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auraient été envoyées l'an dernier de Budapest, à divers. de ses. révoltes. Jamais Rakocsky, jamais Kossuth n'ont chargés d'affaires hongrois. Les jésuites ont créé une été plus populaires. On désavoue les Magyars, officiali. entreprise de presse, la Presse Centrale, qui édite une sés qui vivaient à Vienne, et se faisaient, au détriment demi-douzaine de journaux. Dans les rues de Buda- de leurs frères, les serviteurs obséquieux de la dynastie pest, passent souvent des processions, suivies par la impériale. On rappelle les brutalités policières de l'Aų. troupe.

triche, son oppression jusqu'à ce « compromis » de Le Parlement représente mal l'opinion : les socia- 1867, plus démoralisant encore puisqu'il associait étro listes, par exemple, ont refusé d'y envoyer des députés. tement la Hongrie au germanisme. On y trouve comme partis, l'Union chrétienne nationale, Il semble donc que les publicistes qui rêvent de les. « Petits paysans »; agrariens, de caractère plus reconstituer l'Autriche-Hongrie devraient s'apercevois de démocratique, et il s'est constitué enfin une Ligue des ceci : les Slaves de l'ancienne double monarchie n'en bourgeois et des ouvriers qui groupe des libéraux, au veulent assurément plus, les Autrichiens songent nombre d'une quinzaine, et des dissidents. On espère qu'à se laisser glisser dans les bras de l'Allemagne, et procéder bientôt à des élections. A condition qu'elles quant aux Hongrois

, ils refusent de recommencer l'expésoient franches, elles risquent de changer l'assiette du rience. Voilà pourquoi ils s'opposent à ce qu'un pouvoir. Mais si l'opposition rêve de réformes démo- Habsbourg monte sur le trône de Budapest, car il n'aucratiques qui amélioreraient l'état intérieur de la Hon- rait de cesse qu'il ne soit remonté sur celui de Vienne grie et surtout sa situation internationale en rassurant Et ils savent bien que jamais l'Italie, jamais la Petite ses voisins immédiats, ce programme n'a rien de révo- Entente n'admettront son retour. Lors de ce fameux lutionnaire : il est considéré par ses protagonistes

ses protagonistes vendredi qui précéda de deux jours l'arrivée « inopicomme la meilleure méthode de relèvement national. née » du roi Charles, les états-majors tchèque et yougoPar leur patriotisme, leur volonté de vivre, ils ne cèdent slave concentraient déjà des troupes à la frontière

. en rien à l'amiral Horthy. D'ailleurs ils reconnaissent Les Hongrois ont senti le péril : ils sont loyalistes, mais les services rendus par celui-ci.

leur loyalisme ne va pas jusqu'à sacrifier le pays au Un des plus considérables est certainement de s'être

souverain. énergiquement opposé, ce printemps, au retour du roi

X Charles. Le régent était en train de déjeuner, vers huit Cette volonté opiniâtre de poursuivre le relèvement heures du matin, quand on vint l'avertir, avec une cer- de la patrie, j'en veux donner encore deux exemples taine agitation, que son souverain légitime était en bas, d'espèces différentes. Tout d'abord, elle inspire la classe dans une voiture. Et déjà le jeune roi, rayonnant agricole. Et quand on a parcouru la Hongrie, on sait ce d'espoir et de naïveté, apparaissait sur le seuil. Horthy que cela veut dire. Ces magnifiques contrées verdoyanse leva, s'inclina avec le plus grand respect, fit fermer tes, ces houles de blé ondulant d'un horizon à l'autre ne les portes, et il y eut entre les deux hommes une expli- sont pas faites pour les expériences de désordre

. Au cation violente. Quelques heures plus tard, le roi repar- temps de Bela Kun, les paysans n'hésitèrent pas à arrê. tait pour Szombathely. Si quelques personnes avaient ter le ravitaillement de la capitale. Ils savent qu'ils sont été prévenues de son coup de tête — la présence du les maîtres, et que l'avenir dépend d'eux. Le traité de comte Teleki, comme par hasard, dans un château voi- Trianon a enlevé au pays presque toutes ses matid sin de la frontière, semble suspecte, de même que premières, mais les céréales sont là, et la vigueur les pannes répétées de l'auto ministérielle

on m'a

bras rustiques. L'espoir est dans la moisson prochair affirmé que le régent ne s'attendait guère à voir surgir qui sera si belle. Celle de 1919, les Roumains l'avaient ce royal conspirateur, un beau dimanche. Il est vrai enlevée, comme ils ont emporté les machines agricoles

