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aux trois quarts du chemin, par les personnes qui craignent le bruit et la trop forte dépense. Elles y ont construit de fort agréables villas et une de ces jetées promenades faute desquelles un Anglais de bonne compagnie ne se croirait pas aux bains de mer. A SeaView, les baigneurs ne s'y promènent quasi jamais ils vont à Ryde, à pied, soit par la plage à marée basse, soit par une route en corniche qui domine la grève. Les habitants de Ryde vont en partie de plaisir prendre le thé à Sea-View, et à certaines heures animent un peu trop cette retraite au gré de ceux qui sont venus s'y cacher. Philippe, Madeleine et Rex évitaient, à ces heures-là, de quitter leur cottage, qui était vraiment ce les gens du pays appellent « une désirable rési

que

dence>>.

Il rappelait à Philippe Paumanock-house, la demeure d'Ashley Bell à Oxford; et l'ami de Tintagel se moquait doucement de lui-même, chaque fois que se présentait à son esprit cette association d'idées, que rien, quand on y pense, ne justifiait. Ni sur la façade, fort banale, ni dans les arrangements intérieurs, il ne pouvait, malgré toute sa bonne volonté, apercevoir cette note d'art que Miss Florence avait su mettre à Paumanock-house; et cependant tout y était compris si bien pour l'agrément de la vie quotidienne, qu'au bien-être qu'on ne pouvait se défendre d'y éprouver, s'ajoutait comme le soupçon d'un art, qui n'est pas entre les arts le plus méprisable l'art de vivre. Cette impression d'on ne sait quoi de réellement artiste ne venait assurément point de quelques bibelots placés sur les manteaux étroits des cheminées hors de la portée de la main, ou dans de petites niches pratiquées sous la tablette: dont la plupart étaient des crapauds et autres animaux de faïence, invariablement. bleu-turquoise ou jaune bouton d'or.

Un seul détail, mais non sans importance, autorisait Philippe Lefebvre à se ressouvenir ici de Paumanockhouse. Il avait naturellement cédé à Madeleine l'unique chambre du premier étage; il logeait avec Rex au second, où se trouvaient deux chambres qui se communiquaient, mansardées, et qui rappelaient d'une façon vraiment frappante sa chambre d'Oxford et celle de l'autre Rex. Pour marquer mieux la ressemblance, la porte restait toujours ouverte; et le soir, lorsque longtemps après s'être mis au lit et même avoir éteint les lumières, le père et le fils continuaient de causer ensemble, s'il y avait par hasard un silence, c'est la voix de l'autre Rex que Philippe s'imaginait qu'il allait entendre, lui disant :

Pourquoi vous taisez-vous, Philippe ? Je ne dors pas, je vous écoute.

Bien que Rex n'eût de son parrain secret que le nom, le souvenir, ainsi évoqué, de Tintagel était pour Philippe comme un symbole suffisant de cette unanimité nouvelle qu'il sentait entre son fils et lui, et qu'il n'eût pas été prudent de soumettre à une rigoureuse analyse, ni d'exprimer plus précisément par des mots.

Ces entretiens du soir étaient les seuls véritables 'têteà-tête du père et du fils. Ailleurs, et aux autres heures de la journée, ils auraient fait scrupule de n'avoir pas toujours Madeleine avec eux. Rex, plutôt par instinct que délibérément, jouait avec une obstination douce son rôle de fils qui doit maintenir l'union du père et de la mère; et il se trouvait que ses bons offices étaient superfius, car jamais cette union n'avait été si étroite. Non que, Philippe fût capable de combler Madeleine de plus d'attentions pour lui donner le change, comme les maris vulgaires, d'autant meilleurs maris qu'ils sont infidèles: une si bourgeoise et si basse hypocrisie lui eût répugné, et Madeleine ne l'eût pas agréée. Faute d'user de tels stratagèmes, Philippe n'avait pu obtenir, ce qu'il ne cherchait point, même leur avait épargné à tous deux la vulgarité des que Madeleine ignorât; mais ellereproches et le drame grossier du.pardon.

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Dans ce ménage toujours ami, même aux jours les plus sombres, l'adultère n'avait pas été une plaie secrète, mais il avait été un péché muet. Madeleine ne se flattart point d'être une héroïne, ni même une femme patiente et adroite. Elle s'attribuait assez peu de mérite, connaissant tous ses trop faciles avantages sur une rivale toujours absente, toujours mourante. Elle savait bien aussi que c'était elle qui avait la meilleure part, mais elle n'eût point souffert que Philippe lui dît: « C'est toi que j'aime »; car cette phrase, salie par l'usage que l'on en fait, et qui est cependant, le plus souvent, une vérité, il fallait, pour lui laisser toute sa valeur, justement qu'il ne la dît point et que ce fût elle qui la sentît.

