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quefois vérifié, plus souvent contredit par l'expérience, est, parmi les banalités de la philosophie courante de l'histoire, une de celles qui obtiennent plus de crédit et qui en méritent moins.

L'étrange atmosphère de la salle affectait d'autant plus Philippe Lefebvre que, ne faisant partie à aucun titre ni du Tout-Paris des répétitions générales, ni même du public des théâtres où il mettait rarement les pieds, il n'avait point coutume de subir les influences de foule et de sentir son moi lui échapper. Il était venu là par exception, par un devoir de politesse, et il le regrettait presque, étonné de participer à un malaise où d'abord il ne comprenait rien. A cette heure, dont nul encore ne pressentait la gravité, son sentiment person-nel eût été plutôt celui de la «< douceur de vivre », qu'il n'avait que deux ou trois fois goûtée avec plénitude au cours de toute sa vie; notamment un beau soir de juin, en sortant avec André Jugon de chez la comtesse de Chézery (morte depuis lors): c'était la veille du jour qu'il y avait rencontré la princesse Lydie Tverskoï.

Il jouissait maintenant d'une bonne santé morale qui le faisait penser avec un peu d'égoïsme et beaucoup de mépris que ses contemporains étaient bien malheureux de ne pas connaître leur bonheur. Ses tristesses, et surtout ses tristesses paternelles s'étaient, avec le temps, amorties. Son cœur s'était un peu durci peutêtre, et il se croyait à l'abri des épreuves. Il aimait infiniment son loisir. Son intelligence était pour lui comme une retraite sûre et ornée où il se fût réfugié après fortune faite. Il venait de passer à Londres avec Madeleine tout le mois de juin. Depuis trois ans il avait repris l'habitude d'y aller chaque été, mais non plus seul. Madeleine était redevenue la compagne plus encore que l'épouse. Leur intimité ne souffrait plus d'intermittences ni de séparations. Elle était aussi une habitude: la confiance n'est-elle pas une habitude? Celle-ci avait une grande douceur, une douceur endolorie.

Philippe n'emmenait cependant point Madeleine à Oxford, et le scrupule d'y aller seul, la superstition de n'y point aller, sinon seul, avaient jusqu'alors confirmé sa volonté craintive de n'y retourner jamais.

Tous deux, si retirés à Paris, menaient à Londres une vie mondaine. Ils en appréciaient les commodités, le luxe de si bon aloi ; et qui le croirait? ces deux êtres sérieux, dénués de toute frivolité, s'y amusaient ingénument. Ce n'est qu'à Paris qu'ils pensaient que « la vie serait supportable sans les plaisirs »; ils savaient, en se privant des plaisirs, la rendre bien mieux que supportable. A Londres, ils allaient au théâtre tous les soirs. A Paris, Philippe, qui ne se sentait déjà guère chez lui dans les milieux de littérature, éprouvait, dans celui du théâtre, une véritable souffrance. Il y était trop accoutumé, il connaissait trop bien les causes de son propre malaise pour en chercher d'autres et de plus mystérieuses au malaise d'autrui, qui ne lui semblait pas moins naturel que le sien.

Comme beaucoup d'autres, et même des augures de la politique (dont il n'était pas), il n'avait pas flairé l'importance du drame de Serajevo; mais la raison de sa méprise était particulière : c'est à Londres et un dimanche qu'il avait appris l'assassinat de l'archiduc François

Ferdinand.

Il avait passé avec Madeleine la journée à Maidenhead, d'où ils étaient revenus bourgeoisement par le train, environ l'heure du dîner. Philippe, à qui d'aller le dimanche dans la banlieue de Paris eût semblé une corvée sinistre, tenait une désirable partie de plaisir d'aller, quand il était à Londres, le dimanche sur la Tamise. La cohue même ne l'effrayait pas et elle le divertissait. Il piétinait des heures, ne sentait point la fatigue, et lorsqu'il prenait son thé dans un hôtel au bord de l'eau, après avoir longtemps guetté une table, il était heureux, presque fier, comme un enfant qu'on mène chez le pâtis

sier une fois par semaine. Il y mettait un peu de parti pris, mais en toute naïveté.

Ainsi que les Anglais, il n'avait point, en Angleterre, la même âme le dimanche que les jours ouvrables; il était, comme eux, persuadé que, durant le week-end, il ne peut se passer dans tout l'univers absolument rien d'important. Les gens de Londres qui, ce dimanche-là, étaient allés à Maidenhead et en revenaient avec Philippe, furent étonnés de voir que l'on vendait des journaux, ce qui est sans exemple un dimanche soir. Ils virent, étalés par terre, sur les trottoirs, notamment autour de Piccadilly Circus, les mêmes placards qu'en semaine, où étaient imprimés en grosses lettres les sommaires de ces journaux. Les passants n'achetaient pas les journaux et se contentaient de donner un coup d'œil aux placards. La nouvelle dont ils se trouvaient ainsi informés par quatre mots leur arrachait à peine un Really! Oh! et ils passaient leur chemin, songeant à autre chose.

