Imágenes de páginas
PDF
EPUB

vaincre deux des membres du Comité de la production du téléplasme repose, d'après l'opinion unanime du Comité, sur une supercherie, consciente ou inconsciente.

Il est tout à fait certain qu'un résultat négatif comme celui dont il s'agit n'est pas, en principe, aussi probant qu'un résultat positif; mais quand le résultat négatif se produit, comme dans ce cas, alors que l'on a seulement en vue d'empêcher la possibilité d'une supercherie, mais que l'on a du reste observé les conditions que réclament les recherches psychiques, le résultat négatif acquiert une grande force probante, et si l'on compare ce résultat avec celui qui a été obtenu par le deuxième Comité créé par la Société psychique (1), le Comité trouve qu'il peut déclarer que les phénomènes de téléplasme d'Einer Nielsen reposent sur une supercherie.

Concernant la question de savoir jusqu'à quel point le médium a été l'objet de suggestions hypnotiques et posthypnotiques, les observations faites pendant les séances ne permettent pas un jugement définitif.

Pendant la première séance, certains symptômes pouvaient signifier qu'il y avait vers la fin un état hypnotique, mais les phénomènes qui ont été observés pendant la première partie de cette séance, et plus tard, de même que pendant toute la deuxième, et surtout la troisième, n'offrent rien de caractéristique, mais ont fait fortement l'impression d'être simulés.

Contre les travaux du Comité, on pouvait maintenant objecter d'abord qu'il a tenu les séances dans des conditions qui devaient être inconciliables avec la production de phénomènes réels, et ensuite qu'il a tenu trop peu de séances.

Touchant ces objections possibles, le Comité fait remarquer ceci : le Comité a, comme cela ressort déjà de ce qui précède, continuellement observé les conditions indiquées par les représentants de la Société pour les recherches psychiques comme étant les conditions naturellement nécessaires pour la production des phénomènes. Pour chaque nouvelle séance, on a cependant émis, comme il a été dit, de nouvelles prétentions. Le Comité s'y est conformé, bien qu'il fût absolument convaincu que cela nuirait grandement au contrôle. Tant qu'il n'a pas pu prouver que ces conditions

(1) Voir plus loin.

ne rendaient pas seulement difficile, mais même impossible, tout contrôle effectif, il a jugé utile de les accepter, afin que l'on ne pût pas plus tard lui reprocher, avec une apparence de droit, d'avoir voulu examiner les phénomènes dans des conditions inconciliables avec leur production. C'est seulement lorsque l'on a demandé au Comité un relâchement des recherches qui, d'après l'opinion du Comité, aurait rendu impossible un contrôle effectif et donné libre cours à la supercherie du côté du médium, que le Comité refusa d'accepter les conditions, et les séances furent alors closes par la Société. Le Comité doit aussi faire remarquer expressément que la dernière demande formulée en vue du relâchement du contrôle était en complète contradiction avec ce qui avait été établi auparavant, aussi bien par le médium que par les représentants présents de la Société pour les recherches psychiques. Le médium et les représentants cidessus désignés ont demandé précédemment, d'une façon expresse, que le contrôle eût lieu de telle façon que le Comité pût se sentir convaincu que le médium n'avait rien apporté dans le local des séances en vue d'une supercherie; et cette demande a été précisément employée comme argument pour amener un relâchement du contrôle dans la séance même un contrôle dans la séance même ne devait pas être nécessaire, parce que le Comité avait déjà pu, lors des recherches précédentes, se convaincre qu'il n'y avait aucune possibilité de supercherie!

Concernant le reproche qui peut être adressé au Comité d'avoir pris des dispositions contraires aux conditions dans lesquelles peuvent se produire les véritables phénomènes de téléplasme, le Comité fait ressortir que ces conditions sont alors de telle sorte qu'elles rendent impossible un contrôle effectif.

Le Comité a cédé jusqu'au point où il était évident qu'un plus grand relâchement du contrôle donnerait libre cours à la supercherie.

Le Comité peut aussi tirer ses conclusions de la façon dont le médium a systématiquement cherché à faire relâcher le contrôle.

Se basant sur les renseignements qu'il a recueillis concernant le médium Einer Nielsen et touchant les conditions de la production des phénomènes de téléplasme et de maté

rialisation, qui est donnée par les auteurs des recherches dites psychiques, comme le résultat des cinquante dernières années d'expérience scientifique, le Comité peut déclarer qu'il est convaincu que ces conditions peuvent, en réalité, être considérées comme formant un système ingénieusement imaginé pour rendre un contrôle difficile et rendre possible la supercherie de la part des médiums.

En raison des faits constatés, le Comité peut considérer comme vraisemblable que les phénomènes dits de téléplasme reposent d'une manière générale sur une supercherie.

Le fait que des savants estimés se laissent si souvent duper par des médiums trompeurs provient, d'après l'opinion du Comité, de ce que les médiums n'ont pas seulement un moyen, mais un grand nombre de moyens différents pour tromper, et varient d'une séance à l'autre leur manière d'agir suivant la façon dont a lieu le contrôle. Il n'est donc pas suffisant d'exclure les unes après les autres les possibilités de supercherie, en examinant, par exemple, dans une séance le cou et le nez, dans une autre l'estomac, dans une troisième l'anus et le rectum, et ainsi de suite. Pour que le contrôle soit effectif, il faut faire tous ces examens à chaque séance. Même dans le cas où un médium a produit dans une séance des phénomènes, bien qu'une possibilité déterminée de supercherie ait été exclue, rien ne s'oppose naturellement à ce qu'il profite précisément de cette possibilité la prochaine fois. Un médium trompeur peut donc aussi permettre que tous les contrôles soient exercés, pourvu qu'ils n'aient pas tous lieu à chaque séance, ce qui peut naturellement être facilement empêché, vu que le contrôle dans les recherches psychiques est exercé, en réalité, d'après les règles des médiums eux-mêmes.

