.

Racontés par eux-mêmes

Une nouvelle collection biographique vient d'être fondée par M. Marc Saunier. Chacun de ces petits ouvrages sera consacré à un jeune littérateur ou à un jeune artiste. Détail amusant ce sont les écrivains qui se racontent eux mêmes. Nous avons eu ainsi ces jours derniers un Francis Carco, par Francis Carco et un Alfred Machard, par Alfred Machard.

Les deux auteurs se sont fort bien tirés de cette agréable mais difficile étude.

ARTS

La Croix d'honneur à Peixotto

La Légion d'honneur vient d'être conférée au peintre-écrivain américain Er nest Peixotto, dont le dévouement à notre égard s'est montré de mille façons depuis 1914. Peixotto est un des nombreux artistes américains qui pensent que la grande école d'art du monde au xx siècle est la France. Il a fait de nombreux voyages à travers vingt pays, mais c'est toujours chez nous qu'il revient, et comme ses récits de voyages sont réputés en Amérique, et qu'en même temps qu'écrivain, il est peintre et dessinateur de talent, il a consacré, avant la guerre, un livre charmant, illustré de ses croquis, à des coins de la France qui ne sont qu'à demi connus même de la plupart des Français.

Puis lorsque la guerre a éclaté, il a tenu à payer se dette intellectulle envers notre patrie en se dévouant à toutes les entreprises que l'on formait aux EtatsUnis, pour soutenir les artistes de France atteints par la guerre. Ces œuvres ont été nombreuses et beaucoup de familles d'artistes qui ont été secourues par elles n'ont pas su tout le mal que des hommes comme Ernest Peixotto ou des femmes d'artistes comme Mme Whitney Warren et Mme Peixotto (elle-même artiste de talent) se sont donné pour ramasser l'argent qui a été expédié d'Amérique en France.

Dès que les Etats-Unis entrèrent dans la lutte, Peixotto, qui avait cependant dépassé l'âge de se battre, demanda à servir; il fut envoyé à la section artistique du corps expéditionnaire américain en France. On le vit sur tous les champs de batailles de l'armée américaine et il est résulté de ces randonnées. outre de très belles peintures du front de France, un livre écrit et illustré par lui qui constitue un document précieux.

Pas très grand de taille, avec une figure ouverte et les yeux bleus les plus francs du monde, Peixotto vit six mois par an en France, et six mois à NewYork. Comprenant fort bien tout ce qui reste à faire pour le développement de la culture artistique aux Etats-Unis, il constitue un trait d'union actif entre l'art français et les milieux intellectuels de son pays.

Toujours prêt à donner un conseil utile ou un appui intelligent aux Français qui débarquent aux Etats-Unis, c'est un véritable ami, actif, perspicace et de la plus haute utilité pour nous. LOUIS THOMAS.

Est-ce un Rembrandt?

M. H. R. Herbert, antiquaire à Nottingham, possède une toile qu'on affirme être un Rembrandt authentique.

Il l'acheta à Londres il y a dix-sept ans. Examinée récemment par un expert, celui-ci en aurait offert mille livres sterling, soit, au cours actuel du change, 46.500 francs. M. Herbert qui se souvient d'avoir vendu, il y a onze ans, un portrait qu'on reconnut plus tard être une toile de Romney et qu'on vendit alors quatre mille livres, refuse aujourd'hui,

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nous

Chez Cabassud Nous avons eu, à Montparnasse, les expositions de peinture au café; voici que, à Ville-d'Avray, avons la peinture au restaurant. Bien rares sont les Parisiens qui ne connaissent pas l'hôtel-restaurant Cabassud, sur la route de Versailles et au bord de l'étang de Ville-d'Avray. Les amoureux et les automobilistes viennent y faire des diners, à l'ombre des tonnelles ; c'est un Robinson plus chic, plus cher, plus bourgeois. Et le monument de Corot est à quelques mètres, sur la rive même de l'un des étangs qu'il immortalisa, en les recréant, d'ailleurs, si l'on peut dire, à moins que ces étangs ne se soient forte ment embourgeoisés depuis le temps où le père Corot venait y chercher des nymphes dans la brume argentée du matin.