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C'est tout au plus si Philippe, le soir, avait eu comme un remords une curiosité d'en savoir un peu plus long. Il logeait à l'hôtel Cecil, n'ayant pas trouvé de chambre au Savoy où d'habitude il descendait; car la saison, en 1914, avait attiré à Londres une foule considérable. Il fut, avant de se coucher, au salon de lecture, où il ne trouva aucun des journaux qu'il avait vu vendre dans la rue. Il entra au bar, où il en vit un qui traînait sur une table, mais tout poissé d'alcool. Il préféra lire les dépêches dont la bande se déroulait à l'enregistreur automatique placé près du comptoir. Elles étaient encore peu nombreuses et d'un laconisme extrême, mais qui trahissait une étrange angoisse. Philippe eut un moment ment pouvait causer quelque émotion; mais il n'en fut le soupçon que, partout ailleurs qu'à Londres, l'événe pas atteint. Il remonta aussitôt et dit simplement à Madeleine :

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Il s'endormit fort tranquillement, et cette impression lui demeura que l'assassinat de l'archiduc était un de ces faits-divers du dimanche soir qui ne sauraient avoir aucune conséquence grave. Il était à cent lieues d'imaginer, le samedi 11 juillet, que cette histoire ancienne fût pour quelque chose dans le souci très apparent de tous ces badauds de méchante humeur, venus au Théâtre-Français applaudir d'aimables comédies.

de

Au deuxième entr'acte, il quitta sa loge, fort étroite, pour céder la place à des amis qui souhaitaient saluer Mme Lefebvre, et d'une allure toujours un peu dépaysée, il descendit dans le vestibule. Il avisa un groupe jeunes hommes qu'il connaissait, touchant aux lettres ou à la politique, et qui causaient avec animation. Il était maintenant d'âge trop mûr et de trop haute renommée pour que la jeunesse l'appelât encore un de ses princes; mais elle lui gardait sa sympathie et, chose plus rare, son admiration. D'ordinaire, quand il venait ainsi se mêler à un groupe, on était flatté de l'y accueillir et on le lui marquait en interrompant la conversation, comme pour lui témoigner que c'était à lui de l'orienter Il ne put se défendre d'observer que, tout en lui donnant un peu distraitement d'autres rence, on ne lui donna point celle-ci. absorbés par les pensées qui les préoccupaient que, même Les cinq ou six personnages du dialogue étaient si en sa faveur, ils ne s'en détournèrent pas. Leurs propos avaient cependant on ne sait quoi de flottant et de vague, dont Philippe fut frappé. Ils consentaient, d'ailleurs, unanimement, que cela ne pouvait pas durer, et ils se demandaient :

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marques

de défé

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Mais quand et comment cela finira-t-il ? A cette question qu'il avait lui-même le sentiment de poser, et pour laquelle il ne trouvait point de formule plus précise, il devinait que la réponse devait être formidable; et comme si une voix l'eût grondée à son oreille, il en croyait entendre le bruit confus, mais sans distinguer les mots. Il se rappela les âpres terrasses de

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Delphes et le trépied terrible où s'asseyait, parmi les vapeurs qui s'exhalent du sol, celui qui venait solliciter l'oracle...

Il aurait été bien surpris, tous ses jeunes et graves interlocuteurs ne l'auraient pas été moins, s'ils avaient distinctement perçu la réponse du dieu :

Quand et comment ? Dans trois semaines, par ta guerre.

Ils avaient beau ne pas l'entendre, ils en étaient religieusement bouleversés. La disproportion était en vérité trop forte, entre le mystérieux souci qui les obsédait et le divertissement qui leur était offert. Ce défaut de convenance affectait surtout un homme de tempérament aussi peu parisien que Philippe. Il écouta cependant ✯ dernier acte jusqu'au bout, mais avec une sourde impatience; puis, quand la représentation s'acheva, il n'eat aucune impatience, il eut même comme une crainte de rentrer chez lui. Pour gagner du temps, il offrit à Madeleine de retourner rue de Babylone à pied. Il avait pressentiment qu'il allait trouver à la maison, sinon de mauvaises nouvelles, du moins des « précisions » qu'il ne souhaitait pas.

Une surprise, en effet, l'y attendait, tragique, mais, comme il arrive le plus souvent, sans nul rapport avec les inquiétudes mal définies qui l'avaient mis dans cet état de pressentiment.

