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Ce joug est-il donc moins abominable en Haute- sidérer sans jalousie, ni appréhension l'agrandissement Silésie pour les malheureux Polonais? de la France. Mais il lui serait impossible de faire une pareille promesse. >>

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Ce n'est pas la même chose. Evidemment !

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Dans son livre intitulé. Problèmes de l'Extrêmede l'ExtrêmeOrient, lord Curzon raconte, d'une façon fort piquante, une entrevue qu'il eut jadis, en Corée, avec le ministre des Affaires étrangères. «< On m'avait ditil tout particulièrement averti que je ne devais en aucun cas lui avouer mon âge (je n'avais alors que trente-trois ans et les Coréens n'ont aucun respect pour les personnes aussi jeunes). Or, il me posa à brûlepourpoint la question par laquelle débutent toujours les dialogues en Orient: « Quel âge avez-vous ? Quarante ans, lui répondis-je sans hésitation. Oh ! mon Dieu, répliqua-t-il, vous paraissez bien plus jeune. Comment cela se fait-il ? C'est que, lui répondis-je, voilà un mois que je voyage dans le superbe climat dont jouissent les domaines de Sa Majesté. » A la conclusion de notre entretien, il me dit encore : « Je suppose que vous êtes proche parent de Sa Majesté la Reine d'Angleterre ?» « Non, répliquai-je. >> « Non, répliquai-je. » Mais remarquant la mine dégoûtée que prenait son visage, je me sentis obligé d'ajouter: « Il est vrai que je ne suis pas encore marié. » Grâce à cette phrase dépourvue de modestie, je parvins à reconquérir l'estime de ce vieux. monsieur. >>

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L'Entente cordiale et le Second Empire.

En 1856, Napoléon III entreprit auprès du Foreign Office de réaliser, près d'un demi-siècle à l'avance, l'arrangement anglo-français de 1904 qui devait mettre fin aux différends coloniaux entre les deux nations. Mais, à toutes les propositions françaises, le ministre anglais répondit par une fin de non recevoir, convenant très nettement qu'une France trop forte lui faisait peur.

« Si, déclarait l'ambassadeur d'Angleterre, Sa Majesté pouvait nous garantir qu'à l'avenir tous les souverains de France éprouveraient à l'égard de l'Angleterre les sentiments qu'il a toujours nourris dans son cœur, alors vraiment il pourrait nous demander de con

Ce que Napoléon III demandait, c'était « d'étendre dans la direction du Maroc ses possessions africaines.

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Je suis déclarait l'autre jour le ministre des finances anglais dans un de ses discours l'homme le plus dépourvu d'amis qui existe dans ce royaume

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Les ministres des finances des divers pays, ceux qui poursuivent courageusement une politique d'économies, pourraient former entre eux une ligue de sympathie.

Les bouchers ont de l'aplomb !

Les bouchers en ont de bonnes !

De ci de

Les arrivages de bestiaux n'ont jamais été si considérables à la Villette. Tous les records sont battus. La

sécheresse, qui rend difficile de nourrir le bétail, en est la cause. Les éleveurs préfèrent vendre leurs bêtes. Bon! Mais pensez-vous que, parce qu'il y a abondance de bestiaux au marché, le prix de la viande va diminuer? Quelle erreur !

Les bouchers veillent...

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M. Sarrut, premier président à la Cour de cassatio vient d'adresser aux magistrats sous ses or dres circulaire les invitant à ne plus employer d'expression désuètes et de formules féodales.

C'est là un nouveau coup de pioche dans l'édifice judiciaire. Déjà en 1900, grâce à la vigoureuse came pagne d'un avocat des plus distingués du b-arreau de Paris, Henry Bréal, fils de l'illustre Michel Bréal, on avait obtenu la réforme des actes judiciaires qui désor mais sont aisément compréhensibles.

Un jour viendra où les juges, les huissiers et les no taires parleront la langue vulgaire... Que deviendra le prestige des gens de loi si, déjà privés de leurs perru ques, ils doivent abandonner encore leur imposan jargon?