Au lien si fort qui les unissait et qui ne s'était pas rompu s'ajoutait celui d'une reconnaissance délicate. Ces deux êtres, à qui la vulgarité était en horreur, se savaient gré, infiniment, de pouvoir, grâce à une entente tacite, vivre ce drame sans y rien admettre de trivial, sans faire aucune des scènes à faire. Madeleine n'avait ni revendiqué ni repris sa place: elle l'avait gardée.

Elle était toujours d'une exquise discrétion. Rex et Philippe voulaient se contenter de leurs tête-à-tête du soir; elle trouvait aisément des prétextes pour leur en ménager d'autres à divers moments de la journée. C'était surtout quand ils allaient se promener sur la route en corniche de Ryde à Sea-View, qui est en plein soleil dès le matin, et que n'abritent point quelques arbres qui çà et là regardent par-dessus le mur. Il y avait justement, cette saison, une « vague de chaleur », qui occupait les journaux de Londres plus que les événements financiers ou politiques. Madeleine feignait de craindre l'été torride, et Philippe feignait de l'aimer. Quant à Rex, qui revenait d'Afrique, il s'en apercevait à peine; mais il lui plaisait de reconnaître, sur le mur à nombreux ressauts qui bornait de chemin du côté de la terre, ces blancheurs radieuses et ces ombres d'un gris bleu qu'on ne voit d'ordinaire que là-bas. Le caprice de cet été africain trompait sa nostalgie des régions chaudes dont peut-être n'aurait-il pu se défendre, et la rendait si légère qu'elle n'était plus qu'un assaisonnement à sa joie enfantine d'en être revenu.

Ils étaient, ces longs entretiens du père et du fils, même lorsque Madeleine y participait, une manière d'instruction, une enquête menée par Philippe sur l'état du cher et précieux esprit avec lequel il venait de reprendre contact. Il se flattait d'y procéder sans méthode; c'était peut-être une illusion, mais le témoin le plus averti, un de leurs intimes, un André Jugon n'en eût pas été moins dupe que lui-même: tant les pensées qui leur servaient de thème ou de prétexte, et que suscitait toujours un hasard, semblaient ensuite aller au hasard et ne suivre que leur caprice. Ou bien Philippe le faisait exprès et il se donnait plus de soin que Montaigne de dissimuler son plan. Il n'est pas si aisé d'ordonner le désordre, sans en avoir l'air, dans une conversation que dans un livre. Philippe, que conduisait une idée unique toujours présente, devait faire, pour ne pas aller droit devant lui comme les rois Mages orientés par leur étoile, un effort d'art probablement supérieur à celui de Montaigne. La complicité de Rex l'y aidait, volontaire ou instinc

tive.

Mais leur ton n'était pas celui des Essais. Il rappelait celui du divin maître dont Philippe s'était assimilé pensée au point d'avoir pu naguère écrire des dialogues platoniciens, pour ainsi parler, spontanément, et sans tomber dans le pastiche. Quel autre a su, mieux que Platon, donner à la controverse la plus rigide, la plus directement poussée, les apparences d'une causerie fam:lière et nonchalante, aux innombrables méandres ? Socrate dérobe la profondeur de sa pensée. Il affecte même de n'être pas sérieux. Lorsqu'il prend un de ses interlocuteurs en flagrant délit de sophisme et de mauvaise foi, il a cette façon charmante de le gronder:

Comme on voit bien, ô Ménon, que tu es encore jeune et que tu as encore des amants!

Ces saillies sont si fréquentes, et le décor, ainsi que les jeux de scène, indiqué si minutieusement, que bien des lecteurs n'aperçoivent que la comédie et ne soupçonnent pas la métaphysique. On ne se fût point douté, à entendre Philippe et Rex causer si légèrement, que leurs examens eussent la gravité d'un examen de conscience, et pour objet la réconciliation de deux âmes retournées l'une vers l'autre après une séparation douloureuse, mais qui se souhaitaient gaîment la bienvenue.

Rex devinait-il le désir qui hantait son père, de retrouver l'adolescent perdu? Il s'y prêtait avec une tendre complaisance, mais sans effort et naturellement. Ainsi que la plupart des jeunes gens bien élevés et studieux qui n'ont quitté les bancs du lycée que pour les bancs d'une grande école et ensuite pour le régiment, qui, sauf dans leur famille, n'ont eu aucun commerce avec l'humanité ni avec la vie, il gardait on e sait quoi de collégien, ou mieux de neuf et d'ingénu. Cela faisait un contraste, qui n'était point déplaisant, et avec sa maturité d'esprit, sa haute culture, son expérience réelle, mais acquise par les livres, et avec le teint même de son visage, toujours mat et un peu olivâtre, aujourd'hui, de surcroît, tanné par le soleil d'Afrique. Il était comme un beau fruit mûr, qui n'a point perdu sa fleur. En dépit de cette sensualité impatiente qu'avaient trahie aux yeux de Philippe les naïves hardiesses de son manuscrit, on sentait que les hasards de sa vie malgré lui austère lui avaient fourni peu d'aventures, et s'il n'avait point la mine de l'ascétisme, il avait celle de l'innocence. De même, si la conversion qu'il avait souhaitée ne s'était pas produite, il avait été néanmoins trop longtemps préoccupé de religion, il avait trop vécu dans la familiarité des pères de l'Eglise, pour que sa gaîté naturelle ne prît point la forme de cette hilaritas christiana qui est recommandée comme une vertu. Ce libre penseur, désabusé de la foi avant que de l'avoir obtenue, s'amusait un peu comme un novice; mars Philippe en souriait et ne s'en alarmait point, parce qu'il se croyait maintenant assuré que le novice ne' prononcerait pas ses vœux.