Il quitta Madeleine dans le vestibule, ainsi qu'il avait coutume de faire chaque fois qu'ils rentraient ensemble, et fut un moment dans la bibliothèque, où l'on posait toujours son courrier personnel sur son bureau. D'ordinaire, un instinct le faisait, dès la porte, aviser, parmi les cinq ou six lettres qu'il apercevait de loin, celle qu'il devait ouvrir la première; mais il n'eut pas l'embarras du choix: une seule lettre frappa sa vue. Et il eut un serrement de cour: il lui suffisait de voir le format insolite, le papier de goût peu français, pour connaître d'où venait cette enveloppe. Elle venait de Wieliczka.

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ION

alors il reçut au coeur un nouveau coup, et son sang, vraiment, se glaça dans ses veines: la lettre n'était pas de l'écriture de Zosia! Elle venait bien de Wieliczka, mais elle n'était pas de Zosia, elle était de « mère-comtessé ».

La vieille dame ne lui écrivait jamais. Pourquoi lui eût-elle écrit. Sinon ?... Philippe s'irrita de ces points. de suspension qu'il mettait à sa pensée, et de nouveau fit effort pour s'annoncer à lui-même sans ménagement ce qu'il lui semblait impossible que cette lettre ne lui annoncât pas: Zosia était morte.

Philippe s'était demandé bien des fois :

Quel effet cela me fera-t-il, le jour où l'on m'écrira que c'est fini ?

Et il s'imaginait recevant la nouvelle si froidement, avec une si indécente impassibilité, que d'avance il redoutait qu'il n'y eût quelqu'un là pour le voir ne pas souffrir. Mais ne savait-il pas qu'il y aurait toujours luimême, le plus sévère témoin et le plus clairvoyant Il était déjà, quand il y rêvait, un témoin anticipé, et son insensibilité, qu'il pressentait, l'humiliait profondément. Il n'eut pas même la satisfaction de voir qu'il s'était gratuitement calomnié; car son désarroi fut tel qu'il perdit tout contrôle de lui-même, ce qui ne lui était peut-être pas arrivé trois fois en sa vie. Il avait eu de ces saisissements qui terrassent les plus forts. Maintenant, il n'était pas tombé, mais, debout, il tremblait. Il fit encore un effort, et encore plus violent, d'abord pour arrêter ce tremblement, qu'en effet, il arrêta, puis pour s'obliger à décacheter cette enveloppe : il l'ouvrit.

un

Il avait tremblé pour rien. Il se reprocha d'autant plus cette défaillance physique. Zosia Wieliczka n'était pas morte, pas encore; mais elle était aux portes de la mort; et c'est ce que la comtesse lui écrivait, avec tant de longueurs, d'ornements de style, de lamentations, dont pas une ne s'adressait à la mourante, toutes à ellemême, pauvre mère douloureuse que sa fille unique allait abandonner, avec un si visible et si naif désir de ne pas trop tôt la suivre dans la tombe quand elle se plaignait de ne pas l'y précéder, qu'à la troisième page (il y en avait dix), elle avait déjà assommé et amorti la douleur de Philippe. Malgré lui, il lisait hâtivement, sautait des phrases. Il lut pourtant jusqu'au bout. Il savait bien la prière qu'il trouverait à la fin de cette tortueuse épitre, et qu'il ne lui serait pas loisible de re

eut un mouvement d'humeur qu'il se reprocha comme une vilaine indélicatesse, peu digne de lui; mais pouvait-il se dissimuler la vérité ? Si Zosia, toujours absente, le gênait presque trop peu, le souvenir de Zosia, trop souvent absent de sa mémoire, le gênait cruellement chaque fois qu'il revenait la solliciter. Il importi nait sa conscience d'un double remords: Philippe se gourmandait également de l'avoir trop longtemps oubliée et de penser à elle sans joie. Mais le pire n'était pas encore cette froideur, cette infidélité, somme toute, banale, de la mémoire. Il s'indignait plus d'éprouver, à l'égard seulement ce qu'il attendait depuis le début : « La

de celle qu'il avait aimée naguère, un sentiment, affreusement égoiste et impitoyable, mais si ordinaire, hélas ! qu'il faut bien que ce soit la nature qui l'impose comme l'ingratitude et l'oubli. Zosia, il se rappelait en quels termes, dès leur première rencontre chez Goncourt, Zosia enfant lui avait annoncé son destin bref et sa mort prématurée Zosia, contre tous les pronostics des inédecins, n'en finissait pas de mourir. Et l'idée de cette mort fatale, que seule pouvait suspendre l'incroyable

pousser.

La comtesse, en effet, lui disait à la neuvième page

malheureuse enfant yeut vous revoir, venez, hâtez-vous. >> Mais elle ne le lui disait pas avec tant de simplicité. Elle prenait soin de lui faire sentir que par convenance elle avait tergiversé longtemps. N'était-ce pas une étrange commission, pour une mère? Enfin, elle, avait des pudeurs, excusables en d'autres circonstances, ridicules à une heure suprême et inégales à la majesté de la mort.