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Un contrebandier. Dans le Jura, une douane. Un jeune inspecteur des Finances vérifie le service. préposé en chef, plein de zèle, accourt:

gare frontière franco-suisse,

Monsieur l'inspecteur, une bonne prise est en ve Il y a là un petit vieux. Sept malles sont enregistre sous son nom. Elles sont lourdes, suspectes, et il préter en avoir perdu les clefs. D'ailleurs, il a la mine lo che. C'est sans doute un contrebandier, peut-être bolchevik. Je m'en vais quérir les gendarmes et le fa arrêter. Qui sait s'il ne transporte pas des bombes!

L'inspecteur aperçoit un homme maigre, chauve long nez, front vaste, qui, tandis que son train si pour le départ, fouille fébrilement, mais en vain, poches nombreuses. Il approche et reconnaît.... M. Be

son !

L'inspecteur avait des lettres et il était bergsonien. Il arrangea très vite les choses.

Mais le préposé conserve des doutes.

Moderne bonne.

Eh bien! répond M. de Max, cela a été comme d'ordinaire. Rien n'est prêt. Tout le monde se dispute pour avoir le premier rang près du souffleur, parce que personne ne sait son rôle. D'ailleurs, je suis comme tout le monde. C'est de la déformation professionnelle !

Voici une réponse dont nous garantissons absolument Insupportable! Insupportable!

l'authenticité.

Une vieille dame des plus « comme il faut »>, Mme de H., prend à son service, récemment, une bonne à tout faire.

Le surlendemain du jour où sa nouvelle domestique était dans sa maison, elle est obligée, tout à coup, de 'absenter pour une dizaine de jours. Elle laisse donc cette fille seule, avec la charge d'entretenir le petit appartement en bon état.

Au retour, Mme de H. est très étonnée de remarquer une couche de poussière sur tous les meubles; elle interla bonne :

roge

=

Vous n'avez donc pas du tout fait le ménage?

Et celle-ci de répondre avec beaucoup de bonhomie : - Ma foi, madame, je me sentais un peu fatiguée ; alors je me suis dit comme ça : quand madame sera de retour, elle le fera.

Textuel.

Entre marionnettes.

A propos des spectacles d'Orange.

On fêtait cette année, à Orange, les écrivains morts pour la France. Jamais les spectacles n'eurent plus de succès, et jamais les journaux n'en ont moins parlé. Comadia lui-même s'est contenté de donner aux fêtes d'Orange deux petites colonnes en troisième page, comme il eût fait pour une première de café-concert ou de théâtre provincial.

On devait jouer le lundi Guillaume d'Orange, de ionel des Rieux, et la reine de Hollande, qui descend le cet illustre personnage, devait être représentée.

:

Quand l'ambassadeur arriva, vers midi, le sous-préfet fut vivement ému par son uniforme et par ses décoraions il se dit qu'un tel représentant méritait qu'on ui rendît plus d'honneurs qu'on n'aurait pensé d'abord. fit demander à M. Vincent d'Indy que l'orchestre ouât l'hymne hollandais quand le bel uniforme entrerait dans la loge officielle.

Mais nul ne savait l'hymne hollandais. On demanda par toute la ville si quelqu'un le connaissait; mais en vain. On envoya des messagers dans les villes voisines. Et l'un d'eux rapporta enfin d'Avignon une carte postale où se trouvait écrit le chant du couplet. M.Vincent d'Indy la reçut à deux heures, et, sur la table du café, il se mit à composer une orchestration.

Quand cela fut fait, il fallut transcrire les parties pour les instruments. On demanda aux musiciens de l'orchestre de bien vouloir aider à ce travail : mais Messieurs de l'orchestre Colonne dirent que cela n'était point dans leur contrat.

Alors M. Vincent d'Indy eut recours à l'amitié des artistes et des écrivains qui se trouvaient près de lui; on se partagea la besogne ; à 6 heures du soir tout fut prêt.

C'est ainsi que fut joué l'hymne hollandais, et que le sous-préfet fut content.

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Les Phéniciennes ne furent pas moins applaudies, et M. de Max avec elles. Et le peuple d'Orange ne se plaignit pas des coups de voix de M. Albert Lambert ni des vieilles conventions du Théâtre Français. Le mur est si beau qu'il rend indulgent.

L'art d'accomoder la défaite.

Chez nos ennemis.