, que le vendredi précédent, on avait reçu du chargé emmené les troupeaux, et jusqu'à des étalons de prix d'affaires auprès du Vatican une dépêche annonçant son dans les haras. (Pauvres haras, naguère célèbres: le colo arrivée, mais personne n'y avait attaché foi : on avait

nel mélancolique qui nous les montrait ne pouvait faire même plaisanté ce diplomate.

amener sur la piste que d'antiques héros, des reproducCertes, il y a beaucoup de légitimistes en Hongrie; teurs fléchissant sur les genoux.) L'année 1920 se passa ils paraissent être en majorité à la Chambre, sinon à remettre en train tant bien que mal les cultures et l'éledans le pays. Mais pour le moment, dans le dur effort vage. Aujourd'hui, les champs, les jardins sont en plein de reconstruction et de relèvement qu'il s'agit de mener rapport; le cheptel se reconstitue. Partout - on voit les à bout, on ne veut pas du roi. Il gênerait. Il complique- beufs aux longues cornes en lyre promener leur orgueil

, rait d'une question dynastique une situation économi- les troupeaux d'oies s'éparpiller à l'entour des villages, quement et politiquement difficile. Sa seule présence et des poulains fragiles galoper en zigzags dans les ruinerait les quelques résultats déjà obtenus. Il demeure paddocks. Un jeune Magyar ardent à revivre me disait le souverain, puisqu'il a ceint la couronne à la croix son émotion, en revenant sur ses terres, de voir les pay. penchée.; personne ne peut lui retirer le titre : bien des sans, pour abattre plus de besogne encore, travailler au gens cependant lui demandent de ne pas exercer la

clair de lune. fonction. Sa situation, m'a-t-on expliqué en haut lieu, Et cette même obstination à sauver le pays, on la est celle d'un prêtre catholique, donc pour l'éternité, trouve chez M. Roland de Hegedus, le ministre des mais qui serait suspendu. Dans cette façon de poser le finances. Quel admirable et jovial optimiste ! Il a comproblème apparaît encore la volonté hongroise de tenir

mencé par obtenir du régent qu'il dissoudrait le Parlecompte du réel et de travailler avec méthode.

ment si celui-ci n'acceptait pas ses réformes financières J'ai d'ailleurs entendu, même dans les milieux offi- Puis il s'est mis à comprimer les dépenses avec une belle ciels, exprimer sur le problème carliste des opinions énergie et à rechercher toutes les sources de revenu: catégoriques. Beaucoup de ses sujets n'écartent pas seu- Ainsi ayant découvert dans les greniers du ministèr lement le roi par opportunisme, il condamnent en lui le une collection d'opales, il s'est mis en tête de la vendr Habsbourg. « Cette race déchue, dont le rôle est fini... à un riche Américain : et ce fut une recette supplémen ces souverains toujours funestes... qu'ils nous laissent taire au budget. Il a obligé chaque société anonyme tranquilles... » La Moewe, une société qui groupe tous augmenter son capital de 12 à 20 0/0... et à remettre les officiers au-dessous du grade de colonei, a déclaré l'Etat les nouvelles actions ainsi émises. Chaque propri qu'elle s'opposerait au retour des Habsbourg. Mainte- taire est tenu de déclarer la valeur de ses immeubles nant que la Hongrie a trouvé dans son malheur l'indé- l'Etat est autorisé à les acquérir à ce prix; on conça pendance, elle évoque avec une âpre fierté les souvenirs que les propriétaires, par crainte de cette expropriatic

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5:(A suivre.)

dans la France d'aujourd'hui (0

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surestiment leurs immeubles... et payent les impôts en tive qui s'offre à la France victorieuse, comme d'ailconséquence. Des impôts, il y en a partout. Le ministre leurs à la plupart des peuples. Ou sans étouffer les De médite-t-il pas de taxer l'argenterie et jusqu'aux oppositions légitimes d'intérêts et de croyances, un : tapis? Et à Budapest d'une sorte de popularité : on Degedus jouit certain sentiment de la solidarité nationale comme de de lui qu'il est génial. Son audace, ses inventions sur- irrémédiablement, ces croyances de repousser tout traprenantes plaisent. Et surtout sa confiance dans l'ave

vail commun... ou au contraire, dans la méconnaissance bir de la Hongrie, qu'il propage d'autant mieux que, de ces conditions vitales, dans une fièvre de passion depuis ses interventions, le cours misérable de la cou- politique analogue au vertige du phalène qui se jette ronge s'est amélioré.