Quelques peintres, qui avaient déjà exposé là en 1916, ont persuadé au restaurateur que la peinture devait toujours être en honneur à Ville-d'Avray. Ce sont des jeunes, qui viennent du Salon d'Automne ou qui y vont. Ils sont rudes, virils, et ne manquent pas de talent. Antral y montre une étrange tour sarrasine rose près de toits rouges et bruns; Clergé un paysage de neige dans une savoureuse petite ville française ; Trochain les toits de chaume mauves et violets des chaumines bretonnes; Moreau un très joli nu, fin, modelé et souple, et Savin, qui est peut-être le plus vigoureux de la bande et le plus personnel, quelques unes de ces filles dont il a bien compris le visage brutal.

Tous les dîneurs de chez Cabassud ne comprendront pas cette peinture, dont le seul défaut est peut-être d'être un peu trop à la mode, et pas toujours très méditée ;

mais c'est une éducation à tenter que celle de notre bourgeoisie à ce que André Salmon appelle l'art vivant: quand fera-t-on de ces expositions-là chez Larue ou Paillard ? Je vois très bien le pratique Valmy-Baysse organi sant des manifestations de ce genre, et les réussissant.

CE QU'ON LIT

La jeunesse de Mme de La Fayette, par André BEAUNIER, est contée d'après des documents inédits avec la grâce et la finesse habituelles à M. André Beaunier. Romancier autant qu'historien, l'auteur a su faire vivre l'auteur de la Prin

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Le Mercure de France, a tout le monde y trouve toujours quelque chose à lire; ce n'est pas le cas de toutes les revues. Si l'Interprétation philosophique du principe de la relativité d'Einstein, par M. Georges MATISSE Vous semble difficile, ou même si les témoignages inédits par lesquels le lieutenant-colonel CHENET prétend établir la Vérité sur la perte du fort de Douaumont, ne vous paraissent pas, aussi concluants qu'à l'auteur, vous lirez intérêt la Publicity » avec un vif Amérique, par M. G. HANET-ARCHAMBAULT. Et puis il y a la « revue de la quinzaine et les échos.

D

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La Bourse

Nador aux rebelles. Ceux-ci sont main-
tenant aux portes de Melilla, qui pos-
sède tout juste les forces nécessaires
pour résister. A Paris, réapparition
des bateaux-mouches, qui avaient été
supprimés en août 1914. Agitation en
Haute-Silésie au sujet de la prochaine
Conférence de Paris, les journaux an-
glais annonçant que M. Lloyd George
a promis à l'Allemagne l'attribution de
tout le territoire.

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Une crise ministé

LE 5 AOUT.
rielle est probable en Espagne. Le roi
a fait appeler à Madrid, pour les con-
sulter, tous les chefs de groupes par-
lementaires. Au point de vue militaire,
des renforts auraient pu pénétrer dans
Melilla. A Londres, dernière journée
de la Conférence des Dominions. Il ne
semble pas que des résultats très pré-
cis aient été obtenus. Le passage le plus
important du rapport concerne le droit
que prétendent avoir les Dominions de
diriger, avec l'Angleterre, la politique
étrangère de l'Empire. Sur la question
de l'Inde, l'accord n'a pu se faire.
La presse anglaise confirme que les in-
tentions de M. Lloyd George sont de
faire atribuer toute la Haute-Silésie à
l'Allemagne.