La revue allemande Flugsport publiait récemment l'information suivante :

« Une exposition d'avions allemands a eu lieu dernièrement au Japon, à Tokorosawa. Vingt-quatre appareils de modèles différents ayant servi pendant la guerre, ainsi que vingt moteurs ont été présentés au public japonais.

« On annonce que les Compagnies de constructions maritimes Mosubishi et Kawasaki ont l'intention d'entreprendre la fabrication d'avions. Dans ce but, ces Compagnies ont déjà acheté des terrains près de l'aérodrome militaire de Kagaringahara. >>

Pourquoi la revue allemande Flugsport a-t-elle négligé d'informer ses lecteurs que les avions et moteurs dont il s'agit sont ceux dont le gouvernement japonais a pris livraison sur la part qui lui revient du matériel aéronautique allemand, livré aux Alliés en exécution du Traité ?

Les animaux à Vienne

Les autorités viennoises viennent de lancer un nouveau règlement interdisant formellement l'élevage des animaux dans les appartements. Lorsque, durant la guerre, un œuf fut devenu plus rare qu'une pièce d'or, lorsqu'il fut devenu impossible de se procurer du lait ou de la viande, des milliers de familles viennoises commencèrent à élever des bêtes dans leurs petits logements qui souvent ne se composaient que d'une chambre et d'une cuisine. Les lapins habitaient sous la table; les poulets qui couraient en liberté avaient un perchoir dans un coin. Beaucoup de personnes entreprenantes engraissaient des oies et des canards. De pareilles méthodes, naturellement, avaient leurs inconvénients. La ventilation était difficile et l'atmosphère intolérable. Les cours des maisons étaient encombrées de fumier et les cris des divers animaux étaient devenus insupportables.

Que de gens se résigneront mal à anéantir leur bassecour! Il est si agréable d'avoir son poulailler sous la main !...

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musique chorale s'est accru dans de considérables proportions. 760.000 noms d'ouvriers figurent actuellement sur les registres des sociétés chorales allemandes, et encore ne parle-t-on point là des sociétés, récemment formées, qui ne sont point encore assez exercées pour pouvoir se produire en public.

Ces sociétés que le ministre de l'instruction publique couve d'un œil bienveillant, s'efforcent, en cours de leurs concerts, d'entretenir chez les assistants le culte de la chanson populaire, qui souvent est en même temps la chanson patriotique.

Verrons-nous reparaître les Arndt et les Korner ?

Chasseurs de chevelures.

Unpeu partout.

Une nouvelle industrie fleurit depuis quelques mois à Londres. Beaucoup d'actrices ont recours à leur coiffeur qui, à des intervalles réguliers, diminue de quelques centimètres la longueur de leurs cheveux pour en favoriser la « pousse ».

Un coiffeur ingénieux eut l'idée d'utiliser les mèches perdues. Il en fit de petits paquets enveloppés avec art et portant le nom d'une étoile de théâtre, de cinéma, ou de music-hall. Les admirateurs de ces étoiles furent discrètement avertis ils payèrent ces reliques au prix de l'amour. Et maintenant, voici qu'on trouve partout, à Londres, les «< cheveux des adorées »>.

Mais le plus beau est que certains coiffeurs, plus honnêtes ou plus avisés, vendent lesdites mèches avec autorisation, certificat et signature de l'étoile !

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fois. Ce fervent du mariage a épousé la sœur de sa première et de sa seconde femme.

On peut en conclure hardiment qu'il a l'esprit de famille.

Affaires Extérieures

Le noeud gordien et le Conseil Suprême

Les diplomates alliés ont si bien embrouillé les fils de leurs négociations, qu'il a été impossible d'en démêler l'écheveau. Il a fallu trancher le nœud pour pouvoir tisser à nouveau la toile blanche de la Paix européenne, la toile de Pénélope. Et pour le trancher, on a dû recourir, une fois de plus, au glaive archaïque du Conseil suprême. Les traditions diplomatiques, les libertés parlementaires, une récente expérience: tout condamne cette arme de guerre. Chacun le sait. Chacun l'écrit. Mais les diplomates sont tellement incapables d'appliquer les méthodes d'autrefois à la liquidation d'aujourd'hui, qu'ils finissent toujours par rendre inévitable la guillotine du Conseil suprême. Et chaque fois, elle coupe un peu de la France...