sur la flamme pour s'y brûler, les antagonismes s'exasROBERT DE TRAZ. péreront, les conflits d'intérêts seront poussés jusqu'à

l'insolidarité totale, ceux des croyances jusqu'à la scis

sion et la France se dissoudra »... Les Idées

M. Guy-Grand écarte de son horizon ces sombres

perspectives. Il entrevoit un remède au mal et il ne Trois visages de la France

perd pas confiance devant les défaillances et les incon

vénients du régime. Il espère en « l'idée de justice », Les trois visages de notre pays que M. Georges Guy- il fait crédit à la Société des nations. On devine en Grand décrit dans son livre sur le Conflit des idées lui, fière, vivace et infiniment respectable une profonde

se ressemblent jus

foi démocratique. Il a connu la Révolution et il en qu'à se confondre. Et comment ne garderaient-ils pas a déploré les excès. Il en a aussi retenu les principes des traits communs? La figure des peuples ne change et les inspirations généreuses, l'idée de la liberté ou pas plus que celle des hommes et la mobilité de l'heure

de l'égalité civiques et le sentiment de la fraternité ne fait qu'exprimer la substance immuable de l'éter

humaine. Et il voudrait qu'unie comme aux jours où nité. Et c'est le même caractère national que mani

elle s'est levée contre l'étranger ou à communié dans feste notre histoire.

un idéal reçu avec enthousiasme, la nation, abjurant Qu'on me permette une réflexion préalable. Quand les discordes intestines, se rendît compte des nécessités on imagine, pour suivre la comparaison, les lignes qui de l'heure, s'élevât au-dessus des intérêts matériels, et dessinent la France d'hier et celles qui représentent la ne séparât plus l'amour de la République du service France d'aujourd'hui on est surpris de voir s'opposer de la patrie. à l'ampleur, à la majesté, à la simplicité féconde de C'est là demander, au juste, que la démocratie ne la force

, une sorte de confusion et de crispation qui soit plus démocrate. M. Guy-Grand devait rencontrer accompagne toujour la faiblesse. Nous sommes vio

M. Charles Maurras sur sa route et il l'y a trouvé, en lents, dissipés, contradictoires et obscurs, nous ne sa- effet. Il s'est avancé contre ce génie puissamment armé yons ni ce que nous voulons, ni où nous allons. Nos

les mains nues et fortifié de son unique bon vouloir. peres avaient une plus grande confiance en eux-mêmes.

Et il a été vaincu. Car on n'a pas raison contre M. Ils connaissaient le secret de leur vie et de leur mort. Charles Maurras parce que M. Charles Maurras est la Aussi leur face s'impose-t-elle à nous, calme, définitive | logique même et qu'on n'a jamais raison contre la lo. et sereine. Est-ce parce que s'y marqua l'ombre de l'aile gique, dont les faits seuls viennent à bout. Nul

amour, inévitable ou manquerions-nous réellement des prin- | nul martyre ne fera que la démocratie – théoriquecipes qui assurèrent leur équilibre et leur harmonie? ment ne soit un non-sens ou un contre-sens et sans

au fond, la question qu'agite le livre de M. se réaliser jamais elle est impossible, - ne finisse by Guy-Grand. Il est , ce livre, un peu austère et un peu

par conduire les peuples qui l'adoptent à être dissous. étroit, – je dirai pourquoi tout à l'heure, – mais plein

mais plein par des forces anonymes qu'elle favorise tout en les de bon vouloir, de vérités et de suc. Il fait honneur à maudissant. Et nulle voix ne s'élève plus déjà, dans

qui l'a conçu puis écrit. Il témoigne d'un attache- la société moderne, pour répondre aux généreux averTual ment plein de noblesse à une cause qui ne mérite peut

tissements que donnent à un monde soumis à l'esprit ' être pas tant de talent et de vertu.

« d'imprudence et d'erreur », dernier artisan des chutes, Républicain et démocrate M. Guy-Grand, a su voir

ceux-là mêmes qui entendent rester de leur temps. boù en étaient, à la veille de G la démocratie. Il a dépeint en phrases navréés l'indif

Je ne partage pas la foi de M. Guy-Grand et je crois

inefficaces les moyens de reconstruction que préconisë férence croissante du peuple à l'égard de la chose pu

M. Maurras. La monarchie française est morte. Sa vie blique et la lutte des partis. Mais là il n'a voulu trouver

ne espère la ressusciter. La démocratie, d'autre part, e

. , le natinme représentaient pate spius nedute la vie de prents, dole, al une fatale che ancest au ramener une ts: aurait fallu examiner plus amplement, peut-être, et l'écume n'est tout le flot ». C'est ce qu'il rannie

, ou consommer une ruine. Et nous voyons que

la nôtre, victorieuse et à demi consciente du péril, ne d'un regard moins prévenu. Le danger, il est vrai, refaisait l'union et révélait au monde, comme à nous

réussit point à se stabiliser. memes, que nous avions une âme. Passé, toutefois, nous

