AUTOMOBILES STE AME A. ANDRĖ, FILS.8. RUE DE LA TOUR DES DAMES, PARIS PNEUS DUNLOP Siège Social: 64, Rue de Lisbonne. PARIS (8) et BANDAGES PLEINS 4, Rue Chauveau-Lagarde, Paris VIII Arr. – Téléphone : Gut. 43-57 CONTRE CONVALESCENTS, ANÉMIÉS, Etc., Etc. • Travaux et jeux rustiques Un volume in-16. My fr. may N a été tiré de cet ouvrage 15 exemplaires sur papier pur fil des papeteries Lafuma, numérotés 1 à 15. Prix (taxe comprise) 22 fr. « C'est tout le poème d'une race et d'un pays, une véritable épopée rustique écrite dans le style le plus vivant, le plus coloré, le plus enthousiaste, mais aussi avec une précision et une exactitude qui font de ce volume une cuvre documentaire. Ferdinand Fabre écrivait ainsi sa Vie des Insectes ». PLON-NOURRIT et Cie, Imprimeurs-Editeurs 8, rue Garancière, PARIS (6) OBJETS D'ART BIJOUX et d'Ameublement AUTOS de Marques MAXIMA VEND AU MEILLEUR PRIX XGALERIES d'EXPOSITION: 3. Rue Taltbout. - TAI. Gutenborg 14-50 En Hongrie en femmes. D'ailleurs Budapest, qui n'avait pas deux cent mille habitants en 1850 et en compte aujourd'hui plus d'un million, a été bâtie sans aucun goût. C'est cossu, massif et laid. On n'y voit rien de suranné, comme à Vienne, mais rien non plus de charmant. Les seules beautés sont le Danube et les jardins. En dehors d'elles, il n'y a que moellons entassés, colonnades banales, dômes sans galbe, déplorables monuments de bronze et de pierre. L'intérêt, ici, n'est pas dans le décor, il est dans les hommes. La Hongrie de 1921 offre le spectacle puissant d'un beau fauve blessé de toutes parts et qui se retient de rugir. Elle renferme en elle l'humiliation atroce dont les autres peuples ne semblent pas se douter. C'est cette brûlure intérieure de honte et de rage, et, mênia orgueilleuse de dissimuler la place de leur orgueil qui donnent tant de caractère aux Magyars d'aujourd'hui. Leur malheur, loin de les abattre, comme les déplorables Autrichiens, leur a communiqué une fièvre secrète, dont tout coup les éclats étincellent sur leurs visages. Jusque dans leur abaissement 'ils montrent de la hauteur. Certes, elle est légitime la fierté de cette race unipes en Europe, — et lorate qui ne se reconnaît de parenté votares admirablement attelées, des autos qui se pré-par les Carpathes, elle s'est établie dès le neuvième taine -- qu'avec les Finnois. Dans la vaste arène cerclée siècle. Elle se dit à juste titre le possesseur dix foic séculaire de cette terre imbibée de son sang. De sang. du sien comme de celui des autres, elle a toujours été usa servie durant deux cents ans, contre l'Autriche qua après en avoir fait , sa captive en fit sa compliche contre la Russie, contre tant d'autres ! Paysanne I Descendre le Danube, de Vienne à Budapest, c'est s'avancer tout un long jour sur une large et paisible avenue d'eau , entre des berges monotones qu'interrompent à peine deux ou trois défilés. Si loin de la mer, en plein centre européen, cette interminable perspective fuviale sert au cabotage de onze peuples divers et enDemis. Au-dessus, s'ouvre l'immense ciel des pays de plaine qui est solennel et mélancolique... Vers le soir, des nuages jusque là dispersés, s'assemblèrent pour prendre ensemble les couleurs du crépuscule, et, du pont supérieur du bateau, nous levâmes vers leurs architectures nos regards fatigués par trop de platitude. Puis vint la cendions toujours. Enfin des lumières apparurent, se waltiplièrent, nous passâmes sous l'ombre plus noire de ponts gigantesques : à droite, sous les étoiles, se dressa la haute colline de Bude, couronnée de palais; à gauche, i nous abordâmes, retentit la bruyante, vivante Pest, Ce panorama de grand style qu'est cette capitale Dacture sur les deux rives d'un fleuve majestueux, impose son prestige au voyageur. Et le lendemain, réveillé de bonne heure par l'actif va-et-vient des tramways, des aptent, par les cris des marchands de journaux, et aussi par cette curiosité, pressante de quiconque ouvre les rastes et rectilignes, et il