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-

191

Au

toux est gagnée par Bablot, sur Voisin. Pendant la course, l'aviateur Deladier atterrit sur le Mont Ventoux, au Col des Tempêtes, par un vent violent, sur un terrain non préparé. A Copenhague, le Hollandais Moeskopfs est champion du monde de vitesse, à bicyclette. meeting automobile de Calais, motocyclettes, side-cars, cycle-cars, voitures, ont accompli de remarquables performances. Le meilleur temps de la journée est réalisé par Goux sur voiture Ballot. LE 8 AOUT. Première journée de la Conférence de Paris. La séance est consacrée d'abord aux discours d'ouverture, dans lesquels les trois délégués déclarent désirer la conciliation. Puis les experts exposent les points de vues an glais et français, qui sont nettement contradictoires. Théâtre Mort de BerImportants incendies de

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the Bady.
forêts dans le Jura.
LE 9 AOUT.
Conférence de Paris :
MM. Lloyd George et Briand exposent,
tour à tour, leur thèse sur l'attribution
du bassin industriel de Haute-Silésie.
MM. Bonomi et Hayashi font appel à
des concessions réciproques. L'opinion
officieuse est que les experts trouveront
une formule de partage acceptable.

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LE 6 AOUT. Première A Rambouillet, le réunion de la Conférence nonce du Pape présente ses lettres de financière sous la présidence de M. Paul créance à M. Millerand. Doumer. Arrivée à Guerre espagnole : Des néParis du colone! Harvey, délégué amégociations sont entamées entre Melilla et ricain aux délibérations du Conseil sules Maures. A Madrid, le roi continue prême. -Crise espagnole : C'est à ses consultations de personnages politiM. Maura que le roi fait appel pour ques. Guerre gréco-turque L'offenconstituer un nouveau ministère. sive grecque est reprise. Angora serait Guerre gréco-turque après un arrêt évacuée. d'une semaine, les opérations ont repris. Les Grecs annoncent que leur avance continue, qu'ils marchent sur Angora et que cette ville ne saurait tenir longtemps.

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De Russie arrivent les nouvelles les plus affreuses: Famine, choléra, typhus font des millions de victimes. Les populations des campagnes affluent, en troupeaux, vers les villes déjà encombrées. La troupe essaye, assez mollement, de les repousser. Massacres.

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LE 7 AOUT. Arrivée à Paris des délégués anglais et italiens. M. Briand est allé recevoir M. Lloyd George. A Paris, signature de la Convention franCo-suisse sur les zones franches. Sports La course de côte du Mont Ven

:

La Bourse est entièrement dominée par le Conseil suprême et, selon les impressions, est ferme ou faible.

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gralement leur récente reprise et les nombreux vendeurs, lorsqu'ils le désirent, trouvent difficilement à se racheter.

Au compartiment industriel, toute l'attention se concentre sur les valeurs de sucre qui ont eu à supporter

empressement à prendre de nouvelles positions, ce qui d'importantes prises de bénéfices. Les valeurs de navi

explique le peu d'importance des transactions. Les variations de cours sont, dans un sens ou dans l'autre,

gation sont très fermes et il en est de même des valeurs d'électricité, tandis que les valeurs de transports en com

insignifiants, mais cependant beaucoup de profession- mun sont discutées. La Penarroya, la Gafsa, la Kuhl l'absence de grosse émission d'ici à l'automne, ainsi❘ Plastiques, en l'absence de dividende, sont offertes.

mann et le Rio Tinto sont plus calmes. Les Matières

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Au marché en banque, le Mexican Eagle est faible sur le bruit de la prochaine assimilation des actions nouvelles aux actions anciennes. La De Beers est très irrégulière et les mines sud-africaines sont très soutenues. Les valeurs de caoutchouc sont faibles, l'accord pour la réduction de la production semblant ne pas pou

très étroites. Les Bons du Trésor jouissent d'un large voir se faire. Les valeurs industrielles russes sont très

marché et se traitent aux environs du pair.

Les actions de nos grandes banques conservent inte,

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Emprunt Serbe 4 0/0 1895

Un communiqué du ministère des finances du Royaume des Serbes et Slovènes, annonce que la liste des titres présumés appartenir à des ressortissants de l'Allemagne et de ses alliés est définitivement établie et qu'elle a été envoyée au siège de Paris de la Banque Ottomane.

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Ville de Paris. -- Obligations 1921

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Premier tirage.

Aux termes de l'article 3 du cahier des charges de l'Emprunt de la Ville de Paris de 1921, le premier tirage devait avoir lieu le 1er septembre 1921.