Alors ? Alors il faut se résigner et à ne pas découTevenions peu à peu aux insuffisances, aux laideurs, brûlé tant d'idoles, à ne pas proclamer le peuple Dieu.

vrir dans le passé le secret de l'avenir et, après avoir aux luttes stériles et aux rivalités sournoises dont nous Le peuple est un enfant dans toute la richesse et la nous assistions de nouveau à la comédie parlementaire, être servi non selon ses caprices mais d'après la raison. Ci sortir à jamais. Déçus par un traité illusoire pauvreté du mot

le peuple est un enfant et doit cependant que la finance poursuivait vers la monarchie universelle une marche que nulle mobilisation n'arrêtait

Il le sent si bien qu'il est toujours prêt à recevoir des cette fois. Et rien qui s'offrit à dénouer la crise, sauf

maître et à les chérir, quitte à les briser justement des

que ces conducteurs se révèlent incapables. Il a manqué s'écrie pathétiquement l'écrivain :telle est l'alterna

Nous
en sommes là, à M. Guy-Grand la hardiesse de regarder en face cette

vérité. La restauration civique et morale qu'il se plait
à rêver n'est plus possible dans un monde qu'une oer.

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que

avions

des oppositions irréductibles.

(1) 1. vol. RIVIÈRE.

La Vie

Économique

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taine politique a corrompu sans retour. Le salut est trois câbles de cuivre, on se rend compte de la quantité dans un ordre nouveau des consciences et des institu- énorme qui sera indispensable à l'exécution de sembla. tions, dans un ordre qui ne soit ni l'impossible recom- ble réseau. En songeant aussi aux poteaux nécessaires mencement des réactions, ni la folle et vaine équipée pour le support de ces lignes on se rend compte, inême des anarchies. Et le visage de la France et de l'univers sans le chiffrer (ce qui serait facile) du capital considede demain est un vivage inconnu.

rable qu'il faudra encore dépenser pour établir la joncGONZAGUE TRUC.

tion entre l'usine productrice et le lieu de consommation.

Il est infiniment probable qu'il serait plus avantageux de créer de grosses usines sur des puits de mines une distance de Paris de 200 kilom. environ : ces usines coûteraient beaucoup moins cher à établir qu'un bar

rage, la longueur de ligne à construire serait inoitié L'énergie électrique

moindre, le capital à rémunérer serait donc très inférieur

et l'on pourrait fournir à Paris l'électricité à un prix Dans un de ses récents discours, M. Briand a dit son

moins élevé que si elle venait du Rhône, même avec du optimisme en ce qui concerne le relèvement national, des

charbon à 100 francs la tonne. industriels, avec lesquels il a causé, l'ayant assuré de leur désir de travailler.

Dans la construction d'une ou de plusieurs usines hydrauliques destinées à donner la force électrique à Paris

, Nous nous associerons pleinement à ces paroles de

il serait nécessaire d'avoir à pied d'auvre les réserves confiance en exprimant toutefois les deux souhaits sui- thermiques indispensables au cas où, comme cette année

, vants :

le Rhône n'aurait pas la quantité d'eau suffisante. 1° Que les personnalités qui tiennent en leurs mains

Une autre difficulté qui nous permet de prédire que les destinées de notre pays (gouvernement, députés, sé

l'on n'aura pas de si tôt dans la capitale la force pro nateurs, administration) donnent à l'opinion publique duite sur le Rhône, c'est que la région immédiatement des idées et des projets réalisables et ne l'égarent pas

à

voisine voudra utiliser sur place cette énergie. Il sera la poursuite de chimères qui risqueraient de mettre les

certainement plus sage d'en trouver l'écoulement à industriels dans la posture ingrate d'individus qui s'op- proximité du point de production, que d'aller la transposent systématiquement au progrès pour des raisons

porter à 400 kilomètres. d'intérêt personnel ;

A notre avis, le problème de l'aménagement des chu2° Que, dans l'état actuel des choses, l'administration

tes doit être envisagé de la façon suivante : se libérer d'un ministère n'entrave pas, par ses circulaires, le déve

autant que possible de la sujétion de l'approvisionneloppement normal de l'industrie.

ment en charbon en utilisant les forces naturelles que le A l'appui de ce que nous venons de dire, nous allons pays possède ; que l'Etat fasse au besoin, dans ce but, donner deux exemples, pris dans un domaine d'actua- les sacrifices nécessaires. Mais que cette énergie soit uti, lité : l'industrie électrique.

lisée sur place et qu'on ne laisse pas supposer que l'on 1° Une question à l'ordre du jour est sans conteste pourrait avoir à 400 kilomètres de l'usine génératrice de le développement en France de la force électrique d'ori- la force pour rien, ou pour un prix inférieur à gine hydraulique. On ne parle que de « houille blanche » qu'on peut obtenir avec de grosses unités thermiques (utilisation des rivières) et de «houille bleue» (utilisation économiques, créées judicieusement. Ce serait faux. de la force des marées).