Seuls, les yeux de Rex, d'un bleu plus pâle qu'autrefois et comme passé au soleil, accusaient une mélancolie; mais tout le reste du visage, du corps, la démentait. Ii était leste, avec une vivacité, et encore une grâce qui n'étaient plus de son âge. De taille sensiblement plus élevée que Philippe et portant toute sa barbe noire, l pouvait se permettre sans ridicule les caresses de mots et même de gestes; et quand il répétait à son père cette phrase ancienne que Philippe n'avait pas oubliée non plus « Papa, tu es jeune, comme tu es jeune ! » Philippe attendri lui répondait en souriant :

:

-Tu sais que, maintenant, tu es presque aussi jeune que moi ?

Ils s'attardaient à ces enfantillages, ils y revenaient, comme Socrate et ses disciples mutins, au milieu des plus graves dissertations; mais ils détendaient le ton sans jamais le rabaisser. Philippe avait toujours eu, Rex avait aujourd'hui, une intimité si familière avec les idées, qu'ils les pouvaient mêler sans faute de tact aux plus familières choses de la vie. Ainsi, dès son enfance, Philippe, avec André Jugon, passait brusquement et sans effort du niais au sublime; ainsi, en se jouant, et quelquefois en jouant, Philippe et Rex touchaient aux problèmes éternels, avec cette sécurité agréable, et aussi ce manque total soit de fausse honte ou de solennité, que seuls peuvent se permettre deux initiés, qui causent ensemble à demi-voix dans la partie du temple où les profanes n'ont point accès.

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Souvent, ils usaient d'un subterfuge qui donnait à leur entretien encore plus de liberté. Philippe relisait le livre de Rex et le discutait point par point. Il ne se

gênait pas pour critiquer les idées ou la forme (quoique certaines phrases, quand il les récitait, lui fissent monter les larmes aux yeux). Enfin, il corrigeait, comme un professeur, et Rex ne manquait point, à ces moments-là, de prendre une allure d'écolier. Rex avait deux façons, également délicates, de marquer à Philippe son adoration tantôt il lui refusait ce respect banal qui était encore de rigueur dans les familles bourgeoises, et tantôt il lui témoignait un excès de respect et d'admiration qui touchait à la piété.

Cette étude et cette connaissance différée de l'âme de Rex était pour Philippe Lefebvre une ivresse de tous les jours et de toutes les heures du jour. Sans poser aucune question directe, rien que par ces appréhensions qui valent les expériences, et qui ajoutent au plaisir de la découverte celui d'avoir deviné plutôt qu'observé, mais avec une certitude aussi forte et toute la supériorité de la seconde vue sur la première, par des demi-mots, des commencements de preuve qui ont quelque chose de plus perçant et de plus pénétrant que les preuves, Philippe se persuadait à la fin que sur rien d'essentiel la pensée de Rex ne différait plus de sa pensée. Il ne subsistait entre eux aucun de ces désaccords irréductibles qui n'empêchent pas moins le rapprochement de deux esprits que, chez le commun des hommes, une répugnance phy. sique n'empêche le rapprochement des corps, en dépit de, toute bonne volonté.

Ce qui assurait Philippe qu'il ne se trompait point et n'était pas aveuglé par son plus cher désir au point de faussement le croire accompli, c'est qu'il ne se leurrait pas non plus d'une identité trop exacte, d'une soumission à un même credo, d'un asservissement réciproque, qui l'eût d'ailleurs humilié, comme n'étant de la dignité intellectuelle ni de l'un ni de l'autre. Son fils lui apparaissait ressemblant, non point semblable. S'il reconnaissait en Philippe II sa propre image, c'était comme dans un miroir qui la déformait légèrement, mais de façon qu'il la pût reconnaître encore et surtout qu'il la pût avouer. Son fils n'était pas lui-même, mais était bien son fils et ne rompait plus les lignes de la tradition. Rex le continuait, le dépassait peut-être, mais dans la voie qu'il avait ouverte; et il avait beau guetter, épier, il ne pouvait plus rien surprendre qui justifiât la sinistre prédiction de Zosia Wieliczka:

«Si vous ne suivez pas vous-même le mouvement que vous avez créé, il se continuera sans vous. Peu importe qu'après avoir semé, vous refusiez de faire la moisson. Les disciples et les héritiers achèveront, malgré le maître, la pensée du maître. >>

Sur un point même, Rex était nettement en réaction contre son père, que ce recul imprévu déconcertait. Il s'agissait de cette doctrine du moi de la patrie substitué au moi de l'individu, que Zosia qualifiait de «< natienalisme étroit et exclusif ». Il semblait bien à Philippe que Rex avait outré ainsi naguère l'idée paternelle selon les pronostics de l'étrangère, et l'avait même teintée de mysticisme, de religion, lorsqu'il s'était fait soldat comme on se fait prêtre. Mais, justement parce qu'à la suite de désillusions dont il gardait le secret, il avait renoncé à l'uniforme ainsi que les prêtres qui doutent renoncent à l'habit, son ardeur s'était changée en tiédeur et parce que le sentiment de la patrie avait été pour lui une religion, il en était maintenant, quant à elle, à «<l'indifférence en matière de religion ». C'était un sujet réservé dont il préférait ne parler point: de même encore que les anciens prêtres qui, par loyauté, ont rompu leurs voeux, mais qui par convenance et par une sorte de pudeur ne voudraient à aucun prix avoir l'air de défroqués. A rebours toutefois de ceux-ci, Rex n'avait point gardé ce caractère de l'ancien officier qui n'est pas moins indélébile que celui du prêtre, ni moins évident sous l'habit bourgeois.

Il n'y avait, après tout, entre le sentiment patriotique

du fils et celui du père, qu'une différence de proportion ou d'intensité; mais Philippe, dès le premier jour, flaira une autre dissemblance, qu'il devina d'abord fondamentale: car elle s'accusait dans toutes les pensées de Rex, dans ses expressions, dans sa méthode et jusque dans sa manière d'être. Aux instants même où ils s'accordaient le mieux, il semblait que la partie de Rex fût transposée: l'harmonie ne cessait point d'être parfaite, mais n'arrivait jamais à être l'unisson. Si délicate que fût l'oreille de Rex, il ne s'en apercevait pas, tandis que Philippe s'en apercevait, et apercevait aussi que Rex ne l'apercevait point: comme Rameau a dit, dans son traité de l'harmonie, que « les voix mâles et féminines, croyant entonner l'unisson, entonnent naturellement l'octave». Il fallut à Lefebvre un temps assez long pour déterminer la cause de cet accord dissonant, dont la dissonance finissait toujours par être sauvée. Elle lui apparut un jour que, plus particulièrement agacé de la sentir sans la comprendre, et désespérant de la saisir jamais, il fit soudain comme un effort de coeur plutôt que de pensée: il eut alors l'intuition qu'il venait, dans ce désarroi, de procéder par surprise comme Rex procédait toujours; et ainsi lui fut révélée, chez le fils de son intelligence orgueilleuse, l'étrange, l'alarmante prédominance de la sensibilité.

Philippe avait toujours été trop curieux des tendances de la génération qui le suivait pour n'avoir pas observé maintes fois ce renversement des valeurs qui lui en paraissait être le signe distinctif; et il ne laissait pas de s'imputer, dans les origines de ce mouvement, une responsabilité assez grave. N'était-il pas l'un des premiers sous la plume de qui fût revenu trop souvent ce mot de « sensibilité », si tare chez les classiques, usuel au dix-huitième siècle, mais pris alors dans un sens purement humain, et tout autre que le sens quasi sacré qu'on lui attribue aujourd'hui ?

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Il en avait d'autant plus de remords que son influence, ici, n'était point niable, et il se rappelait la menace de Zosia : « Méfiez-vous des disciples qui seront audessus du maître. » Il ne pouvait s'alléguer à lui-même aucune excuse; car, en ce point, contre sa coutume, il n'avait pas été sincère, lui ie classique-né, toujours soucieux de maintenir dans leur hiérarchie légitime l'idée, au premier rang, et au-dessous d'elle l'émotion.

S'il s'était laissé, à l'heure de son aube ardente et dans

d'un étranger: il s'agissait du fils de son esprit, qui
était d'abord le fils de sa chair, et rien que le soupçon
que Rex pût être constitué autrement que lui devenait
un drame pathétique.

Philippe en était cependant pour maintes raisons
beaucoup moins affecté qu'au temps où, une première
fois, il avait compris que son fils, encore presque enfant,
lui échappait; et la plus forte de ces raisons était que,
maintenant, il avait décelé l'origine du conflit fatal, il
l'avait défini. Philippe avait l'horreur, la terreur de l'in-
défini et, doué d'un mâle courage intellectuel, il ne redou-
tait plus les dangers dès qu'il voyait clair, qu'il pou-
vait les regarder en face. A tout prendre, celui-ci n'était
pas si effrayant ; et si Rex, selon l'ordre naturel, suivait
les courants de la génération à laquelle il appartenait,
cependant il gardait l'orientation que lui donnait son
hérédité. Il était fait de la même étoffe que son père,
bien que la « façon » fût différente. Il était fils d'intel-
lectuel, et s'il rôdait par entraînement à l'entour du
sanctuaire de Belphégor, ce n'était qu'une infidélité,
toujours rémissible, moins grave et moins désespérée
que la confession d'une foi nouvelle.