Elle lui demandait de faire soudain, toutes affaires

cessantes, ce voyage considérable même pour l'un des puis longtemps, depuis toujours, habitué à tel point moins sédentaires d'entre les Français ! Elle le lui deIn'était pas un fait accompli. Il n'y était pas seulement qu'il n'arrivait pas sans effort à se persuader qu'elle mandait avec l'ingénuité, l'inconscience d'une cosmopohabitué: il en était déjà consolé. Cependant, Zosia lite qui depuis des années l'avait fait elle-même tous les six mois, et qui d'ailleurs était, le reste du temps, tou

traînait; et c'était comme une pièce trop longue dont jour par voie et par chemin. Elle ne pensait même pas

on écoute distraitement les dernières scènes, parce que

pour lui un fantôme; et chaque fois bien rarement

que autre motif, impraticable. Ce sans-gêne fut juste

qu'elle se manifestait, par une lettre, il éprouvait le loyauté de ne pas y penser trop sérieusement. Il se dit,

ment ce qui fit que Lefebvre y pensa; mais il eut la

meme malaise qu'il eût éprouvé en présence d'une manifestation d'outre-tombe, si indiscutable que sa bonne foi ne lui eût pas permis de la nier, quoique, naturellement.

il n'y crût pas.

Il tarda quelques secondes à s'approcher de la table et fut si mortifié de cette lâcheté brève qu'il fit, par protestation, un mouvement brusque pour saisir la lettre ; mais

ce qui impliquait une réponse affirmative:

ད-་

Et si je ne pouvais pas y aller ?

Un brusque, lointain et mystérieux voyage, à cette époque de l'année, est en effet chose quasi impossible pour les hommes qui ne sont pas seuls au monde et affranchis de tous les liens sociaux. Philippe avait des devoirs, et des habitudes qui ne l'obligeaient guère moins.

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Il passait maintenant, chaque été, deux mois à Villerville, dans une villa qu'il avait louée d'abord, achetée récemment. La date fixée pour le départ était le 14 juillet, dans trois jours: Madeleine n'avait aucune raison pour la différer. Il fallait que son mari lui annoncât qu'il la laisserait partir seule et ne la rejoindrait qu'après une absence d'environ deux semaines. Il fallait expliquer pourquoi; et ces quelques mots nécessaires semblaient d'autant plus pénibles à dire que, Philippe le savait bien, elle n'était pas femme à murmurer ni à soulever aucune objection. Il était sûr qu'elle l'approuverait, mais dans le silence de son cœur, et qu'elle s'abstiendrait de commentaires, dont le plus discret les eût blessés tous les deux ; qu'elle ne témoignerait aucune amertume de ce passé qui ressuscitait si mal à propos; surtout, qu'elle ne triompherait pas, comme une épouse vulgaire, de la rivale depuis si longtemps peu dangereuse et dont la mort allait consacrer la défaite.

Philippe avait donc besoin de beaucoup de courage moral pour exposer à Madeleine, en peu de mots, sobrement, ce qui arrivait et ce qu'il était obligé de faire. Mais l'idée même de cette grandeur d'âme et de cette simplicité, qui l'intimidaient, le réconforta. D'un pas ferme, il se dirigea vers la chambre où elle était, résolu d'avoir avec celle, dès maintenant, cet entretien.

Il est extraordinaire qu'un homme si sûr de lui ne fit rien de ce qu'il avait résolu, ni ce soir-là ni les jours qui suivirent. Non seulement il ne se confessa point, mais son air fut si naturel que l'esprit de finesse de Madeleine se trouva en défaut et qu'elle ne put soupçonner « qu'il avait quelque chose ». L'unique sujet de leur causerie fut cette journée qu'ils venaient de passer à la Comédie-Française, divertissement pour eux si rare qu'il y aurait eu de l'affectation à n'en point reparler. Philippe en reparla, un peu avec la naïveté d'un provincial, mais du ton détaché, légèrement ironique, d'un artiste à qui cet art du théâtre est absolument fermé, et en conséquence méprisable. Il rapporta même à Madeleine le bref entretien qu'il avait eu, dans le vestibule de la Comédie, avec quelques jeunes gens. Elle avait aussi remarqué l'étrange malaise qui semblait peser sur Paris. Comme Philippe, elle en omettait la raison principale, que nul encore n'avait flairée. Elle l'attribuait surtout à l'approche du scandaleux procès. Philippe hasarda, sans intention d'abord :

Je ne dis pas qu'après t'avoir installée à Villerville, je ne reviendrai pas deux ou trois jours à Paris pour assister à quelques audiences.

Madeleine sourit.

-Oh! fit-elle, je te connais. Je parie bien qu'une fois là-bas, tu n'auras plus qu'une idée, c'est de ne pas bouger de place.