éprouve la sensation d'une prodigue. Elle s'est battue contre le Turc qui l'a as yeux en pays inconnu, il va se promener dans des rues nusées, des banques, de riches magasins, une foule anille considérable. Partout des palais, des théâtres, des bavarde, où dominent les juifs, les officiers et les temps, cette?? Х guerrière, elle a le double amour-propre du terrien et du Car plus de trois millions de Hongrois dont deux soldat. Ses annales millénaires la flattent par leurs con- en bordure même des nouvelles frontières ont été tinuelles oppositions d'ombre et de soleil. Vraiment elle arrachés à la Hongrie, et remis à des ennemis qui les a connu toutes les extrémités. Mais elle n'en tire qu'une martyrisent. Et ces chiffres sont vrais, et il est vrai que leçon d'orgueil. Elle a abusé de ses victoires pour mieux des trains entiers de réfugiés arrivent tous les jours à oublier ses défaites. Et elle s'est toujours fait hair. Budapest. Fallait-il, comme le proclame une affiche, Le Hongrois est persuadé d'appartenir à un peuple créer des Alsace-Lorraine tout autour de la Hongrie? maître. On conçoit son indignation d'avoir été livré à Pourquoi réparer une injustice par une autre injustice? ceux qu'il méprise. Il n'a pas été défait, pense-t-il, par Pourquoi? un égal, en un tournoi chevaleresque, mais frappé dans A ces questions pressées, ardentes, et dont il est difle dos. Il est la victime de ses inférieurs..... C'est selon ficile de contester la force, on ne peut que répondre par cette perspective qu'il faut consulter les brochures, al- la phrase brève et brutale qui ne résout rien : bumas, statistiques qu'il met sous vos yeux. Il lie son Parce que vous avez été battus... sort au sort même de la civilisation ; il compte les analphabètes chez ses voisins triomphants ; il vous raconte l'histoire de l'Université de Kolosvar, en Transylvanie, Le traité de Trianon enlève à la Hongrie les deux académie de philosophie et de droit dès le XVI° siècle, tiers de son territoire, les deux tiers de sa population et d'où les Roumains ont chassé les professeurs, des De grande puissance associée à d'autres grandes parissavants illustres, pour y mettre des pions de lycée, des sances, elle tombe à l'isolement d'un petit Etat de médecins de province, et, à la tête des cliniques, des testé sans êtrè craint, qui ne compte plus que sept mil.. étudiants sans diplômes. De bonne foi, il voit dans ces lions d'habitants. Des commissions militaires la sur. peuples victorieux d'abominables barbares. veillent. Son armée est réduite à trente-cinq mille homN'oublions pas que ces ennemis qui lui parlent au- mes. Ses frontières sont ouvertes : la ligne de démarcajourd'hui sur le ton du commandement, qui l'ont dé- tion a été si étrangement tracée qtu'en bien des enpouillé et le menacent encore, sont pour la plupart ses droits elle n'obéit à aucune considération légitime, pasanciens subordonnés. Serfs qui se vengent sur le sei- sant ici au hasard à travers une plaine, et là, à Sato gneur, ils l'ont fouetté. Ce fut moins une guerre, pour ralja-ujhely, séparant une ville de sa gare. Devant la lui, qu'une indiscipline domestique. A son foyer même, destinée terrible qu'on lui a faite, la Hongrie ne comil a reçu l'insulte. Et il ne se demande pas si ses fautes prend pas pour quelle raison, d'entre toutes les nations ne sont pas la cause principale d'une pareille horreur : vaincues, c'est elle la plus durement traitée. Elle remaril est encore trop stupéfait. A l'humiliation d'être battu, que qu'on a accordé des plébiscites aux territoires allese mêle l'amertume d'être dégradé. Son honneur est at- mands contestés, et pas aux siens. L'Allemagne est la teint comme sa fortune. C'est un affreux scandale. moins punie, alors que la Hongrie est la moins respon « Les Serbes, vous disent tour à tour des hommes sable... et des femmes, aux yeux brillants de haine et qui ne On fait grand état à Budapest des papiers Tisza té. pardonneront pas, les Serbes ont montré du