Qu'il ne méprisât point la droite raison et ne fût pas une créature seulement capable de vivre, de sentir et de s'émouvoir, pour en être sûr, il suffisait à Philippe de relire quelques pages du livre qu'il avait écrit. Rex était, au contraire, lui-même si intellectuel, à son insu ou peutêtre malgré lui, qu'il semblait se servir de sa sensibilité, non pour sentir, mais pour connaître, et que ces raisons du cœur que la raison n'avoue pas étaient cependant pour lui des raisons. Philippe souriait quand il le prenait en flagrant délit de cette substitution, de cette supercherie inconsciente, au moins involontaire; il attestait, avec une sécurité absolue, qu'il ne pouvait pas renier son fils, et surtout que son fils ne pouvait pas le renier.

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:

Mais la sécurité purement morale est, hélas ! peu de
chose celle de Philippe n'était, par bonheur, pas uni-
quement morale; elle avait pour témoignage la présence
réelle de Rex, tout l'amour, la piété filiale qui rayonnait
de lui, son enfantillage, le matériel de ses caresses et,
si l'on peut dire, de ses câlineries. Philippe, quand il
était assis près de Philippe II sur le mur de soutènement
de la route en corniche, leurs jambes pendantes, accotés
l'un contre l'autre et regardant la baie de Spithead lour-
dement endormie sous un soleil de plomb comme les
lippe eût-il imaginé que celui qui était là pût jamais
bergers de Théocrite regardaient la mer de Sicile, Phi-
n'y plus être et qu'un dieu même le lui pût dérober?
Il entendait battre contre son cœur le cœur de ce grand
homme tanné et barbu qui était cependant son enfant ;
et il était aussi incapable de se figurer son enfant détaché
de lui spirituellement ou matériellement, qu'une mère
qui sent le sien remuer dans ses entrailles.

la chaleur de sa puberté d'esprit, séduire par un Ashley
Bell, vrai maître de cette école pour qui la seule valeur
est la vie en sa plus positive, en sa plus basse réalité,
ne s'était-il pas aussi, un jour, brouillé intellectuellement
avec Bell? Et les raisons de cette brouille, qu'il se flat-
tait de comparer à celle de Wagner et de Nietzsche,
à l'éloignement, vers des infinis opposés, de ces deux
astres après leur éphémère conjonction, ces raisons
n'étaient-elles pas beaucoup plus simples et à la fois
plus essentielles que dans le cas de Nietzsche et de
Wagner? N'était-ce point que son intelligence, éprise
de l'universel, infidèle un moment, s'était ressaisie, s'était
étonnée d'avoir pu, contre sa loi propre, sympathiser
avec la sensibilité nue de l'artiste aux yeux de qui la
vie était la valeur unique et l'art une expression immé-
diate pour tout dire, sans art, de la vie ?
Quand il se voyait opposé diametralement à la plu- pudeurs d'aujourd'hui, ils s'étaient baignés, ils avaient

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part de ses contemporains, il pouvait faire cette observation froidement, d'une manière, comme eût dit Lembach, tout objective. Il ne se défendait pas toujours de la hautaine mélancolie des penseurs qui, à un certain stade de leur carrière, s'avisent qu'ils appartiennent au passé, qu'ils sont mal adaptés au présent, qu'ils n'auront plus rien de commun avec le prochain avenir; mais ce n'était qu'une tristesse idéologique et il n'en souffrait pas humainement. Déjà, quand il s'était détaché de son maitre Ashley Bell, il avait eu un sentiment plus cruel de déchirement. Mais il ne s'agissait plus d'Ashley Bell,

Quelquefois aussi, à marée basse, ils descendaient sur
la plage et ils regardaient se baigner d'innombrables
gamins, pareils à de petits faunes quand leurs guenilles

ne les déguisaient plus. Ils n'osaient point les imiter,
comme jadis, mais tous deux, sans se le dire, ils se
souvenaient de la grève déserte où jadis, en allant
à Epidaure visiter le Hiéron d'Asclèpios, ils s'étaient
arrêtés; et comme ils n'avaient point alors les fausses

ensuite disputé le prix de la course avant de reprendre
leurs vêtements. Et Philippe, qui avait gagné le prix,
en baisant pour sa récompense les paupières de Rex
à demi-closes, tièdes et purcs comme des lèvres, avait
entendu chanter dans sa mémoire les vers du divin
poète de Syracuse :