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Il se figura aussitôt qu'il venait de lancer, comme on dit, un ballon d'essai, précisément parce que Madeleine ne s'était aperçue de rien. Et il lui sembla qu'il avait un plan retourner à Paris, sous le prétexte qu'il alléguait, partir en toute hâte pour Wieliczka sans l'avouer à Madeleine, sans lui faire la peine de lei. avouer, y rester le moins longtemps possible, et revenir tout tranquillement de Pologne comme s'il était revenu de Paris. Il ne pouvait pas douter une minute que cette combinaison ne fût absurde, vu les distances, le peu a temps dont il disposait, le danger que Madeleine lui envoyât une dépêche urgente, ou simplement l'appelat au téléphone. Il feignit de croire l'idée fort ingénieuse, et elle lui servit du moins d'excuse à ses propres yeux pour ne rien dire ce soir-là.

Mais il éprouva une véritable stupeur quand, trois jours plus tard, le 14 juillet au matin, il se vit dans son auto, assis à côté de Madeleine, partant pour Villerville, alors qu'il aurait déjà dû être sur le chemin de Wieliczka où on l'attendait pour mourir. Il n'arrivait pas à comprendre comment il avait pu se mettre dans un pareil embarras, par lâcheté, ou paresse de dire quel

ques mots un peu difficiles à la plus intelligente et à la plus indulgente des femmes.

Les Lefebvre avaient bien résolu de quitter la rue de Babylone à une heure matinale, pour éviter la chaleur, accablante dès le lever du soleil, et n'arriver pas à Villerville après la nuit tombée. Ils trouvèrent cependant moyen de ne partir qu'environ dix heures. Ils eurent la fâcheuse idée de passer par Versailles et Saint-Cyr, et se heurtèrent à des troupes qui venaient de se disloquer après la revue. Au lieu de rattraper le temps perdu, ils étaient à tout propos arrêtés par des détachements que force leur était de suivre à l'allure des fantassins ou des chevaux fatigués.

Ils n'avaient pas eu le loisir de jeter les yeux sur les journaux et les parcouraient en silence, quoique rien ne fût si contraire à leurs habitudes de politesse que de se lire, comme on dit, au nez. Un sénateur, la veille, avait prononcé un discours, resté depuis trop fameux, où il attestait que l'armée française manquait de canons et de munitions et que rien n'était prêt au cas d'une alerte. La sensibilité de Philippe était encore plus rebelle à l'éloquence parlementaire qu'aux prestiges du théâtre, et ces phrases ronflantes ne l'eussent guère troublé, s'il n'avait lu précédemment le premier-Paris d'un journal dirigé par un écrivain de ses amis, d'ordinaire fort modéré, dont le pessimisme lui fit la plus pénible impression. Il y était dit en toutes lettres que, si le discours du sénateur traduisait la vérité et ne la trahissait pas, ce n'était plus assurément la peine de voter les millions de la Guerre, ni de faire défiler les troupes à Longchamp le 14 juillet, que la France, comme puissance militaire, ne comptait plus et qu'elle ferait plus sagement d'en prendre son parti.

Philippe les regardait, par la glace d'avant et par les portières, ces troupes qui, l'encadrant, lui barraient la route: il était frappé de leur mine harassée, de leur tenue lâchée, de leur marche traînante et sans rythme, - dé tente bien excusable un matin de grande chaleur et après la corvée d'une revue. Il considérait avec méfiance n'y connaissant rien - les légers canons de campagne, et avec pitié les attelages qui les tiraient. Il lui semblait voir partout crouler autour de lui cette chose, qu'il n'avait pas toujours aimée avec superstition,

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ce que le rédacteur du journal appelait « la puissance militaire de la France »; et pour la première fois il soupçonna un rapport, très vague, entre cela et le malaise qui lui avait été dénoncé trois jours plus tôt. Il avait les nerfs agacés: il était mal parti; et de minute en minute il sentait devenir plus graves, irréparables, les conséquences de la folie qu'il avait faite, en cachant à Madeleine qu'il devait aller à Wieliczka.

La route enfin dégagée, le voyage se poursuivit plus vite, mais sans beaucoup plus d'agrément. Les Lefebvre arrivèrent à plus d'une heure où ils avaient projeté de déjeuner. C'était, en pleine campagne, une hostellerie, de style ancien, dont toute l'antiquaille semblait aussi postiche que cette s parasite. On y mangeait dans une cour normande, à l'ombre de pommiers qui étaient peutêtre de vrais pommiers; mais, si l'on ne voulait point perdre ses illusions, mieux valait ne pas retourner les assiettes de la Révolution dans lesquelles on était servi: car on trouvait derrière l'étiquette d'un grand magasin de nouveautés proche de la Madeleine, de même que sur tout le bric-à-brac dont les chambres étaient meublées. Le moderne, dans cette « hostellerie » n'était pas moins truqué; notamment la cuisine, censée normande aussi et paysanne.