Je ne crois pas que jamais le gouvernement français ait abordé les délibérations de l'aréopage géorgien en plus mauvaise posture. La situation diplomatique de la République est bonne dans la mesure où elle incarne un droit certain, défend un intérêt vital et groupe les petits Etats. Ce n'est qu'à cette triple condition qu'elle peut se faire pardonner par ses alliés le prestige moral que lui donnent et la supériorité de ses sacrifices et la tenue de son peuple. Autour de la France est tendu tout un réseau d'informations calomnieuses. Contre ell sont invoqués les souvenirs de Louis XIV et de Na léon Ier. Ses efforts sont systématiquement dénigrés ses succès méthodiquement escamotés. Ses gestes de paix sont passés sous silence. Ses mesures de précaution sont soulignées avec âpreté. Or, pour pouvoir exercer son action en Europe et pour faire exécuter le traité de Versailles, la République a besoin de la confiance des uns et du respect de tous.

En concentrant toute son énergie sur le problème de Silésie, en lui sacrifiant, sur le Rhin et à Leipzig, des intérêts plus français et plus importants, la France est tombée dans le piège tendu à son incorrigible naïveté Trois fautes successives ont permis à l'opinion allemande et à l'opinion alliée de transformer l'attitude de la France, fidèle à ses alliances et assoiffée de paix, de présenter sa défense des revendications polonaises comme la violation d'un contrat formel et comme un complot contre l'équilibre européen.

L'affaire de Silésie a été compromise le jour où, il y a de longs mois, - à la fin de la dernière Conférence de Londres, M. Philippe Berthelot s'est rendu au Foreign Office pour annoncer que la délégation française demandait à ajourner une discussion nécessaire. Cette demande a confirmé des méfiances et éveillé des soupçons. Cet ajournement a facilité les conflits et aggravé la situation. Jamais la France ne s'est bien trouvée d'adopter la formule de l'empirisme anglais, que M. Asquith a désormais immortalisée : Wait and see. En accordant des sursis pour l'exécution des clauses militaires, la diplomatie française a facilité la réorganisation progressive de la propagande pangermaniste : elle lui a fourni des délais et des thèmes pour ses campagnes. Des ajournements imprudents ont transformé la question des coupables: leur châtiment n'est plus une œuvre de pacification, mais une source de conflits. La même méthode, appliquée à la Silésie, ne pouvait

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avoir que les mêmes résultats agiter les esprits, organiser la lutte et multiplier les chocs.

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Une seconde faute, tout aussi inexcusable, a été commise le quai d'Orsay, quand il a affecté de croire, par avec une aveugle ténacité, qu'il était possible de réaliser l'accord préalable entre experts militaires et entre experts civils, malgré le désaccord initial entre les gouvernements: Pour que cette entente pût se réaliser entre fonctionnaires, il fallait en effet, non seulement qu'aucun d'entre eux n'eût reçu d'instructions crètes, mais encore que tous fussent résolus à braver les rigueurs administratives et à sacrifier leurs plois respectifs. Car, enfin, l'opposition entre la thèse polonaise et la thèse britannique est irréductible. Certes, il est contradictoire de trembler devant la reprise certaine de la concurrence germanique et d'accroître, par une interprétation généreuse, les ressources de cette formidable industrie. Mais logique et prévision sont choses latines. Lisez l'Observer du 31, et vous comprendrez qu'une fois de plus, dans l'histoire anglaise, une préoccupation immédiate, la crainte d'une résistance allemande, d'une intervention française et d'un bouleversement européen, un sentiment religieux le culte du judaïsme silésien et la haine du catholicisme polonais T'emportent sur un intérêt certain, mais lointain. Et parce que cette hostilité était voulue par le gouvernement et approuvée par l'opinion, il est invraisemblable que le quai d'Orsay ait été assez ignorant et assez naïf pour croire qu'elle n'exercerait aucune influence sur les décisions des forces françaises, militaires ou civiles.