<< Heureux celui qui juge les baisers de ces enfants !
Il prie les dieux que sa bouche devienne sensible comme
la pierre lydienne à l'aide de laquelle les changeurs
éprouvent le titre de l'or. »>

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POLITIQUE

Feuillets

Comme l'on disputait quelles coopératives seraient exemptes de la taxe sur le chiffre d'affaires, et que la commission déclarait que, pour être exonéré, il fallait avoir groupé des commandes d'avance et se borner à les répartir, M. Ferdinand Bougère, qui a l'esprit sérieux et précis, demanda : « Nous faudra-t-il, pour exempter de la taxe notre restaurant coopératif, commander nos déjeuners dès la veille ? »

Il est un homme qui se réjouirait fort d'un tel usage: c'est M. Alexandre Duval, qui assume la charge de gérer ce restaurant coopératif. Seule une telle pratique lui permettrait de faire face aux engagements honorables, mais lourds, qu'il a pris, peut-être un peu à la légère.

Des renseignements puisés aux meilleures sources permettent, en effet, d'affirmer que le fonctionnement du restaurant parlementaire ne donne pas toute satisfaction à M. Duval, gérant.

Lorsque M. Alexandre Duval nourrit les employés de la Banque de France, par exemple, il sait à peu près sur quel nombre de convives il doit baser ses approvisionnements. Mais, à la Chambre, il n'en va pas de même. Qu'une séance intéressante soit suspendue à midi et demie pour reprendre à quinze heures, voilà cinq cents parlementaires qui s'écrasent aux portes de la coopérative. Mais, qu'on parle de marine marchande ou qu'une certaine affaire appelle en d'autres lieux les plus résolus coopérateurs, et voici les banquettes vides il faut éteindre les

fourneaux.

:

Nous ne voyons que deux moyens de consoler M. Duval. Ou voter la motion Bougère, ou augmenter le nombre des députés, pour faire jouer la loi du nombre. Car, sur la quantité, on se rattrape toujours.

Mais Bonnefous ne veut pas...
Ni d'autres non plus.

X

Lorsque les partisans de la conjonction des centres décidèrent de s'unir, en dehors des groupes officiels, et' de constituer un nouveau groupe officieux comprenant tous les adversaires déterminés d'un bloc des droites ou d'un bloc des gauches, ils lancèrent un programme et des convocations, et recueillirent bientôt des adhésions multiples.

Puis, ils demandèrent comment allait s'appeler le nouveau groupe.

Allait-on voir renaître l'équivoque qui avait présidé naguère au baptême de la « fédération des gauches? Le mot < gauche », et le mot a droite » sont des mots qu'il convient d'éviter soigneusement, en cette affaire. L'un proposait Groupe d'union républicaine ». Mais cela sentait le Sénat d'une lieue, et préjugeait d'une tendance déterminée. a Alliance républicaine était un titre pris par ailleurs. « Gauche républicaine est déjà le nom d'un groupe. Entente républicaine déjà le nom d'un autre...

D

est

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Mais ceux qui avaient conçu, précisément, comme devant écarter définitivement toutes les objections cette idée d'un comité directeur, connaissaient mal les replis secrets de l'âme humaine. A moins, objectait quelqu'un, qu'ils ne les connussent trop. >>

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En effet, l'intergroupe est destiné à dégager la majorité sur laquelle devra s'appuyer tout gouvernement viable. Dès lors, son comité directeur ne peut être qu'une pépinière de minis-, tres. Et les débrouillards le comprirent bien ainsi, dès l'abord.

Alors, M. Paul Escudier se leva.

Ce député porte, on le sait, le mas que de Henri IV. Mais il a aussi toute la finesse spirituelle de ce roi. Comme il sentait un malaise peser sur l'assemblée, et qu'une certaine équivoque ne manquerait pas de présider aux désignations du comité directeur : « il faut, dit-il, que notre comité directeur soit au-dessus du soupçon. Décidons que nul membre de ce comité ne pourra jamais être ministre ni même soussecrétaire d'Etat ».

C'était assez héroïque. Mais de tels engagements, on le sait, n'obligent point l'intérêt supérieur de la République peut toujours légitimer qu'on les transgresse. Néanmoins, plusieurs de ceux qui étaient là, encore candides, préférèrent qu'un tel engagement ne fût pas pris. « Il ne lie point, c'est certain, disait un vieux renard, mais il peut gêner. Car, enfin, on ne sait jamais... » Les plus sincères formulaient leurs bbjections. Nous ne devons avoir qu'un but, disait M. Esculier, c'est de servir le pays ». Et un jeune, plein d'ardeur, confiait à son voisin

Mais, être ministre, n'est-ce point servir le pays ? »

Cependant, plus experts, d'autres comprirent qu'il fallait immédiatement noyer la dangereuse proposition, au lieu de s'attarder à la discuter par des arguments. Le pasteur Soulié proposa carrément qu'aucun des adhérents de l'intergroupe ne fût jamais ministrable. C'était beaucoup dire. Un certain, qui se trouvait là, n'eut pas de peine à faire renvoyer à une commission d'étude l'ensemble des propositions. Et il ne sera plus question de rien.