Enfin, tout était hors de prix, ce qui n'empêchait pas le public d'être fort nombreux. Il y avait là, outre des passagers comme Philippe et Madeleine, quelques résidents qui semblaient cruellement s'ennuyer; mais c'était l'un des snobismes de l'été de 1914 d'aller faire retraite une semaine ou une quinzaine dans cet ermitage mondain et bruyant. Les Lefebvre, qui ne s'ennuyaient pas

ete

moins, demeurèrent cependant là plus de deux heures après leur déjeuner fini, par la volonté de leur mécanicien: il préférait de se remettre à rouler quand le soleil serait plus bas et il allégua que le chien avait un coup de chaleur. Ce chien était un beau berger allemand dont Philippe était très fier et qu'il venait d'acheter sans savoir au juste pourquoi, sous prétexte de garder, la nuit, le jardin et d'écarter, le jour, les raseurs.

De ce train, et après une panne d'essence, un pneu crevé, c'était déjà le crépuscule quand ils arrivèrent à Villerville. Les plus sottes et les plus désagréables surprises les y attendaient. Les gens, que l'on avait envoyés par le chemin de fer, étaient, pour une raison mystérieuse, arrivés trop tard et n'avaient pu faire les provisions. Ils avaient, de plus, égaré la clef d'une caisse où était enfermée l'argenterie et n'avaient pu, naturellement, trouver dans le pays, un 14 juillet, aucun serrurier disposé à l'ouvrir ou à la forcer. Comme ils n'avaient pas non plus réussi à retirer les housses, à remettre les meu bles en place et les rideaux aux fenêtres, Philippe et Madeleine débarquaient à la nuit tombante dans une villa dont ils étaient propriétaires, où ils avaient le sentiment de camper et où ils ne pouvaient même pas dîner. Cette arrivée à l'étape, avec l'incertitude du billet de logement, était passablement sinistre ; et Madeleine, qui se piquait de bien tenir sa maison, ne supportait pas d'une âme égale ces sortes de contre-temps. Ce sont là de ces choses insignifiantes, mais irritantes, qui font qu'aussitôt arrivé on voudrait repartir, on peste contre le respect humain qui le défend, et on regarde l'indicateur à la dérobée. Philippe songea, non plus avec déplaisir, mais avec soulagement, qu'il allait être obligé, en effet, de repartir, lui qui n'avait pas même osé annoncer à Madeleine cette nouvelle extravagante!

Le remède dont ils s'avisèrent fut pire que le mal. Ils ne se souciaient d'aller ni à l'hôtel ni au casino de Deauville. Quelle fatalité! Jamais ils n'avaient eu si grande envie de diner tranquilles et tête à tête. Puisque cette joie simple leur était refusée, ils envoyèrent le valet de chambre chez leurs plus proches voisins, qu'ils connaissaient assez familièrement, dire leur embarris et demander si l'on voulait d'eux. La malchance les poursuivait : leurs voisins dinaient chez d'autres voisins, qu'ils connaissaient à peine, et les firent inviter. On les attendit, on se mit à table à neuf heures. Ce qui acheva de les dépayser fut que leurs hôtes, installés depuis une huitaine, avaient déjà le costume, les façons et l'état d'âme des bains de mer: les Lefebvre étaient encore parisiens. Ils furent choqués de cette gaieté paresseuse et saine, un peu vulgaire, qui ne semblait tenir aucun compte du malaise que partout ailleurs ils sentaient.

Leur fatigue fut un commode prétexte pour se I retirer de très bonne heure ; mais alors, ce fut une autre histoire: la nuit sans lune était si noire qu'ils n'eussent pas retrouvé le chemin de leur maison si on ne leur eût prêté une de ces lampes de poche, quelques mois plus tard, faire un fréquent usage les dont ils devaient, noits de raids,

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teux de leur défaut de zèle et de l'incapacité dont ils avaient fait preuve l'après-midi, avaient, pour se réhabiliter, mis la maison en ordre comme par enchantement. Philippe et Madeleine retrouvaient l'asile ainé qui tour à l'heure les avait déçus. Ils allèrent au jardin. Le berger allemand, qui ne les quittait pas, leur donnait un senti-ment de sécurité.