2° Nous avons dit au commencement de cet artick Le principe est extrêmement séduisant à première vue: qu'il était très désirable que l'administration d'un min'être plus assujetti à la production du charbon qui coûte nistère vienne

pas entraver

par ses circulaires le dévecher paraît très satisfaisant. Mais, s'il est intéressant loppement actuel de l'industrie existante. Nous avions ,

. d'examiner et d'étudier la possibilité de certains barra- en vue le ministère des travaux publics qui a donné aux ges dans le but de se libérer de cette matière première, le préfets, le 6 mars 1921, des instructions « au sujet des charbon, qui nous a causé tant de déboires depuis quel- avenants aux cahiers des charges des concessions de disques années, il ne faut pas supposer que la force que i'on tribution d'énergie électrique portant relèvement des ta produira ainsi permettra d'obtenir, comme on l'a dit rifs de vente de l'énergie. . » trop souvent, l'électricité pour rien ou, pour mieux dire, Les préfets ne devaient donner aux avenants très bon marché.

seraient soumis qu'une approbation provisoire Combien de Parisiens se sont réjouis lorsqu'on a an

durée maxima d'un an. Dans l'esprit du ministère

, noncé que l'on allait entreprendre le barrage du Phône cette prescription avait pour but « de réserver l'avenir et amener l'électricité « pour rien » à Paris !

et de permettre la mise en application des nouvelles baIl ne faut pas se laisser aller à des rêves pareils sous

ses de tarification actuellement soumises à l'examen du

Conseil d'Etat. » peine de désillusion cruelle. L'exécution d'un ou plusieurs barrages est chose extrêmement coûteuse : elle

Il faut convenir que cette circulaire n'encourage guère n'est pas du tout du même ordre de grandeur que l'ins

les initiatives privées : des industriels possédant déjà tallation pure et simple d'une usire thermique. Le capi- des stations électriques peuvent désirer accroître leur extal ainsi engouffré dans cette entreprise devra trouver sa ploitation en augmentant son rendement par le rempiarémunération.

cement de machines vieilles par des neuves, plus éconoIl n'y a pas d'ailleurs à examiner seulement le coût de miques et plus puissantes. l'installation de l'usine proprement dite, il faut aussi

Ces industriels engageront-ils des capitaux qui, pour étudier les moyens de transporter à distance la force pro- ces sortes d'entreprises, sont toujours considérables, pouc duite. Pour amener la force du Rhône à Paris, il faut n'avoir devant eux qu'une année de stabilité et de rémufranchir 420 kilomètres environ. Etant donné que l'on

nération assurée ? Ou attendront-ils

que ne peut pas laisser Paris à la merci d'un coup de foudre

d'Etat ait donné son avis ? Dans ce dernier cas, leur at ou de tout autre accident toujours à craindre sur une

tente risque d'être longue. ligne de pareille longueur, il est de toute nécessité de Le ministre a dû s'apercevoir que pareille exigenc prévoir une deuxième ligne suivant un parcours diffé- risquait de reculer ou d'empêcher des travaux dont 1 rent. Chacune de ces lignes devant comprendre deux ou public aurait bénéficié, ces travaux ne pouvant être er

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ne

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le Consei 155

ne verrais

presses ci-après :

trepris que si l'industriel voit la possibilité d'une exploi- | ayant la responsabilité des intérêts qui lui sont confiés, tation dans des conditions assurées pendant un certain s'engagera-t-il ainsi à accepter des clauses d'un cahier nombre d'années, c'est-à-dire si l'approbation de la con- des charges qu'il ne connaît pas ? cession demandée est définitive. C'est probablement le Notre avis est formel sur ce point. Il n'en a pas le motif pour lequel il a adressé aux préfets une autre cir

droit, car il risque de compromettre d'une manière abculaire en date du 9 mai 1921, sans doute pour atténuer solue une affaire qui, présentée dans les conditions d'enl'effet désastreux que sa première circulaire n'a pas man- semble d'un cahier des charges, qui forme un tout, peut qué de faire sur le développement de l'électricité.

n'être pas viable si l'on modifie un de ses articles sans Cette circulaire contient textuellement ces mots : « Je modifier les autres parallèlement.