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Si encore le ministère des Affaires étrangères en était resté là ! Le jour où les historiens connaîtront le texte intégral de la note française du 16 juillet, des réponses allemandes des 23 et 28, des notes échangées entre Londres et Paris les 26 et 28, au sujet de la démarche faite le 23, à Berlin, par M. Charles Laurent, dont les conseils expérimentés n'ont pas été plus écoutés que ceux du comte de Saint-Aulaire, il apparaîtra que ces pages ne font qu'un médiocre honneur à la diplomatie française. En voulant, contrairement à l'avis du maréchal Foch, du maréchal Pétain et du général Buat, riposter à l'accueil fait par la Wilhelmstrasse à ses légitimes protestations, par l'envoi d'une seconde division, le quai d'Orsay trouvait le moyen de violer à la fois le bon droit et le bon sens. Si la sécurité de la division française était vraiment menacée, ce n'est pas l'envoi d'une seconde qui eût suffi pour rétablir la situation. Que pourrait un petit corps d'armée, isolé, en pleine Allemagne, sans ravitaillement assuré, sans base certaine, sans voie ferrée? Pour protéger la vie de nos soldats en Silésie, il existait une méthode moins coûteuse et plus efficace aviser le Reich que, pour chaque soldat blessé là-bas, deux junckerneristes prussiens seraient expulsés de Rhénanie et remplacés par des candidats locaux. L'ordre serait vite rétabli en Silésie et à moins de frais! Si du moins la France était dans son droit en décidant, contre l'avis de ses chefs militaires et sans l'approbation de ses deux alliés, le renforcement corps international. Mais je n'ai été nullement convaincu par la démonstration qu'a esquissée M Clunet, dans le Temps du 7 août. Pour échapper aux art. 88, annexes 1 et 2 et 375, qui subordonnent les décisions individuelles à l'approbation des co-associés, M° Clunet prétend introduire dans le droit international cette maxime de droit civil, qui « assure le conservation du droit de tous par la diligence d'un seul des co-stipulants », « pouvu qu'il n'agisse pas dans son intérêt particulier et individuel ». Non seulement cette preuve est difficile à fournir, et doit l'être devant un tribunal, qui n'existe pas en l'espèce, mais encore les contrats internationaux sont trop fragiles et trop récents pour

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Le quai d'Orsay n'a pas tardé à la regretter. Et lorsque le Foreign Office, par l'intermédiaire du correspondant diplomatique du Daily Telegraph du 28 juillet, mit directement en cause M. Philippe Berthelot, « qui paraît avoir adopté une attitude intransigeante, contraire aux précédents », le quai d'Orsay riposta, dans l'Observer du 30, dans le journal de Lloyd George, par l'intermédiaire de son interprète officiel, M. Philippe Millet, en découvrant le Président de la République :

« Même après la réception de la note, envoyée le 19 juillet en commun, par les commissaires alliés... le gouvernement français aurait évidemment dû attendre une réponse formelle de Londres avant de donner à l'Allemagne l'ordre de faciliter le passage des troupes... Une initiative si téméraire est tellement contraire à la politique habituelle de M. Briand et de l'un de ses principaux conseillers, en l'espèce M. Berthelot, que l'on doit évidemment chercher quelque autre explication. En fait, la décision a été prise, en plein conseil des ministres, sous la présidence de M. Millerand. Il paraît que la majorité des ministres s'est inconsciemment laissée aller, ce jour-là, à un retour à la politique de Francfort. »

Le ministre des Affaires étrangères plaide les circonstances atténuantes et dénonce le Président de la République, dans une feuille anglaise, dans le journal de D. Lloyd George! Cette diplomatie est-elle digne d'une France victorieuse et pacifique, laborieuse et honnête, qui ne veut que son droit, mais tout son droit ?

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Un Richelieu et un Talleyrand, ou même un Delcassé et un Poincaré eussent manœuvré d'une manière différente. En associant la Belgique aux pourparlers de Wiesbaden, ils resserraient l'intimité franco-belge. En faisant offrir par Varsovie à Rome des concessions de mines, ils ralliaient au point de vue français l'Italie, exaspérée par les victoires grecques. En sollicitant l'arbitrage américain, ils associaient les Etats-Unis à la délimitation — et partant à la garantie des frontières polonaises. L'Angleterre était isolée et devenait conciliante. C'est elle, au contraire, qui a isolé la France: et l'accule à une transaction.