sans

La vue qu'ils avaient de ce jardin, et dont ils étaient déshabitués depuis l'été précédent, les surprit; elle les charma. Ils n'en avaient d'abord rien retrouvé ni reconnu, dans la tourmente de leur arrivée, puis parmi ce crépuscule où les choses étaient noyées déjà, et où le phare de la Hève, allumé trop tôt, ne jetait qu'une clarté pâle, sans rayonnement. Mais voici que, vis-à-vis d'eux, la côte, les collines,, les boulevards du Havre se dessinaient en traits de feu, et c'était comme les illuminations d'une fête que l'on voit de loin, être pressé par la foule ni incommodé par le bruit. A leur gauche, des feux plus rares indiquaient la pleine mer où dormaient des paquebots et des barques. Et privilège unique sur les côtes, ordinairement stériles, où frissonnent de maigres tamaris, ils étaient, pour admirer l'océan qui ne porte pas de moissons, assis dans privé, au pied d'un arbre « très élevé » comme le plaune campagne riche et touffue, dans un beau jardin tane de Phèdre; ils étaient environnés de sombres verdures et de fleurs au bord de la mer normande, l'autre, contemplent la mer de Sicile. La chaleur n'était comme les bergers de Théocrite qui, accotés l'un contre plus lourde, et leur procurait seulement cette sécurité que l'on éprouve lorsque l'on sent que la protection des vêtements est superflue. Du large, une brise délicieuse soufflait, et leur apportait une odeur de sel mêlée à une odeur de foin.

La douceur de ce deuxième retour, comme le déplaisir du premier, rappela à Philippe qu'il devait partir bientôt. Il se dit cette fois : « Quel dommage!» au lieu de se dire : « Quelle chance!» Mais il lui parut soudain, parut soudain, peut-être parce qu'il ne sentait plus. de ce départ forcé que la mortification, il lui parut très facile de dire à Madeleine ce qui, depuis trois jours, lui semblait impossible à dire. Il lui annonça très simplement qu'il partait, ou plutôt il se plaignit d'y être obligé. Elle sut le plaindre aussi, dans la mesure où elle le pouvait faire sans paraître le plaindre d'autre chose... La nuit les aidait et ils se parlaient sans se voir.

Elle lui dit qu'après tout c'était bien sa faute, qu'il n'était pas raisonnable, qu'il aurait pu se dispenser de faire, rien que pour l'accompagner, ce trajet inutile, du moment qu'il devait la quitter presque aussitôt. Elle le lui reprocha doucement, de façon à lui faire entendre combien elle en était touchée.

Philippe s'avisa que c'était peut-être pour ce motif qu'il ne lui avait pas parlé plus tôt, parce qu'elle aurait songé à cela depuis trois jours, mais rien ne prouve pas été la cause de son et ils en auraient les premiers souri un soir de bonne sonnable, puisque Madeleine lui en taquineries du sort n'avaient aucune importance étrange silence. Il se félicitait de n'avoir pas été rai

dont la lueur semblait avare.

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humeur; mais ce soir elles les alarmaient ainsi

funestes présages. Ils ne

que

de pouvaient se défendre d'en

qu'à son insu telle n'avait

était reconnaissante au point de ne presque pas sentir la cruelle gêne du souvenir de Zosia évoqué. Elle lui demanda seu

subir l'impression, ils se fáchaient de la subir et d'avoir, lement quand il avait résolu de partir. Il répondit, au

pour un temps, l'esprit faible parce qu'ils avaient le corps las. Philippe se ressouvenait

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avec quelle colère

contre lui-même ! du temps qu'il était au collège et

hasard :

Après-demain.

Et ils s'interdirent toute autre allusion à ce voyage

importun, à cette

l'ongle son Virgile pour apprendre, par le moyen des prononcé qu'une fois, d'une voix basse, afin de conti

"sorts virgilianes », s'il aurait de nombreuses couronnes.

nuer à jouir en repos,

Tous les sinistres pressentiments se dissipèrent lorsque, soirée divine. à tâtons, et après avoir cru dix fois se tromper de chemin, ils arrivèrent enfin chez eux. Les domestiques, hon

(A suivre.)

sans arrière-pensée, de cette

ABEL HERMANT.

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LETTRES

Feuillets de la Semaine

A propos d'une enquête

M. Paul Bourget a écrit ces temps derniers, un article sur l'Ame étrangère, qui a ému exagérément un journal portugais de Paris.

Il y a même lieu de se demander, avait écrit l'auteur des Essais de Psychologie contemporaine, si l'étude et la connaissance de la pensée étrangère est toujours un bienfait. Corneille n'a-t-il pas été plutôt gâté qu'amélioré par l'Espagne ? N'eût-il pas mieux valu que Musset n'admirát pas tard Byron. Plus près de nous Renan et Taine n'ont-ils pas été déviés par Hegel? D'ailleurs les saisirons-nous jamais, les génies étrangers, dans leur dernière signification? D

Le journal portugais, en s'appuyant sur ce passage a demandé à cinq ou six écrivains, si l'on devrait se borner uniquement à la production nationale et éviter de lire les auteurs étrangers ?

J'ai relu le long article en question et n'y ait trouvé nulle part une invitation aussi précise à rompre tout contact avec la littérature étrangère. M. Paul Bourget défend, au contraire, une opinion assez différente, qui est celle que M. Jacques Boulenger soutenait récémment dans nos colonnes, et que l'on peut partager ou non, mais qui ne relève pas de la xenophobie.