En raison du peu de temps qui s'est écoulé depuis le vote de la loi autorisant l'emprunt (16 juin), les titres d'obligations à remettre aux souscripteurs n'ont pas encore pu être imprimés; d'autre part, il n'a pas été, non plus, possible de construire la roue sphérique des tirages qui doit contenir les numéros des obligations.

En conséquence, comme il a été procédé pour des raisons analogues lors des emprunts de 1910 et de 1919, st suivant la faculté réservée à la Ville de Paris par l'article 3 du cahier des charges, un arrêté préfectoral en date du 5 août 1921 a ajourné le premier tirage; la date en a été reportée au mardi 29 novembre 1921.

Les souscripteurs devront déposer leurs certificats de versement en vue de leur échange contre des titres libérés ou ron libérés, savoir à partir du 1er octobre 1921 dans les départements, aux bureaux d'une Trésorerie générale ou d'une Recette des Finances, et à partir du 20 octobre 1921, à Paris, à la Recette municipale. Les personnes qui n'auront pas effectué ce dépôt au plus tard le 10 novembre 1921 seront déchues, aux termes de l'article 8 du cahier des charges, du droit de prendre part au premier tirage.

Bien entendu, le paiement des lots revenant aux obligations qui sortiront au premier tirage s'effectuera comme si l'opération n'avait pas été ajournée ; ce paiement aura lieu le 16 janvier 1922, date fixée au cahier des charges, article 5.

Avant de prendre le train mettez vos billets de banque en sécurité

La meilleure façon d'assurer votre argent contre tous les risques et contre le vol, consiste à le placer de suite en Bons de la Défense nationale. Si les victimes des abominables attentats commis dans les trains avaient pris la précautions d'é changer, avant de partir, leurs billets de banque contre de S Bons barrés ou domicilies, les voleurs n'auraient pas pu en toucher le montant. Rien n'est plus simple, en effet, que d'e viter le vol des Bons de la Détense nationale: il suffit de les barrer, et, dans ce cas, ils ne peuvent être remboursés que par un banquier qui en connaît le porteur. Vous pouvez aussi les domicilier chez un comptable du Trésor qui ne les rembo:1rsera qu'à vous seul. Enfin, si vous avez besoin, d'argent, vous n'avez qu'à présenter vos Bons à votre banquier qui vous les escompte sans délai lorsqu'ils n'ont plus que trois mois d'échéance. Placer toutes ses disponibilités en Bons de la Défense nationale, c'est mettre ses billets de banque à l'abri de tous les hasards et de toutes les pertes .

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ACCUSE DE RECEPTION

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Marcel Pierre

Mme C. Du GAST, Le statut ouvrier au Maroc, rapport (Impr. Nationale). Commandant Paul CASSOU, Le procès du général Fournier, gouverneur de Maubeuge (L. Fournier). L. de LAUNAY, Géologie de la France (A. Colin). BOSSUET, Correspondance, XIII (Coll. des Grands Ecrivains, HachetGeorges BEAUME, Une race (Renaissance du Livre). Victor SEGALEN, Les immémoriaux (G. Grès). BATILLIAT, La loi d'amour, roman (Charpentier). LADOUÉ, La fontaine au charme, roman (« Les Gémeaux »). Sylvain BRIOLLAY, L'Irlande insurgée (Plan). William LE QUEUX, Le ministre du mal, Mémoires de Feodor Rajevsky, secrétaire privé de Raspoutine (Ed. française illus trée). DÉMIANS D'ARCHIMBAUD, La vie continue: Marcelle, roman (Plon). Marcelle TINAYRE, Les lampes voilées, Law rence, Valentine (Calmann-Lévy). J.-M. JUNOY, Amour et paysage, trad. du catalan (E. Paul). Marcel NADAUD Mon amour chéri, roman (A. Michel). Maxime GORKI, M a vie d'enfant, mém. trad. par Serge PERSKY (Calmann-Lév y).

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