Exploitant la conversation unilatérale de Wiesbaden, elle a pu non seulement faire oublier les extraordinaires déclarations de lord d'Abernon à Stresemann, mais envenimer les susceptibilités belges. « Nous n'avons pas d'alliance avec la France, a déclaré M. Jaspar, devant le Parlement belge, mais simplement un entente militaire défensive. » Une offre allemande de concessions minières, des offres anglaises de concessions orientales ont permis d'utiliser la chute opportune du comte Sforza. Et, enfin, ce n'est pas M. M. Herrick, qui représente le Président Harding, mais M. Harvey, ambassadeur à Londres, venu de Londres sur la demande de M. D. Lloyd George. L'isolement est bien complet et la boucle solidement nouée.

Etait-il possible, par un coup de maître, de rétablir notre prestige et de briser cet encerclement ? Si M. Briand, dès la première séance, le lundi 8 août, avait joué cartes sur tables, précisé la politique allemande de la République française et relevé les erreurs grossières de diffamateurs systématiques. s'il avait lié le problème de la Silésie à celui des sanctions et des coupables, suggéré un partage équitable et sollicité l'arbitrage américain, subordonné la levée immédiate des

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sanctions militaires au respect de la décision alliée et la suppression partielle des sanctions douanières à l'efficacité des garanties financières; s'il avait abordé la question des coupables et proposé la compétence d'un tribunal international et siégeant en territoire neutre ; cédé la présidence à l'ambassadeur américain et sollicité la présence de la délégation belge, complété cette démonstration de la modération française par une définition de la sécurité française, rappelé les questions et les faits sur lesquels les Alliés doivent prévoir l'intransigeance absolue et l'intervention immédiate de la République, cette déclaration n'aurait-elle point eu un retentissement européen ? M. Briand manoeuvrait à son tour au lien d'être constamment manœuvré.

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Mais le quai d'Orsay a préféré une méthode différente. Le lundi après-midi, les ministres ont écouté les experts civils et le mardi matin les commissaires militaires ils eussent économisé du temps et appris davantage en lisant ces rapports à tête reposée, dans le silence de leurs cabinets, avant l'ouverture des débats. Dès la fin de la seconde séance, M. D. Lloyd George a pris la parole le premier et le premier a proposé une transaction. S'il a émaillé son discours de quelques-unes de ces erreurs historiques, dont ce Celte impulsif a le secret, le Premier britannique a eu du moins le mérite de renoncer au dogme « de l'indivivisibilité industrielle» et d'esquisser les bases d'un accord possible. Cette initiative ne peut que renforcer son prestige et accroître son autorité, au cours des débats prochains. A cette harangue, M. Briand répondit dans la soirée par une autre harangue. Avec la même éloquence, il exposa toutes les raisons d'ordre historique, économique, moral et juridique, qui justifient l'attribution totale du bassin minier à la Pologne. Il souligne, ainsi, par avance, aux yeux du monde et de l'Allemagne, en particulier, la valeur du succès que remportera la GrandeBretagne et l'importance de l'échec que subira la République française lorsque le Conseil suprême décidera de remettre au Reich la majeure partie du bassin houiller.

Deux autres harangues suivirent. Et puis, tout d'un coup, le Conseil suprême, abandonnant le problème allemand, aborda la question d'Orient. Les ministres eurent le régal d'entendre le maréchal Foch soutenir, avec son autorité et sa logique habituelles, une thèse, qui ne surprendra point les lecteurs de l'Opinion: la victoire des Grecs n'est encore que tactique; la supériorité de leurs effectifs n'est point écrasante; les difficultés sont prochaines et des surprises possibles. La guerre va durer. Une intervention reste impossible. Et conscients de leur impuissance devant un désastre dont la France du moins ne porte pas la responsabilité, les premiers ministres résolurent de définir... quoi ? Leur politique ? Ils n'en ont jamais eu. Leur neutralité, simplement. Elle n'était donc point unanime?

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Tout cela serait ridicule si le spectacle n'était point douloureux. Et je ne comprends pas que le quai d'Orsay, après avoir affaibli son prestige, par la manière dont il a dirigé la négociation silésienne, tenu à le diminuer davantage en offrant l'hospitalité au Conseil suprême et en se révélant incapable d'améliorer cette institution. Elle bouleverse des méthodes diplomatiques; elle introduit des mœurs parlementaires. Le Conseil suprême, s'il a suprême, s'il a pu fournir aux cinémas des films médiocres et aux journalistes une «< copie >> facile, n'a jusqu'ici servi qu'à isoler la France et réduire son autorité, réviser les traités et affaiblir leur valeur, reconstituer l'Allemagne de 1914 et décourager l'Allemagne de 1918, compromettre la paix et préparer la guerre.