pas d'inconvénient à ce que vous donniez une Nous irons même plus loin, et nous nous demanderons approbation définitive aux avenants et actes de conces- si le ministre en demandant de prendre un pareil engasion qui vous seront soumis et que, par ailleurs, vous

gement ne commet pas un acte illégal et si, au cas où estimeriez devoir approuver, mais sous les réserves ex

un industriel ayant accepté des clauses inconnues de lui

et se refusant à les exécuter lorsqu'on les notifiera, les 1° Le concessionnaire prendra vis-à-vis de vous l'en

tribunaux n'assimileraient pas cet engagement à une gagement de mettre l'article II de son cahier des char

clause léonine et n'annuleraient pas l'engagement pris. ges en harmonie avec le cahier des charges type, tel qu'il

En outre, l'industriel doit s'engager, non seulement sera approuvé par décret et d'y introduire notamment

pour la concession sollicitée, mais cet engagement vaules mêmes causes de revision de tarifs qui seront inscri

dra pour une concession déjà approuvée. C'est encore tes dans la nouvelle rédaction...

un effet rétroactif, auquel il semble que l'on s'habitue 2° Dans le cas où le concessionnaire sera dans votre

trop. département titulaire de plusieurs concessions, il devra en principe et sauf dérogation justifiée que je vous laisse plus ardemment que les personnes qui détiennent une

Pour conclure, nous ne pouvons que souhaiter toujours le soin d'apprécier, prendre en outre un engagement ana

parcelle quelconque du pouvoir restent au contact étroit logue se rapportant aux concessions qu'il exploite et

des réalités quelles qu'elles soient et ne demeurent pas ayant donné lieu à des avenants passés dans des con

dans une tour d'ivoire d'où sortiront lois et décrets : ditions sensiblement identiques, postérieurement au

c'est le seul moyen de faire du travail utile parce qu'il 16 janvier 1920 et déjà approuvés. »

sera équilibré et marqué au coin du bon sens. Nous pouvons au sujet de cette deuxième circulaire faire les remarques suivantes : un industriel sérieux,

MARCEL LEBON.

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LE CRÉPUSCULE TRAGIQUE

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de terreur, religieuse

IX

ford, lui enseignait la doctrine de l'éternel retour.

• Pour la première fois, il sentit vraiment, sincèrement, L'AVEU

l'horreur de cette doctrine, la détresse qu'avait criée vers La physionomie des êtres vivants, qui par un mysté

le ciel vide Frédéric Nietzsche à Sils-Maria, en accoumieux privilège ne vieillissent pas, a on ne sait quoi qui chant de cette idole. Jusque-là, Philippe n'avait pas effraie; à tel point que, malgré notre peur de vieillir compris que l'on pût souffrir d'une idée, surtout d'une nous-mêmes, nous ne les envions pas : nous ne vou

idée fausse; et l'éternel retour lui semblait le plus endrions pas leur ressembler. Mais combien plus effrayant fantin des paralogismes, qu'un médiocre élève de phiest l'aspect des choses périssables que nous retrouvons

losophie eût aisément réfuté. Mais l'éternel retour étaità leur place après des mois et des années, intactes et il la cause de son angoisse, ou le signe qui attirait sur sans changement! Philippe Lefebvre sentit cette sorte

ellé l'attention de son intelligence engourdie, qui le forou funèbre, lorsque, en arrivant à fait de prendre conscience? N'avait-il pas eu tout le Wieliczka

, il retrouva l'hôtel ou, près de vingt ans plus long de son long voyage, et d'heure en heure un peu tót , il était descendu avec Madeleine et Rex, et, une

plus, la gorge et le caur serrés ? autre fois, seul; lorsqu'il demanda et obtint le même Philippe n'avait pu se murmurer à lui-même le nom appartement, dont il n'avait pas oublié le numéro; lors- de Lembach, sans revoir aussitôt par l'imagination qu'il reconnut tous les meubles et jusqu'au moindre ob- l'officier de réserve qui, hier soir, sur le quai de la gare, jet, dont le visage ne semblait même pas fatigué. dirigeait l'embarquement des soldats. D'autres associa