Voilà, dit quelqu'un, de l'excellente surenchère, empruntée à la meilleure méthode. Mais la majorité s'indigna. M. le pasteur Soulié est, en effet, incapable de surenchère, ni d'aucun ma

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L'Action républicaine marcha tout entière, sauf un membre. Il y a dans ce groupe des hommes qui furent socialistes unifiés, et d'autres qui sont demeurés bonapartistes, tout en devenant républicains. Certains viennent du parti radical-socialiste, et certains de l'action libérale. On y pratique donc l'union sacrée la plus large. « Aussi, disait son ancien président, le programme de l'intergroupe n'est que le nôtre, élargi. » Les républicains de gauche » donnèrent presque avec le même ensemble, sauf douze. Les radicaux de gouvernement, qui constituent la « gauche ré publicaine démocratique », furent un peu plus réservées, mais marchèrent tout de même; plusieurs en furent quittes pour retirer ensuite une décision un peu précipitée. Quant aux radicaux. socialistes, on ne sait point ce qu'ils auraient fait, si les décisions du « Parti » ne leur interdisaient formellement de telles incartades, et de telles manifes étaient tations d'indépendance. Ils douze hier. Ils sont moins aujourd'hui. En tout cas, il y a M. Puech. Mais, comme M. Puech est exclu du « Parti », il ne risque rien.

Reste l'« Entente ».

N'en faisons point mystère : l'Entente est divisée. Doit-elle aller à l'intergroupe? n'y doit-elle pas aller, ? Y aller, c'est y conquérir du même coup, par l'envahissement, la majorité numé rique, et peut-être la disloquer. En tous cas, c'est jeter dans les programmes et les classements une certaine confusion. N'y pas aller, tous en bloc, c'est marquer une division dans l'Entente, et répondre ainsi au vœu le plus ardent et le plus cher de ses ennemis.

« Il y a dans l'entente, et c'est ce qui me gêne, disait M. Gast, des réac tionnaires avérés. Que viendraient-ils faire avec nous ? »

Mais un philosophe lui répondit a S'ils sont malins, ce sont justement ceux-là qui viendront. »

D'ailleurs est-il vrai qu'il y ait dans l'Entente, des réactionnaires avérés ? P. P.

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offrent ainsi leur maison et des petits fours périodiquement à une foule choisie qui goûte la littérature contemporaine en goûtant.

Ces bureaux d'esprit sont fort utiles aux personnes qui veulent être renseignies sur le mouvement des lettres. Elles trouvent là les quelques formules approuvées qui leur permettront de parler sur tous les écrivains nouveaux sans avoir lu d'eux une seule ligne. Mais comment auraient-elles le temps de lire; il y a au moins une réunion par jour.

Ce sont les Cooks de la littérature. Elles jettent un coup d'œil sur la façade, mais n'entrent jamais dans le mo

nument.

Par de pareils procédés, on visite Rome en trois jours. Et l'on fait le tour d'une œuvre en une heure, avec récitations, lectures, etc.... Le même temps suffirait d'ailleurs quelquefois à lire les ouvrages complets de l'auteur."

GEORGES OUDARD.

Les Académies

La retraite de M. Henri Bergson qui était hier professeur de philosophie au Collège de France et qui n'y est plus que professeur honoraire, a causé plus d'émoi dans le public qu'à l'Académie et à l'Institut, où l'on sait fort bien le quoi il retourne.

Cette retraite ne cache rien, et si vous aviez été aussi assidues, Mesdames, qu'enthousiastes au cours de M. Bergson, vous ne seriez point aussi effarées, vous sauriez que depuis longtemps, très longtemps, votre cher philosophe, qu'occupent d'autres travaux, avait deman lé et obtenu un suppléant au Collège de France et que ce suppléant, M. Edouard Le Roy, supplée si bien, que M. Bergson s'est effacé pour qu'il puisse être titularisé.

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Rencontre

M. Pierre Benoit n'a pas de chance. Tout au moins d'un certain point de vue. Cette fois il s'agit d'une similitude. de texte, M. Brazier, professeur au Lycée de Dijon a retrouvé dans le Lac salé des passages entiers, environ une trentaine de lignes ressemblant mot pour mot à un morceau des Choses vues de Victor Hugo. Elles concernent le compte rendu de la visite que firent après l'assassinat de la duchesse de Praslin les pairs instructeurs à son hôtel de la rue du Faubourg SaintHonoré

M. Pierre Benoit affirme, dans une récente interview, qu'il l'a fait exprès et qu'il a introduit volontairement dans tous ses ouvrages des passages d'auteurs connus. Cette explication est ingénieuse assurément...