courage, cemment publiés. Puis-je dire que je ne les trouve PT mais ce sont des bergers de cochons. Les Croates, qui très probants ? Il est vrai que le comte Tisza s'opposa se prétendent ententophiles, se sont farouchement battus à l'envoi d'un ultimatum, mais pour des raisons d'opcontre les Italiens; les Slovaques sont des lâches, les portunisme ; il ne s'élevait pas contre la guerre, il conTchèques sont des traîtres, et les Roumains, ah, les seillait de la remettre de deux ou trois ans. Et puis, me Roumains, ils sont cruels, fourbes et voleurs... Tous, dit-on, quel intérêt la Hongrie avait-elle à pousser au dans leur bassesse peureuse, sont embarrassés de leur conflit ? En cas de victoire, c'était la suprématie du victoire, et notre autorité leur manquant, ne savent militarisme allemand et autrichien, en cas de défaite la comment mettre debout leurs nouveaux Etats. Nous ruine et le morcellement. « Nous ne désirions pas d'acétions l'élément viril de la double monarchie : sans croissement territorial. C'est Vienne, la légère, folle et nous, ces peuples sont inféconds ». En vain fait-on re- criminelle Vienne, qui voulait la guerre. » marquer que ces débutants, à la longue, organiseront J'ai entendu exprimer ces arguments avec beaucoup leurs domaines, constitueront leurs cadres et devien- de force par un jeune Hongrois, patriote et ambitieux, dront, à leur tour, « millénaires ». Il est normal de leur qui s'est battu, qui a comploté, qui a rêvé d'être poète laisser le temps de s'adapter. Mais le Hongrois sourit et a écrit des pièces de théâtre, et qui, aujourd'hui, fait de dédain. En vain fait-on remarquer que Slovaques, de la politique par devoir et par fierté. Caractère ardent Transylvains, Croates sont heureux d'avoir échappé à et sensible qui s'oblige à être réaliste, il goûte de fortes l'hégémonie magyare : il hausse les épaules et prophé- jouissances à exercer, dans une fonction qui n'attire pas tise que ce bonheur ne durera pas. Aucune de vos ob- l'attention, une véritable influence sur les affaires pajections ne le touche. Il est buté. bliques. Il est de ces hommes supérieurs qui préfèrent Loin de composer avec l'inévitable, ou de s'étourdir l'exercice du pouvoir à son apparence. Une fois par sed'illusions, le Hongrois demeure irréductible dans son maine, dans l'ile Sainte-Marguerite, où j'ai dîné avec deuil. Il le veut entier, il se gorge de honte. N'admet- lui, il groupe des amis de son âge qui, dans l'armée, tant aucune consolation, il énumère toutes les raisons dans la presse, dans les ministères, au barreau, unis par qu'il a d'avoir mal, toutes les pointes de son supplice. une même ferveur magyare, poursuivent des ambitions C'est le propre des natures hautaines de ne pas con- analogues. sentir de rabais sur ce qu'il faut souffrir et de recher- Je n'ai pu m'empêcher de lui répondre que je n'ap cher l'absolu jusque dans la douleur. Et j'admire ce préciais pas beaucoup la façon dont ses compatriotes courage implacable à ne rien se dissimuler, à contem- débarquent l'alliée d'hier. Après tout, la Hongrie a pler exprès, et dans chacun de ses détails, la catas- longtemps touché les dividendes de l'affaire austrotrophe. Un tel stoicisme est un des plus beaux fils de hongroise. Si elle n'est pas directement responsable de l'orgueil. la guerre, le bloc des empires centraux, dont elle faisait Je l'ai vu pourtant fléchir. C'était lorsque mes inter- partie, est l'auteur du conflit. D'ailleurs n'a-t-elle pas locuteurs, cessant leurs dures invectives, me deman- préparé une atmosphère de guerre par sa politique antidaient pourquoi les grandes puissances, non contentes serbe ? Mon interlocuteur me rétorqua : de leur prendre des Slovaques et des Transylvains, leur Vous autres, en Occident, vous êtes habitués aus ont encore enlevé des Magyars de pure race. L'évoca- nations homogènes , proportionnées à leur territoire tion de ces frères perdus faisait naître leurs larmes. comme les Scandinaves, les Anglais, les Français, le |