Sa mémoire des dates et des noms avait de nom- tions, qu'il n'aurait pas eu, sans doute, grand peine à breuses lacunes et des défaillances; mais la mémoire de expliquer, mais qu'il avait la paresse ou, contre son en ene et de sa pensée était si prodigieusement fidèle, habitude exacte, qu'il y soupçonnait une faculté développée outre

pensée était si prodigieusement fidèle, habitude courageuse, la peur d'expliquer, lui rappela normale, et que la « reconnaissance » (l'essentiel du

lèrent ce même Lembach, le jour de l'alerte, à Oxford,

dans un hansom, roulant à toute vitesse vers la station, souvenir) parfois lui devenait douloureuse à force d'in- | pressé de retourner en Allemagne... et tensité. Cette troisième visite de Wieliczka ressuscita

de revêtir ce

même uniforme. Philippe ressentit, comme on entend un d tous les souvenirs, futiles et précis, que la se

son très lointain, il ressentit, et il reconnut, une autre conde avait déjà réveillés, et qui s'étaient, lors de la angoisse : la sienne, ce jour-là, quand, sur les pouvelles

qu'il recevait de France, il avait cru devoir lui-même parcourut; sûrement dans le même ordre, toute la série quitter Oxford, et rentrer, à tout événement. des réflexions philosophiques banales qu'il avait faites, Les simples jeux de la mémoire et de la sensibilité pour rendre sa méditation un peu plus digne de lui,

sur les répétitions de la vie; et de même, ont parfois un air d'enchaînement rigoureux qui leur plus transcendante, il y adapta les formules que jadisment. Toutes ces apparences trop semblables lui surconfère une autorité presque égale à celle du raisonne

. lui avait dictées Lembach, lorsque « l'ennemi », à Ox- géraient l'étrange sentiment qu'il n'avait, de même, P

d'abord

l'autre fois,

une seconde à perdre; que, puisqu'il avait tant fait que En effet ! Philippe devait prendre avec lui ses bagade venir jusqu'ici pour voir Zosia mourante, il devait ges. Il ne savait pas combien de temps il séjournerait la voir, mais ne faire qu'aller et revenir, et reprendre au château. Il dit : le chemin de Paris aussitôt, le plus tôt serait le mieux. Eh bien... je vais me mettre en route... Mais, est-ce Il se débattait parmi des ténèbres répugnantes à sa que je ne pourrais pas... annoncer ma venue? conscience lucide. Il n'arrivait pas à démêler si ce qui

On lui répondit encore que rien n'était plus simple l'affectait en ce moment, c'était un malaise artificiel,

on n'avait qu'à téléphoner. idéologique, ou l'un de ces pressentiments infaillibles auxquels il n'avait jamais désobéi sans avoir sujet de Il pensa que, vu cette facilité, et probablement cette s'en repentir.

fréquence des communications, on devait avoir ici des

nouvelles de Zosia. Il en demanda. On savait bien o Rien ne le retenait à Wieliczka, tout l'en chassait.

que

« la demoiselle » n'était pas d'une forte santé; mais L'angoisse d'y être seul redoublait son angoisse. Il n'y

on paraissait ignorer qu'elle fût si proche de sa fin. retrouvait pas, comme la première fois qu'il y était re

Cette invraisemblable ignorance jeta un doute dans venu sans compagnons, la présence invisible, mais réelle, de Madeleine et de Rex. Il n'y sentait pas le voisinage,

l'esprit de Philippe. Si mère-comtesse avait, selon sa

ou plutôt déjà la présence virtuelle de Zosia, qui alors coutume, récité un peu trop tôt les prières des agoni

sants? Au souvenir de toutes les étranges difficultés lui avait suffi parce qu'il jouissait de son jeune désir : maintenant Zosia allait mourir, et son désir était déjà qu'il avait rencontrées sur son chemin, et qu'il se sentait

,

menacé de rencontrer encore, aggravées, au retour, il mort. Il flairait partout la mort, dans cette chambre et

fut hors de lui de se dire que peut-être aurait-il pu se dans son cæur, hantés de souvenirs pâlis et de fantômes.

dispenser de ce voyage, tout au moins le retarder; et Et dire qu'il pensait d'abord s'attarder ici, par dilet

il partit pour l'étape dernière, de si mauvaise humeur tantisme de mémoire, qui sait? visiter les mines de sel

contre la vieille folle, cause de ses tracas, que son émooù Rex enfant lui avait offert le rameau, symbole de tion en fut coupée. son artificiel amour! A présent, rien que d'y songer, une

La signification du mot « vitesse » a changé, entre la sorte de peur le prenait. Il.comptait les jours qu'il avait

première course qu'il avait faite avec Zosia dans la caperdus. Il avait reçu la lettre pressante de la comtesse

lèche attelée à la russe de trois chevaux, et celle qu'il le 11 juillet, on était le 24 au matin! Sans toutes ces

faisait seul en automobile aujourd'hui; nous avons tergiversations, ces lenteurs absurdes, où il ne concevait

perdu le sentiment de ce qu'on appelait jadis une rapiplus rien, depuis longtemps il eût achevé le sinistre

dité vertigineuse. Philippe cependant retrouva dans sa voyage, depuis longtemps il serait de retour; et de son

mémoire ce souvenir qu'il semble presque impossible de jardin de Villerville

, à la tombée de la nuit, il verrait ressusciter, et le vertige qui l'avait étourdi ce jour-là : se dessiner en traits de feu les avenues du Havre, aujourd'hui, emporté six fois plus vite, il n'éprouvait tourner les phares de la Hève.