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Battage

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Un romancier qui se ferait tuer sauf à la guerre pour faire parler de lui a essayé d'un nouveau moyen de publicité.

Sans doute parce qu'il avait déjà essayé la plupart des autres, d'ailleurs sans succès, il a fait placarder sur les murs une affiche menaçante dans laquelle il explique pour quelles raisons mystérieuses la grande presse n'a pas parlé de son livre. Il n'en oublie qu'une c'est que son roman ne vaut rien. Il y a des gens qui voient ou croient voir des complots partout. A vrai dire, notre auteur n'exige pas encore que le peuple élève des barricades, s'empare de l'Elysée afin que l'on vende son roman. Mais ce sera sans doute pour le prochain placard.

Le Prix de la critique

L'Association de la critique a décerné mercredi son prix annuel à notre collaborateur M. Jacques Boulenger pour son ouvrage... Mais l'art est difficile, et sa médaille à MM. Léon Deffoux et Emile Zavie pour leur étude sur le Groupe de Médan.

Le dîner où ces distinctions ont été proclamées, a été présidé par le ministre de l'Instruction publique. M. Abel Hermant, président de l'Association lui a adressé un petit discours improvisé qui a révélé que l'auteur du Crépuscule tragique est un orateur qui s'ignore. M. Léon Bérard lui a répondu avec l'éloquence et l'esprit qui lui sont habituels.

ARTS

Le Palais d'Hérode

Nous voici loin des galeries modernes! Par une tradition vivace l'opinion savante, en Angleterre, prête une attention bien plus soutenue que la nôtre à l'archéologie syriaque et palestinienne. Le pays du monde où se lit le plus la Bible entretient une école anglaise de Jérusalem non moins active que notre école française d'Athènes. Mais aussi, quand des fouilles exhument un beau débris,les agences,les

journaux prônent la découverte et son auteur avec une ampleur émouvante. C'est ainsi qu'il n'est bruit actuellement que des récentes trouvailles faites par le professeur Garstang, en Ascalon.

Les ruines énormes que Garstang mit à jour ne sont pas absolument inédites. Déjà dans le début du XIXe siècle, M. de Forbin avait vu d'immenses vestiges, de très nombreuses colonnes, émiettées depuis, pierre à pierre, pour la construction des faubourgs de Saint-Jean d'Acre et de Jaffa.

Mais le cloitre (comme disent inconsidérément les communiqués) exhuêtre mé par Gastang pourrait bien l'assise d'un autre temple-palais, d'un plan fort compliqué. Surtout il recèle en son axe une sorte de bassin étrange, aux abords très ornés, qui serait le mystérieux Puteus Pacis, fontaine merveilleuse, lieu de pèlerinage dont les narrateurs antiques ont vanté la célébrité sans nous dire au juste son usage.

Gastang vient probablement de se trouver en présence de ce fameux palais d'Hérode-le-Grand dont la splendeur hanta l'Orient et le moyen âge. Ascalon! que de visions évoque ce nom, que de races, que de rites, que de massacres se sont succédés sur cet emplace ment dont les ruines dessinent aujourd'hui leur grand amphithéâtre au bord de la mer bleue ! Que d'étonnants et sanglants spectacles depuis les fastes accumulés par le magnifique et redoutable Hérode, parmi les jardins d'oliviers et de vignes; depuis ces nerveuses architectures des Arabes, pour lesquelles Ascalon, bien que déchue déjà, était encore Arousech-cham la fiancée de la Syrie; depuis les lourdes et austères fortifications des croisés; jusqu'aux trophées semés sur les collines par les hommes de Bonaparte. Mais, sur toutes les Ascalons de tous les âges,domine le souvenir d'Hérode-le-Grand, ce Talleyrand d'Idumée, demi-romain, demi-syriaque, habile au point de soutenir Marc-Antoine, qui le fit tétrarque de Judée, après avoir servi Cassius, qui l'avait fait gouverneur de Calesyrie. Maintenant où s'élevaient temples et fontaines, quelques piocheurs arabes, avec quelques savants, grattent le sol et se penchent avides, sur le moindre caillou sculpté; mais le tableau n'est pas nouveau; les réflexions qu'il suggère sont sujet de composition française par lequel Chateaubriand et Lamartine ont obtenu le premier prix depuis longtemps. ROBERT REY.

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L'Angleterre qui s'en va C'est celle d'autrefois, l'Angleterre des grands propriétaires fonciers, propriétaires de châteaux somptueux renfermant des trésors d'art.

Les conditions nouvelles de vie obligent les lords les plus puissants à réaliser en beaux deniers leurs collections les plus précieuses de famille.

C'est ainsi que la fille du duc de Buckingham, la baronne Kinloss vient de faire annoncer la vente aux enchères du domaine patrimonial de Stowe, près de Buckingham. La vente dont le catalogue a plus de 250 pages, durera du 4 au 28 juillet.

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