Mise en garde

Il y a pour le Comité quelque chose de plus important que la définition du cas particulier d'Einer Nielsen; c'est que par son contrôle il a obtenu une connaissance, basée sur l'expérience personnelle, de la pratique qui s'est développée dans les recherches dites psychiques, et de la méthode qui, dans ces recherches, est considérée comme nécessaire dans l'examen scientifique des phénomènes se rapportant aux médiums. Cette méthode constitue, d'après l'opinion du Comité, un sérieux danger et n'offre aucune garantie scien

tifique. Elle a en réalité pour effet que les recherches et le contrôle ont lieu d'après des règles que donné le médium lui-même par son esprit dit de contrôle. C'est donc le médium qui expérimente avec les savants chargés de l'examen, plutôt que ce n'est le contraire.

Le Comité termine donc son rapport en mettant sérieusement le public en garde contre toute crédulité sur ce terrain et en le prévenant du danger que les méthodes employées dans les recherches dites psychiques, constituent pour l'opinion générale, sainement scientifique.

Ces expériences ayant donné lieu à des discussions, la «Société norvégienne pour les recherches psychiques » elle-même organisa, en mars, une nouvelle série de séances de contrôle. Voici son rapport officiel :

RAPPORT DE LA DIRECTION

DE LA SOCIETE NORVEGIENNE
POUR LES RECHERCHES PSYCHIQUES

En raison de différentes communications publiées dans les journaux, la Société norvégienne pour les recherches psychiques a demandé au bureau de rédaction élu dans la commission de contrôle de la Société, de faire une communication provisoire concernant les séances du médium Ejner Nielsen, et la Société a reçu le rapport suivant :

Les séances ont eu lieu dans les locaux de la Société psychique. Dans un coin de la salle, on avait créé un cabinet noir au moyen d'un rideau. La salle était éclairée par une lampe rouge de 50 lumières (bougies?). La clarté était assez forte pour que l'on pût discerner les aiguilles d'une montre. Le médium était assis derrière le rideau. Régulièrement le médium éprouvait la transe au bout d'environ une demi-heure et parlait alors avec les assistants comme frère Michel, Avant et pendant la transe, le médium faisait entendre de temps en temps des bruits d'ingurgitation et de vomissement, une respiration forcée et de profonds soupirs. Il était très douteux que cet état de transe, sorte d'état hystérique et hypnotique, pendant

lequel le médium semblait être absolument insensible aux piqûres d'épingle, fût toujours réel. Après la transe, toutefois, le médium affirmait ne pas se souvenir du tout de ce qui s'était passé pendant qu'il l'éprouvait.

A la première séance, où l'on n'exerça aucun contrôle, nous pûmes voir un peu de rayonnements ressemblant à de la gaze ou à d'autre étoffe, et émanant de la bouche ou du nez du médium. Le médium écartait lui-même le rideau comme frère Michel, lorsque le téléplasme se manifestait, après les bruits de vomissement.

A la deuxième séance, le médium fut complètement déshabillé sous le contrôle des médecins. On examina la bouche, le nez et le gosier. Après l'enlèvement des vêtements et l'examen du corps, on lui fit mettre un nouvel habillement préparé pour la circonstance, maillot et surtout bleu foncé. On lui mit devant la bouche un appareil de contrôle entièrement recouvert de crêpe épais, confectionné pour la circonstance. Il s'agissait de savoir si le médium pourrait faire descendre le téléplasme dans cet appareil. Le médium fut remis ainsi à deux des médecins, qui lui tinrent tous deux les mains, étant assis à côté de lui dans le cabinet. Après être tombé en transe, il ne put produire, comme frère Michel, aucun téléplasme, et il se plaignit, disant que l'on n'avait pas organisé auparavant un contrôle aussi strict et que le médium pouvait être laissé seul dans le cabinet. Les médecins contrôleurs sortirent alors du cabinet et nous vêmes au bout d'une heure un voile ressemblant à de la gaze suspendu devant l'appareil de contrôle. On le photographia et l'image représente un voile de gaze long d'environ 40 c/m, émanant du nez ou de la bouche, mais suspendu devant l'appareil de contrôle.

A la troisième séance, toute la tête fut cousue dans un capuchon de gaze avec l'appareil de contrôle par devant. On put alors voir aussi le téléplasme du côté gauche de l'appareil, devant ce dernier, plus tard aussi du côté droit. Mais à l'intérieur de l'appareil de contrôle, le médium ne put produire aucun téléplasme. Le téléplasme qui fut senti à la pression de la main par deux des médecins, qui étaient assis tout près du médium, qui leur tenait les mains, était sec au toucher, à peu près comme une étoffe de soie ou un bandeau de gaze. Il faut faire remarquer ici que tous les assistants avaient dû auparavant promettre de ne pas toucher le téléplasme, parce que cela pouvait nuire gravement au médium. Lors du nouvel examen, on n'eut pas, malgré les tentatives

« AnteriorContinuar »