aucun vertige, et il fallait que l'image ancienne:y sup: Ainsi que tous les flâneurs repentants, ayant perdu pléât. Il se rappela le ciel également pur, l'aír plus vit, quatorze jours, il ne voulait plus perdre une minute.

le crépuscule, la lumière de la pleine lune qui ruisselat Pourtant, il différa de commander une voiture; il se sur les bois de sapins, si sombres au midi, mais da mit d'abord à la fenêtre, comme s'il eût espéré de revoir toutes les fines aiguilles, à cette heure, étaient parées de l'apparition de jadis, Zosia dans sa troïka, où elle l'eût diamants, comme le rameau symbolique trempé dans la emmené au château. En vérité, cela eût été bien plus

source de sel; et c'était comme dans les contes de fées rapide et plus commode. Il n'était seulement pas sûr de aujourd'hui, le paysage était désenchanté, il semblait la trouver encore vivante, et il allait s'imaginer qu'elle banal au morne soleil de juillet, venait chaque jour à la ville prendre son thé et faire

Philippe fermait à demi ses paupières et cherchait

, ses emplettes ! Après quelques instants, il se retira de

sans y réussir, à provoquer l'hallucination : Zosia serrée la fenêtre.

contre lui, si menue, si frêle - et superbe ! - la petite

Vite, il descendit au vestibule, et demanda au portier reine de Saba, la « Balkis enfant perdue dans l'in. si on pouvait, tout de suite, lui procurer une carriole mense litière ». Il ne voyait plus,

n'était-ce point quelconque pour le mener au château de Wieliczka. En

la faute de cette lumière crue du jour qui avait remposant cette question, il s'étonna, justement, de la poser, placé les clartés complaisantes de la nuit ? – il ne et d'interroger, au lieu de donner un ordre. Pouvait-il

voyait plus, parmi les tulles des voiles, « ces deux yeux douter de la réponse ? Il en doutait déjà, et ne fut point ardents qui brûlaient sans se consumer ». Il imaginait surpris, mais alarmé, quand il entendit cet homme lui

des yeux caves, un teint de cire, le visage de la mort ; dire, en hochant la tête, qu'on aurait grand peine à et ce château, qu'il fut bien étonné de voir si vite surgir trouver dans tout le pays n'importe quel véhiculė, au- de la plaine (car ses souvenirs l'avaient trompé sur la jourd'hui.

durée du trajet), ce château, avec ses murs d'enceinte -- Pourquoi? dit Philippe avec hauteur et du ton flanqués de tours qui lui rappelaient jadis les remparts d'un souverain en voyage, de qui les fourriers auraient de Constantinople, devenait pour lui le château de la mal fait leur besogne.

mort, après avoir été jadis celui de la belle au bois

dormant Le portier répondit avec embarras - et pourquoi avec embarras, quand la chose était fort ennuyeuse pour un

Lorsqu'il franchit la grille de Jean Lamour, sa méétranger, mais, après tout, parfaitement naturelle? – moire prompte lui représenta le décor de la villa il lui répondit que, chaque année, à des dates diverses,

qu'avaient habitée les comtesse Wieliczka dans les fauimprévues, et qu'on ne publiait qu'au dernier moment, bourgs de Naplees, où un suisse du pays, qui resseml'autorité militaire procédait à des essais de réquisition blait au signor Pulcinella, l'avait accueilli par ces mots de toutes les voitures, et que c'était précisément aujour- Hélas ! la pauvre dame est bien malade! d'hui. Cependant, Philippe n'eut guère le loisir de la

Il regardait fixement ce portier-ci, qui s'était range réflexion ; car le gérant survint, empressé, craignant

pour laisser passer l'omnibus au ralenti, et il pensait peut-être que son subordonné ne fît quelque sottise ou n'eût la langue trop bien pendue. Il assura que rien

Va-t-il me dire : elle est morte ? n'était au contraire plus facile que de mettre à la dis- 'Son regard suppliant demandait à cet homme imposition du très bien né M. Lefebvre l'omnibus auto passible par profession : « Est-elle morte ? » avec cette mobile de l'hôtel, pour le transporter, Jui et ses bagages.

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nuance :

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