En réclamant que nous conservions jalousement nos qualités traditionnelles, il n'indique pas du tout qu'il faille re pousser les influences cxtérieures. Il souhaite seulement que nous ne les actueillons pas sans débat. Il désire que nous les assimilions conformément à notre génie national. Mais pour que ce travail puisse s'effectuer normalement, ce génie doit-il, du moins, se maintenir assez fort. Autrement, au lieu de profiter d'un apport souvent nécessaire, il risquerait de dis baraître, submergé par des manières de penser et de sentir qui ne lui sont pas propres.

Il n'y a pas là de cuoi, il me semble, humilier le plus susceptible des étrangers. La France a toujours, la première, rendu hommage aux plus grands d'entre eux. Nous les traduisons, et Dieu sait avec quel zèle et quelle fréquence, actuellement, nous les jouons sur nos théâtres. Et c'est très bien ainsi. Mais c'est le droit également d'un écrivain français de donner son avis sur les influences subies par nos meilleurs auteurs et de les juger de son point de vue qui n'engage encore que lui seul.

Cette enquête, d'ailleurs, ne manque pas d'intérêt. Il faut en retenir l'intelligente suggestion de Francis de Miomandre. Après avoir regretté que des auteurs étrangers médiocres et adroits pro. fitent d'une curiosité dont n'ont point bénéficié de véritables maîtres il souhaite de voir se créer chez nous a une critique internationale bien faite qui signalerait à notre attention les œuvres véritablement intéressantes, celles qui s'imposent D.

Ainsi, nous serions délivrés de tant de traductions poussées en avant par des

éditeurs ingénieux, secondés par le snobisme seul. Mais un « critique international, est-ce possible?

GEORGES OUDARD.

Les Académies

Invitée par le cardinal Mercier à se faire représenter à la solennité du 28 juillet au cours de laquelle le roi des Beiges posera la première pierre de reconstruction de la bibliothèque de Louvain, brûlée et détruite par les Allemands, l'Académie française a choisi pour son délégué M. Raymond Poincaré, et l'ancien président de la République parlera en son nom, et aussi au nom de la France et de la civilisation.

Le discours de M. Poincaré, l'Académie le fera imprimer et elle le distribuera aux membres de l'Institut de France, dont chacune des classes envoie des délégués à Louvain, et elle en conservera le texte dans ses archives.

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Or, l'Académie française est très fermée le club le plus fermé de Paris, disait quelqu'un. Ces réceptions ont été chez elle extrêmement rares. On ne cite au siècle passé, que celle du tsar Nicolas II et de la tsarine Alexandra qu'accueillit, en séance ordinaire aussi, le duc d'Aumale entouré de tous ses confrères.

Antérieurement, l'Académie avait reçu comme l'a été M. Murray Butler la reine Christine de Suède en mars 1658, le roi Christian VII de Danemark, le 3 décembre 1768, le roi Gustave III de Suède le 7 mars 1771, l'empereur Joseph II d'Autriche le 17 mai 1777, le grand-duc et la grande-duchesse Paul de Russie, le 27 mai 1782 sous les noms. de comte et comtesse du Nord, le prince Henri de Prusse, le 7 février 1789 sous le nom de comte d'Oëls.

Pierre le Grand voulut aussi rendre visite à l'Académie française, mais il ne s'était pas fait annoncer, et il arriva au Louvre, le 19 juin 1717, au moment où y siégeait l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Dacier le reçut, l'accompagna dans la salle de l'Académie française voisine de celle de l'Académie des inscriptions, excusa ses confrères non prévenus et absents, fit en somme de son mieux les honneurs de la maison,

et Pierre le Grand se retira satisfait.

Après la séance de l'Académie de jeudi dernier, M. Murray Butler a été conduit par nos Immortels au Musée Jacquemard-André qu'il a visité et où l'on a servi le thé.

Une lettre d'Edgard Poe Dans une vente aux enchères qui a eu lieu récemment à New-York a été vendue une lette d'Edgard Poe. Elle concerne la Bérénice du poète qui écrit :

« Ce sujet est beaucoup trop horrible. Je confesse que j'ai hésité à vous l'envoyer, surtout comme un spécimen de mon talent. A vrai dire Bérénice à son origine dans un pari. J'avais été mis au défi de rien produire sur un sujet aussi singulier en le traitant, bien entendu, de façon sérieuse. »

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M. Giacomo Boni, à l'activité duquel nous devons l'exhumation de tant de trésors du Forum romain et du Palatin, vient d'annoncer la découverte de plusieurs maisons anciennes sous le palais impérial des Césars.

L'une était celle qu'Auguste acheta à Hortensius et qui devait former le noyau du grand palais impérial. Une autre appartenait à Livie, la mère de Tibère. Mais la plus intéressante et la plus ancienne de toutes appartient à la période républicaine et suivant M. Boni, c'est la maison même qui recevait en ses caves les membres de la conspiration catili

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