JACQUES BARDOUX.

NOTES ET FIGURES

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Le colonel Harvey.

Une paire de bésicles, énormes, rondes, cerclées d'écaille, à la Chardin; derrière, deux yeux mobiles et perçants, abrités par de lourdes paupières; au-dessous, une lèvre inférieure proéminente; un menton court; des plis verticaux sillonnant les joues; le tout juché sur le haut d'un long corps osseux : c'est le colonel George Harvey, ambassadeur des Etats-Unis à la cour de Saint-James et présentement observateur au Conseil suprême.

Myron Herrick, le représentant de Washington à Paris, encore qu'habile financier à ses heures, est plutôt un homme d'études et un penseur Le colonel Harvey, lui, est d'abord un homme d'action.

C'est dans la presse qu'il a dépensé les trésors d'activité qu'il a constamment possédés. Harvey est, en effet, un journaliste né. Il aime à dire : « J'ai de l'encre sur les doigts et dans le sang. » Tout jeune, à l'âge où ses contemporains ne songent pas encore à quitter l'école, on le voit déjà gagnant sa vie comme reporter d'un journal de son Etat natal, le Vermont. Il écrit ensuite à Chicago, puis à New-York. A vingt-sept ans, le voilà directeur du New York World, un des grands quotidiens de la Cité-Empire. Dans le monde de la presse, il prend bientôt une situation considérable, sinon la plus considé rable et il la conserve. En même temps, il s'occupe d'affaires, et surtout de politique. Comme tout bon Sudiste, il est alors démocrate. On le trouve secrétaire d'un gouverneur de la Caroline méridionale qui lui confère le grade très honoraire de colonel. Plus tard, il attaque violemment Théodore Roosevelt, devient l'ami de Woodrow Wilson et, en 1912, lance, le premier, la candidature de ce dernier à la présidence.

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Survient la guerre européenne. Les atermoiemen de l'hôte de la Maison-Blanche en face des attentats allemands, ses notes prolixes lassent la courte patience du hardi polémiste. Il se rapproche des adversaires du Président. Les Etats-Unis enfin entrés dans la lice, cette évolution se voit précipitée par la lenteur qu'apporte le gouvernement à expédier en France une grande armée américaine. Voilà Harvey décidément dans les rangs du parti républicain, et sa plume acérée ne ménage pas son ancien candidat. En même temps, dans le périodique qui porte son nom, Harvey's Weekly, il prêche la lutte à outrance aux côtés des Alliés.

L'armistice signé, il ne désarme point et ne se lasse pas d'attaquer Wilson et, par suite, le traité négocié par Wilson. Il se lie avec Harding, soutient sa candidature, et celui-ci, entré à la Maison-Blanche, nomme le brillant journaliste ambassadeur à Londres.

Ses débuts, tout récents, y ont été heureux. D'ailleurs, le gouvernement britannique n'a eu pour lui qu'attentions et sourires. Le cabinet français, de son côté, n'a pas attendu l'arrivée du colonel à Paris pour tenter de s'assurer ses bonnes grâces. Le geste, un peu aventureux, peut-être, par lequel le quai d'Orsay a fait inscrire au programme de la Conférence le ravitaillement de la Russie bolcheviste a-t-il, au fond, un autre objet ? Et on prétend qu'au Salon de l'Horloge, entre MM. Briand et Lloyd George, l'ambassadeur à lunettes fait un peu figure de grande coquette dont deux amoureux s'effor cent d'émouvoir le coeur et de gagner la main.

C'est que la dot est grosse : et son poids peut suffire à faire pencher la balance dont l'un des plateauxi figure la politique de Paris et l'autre celle de Londres.

Au moment où les deux conceptions sont en présence et où s'affirment entre elles des divergences d'autant plus graves qu'elles sont moins dues à la volonté des hommes qu'aux nécessités mêmes de la géographie, on

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